[RP] Quand il faut réfléchir rien ne vaut l'action.

Pâle petit matin gris. La bruine se lève à peine alors que Kÿreñ me dépose sur la place dédiée avant de s'envoler de nouveau pour disparaître dans l'interstice. Pour me faire plaisir nous avons prit notre temps pour voler et me déposer, jouant un peu avec les nuages. J'en ai les joues rouges et les yeux qui brillent. Ce dragon est décidément adorable.

Je resserre ma cape sur mes épaules et assure ma besace pleine de mes créations sur mon épaule. En route pour une journée de vente. J'espère que je pourrais tirer quelques pièces de mes colifichets. Du moins c'est ce que j'ai prétendu. Mais ce n'est pas la seule raison de ma venue à ciel ouvert. Une précédente visite en compagnie de mon maître et de son dragon m'ont permis d'apprécier cette cité. Et aujourd'hui j'ai besoin d'un ciel au dessus de ma tête, de gens qui ne soient pas tous aussi exceptionnels les uns que les autres, de n'être pas l’apprentie d'untel, ni d'être une Douée capable d'entendre et de parler aux dragons. Je veux être Poisson, jeune humaine perdue dans la foule. Au sein de ces êtres qui vivent auprès des dragons sans en connaître les secrets. Si je ne suis jamais choisie c'est ici que je devrais passer le restant de mes jours. A moins d'abandonner mes souvenirs. Voir si je pourrais y vivre et m'y débrouiller. Oh, pas d'inquiétude, je ne doute pas d'être un jour un chevalier dragon à mon tour. Mais j'ai besoin de réfléchir à quelle sorte de chevalier je veux être. Parce que oui je ne fais pas toujours tout sur un coup de tête.

Je m'en cache mais chaque nuit je rêve des Crocs. Je rêve que j'en suis un. Je suis persuadée que je pourrais être l'un de ces membres d'élite. Oui mais voilà. Ce sont des soldats. Les maîtres dragons ne font pas de différence entre hommes et femmes. Oui mais voilà. J'ai beau être trop libre aux yeux de certains d'Orën, trop impétueuse, trop non-conventionnelle, je n'ai jamais poussé le vice à vouloir devenir une combattante. Même à mes yeux c'était pousser mes limites. Certainement pour cela que j'aime autant les soldats et les mercenaires. Ils sont ce que je me suis interdit d'être, ce que j'ai cru au delà du possible. J'étais déjà sorcière et dévergondée. Ce n'était qu'un pas de plus... ou à l'époque un pas de trop. Mais aujourd'hui je pouvais en rêver. Je pouvais voir la forte et belle sergente Anahita. Et Efisio ne m'avait pas repoussé mais encouragée. Et Aydarkhan, le propre frère de Dušan.

Mais pourquoi eux ? Pourquoi choisir cette voie ? Après tout je pouvais tout aussi bien mener une vie de patachon, à prendre apprenti sur apprenti et éviter tout risque. Ou partir en exploration à travers tous les continents comme le faisait Dušan. J'ai besoin de comprendre cette pulsion qui ne cesse de me tirer. Et pour ce faire rien de mieux qu'une journée où je pourrai passer pour une fille "normale". Où je peux m'éloigner du Kaerl.

C'est comme cela que je me retrouve en bordure d'un marché. J'installe devant moi une petite couverture bleue-vert sur laquelle j'étale artistiquement mes bijoux faits de perles de bois et des verres, de plumes, de cordelettes, de nacres, de petites pierres polies, de fils de fer tordus, de rubans et autres petites choses jolies et facile à dégotter.

Souriante et enjouée j'aborde celles et ceux qui passent. Proposant à ces dames de nouvelles parures à porter, à ces messieurs d'autres à offrir. Vendant ici ou là. Riant avec certains. Faisant connaissance avec les marchands voisins qui me charrient plus ou moins gentiment. Les heures filent ainsi et vers midi c'est avec un chausson à la viande entamé dans une main que j'aborde le prochain client.

"Chomp, chomp. Un ch'tit collier pour une belle ? Garanti sans nerf et peut-être même sans légume."

Et le client qu'elle aborda était lui-même en train de terminer sa dernière bouchée de friand à la viande, un met simple digne des roturier en comparaison de ce qu'on pouvait trouver sur les étals alentours. Mais ici, à Lòmëanor, on trouvait de tout et pour tous les goûts. Qu'on soit un lié ou un non lié, ou même un dragon, on pouvait trouver quasiment tous les mets du Rhaëg. Et notre homme, abordé par la petite vendeuse de colliers et autres bijoux fait main à cent pour cent, était sûr de trouver son friand à la viande adoré, ici, comme partout. Il n'y avait pas un endroit sur le Rhaëg où le friand à la viande n'existait pas. Simple à faire, seul variait la nature de la farce. Mais ne rentrons pas plus dans les détails culinaires et la gourmandise de notre homme.

Mâchant une ultime fois la bouchée qu'il avala par la suite, Altahir regarda bizarrement les breloques. Aussi loin qu'il pouvait s'en rappeler, il n'avait encore jamais eu de proposition quand à acheter des bijoux pour une belle. D'ordinaire, c'était euh.... autre chose qu'il offrait à une dame le temps d'une compagnie d'une nuit.

''Sans nerf ? Hum... Amusant. Alors avec quoi est faite la ficelle de la plupart de tes bijoux, fillette ? ''

Cela avait été dit sur le ton de la plaisanterie. Après si elle lui répondait au tac au tac, il saurait qu'elle maîtrisait alors la composante de ses bijoux et donc, qu'elle les fabriquait elle-même. Voilà qui pourrait être intéressant.

''C'est la première fois que je te vois sur cette partie du marché. T'es nouvelle ici ? ''

Une question en amenait forcément une autre. Et en attendant, il fit mine de détailler chacun des bijoux qui étaient non loin de la jeune fille. Etait-ce une nouvelle aspirante ? Sans doute pas de son kaerl en tout cas. Pendant qu'il lorgnait les diverses créations aux couleurs très bariolés et aux matières variées, son esprit était déjà en train d'entrer en action. Tout petit détail insignifiant pouvait avoir son lot d'informations.

''Vendrais-tu par hasard des colliers ou des bracelets avec des morceaux de quartz ou de pyrite ? Ce serait pour offrir à une belle comme tu le soulignais si bien. ''

Pour offrir à une belle oui, comme pourrait le souffler Norloth s'il ne dormait pas dans une clairière proche. Offrir un bijou plaisait toujours à une compagne d'une chaude nuit... Maintenant, restait à déterminer si la donzelle avait ses attentes dans son lot à vendre.

Mon dernier alpagué est comme moi un affamé. Le brun aux allures de corsaires ou de de main-à-vendre finit à peine sa propre bouchée de feuilleté. Le genre qui achète plutôt des bijoux en or et transporte ainsi sa fortune. Pourtant nul éclat doré n'orne ses mains, son cou ou ses oreilles. Ancien aventurier devenu bourgeois alors ? Posé désormais avec femme et enfants ou célibataire endurci contant l'amourette à la tendrette. Présentement mon homme s’arrête et s’intéresse. C'est déjà la moitié du travail de fait.

Je ris gentiment même si je n'apprécie pas particulièrement que l'on m'appelle "fillette". Mais on ne froisse pas un potentiel client.

"Le nerfs c'est pour mon pâté à la viande m'sieur. Et quand il y en a c'est pas bon. Mes liens sont fait de cuir, de chanvre, de lin, de coton tissé et certains de soie tressée, plus beaux mais plus chers. Pour ce qui est des fils de métal, j'utilise le laiton et le cuivre."

C'est comme ça, les femmes observent les couleurs, les formes. Les hommes les matières, le façonnage. le tout est d'avoir alors le bon langage au bon moment. Il me pose alors une autre question. Il parrait que sur certains marché il faut payer une taxe pour pouvoir vendre. Je ne me suis pas renseignée ici. J'aurais peut-être du. C'est peut-être pas un corsaire mais un homme du maire. Ou un malandrin voulant m'offrir une "protection" non-officielle. Mais comme je n'ai pas de véritable raison de mentir je hausse les épaules. Advienne que pourra.

"Je les fais dans mes moments de loisir. Tout ce fatras va finir par m'envahir. Autant les vendre. Comme ça vous y gagner une belle pièce unique et moi un peu d'argent."

A sa dernière demande je sors du lot plusieurs bracelets et colliers.

"Avec de la pyrite je peux vous proposer ce bracelet de perles mélangeant pyrite, lave et œil de tigre. Si vous ou votre dame croyez au pouvoir des pierres il est parfait. Trois pierres porte-bonheur. Sinon ce pendant en quartz gris et aux éclats de pyrite.
Oh et j'ai aussi ce superbe arbre de vie en quartz de différentes couleurs. C'est un symbole d'harmonie et de paix. Les différentes couleurs apporterons de l'équilibre et de la douceur à votre dame."

Trois de mes plus belles pièces, le reste étant constitué de perles façonnées ou non ou de cabochon de quartz plus banal. Bien évidement j'espère bien que mon client choisira dans mes plus belles et donc mes plus chères pièces.

bracelet pyrite/lave/odl - pendant pyrite/quartz - pendant arbre-de-vie

Si Altahir avait possédé la capacité de lire dans les pensées des gens, il aurait bien ri de celles de la petite marchande. Il était vrai qu'il aurait pu se permettre de porter des bijoux ou autre objets de vantardise sur lui. Mais comme il lui arrivait à baigner dans de d'autres milieux, mieux valait éviter d'attirer l'attention en affichant une richesse un peu trop visible. Quand on désire passer pour un chasseur de prime, on devait privilégier un aspect plutôt modeste, pour démontrer autant du professionnalisme que d'afficher l'aspect d'un gugusse qui dépense l'argent dans l'alcool et les filles d'un soir. Bon, il était vrai que notre lié brun avait eu moult l'occasion de faire fortune, mais il avait la dépense facile. Rassurons nous, il n'était pas faussé pour autant.

Mais revenons à la situation actuelle. Altahir se frottait le bout de son menton poilu, tout en étudiant les bijoux et écoutant les détails de composition des bijoux présents.

''Si je me retrouve avec du nerf dans mon pâté à la viande, le commerçant m'entendra causer du pays. C'est bon pour faire des trucs solides, pas pour être mangé. En tout cas, je vois que vous privilégiez des matières plus nobles. ''

Il se retint de rentrer dans les détails. Il devait passer pour le client, pas pour l'agaçant connaisseur de ce qui servait à composer ces bijoux. Puis, il afficha un bien étrange sourire.

''Sont-elles vraiment uniques ? Je ne doute pas de vos compétences, mais j'ai déjà croisé bien des artisans qui vantent de leurs productions comme pièce unique dans le MONDE entier, mais qui s'avèrent être faites en série. Enfin, pas si uniques que cela, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne doute pas de votre travail, mais je ne suis pas si dupe que cela. ''

Voila, il venait de poser une première pierre pour une possible négoce. Il n'avait pas encore fait de choix pour un achat éventuel, lorgnant toujours la marchandise étalée devant lui.

A l'évocation de la pyrite, il l'écouta avec grande attention, portant son regard sur les bijoux qu'elle décrivait. Il paraissait réfléchir avec plus d'intensité, en se frottant le bout de sa barbe quelque peu mal taillée.

''Hum, je pense que je vais opter pour le bracelet. Le choix des pierres et l'agencement de leurs couleurs me plaisent. ''

Et aussitôt, il enchaîna avec un large sourire.

''Nous pourrions discuter du prix autour d'un verre, après votre journée de travail. Qu'en pensez vous ? ''

Pour qui connaissait Altahir ne serait guère étonnée de cette petite invitation, surtout auprès d'une jeune femme.

Bien sur que j'ai privilégié des matières plus nobles que le nerf de bœuf. Je suis et je reste une femme et coquette avec ça. A la base j'ai fait tout ce fatras pour moi, pas pour d'autres. Mais si ça marche aujourd'hui je referais peut-être ça de temps en temps. Je ne vais pas cracher sur un peu plus de sous.

Mais mon visage se ferme soudain lorsqu'il remet en cause mon travail. Bien sur qu'elles sont uniques mes pièces ! C'est mon travail. Je m'approche du bonhomme, fâchée, dans les yeux des éclairs qui pourraient le foudroyer sur place s'ils avaient une existence propre. Je plante mon index dans sa poitrine, levant la tête pour le toiser et affirmer d'une voix polaire :

"Redis-moi ça mon bonhomme ? Quand t'auras fait le tour du MONDE sur tes grands chevaux et trouvé un de mes bijoux issu d'une de ces fameuses séries alors tu auras le droit de ne pas être dupe. D'ici là c'est pas moi qui t'obligerai."

Je ne suis ni artisane, ni marchande et je ne vis pas de ce commerce alors si l'autre veut s'en aller il le peut. Mais s'il reste, il vient de faire monter le prix rien que pour lui. Je m'en détourne et farfouille à la recherche des pièces demandées. Tout en remâchant ma colère qui retombe peu à peu. Il choisit le bracelet. Ce qui intérieurement me ravie. Il va me rapporter une belle somme celui-là. Et malgré moi je me sens un plus sereine et calme. Son compliment simple est agréable.

"Bon choix !"

Je n'ai pas le temps d'aller plus loin qu'il me devance. Je ne peux m’empêcher de rire. Il ne perd pas le nord et la langue le bonhomme. Cela me plaît bien au final. J'imagine sans mal Kÿreñ scandalisé. "Mais Poisson il est trop vieux pour toi !". C'est vrai qu'il est assez âgé. Mais il flotte dans son sillage un air d'aventure. Ce n'est sûrement qu'un genre qu'il se donne. Si ça se trouve il n'a jamais quitté la cité. Mais il profite de son charme. Oui tout à fait le genre à se savoir attirant et à en jouer. Mais Poisson non plus ne perd pas le nord comme il va vite s'en rendre compte.

Un sourire amusé, un index en l'air qui fait non.

"Taratata ! D'abord on discute le prix, vous me payer et ensuite on va prendre un verre."

Je sens le marchandeur alors j'annonce un prix un cran au dessus de ce que j'en attends réellement. Je regarde aussi mes créations et en fait un rapide décompte. Je me suis débarrassée d'environs la moitié. La journée n'est pas terminée, je peux bien aller prendre une bière et revenir plus tard au besoin. Revenir ou pas. Forcément, les hommes d'un âge certains n'invitent pas des petites jeunettes juste pour le plaisir de la conversation. Quatre-vingt-quinze pour cent du temps ils ont une idée qui les grattouille devant les couilles. Mais je ne résiste pas à l'idée d'un flirt. Avec ou sans conséquence.

"Allez pause ! Je range tout ça et maintenant vous m'invitez."

Altahir n'avait pu s'empêcher de sourire intérieurement. Voir les marchands réagir en sourcillant ou en faisant la moue avait toujours eu un peu goût plaisant. Oui, il prenait un certain plaisir à doucement asticoter quand il était question de faire un possible achat. Cela permettait en même temps de sonder la personne, voir son caractère. Cette fille là était tenace. Il aurait intérêt à bien mener sa barque, autant pour savoir qui elle était et pour avoir le bracelet à un bon prix. Car à gentiment malmener ce genre d'artisan, il n'était pas rare qu'ils montaient exprès les prix pour se venger. Alors, il afficha un sourire quelque peu sérieux.

''Tu as bien entendu. Et qui te dit que je n'ai pas déjà fait le tour du monde ? N'oublie pas où tu te trouves. ''

Il s'était un peu redressé pour mieux garder un oeil sur la jeune artisane et tout en regardant le bracelet. Une femme vexée pouvait se montrer soudainement très dangereuse... pour certaines parties anatomiques. Bien qu'il en avait déjà l'expérience à plusieurs reprises, il n'avait guère changé dans ses manières de faire, ou d'aborder les femmes qui vendaient des articles intéressants? Puis une fois le bracelet en visuel, il put étudier les pierres qui le composaient. Il ne pouvait le nier, il était de belle facture et le prix qui atteint ses oreilles était un peu haut à son goût. En même temps, il l'avait un peu bousculé quand à sa production.

''D'accord discutons du prix''

Il regarda encore une fois le bracelet et essaya de voir comment ramener le prix du bracelet à quelque chose de réellement abordables.

''Hum. On voit que tu as de l'expérience pour la conception et que tu as su trouver les belles pierres pour l'accommoder. Mais ce genre de pierre n'est pas si difficile à trouver quand on sait à qui s'adresser. Et en plus, le temps de les faire venir, faut compter même pas une journée. Donc tu gagnes largement du temps en terme de recherche de matière première. Pour le prix que tu proposes, je pourrais trouver un bracelet avec une opale de feu en plus dessus ou deux topazes. ''

il fit une petite pause de quelques secondes, comme pour réfléchir. Puis, il proposa un autre prix, forcément plus bas que celle demandé, pas un truc non plus déraisonnable non plus hein. Il n'était pas retors à ce point pour faire perdre de la valeur de prix à un objet qui le méritait. Il avait bien assez roulé sa bosse pour avoir une idée de ce qui se vendait dans certaines régions du Rhaëg

''Cela te convient-il ? ''

Il semblerait que oui.

''Avant ta pause, je te verse la somme du bracelet là ou à la taverne ? ''

Il avait déjà tendu une petite bourse en cuir, bien chargée en pièces pour payer le bracelet. Et forcément, il guettait déjà l'arrivée du bracelet. Au moins, ici, il ne risquait pas de devoir courir s'il y avait arnaque dans l'échange.

''Je te laisse choisir la taverne alors. ''

Comme cela, elle ne pourra pas songer à de drôles d'idées à son égard. Normalement....

''Tu as bien entendu. Et qui te dit que je n'ai pas déjà fait le tour du monde ? N'oublie pas où tu te trouves. ''

*Est-ce que c'est une façon de prétendre que tu es un chevalier le balafré ?* Est-ce que laisser entendre genre de chose lui permettait de mieux appâter les midinettes en mal de sensation ? Après tout combien de femme, de fille d'ici rêvent de chevaucher un dragon ? Ou d'en avoir un ? D’être choisies ? Pour la première fois je me demande ce que cela fait de grandir en ayant connaissance des Kaerls et de leurs secrets, du moins en partie. Combien d'hommes ou de femmes ont vu leurs espoir trompés ? Et combien de jeunes gens espèrent voir un jour un de ces chevaliers lui adresser la parole, pour l'emmener vers un autre avenir. C'est si bizarre. Je n'ai pas connu cette attente. Du moins pas sous cette forme. Mais si Kýreñ et Dušan ont pu ressentir mon potentiel, je suppose que d'autres le peuvent aussi. Cela m'ouvre d'autres perspectives concernant ce que peut attendre cet homme.

Comme prévu le bonhomme marchande. Mais c'est un jeu que j’apprécie donc je m'y prête avec autant de zèle que lui.

« Bien sûr l'ami ! Mais opale ou topaze elles détruiraient l'harmonie du bracelet. Tant esthétique qu'énergétiques. Les matériaux ne font pas tout. Mais soit. Je t'accorde le prix pour cette fois. Pour peu que ce bracelet soit porté ce sera mon plus beau paiement. »

Et puis l'homme avait l'œil, je n'y perdais pas le prix même que m'avait coûté ces perles, et payait un peu mon travail. Je tends la main avec un sourire. Décidément avait-il du mal à mettre la main à la bourse, pourtant bien remplie, qu'il propose sans cesse d'en remettre la somme due ?

« Maintenant. Les bons comptes font les bons amis. » dis-je au moment de l’échange de monnaies. Avant de lui remettre, sagement emballé dans un morceau de tissus restant de mes coutures, son bracelet.

Le reste des bijoux rapidement emballé et rangé, ma besace sur l'épaule, je souris à l'étranger. Tient d'ailleurs…

« C'est parti ! – je lance avec enthousiasme. - On m'appelle Poisson, et toi ? »

J'avance d'un pas rapide, me riant de la cohue du marché comme de la rue. Non sans faire attention à la façon dont le vieux s'en sort. La taverne est située un peu à l’écart des rues les plus passantes mais plaisante et j'y suis déjà venue sur les conseils de mon patron au Kaerl. Sol en carrelage de terre cuite, briques et poutres apparentes, tables de bois clair, propre et accueillante. Loin d’être le haut du panier. L'atmosphère sentait bon cette odeur de houblon en train de fermenté dans les hautes cuves à l'arrière. Bière maison bien évidement. Et il y fait chaud. Et personne ne s'y préoccupe de mon âge. Et si quelques yeux s’attardent sur nous, ils s'en retournent rapidement à leurs propres affaires.

Je dépose ma besace et me déleste de ma cape. Dévoilant en dessous une chemise solide dont les manches trois quart dévoilent sciemment les peintures sur mes bras. Sur le gauche un essai d'un chat stylisé et sur l'autre un entrelacs de lignes et de points sans forme définie. Posant les coudes sur la table et le menton sur mes doigts j'observe non sans un petit sourire en coin et un rien de malice le balafré aux yeux et à l'allure de roublard.

« Et si on parlait maintenant de l'affaire que vous voulez me proposer, mon petit monsieur. »


Tatouage chat

]

Le Lié de Norloth avait déjà entendu parlé du pouvoir naturel qu'on attribuait à certaines pierres. Il n'y croyait pas vraiment, à vrai dire, mais certaines conquêtes d'un moment nocturne pourraient, elles, le prendre en considération. Pourtant, il demeura très correct vis à vis de ce genre de croyance. Ce serait dommage de vexer la créatrice de sa toute nouvelle acquisition.

''Je ferai plus attention la prochaine fois alors. Je ne tiens pas à provoquer le malheur ou le déséquilibre par un mauvais choix via de faux conseils quand aux bienfaits d'un tel bijou. Merci du précieux conseil''

L'échange monnaie-objet se vit sans aucun soucis. En même temps, Altahir ne s'était pas attendu à avoir de la résistance, comme cela pouvait arriver. Des marchands peu scrupuleux se plaisaient à changer d'avis quand ils cernaient un client qui était prêt à acheter un bien convoité. Le Maître-Dragon n'appréciait pas vraiment ce genre de procédé et les détectait assez rapidement. Mais heureusement, ce n'était pas le cas aujourd'hui... et puis, ce genre de gugusses se comptaient sur les doigts d'une main, et se retrouvaient plus généralement sur les autres continents.

Après avoir eu le bijou bien enveloppé dans son morceau de tissus en main, en échange de l'argent, l'humain la plaça dans une autre bourse, en cuir plus épais cette fois et qui fermait avec un petit loquet en cuivre, comme les sacs de selle, mais plus adaptée à échelle humaine. Maintenant, restait à voir à qui l'offrir. Il avait déjà une petite idée. Car mine de rien, si les pierres disposaient de certaines capacités magiques ; dites magiques, il pourrait faire l'inverse. Avec son pouvoir, il pourrait toujours localiser le porteur du bijou. Il ne pouvait pas percevoir la présence d'une personne très loin, mais il travaillait à améliorer cela. Mine de rien, cela lui était bien utile, plus encore quand c'était quelque chose qu'il avait touché. Mais passons. Pour l'instant, il avait fait une belle affaire et la fille aussi dirait-on, vu son enthousiasme.

Elle avait rapidement ranger ses marchandises et se présenta vivement.

''Enchanté Poisson, moi c'est Altahir''

Les formalités à peine faites, la dénommée Poisson se sauva déjà dans la foule, marchant d'un pas rapide. A croire qu'elle voulait le semer ! Ou simplement s'amuser. Altahir marcha vivement pour la rattraper, évitant de bousculer les gens au passage. Puis, il aperçut la taverne choisie par la fillette, un peu à l'écart des voies de passages et commerçantes. Un choix qui n'était pas mal pour avoir la paix. Il y rentra à son tour. Lui aussi attira quelques regards, mais sans plus. C'était la curiosité habituelle des clients du coin qui regardait qui entraient dans ce petit univers de ''détente''. Quand il rejoignit la jeune femme, elle s'était déjà mise à l'aise. Il observa un court moment ses tatouages.

''Sympathique tes motifs. C'était juste pour le plaisir d'en avoir où représentent-ils quelque chose de plus important ? ''

Ce ne serait pas la première femme tatouée qu'il croiserait. Puis, il s'accouda, un peu à la manière de Poisson, mais posant sa tête dans la paume de sa main. Un étrange sourire était apparu à ses lèvres, répondant d'abord de cette manière à la petite interrogation déguisée de la jeune femme.

''Qu'est ce qui te fait croire que j'ai une affaire à te proposer ? C'est juste causer en fait que je cherche.  Comme c'est la première fois que je vois ta frimousse sur le marché, j'ai pensé à une nouvelle arrivante sur ces terres. De quel Kaerl es-tu ? ''

Puis, son sourire s'élargit un poil plus.

''Après... si c'est toi qui a quelque chose à proposer, on peut en discuter... Mais avant, un truc à boire peut être ? ''

Il héla le tavernier.

''Un hydromel pour moi et pour Mademoiselle..... ''

Altahir ? C'est un nom qui sonne bien à mes oreilles. D'autant mieux en fait que c'est le nom que les marins de chez moi donnent à une étoile. Une de celles bien brillantes qui s'aperçoivent même parfois entre deux nuages la nuit. Visible malgré la lueur des deux lunes. Une étoile précieuse donc pour ceux qui savent lire le ciel. Un bon point pour le balafré si tant est que l'on soit de ceux qui croient aux messages des prénoms.

Je n'ai donc pas perdu mon étoile lorsque nous arrivons à la taverne. Et à mon grand plaisir, il remarque de suite les dessins. Mon sourire s'élargit. En fait je laisse même un rire s'échapper doucement.

"Tout dépend de mon humeur du moment. De mes recherches, de ceux que je vois ici ou là. Du temps que j'ai a y consacrer. Je ne m'impose rien. Pas même qu'ils soient permanents. - Je souris non sans ironie. - C'est autant pour la recherche artistique et technique que cela m'apporte que pour dire merde à un certain nombres de gens."

A commencer par mes parents. S'il était à peu près acceptable qu'un marin revienne au port avec la peau marquée, les filles et les femmes de marin n'avaient pas ce même regard bienveillant. Mais mes créations actuelles prenaient un tour beaucoup plus recherché que lorsqu'il ne s'agissait que de choquer ma famille. Je hausse les épaules. Et puis j'ais parfois du mal à comprendre l'attachement aux choses trop pérennes. Et quoi de plus pérenne qu'un vrai tatouage franchement. Ce qui était peut-être parfois contradictoire puisque personne ne me ferait renoncer à mes grelots par exemple ou à un certain masque. Mais ils étaient spéciaux. Tout le reste je m'en balance.

Je lance ensuite un hameçon. Qui me revient à moitié vide. Parce que au final, une discussion c'est déjà une sorte d'affaire. Non ? Et je m'amuse de le voir renchérir et lancer son filet. Il est mignon.

"Et toi comment s'appelle ton dragon ?" Dis-je en me reculant sur le dossier de la chaise avec un sourire en coin. Ne niant ni n'affirmant quoique se soit a mon endroit. Non que je veuille en faire un secret mais par pur amusement. Avant d'éclater de rire devant son large sourire. Étant donné la véritable différence d’âge entre nous j'estime que pour une fois c'est à lui de pousser les choses. S'il l'ose.

Je prends le temps de commander une bière au serveur en même temps que son hydromel. Puis je  reprends.

"Je ne suis pas à proprement parler une femme d'affaire. Je veux faire le tour du monde moi aussi. Or certaines , trop, d'affaires demandent de rester les deux pieds sur Terre et non d’avoir la tête dans les nuages. Et puis faire affaire avec vous ! – je ris, laissant mes mains tracer des arabesques dans les airs – Vous avez plus l'air d'un mercenaire vivant de sa lame que d'un honnête commerçant. Avouez.

Altahir n'avait pu s'empêcher de rire un peu à son tour, quand à l'histoire de ces tatouages qui couvraient élégamment les bras de la jeune femme. A l'entendre, elle acceptait de s'en faire quand l'idée lui venait, tout en évoquant que c'était pour enquiquiner certaines personnes. Le Maître-Brun voyait bien cette donzelle faire preuve de rébellion auprès de sa famille à la position aisée et qui avait eu des projets de grandeur pour elle. Que de mieux que de se révolter en jouant dans le sens inverse. Ou bien c'était autre chose, comme une jeune femme qu'on voulait qu'elle demeure à la place qui était sienne et qui devient se conformer aux moeurs de son peuple. Au sein du Rhaëg, on voyait tellement de culture différentes que tout était possible en fait.

''Sans doute parce que tu as testé la vie de petite baroudeuse en mer ? ''

Il eut soudain un petit regard suspicieux.

''rassure moi que tu n'as pas joué les pirates. ce serait dommage de vivre en ce monde avec une prime sur la tête. ''

Et quand bien même aurait-elle eu une prime sur la tête, qu'aurait-il fait ? Au mieux, pour la soulager de cet inconvénient aurait d'apporter une preuve comme quoi elle était ''décédée". Sauf si elle ne voulait pas passer pour disparue ou morte. Et cela, à condition que c'était bien ce cas là. Mais comme ce n'était qu'hypothèse, bien entendu....

Il ne put s'empêcher de sourire à la question qui contournait l'information première qu'il cherchait. Maligne la fillette.

''Mon dragon, il s'appelle Norloth. et chose qui est certaine, c'est que tu n'es pas une céleste.  ''

Le serveur apporta une bière pour la jeune femme et l'hydromel du maître-dragon. Altahir prit son verre.

''A ta santé ! ''

Puis il réfléchissait, se demandant comment il allait ferrer cette petite poissonne. Norloth était partie chasser, donc il aura la paix quand à la conversation.

''Pour voyager dans le monde entier, soit tu te lies à un dragon, soit à un chevalier ou un maître. Et penses-tu réellement que bien des affaires demandent à rester les pieds sur terre ? Pourtant, avoir la tête dans les nuages apporter beaucoup, aux dites affaires.... ''

Il rit.

''Mercenaire moi ? Pas vraiment. Je suis plus un homme à tout faire, faisant des affaires quand j'estime devoir en faire... avec la tête dans les nuages parfois.  ''

Avec un léger sourire plaisantin, il but une première gorgée de son hydromel. Il se demandait si ses diverses questions n'étaient pas pour se faire prendre dans les mailles de son filet.... mais de quel filet pouvait-il s'agir. Elle était douée pour jouer à son petit jeu.

''C'est suffisant ou ce n'est pas assez avoué pour toi ? Si tu veux, je peux te mener la tête dans les nuages vers un lieu que tu n'as peut être encore jamais vu....''

Comme je peux être fière de mes tatouages. Et j'aime assez que les gens en parle. Est-ce que je suis trop imbue de mon talent ? Ou trop vantarde ? Et pourquoi n'aurais-je pas le droit de l'être ? Mais mon compagnon de taverne lui a rapproché mes pratique de celles des marins. Ce qui en soit est plutôt juste.

''Sans doute parce que tu as testé la vie de petite baroudeuse en mer ? '

Plus calme, plus sérieuse. La mer c’était sacré pour moi. L'esprit de mon grand-père n’était jamais bien loin dans ces cas-là. Je penche la tête en quelque chose qui n'est encore une fois ni tout à fait un oui, ni tout à fait un non.

« peut-être aurais-je un jour décidé d'emprunter cette voie, c'est vrai. J'ai le pied marin, je sais barrer et ferler les voiles des barques de pêcheur de mon peuple. Pirate ? Non, je n'en suis pas. »

Mon regard se fait plus lointain un instant. Envisageant cette vie d'aventure et de danger. Ou ta vie  tient par les armes et par tes camarades. Pas si différent au fond que ce que j’envisageais avec les Crocs. La liberté en plus, la reconnaissance en moins.

« Si mon destin avait été d’être sur les mers peut-être. »

Avec malice j’observe la réaction de mon vis-à-vis alors que je détourne sa question sur le Kaerl. Je souris, radieuse. Je ne m’étais pas trompée en subodorant qu'il était lui aussi membre d'un Kaerl et surtout lié. Quelle couleur a ce Norloth ? Quel taille ? Quelle puissance ? Est-il beau ? Plus rude ? Depuis Kýreñ je me suis découvert une véritable passion pour les dragons. Si je me détourne des Crocs ou qu'ils ne veulent pas de moi je devrais envisager de travailler avec ou pour les dragons. Il faudra que je me renseigne.

« Oh ! Il est donc possible de déterminer qui provient d’où en fonction d'une réponse ou non ? Et cela signifie t'il que tu es toi-même un de ces Célestes que tu les connaissent si bien ? »

Boire une gorgée de bière est bien pratique pour cacher mon sourire à ce moment là .

"Pour voyager dans le monde entier, soit tu te lies à un dragon, soit à un chevalier ou un maître."

Je ris. Je ris à en avoir presque mal au ventre.

« Mais pour se lier à un dragon il n'y a pas tant d'élus que cela. Et même alors certains ne trouvent jamais leur âme-sœur. Toi. Combien de fois as-tu douté en te présentant sur les sables ? - J'ai baissé le ton de ma voix. Laissée la gaîté pour la curiosité. Dévorante, exigeante curiosité derrière laquelle se trouve la peur de ne pas y arriver. De ne pas être choisie à mon tour. Mais ce n'est pas le moment des doutes et je chasse ce nuage bien vite. Posant les bras sur la table et demande avec une ingénuité bon enfant.

« Et tu crois qu'un Chevalier ou un Maître accepterait de me faire voyager ainsi ? Je veux dire en dehors de mon propre Maître et de son dragon ? Je veux dire, un Céleste accepterait-il une Engloutie ? »

J'ai l'impression de m’embrouiller. Et comme l'impression aussi que Kýreñ va m’en vouloir. Pour une raison mal définie fréquenter Jorga me semble moins… grave que de fréquenter Altahir. Son statut de chevalier doit sûrement jouer dans l'affaire. Mais je n'arrive pas à mettre le doigt exactement dessus. Oh ! Si ! Justement Jorga n'a pas de dragon. Ai-je vraiment envie de voir Kýreñ triste ? Sais-je le droit de chevaucher un autre dragon ? Et Norloth le voudra t'il après tout. Mais c'est bien ce que sous-entend ce chevalier pourtant. Me lier avec un chevalier ou un Maître pour voir le monde. Ce ne peut être autrement. C’est à la fois excitant et terriblement source de doute pour l'instant cette histoire. Autant dire que je suis suspendue à sa réponse.

''C'est suffisant ou ce n'est pas assez avoué pour toi ? Si tu veux, je peux te mener la tête dans les nuages vers un lieu que tu n'as peut être encore jamais vu....''

Je porte une main à mes lèvres, pas vraiment à l'aise tout à coup.

« Avoué ? Je ne me rendais pas compte que j’étais… que je te mettais sur le grill avec mes questions et mes esquives. »

Pourtant j'ai les yeux brillants d'envie. Je passe mes mains dans mes cheveux y amenant une savante bataille avant de m’exclamer comme une enfant.

« Oh… Zut ! C'est où, c'est quoi ce lieu ? Qu'est-ce qu'on y fait ? Il y a de toute manière tellement d'endroit que je n'ai jamais vu, tu ne peux pas trop te tromper. »

Bon, certes, il avait eu de la chance avec sa petite question sur le tatouage. Il n'y avait pas que les matelots qui s'en faisaient. Il y avait aussi des dessins corporelles pour des rites des passage, des traditions séculaires... tout dépendait du peuple, du continent en fait... mais au vue du franc parler de la jeune fille, Altahir avait opté pour une approche plutôt classique, avec bien entendu le risque de pas avoir la bonne réponse en retour. Sauf que là, c'était le cas. Donc, par la réponse de poisson, il apprit qu'elle savait un peu naviguer en mer. Une information de moindre valeur peut être pour bien des gens, mais pas pour le maître-dragon. Le savoir était une richesse inestimable quand on savait en user au bon moment. Quand à avoir été pirate, elle paraissait sincère quand au fait de ne pas l'avoir été. Au pire, si elle mentait, il finirait par l'apprendre tôt ou tard. Ce serait dommage si une prime existait réellement. Bah, il verra bien de toute façon... pour l'instant, il n'avait rien lu ou entendu quoi que ce soit quand à une description d'une femme ressemblant à Poisson. Donc, elle pourrait se sentir rassurer.

''Le Destin n'est jamais définitif quand on est encore jeune comme toi. Il ne tient qu'à toi de le secouer aussi, tu sais. Il est vrai que nous jouissons d'une certaine sécurité ici, dans les Terres de l'Aube. A cela, nous pouvons mener une vie agréable. ''

En somme, la fillette, si elle le voulait vraiment, pourrait mener la vie qu'elle aurait choisi. Mais le voulait-elle vraiment  ? Il n'était pas certain qu'elle souhaitait sincèrement changer de vie, ou ce n'était qu'un rêve auquel elle aspirait sans grande conviction.... Enfin...si elle acceptait de contrebalancer son Destin ou pas.

Son breuvage ambré tournoyait tranquillement dans le verre, le mouvement étant imposé par le petit geste d'Altahir. Il ne manqua pas de sourire devant la petite question de la jeune femme, qui tournait plus pour une affirmation qu'une véritable interrogation. Elle était maligne  ! Il but une petite rasade d'hydromel avant de faire une petite oeillade amusée.

''Tu as toi même la réponse.''

Puis, elle s'était mise à rire, au point de courir le risque de se plier en deux et de tomber sur le sol de la petite taverne. Etait-ce là un moyen d'essayer de perdre Altahir dans ses tentatives d'approche de savoir qui elle était vraiment ? En tout cas, elle était passée vite du fou rire à un certaine curiosité.

''Combien de fois ai je douté ? .... ? ''

Il avait déjà assisté à quelques Eclosions, découvrant la déception des jeunes aspirants à ne pas voir un seul dragon se diriger vers eux, préférant d'autres...L'espoir de sentir la pensée de son âme sœur draconique effleurer son esprit et qui se brisait en un instant. Cela arrivait de temps à autre, même si ce n'était pas si courant que cela d'ailleurs.

''je pense que je n'ai pas compté en fait... On a toujours une appréhension quand on vient à se présenter à une Eclosion... Avec des questions en tête, du genre : est ce qu'on est à la hauteur, est ce qu'on est prêt, qu'est que le dragonnet va penser en sentant mon esprit.... Ca, et j'en passe. ''

Puis, il ne manqua pas de rire un tout petit peu pour la suite. Il leva une main pour la rassurer

''Mais non, va. Tu ne me mets pas en porte à faux. Il m'en faut plus que cela... A moins que...''

Son sourire devint légèrement taquin, portant son menton barbu dans le creux de sa main au bras accoudé à la table.

''A moins que tu sois accoquiné dans quelques milieux qui voudraient des fois ma tête. ''

Puis il se mit à rire, avant de terminer d'une traite son verre. Il avait parfaitement noté son désir plus qu'évident de prendre la voie des airs ; une vraie enfant tout excitée.

''Une cavité souterraine dans le Désert Profond, où on sait y voir les plus grands cristaux du Rhaëg. Tellement immense que tu auras l'impression d'être dans une forêt minérale. Et non, ce n'est pas une farce ou un délire d'excentricité. Et pour répondre à ta question, je n'ai aucun problème à transporter une Aspirante Neutre. Dans un sens, nous sommes des ''amis''. Quand à te faire voyager, reste à savoir si ton Maitre accepte. Il pourrait très mal prendre le fait de te savoir sur le dos d'un autre dragon autre que le sien. "

Au moins avait-il eu l'assurance totale que la jeune femme était une Aspirante. Elle ne pourrait pas nier le contraire. Maintenant, allait-elle se dérober quand à s'envoler avec lui ou aller courir voir son maître pour avoir son approbation quand à suivre un Céleste le temps d'une brève escapade ?

''Le Destin n'est jamais définitif quand on est encore jeune comme toi. Il ne tient qu'à toi de le secouer aussi, tu sais. Il est vrai que nous jouissons d'une certaine sécurité ici, dans les Terres de l'Aube. A cela, nous pouvons mener une vie agréable. ''

Je regarde mon vis-à-vis avec un franc sourire. Les vieux sont marrants avec leurs soit disant façon sage de dire les choses. Comme si j'avais attendu qu'il me le propose pour secouer les puces de mon soit disant "destin" s'il en existe un. Je ne suis pas dans mon petit village, je ne prépare pas mon mariage avec un petit fermier du coin, ne coud pas mon trousseau de mère et d'épouse mais celui d'une future Chevalière Dragon. Cela aurait pu être celui d'une pirate, d'une mercenaire ou d'une aventurière, d'une marchande itinérante, d'une sorcière aussi. Ma vie ailleurs n'aurait peut-être pas été "agréable" mais elle aurait été tout autre qu'une vie tracée. Et même maintenant. Devenir Croc, me lier, n'étaient que des options probables et non-définitives. Mais il faut laisser au sage l'occasion de s'exprimer de temps en temps.

Mon regard se fait un instant songeur quand nous en venons à l'éclosion. Pardon on dit l’Éclosion. Je peux avoir tout les doutes du monde sur ce qui concerne ma compétence à devenir chevalier. Mais Dudu et Kyky sont là pour y pallier. Mais curieusement aucun concernant ce que pensera un éventuel dragon en sondant mon esprit ou mon âme. S'il le fait c'est que déjà ce sera le bon.

Je ris de bon cœur de nouveau alors qu'il parle de sa tête. Enfin de ceux en voudrait à... Bon d'accord il y a du charisme sur cette tête mais pourquoi n'en vouloir que cette partie quand tout le reste promet d'être fort agréable aussi. Mais nous n'en somme pas là. Je lui lance une œillade malicieuse.

"Oh ! Tu vois que j'ai raison. Tu es un aventurier. Pas seulement un homme d'affaire. Tu dois fleurter de temps en temps avec les limites si certains réclament ta tête."

Je pose un regard aiguisé sur Altahir quand on en vient au lieu de l'excursion proposée. En soi il n'a pas forcément grande importance. Encore que ça peut valoir le coup. Je pourrais peut-être y récolter quelques pierres pour de futures créations. Quoique tout dépende de "l'essence" des cristaux en question. Sûrement différents types de quartz.

"Mais comment je fais moi pour transporter tes cristaux s'ils sont si grands ? Et puis il y a une limite de poids à ce qu'on peut porter autour du cou ou du poignet tu sais. - dis-je moqueuse et charmeuse à la fois. - Ne t'inquiète pas pour mon maître, si nous sommes amis, il n'y a pas d'inconvénient."

Je me demande bien un peu comment Kyren va prendre le fait que je monte sur un autre dragon sans lui en avoir parlé auparavant. Mais j’essaierais de me faire pardonner. Je bois une gorgée de mon verre avant de passer mes bras de chaque côté, bien calée au fond de ma chaise.

"Et il est pour quand ton petit voyage ?"

Comment ça je suis impatiente ? Non, non pas du tout. Je suis très calme. Je n'ai aucune envie qu'il réponde "Maintenant". Mais du coup là je suis juste une menteuse.

Et voilà, le petit Poisson était ferré. Enfin ferré... N'exagérons rien. Si Altahir avait vraiment voulu l'emmener au fond des choses, il aurait eu effectivement la satisfaction d'avoir pris dans ses filets la jeune femme. Bon, certes, elle était agréable à regarder ; et un caractère sympa et malicieux, mais il ne savait pas tout à son sujet. Elle était aspirante, c'était certain, mais avec quel maître-dragon ? Même s'il était neutre, peut-être que le chef de sa triade n'aimerait pas voir son Aspirante s'accoquiner avec un Céleste ; voir un autre lié humain tout court. Marcher sur les possibles plates-bandes d'un autre homme pouvait s'avérer catastrophique aussi. C'était plus facile quand il se trouvait dans le monde extérieur, mais là, au sein même de la Terre de l'Aube....

"Bon d'accord, je l'admets, je joue de temps en temps la carte de l'aventurier, mais juste assez pour ne pas m'attirer des ennuis''

Aventurier dans certaines affaires, où à l'égard de la gente féminine. Mais comme il y songeait, il fallait des fois avancer avec prudence et peut être ne pas prendre de risque.

°Tu parles.... Comme si tu n'avais pas déjà eu un chemin intéressant avec une chevalière ou une Aspirante°
°Tiens, tu te réveilles toi. Il était temps. Et je ne vois pas de quoi tu parles....°
°Menteur...°

Il profita de la conversation pour toussoter un peu, histoire de taire les pensées de son dragon et taire surtout ses propres ressentis. Son sourire s'étira de suite, quand à l'idée de la jeune femme de repartir déjà avec des échantillons

"Et ben, tu ne pers pas le nord toi. On n'y est pas encore que tu te soucies déjà de comment les ramener. Tu auras bien assez de petits éclats pour trouver ton compte, rassure toi. Et qui est ton maître déjà ? ''

Elle n'avait bien entendu pas encore évoquer le nom de celui-ci. Altahir en connaissait bien quelques uns, mais cela s'arrêtait là. Enfin... presque. Puis, il ne manqua pas de rire une nouvelle fois devant l'empressement de la jeune femme quand à ce voyage vers la caverne aux cristaux géants.

"Tu ne perds pas le nord, mais tu veux déjà t'y rendre. Avoue que c'est pratique d'avoir un dragon à portée de main''
°Parle pour toi. Je n'ai pas dit oui, au passage°
°Genre, tu vas refuser de nous y emmener, parce que tu aurais trop mangé....°
°Exactement. Et puis, tu crois que je ne vois pas où tu espères en arriver avec cette jeune femme ? Tu crois qu'elle va te tomber toute seule dans les bras...°
°N'importe quoi.... et puis, de quoi je me mêle... bon, dommage pour toi, c'est la migration des salamandres cavernicoles.... je pensais que tu les adorais en dessert...°
°Je n'ai pas confirmé que je refusais de partir...°

Altahir riait mentalement. Son dragon n'était pas son âme soeur pour rien.

"Donc, pour quand est mon petit voyage. Tout à l'heure si tu veux, le temps que tu ranges tes affaires personnelles et que tu trouves des vêtements de vol. Je ne t'apprends rien sur le vol et encore moins sur le franchissement de l'Interstice. Dès que tu auras tout cela... hum, on se retrouve dans une heure à l'orée nord de Loméanor ? ''

Et forcément, elle sautera sans doute de joie et serait capable d'arriver relativement tôt. Heureusement que Norloth était maintenant réveillé et qu'il était déjà au nord de la bourgade, avec son harnais de vol et les affaires de son lié. Ne sait-on jamais, quand une affaire se présente, c'est toujours bon pour sauter dessus.

Donc, quand Poisson rejoindra Altahir, il sera calé contre l'antérieur de son lié, vêtu de sa tenue de vol, les bras croisé, tout sourire.

"Après vous, gente damoiselle. Souhaitez vous que je vous aide à trouver place sur le dos de mon Brun ? ''

Quelle douce galanterie, alors qu'il se doutait très bien que Poisson savait déjà monter sur un dragon, normalement.

Aaah ! j'avais donc bien raison. Mon chevalier est aussi un peu voyou sur les bords. Il m'en aura fallu du temps pour lui arraché cette confession. Ce qui ne fait que piquer un peu plus ma curiosité vis-à-vis de cela. peut-être l'inciterais-je plus tard à me raconter. Je suis sure que cela se rapproche des aventures que j'imaginais vivre en quittant mes mornes vallées.

En attendant il est prêt à me faire prendre l'air, montée sur son dragon pour aller visiter une curiosité. Ce n'est certainement pas moi qui vais dire non.

"Les dragons ne sont pas que pratique ! J'ai hâte de rencontrer Norloth."

Autant dire qu'à peine le rendez-vous est donné que je suis déjà dehors à courir tout en sautant vers le ciel de temps en temps. Tremblante d'excitation. Je récupère ma veste de vol au comptoir ou je l'ai laissé et y dépose en échange ma besace avant d'envoyer un message succin via un lézard à Kyren. Ils ont beau, Dusan et lui, me surveiller de loin en loin, je ne suis pas sure que ce soit le cas aujourd'hui. Et ça m'évitera peut-être une discussion animée avec mon maître.

"Partie avec Altahir et Norloth. Je rentrerais plus tard. Bise."

Avant de courir de nouveau dans les rues pour rejoindre le chevalier et son brun. Bien que trépignant à l'idée d'un nouveau vol, je prends le temps de me composer une attitude digne. Souriante. Pas difficile de trouver le Brun. J'incline la tête pour saluer le dragon.

"Norloth, Moi c'est Poisson, enchantée. Merci de nous accompagner."

Avant de glousser, une main devant la bouche, devant le "gente damoiselle". Par malice j’accepte l'aide d'Altahir. Ne serait-ce que pour avoir l'occasion de le toucher et sentir ses mains sur moi. M'arrangeant un instant pour que nos visages et nos bouches se trouvent très proches les uns des autres. Ma main sur son épaule, remonte vers son cou et son visage qu'elle effleure avant que moment ne soit passé. Si après ça il ne comprend pas qu'il me plaît je mange ma veste.

Le vol se passe sans encombre et malgré ma légère appréhension que j'ai toujours de l'Interstice tout se passe admirablement. Je suis faite pour voler. J'ai cette ivresse insensée chaque fois. Ce plaisir sans cesse renouvelé. Un jour je trouverais un homme qui saura m'aimer comme un dragon qui s'envole.Un homme dont le dragon coursera ma dragonne. Ce sera un temps de complétude. Pourtant rien que de sentir la force de Norloth sous mes cuisses, la chaleur d'Altahir contre moi est déjà un préambule gourmand.

L'arrivée n'est même pas une déception. J'ai hâte de découvrir les délices de l'exploration de cette fantastique grotte de cristal. Et de voir si loin du monde, quelle facette Altahir décidera de me dévoiler.

Les dragons n'étaient pas que pratique, qu'elle avait affirmé avant de se sauver vivement pour aller se préparer au vol. Il était vrai que les Enfants de Flarmya étaient bien plus que de simples moyens de transport aérien. Même pour des personnes non Douées, ils demeuraient des créatures intelligentes, à la puissance incomparable, garants de certaines valeurs de la Nature même. et pour de possibles Aspirants, c'était le gage d'une vie nouvelle, avec une nouvelle page à écrire dans l'ouvrage de leur existence. Et donc, aux dire de la jeune fille qui s'était empressée de partir en courant pour ne pas rater la moindre seconde de la chance qui lui était donnée de voyager en ce jour, Altahir avait souri. Les dragons étaient pratiques pour pimenter la vie surtout.

°Je t'ai entendu. Je sais que tu  m'aimeras toujours, même quand je te taquine°

Qu'il avait raison en plus, ce bougre d'écailleux ! Puis, Poisson revint, courant tout comme à son départ, limite à avoir les yeux lumineux tellement ils luisaient d'excitation de s'envoler, vers ce qui paraissait être pour elle une nouvelle et grande aventure. Qui ne serait pas dans son état à sa place ?

A sa présentation, le Brun avait aussi incliné sa tête en retour.

°Enchanté Poisson. Ravie de voir que tu es déjà contente de partir dans les airs avec nous°

Altahir s'était retenu de jeter un certain regard à son lié. Le connaissant, il était étonné que le dragon n'avait pas fait une allusion plaisantine quand au nom assez particulier de la donzelle.  

°Oh, tu voulais ne pas te sentir seul quand à mes petites remarques doucerettes à ton égard ? Je ne me manque pas des femelles bipèdes. Mais par contre, je sens sur le coup la tête de merlan frit que tu m'adresse mentalement... °

Puis il gloussa mentalement. Fichu dragon, maugréa Altahir. Heureusement, cette intermède avait été de très courte durée, le temps d'aider Poisson à monter sur l'antérieur écailleux que Norloth tendait. Et durant la brève escalade nécessaire pour rejoindre le sommet des épaules du Brun, la jeune femme ne manqua pas de faire quelques gestes assez..... particuliers. Avait-elle fait exprès de porter ses lèvres si proches des siennes qu'il en avait ressenti la chaleur s'échappant de leurs surfaces ? La réponse fut affirmative quand la main qu'elle avait posé sur son épaule pour prendre appui lors de la montée vint à frôler la peau de sa joue. Il sut se râcler la gorge avec discrétion. Il était vrai que... euh... elle n'était pas si mal, malgré son jeune âge... Même assez jolie.

°Bon, tu montes au lieu de révâsser ? °

C'était limite une petite gifle télépathique ce qu'il reçut de la part de son dragon.

°J'allais arriver, gros bêta d'écailles°
°De ce que tu étais en train de songer ? Bien sûr... °

Le Maître-Dragon gravit l'antérieur de son dragon pour venir se placer derrière Poisson, veillant à ce qu'elle ait bien ses sangles en place, avant de se sangler à son tour. Norloth déploya ses immenses ailes membraneuses et se propulsa vers les cieux, sautant d'abord pour lancer le décollage et brassa puissamment les ailes pour s'arracher à l'attraction terrestre. Une fois à la bonne altitude et aux environs dégagés. Puis, il franchit l'Interstice.

Le froid était intense, mordant, malgré l'épaisseur des habits de vol. Puis, une fois sortis de cet univers à l'éternel obscurité sans vie, ce fut un air chaud et sec qui embrassa le visage des chevaucheurs de dragon. Le Désert se perdait à perte de vue, monotone et jaune par le sable qui le composait, hormis les quelques gros pics rocheux qui déchirait cette nappe uniforme, tel des crocs fossilisés d'une gigantesque créature mythique.

Norloth vira doucement sur l'aile droite, pour en rejoindre un de ces pics, qui était visiblement très bien rongé par les vents sableux. Il se posa devant et s'allongea pour permettre la descente de son lié et de sa passagère. Une grotte à l'entrée basse était déjà visible devant eux, à moitié enseveli dans les sables. Une fois désanglé, et sa passagère libéré aussi de ses attaches de sécurité, Altahir descendit le premier. Il pestait déjà contre le sable qui allait les contraindre à ramper pour entrer dans la caverne.

''Poisson ? Demeure avec Norloth le temps que j'aille reconnaître le passage, pour voir si c'est sans risque. ''

L'humain dut se tortiller un peu, repoussant un peu de sable avec l'aide de ses mains, grommelant dans sa barbe avec le sable qui pénétrait déjà dans ses bottes. Puis il fut englouti dans les ténèbres de la grotte. Puis, le tas de sable qui bouchait encore en partie l'entrée put repoussé par coup de pied. Ce n'était pas efficace en soi, mais assez pour élargir l'entrée pour la demoiselle.

''C'est bon, vous pouvez venir ! ''

Dans le sens de vous, ca comportait Poisson, mais aussi Norloth, qui avait pris sa forme humaine une fois les deux bipèdes étaient pied à terre. Norloth invita Poisson à entrer la première.

La lumière du jour pénétrait par l'entrée plus ou moins dégagée par le Maître Brun, laissant ses faisceaux lumineux repousser les ténèbres au plus loin de ce qu'elles en étaient capable. La visibilité n'était pas au top, en raison de la poussière qui flottait encore dans les airs. Altahir était déjà avancée plus loin, dans le boyau qui s'élargissait visiblement. Il termina de nettoyer le sable qui couvrait ses habits de vol.

''Le plus dur étant franchi, on va avancer un peu dans le noir. Mais tu vas voir... Tu arriveras à voir quelque chose au fur et à mesure que tu avanceras.  ''

Au début, la nuit cavernicole était présente, laissant la lueur du soleil loin derrière. Puis une étrange clarté bleutée commençait à poindre au fur et à mesures que les trois visiteurs s'enfonçaient dans les entrailles de la terre. Enfin s'enfoncer... Ils ne marchaient pas depuis longtemps non plus... Le temps d'avoir parcouru quelques dizaines de mètres dans le noir...Ils allaient parcourir quelques centaines de mètres, éclairés faiblement par une forme de mousse luminescente qui arrivait à pousser sur les rocs du passage.

''Nous arrivons....''

n effet, le bout de leur galerie paraissait s'ouvrir sur une cavité à l'espace conséquent. Altahir s'avança, s'arrêta en croisant les bras et se tourna vers la jeune femme.

''Tu peux approcher. Il faudra juste un peu de temps à tes oeils de capter le peu de lumière qu'il y a en ces lieux ''

Il faudra qu'elle patiente un peu, le temps que ses yeux s'adapter à la faible luminescence bleutée qui auréolait les profondeurs... Et à chaque seconde que les yeux de Poisson arriveront à percer dans ce monde secret, elle aura le loisir de découvrir l'immensité de cet étrange environnement, comme s'il sortait d'un rêve. Et là, quand elle arrivera à voir une forme indistincte longiforme, colossale, elle arrivera par voir une colonne à la taille démesurée, comme jamais elle ne pourra en voir sur le Rhaëg entier, même en Terre de l'Aube. Puis une autre apparut doucement dans son champs de vision, au fur et à mesure que les yeux s'adaptaient. Et encore une autre, se trouvant dans une autre position... Etaient-ce des colonnes cannelées créées par les Dieux en des temps immémoriaux, quand ils étaient encore dans l'idée de créer le monde, qui avaient testé des positions erratiques pour soutenir la voûte rocheuse qui était si haute, si lointaine, qu'elle se perdait dans les ombres des milliers de stalactiques ?

Plus loin, aussi loin que le regard d'un homme ou d'une femme pourra se porter, d'autres piliers tout aussi cyclopéens laissaient deviner leur contour. L'immensité cavernicole semblait exister par le seul soutien de ces structures impressionnantes.

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