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 [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes

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MessageSujet: [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes    [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Icon_minitimeDim 19 Jan 2020 - 19:25


Néharaku 919, Pleine Lune.

Le crépuscule avait apporté avec lui un silence aussi lourd qu’un linceul de plomb. Trois Lunes et déjà, le souvenir d’une révolution avortée sombrait doucement, à mesure que les nuits s’allongeaient et que l’automne soufflait sur Rhaëg son haleine rêveuse et pensive. Les pluies moroses, à défaut de rincer un sang qui n’avait pas coulé, savaient apaiser les humeurs les plus échauffées, et la vie du Kaerl avait repris son fil, peut-être légèrement honteuse des excès de la veille. Trois Lunes et bientôt, le précieux trésor qui dormait encore dans l’enceinte sacrée de la Sphère de Naissance s’éveillerait de son long sommeil pour réclamer sa place dans ce quotidien maussade, impatient d’en bousculer le cours.

Lovée sur les Sables blancs, seule à l’exception des trois œufs qui s’agitaient sous son aile aimante, reposant contre ses flancs assombris par la lumière bleue qui s’écoulait de toute part, la Verte Zhaleh grondait doucement. Bientôt, bientôt... Elle détestait cette solitude. Durant ces interminables jours passés sous la coupole translucide, à observer le ballet incessant de la faune marine et à envier sa liberté, la Dragonne avait tendu son esprit vers les âmes endormies de ses enfants. Elle leur avait conté ses souvenirs de voyage, la morsure du vent et les baisers trompeurs de l’écume, la gloire de l’aube et la profonde tristesse des hivers éternels. Elle leur avait parlé d’amour ; de celui qu’elle avait pour eux, et de celui qu’ils auraient pour leur Âme Sœur. Elle leur avait assuré qu’ils ne connaîtraient rien de plus beau, alors même que ses larges iris se paraient du gris muet des pierres et que son propre Lien la tiraillait comme une cicatrice mal refermée.

Évidemment, Shay n’était pas auprès d’elle. Plusieurs fois, la Verte avait dû faire appel à Majak, l’infortuné père de cette couvée impossible, pour la remplacer sur les Sables car elle avait craint pour la vie de son Lié. Ce dernier avait eu, en quelques Lunes, plus d’idées saugrenues et dangereuses que depuis le début de son existence ; lesquelles l’auraient certainement conduit à une mort certaine si Zhaleh n’avait pas, à chaque fois, surgi du néant pour empêcher l’inévitable. Mais lorsque, ivre mort et en plein orage, le Chevalier avait glissé durant son ascension du Mont Gerikor, où il s’imaginait pouvoir confronter l’Oracle sur les raisons derrière son Empreinte avec une “saleté de Verte”, la Dragonne n’avait pas eu d’autre choix que d’enfin oser affronter son Lié. Et elle était heureuse d’avoir eu ce courage car à partir de ce moment, même si Shay avait continué à se montrer hostile et froid, sans doute par principe, il avait peu à peu oublié sa haine.  

Au-delà de l’humiliation que lui avait infligé la Verte en partageant le vol de Majak, pourtant Lié à celui que l’Humain considérait comme son ennemi naturel et le pire être humain que cette terre ait jamais porté, c’étaient surtout les rumeurs répandues le long des couloirs du Castel Dolen qui avaient impacté le Sergent. Comment réprimer les ragots quand tout le monde s’interrogeait déjà sur le véritable motif de l’emprisonnement d’Usui, qui s’éternisait malgré l’absence de procès ? Et comment justifier que, en-dehors des repas et de sa toilette occasionnelle, seul Shay avait eu le droit de le visiter et de lui parler ? Et voilà maintenant qu’on apprenait que la Verte du soldat avait pris place sur les Sables pour couver, partageant cette tâche avec le Brun du prisonnier... Tout le monde y était allé de son commentaire, de sa théorie, et le Chevalier s’était mis à errer à travers la caserne, poursuivi par les murmures, prêt à mettre aux arrêts le premier qui lui aurait souri avec un peu trop d’enthousiasme.

Pendant tout ce temps, quand il n’avait pas été occupé à noyer sa colère dans l’alcool, le Sergent avait mis tout en œuvre pour retrouver Usui, faisant jouer ses maigres relations. Mais avec la régence du Conseil et la révélation des manigances de feu Javerth Seram au sein des Crocs d’Argent, la discrétion était de mise et Shay avait fini par manquer d’alternatives. Le Marchand de Sable demeurait introuvable, et Majak, lors des rares fois où il se montrait au Màr, restait en sécurité dans la Sphère de Naissance, là où personne, qu’il fût homme ou Dragon, n’aurait pu prétendre l’appréhender. Graduellement, à contrecœur, l’Humain avait finalement dû se résoudre à abandonner la lutte. En de rares occasions, il s’était avancé sur les Sables pour rejoindre sa Liée, mais jamais il ne lui avait adressé la parole, se contentant de la fixer avec tout le mépris et toute la déception dont il était capable. Je finirai par te pardonner, semblait alors vouloir dire son regard, mais j’oublierai jamais ce que tu m’as fait – ce que j’ai été obligé de subir par ta faute.

Œil pour œil, Dragonne.

~°~

[RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Dealer-48cc72f & [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Majak-dragon-52f34f9  
Chevalier Usui Ikeda, Lié au Brun Majak.

Le crépuscule avait apporté avec lui un silence aussi lourd qu’un linceul de plomb. Dans le clair-obscur céruléen de la Sphère de Naissance, doucement, les coquilles nacrées avaient commencé à vibrer, donnant le ton pour la suite de l’ancestrale chanson que s’apprêtait à soupirer leur mère solitaire. Zhaleh se mit alors à s’agiter dans sa couche, s’extirpant de sa torpeur, faisant crisser ses écailles irisées contre les grains de sable tandis qu’elle déroulait son corps engourdi. Ses pensées s’envolèrent dans toutes les directions, affolées ; ses œufs allaient éclore et il n’y avait personne ! D’esprit en esprit, l’appel de la Verte résonna à travers tout le Kaerl, chargé d’inquiétude et de panique, d’incompréhension. Ses enfants allaient naître et il n’y avait personne ! Elle n’avait encore jamais donné la vie, ne bénéficiait pas de l’aide protocolaire qui venait naturellement avec la couvaison des Reines, n’avait même jamais imaginé se tenir un jour à leur place. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire !

Majak fut le premier à lui répondre, soufflant vers elle une vague d’émotions apaisantes qui précéda de quelques secondes son apparition au milieu de la vaste pièce. Il enroula son long cou autour de celui de la Verte, vint poser sa tête contre la sienne, et sa simple présence sut apaiser l’anxiété de la jeune mère. À l’opposé du couple, dans l’ombre des tribunes, une forme encapuchonnée se tenait avachie contre la paroi blanche. Trop occupée à se laisser étreindre par le Brun, Zhaleh ne remarqua pas immédiatement la présence d’Usui ; ce ne fut que quand sa voix retentit enfin dans le silence pesant que ses yeux fusèrent dans sa direction, des étincelles de méfiance venant agiter l’océan turquoise de ses iris.

« Et moi qui pensais être le seul candidat au titre de Roi des bouffons. Il semblerait que j’aie cruellement sous-estimé la concurrence. » déclara le Chevalier d’un ton traînant, ôtant sa capuche pour révéler une cascade de cheveux blonds, quelques mèches ondulées tombant devant son regard pourpre. Il avait bien meilleure allure que lors de leur dernière rencontre dans les souterrains, mais elle dut néanmoins se faire violence pour ravaler un commentaire moqueur quant à son choix de teinture.

° Tu ne devrais pas être là, petit Ondin. Je ne te veux aucun mal, mais mon Lié pourrait arriver d’un moment à l’autre. °

« Oh, mais j’y compte bien ! Cela m’aurait brisé le cœur, que de devoir m’en aller sans pouvoir lui dire adieu. Nous avons vécu tant de choses ensemble… » Il pointa du menton les œufs avec un sourire mauvais.

° Encore un des tes tours ? Tu as intérêt à ne pas t’en prendre à lui sous mes yeux, sinon… °

« Ici ? En ce jour béni de Flarmya ? » l’interrompit-il en secouant la tête d’un air abasourdi, comme indigné qu’une telle idée ait pu traverser l’esprit de la Verte. « Je ne suis pas un monstre, Zhaleh. J’accompagne seulement mon Âme Sœur. Je ne troublerai pas la naissance de vos enfants… Je t’en fais la promesse. »

Il s’inclina doucement, une main sur le cœur, puis remit en place sa capuche avant de disparaître dans les ténèbres dont il était venu. La Verte se pressa un peu plus contre Majak, pétrissant le sable entre ses griffes. Que valait la parole d’un Marchand de Sable ? Les Dragons échangèrent un regard, puis le Brun s’écarta pour se dresser sur ses postérieures, ouvrant les ailes et poussant un rugissement dont l’intensité fit profondément trembler les murs antiques. Maintenant, il n’était plus permis de douter. L’appel avait été lancé. Il résonnait d’un bout à l’autre du Màr tranquille, engoncé dans sa torpeur de fin de journée, oublieux de celle qui avait élu domicile dans l’antre centenaire des nobles Argentées. Il éveillait dans les cœurs un mélange de colère, de peine et d’urgence qui saurait certainement trouver écho chez plus d’un habitant de la Forteresse Engloutie.


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes    [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Icon_minitimeSam 1 Fév 2020 - 21:39

Le soir était enfin venu. Ewen n’avait cessé de parcourir le màr dans un ennui profond avec Faolan, jeune loup qui le suivait partout depuis sa rencontre avec l’elfe. Un tour au bain lui avait fait le plus grand bien et le voilà qui se prélassait tranquillement dans sa chambre d’aspirant, le canidé tout contre lui et rongeant un os. Les journées se succédaient toutes sans vraiment apporter de changement. Une sorte de routine quotidienne s’était installées depuis quelque jours, amenant avec elle un ennui qui devenait de plus en plus difficile à chasser. Tandis que le soleil se couchait à la surface, le kaerl s’apprêtait à s’endormir paisiblement. Mais Ewen n’avait pas vraiment encore envie de dormir et passait son temps à rêver de choses et d’autres. Par exemple de comment aurait pu être sa vie s’il avait pu connaître et suivre son père. Si sa vie aurait été meilleure. Comment il aurait sans Faolan dans la forêt à sa fuite du kaerl, de ce que l’Oracle lui avait dit et montrer concernant son paternel, de sa rencontre avec la Verte Belareth et la Maîtresse Alkhytis et de la perte injuste de son frère à peine retrouvé et de comment il aurait vécu cette perte sans son ami nouvellement trouvé. L’elfe avait vécu tant de choses en si peu de temps. Un sourire étira ses lèvres en pensant à ce que lui réservait l’avenir. Seuls l’Oracle et les Dieux savaient de quoi le futur était fait.

Un bruit venant de la porte sorti soudainement l’aspirant de ses rêveries. Au début il n’y fit pas vraiment attention, puis le bruit se faisait plus insistant. A priori, quelqu’un voulait absolument le voir pour toquer ainsi à sa porte à une heure aussi tardive. Mais qui se donnerait la peine de le déranger ainsi en fin de journée ? Faolan, comme tout bon canidé qui se respecte était déjà face à la porte, attendant qu’on vienne l’ouvrir. L’elfe a la chevelure immaculée ouvrit la porte et vit sa Maîtresse, Alkhytis. Avant même qu’il ne puisse prononcer un mot, elle lui tandis une toge blanche et des sandales .

« Dépêche toi, il faut te rendre à la sphère de naissance. Tu vas peut-être trouver ton âme sœur ce soir. En revanche, ton loup devra t’attendre ici. »

Ewen ferma la porte, complètement abasourdi. Il avait entendu dire qu’une verte avait pondu des oeufs, mais il ne s’était imaginé qu’on viendrait le chercher. Même pour une Empreinte mineure. L’aspirant savait très bien que ce genre d’Empreinte ne suscitait pas le même engouement qu’une majeure, mais c’était peut-être mieux ainsi. Au moins il avait la sûreté de ne pas être au centre de l’attention. Enfin, Faloan sorti son maître de ses pensées en aboyant. Le loup avait sûrement senti ce qu’il se passait.

« Excuse moi mon grand, tu vas devoir attendre ici. »

Ewen enfila ce qu’on lui avait donné et se dirigea vers la porte. Avant de partir, le peut-être chevalier en devenir gratta la tête du loup.

« Sois sage. Je reviens vite, peut-être avec ton prochain nouvel ami »

Sur ces mots il se dirigea vers la sphère de naissance, non sans appréhension. Plus la distance à parcourir diminuait, plus la boule au ventre grandissait. L’appréhension laissa la place à la peur. Puis cette peur fit croître une vilaine sensation bien connue. Celle de ne pas être à la hauteur et d’échouer.  Toute sa vie durant, Ewen avait connu l’échec et la misère, alors pourquoi il ne la connaîtrait pas à nouveau ? Arrivé devant les portes, il avait envie de faire demi tour, de retourner auprès de son ami à fourrure. Puis non, ce n’était pas en fuyant qu’on pouvait gagner. Ce n’était pas une solution. Prenant son courage à deux mains, Ewen fit un pas, puis deux, puis trois, serrant les poings jusqu’à rendre les jointures de ses doigts presque aussi blanches que ses cheveux couleur de neige. Là, la Verte, mère des futurs dragonnets trônait fièrement au centre de la sphère et un Brun chantait à ses côtés, annonçant l’arrivée des futurs petits sauriens. Qu’allait donc penser cette mère de lui ? L’elfe déglutit en s’avançant. Il ne savait comment se présenter. Non loin de lui se trouvait d’autres aspirant. Ne sachant vraiment que aire, il se plaça près d’eux, inspira et se présenta fièrement face à la reine dragonne, silencieusement. Il vouait montrer qu’il était enfin digne et fier, au moins une fois dans sa vie. Et l’aspirant savait que c’était exactement le bon moment.
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes    [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Icon_minitimeMer 5 Fév 2020 - 16:09

[RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Shay-53b0df6               [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Efisio10
Sergent Shay Ekatz, Lié à la Verte Zhaleh  //  Lieutenant Efisio Anath, Lié à la Noire Arihel

Shay se trouvait à moitié affalé devant un pichet de vin, dans une taverne obscure située à bonne distance de l’Agora, lorsque l’appel de Zhaleh ébranla son esprit. Avec un grognement douloureux et désespéré, il leva les yeux vers son compagnon de beuverie, lequel haussa simplement les sourcils. Le discret Lieutenant Efisio Anath, Chevalier Lié à la Noire Arihel, si on le connaissait assez mal au sein des Crocs d’Argent et qu’on se le figurait plutôt comme un homme sage, possédait sans aucun doute la meilleure descente de tout le Kaerl. C’était un secret particulièrement bien gardé, et Shay faisait partie des rares personnes à pouvoir se targuer d'être dans la confidence : Efisio Anath était en réalité un fou furieux, dissimulé derrière une apparence d’éphèbe insouciant et inoffensif.

Sirotant son verre d’une main avec toute la dignité du monde, le Fëalocë agrippa le col du Sergent de l’autre, pour le forcer à se redresser. Comme s’il avait été physiquement blessé par l’imminence de l’Éclosion, Shay continuait de geindre, une expression de souffrance plaquée sur ses traits aiguisés, visiblement empourprés par la chaleur et l’alcool. Efisio l’observa, amusé mais guère impressionné. Lui aussi avait été touché par les pensées de la Verte.  

« Allons, Sergent, reprends-toi ! Il faut que tu sois là pour ton Âme Sœur. Finis ton verre et on y va. » déclara le Chevalier Noir en tapotant amicalement le dos de l’Humain. Sa voix avait une tonalité chantante, son accent du sud d’Orën reprenant le dessus dès lors qu’il avait un peu bu. Shay se contenta de pousser un long râle, puis vida le contenu de sa coupe d’un mouvement parfaitement entraîné avant de se lever. En reculant, sa chaise produisit un raclement affreux qui le fit grincer des dents. Il lui fallut un temps pour se stabiliser, luttant contre l’ivresse qui empêchait son esprit et ses membres de communiquer correctement.

« Efisio... » Le Fëalocë, occupé à renverser le contenu de sa bourse sur la table, se tourna vers l’Humain, roulant des yeux devant sa posture d’ivrogne et sa voix traînante. Tout paraissait savamment exagéré. « J’veux pas y aller... »

« Tu fais l’enfant. » l’informa-t-il avec une moitié de sourire, et il ouvrit les bras comme s’il attendait naturellement que Shay s’y réfugie. Celui-ci lui jeta un regard morne, se raidit et sembla bien rapidement retrouver sa sobriété. Efisio lui faisait signe d’approcher, affichant un air outrageusement paternaliste, et les lèvres du Sergent se tordirent en un rictus peu amène. Il était hors de question qu’il cède à cette invitation indécente et infantilisante – et surtout pas en public. Son quotidien était devenu une humiliation constante, et en l’état, celle-ci lui suffisait grandement. Une lueur de satisfaction brillait dans les prunelles presque rougeoyantes de son confrère, et le Sergent laissa échapper un soupir de défaite.

« C’est bon, j’me sens mieux. Finissons-en. » déclara l’Humain en tournant les talons, s’enveloppant un peu plus dans sa cape sombre. Derrière lui, Efisio lui emboîta le pas, non sans avoir effectué une révérence moqueuse et murmuré de manière presque inaudible qu’il lui revenait encore le mérite d’avoir sauvé la situation.

~°~

« Eh bien, les heureux parents sont là, mais où est la mariée ? »

« Je le jure devant tous les Dieux, Efisio. Si tu fermes pas ta gueule très rapidement, tu seras obligé de bouffer de la soupe à tous les repas. » répliqua l’Humain en se massant les tempes, les paupières désespérément closes, comme s’il avait voulu empêcher toute lumière de parvenir à se frayer un chemin jusqu’à ses yeux.

Bien qu’il se tînt dans l’ombre de son confrère, Shay aurait préféré être totalement invisible. Sa posture avait la raideur d’un parfait soldat, les deux mains croisées dans son dos, et il était engoncé dans une lourde tenue d’apparat en laine noire, au col et aux manches brodés de discrets motifs dorés. Ses bottes hautes au cuir parfaitement entretenu luisaient avec ostentation. Son visage aux traits tirés, crispés, arborait de vagues nuances grisâtres, comme s’il avait été au bord de la nausée, et ses yeux clairs injectés de sang disparaissaient au fond du puits béant que formaient ses cernes. Depuis son arrivée, il n’avait pas offert un seul regard à sa Liée, concentré plutôt sur le Brun qui chantait à ses côtés, le fixant avec toute la haine du monde.

« Eh, calme-toi ! J’y suis pour rien s’il était pas doué au lit. » La répartie du Fëalocë fusa soudain, enrobée dans un rire à mi-chemin entre moquerie et compassion, et sans réfléchir, Shay lui envoya son poing entre les côtes, arrachant au soldat un hoquet de surprise. « Par les parties de Kaziel, faut te détendre ! D’ici une semaine, ils auront tous oublié et tu pourras reprendre ta petite vie. »

« Ouais, ben écoute, c'est déjà assez chiant comme ça, et j’ai vraiment pas besoin que tu t’y mettes. » souffla Shay en carrant un peu plus la mâchoire, suivant des yeux l’arrivée de la petite foule qu’attiraient les Empreintes Mineures. Il y avait là bien peu de visages connus, mais ce constat n’empêcha pas l’Humain de se tasser un peu plus contre le mur, une sensation de malaise, de plus en plus difficile à ignorer, étreignant sa gorge. Usui était forcément là, quelque part, peut-être déjà en train de rire à ses dépens - ou peut-être occupé à jouer le premier acte sa vengeance. Après tout, le Chevalier Vert avait bel et bien franchi la limite et tenté de le tuer, quelques Lunes plus tôt, et il aurait été étonné que cette affaire se termine sans une certaine forme de représailles.

« Arihel garde l’entrée. » déclara Efisio, comme s’il avait deviné quels troubles agitaient son ami – et c’était probablement le cas, car il était extrêmement doué pour cela et semblait toujours tout savoir sur la moindre de ses pensées, parfois même avant qu’elle ne lui ait véritablement traversé l’esprit. « Elle était triste de ne pas pouvoir assister à l’Empreinte, mais on a décidé que ce serait probablement mieux pour toi. »

Les lèvres pincées, un furtif éclat de gratitude illumina les iris nacrés de Shay tandis qu’il jetait une brève œillade en direction du Lieutenant. Dans ces moments-là, il ne savait plus quoi faire de cette encombrante reconnaissance qu’il avait envers le Chevalier Noir, la chaleur qu’il dégageait et son aura de force tranquille. Il ne savait pas comment un être si bon avait pu survivre jusqu’ici sans se faire dévorer, puis recracher par le monde. L’Humain n’alla pas jusqu’à le remercier de vive voix cependant, car cela lui demandait bien trop d’efforts, et de toute manière, il n’avait aucune envie de subir la satisfaction prétentieuse du Fëalocë. Il se contenta donc de grogner vaguement son approbation, avant de reporter son attention sur les Candidats qui s’avançaient désormais devant son Âme Sœur.

~°~

[RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Zhaleh-drgon-53b0df9
La Verte Zhaleh.

Petit à petit, les balcons autour des Sables s’étaient remplis d’un public clairsemé. Après une dernière caresse, Majak s’était éloigné, laissant Zhaleh trôner seule et les Candidats à l’Empreinte faire quelques pas en direction du précieux butin qui s’agitait sous la fine membrane de ses ailes de jade. Ils étaient quatre. L’un d’eux ne trouverait pas l’Âme Sœur ce soir, et si l’idée avait un fade arrière-goût de chagrin, la Verte était soulagée, car cela signifiait également qu’aucun de ses œufs ne serait oublié. Abaissant le cou jusqu’à raser le sable, elle souffla doucement, plongeant tour à tour son regard, où tournoyaient des volutes d’ocre et de saphir, dans celui de chacun des potentiels Chevaliers. Trois jeunes hommes et une fille frémissaient sous l’examen dont ils faisaient l’objet, semblables dans leur tunique immaculée et dans la peur qui emplissait leur poitrine, mais si différents quand elle effleurait leur esprit avec la délicatesse d’une brise printanière, incapable de les brusquer.

Et puis, elle se retira sans un bruit, ramenant ses ailes contre son corps, et alors que les premiers craquements se faisaient entendre, elle dirigea une dernière fois ses pensées vers les Candidats, fermant ses larges paupières :

° Bonne chance. °

Son cœur battait la chamade, et la Dragonne devait se faire violence pour résister à l’envie de s’élancer vers les jeunes âmes de ses enfants, de les enlacer, de les sentir au moins une fois avant de les laisser courir dans les bras de leur Âme Sœur. Avec un long grondement qui fit vibrer ses flancs clairs, elle perçut qu’un premier Dragon s’était enfin extirpé de sa coquille, luttant pour se redresser, les ailes encore collées. Elle n’osait toujours pas ouvrir les yeux, tordue par l’étrange émotion qui la traversait alors qu’elle se rappelait n’avoir regardé sa propre mère qu’après l’avoir quittée pour se réfugier dans les bras de Shay. Instinctivement, elle se tendit vers son Lié, et avec elle venaient aussi les souvenirs de leur Empreinte, mais celui-ci les chassait comme s’il ne s’était agi que de pénibles insectes. Cédant enfin lorsqu’un deuxième œuf libéra son trésor, la Verte, prudemment, laissa ses iris se poser sur ses enfants.

La première-née était une Bleue aux écailles tendres comme un ciel d’hiver, pâle et brumeux. Elle s’était débarrassée des derniers morceaux de coquille et après avoir trouvé son équilibre, se dandinait désormais en direction des quatre Candidats, balançant son cou d’un côté puis de l’autre, de la même manière qu’un chasseur pistant sa proie. Le second, qui écartait ses ailes pour mieux les sécher, était un Brun rutilant, déjà en armure, dont la chaude couleur aux reflets métalliques semblait être patinée de vieil or. Il bâilla longuement, levant les yeux vers la coupole et l’océan, puis, comme s’il s’était soudain souvenu de la raison de sa présence, il tourna la tête d’un mouvement brusque vers un jeune Aspirant aux cheveux de neige. La dernière à se hisser hors de l’œuf fut une petite Verte, sombre comme la mousse, qui s’écrasa le nez dans le sable en poussant un couinement courroucé. Alors, doucement, du bout de l’aile, Zhaleh l’aida à se relever, et leurs regards se croisèrent. Il y avait tant à voir dans les yeux d’un Enfant de Flarmya, lors de ces quelques minutes où son âme était encore vierge, libre et destinée à mourir. Ces quelques minutes interminables et incompréhensibles avant l’Empreinte.

° Va. ° lui intima la Dragonne, et la petite Verte sembla hésiter à se détacher d’elle. Traînant ses ailes trop grandes pour elle, elle avança vaillamment en direction des bipèdes.


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes    [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Icon_minitimeDim 8 Mar 2020 - 17:01

L’attente paraissait interminable face à ses œufs aux coquilles nacrées délicatement posé sur le sable. Ils vacillaient de temps à autre sous le regard des quelques rares spectateurs et des candidats à l’Empreinte, dont Ewen faisait parti. Il arrivait de moins en moins à se tenir droit comme il le souhaitait. Puis un craquement retenti, retenant l’attention des aspirants. Puis un deuxième, un troisième et bien d’autres encore. Un petite bleue sortie en première de sa coquille protectrice s’avançant déjà vers son futur lié. Juste après, un brun sorti également de son œuf en étirant ses ailes et prenant le temps de bailler, ce qui ne manqua pas de faire sourire l’elfe. Ce brun aux reflets d’or avait bien calme en regardant l’océan qui se trouvait juste au dessus de lui. Mais son brusque mouvement de tête fit sursauter l’aspirant à la crinière immaculée. Non pas parce qu’il était surpris par ce mouvement, mais par la direction vers laquelle il regardait. Le brun le fixait lui. C’est alors qu’il perdit son assurance, perdu dans les yeux opalescent du dragonnet qui courrait vers lui.

Après quelques seconde d’absence, le jeune dragonnet se trouvait assis aux pieds d’Ewen, qui se baissa alors dans un mouvement aussi gracieux que confiant. Oui, il se sentait confiant, pour la première fois de sa vie. Après quelques caresses sur a tête écailleuse du saurien, L’aspirant entendit une petite voix dans sa tête.

* Alors ? Tu me parle pas ? *

Interloqué, l’elfe arrêta son mouvement en plein milieu, puis s’assit. Le jeune dragonnet le fixait droit dans les yeux, attendant que son ne soit prononcé par celui qu’il avait choisi comme son frère d’âme. Quelques longues minutes s’écoulaient, jusqu’à ce que ce mot, tant attendu, traversa les lèvres du désormais chevalier brun.

« Akhoris. C’est toi, mon nouveau frère, n’est-ce pas ? »

Quelque chose se produisit au plus profond de son être. Une sorte de complétion faisant disparaître un vide qu’il n’avait jamais ressenti, et qu’il ne voulais jamais ressentir. Ce petit être le comblait, malgré la disparition récente de son frère de sang qui avait créer en lui un gouffre immense. Celui-ci s’en retrouvait désormais réduit grâce à son jeune lié. Dans un élan d’émotion, Ewen pris le petit dragon dans ses bras et éclata en sanglots. Akhoris, lui, sentait que c’était une étape nécessaire pour lui et se laissa donc faire, posant sa tête écailleuse sur l’épaule affaissée de son elfe.

«  Promet-moi de ne jamais me quitter »

* Promis, Ewen… mais je veux pas te déranger, mais sortir de l’oeuf m’a donné faim*

L’elfe pris le dragon à bout de bras et le dévisagea de ses yeux rougits par les larmes. Ce saurien avait vraiment choisi le bon moment pour dire qu’il avait faim.

« J’ai un ami à te présenter. Vous mangerez ensemble. »

Soudainement, une main puissante s’écrasant sur l’épaule d’Ewen, le faisant sursauter et lâcher le dragonnet, mis fin au moment d’émotion entre lui et Akhoris. L’elfe se retourna pour se retrouver à un cheveux du visage de son cher ami.

« Ordlas… Mais t’es sérieux ? »

« Ben alors, tu compte pleurer comme ça toute la journée ou tu viens à la fête ? »

« Désolé, je préfère être seul. Puis tu sais très bien que je n’aime pas les fêtes. »

« Une prochaine fois alors, Maman Ewen »

L’elfe partit, le dragonnet dans les bras, en direction de son petit appartement.


Faolan, sentant la présence de son maître, gémi derrière la porte et sauta directement sur lui dès qu’elle fût entrouverte.

« Faolan, doucement s’il te plaît. »

Le loup s’arrêta dès qu’il vit le petit être aux écailles brunes qui se tenait dans les bras de son maître adoré. D’abord méfiant, il le renifla, puis commença à le lécher, comprenant qu’Akhoris ne voulais de mal à personne et serait désormais son nouvel ami.

Ewen ne pût s’empêcher de sourire en regardant ses deux compagnons de vie manger, jouer et dormir ensemble pour le reste de la journée. Le soir venu, le jeune brun s’installa à côté de son lié et Faolan au pied du lit, tous prêts à passer leur première nuit ensemble.
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes    [RP Officiel] Au Crépuscule des Règnes  Icon_minitimeLun 9 Mar 2020 - 21:15

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Chevalier Usui Ikeda, Lié au Brun Majak.

Ramin Djawadi – A Golden Crown

° Entre être à jamais prisonnier d’un rêve et être pour l’éternité incapable de rêver, selon toi, quel serait le pire ? °

Plongé dans l’ombre de ses confrères, observant sans vraiment les voir les jeunes Candidats accueillir avec émoi leur moitié d’âme, celui qu’on nommait le Marchand de Sable arborait une moue mêlant dégoût, déception et peine. Comme un étranger, il contemplait depuis le haut des gradins les murs céruléens, le sable blanc et le dôme translucide, la foule qui murmurait, parcourue de frissons qui faisaient comme de longues vagues – un mouvement impossible à percevoir, sauf pour qui ne voyait pas les hommes pour ce qu’ils étaient, mais uniquement la masse anonyme qu’ils formaient. Plusieurs années durant, Usui avait cru avoir trouvé une maison, ici, et il avait appelé le Màr ainsi ; un nouveau royaume aux possibilités infinies. Il avait tissé sa toile avec raffinement et application, s’était introduit dans la vie des autres comme du poison. Il s’était nourri d’eux, de leurs rêves et de leurs secrets. Il avait fait fortune sur leur misère, car c’était ainsi qu’il existait.  

Depuis qu’il était enfant, Usui avait toujours eu cette intuition étrange que rien ne pourrait jamais lui arriver. Il n’avait pas péché par arrogance, selon lui. Il avait mélangé travail et sentiments personnels, et qu’une erreur aussi futile ait failli se révéler fatale lui donnait la nausée.

Cela n’avait plus d’importance, maintenant. Le temps était venu pour lui de se retirer. La fuite était la seule solution qui lui permettrait de conserver sa vie, sa réputation et, peut-être, une opportunité de retour. Il l’avait su dès qu’il avait prêté oreille aux murmures antiques qui soufflaient parfois entre les statues muettes de l’Allée des Idoles, qui faisaient frémir les feuilles des grandes haies obscures – le travail qu’on lui offrait ne pouvait être véritablement complété que s’il acceptait de disparaître, car il était impossible d’envisager que le Màr le laisserait arpenter librement ses rues après ça. Lui – le trafiquant, l’espion, le traître, l’homme qui avait un sourire, un nom et une idée en tête différents pour chaque citoyen du Kaerl et d’ailleurs. Aujourd’hui, ils se pressaient tous autour de lui mais ignoraient qui il était. Ils le connaissaient, pourtant. Sans lui, ce soir, le Màr Luimë n’aurait pas eu le même visage.

° C’est du pareil au même. °
souffla la voix de Majak dans son esprit, et deux orbes pourpre fusèrent vers la silhouette du Dragon en contrebas, tandis qu’il veillait sur la jeune mère et leur improbable progéniture. ° Car l’un comme l’autre, la réalité ou le rêve, tout a une fin. °

Les lèvres de l’Ondin s’étirèrent en un rictus sans chaleur. ° Mon Lié est un sage. Dis à ta dulcinée que nous devons y aller. ° Il sentit l’affliction du Brun, et laissa échapper un profond soupir avant de suivre le mouvement de foule vers la sortie. L’Empreinte était achevée, les jeunes Dragons avaient tous trouvé leur Chevalier - mais tous les Candidats n'avaient pas trouvé leur Âme Sœur. ° Ne te lamente donc pas, tu as encore un peu de temps. J’ai mes propres adieux à faire. °

° Usui, mon frère… Ne me fais pas regretter de t’avoir autorisé à assister à l’Éclosion. ° Le Chevalier écarta la réflexion d’un haussement d’épaule sec. Personne ne lui donnait d’ordre ! Personne n’avait assez d’autorité en ce monde pour lui dire ce qu’il avait le droit ou non de faire – et sûrement pas sa propre moitié d’âme, qui avait convolé avec la Verte de la pire engeance ayant jamais foulé le sol de Rhaëg. Qu’avait-il espéré ? Qu’avait-il imaginé ? Avait-il eu la stupide naïveté de croire qu’une autre issue aurait été possible ? Contre sa hanche, il sentait le poids de son poignard, aussi sûrement qu’il sentait encore le contact froid de la lame que Shay avait osé appuyer sous son cou. L’espace d’un instant, la bouche serrée en une fine ligne de détermination et de colère, Usui fut pris d’un doute : avait-il promis à Zhaleh qu’il ne ferait rien à son Lié ou qu’il ne troublerait pas la cérémonie ? Il était incapable de s’en souvenir précisément ; et que valait la parole d’un menteur, de toute façon ? La Dragonne ne pourrait s’en prendre qu’à elle-même.

Son regard aux éclats sanglants fixé sur sa proie, marchant d’un pas tranquille au milieu de ses concitoyens, l’Ondin attendait le moment propice ; que s’écarte enfin le Fëalocë dégénéré qui n’avait rien trouvé de mieux à faire dans sa vie que désirer protéger celle d’un monstre, quand il aurait pu en sauver tant d’autres en laissant celle-là rencontrer le seul destin qu’elle méritait. Usui louvoyait calmement entre les différents groupes, faisant parfois mine de s’intéresser à la conversation lorsqu’il sentait l’attention d’Efisio glisser dans sa direction. Ah, mais qu’attendait-il donc, à la fin ! Majak occupait l’esprit de Zhaleh, et fort heureusement, le Brun ne se doutait pas un seul instant que son comportement arrangeait son Lié. Usui se rapprochait, les mains dissimulées sous sa cape, le visage baissé ; il pouvait presque entendre les quelques paroles que s’échangeaient le Lieutenant et le Sergent. Son cœur battait avec force mais régularité, propulsant dans ses veines ce délicieux mélange de sérénité et d’attente, de vertige et de précision, qui avait autrefois su guider sa main pour donner la mort.

Efisio Anath fut englouti par la foule qui s’écoulait lentement entre les larges portes de la Sphère de Naissance. Shay tourna la tête vers sa Liée, encore pressée contre le flanc de Majak, et Usui vit ses sourcils se froncer. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’un être comme lui ne puisse pas comprendre l’amour. En toute honnêteté, l’Ondin était lui-même bien incapable de comprendre un tel sentiment. Avec la rapidité funeste d’un reptile, son bras fusa pour encercler l’Humain par la taille tandis que son autre main, gantée celle-là, s’écrasait contre sa bouche pour l’empêcher de crier. Les vaines tentatives de morsure ne firent qu’érafler le cuir, et Usui l’entraîna en arrière, les noyant tous deux dans les ombres bordant l’entrée des gradins. Le maintenant plaqué contre la paroi de tout son poids, Usui tira son poignard et en orienta la pointe vers la nuque du Chevalier Vert. Doucement, il lui rendit sa liberté de parole, sachant très bien qu’il ne tenterait pas d’appeler à l’aide avec une lame dans son dos.

« Toi. Qu’est-ce que tu fous ici ?
— Je suis venu te dire au revoir, Shay. Mon cœur se serrait à l’idée de quitter ce Màr sans avoir eu la chance de te voir une dernière fois. » Usui ronronnait presque, un sourire moqueur sur ses lèvres que Shay ne pouvait pas voir mais devinait à chaque fois qu’il tournait légèrement le bout de son poignard, comme un artiste cherchant le meilleur angle pour débuter son œuvre. « Je crois qu’une surprise t’attend, quand tu quitteras cette salle. » En était-il vraiment capable ? De l’égorger sur les sables blancs comme un banal animal ? Si Usui avait véritablement l’intention de s’enfuir, alors il n’y avait plus grand-chose qui aurait encore pu le retenir.

« Lâche-moi ! » Il sentit les doigts nus de l’Ondin agripper sans peine la peau offerte de son cou, presser jusqu’à ce que son souffle lui échappe. « Qu’est-ce que tu fais ? Arrête ! »

L’haleine de l’Ondin empestait la corruption et la tromperie, le chaos et l’ivresse de l’opium. Elle le brûlait aussi sûrement que de l’acide. Son autre main vint s’égarer dans quelques mèches brunes, et Shay sentit ses jambes céder soudainement. Avec prévenance, Usui accompagna sa chute pour qu’il ne heurte pas trop violemment le sol.

« Ssh, du calme. Je ne vais pas te tuer… Contrairement à toi, je ne suis pas un vulgaire meurtrier. »  Shay ouvrit la bouche pour rétorquer mais aucun son n’en sortit. Il n’arrivait plus à respirer. Au-dessus de lui, le visage d’Usui flottait, étrangement flou en-dehors de ses deux yeux de pourpre qui brûlaient au milieu de l’obscurité. « Je veux juste que tu saches ce qui arrive à ceux qui tentent de s’en prendre à moi. »

Satisfait, l’Ondin relâcha son étreinte, observant le Chevalier se débattre contre sa toxine. La dose n’était pas suffisante pour le tuer, mais était bien assez forte pour le lui faire croire. Usui se pencha un peu plus, se saisissant du visage de Shay pour l’obliger à rencontrer son regard, enfonçant cruellement ses doigts dans les joues livides.

« Oh, mais que vois-je ? Serait-ce de la peur, que je lis dans tes yeux ? Non, je ne crois pas… La peur est comme tous les autres sentiments. Elle est réservée à ceux dont la vie possède une valeur. Les gens comme nous ne peuvent pas connaître la peur. Ils peuvent essayer de la trouver, en commettant des actes ignobles pour s’attirer le courroux des Dieux et damner leur âme, dans une vaine tentative de se faire croire que leur monstruosité a un sens, une limite…
Mais, Shay, tu sais tout comme moi que c’est inutile. Et que la mort n’y changera rien. La mort met la même robe pour tous les hommes.
Tu as vécu ta vie en monstre, et tu mourras comme tel. »
acheva-t-il en se redressant. Le bout de sa botte vint rencontrer avec fracas les côtes de l’Humain, mais celui-ci ne pouvait même plus gémir. Il était temps.

Majak était sur lui bien avant que Zhaleh ne fonde vers eux avec un rugissement qui ébranla les murs et les fondations. Il s’accrocha aux écailles du Brun et se hissa aisément sur son cou, laissant l’Interstice se refermer autour de leurs formes emmêlées. Par la courte fenêtre sur le présent qui précéda à l’obscurité et au vide, il aperçut Efisio et sa Noire accourir auprès du corps inerte de Shay, et l’écho de la rage de la Verte se fraya un chemin jusque dans sa poitrine pour y planter les graines d’un mauvais rêve.

* Le premier échange entre Usui et Majak est inspiré d'une citation de Lau dans Black Butler (épisode 19).


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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