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 [RP] À la lueur de l’impossible

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Oracle Tol Orëanéen
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MessageSujet: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeDim 21 Juin 2020 - 22:40



[RP] À la lueur de l’impossible Kasim-adrikan-solaufein-2-tol-orea__[RP] À la lueur de l’impossible Jahangir-Forme-Dragon-Tol-Orea
Kasim "Solaufein" Adrikan & le Noir Jahangir
--[RP] À la lueur de l’impossible Martel-legend-vaendark-53571a7__[RP] À la lueur de l’impossible Avatar-melkor-tolorea
Martel Dehlekna & le Bronze Melkor



~ Fin Eurilyaku 919


Dans la petite pièce sans fenêtre, la seule lumière perçant la pénombre ambiante était celle de la flamme vacillante des chandeliers. La porte soigneusement close pour dissuader les visiteurs, l’atmosphère en était devenue lourde, presque étouffante. D’un confort et d’un ameublement particulièrement spartiate, l’alcôve aurait très bien pu être considérée comme une cellule si son actuel occupant n’avait pas été relativement libre d’aller et venir. Une liberté qui était celle d’une cage aux barreaux d’or, dans le cadre de laquelle le moindre de ses mouvements était épié, surveillé, analysé. Certaines parties – pour ne pas dire la grande majorité – du vaste domaine Zenghwei lui étaient interdites, et il lui était fortement déconseillé d’en sortir. La protection de la noble maisonnée, et par extension, de celle du Haut Représentant du Clan Valherien, ne s’étendrait pas en dehors des limites de leur territoire.

Inconfortablement perché sur un tabouret, une cheville croisée sur sa cuisse, Solaufein se faisait inhabituellement silencieux. Tambourinant nerveusement de ses doigts sur le cuir de sa botte, suivant un rythme connu de lui seul, le Moredhel se contentait d’observer. Trop grand pour rentrer dans la chambre, une fois n’est pas coutume Melkor faisait face à Martel sous sa forme humanoïde … Et la discussion ne se déroulait malheureusement pas sans heurt. Le Bronze, anxieux et mécontent, s’exprimait à grands renforts de gestes furieux, sa voix rauque mal maîtrisée résonnant à la fois sous leurs crânes et se réverbérant sous le plafond bas. Les raisons de son agitation résidaient dans un court message soigneusement manuscrit, reposant sur le bureau vermoulu et branlant. Impavide, du moins en apparence, ne cédant pas d’un pouce aux récriminations du dragon, Martel avait néanmoins ce regard de mauvaise augure, brûlant d’une colère glacée et difficilement jugulée. Cela faisait bientôt trois lunes pleines qu’il était enfermé ici, à la merci des moindres lubies politiques du Zenghwei, trois lunes qu’il remâchait sa cuisante humiliation et se forçait à étouffer soigneusement la rage aveuglante qui saisissait son âme à chaque fois que le nobliaud osait se montrer devant lui … L’inaction le rongeait, petit à petit.

Ce message, Solaufein le savait, constituait un mouvement particulièrement osé sur le grand échiquier du Màr Tàralöm, et en même temps, paradoxalement, l’un des derniers espoirs de son maître. Yong’Wu Zenghwei avait disparu depuis quelques semaines déjà, et nul, au Kaerl, pas même au sein de sa propre maisonnée, ne semblait savoir ce qu’il était advenu de lui. Il était désormais sans protecteur officiel … Mais aussi libre de ses mouvements. Et cela, signifiait qu’il était temps de passer enfin à l’action. Un frisson d’excitation anticipé le parcourut, avant qu’il n’esquisse une grimace contenue. Quand bien même, si possible, il aurait préféré s’abstenir du pénible spectacle qui lui était présentement donné à voir … Le jeune Chevalier Noir fronça les sourcils, sa main longue et fine accélérant son rythme impatient sur sa botte. Il en était à songer à s’éclipser discrètement pour aller attendre la fin de leur dispute dans le couloir, lorsque, d’un simple regard agacé, Melkor figea la course de ses doigts, tuant dans l’oeuf toute velléité d’esquive. Solaufein sentit sa respiration se bloquer dans sa poitrine en réalisant quel était le sujet, peut-être inévitable, que le Bronze venait de mettre sur le tapis.

« … Tu ne peux pas faire ça, Martel ! Pourquoi penses-tu que ce gosse ait trouvé la mort sur les sables, sinon pour chercher à t’atteindre indirectement ? Ça ne peut pas être un hasard ! »

Le teint gris sous sa peau brune, le temps que les mots impriment leur marque dans sa conscience, l’Elfe s’efforça de garder un visage neutre, s’absorbant dans la contemplation des coutures dans le cuir. Le sous-entendu était clair pour lui : le dragon faisait de toute évidence référence au meurtre d’Alwin Ingialdr. Le sang perdu des Sui’Aerl. Le fils de Martel … Comment, par les Ancêtres, le grand mâle avait-il bien pu avoir connaissance de la véritable identité du défunt, lui qui était consigné au domaine Zenghwei depuis leur retour ?

Un ricanement sinistre, se glissant dans son esprit comme un entrelacs de serpents froids et doucereux, l’incita à se replier sur lui-même, cherchant instinctivement à le repousser loin du cœur de ses pensées, mais en vain. Il ne pouvait pas lutter contre la moitié de son âme.

**Serais-tu effrayé à l’idée qu’ils apprennent ce que tu as fait ? Oh, quelle tragédie ce serait ! Peut-être te répudierait-il, qu’en penses-tu ? Te retrouver mis de côté, sans plus la moindre valeur, sans plus le moindre intérêt à ses yeux. Mais je ne le laisserai pas te tuer bien sûr, rassure-toi ...**

Le cœur battant et les oreilles bourdonnantes, la conversation entre son maître et le Bronze lui était devenue inaudible, couverte par le crissement écœurant de la lourde masse écailleuse de son Lié se dépliant pour s’étirer paresseusement. Depuis le début de cette affaire, le Noir se réjouissait bien trop de voir son Elfe se débattre avec ses angoisses et ses cauchemars concernant les conséquences de ses actes. Il avait assassiné sans frémir des dizaines de personnes, dont son propre maudit géniteur, pourquoi alors le meurtre de cet insignifiant Aspirant continuait-il de le hanter ?

*La ferme, Jahangir ! Est-ce toi qui en a parlé à Melkor ?*

**D’abord tu m’ordonnes de me taire, et ensuite tu me poses une question, es-tu donc incapable de te décider, mon pauvre Lié ? Comment pouvais-je résister à l’idée d’épicer un peu les choses pour toi ? As-tu peur à présent ? Peur qu’ils découvrent ton crime ?**

*Ah ! Comme si j’allais te faire ce plaisir ! Je n’ai pas besoin que tu t’immisces dans mes affaires privées, dragon.*

Seul un inquiétant silence lui répondit, et il n’eut pas le temps de s’en réjouir que face à lui, le ton montait irrémédiablement entre les deux Liés. Melkor n’était pas connu pour sa patience, et Martel avait visiblement atteint un point de non retour, l’accumulation de tension nerveuse ayant dépassé ce qu’il était en mesure de contenir.

« Es-tu idiot au point d’être incapable de comprendre !? Es-tu donc tellement indifférent à notre avenir, du moment que nous sommes de retour sur tes terres de naissance ? Devrais-je me résigner à mon sort ? Je suis en train de devenir fou, tu m’entends, à tourner en rond entre les quatre murs de cette chambre miteuse ! Je ne peux pas me contenter de rester pieds et poings liés sans rien tenter ! Tu voudrais que j’abandonne ? Que je renonce ? »

Son visage habituellement si calme et inexpressif paraissait ciselé par une douleur vive alors qu’il dégainait un poignard de sa ceinture, en pointant la lame vers lui, le regard figé sur son Bronze muet de surprise.

« Autant me trancher la gorge tout de suite plutôt que de me laisser mourir à petit feu ici. »

Son champ de vision se troublant d’un voile rouge de panique et de fureur, le grand mâle n’eut qu’un seul pas à faire pour faire sauter l’arme de la main de son Lié, l’empoignant sans ménagement par le devant de sa tunique. Jamais encore il n’avait vu Martel dans un tel état, dans une telle … incompréhensible détresse, et il ne savait ni que faire, ni que dire, pour le ramener à la raison.

**Je t’interdis de mettre fin à ta vie, Rizzen Sui’Aerl ! Ton âme m’appartient et en tant que telle, nous vivrons et nous mourrons ensemble jusqu’à ce que le temps qui nous aura été imparti par Flarmya soit écoulé ! Je ne te savais pas si lâche !**

Tremblant d’émotion, le Bronze avait grondé sourdement, martelant chacun de ses mots dans l’esprit du Moredhel, refusant de se laisser fléchir par le regard glacé et provocateur que ce dernier lui adressait.
Cependant, l’emploi de son nom de naissance avait paru faire renaître une once de bon sens chez son Lié, et d’un geste sec, Martel se dégagea donc de l’emprise de Melkor, prenant le temps de rajuster soigneusement son vêtement avant de relever une nouvelle fois les yeux sur le dragon.

« Tranquillise-toi mon frère. Je comprends tes craintes, mais crois-moi, Eléderkan pourrait se révéler être notre meilleur allié ici. Qu’il accepte ou non de me rencontrer pour discuter, je ne peux pas rester plus longtemps terré comme un lapin dans son terrier. »

Les poings serrés, Melkor secoua la tête, les lèvres retroussées sur ses dents comme il aurait pu le faire sous sa forme draconique.

« Qu’il ose te trahir, et je jure que je lui ferai payer très cher, d’une manière ou d’une autre, il le regrettera durant tout le reste de sa misérable vie. »

Tassé sur son siège, bouchée bée d’incrédulité, son regard allant alternativement du Bronze à son maître, le Spectre des Cendres se reprit néanmoins bien vite. Un coup d’oeil fugitif de Melkor avait suffit à lui faire sentir, que, s’il faisait le moindre commentaire, lui aussi risquait de le regretter longtemps. Pour son propre bien, il serait plus sage d’oublier la scène à laquelle il venait d’assister. Et l’apparition discrète d’une servante à la porte du logement, étant passée inaperçue de l’Elfe et de son Lié, lui fournit une diversion bienvenue pour chasser ces images inquiétantes de son esprit.

Les mains soigneusement croisées dans son giron, un sourire poli et respectueux plaqué sur ses lèvres, la femme s’inclina devant Martel, s’adressant à lui d’un ton humble.

« Maître Dehlekna, un visiteur vous attend dans le petit salon. »

Sa voix douce lui paraissait étrangement familière, et le mouvement fugitif de ses mains, dévoilant un tatouage inscrit dans la chair de son poignet, ne fit que renforcer cette impression. Oculus. Ainsi ils possédaient des espions même au cœur de ce domaine bien gardé. Il aurait du s’en douter. Vigilant, Solaufein referma ses doigts sur le couteau glissé dans sa botte, mais déjà la servante se détournait pour partir, sur une dernière courbette.

« Kasim. Tu porteras ce message à son destinataire, comme convenu. Et tâche de ne pas te faire voir. Melkor, tiens-toi prêt. »

Son attention ramenée sur son maître, il hocha la tête, sentant un sourire amusé étirer ses lèvres. Que voilà une habile façon de le congédier, tout en s’assurant que ses désirs seraient accomplis et que Melkor ne pourrait pas insister plus avant sur le sujet.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMer 24 Juin 2020 - 22:11

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

Levon Narses n’était pas un coursier. Qu’on prenne la liberté de le déranger dans sa routine déjà chargée, fût-on Haute-Représentante, pour réaliser une tâche aussi ingrate lui faisait l’effet d’une plaisanterie de mauvais goût, et seule l’insistance un rien déplacée de Vathek l’avait retenu de refuser tout simplement la proposition – ° L’ordre… ° – de la Maîtresse Incarnate Jora Evumbrar. Comme pour celui qui occupait sa place avant elle, le Maître Noir n’éprouvait pour elle qu’un vague sentiment de mépris, qui ne l’empêchait certes pas de dormir la nuit mais qui était à l’origine de quelques douleurs dans le cou à force de serrer les dents pendant les réunions de leur Clan. Intrigues, alliances et manigances … qui avaient bien évidemment abouti à la disparition soudaine de Yong’Wu Zenghwei, pourtant redoutable guerrier et hériter d’une famille dont le nom suffisait d’ordinaire à dissuader les plus téméraires. Et voilà maintenant qu’on envoyait des Décurions jouer les pigeons voyageurs – ce Màr était devenu décadent, c’était un fait.

° N’en fais pas trop… Tu devrais plutôt être flatté. C’est encore vers toi qu’on se tourne pour les négociations les plus ardues… Et puis, c’est là la preuve que notre Clan se souvient de ta loyauté. À qui d’autre aurait-elle pu confier un tel secret ? °

Raide comme un piquet au milieu du salon à la décoration luxueuse, quoique savamment arrangée, sa haute silhouette engoncée dans un costume de cuir sombre et de velours bleu nuit, Levon tourna un regard peu amène en direction de son Lié – lequel se tenait avec une nonchalance étudiée dos au mur, une jambe relevée pour y prendre appui et bras croisés. Vathek affronta les pupilles glaciales sans sourciller, puis, baissant la tête dans un mouvement de fausse soumission, il poussa sur son talon pour quitter sa position et faire face au Sang-Mêlé, écartant les bras et haussant les épaules, ses paupières trop fines venant à moitié voiler l’éclat terne, trompeur de ses iris au couleurs mêlant l’ardoise et l’obsidienne.

° En ce qui me concerne, je meurs d’envie de revoir Melkor…  Ah, mais ne me regarde pas comme ça. Je saurai me tenir. ° Le Dragon ponctua sa déclaration en pinçant affectueusement les deux joues de son Lié, tirant sur la peau jusqu’à y voir comme l’ébauche d’un sourire – une vision effrayante, en vérité, mais Vathek se satisfaisait de peu. ° N’as-tu pas hâte de revoir ce cher Martel, grand frère ? °

Levon haussa un sourcil – non, il n’avait pas hâte. Quand bien même il se trouvait ici malgré lui, il était en mission pour son Clan, pas en visite de courtoisie. Quant à ce que lui inspirait la situation… Comme beaucoup, il avait assisté au duel qui avait opposé le Maître Bronze au Seigneur Iskuvar, et il avait ressenti l’humiliation du premier lorsqu’on lui avait ôté le droit de mourir à l’issue du combat comme si elle avait été sienne. Forcé à l’exil puis fait otage par un Clan rival, forcé, encore une fois, à prêter allégeance à ses ennemis ; pouvait-on vraiment tomber plus bas ? Le Décurion aurait été prêt à lui ôter la vie, ici-même, si Martel le lui avait demandé, et tant pis pour les desseins de Jora. On ne jouait pas avec l’honneur d’un homme.

De telles pensées arrachèrent à Vathek un éclat de rire haut perché. L’honneur était évidemment une notion qui ne le concernait pas, et, si Levon semblait croire qu’on pouvait mourir pour une telle abstraction, alors le Dragon préférait ne jamais le connaître, cet honneur. Il n’avait aucune honte à admettre sa lâcheté, préférait s’y complaire plutôt que de mettre sa vie en jeu pour tout et n’importe quoi. Les morts étaient tous égaux, au final. Il s’éloigna de son Lié, se plongeant dans la contemplation de quelque vase en cristal sûrement fort précieux qu’il s’amusa à faire tinter du bout de son ongle. De toute évidence, le Noir ne mentait pas sur son impatience. Il n’était pas aussi bavard, d’ordinaire, ni aussi joueur, et parmi le peu de choses susceptibles d’éveiller son intérêt, le Sang-Mêlé n’aurait jamais soupçonné Melkor d’en être une.

° Je crains que ce ne soit ni le lieu, ni l’endroit pour causer de nos souvenirs de la guerre autour d’une tasse de thé. ° lui rétorqua finalement le Sang-Mêlé, les mains croisées dans son dos, reportant son attention sur la porte que ne tarderaient plus à franchir Martel et son Bronze.

Les instructions de Jora avaient été suffisamment vagues pour laisser au Décurion l’opportunité de mener la danse comme il le déciderait et, pour cela au moins, il lui savait gré. La Maîtresse Incarnate semblait se reposer sur les liens qui unissaient les deux hommes autant que leurs Liés pour tirer le meilleur parti de leur confrontation. Levon et Martel n’étaient pas amis, mais le premier n’avait jamais donné au second une seule raison de douter de sa loyauté depuis qu’il avait réussi à l’obtenir en le menant au combat – et ce même si de nombreuses années avaient passé et que leurs idéaux les avaient poussés à suivre des voies bien différentes.

« Récupère-le, rappelle-lui qu’il a besoin de notre soutien tant qu’Aodren sera à la tête des Dominants et montre-lui que Yong’Wu n’était pas le Clan Valherien. »

Jusque-là, Levon n’y voyait rien d’impossible… Le Màr Tàralöm se porterait mieux sans sa cour de polichinelles – qu’ils fussent Dominants, Valheriens, héritiers de nobles familles ou culs-terreux arrivistes – et il était donc tout à fait disposé à voir disparaître le Haut-Représentant del Hendrake. Il fut tiré de ses pensées par l’entrée discrète de la petite servante, qui annonça d’une voix menue l’arrivée des improbables invités hébergés par les Zenghwei. L’un après l’autre, l’Elfe et son Lié sous forme humaine pénétrèrent le petit salon. Comme s’il n’avait pas voulu s’imposer, Levon les dévisagea rapidement, son regard de glace n’exprimant pas plus ses émotions que ses traits taillés dans la pierre. À ses côtés, son Lié ne se privait pas de les fixer, sa langue venant lécher furtivement ses lèvres et ses pupilles lançant des éclairs de jade.

« Maître Dehlekna, Melkor. » salua le Sang-Mêlé d’une voix posée, l’air le plus naturel du monde, un sourire aimable posé sur ses lèvres, ployant le buste en une rapide révérence, poing serré au niveau du cœur. « Ça faisait longtemps… »

« Nous sommes ravis de vous voir, vivants. » renchérit Vathek, une main sur les hanches, après avoir demandé à la servante de leur apporter de quoi boire et manger. Ce n’était pas la première fois que la demeure Zenghwei accueillait le Décurion Narses, et il gageait qu’on ne leur refuserait pas une collation.

« J’espère que votre hôte a su vous accommoder. » D’un geste, il invita l’Elfe et le Bronze à prendre place sur les fauteuils avant de s’asseoir lui-même, et Vathek vint se percher nonchalamment sur le large accoudoir, s’attirant une brève œillade désapprobatrice qu’il ignora avec une aisance née de l’habitude. « Je ne vais pas faire de longs discours. Maître Zenghwei a quitté le Kaerl et nous ignorons où il se trouve en ce moment. J’ai donc été mandaté par Maîtresse Evumbrar, qu’il avait jugé bon de tenir informée du… » Le Maître Noir pencha la tête sur le côté, réfléchissant à la formulation la plus adéquate. « … de l’arrangement qui avait été conclu entre vous ainsi que de votre présence au Kaerl, afin que nous discutions des termes d’un nouvel accord. »

Levon se présentait à lui sans autre arme qu’un parchemin, une plume et le sceau des Valheriens. Il les disposa sur la table basse, veillant à laisser suffisamment de place pour accueillir en plus un plateau, puis se recula à nouveau dans son fauteuil, les mains sagement posées sur ses cuisses, et reprit : « Le précédent ayant été effectué dans la précipitation, et sans l’aval du Clan – ou en tout cas, sans celui de plus d’un homme – je suis ici pour tenter de trouver un véritable terrain d’entente concernant nos actuelles aspirations. »

« Et également pour vous assurer que, même en l’absence de Maître Zenghwei, nous continuerons à veiller à votre sécurité ainsi qu’il vous l’avait promis. »
ajouta-t-il avec cet air bon enfant qu’il réservait habituellement à ses hommes après un entraînement particulièrement rude, lorsqu’était enfin venue l’heure de les mener à la taverne.
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMer 1 Juil 2020 - 20:25

[RP] À la lueur de l’impossible Martel-legend-vaendark-53571a7__[RP] À la lueur de l’impossible Avatar-melkor-tolorea
Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


Sur une rapide inclinaison du buste, quoiqu’un peu trop irrévérencieuse pour la circonstance, le Chevalier Noir s’en était allé, son sempiternel sourire provocateur vissé aux lèvres. Trop soucieux pour prendre la peine de le relever, Martel avait soupiré, profondément, d’un souffle creusant sa cage thoracique. Ses longs doigts venant pincer l’arrête de son nez, ses paupières s’étaient closes et son esprit s’était mis en marche, écartant Eléderkan de ses pensées. En dehors de la maison Zenghwei, qui était au courant de sa résidence en ces lieux maudits ? En vérité, il n’en avait aucune idée et n’avait eu aucun contrôle sur ce point précis. Son allégeance avait concerné la personne du Haut Représentant, mais aussi le Clan Valherien tout entier …
D’après les informations rapportées par Kasim, Jora assurait une forme de co-régence au Concile, en tant que suppléante du Zenghwei lorsque ce dernier était absent. L’avait-il informée de la prise juteuse qu’il avait réalisé ce soir là, près de trois lunes auparavant ? Ou bien avait-il gardé le silence sur le sujet, prêt à s’en servir comme d’un levier pour le pouvoir lorsqu’il le jugerait opportun ?

Une seule chose était sûre : il ne pouvait exclure un retour soudain de son indésirable ‘‘gardien’’. Yong’Wu Zenghwei. Comme il le haïssait ! Cela aurait bien été de lui de le convoquer ainsi, trônant orgueilleusement dans l’un de ses riches fauteuils, comme un seigneur face à son vassal soumis. Ses mâchoires se serrèrent, et Melkor s’ébroua, roulant impatiemment des épaules, à l’étroit sous cette bien malhabile forme bipède qu’il empruntait si peu. Il n’avait pas le temps de se préparer, pas le temps de s’éterniser à considérer les différentes éventualités liées à l’identité de son mystérieux visiteur. Il fallait agir, maintenant.

« Quoi qu’il advienne, nous devons nous saisir de tout avantage qui nous sera offert. »

Sa voix grave creva le lourd silence comme une bulle de savon, et le dragon acquiesça sans un mot. Il suivrait son frère d’âme jusqu’aux enfers s’il le fallait, et se mettrait en travers de la route de quiconque entendrait le faire souffrir, quoi qu’il lui en coûte. D’un simple coup d’oeil, il balaya Martel du regard, avisant son allure décharnée malgré sa chevelure soigneusement nattée, et la lueur presque désespérée qui brasillait comme un feu couvant dans ses iris de glace. Ses lèvres se pincèrent malgré lui, désapprobatrices. Bien sûr, son Elfe avait raison. Ils ne pouvaient rester ainsi. Mais ce dernier serait-il encore capable de faire face au prix qui lui serait demandé ?

***

La tête haute et le pas assuré, comme s’il s’était agit de sa propre demeure, Martel prit son temps pour passer la porte du petit salon, ses doigts s’attardant sur le bois ouvragé avec une nonchalance affichée. Il ne put cependant empêcher ses fins sourcils de se froncer en reconnaissant Levon Narses, Maître Noir et actuel Décurion Etincelant. Il avait été l’un de ses hommes liges et soldats durant la Grande Guerre, un guerrier compétent et solide sur lequel on pouvait compter pour assurer ses arrières. De ceux aptes à veiller à ce que les missions soit correctement effectuées. Et avant tout… En dépit de son sang-mêlé, il était surtout une recrue du Clan Valherien. Il s’arrêta à quelques pas de l’entrée, l’expression impénétrable, le jaugeant et l’affrontant du regard. Une perte regrettable pour le Clan Dominant, il fallait l’avouer. Il ne pensait pas que ce soit le hasard qui l’ait à nouveau placé sur sa route, mais plutôt la main d’un intrigant bien habile … Quiconque l’avait envoyé connaissait certainement leurs liens passés, forgés par le poids des armes et du commandement.

**Vathek !**

L’exclamation réjouie de Melkor, qui venait de paraître derrière lui, le sortit de ses pensées, et tout en inclinant respectueusement la tête en réponse aux salutations du Décurion, il glissa un avertissement muet à son Lié. L’homme était un combattant redoutable, son rang militaire n’étant pas usurpé, et dans son état physique présent, il serait sans doute incapable de le battre s’il fallait en venir à tirer l’épée. Contrairement à son Bronze, les liens familiaux n’entraient pas en ligne de compte dans le choix de ceux à qui il accordait crédit et confiance. Que l’excentrique Vathek soit son frère de couvée ne l’empêcherait pas de les massacrer si un tel ordre leur avait été donné. La servante, discrète et effacée, fut promptement renvoyée par le Noir en quête de quoi agrémenter leur discussion, et Martel reporta son attention sur le sang-mêlé.

« Maître Narses. Je me réjouis également de me trouver ici vivant. » Un sourire piquant vint étirer ses lèvres avant qu’il ne reprenne son sérieux. « Pour ce qui est de l’hospitalité Zenghwei, je crains de ne pas avoir pu la savourer à sa juste valeur. »

Suivant son invitation, le Moredhel prit place dans l’un des imposants fauteuils de cuir sombre, croisant une jambe par dessus l’autre et les mains dans son giron. Restant debout aux côté de son lié, prêt à le laisser mener la discussion comme il l’entendait, le Bronze ne se priva néanmoins pas de lancer des œillades curieuses à Vathek, cherchant à sonder ses prunelles verdoyantes pour y dénicher le moindre indice quant à ses intentions.

**Je suis content de te revoir petit frère. Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas pu échanger avec un visage connu.**

En preuve de sa bonne foi, Melkor laissa l’autre dragon effleurer son esprit, l’y laissant voir et sentir la vibrante sincérité de ses pensées. Il appréciait son frère de couvée, en dépit de sa réputation trouble et de ses humeurs passablement … changeantes. Il serait réellement regrettable à ses yeux de se voir obligé de s’opposer à lui, mais entre Martel et le sang de sa lignée, sa loyauté était claire : il défendrait son Elfe avant tout.

Posément, laissant la table basse du salon faire office de séparation entre eux, comme une évidente matérialisation des tractations qui auraient inévitablement cours – car l’ancien Exilé doutait fortement que la présence de Levon ne soit due qu’à une simple courtoisie – Martel laissa le Valherien prendre l’initiative de la discussion. Ce qu’il fit avec une remarquable économie de paroles. Droit au but, sans détour, ni hypocrisie de surface. Un nouveau sourire, plus franc cette fois, vint éclairer son visage anguleux, quand bien même ses propos ne lui apportaient pas, évidemment, une entière satisfaction. Dans ce monde de vipères et de double jeu, sa franchise avouée était agréablement rafraîchissante.
Ainsi était-il mandaté, selon ses propres mots, par Jora Evumbrar. Voilà qui lui apportait quelques réponses. Il était évident qu’avec la disparition inopinée du Zenghwei, la place vacante à la tête du Clan Valherien n’allait pas le rester bien longtemps. Dans quelle mesure la Dame Incarnate était-elle impliquée dans … l’éloignement, plus qu’opportun, de son prédécesseur ? Le noble avait-il enfin commis une erreur, et fatale celle-là, en s’ouvrant à sa suppléante au sujet de la carte maîtresse dont il était secrètement détenteur ? Son sourire s’élargit, se teintant de nuances dangereuses pour qui le connaissait bien. Que le Zenghwei ait rencontré sa juste fin ou non, l’essentiel était qu’il ne se dresserait désormais plus sur son chemin …

Maintenant, la nouvelle Haute Représentante, présente de longue date au Kaerl Ardent et liée de l’Incarnate Takhasya, se révélerait certainement un adversaire tout aussi complexe à gérer. Mais on lui offrait visiblement l’occasion d’un nouveau départ, d’un re-négociation des termes de leur contrat, et il espérait bien en tirer le maximum de bénéfices. La servante reparut, les bras chargés d’un plateau qu’elle disposa précautionneusement sur la table, avec un soin tout particulier dénotant une longue habitude. S’inclinant tour à tour devant les deux hommes, jetant un regard furtif aux dragons, elle quitta la pièce aussi silencieusement qu’elle y était entrée. Prenant le temps de réfléchir à sa réponse, il se servit une tasse de thé parfumé, remplissant dans le même mouvement celle du Maître Noir, savourant la fraîcheur de la porcelaine sur ses doigts nerveux.

L’expression de Narses, se voulant benoîte, ne le trompait pas. Il n’allait pas se laisser amadouer pour si peu. L’homme en revanche, lui paraissait de bonne foi, même en n’étant que l’envoyé, pour ne pas dire le messager, de plus haut gradé. Il devait bénéficier de suffisamment de confiance de la part de la Neishaane Incarnate pour être jugé apte à la représenter dans ces négociations : il n’était donc pas si inoffensif que l’on voulait bien lui faire croire.

« J’ignore dans quelle mesure Jora Evumbrar a eu connaissance des termes et des circonstances exactes de ce pacte. » Ses iris bleu de glace lançant des éclairs au souvenir déplorable de sa confrontation avec le Zenghwei, il porta le breuvage à ses lèvres, sans pour autant faire mine d’y boire. « Il a clairement été établi de manière arbitraire et unilatérale. »

Rabaissant sa tasse, il toisa le sang-mêlé, se décidant à se montrer aussi franc que lui l’avait été avec lui.

« Maître Narses, je suis reconnaissant envers la Haute Représentante, de voir qu’elle semble se soucier d’honorer la … promesse qui m’a été faite. » Ses lèvres se tordirent un bref instant, chargées d’amertume. « Je suis convaincu que nous saurons trouver un terrain d’entente qui nous sera profitable à tous les deux. Quoi que Yong’Wu Zenghwei ait pu en douter, m’imposant sa seule vision quant à mon propre avenir au Màr, j’estime posséder quelque valeur intrinsèque qui pourrait intéresser le Clan Valherien. »

L’Elfe marqua une pause, se redressant dans son fauteuil, l’expression grave et sérieuse. Il ignorait s’il pouvait se fier au Décurion, mais il lui paraissait être homme à valoriser l’honnêteté associée au respect, et à attendre un échange dépourvu de tout vernis inutile et faux-semblants.

« Voici ce que je désire : j’ai besoin de votre soutien dans ma reconquête du pouvoir. Vous qui avez servi sous mes ordres durant la Guerre, Levon, vous connaissez les principes qui me dirigent, vous avez conscience de ce que je vaux et de ce dont je suis capable. Vous savez quel exécrable chemin le Màr Tàralöm a emprunté depuis la prise de pouvoir d’Arkalin, depuis la mort d’un Seigneur que beaucoup aujourd’hui, considèrent encore comme irremplaçable. C’est dans la lignée du règne de Celanduil Huriand que je souhaite agir, pour la gloire de notre Kaerl … Et parce que, à ce titre, j’estime mes revendications comme légitimes. Le combat contre Iskuvar m’a … dépouillé de mon honneur. Je souhaite la recouvrer. »

Un simple grondement approbateur fit écho à la déclaration du Maître Bronze, et Melkor adressa un regard confiant à Vathek. Ni trop ambitieux, ni trop hautain, faisant appel à la nostalgie de son interlocuteur sans paraître chercher à l’apitoyer, il dansait sur une corde raide au dessus d'un abîme prêt à l'engloutir. Martel avait appris de son humiliation passée. Conscient de la fragilité de son statut, il se montrait plus prudent, attentif.

« Je suis certain que mes paroles ne constituent pas une surprise pour vous, et que vous y étiez préparé. Tout autant que vous, je vais donc me montrer direct : énoncez-moi le prix qui est le votre, le prix qui aura été établi par votre Dame. Nous sommes là pour négocier les nouveaux termes du contrat qui me lie au Clan, n’est-ce pas ? Alors négocions. Quelles sont vos conditions ? »


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMer 8 Juil 2020 - 22:16

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

Dans sa frêle carcasse de bipède, blême et dégingandée, tout enveloppé de noir comme les mornes serviteurs et gardiens des tombes, Vathek frétillait sous l’attention que lui portait Melkor.

° Pareillement, pareillement… Si tu étais plus souvent au Kaerl, tu n’aurais pas ce problème. ° ronronna le Noir d’une voix timide en réponse au Bronze, dissimulant l’insulte qui faisait passer leur exil pour un simple caprice sous un masque mêlant habilement la complainte puérile et la moquerie affectueuse. ° Mais, ah, mes autres frères se lassent si vite de moi… bien plus vite que je ne me lasse d’eux, alors, un tel accueil m’émeut profondément ! °

Joueur, il posa une main sur l’une des larges épaules de son Lié et se pencha en avant afin de mieux humer l’odeur de l'autre Dragon, son sourire peut-être rien de plus qu’un prétexte pour mieux goûter l’air sur sa langue, ses iris revenus à leur naturelle nuance d’ardoise luisant dans l’ombre confortable que leur prodiguaient les lourdes boucles noires tombant sur son front. Vathek mentait par conviction, par ennui ou par lâcheté – mais en caressant les pensées de Melkor, son esprit avait la candeur violente et déconcertante d’un enfant-roi. Il transmit inconsciemment l’information à son Lié, se redressant et croisant élégamment ses jambes fines ; son frère était de bonne disposition. Lui et son Elfe ne tenteraient pas de les tromper. Levon ne parut pas impressionné car il ne pensait pas que les circonstances auraient été favorables à Martel dans tous les cas, et il songeait aussi que ce dernier avait bien trop de jugeote pour succomber aux pitoyables sirènes du désespoir.  

Le Décurion suivit du regard la jeune servante, l’angle peu avenant de ses sourcils froncés rappelant à la demoiselle l’éventualité qu’une maladresse de sa part aurait pu tremper les parchemins et que cela n’aurait pas été digne d’une domestique de la famille Zenghwei, et la remercia d’un mouvement du menton lorsqu’elle s’inclina à nouveau devant les deux hommes avant de quitter la pièce. Le devançant, le Maître Bronze s’était emparé de la théière et remplissait les tasses – pour gagner du temps, ou pour distraire sa nervosité ? Levant le délicat récipient jusqu’à pouvoir inspirer les effluves qui s’en élevaient – ° Jasmin, rose et mandarine. Prévisible. ° –, il souffla sur les volutes de fumée paresseuses, laissant à l’Elfe tout loisir de choisir méthodiquement ses mots. Levon n’était pas réputé pour sa patience, mais il n’était pas particulièrement pressé.

Il accueillit les paroles de son ancien confrère avec le détachement qui le caractérisait, jaugeant le poids des termes employés, scrutant chaque intonation, chaque infime expression de passage sur le visage de glace de son vis-à-vis. Il attendit la fin de son discours pour boire une gorgée et reposer la tasse sur la table dans un geste qui, s’il restait volontaire, n’était pas tout à fait dépourvu de délicatesse. En dépit de ses origines et de sa rigueur militaire, les années passées à arpenter les corridors et les antichambres des grands de ce Màr avaient fini par adoucir les angles droits de son caractère, et sa voix, quand elle retentit après un court instant de silence, avait toute l’aménité d’un habit de velours. Il ne paraissait pourtant nullement amusé par la manière dont son confrère avait exposé son point de vue.

« La Haute-Représentante me considère assez pour me révéler une partie de ses secrets, mais pas tous. Quant à ce qui figurait dans votre contrat avec Maître Zenghwei, cela n'a de toute évidence plus aucune importance ; ce parchemin est encore vierge. Pour le reste, vous exprimerez vos griefs à qui de droit. »

° Agréable…  °
° Je ne suis pas venu ici pour l'écouter se plaindre. °
° Ne t'ai-je donc rien appris ? °

« Je sais que vous fûtes un excellent chef de guerre quand celle-ci était notre quotidien, et que vous avez reçu l'enseignement précieux de celui qui reste l'une des plus grandes figures de l'histoire de notre Màr. » convint Levon en inclinant légèrement la tête. Le discret frémissement de ses lèvres trahissait que ce constat, cependant, n’était pas la fin de son commentaire. Il se recula dans le fauteuil sans quitter Martel des yeux et poursuivit d’un ton plus doux : « Vous n'êtes certes pas le seul nostalgique du Seigneur Hùriand – néanmoins, vous en êtes sûrement conscient, le fait que vous lui ayez servi de Second n'a plus autant de valeur aujourd'hui qu'à l’époque. Les temps changent. Vous devez prouver au Kaerl que vous êtes celui dont il a besoin, maintenant. »

Le Moredhel semblait n’avoir rien perdu de son aplomb, ni de son ego, et entendre de tels propos de la bouche d’un autre – ° Je désire, j’estime que… Il a du vocabulaire. Moi, je dis « je veux ». ° – aurait sans doute quelque peu irrité le Sang-Mêlé. Mais, venant d’une figure ayant autant connu le respect et la gloire que la honte et le déshonneur, il en concevait une certaine forme de satisfaction, un lointain réconfort. Des hommes de cette trempe, il n’en existait pas mille dans une même cité. N’importe qui aurait été en mesure de le voir : Martel Dehlekna appartenait au Màr Tàralöm, était l’un de ses prestigieux enfants. Celui qui aurait souhaité se débarrasser de lui aurait jeté au feu une partie de son glorieux héritage, et il n’aurait été qu’un sot de désirer une telle chose. Jora l’avait bien compris.

Le Sang-Mêlé frotta négligemment la barbe rase qui lui rongeait le menton et les joues, ses prunelles à l’éclat étincelant du givre plantées dans un regard à la couleur similaire. « Est-ce votre honneur ou le pouvoir que vous vous êtes mis en tête de reconquérir ? Nous ne pourrons pas vous aider à retrouver tout ce que vous avez perdu ; il faudra faire un choix et décider ce qui compte vraiment. »

Il offrit au Maître Bronze un de ces sourires sincères mais tristes qu’ont ceux refusant de perdre espoir même lorsque la tempête semble interminable, puis reprit sa contenance de commandant pour aborder les sujets plus formels. Martel avait exposé ses désirs, à lui maintenant de faire connaître quels desseins officiels animaient sa Haute-Représentante.

« Lorsque la nouvelle de votre retour aura dépassé ces murs, nous proposons d’appuyer la tenue d’un procès en bonne et due forme afin de ne pas laisser au Seigneur Iskuvar l’occasion de dispenser sa justice de manière trop expéditive. » déclara-t-il sans chercher à rendre la vérité plus belle à entendre. « Nous pensons que vous perdre serait regrettable, et une décision stupide au vu de ce que vous êtes encore capable d’apporter à notre Kaerl. Il va de soi que les Valheriens soutiendront votre … amnistie, ou à défaut, votre réintégration. »

Près de lui, toujours perché sur l’accoudoir, Vathek se balançait doucement, à la manière d’un serpent charmé par le son d’une flûte, paupières mi-closes. Il feignait l’indifférence, la nonchalance un rien insolente ; seul Levon, parce qu’il vivait à moitié sous sa peau, savait que son instinct de préservation était aussi sensible qu’une plaie à vif et que son esprit travaillait déjà à élaborer une centaine d’histoires pour faciliter la tâche de son Lié. Le Sang-Mêlé poursuivit, la mine toujours aussi affable et le ton toujours aussi implacable.

« Maîtresse Evumbrar souhaiterait que vous l'assistiez dans les affaires du Clan, et pour cela il vous faut d’abord être convenablement lavé de vos crimes. À condition qu’un siège se libère pour un Valherien de plus au Concile, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider à retrouver votre place. »
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeSam 1 Aoû 2020 - 12:06

[RP] À la lueur de l’impossible Martel-legend-vaendark-53571a7__[RP] À la lueur de l’impossible Avatar-melkor-tolorea
Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


Il avait exposé ses revendications. Dévoilé ses désirs de puissance recouvrée, de victoire sur ses ennemis, de justice et de vengeance … Tout cela étroitement entremêlé jusqu’à l’écœurement, tout cela sans pour autant livrer ses pensées profondes, sous l’apparence lisse et propre de l’honneur. Noblesse d’un objectif qui ne l’était pas tant. Laissant ses doigts se crisper sur la porcelaine ornementée, Martel avait essayé de se persuader qu’après vingt longues années à courir inlassablement après ce mirage, il était resté droit sur son chemin. Qu’Eléderkan avait tort et lui raison … Une fois de plus. Que sa quête touchait enfin au but, quand bien même celui-ci ne cessait de lui échapper, parfois se rapprochant juste assez pour qu’il puisse l’effleurer du bout des doigts, avant de s’en voir écarté avec toute la violence qu’impliquait une existence vouée au Màr Tàralöm. Il y avait tant d’obscurité inassouvie en lui !

Capiteux et raffinés, presque insupportables, les parfums du thé fumant montaient à ses narines, lui rappelant ce qui se jouait ici.

Levon n’avait pas répondu immédiatement. Avec une patience composée et réfléchie, l’étudiant tout comme il le jaugeait à travers ses paroles, le sang-mêlé avait ostensiblement pris le temps de boire avant de reposer sa tasse sur sa soucoupe. Lui aussi avait bien changé, depuis ces jours sanglants où ils se battaient tous deux sur les champs de bataille, sous les ordres d’un Seigneur que beaucoup méprisaient secrètement. Le Maître Bronze ne reprochait pas à Arkalin la guerre, selon lui inévitable, mais bien plutôt la négligence, l’insouciance avec laquelle il s’y était engagé. La gloire et la victoire dont il avait privé le Kaerl, qu’il avait arraché à celui à qui elle aurait du revenir légitimement. Celanduil Hùriand.
Si les combats avaient forgé leurs corps et leurs âmes comme le marteau sur l’enclume, les années qui avaient suivi s’était chargées de polir leur nature, d’aiguiser leur esprit, transformant les anciens soldats en de bien étranges animaux politiques. Ici aussi pourtant, chaque faux pas, chaque erreur de stratégie, pouvait se révéler mortelle. Quelle différence alors ?

Martel soupira, silencieusement, chassant impitoyablement de son esprit ces ruminations qui ne lui ressemblaient pas. L’emprise de Melkor sur son épaule se raffermit, se durcissant jusqu’à faire irradier des pulsations douloureuse tout le long de son bras, et le Moredhel redressa la tête, le dos bien droit. Prêt à considérer le prix qui lui serait réclamé. Car, enfin, Levon avait repris la parole. Et si le ton était calme, presque affable, les mots eux, s’exposaient sans fard, aussi secs qu’un coup de fouet, provoquant en lui un bien détestable arrière-goût de réprimande. Comme s’il n’avait été qu’un enfant plaintif, ou même pire, un médiocre soldat sous ses ordres. Ses lèvres se pincèrent sans chercher à cacher son déplaisir, mais Martel ne répondit rien, attendant la suite. Il ne désirait rien tant que, justement, pouvoir ‘‘exprimer ses griefs à qui de droit’’, mais il pressentait que le moment était mal choisi pour en faire part. Soit. Sa soif de vengeance attendrait.

Ainsi le Décurion était-il fidèle à sa parole : il exprimait sa pensée avec franchise, d’une manière directe et sans chercher à l’enrober, d’aucune façon, de frivoles mondanités. Le thé et toute la comédie qui allait avec n’était que poudre aux yeux, pour qui voudrait bien se laisser tromper. C’était en véritables guerriers qu’ils se faisaient face, en combattants qu’ils s’affrontaient. Et leur échange ne constituait que les toutes premières passes d’armes, de celles qui vous permettaient de jauger la valeur de l’adversaire.

A son côté, le Bronze s’agita, passant impatiemment d’un pied sur l’autre. Ce sentiment d’impuissance à pouvoir aider son frère d’âme le rongeait, et il réfléchissait furieusement à comment tirer parti de ses liens avec Vathek. Sa répartie sarcastique l’avait certes pris par surprise, mais le Noir lui avait offert en échange toute l’authenticité, la spontanéité sauvage et égocentrique de ses ressentis. Ce dernier semblait presque frétiller de plaisir, là perché en équilibre instable sur l’accoudoir auprès de son Lié. Nul doute que la discussion excitait ses instincts carnassiers, et que l’autre dragon, contrairement à lui, s’en délectait véritablement. Alors, même s’il n’avait pas la finesse de son frère de couvée dans ce domaine, Melkor s’interrogeait. Quelle influence Vathek pourrait-il avoir sur la négociation ? Le petit Noir avait paru sincère en exprimant son plaisir de les revoir.

**Nous n’avons pas l’intention de nous en laisser chasser à nouveau à l’avenir, crois-moi. Quant aux autres, ils sont simplement bien trop faibles d’esprit pour apprécier ton implication dans leurs affaires à sa juste valeur.**

Parce que la force et l’assurance étaient tout ce qu’il connaissait, et les seules choses sur lesquelles il savait pouvoir se reposer, cela s’était finalement imposé comme la seule réponse logique à lui apporter. Car, comme n’importe quel grand prédateur, la moindre exposition de faiblesse ne pourrait, nécessairement, que le pousser à se retourner contre eux. Tournant son regard rougeoyant vers Levon, l’observant à l’ombre de son capuchon, un mince rictus, cryptique, étira ses lèvres fines. L’homme lui paraissait digne de confiance, apte à traiter convenablement avec Martel. A tort ou à raison, pour l’heure, il ne pouvait pas encore en juger.

Mais déjà le Maître Noir poursuivait, avec la précision et l’économie de paroles qui caractérisait ceux habitués à commander. Et là se révélait la différence majeure d’avec le Zenghwei, qu’il soit damné pour toute l’éternité. Inclinant la tête en guise de remerciement devant cette reconnaissance de ses accomplissements, Martel soutint donc le regard clair de Levon, attentif au peu qu’il pouvait lire sur son visage buriné par les éléments.

**Malgré les années, tu as encore son respect. Tu as peut-être une chance de te faire entendre, malgré son appartenance au Clan Valherien.**
*Je ne ferai pas l’erreur de croire qu’il se laissera convaincre pour autant. Il sait ce qu’il doit obtenir et il suivra les ordres de Jora, quoi qu’il advienne.*

Son discours était en demi-teinte. Même sans nier les services que le Moredhel avait rendu durant la Guerre, le Décurion reléguait le passé à la place de simples souvenirs, remettant le présent, et plus encore l’avenir, son avenir au sein du Màr Tàralöm, au cœur des tractations.

Ses traits anguleux se tendirent, et ses sourcils se froncèrent au dessus de ses iris glacés tandis qu’il le questionnait, indirectement, sur ce qu’il pouvait apporter au Kaerl. Avait-il donc perdu tant, en échouant lors de son combat contre Iskuvar ? Perdu plus que son honneur, humilié là sous les yeux de tous ces vautours avides, prêts à retourner leur veste pour quiconque leur ferait une offre alléchante ? Lui qui se réclamait héritier de Celanduil Hùriand, ne s’était-il pas précipité vers un destin similaire ?

**Et pourtant, contrairement à lui, tu as survécu. Seregon a clairement choisi de te protéger, en t’exilant.**
*Ce foutu rusé de borgne a toujours favorisé Iskuvar, ose seulement prétendre le contraire.*
**Martel ...**

« La plupart ici bas se laissent facilement attirer par tout ce qui brille, vous le savez aussi bien que moi, je pense. Ils oublient vite ceux envers qui ils sont redevables pour se tourner vers ceux qui leur promettent gloire et fortune. J’ai été Second, Décurion Etincelant, puis Sang. Je sais ce qui incombe à ceux qui dirigent. »

Que pouvait-il dire de plus ? Il ne supportait pas l’idée de devoir se vendre. Pour lui, la valeur et la confiance passaient par les actes, et non par les mots ou le sang.
Martel reposa la tasse sans y avoir touché, non plus par méfiance – le sang-mêlé y avait bu, et la maison Zenghwei aurait beaucoup à perdre en empoisonnant l’envoyé de la Haute Représentante en sus de leur précieux ‘‘invité’’ – mais poussé par une forme de mépris envers ces arômes fleuris et entêtants. Il esquissa un sourire dur, peu amène. Conscient de ce que tout cela sous-entendait.

« Je prouverai ma valeur lorsqu’il m’en sera donné l’occasion. J’en fais le serment, ici et maintenant. »

Aurait-il été encore le même homme, si plein de son importance, si certain de sa victoire, qu’il se serait certainement levé pour quitter la pièce, refusant d’en entendre plus. Lentement, années après années, il avait gravit les échelons, conquérant avide et jamais totalement satisfait, toujours dans l’ombre de son ancien Maître … Cherchant à le dépasser, peut-être, tandis que le vieux renard, avec un amusement non feint, l’observait se battre inlassablement contre ses démons intérieurs.
Respect et loyauté. Force et justice. Pouvoir et honneur … A ses yeux et pour ce qui le concernait, ces notions étaient indissociables. Pourquoi s’imposer un choix ? L’Elfe secoua la tête, l’expression sombre, animant par le même mouvement la lourde tresse neigeuse qui reposait sur son épaule. Il ne voulait pas voir, pas reconnaître la tristesse affichée par le Décurion. Il ne voulait pas de sa pitié.

Il lui semblait commencer à deviner ce que Levon réclamerait comme prix, au nom du Clan Valherien. Que dans son état actuel, exilé, destitué de tous ses titres et ses rangs, il serait exigé de lui qu’il recommence au plus bas de l’échelle. L’idée lui était intolérable.

Une colère froide, glaciale, et pourtant ô combien dévorante, s’agita au creux de son ventre, allumant un feu dansant dans ses iris pâles. Et pourtant il se tint coi, attendant la sentence dans un silence qu’il n’était pas difficile de déchiffrer. Il avait eu, et avait toujours, un respect certain pour Levon, pour son franc-parler et sa façon, rationnelle et méthodique, de régler les problèmes qui se présentaient à lui. Que l’on tente – bien futilement – de se servir de cela contre lui ne faisait qu’alimenter son mépris, envers tous ces pitoyables intrigants qui espéraient tirer leur épingle du jeu en le manipulant. Il ne leur ferait pas ce plaisir, ni maintenant, ni jamais.

**Tu as besoin d’alliés fiables, mon frère, aujourd’hui plus que jamais. Tu devrais ...**
*Tu es le seul dont j’ai réellement besoin à mes côtés.*

Le seul qui ne le trahirait jamais. La déclaration, par ce qu’elle avait d’inattendu, de purement et simplement anormal venant de Martel, insuffla en Melkor un vent soudain d’angoisse et de panique, le poussant à se tourner, presque suppliant, vers son frère de couvée, alors même que le Maître Noir ouvrait la bouche pour leur dévoiler les desseins de la Haute Représentante.

**Vathek !**

Trop tard, bien trop tard. Le couperet était tombé, brutalement, et le visage blême, ses paupières étroitement fermées, le Moredhel s’était laissé aller contre le haut dossier de son fauteuil. Que les Valheriens souhaitent un siège au Concile en échange de leur soutien n’était rien au regard de ce qu’il lui faudrait subir pour en arriver là. Un procès. Un procès officiel devant tout le Kaerl. Jugé par ses anciens pairs, pour ses prétendus crimes ... Foutaises ! Comme s’il avait besoin de cela pour être protégé d’Iskuvar ! Comme s’il n’était pas capable de lui faire face, comme s’il se terrait là, dans l’ombre honnie du Zenghwei, parce qu’il craignait de l’affronter ! Qu’il vienne donc !

**Dans ton état actuel, tu ne ferais que gâcher cette chance qui t’est offerte. Il finirait inévitablement par avoir raison de toi. Reprend-toi, Martel !**

Le regard sanglant du dragon, rivé sur son Lié, s’auréolait à présent d’une lueur menaçante, avertissement à l’unique destination du Moredhel qui partageait son âme et son cœur. Le sang-mêlé n’était pas responsable. Par trois fois Martel avait refusé de l’écouter, préférant se complaire dans son malheur. Il était bien conscient de ne pas posséder ce sens aigu de la stratégie qui caractérisait habituellement son frère, mais il était temps que ce dernier sorte enfin de ce marasme dans lequel il s’embourbait. Ils étaient en vie, ils étaient de retour au Kaerl, et on leur offrait, enfin, contre toute attente et sur un plateau d’argent, une opportunité de se venger. Tout était encore possible ! Rien n’était terminé, rien n’était définitivement perdu : au contraire, tout ne faisait que commencer.

Lorsque l’Exilé rouvrit les yeux, il y avait dans ses prunelles un éclat tranchant, faisant parfaitement écho à la férocité implacable qui s’était gravée sur le visage anguleux du Bronze. Une détermination le poussant à ne pas faillir, à emprunter cette voie qui se présentait à lui, qu’importait la souffrance qui l’y attendrait, une fois encore.

« Je comprends … La nécessité d’un procès. »

Et c’était l’expression de la pure vérité. Se servir de la loi pour contrer Iskuvar, pour s’assurer qu’il soit pieds et poings liés, impuissant face à lui. Il n’avait nul doute qu’il essayerait de régler cela en lui envoyant des assassins, dans l’ombre traîtresse des corridors du Màr, mais il saurait en faire son affaire.
A peine plus qu’un murmure rauque, sa voix avait tranché le silence à la manière d’une lame pénétrant délicatement la chair pour en faire couler le sang. S’humectant les lèvres, Martel étendit ses mains le long des accoudoirs, calme en apparence seulement, pour quiconque ne pouvait entendre le tonnerre de son cœur battant rageusement dans sa poitrine. Il était évident que les Valheriens n’avaient aucun intérêt à le laisser libre. Il échangerait ainsi un maître contre un autre, peut-être bien plus redoutable. Il n’avait pas d’autre option que d’accepter, pas assez naïf pour penser survivre longtemps à un refus.

**Si tu assistes Jora, tu afficheras aux yeux de tous le soutien du Clan Valherien et la confiance qu’ils t’accordent. C’est un marché honnête.**

Son regard vrillé sur Levon, lèvres entrouvertes pour laisser voir ses canines ivoirines, Melkor sentit l’accord muet de son Elfe. Bien. Avec l’intelligence de Martel et sa propre puissance, ils écraseraient tous ceux qui se dresseraient devant eux. Le dragon était prêt à en faire le pari devant les Dieux.

« J’accepte votre proposition. Qu’un procès soit organisé pour juger de mon bon droit. Je conseillerai la Haute Représentante et assurerait un siège supplémentaire au Clan Valherien en échange de sa … collaboration. Je m’y engage. »

Il avait finalement choisi, qu’importait que ce soit la mort dans l’âme. Choisi ce qui importait le plus, entre le pouvoir et son honneur. L’un découlerait naturellement de l’autre, pour peu qu’on lui en laisserait le temps.

« Je réclame une clause supplémentaire à ce contrat. Cela fait bien trop longtemps que nous sommes obligés de vivre ici comme de vulgaires serviteurs ; mon frère et moi-même avons besoin de retrouver notre forme physique. Une fois notre retour dévoilé au grand jour, nous devrons pouvoir faire face, la tête haute, à ceux qui attenteront à notre vie, sans devoir nous cacher sans cesse dans l’ombre du Clan Valherien. Que nous proposez-vous pour y remédier ? »

Déconcerté par l’intervention arrogante de son Bronze, Martel haussa un sourcil vaguement amusé sur lui, avant de reporter sur attention sur le Décurion, dans l’expectative.


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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeVen 7 Aoû 2020 - 11:50

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

À la remarque de son frère Bronze, un rire sec avait secoué l’enveloppe squelettique, blafarde de Vathek. Toujours si direct et simple, celui-là ! Un vent chargé d’assurance et d’arrogance soufflait derrière chacune de ses paroles, et le Noir en laissa le souffle ardent caresser ses joues livides.

° Ahah, crois-tu vraiment ? Je pensais qu’un plumage noir était de mauvais augure. M’est avis qu’ils ont toutes les raisons de fuir quand ils m’aperçoivent, et que tu serais bien avisé d’en faire de même avant de me laisser l’occasion de… t’assister dans tes affaires. ° Il fronça les sourcils et afficha une expression de pure incompréhension. ° Je ne sais pas pourquoi ; je veux bien faire, mais c’est comme si j’étais tout simplement incapable d’y parvenir. °

Habitué aux lubies de son Lié, Levon n’était pas perturbé par les soubresauts imprévisibles qui naissaient sous son épiderme de cuir tanné. Caressant le pourtour de sa tasse du bout du doigt, il pensait, pendant que Vathek jouait. En toute honnêteté, la Sang-Mêlé songeait que Jora Evumbrar avait fait preuve d’une bien étrange pudeur en élaborant la liste de ses exigences. Qu’avait-elle bien pu craindre ? Les Dominants étaient menés par un opportuniste de mauvais goût qui n’aurait sans doute rien souhaité de plus que d’obtenir le chef de son prédécesseur en guise de décoration, et nul n’ignorait que le représentant des Introvertis n’avait pas encore réglé tous les contentieux qui le liaient à son ancien frère d’armes. Était-elle restée volontairement si évasive pour éviter de donner à Martel trop de raisons d’aller quérir l’aide d’Eléderkan Garaldhorf, alors ? Il cilla une fois, deux fois, trempa ses lèvres dans le thé encore fumant et constata avec une pointe d’amusement que l’Elfe ne semblait pas le trouver à son goût.

° La glace n’est guère indulgente envers les mignonnes fleurs. °
° Ce sont les fleurs qui font trop les difficiles. °

« Vous et moi ne sommes pas comme eux. Mais nous ne pouvons pas prétendre être aveugles, ni agir comme s’ils ne méritaient pas d’être contentés. » répondit le Sang-Mêlé en se reculant dans le large fauteuil, un frisson de déplaisir parcourant ses épaules lorsqu’il sentit la main de son Lié venir jouer dans sa nuque, tirer sans réelle délicatesse sur les fins cheveux qui poussaient là. « Il y a aussi ceux qui courent toujours après l’honneur comme les pies sont attirées par un scintillement lointain. Gloire, fortune, titre, serments ou loyauté. Le pouvoir a de multiples formes selon celui qui pense le détenir, mais n’est jamais plus dangereux qu’entre les mains de celui qui parvient à persuader qu’il est capable de le donner. »

« Quant à votre valeur… » Les ongles de Vathek raclèrent sa peau en secret. « Il appartient à vos ennemis d’en juger. »

Levon but une nouvelle gorgée avant de reposer sa tasse. Il n’appréciait pas non plus le choix qui avait été fait par la petite servante – ° Pas plus de fleurs sous les dunes, alors. ° – mais doutait pour autant qu’aucune autre option dans les cuisines Zenghwei eût été capable de satisfaire son palais. Les mains débarrassées, il put les joindre sous son menton pour finalement annoncer le prix qu’exigeait Jora. Vathek goûta la détresse de son frère Bronze avec un enthousiasme que son Lié trouvait particulièrement déplacé et qu’il ne tenta même pas de dissimuler, remuant comme un enfant pressé de quitter la table, malmenant sa lèvre inférieure entre ses dents, si minuscules sous cette forme. Le Dragon n’était pas connu pour faire cas de ce qui était convenable ou non. Il offrit une œillade à la fois désolée et moqueuse à Melkor, puis haussa vaguement les épaules.

° Ton Lié a gravi l’échelle, et quelqu’un l’a fait tomber. Il la gravira une seconde fois. Qu’importe ? Comme tous, il la gravira, encore et encore, jusqu’à ce que ses bras refusent de le porter ou jusqu’à ce que la prochaine chute lui brise la nuque. °

Son regard d’ardoise se posa sur la forme avachie de Martel tandis que Levon détournait les yeux pour lui laisser un semblant d’intimité, faisait mine d’arranger les parchemins sur la table basse. Élégamment, le Dragon décroisa les jambes et se glissa dans le dos de son Lié, jetant ses bras autour de son cou comme la corde autour de celui d’un condamné à mort et coinçant sa tête dans le creux de son épaule pour attendre la suite. Silencieux quoique visiblement irrité par la proximité de Vathek, qui lui donnait parfois l’impression de vouloir le chasser de sous sa propre chair, le Sang-Mêlé fronça les sourcils en croisant le regard de Martel. Il avait pris sa décision – et celle-ci s’avéra être un soulagement, doublé d’une réussite. Un franc sourire tordit les rides et les cicatrices creusant le visage terne du Décurion dans toutes les directions possibles.

« Je n’en doutais pas. » annonça-t-il, troquant un instant sa rigueur militaire contre une gaieté chaleureuse qui révélait l’éclat de ses iris et laissait, encore aujourd’hui, apparaître en filigrane le souvenir du jeune soldat qu’il avait été. Il avait beau être habitué à obtenir ce qu’il voulait, Levon n’arrivait pas à échapper au distant sentiment d’émerveillement qui le traversait à chaque nouvelle victoire, aussi petite fût-elle. Il se pencha en avant pour récupérer la plume, forçant son Lié à lâcher prise, mais s’interrompit en entendant s’élever la voix de Melkor.

« C’est une condition qui me semble parfaitement honnête. » convint le Maître Noir, fixant son regard dans celui du Dragon, où couvaient d’immortelles braises.

Le Clan Valherien ne manquait pas de bons guerriers, à commencer par lui-même, mais Levon n’accordait pas facilement sa confiance et il était hors de question de laisser Martel entre les mains de n’importe qui – ° N’importe qui avec un tant soit peu d’ambition et guère beaucoup plus d’attaches politiques. Occire Dehlekna, peu importe si cela est accompli dans l’honneur ou par la fourberie, est un fantasme répandu. Surtout dans ce Kaerl. Même toi tu le sais. ° Néanmoins, le Sang-Mêlé ne pouvait pas se porter volontaire sans mettre en péril l’accomplissement de ses principaux devoirs. Il était un homme de parole, et surtout de priorités. Peut-être un membre de sa Décurie, alors… Ces gamins le craignaient assez pour étouffer leurs hypothétiques velléités de gloire. Ils avaient tous rapidement pris conscience qu’une couronne ne vous profitait jamais que si vous possédiez encore votre tête pour la porter.

« Je vais devoir y réfléchir. Nous ne pouvons pas prendre votre sécurité à la légère. » Il se saisit de la plume, écarta d’un geste les tasses oubliées, puis arqua un sourcil en laissant son regard aller du Moredhel à son Lié. « À moins que vous n'ayez besoin d’un nom dès à présent ? »
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeDim 16 Aoû 2020 - 20:53

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Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


D’un rire spasmodique et un simple sourire, venant fendre de part en part son masque quasi mortuaire, Vathek était parvenu à arracher un frisson de malaise soudain à son frère Bronze. Sous sa chevelure couleur aile de corbeau, ses iris d’ardoise papillonnaient et pétillaient, visiblement ravi par le duel psychologique entre les deux hommes. En réponse, Melkor ne lui avait pas moins adressé un haussement d’épaules ourlé d’une certaine dérision. Il ne craignait pas le Noir, pas comme le commun des dragons pouvait l’entendre. Il reconnaissait la délicieuse menace qui tourbillonnait autour de sa frêle carcasse, pertinemment conscient qu’elle ne résidait pas sur le plan physique mais bel et bien dans son esprit aux atours … parfois dérangés.
Lui-même pouvait paraître pour un dragon simple, trop brut de décoffrage pour les finesses de la politique, mais ainsi était-il fait, créature née de la violence des éléments, de la fureur du volcan. Il laissait les interminables réflexions à son Lié, veillant dans son ombre, attendant l’heure pour lui de se déchaîner et de faire couler le sang. Il était l’imprévisible morsure du fouet sur la chair tendre, la brûlure insoutenable du fer rouge, la sauvagerie des crocs brisant les os … Mais en dépit de ses dehors frustres et primitifs, il savait se montrer patient et observateur. A l’affût de la moindre opportunité pour frapper. En parfait équilibre avec la froideur rationnelle de son Elfe, prêt à faire souffler les flammes dans son esprit, pour briser la glace qui l’étouffait dans son emprise mortelle.

Ses doigts s’enfoncèrent encore un petit peu plus dans l’épaule de Martel avant de s’en détacher, ressentant la douleur irradier lentement dans leurs âmes mêlées. Il refusait de le laisser faillir et tenait bien à ce qu’il le sache.

**Nous verrons cela, mon frère. J’ai confiance en toi.**

Ainsi Melkor s’était-il adressé à Vathek, affirmant là sa conviction profonde, soufflée par de persistantes effluves d’audace et de morgue.

« Il y a aussi ceux qui courent toujours après l’honneur comme les pies sont attirées par un scintillement lointain ... »

Martel, son regard rivé dans celui de Levon, la respiration calme quoi qu’intérieurement un peu trop oppressée, s’était inévitablement raidit à la réponse du Décurion. Piqué au vif par ce qui était sous-entendu. Encore une fois. Rechercher l’honneur, désirer le pouvoir, la puissance. N’était-ce pas ce qui faisait la légitimité des hommes au sein d’une société telle que le Màr Tàralöm ? Au delà des liens de sang, de la richesse et de l’influence. N’était-ce pas ce qui prouvait la réelle valeur des hommes ? Sa mâchoire se serra, et il esquissa un rictus aigre, chargé d’ironie. Il comprenait le propos derrière sa réflexion, mais n’appréciait guère la leçon qui semblait se glisser entre ses mots, fut-elle issue d’une expérience de vie.
Il hocha néanmoins la tête, renvoyant les doutes incessants qui le rongeaient dans les profondeurs de son inconscient. Qu’importait ce que le sang-mêlé pouvait penser de sa quête. Qu’importait ce que ses ennemis penseraient de lui. Il s’assurerait qu’ils s’agenouillent devant lui, qu’ils reconnaissent sa domination sur eux et baissent la tête avec humilité. Il leur ferait payer, cher, à tous ceux qui osaient le sous-estimer et se railler de lui. Le Zenghwei se trouvant en tête de liste. Un jour viendrait ...

« Je vous accorde ce point. Mais ainsi que vous l’avez dit, nous ne sommes pas comme eux, n’est-ce pas ? »

Puis vint l’heure du choix, et la sentence fut prononcée. Le visage hâve sous le peu de hâle qu’il avait conservé de sa vie de vagabond, ses paupières s’étaient closes, les battements de son cœur se faisant douloureux entre ses côtes. La panique de Melkor lui vrillait l’esprit, le transperçant de part en part, et il vint masser ses tempes d’une main, rejetant dans un sursaut infime son emprise sur son âme. Pouvait-il réellement dire qu’il ne s’y attendait pas ? Qu’il soit rassuré. Il n’avait pas fait tout ce chemin pour abandonner maintenant.

Fronçant les sourcils sous l’ombre de son capuchon, le Bronze avait suivi les simagrées de Vathek avec son Lié, pas outre mesure perturbé par son petit jeu. Il lui évoquait un serpent, l’oeil toujours en éveil et prêt à mordre, frottant avec langueur ses froides écailles contre la délectable chaleur des corps. Sa réponse détachée à ce qui avait du lui paraître un appel au secours ne le surpris donc pas, tout au plus fut-il décontenancé quelques instants. Il acquiesça finalement, quoi qu’à contrecoeur, les poings serrés, l’expression sombre et le regard flamboyant.

**Je ne le laisserai pas chuter une nouvelle fois sans réagir, Vathek.**

De Levon n’émanait en revanche que patience et compréhension, avant que Martel ne lui fasse enfin part de sa décision. Alors seulement, un sourire, visiblement sincère et satisfait, éclaira le visage buriné du Décurion, adoucissant un instant ses reliefs creusés par une vie de guerre et de combats. Il n’en doutait pas ? Il n’avait pas douté un seul instant de la teneur de sa réponse ? Cette assurance vint blesser sa fierté, déjà largement mise à mal par la perspective de devoir faire … amende honorable, de faire preuve d’une humilité de façade dont il n’en ressentait pas la moindre once. Un procès. Plus que tout le reste, c’était cela qui faisait naître une vague âcre dans le creux de ses entrailles.
L’intervention de son Lié, provocatrice et assurée, ne fit qu’attiser les braises avides qui reposaient en lui, mais il se força à reprendre son calme, ses iris d’un bleu glacé allant de la silhouette osseuse de Melkor à celle, plus solide, du sang-mêlé. Ainsi en étaient-ils réduits à mendier la pitié des autres, à faire assaut d’une imprudente arrogance pour obtenir ce qui leur était dû.

Un instant, le Bronze et le Maître Noir se jaugèrent du regard, le dragon gardant la tête haute sous son examen, peu soucieux du tour que prendraient les réflexions intérieures du bipède. Ce qui leur appartenait, ils le reprendraient. L’accord de Levon ne lui parut ainsi qu’entrant dans l’ordre des choses, et Melkor découvrit lentement ses crocs, dans un sourire de chat s'appropriant un pot de crème. Voilà qui était plus équitable et plus juste pour eux.

Laissant échapper un rire sec à la question du guerrier, Martel secoua la tête, levant une main pour appuyer ses propos.

« Nul besoin de faire votre choix immédiatement. Je fais confiance au Clan Valherien pour me fournir son meilleur guerrier. »

Songeur, le Moredhel soupira lourdement. Pouvait-il pousser encore son avantage ? Là où Melkor insisterait certainement sur la qualité de leur logement et de la nourriture qu’il leur était fourni, ses préoccupations étaient moins … bassement matérielles. Il y avait en vérité une chose qu’il souhaitait récupérer, et qui devait certainement se trouver en la détestable possession du del Hendrake. Ce crétin opportuniste … Qu’il se croie en sécurité, intouchable à la tête du Clan Dominant. Aux côtés de Yong’Wu Zenhwei, Aodren paierait tôt ou tard pour avoir cru pouvoir le manipuler comme un simple pion sur un jeu d’échec. Et il s’assurerait que ses souffrances soient à la hauteur de ses fautes : aussi terribles qu’interminables.

« A l’issue de mon … jugement – il cracha le mot comme s’il avait eu en bouche un goût désagréable – je veux que me soient remis mon épée et mon armure d’écaille. »

Car cette issue ne pouvait que – devait impérativement être, favorable, n’est-ce pas ?

« Ils sont la preuve tacite de mon statut. Je souhaiterai les récupérer. »


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMer 19 Aoû 2020 - 1:44

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

Le meilleur guerrier du Clan Valherien ? La formulation fit tiquer Levon tandis qu’il passait en revue les membres de sa Décurie. Oh, non, ce n’était pas tout à fait ce qu’il avait en tête … ° Pourquoi donc se limiter ? ° Et puis, Jora serait bien trop heureuse d’avoir un pion en plus sur l’échiquier et il ne pouvait pas lui faire se plaisir. La Haute-Représentante s’était déjà suffisamment amusée à le prendre pour un simple messager – ° Un brave commis choisi spécialement pour manipuler les éventuels élans nostalgiques de sa proie. ° Il ne pouvait pas se résoudre à la laisser abuser de son statut, pas plus que de la situation de Martel. Le Sang-Mêlé se redressa à peine, fermant à moitié les paupières alors même que Vathek, dans son dos, faisait de même, un grognement enchanté faisant vibrer ses côtes.

Leur symbiose était si complète, si pernicieuse qu’il lui devenait difficile de correctement distinguer ses pensées de celles de son Lié. Il ne pouvait se fier qu’aux vagues effluves qui accompagnaient généralement celles-ci – poussière, roche humide ou végétaux pourris. Plongées dans des ténèbres poisseuses, elles avaient par moment le scintillement lointain d’une lame dissimulée sous une cascade de soie ou de velours, l’éclat discret d’un serpent rejoignant sa cache dans les hautes herbes au cœur de la nuit. Sous son masque impassible, il pouvait sentir son propre souffle s’accélérer, était conscient que sa température corporelle augmentait anormalement et n’ignorait pas ce que cela signifiait – ni qui était à l’origine de tous ces détestables symptômes.

° Vathek, calme-toi… °
° Comment veux-tu que je garde mon calme alors que ton âme est si délicieuse, grand frère ? C’est plus fort que moi, je t’aime ! °
° Si tu le dis. °
° Tu ne me laisses jamais te remercier… °

Les deux Liés furent interrompus dans leur échange par une nouvelle demande de l’Exilé et, d’un même mouvement, deux paires d’yeux se posèrent sur le visage aux traits tirés du Moredhel. Les lèvres ourlées en un rictus acide, Vathek gloussa doucement tandis que son Lié prenait le temps d’examiner la réclamation. Il ne fit pas durer l’attente.

« Votre épée et votre armure vous seront rendues lorsque vous aurez retrouvé le statut dont elles sont la marque. » répondit-il fermement sans ciller, puis, après une courte pause, il leva une main, paume ouverte, vers l’Elfe et son Lié. « Cependant, nous pouvons les récupérer en votre nom et les garder en guise de … caution. Pour votre bonne conduite. Vos effets se trouvent vraisemblablement en la possession du fils del Hendrake, mais celui-ci n’a absolument aucun droit dessus. Seul le Seigneur Iskuvar pourrait éventuellement les exiger, en tant que trophées. Nous pouvons nous arranger pour qu’ils soient – temporairement – confiés à la bonne garde du Clan. »

La mention d’Aodren orienta naturellement les pensées du Sang-Mêlé en direction de sa dernière recrue. Nagendra Tuncay, Chevalier Bronze, et, à en croire la façon dont celui-ci s’était vu offrir une place de Verseur de Sang, un jouet qui plaisait particulièrement au Haut-Représentant Dominant … ° Pour le moment. ° Le jeune Humain n’avait pas perdu de temps avant de révéler sa volonté de s’imposer comme l’un des meilleurs soldats de la Décurie et Vathek disait qu’on sentait sans trop de peine la marque gelée que la peu regrettée Dorcha Elerinna avait laissé sur son corps et son âme. Un Dominant, lui aussi. ° Et peut-être même un soutien potentiel ? Psychologiquement, Martel a bien besoin d’un peu de réconfort… Mais je ne me porterai pas garant de son ego s’il venait à apprendre qu’il inspire encore la jeunesse du Màr. Pour ce qui est d’Aodren, en revanche – °

Ce Fëalocë méritait qu’on lui rappelle où se trouvait sa place. Il pouvait parader et épater les volailles de la basse-cour autant qu’il le souhaitait, intriguer, mentir et disposer des uns et des autres selon ses ambitions, mais il n’avait pas le droit de se mêler des affaires de l’armée. Ses grotesques lubies de collectionneur, ses caprices insatiables… Tout cela mettait en danger l’intégrité du Kaerl et de ses défenses. Alors, oui, mettre l’un des fidèles serviteurs du del Hendrake au service de Martel avait un goût fort plaisant de juste retour des choses, souligné d’un trait d’ironie.

° Tu n’as aucune idée de ce que tu me fais. °
ronronna le Noir, un souffle fébrile sous ses longs cils frémissant. Par la force de l’habitude, Levon n’eut aucun mal à laisser glisser sur lui le commentaire de son Âme Sœur et ses insinuations crasseuses qui résonnaient de toute manière en désaccord avec la vibration de leur Lien. Eût-il été plus stupide, peut-être le Sang-Mêlé aurait-il craint de le voir se perdre, comme Aran’Rhiod, dans la splendeur fantasmée de son propre reflet. Il connaissait assez le Dragon pour savoir qu’il n’en était rien. Le Décurion passa la langue sur ses lèvres, où s’attardait l’âpreté du thé et reprit, cherchant à accrocher le regard hivernal de son vis-à-vis :

« N’y voyez aucune malignité de notre part. Nombreux sont ceux qui voudront vous trainer dans la boue et qui n’attendront rien de moins qu’une série d’humiliations publiques. Des lâches, qui ne savent affronter leur ennemi que lorsque celui-ci se trouve pieds et mains liés. Ils ne méritent pas qu’on leur offre cette opportunité. Pour autant, nous sommes contraints d’agir avec le plus grand respect envers les lois de notre Kaerl, car il n’y a qu’ainsi que nous pouvons espérer votre retour. »

En d’autres temps, en d’autres lieux, il ne se serait jamais permis de s’adresser à l’Elfe comme à un jeune guerrier cherchant encore la rassurance d’une figure de confiance. Néanmoins, il ressentait aujourd’hui la nécessité d’effacer les fausses idées que Yong’Wu Zenghwei avait pu implanter, par son comportement indigne, dans l’esprit de Martel.

« Vous comprenez la délicatesse de la situation dans laquelle vous vous trouvez actuellement – et celle dans laquelle le Clan se retrouvera dès la signature de ce contrat. »

D’un pas léger, rythmé par un déséquilibre soigné qui pouvait autant évoquer le danseur que l’ivrogne, le Noir traversa l’espace qui marquait implicitement la frontière entre l’Exilé et ses chances de rédemption pour envelopper la silhouette de Melkor dans la noirceur impossible de ses bras pâles et décharnés. Poussant un soupir d’aise, il se délecta de la chaleur des flammes menaçant de percer la chair illusoire du Bronze, inspira à pleins poumons l’odeur enivrante de soufre, plus forte sous la lourde masse cuivrée recouvrant ses épaules.

Au-delà du plaisir coupable que représentait la vague de dégoût émanant de son Lié face à ce geste qu’il jugeait sans doute déplacé, Vathek fut parcouru par un soulagement sincère en se blottissant contre le corps de son frère, peut-être né du chaos viscéral et primitif de son essence draconique. N’avaient-ils pas partagé un même sommeil, avant de percer leur coquille ? Et si les liens du sang avaient perdu de leur sens depuis qu’Hommes et Dragons avaient mêlé leurs âmes, avaient érigé les Kaerls, alors peut-être n’était-ce là qu’une vague réminiscence d’un temps oublié où les Enfants de Flarmya parcouraient encore librement les cieux de Rhaëg.

Avec une forme de regret qu’il dissimula derrière un sourire dégoulinant d’une perfidie mélancolique et pestilentielle, le Noir se détacha de Melkor et alla retrouver sa place auprès de Levon. Le Sang-Mêlé rafla la plume posée sur la table basse et déboucha prestement l’encrier.

« Est-ce entendu ? Le Clan Valherien vous protégera et exigera la tenue d’un procès, à l’issue duquel vous entrerez au service de Maîtresse Evumbrar afin de prouver à tous votre valeur et votre engagement à servir votre Màr. En échange de notre appui, vous nous fournirez un siège supplémentaire au Concile dès lors que vous aurez retrouvé votre statut de Sang. J’assurerai personnellement votre sécurité au sein du Kaerl. Pour cela, je mettrai à votre disposition l’un de mes meilleurs éléments qui veillera à ce que vous soyez correctement logés, nourris et traités en attendant le procès. »


L’air sérieux, il lissa le parchemin entre ses doigts calleux et interrogea du regard le Bronze et son Lié.
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeVen 21 Aoû 2020 - 18:41

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Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


Une même flamme irradiant de leur iris pourtant si dissemblables, l’Elfe et le Bronze scrutaient leurs vis à vis, toujours à l’affût du moindre des gestes de l’autre couple de Liés, de la moindre tension, du moindre changement dans le regard du demi-sang. Installés là, trônant presque, dans toute leur fatuité, mais drapé dans toute la conscience de ce qu’ils avaient perdus, l’Exilé patientait, occultant volontairement le brasier insatiable qu’alimentait Melkor au creux de son ventre. Plus, toujours plus … Le dragon sentait que la possibilité de se tenir au sommet ne tenait plus qu’à un fil, un fil fragile, prêt à se dérober à eux encore et encore. Privant alors son Lié de toute la lumière qui lui était due, le laissant, brisé à jamais, dans toute l’agonie infinie de ses propres ténèbres. Ainsi qu’il l’avait juré, il ne laisserait plus une telle chose se produire. Et le seul échappatoire, la seule possibilité qui s’offrait à eux reposait dans le creux des mains d’un homme qui avait autrefois été leur subalterne. Il leur fallait avancer, sans même songer à s’arrêter, sans un regard en arrière.

Sagement, prudemment, Martel ne disait rien, ne cherchant pas à argumenter plus avant. Il avait exprimé sa volonté, placé sur la table des négociations les objectifs qu’il comptait atteindre. Rien ne servait de se hâter, de presser trop le Décurion par des demandes au prix trop exorbitant. L’autre homme l’avait dit : il lui faudrait d’abord prouver sa valeur, et la fiabilité que l’on pouvait lui accorder. Petit à petit … Au fur et à mesure qu’il s’élèverait à nouveau, il pourrait commencer à placer ses pions. Patience. Il devait se montrer patient.
Et pourtant, quoi qu’il aurait certainement pu prévoir une telle réponse, le refus de Levon vint attiser les braises de sa colère et de son humiliation, incitant ses doigts à se crisper sur les accoudoirs de son fauteuil. Lorsqu’il aurait recouvré le statut dont son armure et son épée étaient la marque … L’angle de sa mâchoire se durcit et son visage se vida de toute expression. Percevant le soudain blizzard sifflant et mordant à travers leurs âmes partagées, Melkor croisa les bras, fronçant les sourcils, le menton levé en une mimique belliqueuse. Oseraient-ils se servir des désirs de Martel comme d’un otage pour s’assurer de sa coopération ?

Le Bronze baissa les yeux sur son Lié, vigilant, observant les mains pâles du Moredhel se détendre avec une lenteur accablante alors que le demi-sang poursuivait, développant son propos premier dont il avait sans doute perçu le côté passablement … Abrupt. La mention du del Hendrake puis d’Iskuvar sembla se cristalliser en son sein comme une statue de haine, et Martel pris le temps d’une profonde inspiration avant de reprendre la parole, pesant soigneusement ses mots.

« Qu’elles aient été en possession du Seigneur Iskuvar au lieu du del Hendrake n’aurait rien changé à ma détermination d’aller récupérer ce qui m’appartenaient de mes propres mains, tôt ou tard. » Il redressa à demi la tête, jaugeant le Décurion. « Mais puisqu’il doit en être ainsi, je m’incline. Vous me voyez obligé de faire confiance en la probité des dirigeants du Clan Valherien. »

Son respect pour Levon le poussait à l’avertir, quoi que de manière sous-entendue. Il respecterait ses serments, contraint et forcé par sa parole donnée, mais il ne tolérerait pas un seul instant la trahison. Il se refusait à être une marionnette pour Jora, dont elle pourrait user à son gré et selon ses besoins, s’en débarrassant si d’aventure la situation politique devait tourner à son désavantage.

Chacun se recentrant sur ses réflexions intérieures, la conversation s’éteignit naturellement. Lassé et proche de l’écœurement, le Moredhel porta un regard irrité sur la tasse de thé abandonnée sur la table basse. Selon toute apparence, le breuvage n’était pas au goût non plus du soldat, qui s’en était bien vite désintéressé. L’un comme l’autre le trouvaient certainement bien trop doucereux à leur palais.
Loin d’être soulagées par le verdict qui lui avait été apporté, les crispations douloureuses dans ses muscles paraissaient en avoir été encore renforcées. Une telle impuissance, de telles mondanités absurdes lui étaient insupportables, et lui donnaient envie de se jeter à corps perdu sur le champ de bataille, une arme à la main … Tout plutôt que cette inaction pesante qui rongeait tant son bon sens que sa santé mentale. Hélas pour lui, le combat d’aujourd’hui devait être mené à la pointe de la plume.

Depuis combien de temps n’avait-il eu pas de conversation censée et intelligente, avec quelqu’un qui ne le considérait non pas comme un outil ou un animal sauvage à domestiquer, avec quelqu’un capable de faire tout à la fois preuve d’honneur et de franchise ? N’avait-il pas perdu bien plus que ce qu’il n’y paraissait, durant ces neuf dernières lunes, comme si, d’un claquement de doigts, trente années de vie au Màr Tàralöm avaient été oblitérées ?

**Tout cela et bien plus encore tu le récupéreras, si tu le désires vraiment. Nous y veillerons. Il nous suffira de nous en saisir et ...**

Ses iris glacés dérivant sur le parchemin attendant que le contrat soit acté et signé, ses doigts se portèrent à son cœur, où le pendentif au dragon était niché sous sa chemise. Les dernières paroles de son Bronze s’étaient fondues dans un brouillard indistinct et il n’y prêta plus attention. Il devrait se débarrasser de l’artefact. Bientôt. Avant que sa vie ne lui échappe définitivement. Couvert par le Clan Valherien, il pourrait …

**Martel ?**

Relevant les yeux, l’Elfe constata avec un égarement diffus que Levon lui parlait et que Melkor l’observait avec une nuance d’anxiété luisant dans ses orbes d’or sanglant. Sa main retombant lourdement dans son giron, il se focalisa sur les iris pâles du Décurion, d’un bleu hivernal et limpide, ses ongles rentrant dans sa paume tandis qu’il contenait l’envie soudaine d’arracher le collier de son cou pour le jeter à terre. Patience.

**Un seul mot de ta part et je le détruirai. Mieux vaut cela qu’il ne tombe entre les mains de nos ennemis.**
*Non. Il peut encore nous servir. Une telle monnaie d’échange ne doit pas être gaspillée vainement.*

Coupant court à l’argumentation de son Lié, il nota à nouveau la concision résolue, droite et entière qui accompagnait les explications du Torhil. Il n'y avait nulle tentative d’enrobage, nul mépris. Rien que la vérité. Et s’il aurait pu être un temps où une telle forme de … condescendance l’eut mise hors de lui, il ne ressentait maintenant qu’un étrange et curieux soulagement, qu’il refusait de reconnaître.
Sans pour autant croire naïvement à la bonté de Levon à son égard, Martel appréciait sa droiture et les efforts qu’il faisait pour l’assurer de sa bonne foi, plutôt qu’à chercher à le piéger ou lui imposer son point de vue unilatéralement. Cela faisait irrésistiblement remonter en lui des souvenirs du temps où ils combattaient ensemble contre les troupes Célestes et Englouties, dans ces années fastes du début de la Guerre où le conflit ne s’était pas encore enlisé dans un funeste et lamentable statu quo.

**Il fut une époque où vous vous connaissiez bien, mon frère, et où vous vous faisiez confiance mutuellement ... Vathek et Levon ne t'avaient jusqu'alors jamais donné une seule raison de douter d'eux.**

Se cuirassant contre cette indésirable manifestation de faiblesse et de sensiblerie, il s’éclaircit la gorge, désignant le parchemin d’un geste bref. Qu’il se retrouve obligé de signer cet accord dans son propre intérêt ne devait pas signifier qu’il fasse le jeu de ses ennemis en se laissant aller à de puériles rêveries.

« Soyez assuré que j’entends bien les raisons qui motivent vos décisions. Tout autant que les risques que le Clan Valherien va prendre en me soutenant publiquement. C’est un pari qui, nécessairement, à leurs yeux, a autant de chances de leur apporter un bénéfice qu’une perte. Je suis bien conscient, cependant, que la balance penche beaucoup plus nettement d’un côté que de l’autre et que cette différence ne fera que s’accentuer au fil du temps … Si et seulement si nous suivons cette fois les voies officielles. » Il secoua la tête, sombrement. « Je reconnais le fait qu’agir autrement ne fera que donner le champ libre aux assassins et opportunistes de tout ordre ... »

**Tu as bien négocié. Tu as tiré des Valheriens tout ce que tu pouvais pour le moment. La suite ne dépend plus de nous.**

Le Moredhel s’interrompit le temps d’adresser à Levon un sourire acide, froidement déterminé. Qu’ils viennent. Et il se tiendrait prêt à les accueillir comme il se devait.

« Pas qu’une reconnaissance dans les règles de mon retour d’exil ne les arrête, concrètement. Ainsi est fait le Màr, de tractations dans l’ombre et de coups de poignard dans le dos. »

Lui-même aurait bientôt fort à faire, dans l’éventualité où Eléderkan accepterait de le rencontrer. Et à peine les derniers échos de ses paroles s’étaient-ils éteint que l’autre dragon, d’un pas dansant, traversait le maigre espace qui les séparait pour venir … Enlacer Melkor. Fronçant les sourcils sur l’étreinte entre le Bronze et le Noir, ses lèvres frémirent, s’étirant en une subtile mimique de répulsion et d’incompréhension.

*A quoi joues-tu exactement, Melkor ?*

Sa longue main osseuse venant tapoter avec une affection maladroite les boucles désordonnées de Vathek, incertain du sentiment que cela faisait naître dans sa poitrine, il se fendit d'un rictus ourlé de provocation et d’orgueil.

**Je consolide nos alliances. Du moins, je suppose ...**

Si les liens émotionnels entre les membres d’une même couvée n’étaient pas rares, il était cependant particulièrement déconcertant pour lui de voir son petit frère venir se jeter dans ses bras … Et sans pouvoir s’empêcher de se demander quel était son but derrière tout ça, Melkor ne pouvait pourtant pas non plus nier le plaisir sincère que le Noir éprouvait à l’emprisonner ainsi entre ses bras maigres. Un peu penaud, il lui souffla donc :

**Je suis content que nous n’ayons pas à nous battre l’un contre l’autre.**

Se détournant des deux dragons – qu’ils se laissent aller à de telles fantaisies si cela leur chantait, cela ne le concernait pas – il fit à nouveau face à Levon, laissant échapper un soupir, résigné. Rigoureux, le Décurion énonça une par une les clauses de leur contrat, prêt à les retranscrire officiellement sur le parchemin. Bien. Le rajout de précisions sur la qualité de leur hébergement serait de nature à satisfaire son Lié. Pour le reste, il en était ainsi qu’ils en avaient convenu lors de leur discussion.

« Nous avons un accord, Maître Narses. »

Une fois sa signature apposée, les dés en seraient jetés.


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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeVen 4 Sep 2020 - 22:42

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Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

Courbé au-dessus de la table dans une position que sa haute taille ne faisait que rendre plus inconfortable, le Maître Noir s’affairait à tracer les premiers traits d’encre sur un parchemin qui l’absorbait avec une avidité peut-être héritée de sa légitime propriétaire. S’il avait gardé le silence face aux paroles du Moredhel, préférant ne pas lui faire l’affront de nouvelles déclarations évidentes, il ressentait toutefois une sorte d’irritation amusée en constatant que son ancien Décurion n’avait rien perdu de son emblématique entêtement. ° Il ne réalise pas encore sa chance... La bonne Jora risque son siège et sa tête pour lui. Si cela n’avait tenu qu’à notre Seigneur... ° On aurait retrouvé son corps dans l’ombre de corniches reculées. Comme d’autres avant lui. ° Qu’il s’estime déjà heureux de peser dans la balance. °

Un courant d’air informa Levon que son Lié avait repris sa place derrière lui, la chair encore électrisée là où la main de Melkor l’avait effleurée – il pouvait en sentir la pression fantomatique sur sa propre peau, encore et encore, jusqu’à le mener au bord de la nausée. Vathek, lui, rayonnait sûrement. ° Es-tu bien sûr que ceci n’est pas un combat ? ° avait-il innocemment demandé, ronronnant dans le cou de son frère Bronze et, pour la première fois depuis le début de leur entrevue, ses mots avaient été envoyés dans toutes les directions. Il fallait probablement habiter depuis plusieurs décennies dans l’esprit du Dragon pour savoir que ceux-ci avaient été vides de sens, qu’il ne les avait choisis que parce que leur sonorité ambigüe éveillait toujours quelque chose dans le cœur des hommes – et qu’il aimait cela. La force universelle d’une généralité dépourvue d’intention.

« Nous nous occuperons des poignards. » affirma le Sang-Mêlé, une brève pause dans les mouvements vifs de son poignet et un regard appuyé en direction de Martel avant de reprendre son ouvrage. Ses lettres avaient tout l’aplomb qu’on aurait pu attendre d’un homme de sa trempe. « Jusqu’à ce que vous retrouviez votre entière liberté. »

Quand – cela restait toutefois nébuleux. ° Lorsque l’un ou l’autre se sera lassé de ce petit jeu. Quel dommage que tu n’aimes pas les paris ; j’aurais tout misé sur Jora ! °

En restant là de ces considérations, ce fut dans un silence que la simple présence nonchalante de Vathek, avachi parmi ses pensées comme au milieu d’une prairie en fleurs, rendait difficilement agréable que le Maître Noir acheva de noter les termes et conditions du contrat. Il patienta le temps que l’encre sèche puis tourna la feuille vers l’Elfe afin qu’il puisse approuver une dernière fois la nature de leur alliance. Avec un discret soupir de contentement, il se redressa pour se laisser tomber contre le dossier de sa chaise et croisa les mains sur son ventre, étudiant les expressions de son vis-à-vis. L’affaire avait été rondement menée, mais le Sang-Mêlé n’avait nulle envie d’écourter leur entrevue et d’aller apporter une satisfaction bien trop rapide à sa Haute-Représentante. Il n’était pas un vulgaire messager. Si la Neishaane lui avait confié cette mission, à lui et pas à un autre, alors il s’assurerait de la conduire à sa manière.

« Je ne suis pas le maître des lieux et je ne saurai certainement pas vous nommer tous les spécimens les plus chers à la famille – mais que diriez-vous d’aller nous dégourdir un peu les jambes dans le jardin ? » proposa-t-il, un fin sourire aux lèvres, alors que Martel reposait le parchemin sur la table basse. « Je ne suis pas aux pièces. »

Sans réellement attendre de réponse de la part de l’ancien Maître Bronze, il se leva et rajusta sa mise d’une main experte. Comme un chiot impatient d’être sorti, Vathek tournait autour de la silhouette raide et bien plus massive de son Lié, des ombres étranges dans les creux de son visage cadavérique. D’un simple regard, Levon parvint à le figer sur place. Moqueur, le Dragon sous forme humaine fit mine de relever le col de sa chemise avant de finalement s’avancer, prêt à passer son bras sous celui du Décurion qui s’écarta d’un pas rapide.

° Toujours pas ? ° déplora le Noir, et le Sang-Mêlé s’en remit à la force de l’habitude pour ignorer les frissons de malaise qui bourgeonnèrent le long de sa colonne vertébrale. C'était une condition née de multiples déconvenues, toutes plus hasardeuses les unes que les autres ; Levon supportait mal le contact de son Lié lorsqu'il n'était pas recouvert de son armure d'écailles.  

° Trouve-toi une victime plus innocente. ° La pensée était définitive. Un rire aux angles aigus, pointu comme une aiguille, se planta dans son esprit. À Kaziel, ce lézard infernal… ° Oh, non. Je te manquerais, n’ose même pas prétendre le contraire ! ° Levon se tourna en direction de Martel, retrouvant en l’espace d’un instant sa façade débonnaire, et tendit le bras vers la porte.

« Allons marcher. Je ne voudrais pas que cet accord se fasse dans la précipitation. » Il plissa les lèvres, ses iris de glace fixant tour à tour l’Elfe et son Âme Sœur avant de se poser fugitivement sur le contrat abandonné aux côtés des tasses encore fumantes. Vathek esquissa quelques pas d'une valse timide pour se rapprocher de Melkor. « Lorsque nous reviendrons, nous signerons. »
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMer 16 Sep 2020 - 21:19

[RP] À la lueur de l’impossible Martel-legend-vaendark-53571a7__[RP] À la lueur de l’impossible Avatar-melkor-tolorea
Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


Suivant son accord, sans un mot, le Décurion s’était aussitôt mis au travail, la plume entre ses doigts traçant les lignes déliées de ce nouveau contrat qui l’enchaînerait à celle qui était désormais la Haute Représentante du Clan Valherien. Comme elle devait se frotter les mains avec satisfaction, Jora, à l’idée de faire sien les bénéfices résultant des erreurs de son prédécesseur …

S’installant dans le confort du silence, Martel préféra laisser son regard dériver au gré de ses pensées, éraflant Melkor qui irradiait là d’une perplexité mêlée d’orgueil et de fierté, avant de s’attacher au pas dansant de l’autre dragon. Il se dégageait de son attitude, de sa relation ambigüe avec Levon, quelque chose qui lui soulevait le cœur, quoi qu’en pensait le Bronze. Vathek lui apparaissait comme l’un de ces comédiens de théâtre, choisissant de porter tel ou tel masque selon les besoins de la représentation. Et devoir en être le triste spectateur ne suscitait en lui qu’un déplaisir désabusé et croissant … D’autant plus quand celui-ci s’amusait de son propre frère d’âme.

La surprise ressentie par Melkor face à ce qui se faisait porteur de vagues relents de possessivité n’insuffla en lui qu’un agacement supplémentaire.

° Es-tu bien sûr que ceci n’est pas un combat ? °

La question du Noir, faussement innocente, vint s’imprimer dans leurs esprits, et son regard bleu glacé se figea sur son Lié, accrochant ses iris de braise pour venir y chercher sa réponse, lèvres serrées. Non. Certains combats n’étaient pas fait d’affrontements de lames habiles et de sang versé, mais bien plutôt de l’affrontement de deux volontés, chacune étant désireuse d’arracher la victoire selon ses propres critères. Sans frémir, sans se détourner un instant de son attention inquisitrice, Melkor hocha la tête. Après toutes ces années ...

Posément, ses yeux brillant trop fort dans son visage hâve, Martel toisa finalement l’autre dragon.

« Toute vie est un combat ici bas. Ceux qui ne se battent pas pour leurs désirs, pour leurs croyances, pour leurs valeurs, pour leur ambition … Ou pour leur survie, tout simplement … Ceux-là périssent tôt ou tard, et ne sont donc plus là pour s’étendre sur cette question. Je ne compte pas faire partie de ces derniers. »

Parce qu’il n’avait jamais rien connu d’autre qu’une lutte permanente dans son histoire, il ne pouvait envisager qu’il en soit autrement. Ainsi, selon lui, se forgeaient les âmes et les caractères, se fortifiaient les corps. Ainsi voyait-on la vraie valeur des gens : à travers la douleur et l’adversité. Ainsi seulement pouvait-on s’élever jusqu’aux sommets.

Puis, se détachant un instant de son travail d’écriture, le Maître Noir releva la tête, rebondissant sur l’interrogation soulevée par son Lié. Si son affirmation première poussa le Moredhel à hausser les sourcils, la précision qui fut apportée le fit très ouvertement grincer des dents. Par ce que cela faisait péniblement écho à ses réflexions précédentes, en suscitant en lui la volonté renouvelée de s’arracher au plus vite des griffes de Jora Evumbrar pour embrasser sa propre cause, son visage se durcit, accentuant les creux et les ombres qui le hantaient.

« Je n’en doute pas un seul instant. Je vous en remercie. »

Fallait-il voir une pointe de dérision dans le ton de sa voix, rauque et doucereux tout à la fois ? L’ancien Exilé pensait que le Décurion saurait à quoi s’en tenir. Sa liberté, il la gagnerait à la pointe de l’épée, s’il le fallait. En attendant … Il lui faudrait bien se plier à cette ridicule mascarade initiée par les Valheriens. Faire preuve de patience et de présence d’esprit, tout à la fois, pour tirer son épingle du jeu. Devenir le maître de l’échiquier, sans que quiconque ne s’en aperçoive, ou alors pas avant que ce ne soit déjà trop tard.

**Le moment venu, nous répandrons notre juste vengeance, tel le feu du volcan.**

D’un simple geste de la main, l’Elfe balaya la promesse de son Lié. Pas qu’il n’en était pas intimement convaincu lui aussi, mais que cette dernière lui paraissait, pour l’heure, vide de sens. Il n’avait pas besoin des encouragements du Bronze pour avancer sur ce chemin de croix qu’il s’était choisi par ses actes passés.

Avec une application soigneuse, les dernières clauses de leur accord furent apposées sur le parchemin, et vérifiant que l’encre était totalement sèche, Levon fit pivoter la feuille en direction de Martel, lui offrant d’en vérifier le contenu. Le temps qu’il en parcoure les termes énoncés avec cette clarté concise qui était l’apanage du Décurion, l’homme s’était redressé sur un soupir, exprimant de façon évidente sa satisfaction face à la conclusion de leur négociation. Le Moredhel ne pouvait pas en dire autant … Mais au regard des dernières lunes qu’il avait passé cloîtré au Kaerl, assigné à résidence dans le domaine Zenghwei, avec le recul une part de lui reconnaissait bon gré mal gré qu’il lui aurait été difficile d’obtenir mieux. Aussi fut-il décontenancé par la proposition que Levon lui fit, un sourire content flottant sur les lèvres, de remettre la signature à plus tard. Une promenade ?

Martel reposa le parchemin bien à plat sur la table basse, luttant pour ne pas céder contre une vague de crispation insufflée en lui par l’image d’un prisonnier, à qui on offrirait une promenade en dehors des barreaux de sa cage. Se forçant à présenter un visage neutre à défaut d’être réellement agréable, il hocha lentement la tête. Il avait l’impression de ne pas avoir vu la lumière du soleil depuis des jours entiers, sans pouvoir déterminer ce qu’il en était réellement. Depuis qu’il portait ce maudit artefact magique, la notion du temps se distordait étrangement … Ce qui ne laissait pas d’inquiéter Melkor.

*Il est inutile de revenir encore une fois sur le sujet.*

Le sang-mêlé avait l’air désireux de renouer le contact en dehors du cadre imposé par la Haute Représentante, ou peut-être envisageait-il de tisser son propre réseau d’intrigue. Quoi qu’il en fut, la perspective de se retrouver pour quelques minutes à l’air libre était odieusement séduisante, et il se leva à la suite du Décurion, masquant une soudaine faiblesse en agrippant le bras osseux de son Lié. Le souci ombrant ses iris de flamme, le Bronze pinça les lèvres et fronça sévèrement les sourcils sur son frère d’âme. A quand remontait son dernier repas ?

Se refusant à croiser son regard – c’était inutile lorsqu’on partageait son âme avec un tel colosse depuis tant d’années – il se dégagea, imposant à ses mains tremblantes de rester immobiles à ses côtés. Ses iris glacés tombèrent sur le Noir, qui tournait guillerettement autour de Levon, une visible excitation perceptible dans son attitude. Sans sembler faire cas des … facéties de son Lié, le Décurion se tourna à nouveau vers Martel, toujours la même expression d’amabilité complaisante gravée sur son visage basané.

« Allons marcher. Je ne voudrais pas que cet accord se fasse dans la précipitation. » Il indiqua la porte d’un geste de la main. « Lorsque nous reviendrons, nous signerons. »

Contenant un soupir de lassitude, le Moredhel acquiesça, devançant son Bronze à la suite du sang-mêlé, Melkor se voyant à nouveau la cible des attentions de Vathek. Pas tout à fait certain de savoir comment réagir à l’approche de son frère de couvée, le dragon se contenta de l’observer, assombri, l’expression de marbre sous son ample capuchon tandis que Martel emboîtait le pas au Décurion.

L’allure tout à la fois calme et criante d’énergie contenue, l’homme paraissait parcourir les riches couloirs de la demeure comme il l’aurait fait avec ceux de son propre weyr. Il était évident que Levon n’était pas inconnu des serviteurs, qui s’inclinaient promptement sur son passage avant de disparaître discrètement. En prenant bonne note, le Maître Bronze se sentit obligé de réviser son jugement de celui qui avait autrefois été sous ses ordres. Depuis cette époque lointaine, le sang-mêlé avait su grimper les échelons tout en se faisant sa place au sein du Clan Valherien : habitué du domaine Zenghwei, et envoyé de la Haute Représentante … Il était détenteur de plus d’influence qu’il ne voulait bien l’exposer.

Après quelques minutes, ils arrivèrent enfin dans un jardin bien entretenu, à la décoration tout à la fois élégante et très épurée, bien loin de ce qu’il aurait pu imaginer de la part de Yong’Wu Zenghwei. Clignant des yeux sous la brûlante lumière du soleil, inspirant la lourde odeur de terre, l’Elfe eut un moment d’égarement, une pulsation sourde se faisant sentir contre son cœur, là où reposait l’artefact Valheru, toute force se dérobant de ses jambes. Chancelant l’espace de quelques fugitives secondes, il fit appel à toute sa volonté pour n’en rien laisser apparaître, étouffant un juron entre ses dents serrées … Mais ne fut pas assez rapide pour empêcher le pendentif de glisser hors de sa chemise. Le teint gris et les mâchoires contractées, il referma son poing sur le dragon stylisé, refoulant hors de son esprit les vagues d’angoisse et de rage mêlées qui affluaient de Melkor.

« Un simple étourdissement, tout va bien. »

S’adressant tout à la fois à son Bronze et à Levon, son ton sec ne laissait que peu d’illusions sur son intention véritable.


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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMar 29 Sep 2020 - 13:48

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

Il flottait dans les couloirs silencieux comme une odeur de renfermé, à mi-chemin entre la riche austérité des temples et l’humidité crasse des tombeaux. Depuis combien de temps le propriétaire des lieux avait-il disparu, ne laissant derrière lui qu’un cortège de domestiques aux mines sombres et au pas rapide, oubliés là comme des fantômes dont la malédiction aurait été de laver les sols et de cirer les meubles en attendant le retour hypothétique de leur maître ? Tout était vide, mais en parfait état. Les hautes bottes noires du Décurion frappaient avec indécence les dalles de marbre, leur écho énergique se faisant étrangement lugubre au milieu du calme étouffant qui régnait entre les murs. À ses côtés, guère plus éclatant que les ombres-serviteurs, Martel le suivait sans mot dire.

° Il a déjà accepté de te suivre, tu n’imaginais pas non plus qu’il te ferait la causette ? °
° Moi, non… Mais n’était-ce pas ton idée, à la base ? °

À en juger par l’éclat satisfait qui illuminait son regard clair, Levon était loin d’être déçu par la tournure des évènements. Et tandis qu’il flânait paresseusement autour de Melkor, offrant au Bronze tout loisir de se questionner sur ses vraies et fausses intentions, Vathek se pourléchait de temps à autre les babines, ses iris d’encre luisant comme les écailles d’un reptile dans le crépuscule, impatient de deviner ce qui donnait à son Lié un air si réjoui. ° Ne t’enflamme pas si vite. Cet homme a mené mes compagnons à plus d’une victoire. Je suis juste heureux de pouvoir lui tenir compagnie dans un cadre moins formel. ° Dans son esprit, le Noir souffla une brise d’hilarité hautaine qui couvrit sa nuque de frissons désagréables et le Sang-Mêlé le maudit secrètement. Comment osait-il se moquer de lui, après s’être jeté au cou de son frère ?

° Eh bien, Melkor est mon frère. Te connaissant, Martel est juste un pion qui a la chance de partager environ la moitié de tes idées folles. °
° C’est un pion puissant. L’héritier d’un idéal. Nous avons combattu ensemble. °
° Alors, alors, est-ce lui qui a de la chance… ° Le Noir interrompit d’une voix sifflante cet ennuyeux inventaire. ° Ou toi ? °

Lorsque Vathek posait ces questions-là, Levon savait qu’il valait mieux lui laisser le privilège d’y répondre seul, car le Dragon était sans doute moins motivé par la poursuite de la Vérité que par une remarquable envie de nuire. D’ailleurs, ils arrivaient enfin aux jardins et le Décurion ne comptait pas ignorer Martel plus longtemps. Il avait été curieux de voir si celui-ci prendrait les devants, comme il avait l’habitude de le faire en beaucoup de choses, mais avait bien constaté qu’après quelques Lunes d’exil et d’isolement, son caractère, même s’il n’avait rien perdu de sa brillante arrogance, s’était toutefois assagi sur certains points. L’odeur de la terre encore détrempée par les soins matinaux des jardiniers lui emplit les narines – il n’était pas familier du monde végétal, mais reconnut toutefois quelques agrumes.

° Je pensais que la puberté s’achevait bien plus tôt, chez vous autres bipèdes. °
° Je ne sais pas ; demande à un Bronze. °

Et juste lorsqu’il se retournait pour s’adresser au Moredhel, il le vit vaciller, mâchoire serrée et une vague de panique passagère pressant contre la barrière glacée, immuable de ses iris. Luttant contre ses réflexes, le Sang-Mêlé garda les bras immobiles mais son regard, lui, fut immédiatement attiré par l’éclat du bijou révélé par la perte d’équilibre de Martel. Plutôt que de se rattraper à son Lié ou de s’appuyer contre le mur le plus proche le temps de se rétablir, la première réaction de l’Elfe fut de faire disparaître le pendentif dans sa main dans un geste criant de possessivité.

« Un simple étourdissement, tout va bien. » se justifiait-il déjà, et il lui sembla que les mots ne lui étaient pas uniquement destinés. Il n’avait pas eu besoin de voir son visage pour savoir quelle avait été la réaction du Bronze, Vathek n’ayant pas détourné son attention un seul instant de lui.

Le Sang-Mêlé croisa les bras, jaugeant les traits tirés et l’évident amaigrissement qui avait dévoré en partie la force du Moredhel. Il attendit que l’Exilé se redresse pour pencher la tête sur le côté : « Et même maintenant, vous voudriez me faire croire que vous avez été convenablement nourri ? » dit-il avec un air de reproche, les sourcils froncés. À défaut de tendre vers lui une main secourable, il lui offrait sans remord une porte de sortie. Quelque chose dans les yeux de Levon, cependant, brûlait du sombre éclat d’une mise en garde. Si Martel désirait garder ses secrets, il allait devoir se montrer beaucoup plus prudent avec Jora qu’il ne l’était actuellement.

° Tu l’as vu ? Qu’est-ce, selon toi ? °

° À moins que tu ne songes vraiment qu’il pourrait s’agir d’un souvenir de famille ou d’un porte-bonheur offert par une amante, tu es certainement capable d’extrapoler tout seul. °

Il observa rapidement les alentours, s’assurant que personne d’autre n’avait été témoin de la scène. « Nous veillerons à ce que cela ne se reproduise plus. Je ne voudrais pas que mon meilleur soldat vous brise en deux par mégarde. » ajouta-t-il, les lèvres ourlées en un sourire presque mutin, avant de se remettre en chemin. « Vous savez, je pense que tant qu’un dessein est honorable, alors tous les moyens sont bons pour y parvenir. Je me fiche de la manière dont vous avez réussi à revenir au Kaerl, tout comme je me fiche des accords que vous passerez certainement dans le dos de mon Clan. La seule chose qui m’importe, c’est votre loyauté envers le Màr. » Il laissa le silence s’étirer un instant, puis présenta son bras afin que Vathek puisse venir s’y accrocher, le visage fendu en deux par un rictus de prédateur. Le Dragon avait fini par obtenir gain de cause, même si ce n'était pour eux qu'une manière détournée de souligner que le conflit latent entre l'Elfe et son Âme Sœur n'était pas passé inaperçu.

« Comprenez-vous, Martel ? »
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeSam 10 Oct 2020 - 19:00

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Finalement, tout le temps que dura leur sombre traversée à travers les corridors désertés de la demeure Zenghwei, Levon ne chercha pas à prendre la parole ou à initier une conversation, paraissant amplement satisfait de cheminer en silence. En tête de leur étrange cortège, ses pieds bottés faisaient naître des échos oubliés sur les hautes voûtes, chargés d’orgueil et d’importance. Un demi pas derrière lui, refusant de se laisser distancer par les grandes enjambées du sang-mêlé, Martel le suivait, lèvres serrées, Melkor directement sur ses talons, comme s’il refusait de quitter un seul instant la proximité de son Lié. Et tandis que l’Elfe tâchait d’évaluer les intentions du Décurion, le Bronze se voyait lui déconcentré par la présence rusée et provocatrice de son frère de couvée, qui persistait à tourner autour de lui comme un papillon autour d’une flamme.
Son manège, qui persistait un peu trop à son goût, ravivait son impatience, et le dragon se prit à souhaiter que Vathek y mette un terme, d’une manière ou d’une autre. Mais, il le percevait de manière diffuse, le Noir n’était que partiellement concentré sur lui, visiblement plongé dans quelques incompréhensibles délices que lui inspiraient une conversation inaudible pour lui et Martel.

Fronçant les sourcils, donnant à son masque de chair une expression dangereusement effrayante, ses iris flamboyèrent. Le Bronze redressa la tête, allongeant le pas pour se placer subtilement devant son Lié, décidant d’ignorer l’irritation inévitable que cela faisait naître chez ce dernier. Il était plus que temps de renverser l’équilibre des forces … Tout en veillant à éviter un conflit inutile. Il ne possédait pas une intelligence habile comme Vathek, mais il savait au moins cela, en tant que grand prédateur : certains messages pouvaient se passer de mots.

C’est sur ces pensées là qu’ils débouchèrent tous à l’air libre, leur odorat frappé par de lourds relents de terre riche et humide, par dessus lesquels flottaient d’imperceptibles parfums d’agrume. Etait-ce ceux là même qui avaient été utilisés pour préparer le thé fleuri qui leur avait été servit ? Le temps que ces mots traversent distraitement son esprit, il perçut, dans le coin de son champ de vision, son Elfe commencer à vaciller. Ressentit, comme s’il s’était agit des siennes, ses jambes faiblir soudainement, et l’artefact au dragon pulser sourdement, profitant de la faiblesse de son frère d’âme pour absorber plus encore son énergie. Mû par un réflexe instinctif, il lui suffit d’un bref frisson pour que le Bronze ne reprenne son enveloppe écailleuse, emplissant soudain l’espace de toute sa masse aux éclats de cuivre sanglant, évacuant toute sa tension à travers un souffle nerveux.

« Un simple étourdissement, tout va bien. »

Sang et cendres ! Comme s’il allait se montrer dupe de ses excuses ! Et leurs hôtes, encore moins que lui ! Martel l’avait habitué à faire preuve de plus de conviction. Se retenant d’arracher ici et maintenant cette maudite pierre Valherue du cou de son frère d’âme, le Bronze s’allongea néanmoins, les prunelles rougeoyantes. S’il pouvait au moins détourner leur attention de son Elfe, dont la prise éperdue sur le pendentif magique ne passerait guère inaperçue ...

**Cette forme bipède est toujours aussi déplaisante à porter, malgré les années. Qu’en penses-tu, Vathek, mon frère ? Tu sembles plutôt satisfait et habile avec la tienne.**

Passable tentative. C’était trop tard, bien trop tard. Le regard quasi reptilien du petit Noir avait glissé sur les doigts osseux de Martel, étroitement agrippés au niveau de son col, et Melkor était certain que Levon n’avait rien manqué de la scène non plus. Inutile de chercher à le cacher. Se faisant violence pour se redresser malgré la teinte exsangüe de son visage, l’ancien Exilé tint bon face à l’examen visuel minutieux de son ancien homme d’arme. Sa main glissant lentement le long de son corps, il laissait ainsi libre, au su et au vu de tous, le pendentif à la pierre de lune. Toute autre attitude aurait attisé la suspicion.

Il accueillit le supposé reproche du Décurion par un vague haussement d’épaules, exprimant un détachement qu’il était loin de ressentir, et sur lequel, l’éclat glacial de ses iris céruléens ne pouvait mentir.

« Ainsi que je vous l’ai dit, le Zenghwei ne s’est pas véritablement montré un hôte exemplaire. Je ne manquerai pas de lui faire part de mon mécontentement et du votre, si d’aventures il réapparaissait un jour au Màr Tàralöm. »

Ses doigts frémissant se crispèrent lentement en un poing douloureux, la peur et la honte s’entre-déchirant maintenant sans pitié dans le creux de ses entrailles. Etait-il tombé si bas ? Melkor émit alors un grondement grave et agressif, paraissant accompagner sa sinistre promesse, mais dont il savait en réalité qu’il le prévenait de ne pas se laisser aller à l’auto-apitoiement. Ce n’était ni le lieu, ni le moment. Derrière l’apparent souci affable de Levon rampait une menace inexprimée. Ce pacte qu’il était sur le point de signer ne tiendrait que tant qu’il pourrait prouver son utilité, tant que son nom et sa personne recèleraient un intérêt pour les Valheriens. Il ne pouvait pas, et ne devait pas, faire preuve de la moindre faiblesse.

Pour autant … La mention de son ‘’meilleur soldat’’ avait été faite avec un humour justement dosé, rappelant à Martel ses exigences passées et incitant ses lèvres à s’étirer dans un sourire acide, froidement amusé, reconnaissant la finesse de son interlocuteur. Le Maître Noir se remettant en route d’un pas tranquille, l’Elfe le suivit après quelques instants, nécessaires pour s’assurer que ses jambes ne le trahiraient pas une seconde fois.

« Il n’est pas dans mes projets de faire une si piètre performance. Je suis peut-être affaibli actuellement – il était inutile de le nier après ce qui venait de se passer – mais mon talent à l’épée reste entier. Vous plus que quiconque devez le savoir. Je suis pas si facile à abattre. »

Aimable rappel de ce dont il était capable. Il n’allait pas se laisser intimider aussi aisément et comptait bien le démontrer à l’autre homme. Lequel embrayait enfin sur un discours plus franc, dénué de sous-entendu, mais qui n’en contenait pas moins un avertissement voilé : sa loyauté envers le Màr et le Màr seul était donc tout ce qui lui importait ? Sentant se hérisser en lui le colosse avide et farouche dont il partageait l’âme, il l’apaisa d’une pensée, indifférent à sa queue qui fouettait l’air en sifflant derrière lui.

*Paix, Melkor. Ce serait une perte de temps que de mordre à l’hameçon qu’ils nous agitent sous le nez.*

Ainsi le Décurion soupçonnait-il un lien entre son retour mystérieux au Kaerl et ce pendentif qu’il avait tant voulu garder secret. Par quel moyen, autrement que grâce à des protections magiques, aurait-il pu sinon pénétrer et résider Màr Tàralöm sans être jamais détecté par qui que ce soit, lui qui en avait été banni des lunes auparavant ? Martel était bien certain que Seregon était au courant, et que le Gardien ne tarderait pas à se mettre en mouvement, via quelques petites manigances de son cru dont tôt ou tard il ferait les frais … Ou les bénéfices, si ce foutu borgne décidait que cela lui serait profitable.

Son regard dur allant et venant entre Levon et Vathek, Melkor dressé de toute sa hauteur dans son dos, l’Elfe secoua la tête, sentant un rire bordé de folie menacer de le déborder. Si le Décurion voulait en savoir plus sur ses projets, il lui faudrait faire preuve de soit bien plus de subtilité, soit venir frontalement l’interroger dessus. Lui révélerait-il alors ? Lui-même n’en savait encore rien. Que lui restait-il encore à perdre, sinon sa vie ?

« Vous réclamez ma loyauté entière et absolue envers le Màr. Vous ai-je déjà une seule fois donné l’occasion d’en douter ? Inutile de se cacher plus longtemps derrière des faux-semblants. Je poursuis peut-être mes intérêts personnels, je marche peut-être sur le chemin ensanglanté et aveugle de la vengeance, mais à travers cela, tout ce que je fais, je l’accomplis pour le bien futur du Kaerl. Je n’ai aucun désir de le voir s’écrouler, bien au contraire. Une nouvelle fois je vous le dis : je veux le voir retrouver sa gloire d’antan. Quant à ceci ... »

Les iris luisant d’une lueur sombre, il pointa un doigt en direction du pendentif à la pierre de lune.

« Voyez-le comme mon assurance vie. »

S’ébrouant comme pour chasser un mauvais pressentiment, une aura funeste émanant de lui, Melkor laboura le sol de ses griffes, peu soucieux de gâcher par son acte la perfection bien ordonnée du jardin clos. A travers Levon, lui au moins en avait conscience, le Bronze savait que c’était un autre que son Lié voyait, un autre qu’il tâchait de convaincre. Et cela lui déplaisait fortement, car le Décurion pouvait représenter pour eux un allié bien plus fiable qu’un illusoire mirage d’une époque révolue.


L'on rencontre souvent sa Destinée
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMer 14 Oct 2020 - 19:31

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.


D’un pas dansant, lorsque la lumière de la métamorphose de Melkor avait éclipsé un instant celle du lourd soleil d’été, Vathek s’était écarté afin de ne pas se retrouver soudain écrasé par une masse écailleuse. En toute honnêteté, cela l’avait pris par surprise et il ne put empêcher une brève mimique d’incompréhension d’apparaître sur son visage blafard. Par Kaziel, voilà qui était tout à fait discret… Levon ne s’en montra guère perturbé, lui que des années de rigueur martiale avaient transformé en statue aussi sûrement que si la guerre avait été une gorgone, et ce fut donc au Dragon que revint l’honneur de faire semblant d’être intéressé par ce que le Bronze avait à dire. D’ailleurs, c’était bien à lui qu’il s’adressait, et le Noir ne put que battre follement des cils devant la bizarrerie de son intervention. Le subterfuge était maladroitement exécuté, mais l’intention sans doute trop bonne pour qu’il soit encore permis de douter de l’importance du bijou qui pendait au cou de l’Exilé.

« Leurs visages sont malléables comme l’argile, précis comme la cire. Et nous, avec ces satanés yeux qui ne sauraient mentir, nous sommes condamnés à n’être que de bien piètres comédiens. » Il pencha la tête sur le côté, un gloussement haut perché agitant sa carcasse, les mains sagement croisée dans son dos, ses paupières venant à moitié voiler l’éclat mauvais qui tournoyait dans ses iris d’obsidienne. Ce fut tout ce qu’il s’autorisa à répondre, avant de rejoindre son Lié qui se mettait déjà en route, non sans avoir tenté, à sa manière, de rassurer Martel sur ses bonnes dispositions à son égard. Tout cela était d’un ennui… N’auraient-ils pas pu en profiter, rien qu’un peu ? Roulant des yeux comme on ne pouvait pas le voir, le Dragon sous forme humaine agrippa le bras que son Lié lui tendait, grand seigneur.

« En tant que témoin oculaire, je signerais cette lettre avec grand plaisir… » avait énoncé celui-ci avant de se détourner, sa voix anormalement traînante, presque sarcastique, trahissant son insatisfaction face à un tel commentaire. S’il ne portait définitivement pas le Maître Blanc vétéran dans son cœur, il estimait que cette seconde menace implicite à l’encontre du Torhil était un comportement indigne – tout du moins, tant que Martel n’aurait pas retrouvé sa totale légitimité. ° Si cela lui est un jour permis. ° Le message, cependant, semblait être passé car l’Elfe, en lui emboitant le pas, se flattait déjà de n’avoir rien perdu de ses qualités de guerrier. Levon ne lui fit pas l’affront de préciser que, toute excellente bretteuse qu’elle fût, Jora l’inquiétait plus, ces temps-ci, par la portée de son influence que par celle de ses coups d’estoc.

° Si tu persistes à le titiller, c’est ton soldat qu’il va couper en deux juste pour te prouver que tu as eu tort d’oser le sous-estimer. Connait-il seulement le principe de l’humour ? Ne me dis rien, je parie que tu ne l’as jamais entendu rire ! °
° Il a souri, cela étant. °
° Peut-être. Mais avec vous, mornes hommes d’armes et stratèges devant les éternels, on ne sait jamais si c’est une bonne ou une mauvaise chose. °
° Tu as raison. Et la vérité n’éclate que lorsqu’il est trop tard. °

La répartie sembla contenter le Noir, qui reprit alors son air ahuri tandis qu’il trottait gaiement à ses côtés, se pavanant dans l’ombre projetée par le Bronze comme s’il s’était agi de son royaume. Aux paroles qui suivirent, et même si le Décurion avait fait de son mieux pour ne pas les tourner d’une manière qui aurait pu laisser supposer d’une attaque, Martel réagit – ° Inévitablement. ° – comme s’il venait de remettre en question l’intégralité de son existence. L’espace de quelques secondes, le Sang-Mêlé fut tenté de le réprimander et de lui exposer clairement ce qu’il pensait de son attitude depuis le début de leur entretien, mais il se contenta de lécher ses lèvres, la langue brûlante et acide. Il garda le regard résolument tourné vers les arbres et les parterres fleuris, s’accordant le temps nécessaire pour calmer ses ardeurs.

Martel était l’objectif de sa mission, et s’il l’avait certes connu moins sensible, il ne pouvait pas non plus se permettre de laisser la situation le dépasser. De ses prunelles au bleu indifférent, il examina rapidement les différentes voies qui s’offraient à lui, tentant de trouver celle qui, parmi tous les possibles, serait la plus efficace pour le faire parvenir à son but sans trop d’embarras.

« Je ne vous réclame rien car là n’est pas ma place. Nul ne saurait exiger la loyauté, on peut seulement l’inspirer. » déclara donc le Maître Noir alors que Vathek se penchait pour arracher une fleur de citronnier qu’il fit distraitement tourner entre ses doigts. Levon s’arrêta un moment, les graviers du petit chemin crissant sous ses bottes lorsqu’il se tourna pour faire face à Martel. « Je ne serais pas ici si, personnellement, je n’étais pas persuadé de celle que vous portez à notre Kaerl – ou tout du moins, à l’idée que vous vous faites d’un Màr idéal et que nous avons le privilège de partager. Je me permets néanmoins de souligner que cette notion n’est pas absolue. »

Il haussa les sourcils, interrogeant le Moredhel du regard, dans l’attente d’un signe qu’il saisissait correctement le sens de ses mots. Enfin, il reprit :

« Nombreux sont ceux à poursuivre la même quête et il serait naïf de croire qu’on peut tout réussir avec des efforts. Prétentieux, sans doute. C’est bien pour cette raison que je ne désapprouverai pas la route que vous choisirez d’emprunter, qu’importe si celle-ci devait nous éloigner ou au contraire nous rapprocher. Vous dites agir pour le bien du Kaerl, soit. C'est tout à votre honneur. Mais, au bout du compte, que reste-t-il sinon ce qui fait battre le cœur d’un homme, ce qui guide son bras, pour pouvoir prétendre juger de sa véritable valeur ? »

Il se fendit d’un sourire affable, haussant légèrement les épaules comme pour se défaire du poids de ce questionnement, qu’il avait voulu plus rhétorique que réellement philosophique, et prit à gauche au croisement suivant, là où l’allée s’élargissait entre deux rangées de palmiers. Il ne faisait pas confiance aux oiseaux qui aimaient peut-être s’attarder dans ce jardin, et encore moins à ceux qui avaient pour occupation, loisir ou travail, d’écouter leur chant.

« Pour quelqu’un qui ne désire rien tant que paraître déterminé à conjuguer le futur, vous semblez entretenir une bien étrange obsession envers ce qui fut. » nota Levon avec comme un soupçon de mélancolie dans la voix, et ce n’était ni tout à fait un jugement, ni tout à fait une interrogation. Ils avaient combattu la même guerre, avaient sans doute beaucoup sacrifié sur l’autel d’un avenir qu’on leur avait par la suite dérobé. Levon savait ce qu’il en coûtait de renoncer à ce pour quoi l’on avait versé maintes et maintes fois son sang. « Le moment venu, ce ne sont pas les fantômes qui ploieront le genou devant vous. Ce ne sont pas eux, non plus, qui se tiendront derrière vous pour vous protéger. »

Il leva le regard, pas plus étonné que vraiment affecté par le pincement de nostalgie que suscitaient en lui la forme familière des palmes et leur chuchotement discret. « Je n’ai pas la prétention de tout connaître des mystères de notre monde, ni encore moins celle d’être un romantique, mais ... » Vathek s’agita, reniflant bruyamment sur un air de dérision. « Lorsque vous serez vieux et las de lutter, vous aurez tout le temps de vous employer à honorer les promesses que vous n’aurez pas su tenir et à vous justifier auprès des spectres qui se seront attachés à vos pas. »
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeDim 22 Nov 2020 - 19:22

[RP] À la lueur de l’impossible Martel-legend-vaendark-53571a7__[RP] À la lueur de l’impossible Melkor-Dragon-Tol-Orea
Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


Ainsi qu’il aurait pu le prédire, sa diversion malhabile n’avait trompé personne : son frère Noir, penchant la tête en le regardant, un gloussement perché au bord des lèvres ; pas plus que son sang-mêlé de Lié. Pourquoi alors, lui avait-il répondu, poursuivant la conversation comme si de rien n’était ? Melkor n’en savait rien. Et tandis que Vathek allait s’accrocher d’un pas guilleret au bras du Décurion, le Bronze couva Martel d’un regard désolé. Tant face à son allure hâve et décharnée, que de regret de n’avoir su détourner l’attention de l’artefact maudit. A moins qu’inconsciemment, une part de ses actions n’ait été intentionnelle ? Puisqu’il était incapable de convaincre son frère d’âme de se débarrasser du pendentif Valheru, que quelqu’un d’autre s’en charge ?

Laissant s’échapper de ses narines des volutes de fumée contrariées, ses iris chavirant d’ocre et de rubis, il se mit en route à la suite de son Elfe, Vathek se pavanant dans l’ombre qu’il projetait comme s’il n’avait eu pour but pour l’abriter de la morsure du soleil de cette fin d’été.

**Je considère comme une humiliation d’être obligé de se travestir, de se restreindre et se contraindre sous la fragile enveloppe de bipèdes. Dragons nous sommes, dragons nous devons rester. Il n’y a qu’ainsi que nous pouvons exprimer toute notre puissance.**

La pensée, aux nuances assombries, révélait sans chercher à s’en cacher, le déplaisir évident qui l’habitait et ne cessait de croître. C’était dans ces instants là que, pris de faiblesse, il se prenait à regretter de ne posséder l’intelligence aigüe de son frère Noir, ou même cette finesse stratégique dont pouvait faire preuve Thémos. Eléderkan … Ses prunelles ensanglantées se posèrent sur Levon. L’alliance avec le Clan Valherien parviendrait-elle à prémunir Martel de la folie que représentait une entrevue avec celui qui était devenu leur ennemi ?

Ce dernier, s’il était conscient de l’irritation grandissante de son Lié, n’en montrait extérieurement aucun signe, le regard fixé droit devant et la tête haute, accordant son pas à celui de son ancien homme lige. Seul un brasillement indistinct, allumant des éclats de glace vacillant dans ses iris hivernaux, changeant selon l’inclinaison de la lumière, venait trahir son impatience. Ce n’était pas que leur échange l’ennuyait, bien au contraire. Le fait que Levon n’ait fait aucun mystère du déplaisir que lui avait inspiré sa menace renouvelée à l’égard de son ancien Haut Représentant, n’avait eu pour résultat que de lui inspirer un amusement diffus, ourlé d’amertume. Quel que soit le jugement intérieur qui le poussait à faire usage de sarcasme, même voilé, il lui prouverait tôt ou tard qu’il avait eu tort. Quiconque le sous-estimerait en paierait le prix. L’image de sa propre légitimité ne vacillait pas en lui, et s’il fallait le prouver, une fois encore, aux yeux des autres, alors il le ferait. Vaincu, humilié, exilé … Mais bel et bien de retour, prêt à avancer, un pas après l’autre, sur ce chemin d’épreuves et de douleurs qui l’attendait.

Aussi Martel s’attacha-t-il à lui réaffirmer, aimable rappel, que même affaibli, il n’en restait pas moins toujours dangereux. L’avertissement ne lui était pas totalement destiné, en vérité, car ainsi que le sang-mêlé le lui avait fait comprendre, l’homme le respectait visiblement … Pour autant qu’il soit en capacité ultérieure de faire ses preuves, et de servir les projets du Clan Valherien. Foutaises. Le Décurion gardant le silence, s’engageant sans trop d’hésitation sur un nouveau petit chemin bordé de palmiers aux larges feuilles dansantes sous le vent, Martel ne chercha pas à raviver la conversation. Il ne répondait pas pleinement à ce qu’on attendait d’une personne dans sa situation ? Grand bien fasse à ses détracteurs. Il ne se mettrait pas à genoux devant qui que ce soit et encore moins dans l’espoir d’obtenir leurs bonnes grâces.

Sa réponse néanmoins aviva en lui une certaine perplexité passagère, et il le dévisagea un instant, focalisant son attention sur le ton de sa voix, tâchant d’analyser ce que son visage buriné pouvait laisser paraître. Inspirer la loyauté et non la réclamer … Et à la mention de la vastitude de ce que pouvait représenter la notion ‘‘d’idéal’’, il baissa les yeux sur ses bottes, soudain pensif. Sa conception de l’idéal vers lequel devait tendre le Màr Tàralöm n’était pas partagée par tous, il ne le savait que trop bien. Ne serait-ce que par l’existence des différents Clans, comme tout autant de divergences politiques quant à l’avenir de leur Kaerl … Ses iris s’étrécirent, et il serra les mâchoires. Qui pouvait réellement juger du cœur des hommes ? De la volonté et des désirs qui s’y trouvaient ?

« Je ne suis pas de ceux qui pensent que le mérite se gagne à la naissance ou de par son appartenance à telle ou telle famille, Maître Narses. La valeur se prouve par les actes et uniquement à travers eux. Les mots ne sont alors que façade et poudre aux yeux pour tenter de rallier les plus faibles à sa cause. »

Ainsi, il était fermement convaincu que les efforts, s’ils étaient accompagnés en bonne intelligence, avaient toutes leurs chances d’être payants. Inclinant à demi la tête face au sourire du Décurion, il ne se départit pas pour autant de son sérieux. Il comprenait mal la réserve qu’exprimait Levon face à ses serments renouvelés de se battre pour la gloire du Kaerl, de se battre pour l’accomplissement de ses intérêts personnels. N’avaient-ils pas été sur les champs de bataille ensemble ? Ne lui avait-il pas suffisamment prouvé et illustré la façon dont il raisonnait, les raisons pour lesquelles il agissait aujourd’hui dans l’ombre ? Ce qui le poussait vers l’avant, encore, et encore, et encore ?

**Es-tu bien sûr d’en avoir toi-même pleinement conscience, Martel ?**

Le questionnement du Bronze le surpris plus qu’il ne voulut bien l’avouer, et il lui jeta un regard acéré, ses iris bleus de glace animés d’une flamme dépourvue de la moindre chaleur. Melkor s’étant tenu silencieux jusque là, il en était presque venu à occulter sa présence et celle de l’autre dragon, entièrement concentré sur son hôte. Il n’y avait eu guère que son ombre protectrice et vigilante s’élevant dans son dos, à laquelle il s’était habitué depuis tant d’années, pour venir la lui rappeler.

*Qu’es-tu en train d’insinuer ?*

Sa remarque lui paraissait bien trop dérangeante pour qu’elle ne soit pas le fruit d’une longue réflexion de la part de son Lié. Qu’avait-il vu qui lui ait échappé ?

**Simplement qu’il se pourrait que les désirs que tu poursuives ne soient pas ceux que tu crois.**

Sur ces mots, le Bronze se mura dans un silence borné, les contours de son âme auréolés d’une aigreur inhabituelle, dont pourtant, il le percevait sans pouvoir définir pourquoi, il n’était pas entièrement responsable. Quelque échange entre lui et Vathek dont il n’aurait pas été au courant ? Son regard se porta sur le Noir, qui faisait à présent tourner entre ses doigts une fleur de citronnier, une expression trompeusement ahurie accrochée sur son masque de parfait comédien. De sa part, cela n’aurait guère été étonnant … Il allait devoir se montrer prudent.

Mais déjà Levon poursuivait, l’intonation tranquille, l’ombre d’une réprimande se dessinant néanmoins sous l’humour qui sous-tendait ses propos. La profonde lassitude qu’il ressentait le frappa alors. Se justifier. Rappeler à ceux qui l’avaient oublié celui qu’il avait été. Le succès qui avait été le sien … Jusqu’à l’effondrement. Jusqu’à ce jour où Celanduil Huriand, habile marionnettiste qui avait forgé son être même à l’image de ce que ce vieux renard souhaitait qu’il devienne, avait été tué, exécuté par traîtrise sur les sables avides de la Fosse. Il était éreinté, exténué, vidé par cette attente désespérée de recevoir enfin la reconnaissance qu’il estimait lui être due. Aussitôt conscientisée, cette pensée fut bien vite réprimée, refoulée au plus profond de son âme, non autorisée qu’elle était à s’exprimer. Il ne pouvait pas se permettre de faiblir un seul instant.

« Quand on a connu la gloire et l’ascension irrésistible, pour être finalement jeté plus bas que terre, que reste-t-il sinon les souvenirs auxquels se raccrocher ? Que reste-t-il sinon des fantômes pour accompagner notre juste vengeance ? »

A peine plus qu’un murmure, sa voix s’était difficilement élevée par dessus le bruissement des palmes agitées par la brise d’été qui hantait le jardin Zenghwei. Lentement, l’Elfe fit face au Décurion, fixant son regard dans le sien, silencieusement interrogateur.

*Qu’attendez-vous de moi ?*

Que devrait-il faire pour retrouver sa pleine loyauté, sa complète confiance ? Pour qu’il s’associe à ses projets, sans arrière pensée ? Une nouvelle fois, Martel voulut lui poser cette question, pour mettre fin à cette discussion, qui semblait-il, ne les menaient nulle part, ne paraissait pas receler le moindre sens. Mais les mots, étrangement, ne franchirent pas la barrière de ses lèvres, et il se contenta de l’observer, figé par son conflit intérieur, tandis que derrière eux, Melkor renâclant et s’ébrouant, paraissait emprisonner son Lié sous le feu de son regard.


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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeMar 29 Déc 2020 - 17:14

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

De ses nombreux frères et sœurs, Melkor avait toujours été celui qu’il préférait – du moins, en secret. Il fonçait toujours droit devant, avec un aplomb qui ne variait pas, eût-il face à lui un mur, un précipice ou une allée semée de pièges, et ce pour le plus grand plaisir des spectateurs et du metteur en scène. Vathek aurait confessé sans honte son narcissisme – il était évident qu’il appréciait le Bronze parce qu’il faisait une victime facile. Néanmoins, il aurait également soutenu jusqu’à ne plus avoir de salive que Melkor n’était pas inintelligent, mais plutôt "simplement spontané", et tous ceux qui auraient souhaité le convaincre du contraire auraient mieux fait de choisir un autre adversaire que lui.

Refusant de s’avouer vaincu, le Bronze continuait donc d’avancer sur la voie qu’il avait choisi de suivre, comme si le fait d’ignorer complètement qu’il était évident que son subterfuge n’avait trompé personne était suffisant pour modifier la vérité. Un tel entêtement était admirable ; pareille innocence, rafraichissante et presque adorable.

« Oh, vraiment ? » avait susurré le Noir en réponse aux plaintes de son frère, appréciant consciencieusement le contact de sa langue autour des mots et le poids de sa voix venant courber l’air paisible du jardin pour y créer un son. « Eh bien, pourtant, certains diraient qu’après des siècles à évoluer au travers du Lien, nous sommes désormais autant Dragons qu’Hommes. Personnellement, je trouve cette dualité savoureuse. » Un gloussement satisfait était venu ponctuer cette déclaration, et il était allé goûter sur ses propres lèvres le goût poisseux de la moquerie, levant un regard luisant de convoitise vers le profil aiguisé de son Lié, tout entier absorbé par sa conversation. Quel ennui, pourtant… Martel était bien moins amusant que Melkor, et il savait que Levon, car il était au moins tout aussi ennuyant, ne le laisserait pas approcher l’ombre d’une remarque acérée de son ancien chef de guerre.

° Il ne sera pas réceptif à tes méthodes. °
° Je te parierais bien le contraire, mais nous ne saurons jamais ce qu’il en est, puisque tu persisteras dans tous les cas à jouer au bon soldat. Et je déteste les paris en l’air. °
° Il semblerait que tu te trouves dans une impasse, alors. °

Vathek apaisa sa frustration en arrachant une fleur au citronnier devant lequel Levon s’était arrêté, la fit doucement tourner entre ses doigts décharnés. S’il ne pouvait pas jouer avec Martel, rien ne l’empêchait de faire semblant. Il saurait se satisfaire de n’importe quoi, tant que cela libérait son esprit de la laborieuse discussion entre les deux hommes.

« Oui. Vous et moi le savons bien. » approuvait – ° Platement … ° – Levon, hochant la tête aux idées – ° … Insipides ° – exposées par le Moredhel.

Le nom que le Maître Noir promenait le long des corridors du Kaerl et de ses Hautes Sphères n’était même pas réellement le sien, mais il avait bien trop d’ego pour assumer son véritable patronyme. Rahal. Il n’était qu’un bâtard né sur un continent lointain, une vulgaire engeance du commun, aux sangs mêlés, et pourtant, il avait fini par se trouver une place de choix au sein d’une mécanique vieille de plusieurs siècles, entraînée par des mains et des conflits au moins aussi anciens. Parce qu’il avait versé son sang pour son Màr, parce qu’il s’était montré digne de ses ambitions – certes. Néanmoins, il n’avait pas attendu de rencontrer sa moitié d’âme pour savoir que les mots avaient leur propre potentiel, leur propre emprise. Qu’ils n’étaient pas seulement le privilège de ceux qui avaient ou trop de pouvoir, ou trop peu.

Ces "faibles" dont parlait Martel représentaient censément, pour poursuivre son analogie, l’écrasante majorité des rouages du Kaerl. Sans eux, plus rien ne fonctionnait correctement – et si de jolies paroles suffisaient à les entretenir, n’était-ce pas, au final, bien avantageux ? S’il suffisait de leur énoncer tout ce qu’ils souhaitaient entendre ; ou, mieux encore, de leur donner tout ce qu’ils ignoraient encore désirer… ° Amateur. Tout le monde sait que la véritable stratégie consiste à les convaincre que ce qu’ils ne désirent pas encore se trouve dans la direction qui t’arrange. ° Dans son esprit, Vathek laissa résonner un rire aux échos carnassiers avant de continuer à débattre en solitaire de l’existence toute relative d’une chose comme le hasard.

Levon, quant à lui, ne jugea pas nécessaire de partager le sujet de ses réflexions avec le Moredhel. Celui-ci observait son Noir, si dissipé en apparence, avec une méfiance qu’il ne pouvait jamais réellement totalement reprocher à ceux qui se trouvaient à portée de ses manigances. Comme s’il avait perçu la suspicion du Maître Bronze, le Dragon fit tomber la fleur à ses pieds et se tourna à moitié pour lui adresser un sourire évasif par-dessus son épaule, une lueur ravie filtrant des minces fentes de ses yeux étrécis par un plaisir aux origines incertaines. Sans prêter attention au manège de son frère d’âme, le Sang-Mêlé continua la conversation et il sembla alors que l’ombre familière des palmiers projetait sa nostalgie sur les paroles mêmes qu’il prononçait. Entre les feuilles, il distinguait autant les contours d’un futur qu’il ne connaîtrait pas que ceux d’un passé qu’il s’était interdit de regretter.

Il était rare que Martel s’exprime par questions – suffisamment, en tout cas, pour que le Décurion croise son regard avec une franche curiosité, pour y voir se refléter l’interrogation qui avait bousculé sa voix, tant habituée à formuler des ordres, des faits et des exigences que seul un murmure avait été capable de franchir ses lèvres. Que pouvait-il lui répondre ? Si Martel se révélait incapable de faire le deuil de ce qu’il ne retrouverait plus, s’il préférait rester esclave de ses vieilles chaînes, que pouvait-il y faire ? Cela ne le concernait pas. Perdre un homme tel que lui serait déplorable, assurément, mais Levon voyait les limites de sa vertu. Il y avait le temps qu’il acceptait d’accorder à un camarade, et celui qu’il refusait de perdre pour des sensibleries. Avec un peu de chance, le soldat qu’il comptait fournir à Martel saurait lui faire prendre conscience de ce que Levon ne trouvait pas les bons mots pour dire.

Alors, les lèvres pincées et les mains jointes dans son dos, inclinant doucement la tête sur la gauche, sans quitter l’Elfe des yeux, le Maître Noir déclara d’une voix égale : « En ce cas, je ne peux que vous souhaiter bonne chance. Et vous suggérer la prudence ; car à trop vous entourer de fantômes, il n’est pas improbable qu’on finisse par vous prendre pour l’un d’eux. »

Et puis, sur ce même ton froidement désintéressé, il ajouta : « Retournons au salon. Nous aurons d’autres opportunités de discuter. En des lieux plus propices. » Comme pour appuyer les propos de son Lié, Vathek se mit à siffler gaiement, imitant du mieux qu’il pouvait les trilles haut perchées des canaris.
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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeDim 3 Jan 2021 - 14:00

[RP] À la lueur de l’impossible Martel-legend-vaendark-53571a7__[RP] À la lueur de l’impossible Melkor-Dragon-Tol-Orea
Martel Dehlekna & le Bronze Melkor


S’il s’était agit d’une pièce de théâtre, ou d’une quelconque représentation, alors Melkor était bien certain que Vathek aurait obtenu la palme d’or. Imperturbable, la lueur rusée brillant dans ses yeux aux nuances avides ne vacillait pas, tandis que son frère Noir le contemplait. Lui ne semblait pas dérangé par sa forme bipède, au contraire. Il paraissait même en tirer une certaine … jouissance, bien incompréhensible. Un vague malaise, indéfini et diffus, brouillant ses prunelles de cendre, vint saisir le grand mâle, en percevant tout ce que pouvaient sous-tendre ses paroles. Il aimait et admirait l’autre dragon pour toutes ces raisons, pour son génie et cette force intérieure, qui se passait bien de puissance physique pour soumettre ceux qu’y pensaient pouvoir s’y opposer.

Néanmoins … Néanmoins, il y avait des moments comme celui-ci, où Vathek laissait sa vraie nature transparaître, suinter à travers ses mots. Et dans ces moments-là, il était bien incapable de le nier, son frère de couvée lui faisait peur. Il n’avait pas peur pour lui-même, car d’une certaine façon il se jugeait trop … Quel pouvait être l’adjectif adéquat pour définir cela ? Brut ? Élémentaire ? A l’image d’une force de la nature, d’une coulée de lave en fusion : il était, tout simplement, et on ne pouvait faire autrement que de l’accepter tel qu’il était. Trop fruste, peut-être, pour constituer un jouet digne d’intérêt pour le Noir.

Mais Martel en revanche, avec sa finesse de tacticien et ses principes rigides, toujours prêt à les défendre bec et ongles, quoi qu’il lui en coûte … Son Lié, en revanche, était tout à fait de ceux qu’il pourrait se plaire à manipuler. C’était la raison pour laquelle, au fond de lui, Melkor tenait absolument à ce que leur rencontre se conclue par un accord, voire une alliance sincère. Si Vathek se mettait en tête de lui mettre des bâtons dans les roues, cela ne se terminerait pas sans de regrettables sacrifices, d’un côté comme de l’autre. Il était préférable que dans leurs batailles à venir, le Noir et son sang-mêlé soient de leur côté.

Aussi, libérant un souffle chaud comme un soupir, de petites volutes de fumée s’échappant de sa gueule comme s’il avait voulu déverser ses flammes, le Bronze fixa son regard sur son frère de couvée. Tant qu’il accaparerait son attention, peut-être Martel pourrait-il avoir une chance de se faire entendre auprès de Levon.

**Sommes-nous trop différents pour nous accorder sur ce sujet, petit frère ? Nos Liés ne viendraient pas prétendre après tout qu’ils sont dragons, ou se mêler de nos affaires, même après des décennies à partager le même esprit.**

Et, le dragon le sentait, la discussion piétinait du côté de leurs bipèdes, chacun brandissant l’étendard de ses convictions bien haut levé face à l’autre, chacun désireux de rallier l’autre à ses pensées. Mais il faudrait bien que l’un d’entre eux finisse par signer sa reddition, ou a minima cède un peu de terrain, sans quoi leur dialogue finirait dans une impasse. L’esprit de Martel était brouillé, confus, hanté par les souvenirs de ses échecs, de ses souffrances passées, de ces gloires qui avaient été brisées, se glissant entre ses doigts comme une poignée de neige fondue au printemps. Impossible à retenir … Mais pas impossible à retrouver. La Roue finirait par tourner, et l’hiver reviendrait. Leurs ennemis paieraient en temps voulu. Pourquoi ne le réalisait-il pas ?

Un lourd silence s’était abattu sur les deux hommes, après que Levon, non sans une once de lassitude, ait approuvé les propos de l’Exilé. Bien sûr, il n’aurait pu en être autrement : le sang-mêlé lui aussi s’était élevé à partir de la lie, se dressant à la force du poignet au dessus de la poussière qui l’avait vu naître. Ses iris hivernaux tournés avec méfiance vers Vathek, son Elfe paraissait contrarié, faisant écho à l’impatience et la colère grandissante chez le Bronze. Et le manège du petit Noir n’arrangeait rien, pas plus que le sourire étourdi et doucereux que ce dernier lui adressa par dessus son épaule, piétinant la fleur de citronnier qui avait encore tout son intérêt quelques instants auparavant.

Refoulant un gémissement sourd, Melkor se contenta de détourner le regard, ses griffes continuant leur sinistre tâche en éventrant la terre, comme il aurait voulu le faire de leurs ennemis. Ici, sa force physique ne servait à rien. Il était incapable de protéger son Lié contre le tranchant des mots. Martel était seul à pouvoir sortir victorieux de ce combat contre lui-même.

Irrité, il l’était en vérité, tant par son échec à convaincre Levon du bien fondé de ses objectifs, que par la détresse fluctuante qui émanait de son Bronze. Sur son visage pâle, les ombres semblaient s’être encore accentuées, les cernes dévorant lentement l’éclat autrefois perçant de ses iris de glace. Le soutien tacite de l’homme lige de la Haute Représentante ne lui suffisait pas : il voulait l’accord du soldat, de l’homme avec lequel il avait combattu, côte à côte, sur les champs de bataille de la Grande Guerre.
Qu’attendait-il de lui ? Cette question qui le hantait, il fut pourtant incapable de la formuler, laissant sa voix s’élever avec peine au dessus des froufrous veloutés des larges palmes qui les surplombaient. Sous la chaleur du soleil, l’artefact au dragon pulsant lentement contre sa poitrine, il avait l’impression de risquer de défaillir d’une seconde à l’autre. Et sans l’énergie bouillonnante, semblant inépuisable, que lui apportait la présence de Melkor, sans doute aurait-il déjà sombré dans l’obscurité de l’inconscience. Que se passerait-il s’il renonçait maintenant, s’il abandonnait la lutte ?

La réponse du Décurion ne lui apporta, ainsi qu’il aurait pu le prévoir, aucune satisfaction, aucun réconfort, aucun véritable éclairage même, et un froid sourire de dérision, au cynisme entièrement dirigé contre lui-même, vint barrer son visage. Ses entrailles se tordirent, violemment, soudain nauséeux à l’idée de trouver sa place, sa destinée, parmi la foule des fantômes qui se pressait dans son esprit. Rien de plus qu’un souvenir, bien vite écarté. Condamné à regarder le monde avancer sans en faire partie. La mort ne présentait-elle pas comme un sort préférable, une fois encore ?

**La conclusion ne serait-elle pas la même ? A quoi cela te servirait-il de mourir maintenant, avec l’image d’un incapable et d’un faible, celle d’un traître rebelle exilé, collant à ta peau ? Penses-tu que l’on chantera longtemps tes louanges ? On oubliera tout de tes gloires passées, et l’on se servira de toi comme d’un exemple pour les générations futures. On te fera exécuter en grande pompe sous le regard du Kaerl tout entier. Est-ce cela que tu désires, périr comme un couard ? **

Sous la réprimande, si inattendue venant de son frère d’âme, sous le feu dévorant de son regard, le Moredhel s’était raidit, les mâchoires contractées et les yeux fixés droit devant. Trop longtemps, cela faisait trop longtemps que le Bronze s’efforçait de faire taire son impatience, et il ne lui était à présent plus possible de se contenir, de contenir la douleur que lui inspirait la vue de son Lié dans un tel état d’auto-dépréciation.

**Je t’interdis de faire ce choix. Fais ce que tu veux de ta vie, Martel Dehlekna : je te suivrai où que tu ailles et tu le sais ; mais ta mort m’appartient. Il est temps que tu ouvres enfin les yeux !**

Un instant, les poings de Martel se serrèrent, péniblement, jusqu’à faire rentrer ses ongles dans la chair de ses paumes, ravivant la douleur des petites plaies qui s’y trouvaient déjà. Un long frisson le parcourut, tandis qu’il luttait pour garder le contrôle de ses gestes, de ses mots, pour conserver cette calme façade qui menaçait de voler en éclat. Melkor … son Lié était le seul duquel il tolérerait de telles paroles. Néanmoins ... Ses iris de glace, assassins, se tournèrent vers le Bronze derrière lui, lequel, fermement planté sur ses pattes, ne frémissait pas d’une écaille, impassible. Le grand mâle était entièrement convaincu de la justesse de sa réflexion et n’hésiterait pas à la réitérer aussi souvent que nécessaire, jusqu’à ce que son Elfe finisse par plier.

L’espace de quelques battements de cœur, les deux frères d’âme s’affrontèrent du regard, silencieux, l’atmosphère autour d’eux se faisant orageuse et presque électrique, avant que Martel ne se relâche enfin, ses paupières venant recouvrir et atténuer l’intensité du blizzard qui faisait rage en lui. Pour autant qu’il lui coûtait de le reconnaître, pour autant qu’il se sentait désespérément mis à nu par cette inévitable conclusion, Melkor avait raison.

Aussi le Moredhel acquiesça-t-il, sans un mot, emboîtant le pas à Levon qui se dirigeait déjà vers l’imposante demeure Zenghwei, accompagné par les sifflements aigüs et insupportables de Vathek. Ajustant son pas à celui du sang-mêlé, il ne desserra pas les lèvres tout le temps que dura le trajet, en un parfait miroir de l’attitude qu’il avait eu lors de leurs premiers pas dans le jardin. Mais ses pensées étaient de nature bien différente cette fois-ci. La glace qui emprisonnait son esprit avait cédé, brisée d’un coup sec par les flammes ardentes soufflées par Melkor. La lourde chape de plomb qui pesait sur lui s’était enfin allégée. Depuis combien de temps s’obstinait-il dans cette voie sans issue, depuis combien de temps avait-il oublié le pouvoir des mots, se raccrochant aveuglément à cette puissance passée qui lui avait échappée ? Son Maître ne l’avait-il pas éduqué en ce sens, à être un stratège avant d’être un guerrier ?

Le dos droit et la tête haute, il marqua un arrêt à quelques enjambées des portes de la demeure, sa nouvelle résolution s’affichant sur son visage anguleux.

« Levon. Je signerai ce contrat dans les termes que nous avons établi. Je mettrai mes talents au service du Clan Valherien, dans l’espoir que cela nous soit profitable, de part et d’autre. Et dans cette optique, je me soumettrai au jugement de mes pairs. Je me vouerai tout entier à faire fructifier cet investissement … Pour notre bien commun. Votre confiance ne sera pas vaine. »

Ce qu’il avait été, son rang et ses richesses, toutes ces choses matérielles qui lui avaient été arrachées, pendant combien de temps s’était-il caché derrière elles, derrière leur futilité ? Ne méprisait-il pourtant pas depuis toujours ceux qui raisonnaient ainsi ?
Qu’est-ce qui faisait réellement la force d’un homme ? Cette question, il lui paraissait pouvoir à présent en toucher du doigt la réponse. Son intelligence et son instinct. Son savoir, son expérience, ses capacités, durement acquises. Et cela, tant qu’il lui resterait un souffle de vie, tant que son corps serait en état, nul ne pourrait le lui enlever.

Et la première étape de cette reconquête du pouvoir passerait par une rencontre avec Eléderkan. Il avait besoin de son frère ennemi à ses côtés, il le ressentait, maintenant plus que jamais, comme une certitude ancrée au plus profond de lui.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] À la lueur de l’impossible   [RP] À la lueur de l’impossible Icon_minitimeDim 17 Jan 2021 - 16:56

[RP] À la lueur de l’impossible Levon_10 [RP] À la lueur de l’impossible Vathek10
Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

« Eux, non. En effet. Mais peut-être seraient-ils bien inspirés d’essayer. » avait déclaré Vathek, songeur, l’ombre d’un rire discret soulignant ses mots innocents d’un trait sinistre, et son ton signait la conclusion de leur conversation parallèle. Aurait-il eu conscience des pensées de Melkor qu’il n’aurait pu que les approuver ; Martel représentait un meilleur sujet à tourmenter que sa contrepartie draconique. À la fois parce que, malgré sa perversité, Vathek rechignait à trop blesser ceux qui partageaient son sang, mais aussi et surtout, parce que l’Elfe suintait de vulnérabilités que son instinct de grand prédateur ne pouvait ignorer.

Enveloppés d’un silence familier, les deux hommes empruntèrent le chemin du retour, accompagnés par les sifflements exaspérants du petit Noir. Il y avait fort à parier que, si celui-ci n’avait pas perçu la tension qui entourait le Moredhel et son Bronze, il n’aurait pas fait tant d’efforts pour se montrer insupportable. Mais le Dragon se complaisait dans l’insolence, profitait mieux du chaos lorsqu’il ne s’en faisait pas l’architecte car il manquait de patience pour ces choses-là, trouvait que le hasard était un bien meilleur stratège, et son âme frissonnait au contact de cette aura de dispute implicite comme une fleur aux pétales vénéneux sous la rosée du crépuscule. Le Sang-Mêlé lui adressa une œillade furtive, vaguement dégoûtée, seulement pour recevoir un sourire enjôleur en réponse. C’était à prévoir : Vathek avait fait profil bas suffisamment longtemps pour endormir la méfiance de son Lié, et désormais, il était prêt à sévir.

Alors qu’ils approchaient de la demeure, l’Exilé s’arrêta. Le Sang-Mêlé haussa un sourcil inquisiteur, les lèvres tordues en une modeste moue contrariée. Vathek saisit l’opportunité pour enlacer son Lié immobile sans prévenir, calant sa tête sur son épaule pour observer le Moredhel, les yeux ridiculement écarquillés. Quelque chose avait changé dans le profil de l’ancien Maître Bronze. Ses iris brillaient d’une détermination nouvelle et lorsqu’il prononça le nom du Décurion, ce dernier sentit le Noir se pourlécher les babines aussi sûrement que s’il l’avait fait lui-même – peut-être même était-ce véritablement le cas, il n’en était pas certain.

Momentanément trop abasourdi par ce constat pour pouvoir répondre, les bras du Noir le quittèrent, et il vit son frère d’âme s’avancer, frappant avec enthousiasme dans ses paumes.

« À la bonne heure ! » s’exclama le Noir d'une voix trainante, à l'hypocrisie si prégnante qu'elle en devenait poisseuse. « Était-ce si difficile ? Douloureux ? » Il se pencha en avant pour examiner le visage de l’Elfe, se tenant le menton entre deux doigts curieux. « Alors que tu es déjà plus bas que terre… Vois le bon côté des choses ! Au final, c’est un peu comme un entraînement ; car ce qui vous attend, toi et ta fierté si puérile, sera mille fois pire. »

Il se fendit d’un sourire compréhensif tout en se redressant et tapota deux fois l’épaule de Martel – geste d’encouragement déguisé en insulte ou soutien moqueur et factice ? – avant de se tourner vers le Bronze. « Toutes mes félicitations, Melkor. Tu vois, il t'est toujours permis d’espérer ! » Incorrigible fanfaron aux intentions néfastes, le Dragon, profitant une fois de plus de sa forme humaine et illusoire, eut l’indécence de s’accrocher au flanc du Bronze, laissant courir le long de ses écailles une lente caresse. Ce faisant, il ne quitta pas le Moredhel des yeux, se jouant à nouveau de lui comme il se plaisait à lui faire croire qu’il y avait bien eu une conversation entre les deux Dragons dont il ignorait tout. Dans ce contexte si particulier, où la menace était partout autour de lui, où ses anciennes attaches n’avaient plus aucune valeur, que se passerait-il si Martel venait à douter de son propre Lié ?

« Vathek… » siffla Levon entre ses dents, moins une menace qu’un soupir las tandis qu’il secouait brièvement la tête en signe d’excuse. « Ignorez-le. C’est une peste. Sa condition ne s’est pas arrangée avec le temps. J’aimerais l’emmener voir un guérisseur, mais il est plus fuyant qu’une anguille. »

Le petit Noir éclata d’un rire de crécelle et retourna se lover dans l’ombre de son Lié, docile seulement en apparence, ses traits auparavant si expressifs retrouvant l’inertie parfaite d’un masque funéraire. Le Décurion poussa la porte de la demeure, attendit par habitude que tous soient rentrés avant d’y pénétrer à son tour et de refermer derrière eux. La mâchoire serrée et ses prunelles glacées étincelant de haine, le Sang-Mêlé se fit violence pour ne pas ouvrir le crâne de Vathek contre chacun des murs du couloir ; il connaissait trop ses passions pour encore tomber dans ses pièges. Pourtant, même l’indifférence semblait convenir au Dragon et, à bien y réfléchir, cela n’avait rien d’étonnant. Il n’agissait que quand il était certain que toutes les conclusions lui seraient favorables – en cela, ils étaient similaires.

« Je suis heureux que nous soyons parvenus à nous entendre, Martel. » assura finalement Levon lorsque chacun eut repris sa place dans le petit salon, de part et d’autre de la table basse où patientaient l’encre et la plume. « Nous mettrons tout en œuvre pour que personne n’ait à regretter cet accord. » Des paroles aux sonorités de promesse creuse, mais le Moredhel n’était pas sans ignorer que son ancien subordonné n’en faisait pas. L’envoyé de Jora Evumbrar fut le premier à parapher le parchemin, puis, quand l’encre fut sèche, il le tourna en direction de Martel.

« Au vu de ma position, je ne pourrai pas rester votre interlocuteur au sein du Clan. Maîtresse Evumbrar aura recours à son propre réseau pour vous contacter. » Le Sang-Mêlé sourit calmement, les mains posées sur ses cuisses. « Et quand elle jugera le moment opportun, je vous présenterai mon petit protégé. »

D’un mouvement délicat, il roula le parchemin sur lui-même et le glissa dans une poche intérieure de son uniforme avant de se lever. Il s’inclina devant Martel, puis devant Melkor, dans un salut dont la rigueur toute militaire était seulement atténuée par la courbure réjouie de ses lèvres. Vathek avait moins de respect pour les convenances, et il se contenta d’agiter une main, sautillant déjà vers la sortie tandis que son Lié semblait avoir plus de réticence à quitter la compagnie des deux proscrits qu’il n’en avait eu à venir les trouver en premier lieu.

« Nous nous reverrons bientôt. » affirma-t-il, une main sur la poignée de la porte, et prit congé.

Il retrouva son Lié à l’extérieur, qui l’attendait sous sa véritable forme, sinueuse et difforme, l’une de ses ailes, celle qui était mal proportionnée, étendue devant sa tête comme l’éventail d’une précieuse faussement effarouchée pour le protéger du regard virulent de Levon. Se passant de toute forme de commentaire, le Sang-Mêlé le dépassa vivement, lui ordonnant d’un signe de le suivre. Vathek s’étira longuement, puis, sur un bâillement inaudible, se coula dans les ombres du volcan.


- FIN -
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