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 Écrits épars

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Amaélis Eleicúran
Chevalier Errant
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Amaélis Eleicúran


Date d'inscription : 01/09/2013
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RPs : 81
Race : Neishaane
Âme-Soeur : L'Airain Ithildin
Affiliation : Apolitique
Alignement : Chaotique Neutre (Kaerl Englouti)
Ordre Draconique : Ordre Draconique Neutre (Kaerl Englouti)

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MessageSujet: Écrits épars    Écrits épars  Icon_minitimeVen 4 Oct 2019 - 22:30

Illumination, 27/09/13.

Et, suivant les motifs d'une vague, la déliquescence attendue s'enroule, et le bourgeon fraîchement exposé aux caresses de l'aube, déjà est rongé par une putréfaction délicate, qui remplit l'esprit et submerge les idées comme de la mélasse noire – dans laquelle on se plonge avec le plaisir d'un enfant plongeant les doigts dans un pot de confiture.
Longtemps, j'ai attendu le petit matin, le soleil, et des rayons qui perceraient mes yeux – pénétreraient et disperseraient mon corps en une pléiade de particules, dispersées, disparues dans l'espace infini et par essence solitaire.


La Nuit des Temps, 2013.

La soif de néant. Tes souvenirs s'enroulent à mes poignets comme des lianes. Il est une lumière que nul œil n'a jamais perçue. Est-elle nécessaire ? est-elle sacrée ? Cette pluie qui s'élève vers le ciel, éclaboussant de poussière les étoiles. Des empreintes de serres qui s'effacent dans la neige. Un vague écho noyé dans mes entrailles caverneuses. Il est des jours où le soleil s'endort dans tes yeux. Je prendrai le large, suivant les voiles voguant dans le désert, à la recherche d'une mémoire oubliée – à la poursuite de la grande nuit, de la nuit des temps. Des âmes amorphes hurlant dans le vent, courant sous les eaux, là-bas, sous la plaine, reflétant les herbes folles dans un miroir convexe. Il est venu un oiseau aux ailes poisseuses de lambeaux d'été.


Provocation, 18/03/14.

Irais-tu te noyer dans les vastes abîmes liquides et claires, où résonne le fracas ésotérique que les cloches balancent par-dessus les flammes ? Il existe des choses que j'ignore. Le temps qui éclabousse ton miroir, et le vent d'octobre qui obscurcit mes ventaux. Une liberté absconse aboutissant à l'absence. Un instant où le tempérament, attisé par de vagues ressemblances, engonce la mémoire dans un écran de fumée. Dans mon sang circule la fluorescence réticente de substances rêveuses, où mes sens s'endorment dans une obscurité laiteuse. Et mes doigts qui étirent le silence du réel, portant aux nues la lente espérance d'un poison plus propédeutique et plus électrisant, s'accrochent et déchirent les ailes d'un ciel stérile. J'irai me noyer sans ta présence impatiente.


Le visage de pierre, 16/04/14.

Il semblerait que les jours aient cessé de pleuvoir sur moi. Rincées les années anémiées, qui soupirent et frémissent aux prémices de promesses frénétiques. Un palimpseste inachevé sur l'aquarelle des souvenirs, fond, mêle, se mélange. L'insouciance du vent qui ferme les parasols et emporte au loin les rires de la mer. Des éclats de silence comme du verre brisé qui tombent en tintant sur le sol du piano. Des larmes vernaculaires qui roulent à l'ombre des châtaigniers, avec obligeance. Et lui, dans ce statuaire insulaire, dont les mains émanent de racines plus profondes que la terre. C'est la révolution des astres autour de son visage de pierre qui fait trembler le monde et monter la fièvre.



Nouvel An, 2013.

Et ces jours où l'âme se lève avant le soleil, laissant la poussière s'incruster dans les pores d'une peau baignée d'éclats lunaires – l'unique astre humide, bol de porcelaine où résonne le glas d'une civilisation déchue. L'or des cieux bat sous ton épiderme, une chaleur en intraveineuse qui fluctue, des vagues qui vivement s'échappent vers la grève. Pulsation linéaire, fluorescence programmée, chaque souvenir glissant en silence comme les perles d'un collier, chapelet vivant aux prières jamais entendues jamais exaucées jamais souvenues. Silence dans l'insensé, sensible à l'ascension de ses sens. Et qui s'effeuille.
Les arbres des tombes s'effeuillent.
Une marée de morts pour le Nouvel An, que rien n'ensevelit.


Un sonnet, 21/03/13.

Il y avait du vent dans les saules,
Et comme dans l'ode romantique,
Sifflait par-dessus mon épaule
Une voix à l'inflexion mystique.

L'onde nébuleuse filait,
En corps à corps avec la Terre.
Sa courbe amoureuse épousait
L'impassible tombeau ouvert.

Et dans ce temps nocturne et sourd
La mémoire a le souffle court,
Attirée par le vain appel,

Qui résonne au fond d'une vie
Où tout se confond et se mêle,
Mais dont jamais je ne dé-vis.


La Dernière Plage, février 2016.

Il s'étale au-dessus de la mer, le chant venu du fond des âges, et les notes éclatent l'écume sous le souffle d'un vent froid et profond – l'haleine du Monde. Les vagues qui viennent caresser la grève sont silencieuses, elles, comme une amante à la passion languide. Debout à la frontière, un millier d'âmes se tiennent ; ici, où les étoiles viennent mourir, un millier d'âmes se tiennent. Le ciel brûle d'un feu immobile, né sous le pinceau d'un peintre aux pulsions apocalyptiques. Un millier d'âmes observent l'horizon blessé, et les torrents de sang qui se déversent sur le Monde. C'est la dernière plage, le dernier pèlerinage. J'ai parcouru les rivages ardents où pousse l'antidote à l'espoir, mes pas dans le sable effacés comme ton souvenir. Un millier d'âmes et la mienne hurlent sous le ciel mourant. Ici, ta statue de marbre s'écroule, se fissure – et le vent en dispersera les poussières. Au milieu du Chaos, je danse enfin, piétinant tes racines en flammes.


Mutisme, 2013.

Ma peau est parchemin, papier glacé, sillonnée par les fleuves de mes veines, de courbes alambiquées en tracés mystérieux, tatouages mouvants, signes ancestraux dont les graphies violacées contiennent le Secret de ma Vie ; – réservoirs de mon sang, encre de mes maux.
Jaillissant de mes lèvres sèches en torrents rubescents, le flot de ma douleur s'écoule, acide et bouillant, brûlant ma chair pâle offerte aux rayons lunaires. Mes doigts tracent dans l'air l'ébauche de lettres, paroles silencieuses, formes indéfinies, que seuls le Ciel et les Étoiles peuvent comprendre. Ce hurlement qui s’échappe de ma bouche close, inaudible, et glisse le long de mes bras brisés jusqu’au bout de mes ongles noirs, il n’a guère de nom : il n’existe que dans mon âme, prisonnier de mon esprit, de cette cage aux barreaux de fer où se débattent les mots.
Je me suis faite feuille de papier. Sous ma plume agile, ces choses que je ne puis dire soudain prennent vie. Je les vois qui tremblent, qui s'affolent, qui s'agitent, tandis que l'encre – que mon sang – coule, nourrit l'Écriture, monstre terrible et despotique, dont je suis la créatrice, entaillant par mille fois ma peau fine.


Les Parfums, septembre 2016.

Au-delà des montagnes et des temps, il existe quelque part un parfum puissant. Un appel intrépide, qui résonne dans le noir infini des abysses entre ma vie et la tienne. Et les pendules s'arrêteront tous, un jour, mais ils n'oublieront pas. Avec l'acharnement d'une vague contre la grève, d'une poussée de sève oubliée au fin fond de racines scabreuses. Insensible et insoumise, sa voix se brise et se défait, contre les parois abruptes où se nichent les souvenirs, contre le flanc de falaises silencieuses. J'ai vu son ombre grandir et croître, je l'ai vue engloutir des mondes – comme une onde – et elle fronde les écorchés. Ma peau sans raison se flétrit, se fane, se floute. Qu'elle fonde ! Par-delà les océans, elle me sonde. Quel est ce souffle fatigué qui effleure mes paupières enivrées ? Évanescente ennuyeuse, ton haleine pourpre n'émeut personne et se glisse dans l'interstice, les failles – opposée aux choses du commun, pour toujours désireuse. Des songes assourdissants comme une aile qui s'étend à la face du soleil. Connaissent-ils le fracas que font les faibles quand ils s'effacent ? Et les serpents qui se glissent sous les chairs ? Leurs corps ont pourri en moi, je sens la puanteur de la mort derrière chacun de mes pas. Les traces dans l'espace ne disparaissent pas.


À toi (peut impacter la sensibilité des lecteurs):
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MessageSujet: Re: Écrits épars    Écrits épars  Icon_minitimeVen 4 Oct 2019 - 22:39

Quelque part dans le vide, le battement fragile de ses pas résonnait contre la pierre. Prostrée, elle entendait à travers le mur qu’il n’était plus tout à fait le même. Le bruit sourd d’une lutte. Il frappait le matelas, martelait des suppliques dans l’ombre de ses poings rageurs. Jamais, elle n’osait ouvrir cette porte. Dans la pièce sans fenêtre, étroite et jaune, il y avait un trou dans le mur. Un rond noir insignifiant, juste au niveau de ses yeux quand elle avait la force de se tenir debout. Trop petit pour regarder dedans. Un trou comme un œil, un œil comme un trou. Je suis ici et maintenant. Je suis ici et maintenant. La chaleur enflait, infâme, noyait sa vision dans un brouillard changeant et moite. Sa peau faisait l’effet d’un vêtement pas à la bonne taille. Alors, elle retirait, une à une, les couches, mais le tissu restait collé à sa chair. À sa droite, le vacarme ne cessait pas. Elle n’osait pas ouvrir la porte. Que verrait-elle ? Un homme à genoux, endormi, si maigre que les os sortaient déjà de sa pauvre carcasse, déformaient son humanité. Un homme à genoux et qui criait derrière le voile éteint de ses paupières closes. Elle préférait être assise là, à moitié nue sur la cuvette des toilettes, dans la pièce qui tanguait au rythme du jazz suranné qui s’écoulait de la brèche dans le mur. Je suis ici et maintenant, répétait-elle du bout des lèvres, tenant dans ses doigts la peau distendue de ses joues. Un courant d’air froid, menaçant, s’infiltrait par l’interstice – la lumière faisait briller le cadre de la porte close. Quelque part dans le vide, elle entendait le crissement d’une main sèche, emmêlée dans ses cheveux, qui tirait, qui tirait. Elle reconnaissait la mélodie.
D’abord, c’était une vieille maison couverte de poussière, silencieuse. Comme des ombres chinoises, les silhouettes se détachaient sur la toile des fenêtres, pendant qu’elle rêvait, adossée contre le tronc d’un tilleul large comme les secrets. Muette, elle observait la trame. Un homme brisait le dos d’une femme, et les heures s’écoulaient jusqu’à un lendemain où elle n’était pas invitée.
D’abord, c’était la piqûre d’un insecte sur la pulpe de son index, et le sang qui perlait, tachant les draps.
D’abord, c’était une voix qui l’appelait dans ses rêves, un poids au pied de son lit et un souffle rauque à côté de sa tête. C’était encore et toujours quelque chose qui toquait à la porte, aux murs, aux volets – à chaque fois qu’elle s’endormait, à chaque fois qu’on la laissait seule – avec de plus en plus d’insistance.
Ensuite, elle laissait son regard se perdre dans ce vide, dans cet espace que nourrissaient ses peurs. Sous le masque de ses frères, rien que puanteur et vermine. Des cornes qui poussaient sous les sourires. La marque du Mal avait une odeur de rosiers et de chèvrefeuille. Je suis ici et maintenant, répétait-elle, mais elle convoquait le monstre. Un trou comme un œil, un œil comme un trou. Et que verrait-elle si elle regardait à travers le sien ? De la véritable nature de l’Homme, elle ne savait rien sinon qu’il était mauvais. Et l’autre se battait encore, dans la pièce adjacente, contre la pourriture qui se répandait en son sein. À chaque respiration, elle mettait sa vie en danger. Déjà, elle se balançait sur le fil. Entre ombres et lumière, elle avait trouvé une place. Son corps se mettait à fondre. Seule, un hurlement montait dans ses veines putréfiées. Elle sentait le regard fixe de ce trou dans le mur peser entre ses omoplates, y percer un trou dans sa chair maigre, fin comme une aiguille. Ce qu’il y avait de l’autre côté était une obsession. Jamais, pourtant, elle n’osait pousser la porte au milieu de la nuit.
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