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Amaélis Eleicúran
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MessageSujet: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeMer 3 Avr 2019 - 14:09

[RP] Embrasement Nagendra-50b0629 & [RP] Embrasement Llyr_test-52ea84b
Chevalier Nagendra Tuncay, Lié au Bronze Llyr, Spectre des Cendres.

Embrasement
Haskèlku 919


Avant le coup qui vint résonner contre sa tempe, troublant un instant sa vision déjà brouillée par la sueur, il y eut le crissement du sable sous les bottes de son adversaire. Le métal de son casque amplifiait les sons, et les vibrations se répercutèrent jusqu’au fin fond de sa poitrine. Mâchoire serrée et genoux plissés, il accusa le choc, affermissant sa prise autour de la poignée de son sabre. D’un mouvement moins fluide qu’il ne l’avait prévu, le soldat se laissa porter par la puissance de la frappe pour décrire un arc de cercle et passer sous le bras de l’autre combattant. Là, il banda les muscles de son épaule et propulsa son arme avec un feulement de fauve. La pointe d’acier s’arrêta à quelques centimètres de l’aisselle, où l’armure cédait place à un simple bout de tissu.

« Suivant. » ordonna une voix, passablement désintéressée, et les deux hommes laissèrent tomber leurs armes. Une main secourable aida Nagendra à se relever, et ce dernier salua son ennemi – qui ne l’était que le temps de quelques passes, comme chaque membre de cette décurie. Sitôt sur ses jambes, l’Humain ôta son casque et le jeta sans considération sur le sable avant d’aller rejoindre ses frères d’armes pour assister au prochain duel. Il cracha puis s’essuya la bouche, tandis que son regard, à moitié dissimulé par les mèches collées à son front, se levait vers les gradins, où il craignait toujours de reconnaître la silhouette de son nouveau maître. Fort heureusement, l’entraînement avait lieu au beau milieu de l’après-midi, et les membres des hautes sphères avaient sûrement assez de travail pour être retenus encore jusqu’au soir.

Depuis quelques lunes déjà, le Spectre des Cendres, s’il n’était pas célébré par ses camarades pour sa jovialité, semblait nourri d’une rage sourde qui le rendait implacable. Plus d’une fois, leur mentor avait dû intervenir pour mettre fin à un affrontement, sous peine de voir ses recrues s’entretuer. La férocité de Nagendra, d’ordinaire contenue et soigneusement réfléchie, confinait désormais à l’acharnement, et nombreux s’étaient plaint de son comportement. Cela n’avait pas amélioré l’humeur du Chevalier Bronze, qui avait alors vu reculer l’opportunité d’une promotion. Son tabar avait grand besoin d’être lavé, de même que les pièces de son armure. Ses cheveux avaient poussé, et, pour qui connaissait Nagendra et le soin qu’il portait à son apparence, cela ne pouvait rien présager de bon. Il refusait les conversations, se désistait quand ses compagnons se réunissaient autour d’une chope. Il se retournait dans les couloirs, comme s’il avait été poursuivi par quelque démon. Peut-être suscitait-il l’inquiétude, mais il était d’usage de ne pas tenter de discussion introspective avec le guerrier le plus émérite de la décurie. Alors, il s’asseyait en silence.

En vérité, l’Humain ne se sentait plus en sécurité nulle part. Il n’osait plus côtoyer ses frères d’armes, de peur qu’un regard trop appuyé ne vienne révéler son attrait pour les visages masculins, ou qu’une banale accolade ne devienne l’incipit de scénarii imaginaires qu’il ne se pardonnerait pas. Combien de fois Aodren del Hendrake, dont il était maintenant le chien de guerre, l’avait-il fait convoquer dans ses appartements où se trouvait toujours l’ombre de son plus fidèle serviteur ? Et Nagendra, pris au piège de ses propres tourments, l’avait secrètement accusé de savoir. Toutes ces fois, il n’avait considéré Adhâvan qu’avec la plus froide indifférence, daignant à peine lui accorder un hochement de tête ou une parole. Pourtant, son souvenir venait le visiter presque chaque nuit, et il se réveillait avec effroi dans ses draps humides, persuadé d’avoir senti le souffle de l’Elfe contre sa nuque. Il avait essayé d’oublier. Dans les pires moments, l’idée d’aller se perdre dans les maisons closes de Lòmëanor pour que cela cesse enfin l’avait même effleuré, mais la voix de sa mère revenait alors, ainsi que la vision de son corps maigre et prostré, et il finissait immanquablement par fondre en larmes.

Llyr, quoiqu’il ait peu d’expérience en la matière, faisait de son mieux pour soutenir son Lié en perdition. Il ne comprenait pas ses réactions, lui qui avait toujours prêté à son Âme Sœur un tempérament digne et fort – lui, aussi, qui pensait qu’on devait se montrer fier en toute circonstance, et que la force ne venait pas d’une distribution hasardeuse du Destin, mais de la seule volonté de l’individu. Si Nagendra semblait avoir pâti de sa rencontre avec Adhâvan, le Bronze, depuis son vol avec Rakesh, avait perdu en jalousie excessive ce qu’il avait gagné en confiance. Il ne s’était pas assagi, mais il avait arrêté de se comparer – habitude dont il n’avait jamais tiré, de toute façon, qu’insécurité et haine. Llyr éprouvait envers son Lié un amour profond, et son envie de les voir tous deux briller était, selon lui, honnête ; leur futur serait glorieux, ou alors, ils n’en méritaient pas un. Lorsqu’il avait attisé les flammes qui lui avaient permis de briser les barrières de Nagendra, il n’avait pas pensé que l’Humain mettrait tant de temps à se relever. Il n’avait pas imaginé déceler chez lui quelque forme de faiblesse, ou de peur, qui mettrait à mal ses ambitions. Et malgré la férocité du Bronze, dont les ailes planaient au-dessus de la Forteresse Ardente sans plus craindre l’ombre projetée par celles de ses frères, le Chevalier s’enfonçait chaque jour un peu plus dans une apathie terne – brûlait chaque nuit un peu plus.

L’entraînement touchait à sa fin, mais Nagendra n’avait pas encore envie de rejoindre la solitude de sa chambre. Il ne désirait rien tant que de s’oublier dans le fracas de l’acier contre l’acier, de faire taire sa culpabilité en l’offrant aux marées rugissantes de son sang. D’un signe de tête, il invita l’un de ses frères d’arme, un Fëalocë à la stature nerveuse et déliée, à le rejoindre. Il se baissa pour ramasser l’une des épées qui traînaient au sol et, sans plus de cérémonie, la jeta aux pieds de l’autre Spectre des Cendres. Celui-ci se fendit d’un sourire à mi-chemin entre l’amusement et la contrition, avant de s’emparer de l’épée pour la ranger dans son fourreau et la remettre à sa place.

« Point trop n’en faut, Nagendra. Peut-être ferais-tu bien de suivre l’exemple de notre Maître, et de mettre un terme à l’exercice en temps voulu. » Puis, abandonnant son ton pompeux, qui tranchait avec son accent des bas-fonds Ssyl’Shariens : « Tout le monde a vu que y’avait un truc qui tournait pas rond en ce moment, chez toi. Essaie de te calmer avant que ça dégénère et que tu te fasses virer. T’es un bon soldat – un vrai. Les soldats, ça fait ce qu’on leur dit. T’es trop intelligent pour finir comme tous ces tarés… » Il pointa du menton les taches de sang séchées sur le sable, et, plus loin, les formes mêlées de deux Aspirants qui en venaient à se mordre pour satisfaire les ardeurs de leur tuteur. L’un d’eux finit par prendre l’avantage, continuant à s’acharner sur son camarade resté à terre.

Nagendra pinça les lèvres, les sourcils froncés. Le Fëalocë disait juste mais ses yeux grisâtres, au cœur desquels il avait si souvent cherché approbation et soutien, ne lui inspiraient aujourd'hui que défiance et mépris. Il n’acceptait pas cette considération que ses confrères semblaient vouloir lui jeter en pâture dès qu’il consentait à s’approcher d’eux. Il ne quémandait pas leur pitié.

« C’est bien aimable de ta part, Sanae, de te tracasser de la sorte pour moi. Je prendrai bonne note de tes conseils. » déclara l’Humain d’un air sombre avant de lui tourner le dos.

Alors qu’il traversait la Fosse pour en atteindre la sortie, au milieu des cris, du fracas de l’acier et des corps qui dansaient, il apparut à Nagendra qu’il ne pouvait tout simplement pas quitter les lieux avant d’avoir épuisé toute sa hargne. Il transpirait à peine. Il n’avait pas versé assez de sang. Il n’était pas assez brisé par les coups pour ne plus être en mesure de penser. Alors, il empoigna brusquement la première épaule qui croisa sa route, et dégaina son sabre.

« Bats-toi. » intima-t-il à l’inconnu sur lequel il avait jeté son dévolu, la voix basse et grave. Celui-ci n’eut pas le temps d’accepter ou de refuser cette offre incongrue, car le Chevalier Bronze se jetait déjà sur lui. Ensuite, toute notion de temps se dissipa. Il n’y eut plus que la lutte, le rugissement de ses muscles quand il frappait, encore et encore ; la douleur sourde dans ses os et la brûlure de l’acier qui entaillait sa chair. Ce n’était jamais assez. Il s’entendait invectiver son adversaire, sans pour autant reconnaître son visage. Comme pris de frénésie, il le plaqua au sol, puis, délaissant son sabre, entreprit de lui régler son compte à mains nues. Il ne savait plus qui, de lui ou de l’autre, criait merci. La sueur ou les larmes troublaient sa vue ; il ne sentait plus ses mains. Enfin, quelqu’un vint le détacher de sa victime, et il perçut qu’on le tirait, qu’on le poussait. Sans doute, même si la violence était ici anodine, s’était-on arrêté pour contempler l’étrange spectacle. Alors, titubant comme un ivrogne, Nagendra tourna sur lui-même pour faire face à son assemblée. Sa chevelure désordonnée, trempée de sueur, lui donnait l’air d’un fou, et son regard d’ambre, entaché de braises furieuses, ne démentait guère cette impression.

« Qui, parmi vous, se croit assez fort pour me mettre à terre ? Quel couard parmi vous ? Allez, donnez-moi un guerrier à ma taille ! »


Dernière édition par Amaélis Eleicúran le Jeu 21 Oct 2021 - 19:40, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeMer 3 Avr 2019 - 14:24

[RP] Embrasement Avatar_zevradhavan_tolorea & [RP] Embrasement La_Blanche_Rakesh_Tol_Orea_VAVA
Adhâvan Ilaiyaraja & La Blanche Rakesh
Verseur de Sang

Theme Song :
Heart Warriors – Byron Metcalf

Pré-scriptum (clic) :

La Fosse toute entière résonnait du brouhaha indistinct de multiples conversations, des cris et des grognements des combattants, et au tintement du métal se mêlait jusqu’à l’ivresse, de vagues relents de fumée, de sueur et de cuir. A la lumière des torchères qui éclairaient violemment l’arène, le sable grossier recouvrant le sol paraissait presque briller, comme irradiant d’une vie propre. Tout cela et bien plus encore venait stimuler inlassablement les sens subtils d’Adhâvan, sans qu’il ne puisse définir avec certitude si cela lui était ou non agréable. Car toute son attention se portait sur la danse dramatique et quasi hypnotique des deux lames courbes de son adversaire. Un seul faux pas, une seule seconde à détourner son regard, et c’en serait fini de lui, et il irait mordre la poussière, une fois de plus.

Car celle qu’il affrontait présentement ne lui laissait aucun répit, un sourire féroce plaqué sur ses lèvres pleines. Kahina El’Fahim était douée, parmi les meilleurs élèves de l’ex Maître d’Armes, Ioana Cyallaïd-Cèlt’har. Peut-être même la plus douée de tous. Aussi le Chevalier Blanc, de nature solitaire, avait-il été surpris lorsque la Torhille était venue l’engager pour un duel, en début d’après-midi. Il avait eu relativement peu de temps à accorder à ses entraînements martiaux ces dernières lunes, et son Maître de décurie n’avait pas manqué de lui faire remarquer, lui énonçant froidement que sa fidélité allait au Kaerl avant d’aller à celle d’un quelconque haut gradé. Il était Verseur de Sang, et il devait avoir conscience que de nombreux jeunes loups aux dents longues, parmi les Spectres des Cendres, aspiraient à accéder à ce titre. Qu’il manque encore à ses devoirs, et le Décurion Etincelant n’hésiterait pas à le faire remplacer. L’Elfe fronça légèrement les sourcils, ne quittant pas son adversaire du regard.
Que tout ceci soit la faute du Haut Représentant du Clan Dominant n’entrait absolument pas en ligne de compte. L’esprit d’Aodren était bien trop brillant pour qu’il puisse seulement envisager de le comprendre, et le Fëalocë n’avait pas manqué de l’envoyer courir à droite et à gauche, suivant une stratégie que lui seul connaissait. Et comme pour donner raison à son Décurion, pied de nez mesquin du destin, une décurie de Spectres des Cendres, reconnaissables à leur tabard gris, était d’ailleurs en ce moment même en plein exercice, enchaînant les duels par paire, sous la morne surveillance de leur Maître.

Serrant les dents, faisant ressortir les angles de sa mâchoire, ses mains gantées de cuir sombre raffermirent leur prise sur le manche de son arme, tandis que dans un crissement léger, ses pieds pivotaient pour lui permettre d’esquiver un coup destiné à sa gorge. Une légère estafilade se dessina sur sa chair et le nagamaki tournoya vivement, sa lame heurtant rudement celle du cimeterre de son adversaire. Il commençait à se fatiguer. Encore et encore, pas à pas, Kahina parait toutes ses attaques, le forçant à reculer. Que leurs Clans respectifs soient opposés en toutes choses ne semblait pas la déranger, pas plus que la froideur de Ioana à son égard. Les heures passant, leur duel s’était finalement prolongé, la Torhille ayant selon toute vraisemblance trouvé en lui un partenaire suffisamment â son goût pour croiser le fer.

Ceci au grand déplaisir de Rakesh, qui, allongée un peu plus loin, les prunelles rougeoyantes et la queue agitée de mouvements saccadés, fixait les deux combattants sans chercher à cacher sa jalousie. Que la Blanche au caractère possessif et cruel se soit abstenue d’intervenir pendant si longtemps était une maigre victoire. Par trois fois déjà, contre une seule en sa faveur, Kahina l’avait envoyé à terre, et il pressentait que s’il ne gagnait pas cet engagement là, sa Liée le lui ferait payer, d’une manière ou d’autre autre. Le comportement de la dragonne, tant envers lui qu'envers les autres, était toujours aussi versatile, pour ne pas dire ambigu, et ses critères concernant la voie qu'il ètait censé suivre, particulièrement personnels. Ces dernières lunes, il n'avait pas été rare qu'il se sente littéralement écartelé entre la volonté  d'Aodren et celle de Rakesh, ballotté comme une vulgaire marionnette entre ces deux indicibles puissances. Si sa Blanche tolérait l'influence du noble Fëalocë dans leur vie, c'était uniquement dans la mesure où ses projets le concernant concordaient aux siens.

Le Chevalier Blanc jura tout bas et se baissa instinctivement, la lame adverse parvenant néanmoins à frôler le sommet de sa chevelure d’or pâle, portée en un simple catogan haut afin de ne pas le gêner. Son attention captée par du mouvement en marge de son champ de vision, il constata étourdiment que l’entraînement de la décurie s’était terminé et que les guerriers se dispersaient à présent.
Aussitôt, la pensée d’un autre homme, Spectre des Cendres lui aussi, nouvellement entré au service de son Maître, s’imposa à son esprit avant qu'il n'y prenne garde, et son ancrage au sol se fragilisa imperceptiblement.
Au moins, le rythme effréné auquel il avait enchaîné les missions au Kaerl l’avait-il empêché de s’appesantir trop sur sa situation. Le peu de fois qu’il avait croisé Nagendra, le détachement imperturbable que celui-ci avait systématiquement affiché ne lui avait apporté aucun apaisement. Et le fait que Rakesh ne cesse, sournoisement, de lui rappeler les circonstances de leur toute première entrevue ne l’avait aidé en rien à le chasser de ses pensées.

Il n’aspirait rien tant qu’à oublier, qu’à l’oublier lui, à ne plus ressentir cette amère déception, cette culpabilité écœurante face à tout ce qu’il pensait lui avait pris, ce sentiment étrange d’être devenu de ceux qui profitaient des failles des autres. Si son frère d’armes avait décidé de l’ignorer, alors c’était mieux ainsi, pour l’un comme pour l’autre.
C'est se raccrochant à ce raisonnement qu'il s’était jeté à corps perdu dans les tâches que lui avait confié Aodren, avec une obéissance indifférente et un manque de volonté qui lui avait attiré le mépris de sa Liée. Elle refusait d’admettre les arguments qu’il lui opposait, de reconnaître qu’il n’avait simplement pas d’autres choix. Il avait mérité le traitement dont l’Humain faisait preuve envers lui. Adhâvan étouffait impitoyablement tout sentiment, toute faiblesse qui pouvait naître en lui.
S’il ne pouvait échapper à ses souvenirs de Nagendra, au moins pourrait-il l’éviter, lui, quand bien même une part de lui se traitait de lâche et se gaussait de sa propre futilité.  De quoi avait-il peur après tout ? La souffrance était une compagne familière, et il devait se tenir prêt à l’accueillir.

Soudain, alors que des éclats de voix enflaient un peu plus loin, entre commentaires appréciateurs et cris de surprise, sa vision se brouilla pour lui révéler une silhouette à la fois familière et curieusement étrangère. Ses cheveux noirs, collés à son visage par la sueur, avaient bien poussé depuis leur dernière rencontre, et ses iris ambrés écarquillés étaient tout embrasés d’une lueur de folie et d’une avidité dérangeante. Ses poings éraflés et ensanglantés se contractaient spasmodiquement, tandis qu’il était ceinturé sans ménagement par d’autres guerriers, dans le but probable de l’empêcher de retourner au contact de son adversaire, allongé à terre dans un piteux état.

Un ricanement mesquin, satisfait, d’une nature tout à la fois féminine et draconique indubitable résonna en lui, chassant les images de son esprit aussi aisément qu’elle les y avaient incrustées.
Sa concentration brisée, avant qu’il ne puisse réagir, son souffle se coupa brutalement lorsque le manche de l’un des cimeterres jumeaux de Kahina heurta son menton, tandis que, simultanément, d’un ample mouvement circulaire, la Torhille fauchait ses jambes. Réprimant un grognement de douleur, sonné, il chuta lourdement au sol quelques pas plus loin, les grains grossiers écorchant durement la peau nue de ses avant-bras.

Etait-ce … ?

Il semblait que son aînée l’avait repéré, elle aussi, malgré la distance. L’expression dure et réprobatrice, Kahina s’était détournée de lui, fixant du regard le Spectre des Cendres au tabard gris qui, titubant comme saisi d’ivresse, sa voix réduite à un grondement menaçant et le ton délibérément insultant, défiait maintenant les combattants alentours de venir seulement oser l’affronter.
Étourdi par le coup, cherchant à reprendre sa respiration, Adhâvan se redressa difficilement, chassant le sable qui s’accrochait encore à la trame grossière de sa tunique de lin sombre, dans une vaine tentative de cacher son incrédulité. Il était trop sidéré pour répondre à l’intervention cinglante de sa Liée. Vacillant et haletant, il se rapprocha lentement de là où la Chevalière Verte se tenait. Il ne sut dire ce que son expression révéla lorsque ses iris mordorés se posèrent sur Nagendra, qui invectivait toujours les hommes l’entourant, mais la façon dont Kahina s’adressa à lui lui donna l’impression violente d’émerger d’une profonde transe.

« Tu le connais. »

Bien qu’interrogatif, le ton étrangement neutre qu’elle employa laissait entendre qu’il ne s’agissait pas d’une question. Excessivement mal à l’aise par rapport à la situation, et tâchant de ne rien laisser paraître, il hocha silencieusement la tête. Pourquoi fallait-il qu’il ait réapparu dans sa vie à ce moment précis ?

« Ah … Oui, c’est ... »

La suite de sa réponse s’étrangla dans sa gorge lorsqu’il remarqua la façon dont la Torhille l’étudiait, et une vague de panique l’étreignit à l’idée qu’elle puisse avoir deviné quoi que ce soit concernant la nature de leur relation. Que pourrait-il bien répondre à cette question qui ne soulève aucun soupçon ?

« C’est un des autres servants du Seigneur del Hendrake. » , acheva-t-il finalement dans un souffle rauque, la bouche soudain sèche. Mieux valait ne pas trop tenter Kazièl. Là, il avait prudemment baissé les yeux, le visage de marbre, s’abîmant dans la contemplation des éraflures déparant ses courtes bottes de cuir, et s’efforçant d’ignorer le persiflage moqueur de Rakesh dans son esprit. La Blanche savourait d’ors et déjà l’affrontement approchant. La chasse touchait à son terme.

Un reniflement méprisant échappa à sa consœur, révélant sans qu’aucun mot ne soit prononcé, tout ce qu’elle pensait du Haut Représentant. Ce n’était pas un hasard si Kahina était considérée comme la logique héritière de Maîtresse Cyallaïd-Cèlt’har … Haussant finalement les épaules et se désintéressant de l'indécent spectacle que le Chevalier Bronze offrait, elle rengaina souplement ses sabres. Puis, adressant à l’Elfe quelques superficiels compliments quant aux progrès qu’il avait fait – des mots qu’il serait incapable de répéter tant un bourdonnement obsédant assourdissait son ouïe – la Chevalière Verte quitta les lieux.

Bien vite oubliés, la jeune femme et le duel qui les avait opposés jusque là, tant sa présence pâlissait face à celle de Nagendra, magnétique et animale. Comme attiré par un aimant, il n’avait pu empêcher son regard de se reporter sur le Spectre des Cendres. Il peinait à concevoir les raisons qui avaient pu mener le Chevalier Bronze dans un si triste état, si déplorable, dans un tel déchaînement de violence, lui dont le maintien et le contrôle avait été à peine ébranlé par le feu dévorant lié au vol des dragons.
Et cela, inconsciemment, l’effrayait plus qu’il n’osait se l’avouer … Notamment à cause des réactions incompréhensibles que cela provoquait en lui. Nagendra, le si parfait Nagendra, réduit à l’état de bête sauvage et enragée ! Un long frisson le parcourut, accélérant son souffle. Il ressentait là une écoeurante satisfaction de le voir tombé si bas – dans quelle mesure lui appartenait-elle pleinement, et ne devait-il pas y voir l’influence de son âme-sœur ?

Alors, dans un réflexe instinctif, ses mains se crispant sur les bandes de cuir de son nagamaki, le Chevalier Blanc fit volte-face, tournant le dos à la déchéance de son frère d’armes, fuyant le sentiment de responsabilité qui palpitait en lui au même rythme que son coeur. Il ne voulait pas rompre le cruel statu quo qui les opposait, prendre le risque de changer la donne dans un sens ou dans l’autre. Pas une nouvelle fois. C’était mieux ainsi.

**Où comptes-tu aller comme ça, ô mon bien aimé ? As-tu déjà oublié le serment que nous avons fait, le concernant ? Ne le vois-tu pas ? Il est temps d’aller réclamer ton dû, d’aller récolter ce fruit, mûr à point, prêt à être cueilli … Il ne pourra guère attendre plus longtemps sans être irrémédiablement gâté.**

Indolente, les prunelles chavirées de grenat et d’ambre, naseaux palpitants, Rakesh se dressait face à lui, lui bloquant délibérément le passage, le provoquant du regard. Une fois encore se déroula en lui un surprenant questionnement, dans quelle exacte mesure leurs esprits se fondaient-ils, ses pulsions se mêlaient-elles à celles de sa Liée, l'influençait-il autant qu'elle ne le faisait ?

Et pourtant, c’est d’une voix faible, bien trop douce, contenant une infime nuance de supplication, qu’il lui répondit, secouant vainement la tête en signe de dénégation, comme s’il cherchait à se convaincre lui-même :

« Il n’y a d’autre serment que celui que toi tu as prononcé. Le mien était d'une toute autre nature. »

Car au fond de lui, l’envie croissante d’aller affronter son frère d’armes sur un terrain qui leur convenait à tous les deux, d’aller se perdre dans la fièvre et le sang d'un combat, se faisait plus difficile à ignorer. L’empathie, l’amour, le désir, et toutes choses concernant de près ou de loin ses propres émotions, c’était là un domaine qu'il était très loin de comprendre. Il en avait bien trop souffert au cours de sa vie, vu ses espoirs tant de fois piétinés, pour se laisser aller à éprouver encore quoi que ce soit d’autre que les ressentis les plus primitifs. Il songeait, bien naïvement, que s’il croisait le fer avec Nagendra, s’ils mesuraient leurs talents respectifs, ainsi qu’ils l’avaient évoqué lors de leur face à face dans son weyr obscur, peut-être … Peut-être alors, pourraient-ils effacer, annuler cette erreur de parcours qu’ils avaient commis, peut-être tout deviendrait-il plus clair ... Pourquoi lui, parmi tant d'autres, était-il capable de faire naître en lui toutes ces sensations soigneusement enfouies et oubliées ?

Plus concrètement, une part obscure de son être s’agitait, plus terre à terre, plus dominante que les autres, le fauve en lui brûlait d’aller se battre, d’aller éprouver la force du loup qui s’était éveillé chez le Chevalier Bronze, afin de déterminer qui d’entre eux était le plus puissant. Inspirant profondément pour conserver son calme qui s’effritait de plus en plus, reposant son front moite, tatoué de lignes sinueuses, contre les fraîches écailles de sa Liée, Adhâvan se mordit la lèvre inférieure, sentant le goût métallique de son sang se répandre sur sa langue. Au creux de son ventre, l’exaltation de l’inévitable rencontre enflait, effroyable, insatiable, bien trop longtemps contenue.

Ne pouvait-il pas rester là, immobile, mince silhouette sans importance parmi toutes celles qui hantaient la Fosse, oublié de tous et protégé des regards par la simple présence de Rakesh ?

**Cesse de vouloir lutter contre ta véritable nature, Kishan !**

Alors, les braises de son ressentiment s’embrasant finalement en un feu dévorant toute culpabilité, il fixa un regard dur sur la Blanche, raffermissant sa prise sur son arme et se détournant d’elle pour traverser la Fosse en direction du Spectre des Cendres, qui – fallait-il y voir un signe ? – n’avait visiblement toujours pas trouvé d’adversaire à sa convenance.

« Ne bouge pas d’ici. »

Hérissée d’une colère brouillée par une sombre satisfaction face à la rébellion de son Elfe, elle obtempéra néanmoins, se contentant de projeter son esprit à la recherche de celui de Llyr, déterminée à lui transmettre l’image de l’affrontement prochain de leurs âmes-sœurs respectives. Elle était curieuse de savoir ce que cela lui inspirerait, de découvrir ses pensées vis à vis de leur situation. Car si son Lié lui avait ordonné de ne pas interférer dans son duel, il ne lui avait après tout pas défendu d’intervenir d’une toute autre manière ...

Se glissant entre les spectateurs qui entouraient encore Nagendra, Adhâvan planta fermement son nagamaki dans le sable de l’arène, ses iris mordorés brillant un peu trop fort dans son visage impassible, seul signe extérieur de son impatience à s'opposer au Chevalier Bronze. Autour d’eux, des sifflements s’élevèrent, certains railleurs, et d’autres plus nombreux, criant leurs encouragements, car ils pressentaient que le combat à suivre serait de qualité. Les deux hommes se toisèrent, couverts de poussière, de sueur et de sang, face à face pour la première fois depuis des lunes. Un vague rictus, sauvage, désespéré, cryptique quant à ses véritables intentions, étira ses lèvres lorsqu'il s'adressa à son ancien amant.

« Je serai ton adversaire, si tu m’en estimes suffisamment digne. »

Bras étroitement croisés sur sa poitrine, le Verseur de Sang accrocha son regard d’or brun aux ambres furieuses de son frère d’armes, se raidissant inconsciemment contre sa réponse à venir, guettant fiévreusement les moindres signes de réaction face à sa proposition. Qu’importait la souffrance à présent ...


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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Chevalier Nagendra Tuncay, Lié au Bronze Llyr, Spectre des Cendres.

La vision trop brouillée par la rage sans nom qui animait en cet instant sa poitrine, tandis qu’il tournoyait sur lui-même à la recherche d’un adversaire, il n’y eut que le bruit sourd, pourtant discret, d’une lame plantée dans le sable chaud de la Fosse pour le ramener à la réalité. Son regard remonta lentement le long de l’acier avant de finalement se fixer sur la silhouette de celui qui avait osé répondre à son défi. Il l’avait reconnu, sans même voir son visage, à sa stature, aux contours de son corps délié, et cela le répugnait. Alors, douloureusement, il ferma une dernière fois les paupières pour retarder l’échéance et la brûlure de deux iris d’or sombre qui plongèrent dans les siens dès le moment où il rouvrit les yeux. Son cœur, en qui il n’avait plus confiance depuis des lunes, se tordit si férocement qu’il crut s’effondrer au milieu de l’arène et trépasser là, dans la lumière moite que projetaient les flammes languides du dôme. Ses phalanges, maculées de sang, affirmèrent leur prise autour de la garde de son sabre.

N’avaient-ils pas conclu qu’il leur faudrait croiser le fer pour déterminer qui, de Dorcha ou d’Ioana, avait formé le meilleur guerrier ? Ce qu’il lui restait de raison criait, dans le silence de sa conscience, qu’il n’était pas en mesure de l’affronter – que la frénésie du combat éveillerait une marée de souvenirs contre laquelle il ne pourrait pas lutter. Quel genre de duel serait-ce alors, s’il avait encore en mémoire la texture de sa chair, la forme de ses muscles imprimée contre ses paumes ? Il lui sembla qu’un vent froid soufflait dans sa nuque trempée de sueur lorsque les lèvres d’Adhâvan s’étirèrent en un sourire, à la fois misérable et farouche. La voix de l’Elfe, autant que son ton grave et bas, lui brûla étrangement la gorge. Nagendra se redressa, outrageusement droit dans ses bottes montantes, et si sa taille ne lui permettait pas de toiser l’autre Chevalier, son gabarit, lui, était bien plus massif. Une part de ses pensées s’inquiétait de son apparence grossière, désordonnée, quand Adhâvan lui apparaissait toujours aussi noble. Avait-il honte de se présenter à lui de cette manière, de dévoiler à quel point il n’était plus que l’ombre de lui-même ?

Les mots refusaient de quitter sa bouche, qui se déformait pour laisser entrevoir une espèce de rictus animal. Il n’avait ni la force ni l’envie, en vérité, d’entamer une quelconque joute verbale, quand bien même ses yeux luisaient de hargne. Il avait trop peu de dignité, ces temps-ci, pour s’offrir le luxe de la gaspiller inutilement – et puis, le Chevalier Blanc ne méritait-il pas mieux ? Alors, le Spectre des Cendres fronça les sourcils, s’apprêtant à s’élancer le premier, quand l’ombre imposante d’ailes veinées de braises vint soudain engloutir leur deux formes raides et immobiles. Dans un tourbillon de sable que ses écailles teintaient d’étincelles rubescentes, Llyr se posa dans l’arène, à quelques pas de la Blanche Rakesh, ignorant son Lié qui le fixait d’un air peu amène. Il courba son long cou comme pour une révérence, et cela, venant d’une créature qui ne s’inclinait devant ni Dieu ni Homme, acheva d’effriter les quelques récifs d’espoir qui subsistaient encore face à la tempête.

° Llyr. ° fit Nagendra en guise d’avertissement dans l’esprit de son Âme Sœur, mais lui n’avait d’yeux que pour la belle Dragonne, dont le cuir nacré était léché d’ambre et d’or.

Quand il avait reçu l’image de son Lié, le visage souillé, face à face avec celui qui hantait autant ses rêves que ses cauchemars, une pointe d’inquiétude avait traversé sa poitrine. Qu’adviendrait-il si Nagendra ne se révélait pas apte à prendre les armes ? Il ne pouvait pas le laisser s’exposer à une humiliation de plus. Il voulait être présent et le retrancher dans ses limites, l’obliger à se battre pour sauver l’honneur de son frère d’âme, qui lui renvoyait sans gêne l’image d’une soumission amère. Où était passée la vindicte du Bronze, si ce n’était dans les veines bouillantes de son Chevalier ? Et pendant qu’il jouait les amoureux transis, il sentait avec satisfaction la détermination de l’Humain prendre le pas sur ses hésitations et le pousser vers l’affrontement, dénigrant ce mélange de peur pernicieuse et de tendresse éperdue qui faisait trembler ses mains.

La mâchoire serrée, il abaissa un peu son arme avant de s’avancer vers Adhâvan et de le gratifier d’un salut tout militaire. Par-delà ses traits fatigués, quelque part dans l’obscurité caverneuse qui noyait son regard fauve, une distante lueur d’amusement sembla briller, fugitivement. Pourquoi craindre encore de se trahir lui-même ? Devait-il rendre grâce à l’Elfe, ou le maudire, d’avoir réussi là où lui et son Lié avaient échoué ? Pourquoi devait-ce être pour lui qu’il ressente à nouveau le besoin de briller ?

« Laissons les lames parler pour nous ; l’acier ne saurait mentir. » déclara-t-il tandis qu’il se mettait en garde.

La tête lui tournait déjà. Les écailles de Llyr frôlaient celles de Rakesh avec indolence, et lui se portait à la rencontre d’Adhâvan, projetant son arme contre la sienne. Immédiatement, la tornade l’emporta. Chaque mouvement l’hypnotisait, chaque rapprochement s’accompagnait d’effluves musquées qui le ramenaient toujours au même point ; la danse des mèches blanches l’aveuglait, les traits saillants de son adversaire l’écorchaient plus sûrement que les coups. Les siens lui semblaient d’ailleurs trop doux. Il ne savait plus s’il voulait blesser ou séduire, tant le désir venait brouiller ses sens, tant l’esprit de Llyr occupait d’espace. Il refusait d’être une proie facile, mais se serait damné pour qu’Adhâvan l’envoie à terre et brise ses vaines velléités de résistance. N’aurait-ce pas été plus facile ainsi ? Attendait-il simplement que la défaite vienne justifier ses pensées profanes ?

Les joues rougies par l’effort, il s’écarta de son adversaire pour reprendre son souffle. Sa courte portée l’obligeait à rester au corps à corps, à tournoyer et se tordre en permanence pour éviter que la longue lame du Chevalier Blanc ne le fauche trop tôt. Dans le coin de son œil, la nacre et le cuivre se mêlaient. L’odeur d’Adhâvan restait collée à sa peau, si lourde à porter qu’elle semblait entraver son moindre geste. Et toujours ce regard d’or sombre commandait aux battements de son cœur. L’air hagard, comme un animal pris au piège, il s’élança à nouveau dans un râle aux accents désespérés.
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MessageSujet: Re: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeMer 3 Avr 2019 - 14:45

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Adhâvan Ilaiyaraja & La Blanche Rakesh
Verseur de Sang

Theme Song :
Deceit and Betrayal – Audiomachine

Saisissant le changement d'expression du Spectre des Cendres face à sa seule présence, Adhâvan avait craint qu’il ne refuse le combat. Oblitérée par l’incendie embrasant dans son âme, la part de lui qui, lâche et faible, aspirait encore à ce dénouement là, se faisait maintenant presque silencieuse. Il brûlait d’affronter Nagendra, de mesurer sa puissance à l’aune de la sienne, et ses prières ferventes pour que le Chevalier Bronze lui donne une bonne raison de faire volte face, étaient lentement reléguées en arrière plan de sa conscience. Le coeur accéléré par une étrange émotion, il avait enfin croisé son regard, et dans ses iris ambrés, il avait lu une colère, une blessure, encore à vif après tout ce temps, qui lui semblait, douloureusement, faire bien trop écho à celle qui le hantait. Ceci, avant même que l’Humain n’ouvre la bouche, l’avait amené à pressentir que, quelles que soient ses réticences, ce dernier finirait par accepter son défi. Car, à l’image d’un loup acculé, Nagendra le toisait, ses lèvres tordues en une grimace agressive, dressé face à lui dans une posture dominante. A mi chemin entre tentative d’intimidation inconsciente et reconnaissance tacite de la valeur de son futur adversaire, son attitude inspirait à Adhâvan un mélange de craintes obscures et d’impatience. Alors, il se tenait prêt, et attendait. Ce moment précis, ce battement de paupière, où l’équilibre basculerait, et où l’animal prendrait dessus sur l’Humain. Résigné. Qu’il refuse de lui adresser la moindre parole, il le recevait comme une condamnation de plus, une expiation de ses actes. Mais au moins lui permettait-il de mettre un terme convenable à leurs souffrances respectives et de cela, il lui était reconnaissant.

L’Elfe avait désormais une conscience aigüe que cette rencontre, destinée ou non, aboutirait inévitablement à une forme de conclusion de leur relation, si tant est que l’on pouvait qualifier ainsi la confluence momentanée que leurs vies avaient été forcées de suivre. Le désir consumé dans la fureur du combat, leurs plaies cicatrisées par la vengeance, leurs chemins se sépareraient définitivement …
Rakesh se déclarerait-elle satisfaite, ou bien le pousserait-il, encore et encore, à lutter pour obtenir ce qu’elle considérait, impitoyable, comme son dû légitime ? Toute autre probabilité était absente de son esprit, de même que l’éventualité que ce qui adviendrait finalement d’eux puisse être différent de ce qu’il s’imaginait. Ainsi, quoi qu’à son corps défendant, se contentait-il d’apprécier simplement la présence de Nagendra, sa proximité tant souhaitée que refoulée tout au long des lunes passées. L’ambivalence de ce qu’il ressentait, impossible à contrôler, faisait poindre une sourde douleur sous son crâne, poussant ses entrailles à se tordre d’une envie coupable à laquelle, il le savait, il ne suffirait que d’une main tendue vers lui pour y céder.

Conscient qu’il se voilait la face, le Chevalier Blanc se raccrochait néanmoins à l’idée qu’il n’y aurait qu’à travers leur affrontement qu’il pourrait sublimer cette faiblesse, cet espoir vain, qui le gangrenait petit à petit depuis leur étreinte. L’éclat et le tintement du métal sur le métal, le sang et la douleur, voilà ce qui était pour lui un terrain familier et clairement intelligible. Abaissant lentement son centre de gravité, il se prépara à recevoir le premier coup, lorsque soudain une silhouette cuivrée se laissa furtivement glisser au dessus d’eux. Reconnaissant instinctivement l’ombre du Lié de Nagendra à travers le nuage de poussière ocre qui l’environnait, ses yeux s’étrécirent et se posèrent aussitôt sur Rakesh. La dragonne irradiait d’une satisfaction qui ne fit que s’accroître encore lorsque le jeune mâle s’inclina devant elle en une élégante et respectueuse révérence.

*Qu’as-tu fait ?*

Sans s’émouvoir de la sécheresse et de la tension qui auréolaient les pensées accusatrices de son Lié, la Blanche se redressa voluptueusement, étirant et agitant ses ailes pour mettre en valeur leur translucidité nacrée. Bien sûr, elle avait été approchée par d’autres mâles avides depuis son union glorieuse avec Llyr, mais n’en avait laissé aucun dépasser le stade des simples jeux de séduction. Aucun n’avait su trouver grâce à ses yeux. Et elle n’était après tout pas comme ces Incarnates ou ces Vertes, incapables de résister à leurs instincts de procréation et leurs désirs charnels. Elle était maîtresse de son corps et de sa volonté. L’attente faisait tout le piment de ce genre d’amusements ... Aussi se laissait-elle charmer par la cour éhontée et faussement innocente du Bronze. Il n’avait visiblement pas oublié les leçons qu’elle lui avait enseigné.

Se rapprochant de Llyr jusqu'à pouvoir l'effleurer de la pointe d'une aile taquine, elle coula sur son Elfe un regard profond où se disputaient émeraude et rubis :

**Rien qui ne te porte préjudice ou qui entre en contradiction avec ta volonté. J’ai simplement invité Llyr à venir profiter du spectacle en ma compagnie. Ne figure-t-il pas parmi les premiers concernés ? Il aurait été injuste de ma part de ne pas l’en informer, ne trouves-tu pas ?**

Refusant de répondre à la provocation, son visage anguleux se ferma, laissant la Blanche à ses jeux d’influence. Et, lorsque son regard se déporta à nouveau vers le Spectre des Cendres, Adhâvan constata avec surprise que l’autre homme s’était rapproché. De manière tout à fait inattendue, Nagendra avait semblait-il repris un peu d’ascendant sur lui-même, et lui adressa alors un bref salut à la raideur toute militaire. Le loup s’était retiré, temporairement. Etait-ce un effet secondaire de la présence de Llyr ? Le grand Bronze avait-il perçu la détresse et la confusion de son Humain ? Qu’elle qu’en soit la raison, et si insignifiant soit le geste, sa gorge se serra pitoyablement.

« Laissons les lames parler pour nous ; l’acier ne saurait mentir. »

Rien que quelques mots jetés en pâture au gouffre les séparant, qui, soudain, lui paraissait s’être imperceptiblement comblé, et pourtant ... Une lente vague de chaleur le traversant, le Verseur de Sang rejeta toute pensée parasite autre que celle du combat, tandis que, pour toute réponse, un de ses rares sourires, aussi pur que féroce, illuminait son visage, sans qu’il n’en ait totalement conscience. Fugitive et fragile, telle le souvenir d’une caresse, une effluve de gratitude vint s’épanouir dans l’esprit de sa Liée, qui décida de la partager, enjôleuse, avec son orgueilleux prétendant. Pour cette fois, elle respecterait la requête d’Adhâvan, et se contenterait d’observer le duel sans interférer dans son déroulement. Car il y avait là une importante leçon que les deux hommes devaient intégrer, seuls. Force silencieuse tapie au creux de l’âme de son Elfe, elle s’assurerait seulement qu’il ne flanche pas.

Entre les deux guerriers, l’air s’emplit brusquement du fracas des armes, corps et lames se mêlant dans une danse fulgurante dont ils ne pouvaient maîtriser totalement les pas. Alternativement, encore et encore, le sabre venait se fracasser sur le cuir protégeant la hampe du nagamaki, puis sur sa longue lame. Pendant une longue minute, parades, feintes et attaques se succédèrent sans relâche, si bien que les muscles de l'Elfe, déjà fortement sollicités par son entraînement avec Kahina, ne tardèrent pas à crier grâce. S'il disposait encore d’un avantage tactique indéniable, étrangement, le Spectre des Cendres affichait quant à lui une volonté chancelante, une expression égarée maintenant plaquée sur son visage hâve.

Observant le combat se dérouler avec une indolence exprimant un feint désintérêt, les paupières languides, Rakesh recentra son attention sur le Bronze à ses côtés, bien décidée à voir si l’intérêt que Llyr lui portait était réel ou purement calculé. Un ronronnement bas s’échappant de sa gorge, elle se glissa tout contre lui, haussant sa tête pour aller effleurer la gorge du mâle du bout de son nez, ses écailles de diamant produisant un crissement soyeux au contact de celles de son compagnon.

**Alors, quelles sont tes intentions à présent que nous sommes là, ô mon roi ?**

Rompant l’engagement l’espace de quelques battements de coeur, la respiration courte, miroir inversé de leurs Liés, Spectre des Cendres et Verseur de Sang s’écartèrent l’un de l’autre, suspendant cette promiscuité enivrante. Sans pouvoir s’en empêcher, saisi par la fièvre de l’instant, l’Elfe contempla l’allure désordonnée du Chevalier Bronze, emplissant l’ensemble de ses sens du tableau violent qui s’offrait à ses yeux. Aujourd’hui comme auparavant, Nagendra exerçait sur lui une déconcertante fascination, quand bien même il lui paraissait à présent lutter, tourmenté, contre ses propres démons intérieurs. Il lui était bien difficile de refouler dans les tréfonds de son inconscient son désir de se retrouver au contact de cet autre, de cesser de chercher à retrouver cette unité de corps et d’âme qui lui avait été offerte, en toute confiance. Sans quoi, inévitablement, il lui faudrait reconnaître la vérité dans sa terrifiante réalité, que cette étreinte grisante n’avait pas été le fruit de la manipulation des dragons, mais bel et bien l’expression d’un désir réel et sincère.

Alors, lorsque le Chevalier Bronze s’élança une nouvelle fois à sa rencontre dans un grondement hargneux et oppressé, l’Elfe resserra sa prise sur son arme et, poussant son avantage, entreprit de le contrer directement au corps à corps, quoi que bien trop facilement comparé à la puissance que l'Humain devait pouvoir déployer. Le forçant à reculer pied à pied, ignorant les vagues de souffrance provenant de ses muscles épuisés, son expression s’était faite sérieuse tandis qu’il le toisait, une flamme ardente et furieuse allumée dans ses iris mordorés. Laissant sa lame glisser le long de celle du sabre de Nagendra, il se dégagea soudain en imposant à son corps une torsion cruelle qui emplit son champ de vision d’un brouillard rouge de douleur. Dans une envolée de mèches d’or blanc, déterminé à obliger son adversaire à ne pas le sous-estimer, il bondit enfin avec l’agilité d’un fauve, le nagamaki tournoyant prêt à s’abattre sur le Spectre des Cendres.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeMer 3 Avr 2019 - 14:46

[RP] Embrasement Nagendra-50b0629 & [RP] Embrasement Llyr_test-52ea84b
Chevalier Nagendra Tuncay, Lié au Bronze Llyr, Spectre des Cendres.

Il n’y avait aucun air, sous le dôme rougeoyant de la Fosse, pour venir rafraîchir les soldats. L’atmosphère était lourde de poussière de sable, de sueur et de sang. Pourtant, malgré la flamme guerrière et les gouttes qui dévalaient son visage et ses cheveux trempés, Nagendra était en proie à des frissons irrépressibles. Il tremblait, comme soumis aux rudesses d’un climat gelé, et sans pouvoir lutter contre le désarroi qui l’habitait. Il s’était élancé à nouveau, dans un mouvement totalement irréfléchi, dans le seul but d’oublier le froid – mais ses membres ankylosés lui ôtaient toute agilité. Adhâvan le forçait à reculer, encore et encore, et la puissance de ses coups menaçait de lui faire perdre prise sur ce sabre qu’il ne tenait plus que par un phénomène inexpliqué. Était-ce le lointain souvenir de sa fierté oubliée qui le poussait à s’y accrocher ? Ou bien le simple automatisme d’une vie passée à se battre ?

Enfin, l’Elfe rompit l’engagement pour prendre son élan. Il n’y aurait aucun répit. La longue lame du nagamaki prête à s’abattre sur lui, le Chevalier Bronze leva doucement les yeux, creusant l’intervalle entre chaque seconde, jusqu’à ce que l’image d’Adhâvan se fige. Le sabre glissa de sa main et tomba devant lui avec un bruit sourd. L’éclat de l’acier traversa ses iris, froid et brûlant à la fois – net. Durant cet instant, ce court instant qui avait pris des allures d’éternité, l’Humain songea qu’il ne souhaitait plus la victoire. Il voulait qu’on punisse sa chair impie, qu’on lui offre en guise de salut une humiliation des plus brûlantes. Toutes ces nuits, une ombre étrange avait étendu sa main à l’intérieur de ses entrailles, tordant sa conscience. Il n’avait jamais voulu mourir, mais quel intérêt y avait-il à vivre un enfer pour recommencer après la mort ? Il revoyait le visage de sa mère. C’était dans ses yeux qu’il avait discerné pour la première fois cette ombre. Plus jeune, il avait vu s’y dessiner les traits de son père et maintenant, avec une précision cruelle, elle reflétait son propre visage. Comment cette femme avait-elle pu l’aimer ? Comment avait-elle pu accepter de le sentir grandir en son sein ?

Lui, il l’avait tant haïe.

° Nagendra ! °

Le choc se répercuta dans la moindre fibre de ses muscles, de ses os, amplifié par la carcasse de cuir et de métal qui le protégeait, et Nagendra fut envoyé mordre la poussière. Le sabre était hors de sa portée. Ignorant tout de la douleur, il tâtonna jusqu’à sortir hors de son fourreau la dague du Ssyl’shar qu’il gardait toujours avec lui et se redressa avec une lenteur effarante. Du coin de l’œil, il aperçut le regard empli de colère de son Lié, et celui, aiguisé, de la Blanche Rakesh. Le Bronze, s’il n’appréciait guère le comportement de son Âme Sœur, se contenta d’un simple grognement de mauvais augure. Sa vaine tentative de pousser Nagendra à bout n’avait pas été suffisante pour le sauver de la honte, et cela blessait durement le cœur ardent qui pulsait derrière son imposante armure d’écailles de cuivre sombre.

° Mes intentions ? Ce n’est pas mon combat, belle reine. Mon Lié est seul maître de ses choix. Je l’observe se battre et je comprends qu’il se bat contre lui-même. Peu importe l’issue du duel, c’est dans son petit esprit d’humain que se déroule la vraie guerre. °

En quelques mois, le Bronze avait grandi. Il savait qu’il ne se démarquerait jamais par son intellect ni par sa taille, mais il avait senti croître en lui une force encore inconnue et qu’il avait choisi d’appeler amour. C’était une envie terrible de protéger ce en quoi il croyait, de réduire en cendres tout ce qui se dresserait sur son chemin ou sur celui de son Lié, de se libérer de l’étreinte des ombres pour briller avec la puissance de mille soleils. Et c’était cette force qui lui permettait aujourd’hui de devenir meilleur – il souhaitait que Nagendra le comprenne, pour enfin arrêter de se fuir.

° Et toi ? Qu’attends-tu de lui ? °

La question, volontairement nébuleuse, plana un instant dans l’espace partagé de leurs esprits, mais aussi dans celui de Nagendra. La réponse était d’ores et déjà formelle : il désirait qu’Adhâvan le punisse. Par un bizarre jeu de miroirs tel que seul l’inconscient savait en concevoir, l’Humain était devenu la réflexion de son père, et l’Elfe, à qui il avait si vite accordé toute sa confiance, s’était fait l’incarnation de sa colère. Il voulait qu’il l’anéantisse pour pouvoir lui aussi ressentir l’ivresse de la vengeance. Pourtant, il flottait au fond de lui une ébauche de certitude – tout cela n’était qu’un mensonge. Pourquoi tentait-il tant de se convaincre qu’il s’était comporté comme un monstre ? Comment aurait-il pu confondre l’expression du visage de sa mère avec celle d’Adhâvan, ce jour-là ? N’étaient-elles pas diamétralement opposées ?

Autour des combattants, la foule, sans doute lassée par ce spectacle dont la fin semblait désormais trop courue d’avance, avait commencé à se disperser. L’Humain cracha son amertume à ses pieds et s’essuya la bouche d’un revers de manche avant de reporter son attention sur son adversaire. Il n’avait plus aucune raison de le provoquer – les mots étaient de toute manière bien superflus en de telles circonstances, et ses lèvres trop sèches pour bouger. Un sourire sans chaleur plaqué sur son visage sale, il fit signe à Adhâvan de l’approcher. S’attendait-il vraiment à ce que le Chevalier se porte une nouvelle fois à l’assaut d’un ennemi privé de son arme, et ce même s’il le désirait ardemment ? Malgré le coup reçu, Nagendra se sentait encore capable de bouger. Il lui suffirait d’esquiver jusqu’à ce que la lame l’entaille et que son sang vienne rougir les sables. Il s’avouait déjà vaincu mais refusait d’abandonner.

Il ne pouvait plus se défendre, c’était maintenant qu’Adhâvan devait frapper. Alors, comme rien ne venait, le Chevalier Bronze leva vers lui un regard rougi par la poussière, cerné d’ombres, une supplique comme un cri d’enfant planté au fond de ses iris d’ambre.
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MessageSujet: Re: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeMer 3 Avr 2019 - 14:48

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Theme Song :
Lunar Soul – Secession Studios

Ô temps, suspends ton vol … Sa lame prête à s’abattre durement sur Nagendra, ses iris mordorés brûlants laissant apparaître la flamme intérieure qui l’habitait, son cœur marquant le passage violent des secondes, la réalité parut se dilater étrangement. Lentement, très lentement, comme dans un rêve, le sabre glissa de la main de son adversaire, pour aller s’échouer sur le sable, soulevant dans sa chute un léger nuage de poussière résiduelle, dont il lui sembla soudain pouvoir distinguer chaque minuscule particule.
Puis, une intolérable prémonition broyant ses entrailles, traversant sa conscience de part en part en un éclair, il mesura les conséquences de son geste. Ils ne pouvaient plus faire marche arrière. Et l’inexorable écoulement des grains dans le sablier repris son cours, s’accélérant encore et encore, jusqu’à ce que son champ de vision ne s’étrécisse étrangement et que tout ne devienne flou, tout en dehors de la silhouette chancelante de Nagendra. Ses paupières se serrèrent étroitement, refusant de le laisser contempler la sanglante conclusion qui s’annonçait, et le Chevalier Blanc se raidit pour faire face au choc, ses gants de cuir crissant désagréablement sur la hampe de son arme.

Bien sûr, c’était ainsi que s’achevaient généralement les combats menés dans la Fosse. Dans les larmes et la sueur, la saleté, la douleur et le sang. Aussi brutalement qu’il avait commencé, leur duel allait rencontrer sa fin, image distordue de leur éphémère relation.

Sans un seul son autre que celui de son corps heurtant lourdement le sol, l’autre homme s’écroula quelques pas plus loin. Adhâvan se força alors à ouvrir les yeux, luttant contre sa volonté, luttant de toutes les fibres de son être, pour pouvoir contempler son œuvre. Tout s’était écoulé trop vite pour que quiconque d’autre que les deux adversaires ne puisse connaître la vérité, mais lui le savait, il le ressentait au fond de lui : il aurait presque pu jurer que Nagendra avait volontairement relâché sa prise sur son sabre. Et tout ce qu’il avait pu faire, était infléchir la course du nagamaki, autant que cela lui avait été possible, dans ce court laps de temps entre sa brutale prise de conscience et l’impact inévitable. La longue lame s’était finalement fracassée sur l’assemblage de cuir et de métal qui protégeait le Spectre des Cendres, avec suffisamment de violence pour le mettre à terre … Là où elle aurait pu s’abattre, tranchante, sur sa chair à nue. Qu’importait sa rancune face à ses paroles méprisantes et son désir d'affrontement, sa culpabilité était, elle, bien plus grande.

Mais déjà, en dépit de ses blessures et de son évident mal être, l’Humain se redressait, maladroitement, dégainant un poignard courbe typique du Ssyl’Shar, en une dérisoire tentative de défense, un sourire glaçant étirant ses lèvres. Pensait-il réellement pouvoir se battre ainsi ?
Agité soudain d’irrépressibles frissons, Adhâvan le contempla sans ciller, baissant les yeux sur celui qui était tout à la fois son frère d’armes, son amant, et son adversaire … Sur cet homme qu’il honnissait et enviait, dont les blessures avaient si bien fait écho aux siennes, en si une parfaite complémentarité. A terre, humilié. Le cœur au bord des lèvres, il ne put empêcher un rictus de dégoût s’afficher sur son visage, qu’il tâcha tant bien que mal de masquer, se passant une main tremblante sur ses yeux, déposant sur son front orné une traînée rougeâtre de sang et de poussière mêlées. Il avait souhaité mesurer ses forces à celui du Chevalier Bronze, s’engager dans un duel équitable, et non dans un passage à tabac en règle. Pourtant, dès le départ, il l’avait su, la conclusion de leur combat serait telle qu’elle était. Alors, pourquoi ?

Déstabilisé, il alla chercher dans ce lien qu’il partageait avec Rakesh, en un réflexe instinctif, la réponse à toutes ces choses qu’il refusait d’admettre. Mais de la Blanche ne lui provenait qu’une intense et mesquine satisfaction, un gouffre vertigineux de domination et de contrôle qui n’aspirait qu’à être rempli. Toujours plus … Se détournant hargneusement de cet effrayant miroir de lui-même, ses iris mordorés furent à nouveau capturés par l’ombre résidente dans celles, ambrées, de Nagendra, noyées par tant de désirs inavoués, de ceux qu’il ne fallait pas, lui semblait-il, prononcer au grand jour. La fuite, encore, et pourtant futile, car dans son crâne le poursuivait encore le rire cuisant de son âme-soeur.

Là, face à face sur les sables de la Fosse, nauséeux, alors qu’autour d’eux la foule se dispersait poussée par l’ennui, le Chevalier Blanc s’interrogea douloureusement. Être dans cette position lui inspirait un profond malaise. Était-ce là l’image qu’il donnait habituellement, le regard vide de toute vie, obéissant et soumis, prêt à subir, acceptant sans ciller tout ordre, toute humiliation, que ceux qui obtenaient l’ascendant sur lui pouvaient désirer lui infliger ? Était-ce ainsi qu’ils le voyaient, était-ce cela qu’ils ressentaient ?

Quand tout espoir de rédemption semblait avoir déserté son âme, comment survivre, comment continuer à vivre autrement ?

**Ne te l’avais-je pas prédit ?**

Sans répondre à sa question doucereuse, lourde de promesses non formulées, Adhâvan détourna son regard sur sa Blanche, magnifique et royale, parée de diamant, d’or et de rubis à la lueur des torches. La dragonne s’était allongée tout contre Llyr, spectatrice, dans une attitude faussement conquise, pour quiconque n’avait pas accès à ses pensées. En tout temps, et à tout moment, Rakesh restait maîtresse d’elle-même, parvenant toujours à retourner la situation en sa faveur.
Un rictus sauvage s’afficha sur ses lèvres pleines, allumant une étincelle dans ses iris d’or brun, assortie de ce serment silencieux et renouvelé. Pas cette fois.

Lentement, les doigts tremblants, il écarta son arme, bien trop dangereusement proche de la gorge découverte et offerte de l’autre homme. Nagendra. Qu’attendait-il de lui ? Oblitérant peu à peu toute autre pensée, cette question le hantait, car ce qu’il lisait dans les yeux du Chevalier Bronze ne lui apportait aucun réconfort. Il y avait dans ses iris ambrés une supplication évidente, un abandon éperdu et amer, un désir d’oblitération totale qui le glaçait plus qu’aucun mot prononcé n’aurait pu le faire. Il savait. Il comprenait. Mais il était tout aussi incapable d’agir que lui. Il lui faudrait céder, maintenant ... Au risque de rompre définitivement.

° Mes intentions ? Ce n’est pas mon combat, belle reine. Mon Lié est seul maître de ses choix. Je l’observe se battre et je comprends qu’il se bat contre lui-même. Peu importe l’issue du duel, c’est dans son petit esprit d’humain que se déroule la vraie guerre. °

Une lueur d’amusement contenu brillant dans ses prunelles opalescentes, la Blanche redressa la tête en direction de son compagnon, savourant et approuvant l’analyse fine qu’il faisait de la situation et des tourments intérieurs de son frère d'âme. Llyr avait en effet progressé depuis leur dernière rencontre, et cela ne fit qu’augmenter encore son orgueil de l’avoir choisi, lui. Ses raisons d'agir étaient évidentes : elle avait besoin de Nagendra pour forcer Kishan à entamer sa renaissance, tout autant que pour satisfaire ses ambitions.

Alors, sur un rire mélodieux, elle lui susurra doucement, pleine d’une ardente malice et délicieusement évasive :

**Ce que j’attends de lui ? Rien de plus qu’il ne soit capable d’offrir à mon Lié. Deux lames s’affutant mutuellement grâce à leur affrontement ...**

Plantant son nagamaki à ses côtés, lame en avant, le Verseur de Sang croisa finalement les bras dans une vaine tentative de contenir ses frissons, mettant fin au duel de la même façon qu’il avait commencé. S’il parvenait à occulter quelques instants les sentiments ambigus qui obscurcissaient son jugement, il pourrait au moins signifier à Nagendra qu’il ne voyait aucun intérêt à combattre un adversaire peu ou prou désarmé … Ensuite … Il ne lui resterait plus qu’à confier le Chevalier Bronze entre les mains de son Lié, qui serait le plus à même de le comprendre et de le sortir de cette inexorable voie d’auto-destruction sur laquelle il s’était jeté à corps perdu.
Alors, il se détourna, ignorant les regards conjoints de Rakesh et de Llyr, qui pesaient bien trop lourdement sur lui. Retirant ses gants de ses mains meurtries pour les glisser à sa ceinture, il s’inclina respectueusement devant le jeune Bronze, les yeux résolument rivés sur le sable souillé de sang, son coeur prêt à exploser dans sa poitrine. Il avait fait assez de dégâts jusque là. Il était temps d’y mettre fin.

**Alors c’est ainsi ? Vas-tu ignorer ta responsabilité dans son ‘‘état’’ et l’abandonner là, humilié et vaincu, sans aucune parole, si proche de notre but ? Voilà qui me déçoit, ô mon aimé ...**

Dans un ronronnement appréciateur, le bout de sa queue ondulant paresseusement, la pensée moqueuse de sa Blanche s’était insidieusement infiltrée dans son esprit. Elle, n’avait pas bougé, toujours lovée contre Llyr, prédatrice. On ne pouvait fuir indéfiniment sa propre ombre, car tôt ou tard elle vous rattrapait pour vous dévorer …
Figé dans son mouvement, ses hautes pommettes empourprées, l’Elfe se mordit violemment, une fois encore, la lèvre inférieure, pour s’astreindre à garder son calme et sa raison, à ne pas céder à ce que tout son être lui paraissait réclamer en hurlant. Il n’ignorait pas que chacun des mots de leur échange serait également entendu par Llyr, et peut-être même Nagendra. Non. Il devait étroitement garder ses pensées, ne pas les laisser s’égarer … Et cette question cruelle, à nouveau, à laquelle il ne voulait pas répondre. Qu’attendait-il de lui, et aurait-il la force de le reconnaître ?

**Je doute qu’il soit en état de faire le trajet jusqu’à son weyr de lui-même. Il est évident qu’il n’écoute plus rien, ni personne, pas même Llyr. Si tu pars maintenant, qui l’empêchera d’aller obtenir ce qu’il recherche auprès d’un autre ? Qui sait comment tout cela pourrait se terminer, je me le demande … Mais je comprends très bien, sais-tu, Kishan. Tu ne veux pas risquer de nouvelles souffrances. Je te pensais pourtant habitué … **

Absolument pas dérangée par l’absence constante de réponse de la part de son Lié, implacable, Rakesh avait poursuivi ses questionnements d’un ton étrangement détaché. Le fixant de ses iris tourbillonnant d’un rouge-orangé si vif qu’il lui semblait brûler de l’intérieur, fouaillant son esprit, chaque mot prononcé s’imprimant dans son âme, gravés par le feu, jusqu’à ce qu’un mince gémissement de douleur lui échappe … Marquant ainsi son renoncement face au poids du désespoir.
Alors, ses mâchoires serrées faisant ressortir les angles durs de son visage, Adhâvan fit volte-face une nouvelle fois, se rapprochant de son frère d’armes d’un pas saccadé. Il pouvait au moins lui venir en aide pour regagner ses appartements sans perdre la face. Le reste ne lui appartenait pas, quoi qu’en pense la Blanche. Il était las de lutter. Sans perdre de temps, n’ayant plus en tête que le désir impératif de quitter la Fosse et d’échapper aux regards inquisiteurs des autres combattants, il glissa son bras par dessus ses épaules pour l’aider à se redresser. Il n’y aurait là rien de compromettant qui serait rapporté à Aodren.

« Tu en as assez fait pour aujourd’hui. » A peine plus qu’un murmure à son oreille, sa voix s’était enfin élevée, tenant tout autant de la prière fervente que de l’affirmation.


Le trajet jusqu’au Weyr lui parut une éternité, chaque pas lui coûtant, pas tant parce que le Spectre des Cendre pesait maladroitement contre lui, que parce que ses propres muscles lui paraissaient privés de leurs moindres forces … Parce qu’il aurait voulu se trouver ailleurs, quand bien même une part de son âme, bien obscure et refoulée, se délectait égoïstement de la chaleur étourdissante issue de ce curieux sentiment d'intimité entre eux. Par ce qu’elle recelait de vérité, leur proximité lui inspirait une crainte confuse, entachée d’une soif que rien ne semblait pouvoir étancher. Il voulait que cela cesse, il aspirait à ce que cela ne se termine jamais, basculant, hésitant, jusqu'à l’écœurement, de l'un à l'autre.

Ainsi, paradoxalement, lorsque le couloir déboucha finalement sur la porte des appartements de Nagendra, ses entrailles se nouèrent d'un vif soulagement et d'une bien amère déception. Se défendant contre l’inéluctable, il s’écarta alors brutalement, abandonnant le Chevalier Bronze appuyé contre la muraille de pierre. Tous les mots qu’il avait répété dans le silence de son esprit tourmenté lui paraissaient soudain vains. Ils n’avaient plus qu’à reprendre leur vie, chacun de leur côté. C'était terminé. Enfin. Il fallait qu'il en soit ainsi, sans quoi ne risquaient-ils pas de se détruire mutuellement, de réduire à néant ce qui faisait leur être même ? Il lui semblait d'ors et déjà en percevoir les traces, les souillures dues à ce processus, chez Nagendra, qui le fixait à présent, le regard éteint, bien loin de sa brillance habituelle.


HRP : En espérant que ce RP te plaise comme j'ai pu savourer la lecture du tien <3 je te laisse prendre l'initiative pour ce qui est des dragons, je n'avais absolument aucune idée de quoi leur faire faire hihi, donc à toi de jouer ! Et comme promis, j'ai amené nos deux zigottos hors de la Fosse ^^ (même si j'ai galéré à trouver une justification pour que Adhâvan cède et que je suis pas outre mesure convaincue par mon idée XD).


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeVen 5 Avr 2019 - 20:26

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Il attendit, en vain, que vienne enfin le coup de grâce. Sans rien entendre de plus qu’un bourdonnement frénétique cognant contre ses tempes, ses muscles hurlant de douleur sous l’assaut des flammes, il attendit que son adversaire décide que faire de sa dignité jetée en pâture sur les sables de la Fosse. Un rictus de dégoût, malhabilement dissimulé, filtra à travers le flou de sa vision, et il sentit sa mâchoire se tordre, ses doigts tuméfiés se crisper autour de la poignée glissante de sa dague. Une étrange pulsion, l’espace d’un instant, faillit le propulser en avant pour arracher ces lèvres insolentes. L’amertume raclait le fond de sa gorge sèche, un arrière-goût d’échec se mêlant aux poussières ambiantes, tandis qu’il peinait à avaler sa salive et se rendait lentement à l’évidence. Adhâvan ne ferait rien. Qu’avait-il espéré, en réalité, d’un Chevalier dont la raison d’être était justement de ne pas être ? Aurait-il fallu qu’il lui ordonne, comme à un chien, de l’achever pour enfin obtenir ce qu’il désirait ? Et même alors que l’Elfe fuyait son regard, par lâcheté ou par écœurement, Nagendra continuait de le fixer avec une avidité meurtrie.  

Adhâvan planta son arme dans le sable, signifiant ainsi qu’il ne souhaitait pas achever ce qui avait été commencé, et s’effaça lentement de son champ de vision. En vérité, l’Humain ne pouvait décemment pas le tenir responsable de sa propre faiblesse, ne pouvait pas lui reprocher de préférer se détourner. En cela, ils étaient différents. Il baissa doucement la tête, se retrouvant seul face à la lame abandonnée, à genoux sous le dôme dont l’œil implacable ne cillait jamais. Il croisa son reflet dans l’acier et se vit alors se pencher en direction du nagamaki, cherchant à s’octroyer lui-même la salvation – mais il savait que cela ne l’intéressait pas. Une telle mort n’aurait pas suffi à le laver de ses péchés. Le pardon ne saurait venir que de mains étrangères. Sans prêter attention à ce qui l’entourait, le Chevalier Bronze frotta négligemment ses yeux fatigués, soulevant les mèches brunes, lourdes de saleté, qui s’étaient collées à son front brûlant. Il n’y avait plus rien à faire, alors. Retourner à son weyr, faire disparaître le sang et la crasse, s’allonger et laisser la fatigue l’emporter dans un sommeil sans rêve. Affronter le jugement silencieux de Llyr.  

Comme en réaction à ses pensées moroses, il perçut le Dragon se tendre à travers leur Lien. Frustration et peur. Il n’avait pas besoin de se retourner pour le voir, lui et ses vastes pupilles où l’amour grandissait paisiblement dans une fournaise éternelle.  

**Ce que j’attends de lui ? Rien de plus qu’il ne soit capable d’offrir à mon Lié. Deux lames s’affutant mutuellement grâce à leur affrontement ...**

Le Bronze ne se serait pas risqué à targuer la Blanche de naïveté, et il espérait n’être que la proie du pessimisme, car il n'était pas tout à fait sûr qu'une telle fin soit envisageable. Il garda son avis pour lui, laissant son regard couler le long de la silhouette déliée d’Adhâvan, recueillant précieusement les effluves qu’il dégageait sur le bout de sa langue bifide. Lorsqu’il vint s’incliner devant lui, le Bronze eut un grondement moqueur.  

° Ni loup, ni homme. ° déclara-t-il sans révéler le fond de sa pensée, des fumerolles ambrées dansant dans ses iris pâles. Il n’avait pas beaucoup d’affection envers le Chevalier, en dépit des sentiments de son Lié ou de ceux qu’il pouvait bien entretenir pour Rakesh. Il le trouvait terne et trop complexe, fuyant. Le bout de sa queue claqua en même temps qu’il tournait le cou en direction de Nagendra, toujours immobile.

Allant clairement à l’encontre des volontés d’Adhâvan, Rakesh s’était mise en tête de le torturer un peu plus, insistant pour qu’il accompagne l’Humain jusqu’à ses appartements. Llyr ne s’y opposa pas. Une partie de lui, étroitement imbriquée dans l’esprit de son Lié, savait que les barrières étaient sur le point de s’effondrer, et que précipiter les choses ne serait certainement pas un mal au regard des derniers évènements. Alors, quand l’Elfe céda finalement, un étrange sentiment d’impatience se déversa dans les veines du Dragon. Il laissa son aile effleurer les écailles de la Blanche à ses côtés, et vint poser sa tête sur ses antérieures dans une posture simulant la soumission, levant vers elle ses grands yeux de jade. Sans doute était-ce le bon moment pour une partie de chasse ?

~°~

Aussi docile qu’une poupée de chiffon, Nagendra, quand bien même il lui en coûtait, s’était laissé faire sans rien dire. Complètement vide, autant de force que d’émotions, il s’était contenté d’avancer tant bien que mal, dans le silence le plus total, prenant appui à contrecœur sur le Chevalier Blanc. Respirer son odeur, même après tout ce qui s’était passé ces dernières Lunes, et à l’instant, dans la Fosse, était étrangement consolateur. Il ne comprenait pas tout à fait le phénomène à l’origine de tant de paradoxes ; il avait besoin, pourtant, d’en analyser le moindre effet, et il sentait tout son corps se tendre vers l’Elfe. Cependant, celui-ci, une fois arrivé devant la porte des appartements de Nagendra, se dégagea prestement, comme s’il n’avait pas pu supporter leur proximité une seconde de plus. L’Humain se reçut durement contre le mur de pierres, serra les dents en retenant un sifflement de douleur.  

Pour la première fois depuis qu’il l’avait provoqué en duel, semblait-il, le Chevalier Bronze regarda son confrère. Des milliers de paroles, de pensées, émergèrent dans son esprit étourdi, affolées, sans aucune cohérence.  

« Je… suis désolé. » ânonna-t-il, l’air toujours aussi hagard, mais avec un soupçon d’hilarité qui paraissait bien déplacée en de telles circonstances. Elle grossit au fond de sa poitrine, et, lorsqu’il se crut sur le point d’éclater de rire, il ne parvint à émettre qu’un son étrange, tenant plus du râle d’agonie que de l’expression d’allégresse. « Pour tout... Je. » Il s’interrompit pour prendre une profonde inspiration, le souffle tremblant, les yeux levés vers le plafond. « Je ne sais pas. »

Tout ce qu’il avait enfoui remontait désormais à la surface, avec plus de violence encore que durant son sommeil, et l’espoir de maintenir les apparences s’éloignait avec chaque nouveau sursaut de son cœur douloureux. Il avait tout essayé. Rien ne semblait parvenir à l’apaiser assez pour retrouver un état normal. Que lui restait-il alors ? Il ne pouvait pas lutter contre les démons qui déchiraient soigneusement ses entrailles, réduisant en lambeaux sa fierté et sa confiance si durement acquises. Il ne pouvait pas s’avouer son échec, pas plus qu’il ne pouvait continuer à fermer les yeux. Sa propre nature le répugnait. Il s’en voulait tant d’avoir cédé, et, surtout, il avait peur. Il redoutait de voir surgir en lui la même ombre qui avait détruit sa mère, et toutes les autres femmes de son enfance. Il craignait la faiblesse dans laquelle le mettait une telle situation. Nagendra était un homme honnête, ou, du moins, il avait tout fait pour s’en convaincre.  

« Je t’en prie, Adhâvan... Reste. Reste, s’il-te-plaît. » Il avait tendu une main, comme pour le retenir, mais un mélange de pudeur, de honte et de respect l’empêcha d’aller au bout du geste. L’espace d’une seconde, il parvint à saisir le regard du Chevalier Blanc, et il sentit sa mâchoire se crisper.  

« Je ne sais plus quoi faire. » finit-il par admettre d’une voix rauque, un voile de perdition obscurcissant ses iris d’ambre tandis qu’il se recroquevillait sur lui-même, les bras croisés autour de son corps las. « Tu... tu dois m’aider, je t’en prie... »  

Là, les mots étaient sortis et il se mordit les lèvres, gêné par l’image qu’il devait donner en cet instant et par l’impertinence de sa supplique. Il l’évitait pendant des Lunes et était maintenant prêt à se mettre à genoux pour obtenir son aide – c’était là un revirement qui ne pouvait qu'être mal accueilli.

Malheureusement, il souffrait bien trop, ne savait plus vers qui se tourner ou à quoi se raccrocher pour obtenir les réponses à toutes ces questions qu’il n’arrivait même pas à poser. Il fallait mettre un terme à cela – quoi qu’il en coûte, et quoi qu’il arrive après. Il lui était impossible de continuer. Plus maintenant que le silence avait été rompu, plus maintenant qu'il avait révélé l'ampleur de son naufrage.
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MessageSujet: Re: [RP] Embrasement   [RP] Embrasement Icon_minitimeMer 10 Avr 2019 - 16:59

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Dans l’arène poussiéreuse, éclairée par la lumière déclinante de l’après-midi, la petite dragonne à la parure de diamant avait laissé son regard glisser sur les silhouettes vacillantes des deux hommes. Songeuse, Rakesh avait sondé le cœur de son Lié. L’avait-elle suffisamment aiguillonné pour qu’il aille jusqu’au bout, pour qu’il admette enfin ce qu’il refusait de s’avouer à lui-même, qu’il cesse de chercher à s’échapper ? Quoi qu’il advienne finalement entre lui et Nagendra, cela ne se solderait certainement pas par une nouvelle séparation. Leurs désirs respectifs étaient bien trop avivés, douloureusement, par la présence l’un de l’autre. Tôt ou tard ils finiraient par céder. L’avalanche serait alors impossible à arrêter, même pour eux.

° Ni loup, ni homme. °

Silencieusement, elle avait acquiescé, bien que sans en saisir pleinement les multiples sous-entendus. Ce serait un conflit d’égos, même s’ils se révélaient incapable de le comprendre.

Puis un ronronnement grave, plein de suffisance, avait vibré dans sa poitrine, tandis qu’elle contemplait le grand Bronze, Llyr, qui paraissait sagement, illusoirement, soumis à son bon plaisir. Elle savait pertinemment qu’il n’agissait ainsi que dans l’optique de lui plaire, mais ne pouvait s’empêcher de s’en enorgueillir, encore et encore. Que le fait qu’il l’ait choisie soit autant vrai que l’inverse ne lui importait pas. Elle refusait tout simplement de le prendre en compte. Le temps que cela durerait, et jusqu’à ce qu’elle en décide autrement, le jeune mâle serait son Roi, celui qu’elle avait élu.

Alors, se redressant gracieusement, elle se coula tout contre lui, l’effleurant de près sans toutefois le toucher réellement, s’éloignant de quelques pas avant de lui jeter une œillade mutine. Oui, il était temps qu’ils laissent leurs liés mener leur propre combat, affronter leurs propres responsabilités. Sa proposition d’aller chasser lui plaisait. Qu’ils se retrouvent seuls face à eux même.

✦ ✧ ✦

Faisant face à Nagendra, dans les soupirs secrets du corridor, Adhâvan s’était cru prêt à tourner définitivement la page. Il avait cédé aux caprices de sa Liée, accomplissant la promesse tacite que lui et le Chevalier Bronze avaient échangé lors de leur première rencontre. Et pourtant, cela ne lui avait apporté aucune espèce de satisfaction, sinon, celle, inavouable, écœurante, mâtinée d’une étouffante culpabilité, de le voir plongé dans des abysses de souffrance semblables aux siens. Face à cette conclusion tant attendue, tout ce qu’il aurait souhaité dire, ces mots le fuyaient, s’évanouissant hors de portée de son esprit, en une fumée impossible à saisir.

Était-il juste pour lui, pour eux, de se quitter sans une parole d’adieu, comme des étrangers ? Ne valait-il pas mieux que ça ?

Enfin, pour la première fois depuis le début de leur combat dans la Fosse, leurs regards se trouvèrent, et son coeur affolé manqua un battement. Une indicible appréhension se saisit de lui, le saisissant dans sa gueule, en même temps qu’une profonde langueur, si paradoxale, enveloppait ses membres. Il serait si simple d’abandonner, de renoncer, maintenant … Il ferma les yeux, rien que quelques secondes.

Mais la fuite était une solution bien trop confortable, bien trop primale et instinctive, ancrée en lui, pour qu’il ne puisse si aisément y renoncer. Une protection contre la certitude de tourments futurs.
*Lâche.* souffla son esprit, et le Chevalier Blanc se méprisa pour cela. Car pour une fois, il ne fallait y voir que le reflet de ses propres pensées, et non une mesquine intervention de sa Liée.

Que pouvait-il avoir à craindre de cet adversaire désarmé, brisé, en vérité ?

Et le silence implosa soudain, en une myriade d’échardes assassines et invisibles. Son corps tout entier se raidit alors, cruellement, le laissant muet, tremblant, étourdi. Il se força à se concentrer sur ces paroles que sa conscience ne parvenait pas à saisir. Ses iris mordorés écarquillés de saisissement, sans qu’il ne puisse s’en empêcher, ses poings se crispèrent à ses côtés, tandis que même respirer se faisait pénible.
Il se sentait brûlé vif par les excuses pitoyables de Nagendra, et c’était là l’effet du feu mordant de la honte et de la colère, tout autant que celui d’un désir irrépressible d’aller le faire taire, d’imposer ses lèvres pour étouffer ces mots, trop douloureux, qui ne devaient pas être prononcés. Ô combien les avait-il convoitées, ces excuses, et pourtant si intolérables ! Une vague indicible le secoua, et il avança d’un demi-pas, les épaules rentrées, le visage blême, sans savoir ce qu’il s’apprêtait à faire. Non ! Il prenait des vies souvent, tuait si la situation l’exigeait, tuait parce qu’on le lui ordonnait, parce qu'il y était obligé, hommes et femmes, et parfois même, hélas, enfants, espérant que la vie qui les attendait peut-être au-delà serait meilleure pour eux que ce monde cruel. Douce et naïve miséricorde ...
Mais cela, être le spectateur de cette lente agonie, lire une telle humiliation dans son regard ambré ... Un tel miroir de lui-même ne pouvait que lui faire l’effet d’une gifle assénée en pleine figure, c’était trop, il ne l’avait jamais souhaité, ni désiré. Puis il y avait eu cette main fugitivement tendue, et bien vite retirée, supplique muette. Désirait-il réellement qu’il resta à ses côtés ? Ou bien attendait-il de lui qu’il soit un bourreau consentant à ses pulsions auto-destructrices ?

*S’il te plait ...*

Des abysses de souffrance … Adhâvan y contemplait à présent sa propre responsabilité, car il ne pouvait nier qu’il s’était agit de sa propre faute, de ses propres désirs refoulés. C’était lui et personne d’autre qui l’y avait entraîné. Et lui, que souhaitait-il à présent ? A qui adressait-il cette prière ? Lui-même ne le savait pas. Rakesh, prise par le plaisir de sa chasse, le laissait seul maître en son esprit. Sensation étrange. Peut-être n’était-ce simplement qu’un écho brut aux paroles prononcées par Nagendra. Figé dans sa première ébauche de mouvement, l’Elfe fut frappé par cette vision de lui, recroquevillé contre la muraille de pierre, bras serrés autour de son corps. Tout ce qu’il avait vainement tenté d’enfouir et d’oublier, années après années, remonta implacablement à sa conscience. La liberté de décider de son destin, de ses sentiments, mais aussi toutes ces innombrables humiliations vécues, les risques et les souffrances inhérentes à toute relation, le pouvoir que cela offrirait à l'autre. C’était un flot impossible à endiguer, que de simples mots avaient déclenché, ces mots que personne avant lui, certainement, ne lui avait jamais dit. Pourquoi était-ce si difficile ? Il ne pouvait plus reculer à présent, pas après cet appel à l'aide éperdu, pas après … ça.

Poussé par une crainte obscure et vorace, un pas après l’autre, la gorge nouée, il annihila la distance qui les séparait encore, et entoura son amant harassé de ses bras, luttant contre la tentation de le saisir pour l'embrasser. Maladroitement, sans se soucier des douleurs qu’il pourrait lui occasionner, des contusions qu’il pourrait réveiller, il le serra contre lui avec toute la force de leurs désespoirs mêlés, une main pressée dans son dos, l’autre, hésitante, enlaçant ses épaules. Il n'y avait plus nulle échappatoire, ni pour l'un, ni pour l'autre. Plus maintenant.

« Je suis là ... » L’avait-il seulement pensé, ou l’avait-il réellement soufflé à Nagendra, dans un trop faible murmure ? Il était bien incapable de le déterminer, tout comme d'accorder à la question une réelle attention pour le moment. Il ne parvenait plus à réfléchir. Plusieurs longues secondes s’écoulèrent avant que ses tremblements ne s’espacent, soufflés par la chaleur qui résultait de leur entêtante étreinte, et bien d’autres encore avant qu’il ne trouve la force de s’écarter de lui. Pas encore. Ce n'était pas le moment. Ils avaient beaucoup à se dire, il en était conscient.

Avec un bref regard vers le couloir par chance désert, il força sa voix, en un filet rauque et confus, pour s’adresser au Chevalier Bronze, ses iris d'or brun captifs des siens, ne pouvant s'en détacher, comme s'il redoutait de le quitter des yeux :

« Je … Pouvons-nous entrer ? »

Il cilla instantanément en réalisant que le ‘‘je’’ s’était transformé en ‘‘nous’’ sans qu’il n’y prenne garde, et esquissa un faible sourire, un rien amer. Puisqu'il semblait finalement qu’ils soient destinés à répéter et rejouer inlassablement les mêmes scènes, peut-être pourraient-ils œuvrer ensemble à une fin différente, cette fois-ci.




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