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 [RP] Il y vient aussi nos ombres

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Zoran Cynfelyn
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Zoran Cynfelyn


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MessageSujet: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeMer 14 Juin 2023 - 20:07

Il y vient aussi nos ombres
Que la nuit dissipera
Le soleil qui les rend sombres
Avec elles disparaîtra
(Guillaume Apollinaire, Clotilde)

Automne 916,
Coteaux de Xánthi.

« Dis, Arianwyn, est-ce que ça t’arrive de faire des cauchemars ? »

Dans l’obscurité du campement, le Prêtre de Mystra, adossé contre une souche et les yeux levés vers les étoiles, tourna lentement la tête vers la silhouette de son compagnon qu’il devinait, recroquevillée sous un improbable tas de couvertures. Il médita un instant sur la question, l’air de la nuit peuplé par les crépitements du feu mourant et les stridulations des criquets.

« Bien sûr. » déclara-t-il enfin avec une franchise prudente. « Je ne les aime pas. Ils me donnent l’impression qu’un enfant vit en moi qui ne grandira jamais. »

Zoran émit un soupir d’approbation avant de se redresser, les dernières lueurs des flammes baignant son visage dans des ombres étranges. Même vu d’ici, son regard semblait soucieux. Le jeune Fëalocë s’interrogeait parfois sur des choses qui dépassaient son confrère – avait des préoccupations bien trop éloignées de la norme.

« Peut-être que si nous faisons toujours des cauchemars, c’est parce que cette vie n’est pas la réalisation entière de ce que nous sommes. Peut-être qu’elle n’est que l’enfance et qu’une autre réalité nous attend après la mort.
Tu penses beaucoup à la mort. »

Zoran entrelaça ses doigts, soudain agité, comme s’il avait voulu se justifier. « Je la vois souvent. Il y a ceux qui la craignent et ceux qui l’appellent. De toutes les façons, elle est omniprésente. Elle est dans le cœur et dans le corps de ceux que je soigne, et alors, je l’accueille en moi. Elle n’est jamais loin. Quand je ferme les yeux, je comprends qu’ils en aient peur. »

Arianwyn ne répondit rien, se contentant de fixer les braises. Même avec le temps qui passait, il ne parvenait toujours pas à accepter l’obscurité qui se développait chez son protégé. Quelque part au fond de lui, dissimulé sous des années d’indifférence, un sentiment grandissait ; celui de l’injustice. Pourquoi fallait-il que le fardeau des ombres échoie invariablement aux âmes les plus brillantes ? Pourquoi n’y avait-il que les innocents pour s’abandonner aux ténèbres, et pourquoi ceux qui avaient élu domicile au cœur de la nuit la plus noire, comme lui, ne remplissaient-ils pas ce rôle ? Mystra savait s’il avait essayé, pourtant. Rien n’y faisait. Il était trop dévoué à ses propres démons pour s’accorder le temps de comprendre ceux des autres.

« Arrête-moi si je me trompe, mais ce n’est pas la mort qui peuple tes cauchemars, hein ? » Le Sang-Mêlé tressaillit légèrement car il ne s’expliquait pas encore comment Zoran parvenait à lire si aisément en lui. « Je l’aurais reconnue, je pense, parce que je commence à bien la connaître. Pourtant, je sens que quelque chose te tourmente. Je le vois dès que je suis sur le point de m’endormir ; je vois ton corps qui étouffe sous un épais nuage noir. Et même, parfois, tes veines deviennent sombres elles aussi. »

Avec un soupir qu’il eut du mal à garder discret, Arianwyn se mit à jouer nerveusement avec l’un des innombrables bracelets que Zoran lui avait tressés. Il savait d’ores et déjà où les mènerait cette conversation, pourtant, une partie de lui – curieuse ou simplement mauvaise – l’empêchait de prendre les devants et d’éviter à son protégé l’embarras. Il y eut le murmure caractéristique du tissu que l’on froisse, puis, soudain, le Fëalocë lui faisait face, les paumes appuyées contre le sol et le corps penché en avant. Le Sang-Mêlé croisa son regard, piqueté d’étoiles par le jeu des flammes, et qui fouillait timidement le sien. Il sentit sa mâchoire se crisper mais ne prononça aucun mot, se contentant de braver les yeux obscurs du jeune homme.

« Si tu laisses les ténèbres te ronger, tu finiras par te fondre en elles. Et alors, tu disparaîtras de la toile du monde.
Je ne serai ni le premier, ni le dernier. » contra Arianwyn, un sourire discret suspendu à ses lèvres pâles. « Ceux qui sont capables d’accepter une telle idée… Peut-être est-ce là l’expression de leur Destinée. Peut-être entendent-ils déjà l’appel de l’autre vie. » Il leva une main comme pour tirer un voile invisible. « Peut-être les Dieux, dans leur infinie clémence, veulent-ils leur épargner les misères et les vicissitudes de celle-ci.  
Non. » Les sourcils de Zoran s’étaient froncés en une expression outrée. « Toute vie possède sa justification dans le grand cercle des choses. Nous sommes ici pour apprendre, pour nous découvrir et nous préparer. Ces personnes dont tu parles sont sans doute condamnées à recommencer, encore et encore, parce qu’elles n’ont pas compris que ce monde est une épreuve nécessaire – quand bien même leur vie devait s’avérer douloureuse, injuste ou sans espoir.
Et si mon rôle était justement de disparaître, afin de te mener sur la voie de ton véritable avenir ? »

Le Fëalocë écarquilla les yeux avant de comprendre que le Sang-Mêlé n’avait émis cette hypothèse que dans le but de le troubler et de le forcer à étayer sa réflexion. Zoran baissa la tête, ses doigts venant effleurer le cristal niché entre ses clavicules.

« Aucun Dieu n’est cruel à ce point… » tenta-t-il, conscient que c’était là un argument bien vain pour espérer satisfaire un Prêtre. Arianwyn eut un léger rire et sa main, restée en suspens, alla s’égarer dans les cheveux de Zoran, les ébouriffant allègrement. Le Fëalocë le laissa faire, réticent seulement en apparence, comme peuvent l’être les adolescents face à une démonstration un peu trop ouverte d’affection. « Cesse de faire le fier, ce n’était même pas le sujet !
Ah bon ? Et quel était-il ?
Toi ! » Zoran accompagna sa déclaration de gestes vagues qu’Arianwyn imita avec emphase, les plongeant tous deux dans une hilarité difficile à contenir malgré l’appréhension qui opprimait leur poitrine. D’une certaine manière, toute leur relation pouvait être résumée à ce constat ; des choses sombres et terrifiantes les liaient mais, en présence de l’autre, ils n’arrivaient plus à se soucier de la souffrance. Le moment tant redouté par le Sang-Mêlé était-il réellement arrivé, ou bien avait-ce été la peur qui l’en avait persuadé ?

Reprenant son souffle, Zoran vint poser ses mains sur les épaules d’Arianwyn, arborant à nouveau un air grave.

« Pourquoi est-ce que tu ne me demandes pas de t’aider ? »

~°~

Iolyaku 920, Premier Quartier,
Contreforts des Sérénéides, Thálassie

Ses poches étaient remplies de feuilles aux parfums divers. Il ignorait quel rituel il tentait d’accomplir en les frottant entre le pouce et l’index comme d’autres auraient fait rouler les perles d’un collier de prière. Cette habitude n’était pas la sienne ; celle-ci et la voix qui se penchait par-dessus son épaule pour lui apprendre le nom de chacune de ces plantes appartenaient à la même personne. Zoran suivait sa trace depuis plusieurs Lunes déjà, se laissant autant guider par son intuition que par l’envie de retrouver des lieux et des visages familiers. Sa quête désormais ne lui paraissait rien de plus qu’une excuse. Ici, sur les routes, le Fëalocë n’était certainement pas libéré de ses angoisses mais sa fuite aurait pu demeurer éternelle.

Ayzehl était incapable de garder sa forme humaine pour l’accompagner dans sa marche et disparaissait parfois pendant des jours, par-delà les cimes blanches ou au fond des vallons obscurs. Si Zoran croisait quelques bergers en colère bavassant à propos de troupeaux terrifiés et d’agneaux disparus, il se contentait d’un hochement de tête compatissant, les remerciait d’avoir partagé avec lui une poignée d’amandes ou un quignon de pain avant de poursuivre sa route.

Zoran s’arrêta un instant sous un olivier pour reprendre son souffle et boire une gorgée d’eau à sa gourde. Le petit chemin qu’il suivait depuis midi louvoyait à l’ombre d’une colline recouverte de chênes verts. En contrebas, le bêlement des chèvres se mêlait au son de leurs clochettes et au crissement discret des premiers grillons – il ferait bientôt nuit. Aucun village ne semblait cependant assez proche et Zoran décida de continuer son ascension jusqu’à ce que le crépuscule fut bien avancé.

Timidement, il tendit son esprit vers celui d’Ayzehl et ne fut pas trop étonné de la trouver au sommet du sentier. Sa silhouette se dessinait en contrejour, enveloppée dans les rayons cramoisis du couchant. À genoux, elle s’employait à empiler des pierres, ses mouvements lents et incertains trahissant son inquiétude quant à l’équilibre tout relatif de la structure. Zoran s’approcha de sa Liée sans faire de bruit et s’acroupit à ses côtés.

« Tu ne devrais pas utiliser ta forme ainsi, tu vas te fatiguer. »

L’intention se voulait prévenante mais le ton était sentencieux. Le Fëalocë se mordit la lèvre. Il s’agissait de sa Liée, d’une Dragonne ayant hérité de siècles de savoirs à en rendre ridicules les plus anciennes bibliothèques humaines, et il persistait à la traiter comme une enfant peu brillante qu’il aurait ramassée sur le bord de la route.

« Je voulais essayer. » répondit la jeune femme, ignorant les tourments de sa moitié d’âme pour mieux se concentrer sur la pierre plate entre ses mains. « J’ai vu beaucoup de tes congénères faire ces tas. On dirait qu’ils sont importants pour eux. Qu’ils ont un sens. »
Ce sont des cairns. Ils servent à guider les voyageurs, comme nous. »

Ayzehl hocha la tête. À travers le rideau d’ivoire qui lui dissimulait son visage, Zoran aperçut l’ébauche d’un sourire et, irrésistiblement, ses propres lèvres s’étirèrent en un fin croissant de lune. Il se redressa alors et laissa la Dragonne à son œuvre tandis que lui-même s’occupait de monter son modeste campement pour la nuit.

Le paquetage d’un Itinérant ne contenait jamais plus que l’essentiel et les étoiles commençaient tout juste à s’allumer dans le ciel quand Zoran se trouva désœuvré. Il aurait pu converser avec Ayzehl pour couvrir la rumeur montante mais, même s’il lui coûtait de le reconnaître, aucun sujet ne lui paraissait assez légitime pour rompre le silence terrible qui régnait entre eux. Il était lourd comme une stèle – tout aussi immuable. Par intuition plus que par sensibilité, il sentait l’attente résignée de la Noire quelque part à sa droite mais leurs pensées restaient muettes. Il n’avait rien pour elle. Aucune émotion, aucun souvenir, aucune sensation qu’il aurait pu lui partager sans la mettre en danger. L’évidence avait un goût d’échec : il ne savait que prendre.

Machinalement, il traçait du bout des doigts dans la poussière à ses pieds les runes que Laéïa lui avait enseignées dans le vain espoir d’apaiser son cœur. C’était toujours dans le noir qu’il se mettait à battre trop vite, lorsque s’éveillaient les vieilles douleurs à travers tout son corps pourtant indemne. Ce n’était pas elles que Zoran redoutait le plus – il avait tant côtoyé la souffrance qu’il ne parvenait plus à envisager celle-ci autrement que comme un fardeau a priori justifié, au pire justifiable. Il craignait les voix, les hurlements et le puits de ténèbres bouillonnantes qui s’ouvrait alors dans sa poitrine. Loin de l’influence du Kaerl et de sa magie, Zoran se sentait privé d’une forme de protection dont il n’avait même pas eu conscience. Avec un soupir contrarié, il se laissa finalement tomber en arrière. La tête calée sur son baluchon et le nez levé vers les astres, il se prépara à affronter une nouvelle nuit sans sommeil. L’épuisement eut cependant raison de son pessimisme et il ne vit pas venir le moment où son esprit bascula dans le vide.

L’aube chassa ses cauchemars aussi sûrement que le vent du nord avait effacé les nuages de la veille.

Jour après jour, ses pas l’avaient éloigné du littoral. De Tramaghel, il avait d’abord pris la route d’Izérinas puis celle de Mytilène, bifurquant quelques lieues avant la cité pour rejoindre le Grand-Temple de Mystra – mais ici ou là-bas, on n’avait pas vu Arianwyn depuis une année au moins. De domaine en village, de temple en tripot, Zoran arpentait son passé à la poursuite du seul fantôme qui refusait de participer à ce pèlerinage. Désormais bien avancé au cœur de l’arrière-pays, le souffle de la mer n’était plus là pour modérer les températures et même en ce début de printemps, l’air qui s’élevait des chemins caillouteux évoquait davantage la brûlure de l’été et des gouttes de sueur roulaient dans la nuque du Fëalocë qui continuait inlassablement son voyage.

Dans cette région au relief parfois chaotique, de nombreux monastères avaient éclos au sommet des crêtes et des falaises, étranges fleurs minérales et solitaires, allant du simple refuge en pierre sèche au petit village. L’un d’entre eux avait une importance particulière dans l’histoire car c’était là où avait vécu le mentor d’Arianwyn, celui qui l’avait recueilli et offert une place au sein du Temple – et même après la mort de cet homme, bien après qu’un nouveau Sage ait été appelé pour veiller sur le monastère, Zoran se souvenait y être maintes fois retourné pour aider aux travaux d’entretien. S’il était bien un lieu sur cette terre où le Sang-Mêlé pouvait disparaître sans crainte d’être suivi, ce devait être celui-ci.  

Zoran ferma un instant les paupières, prit une profonde inspiration et laissa ses poumons se remplir de souvenirs. Il connaissait cette odeur par cœur. Celle du tapis de feuilles mortes et d’épines de pin en décomposition grillé par la chaleur, de la résine et des pierres chauffées par le soleil de fin d’après-midi, de la terre rouge et acide. Le ciel était d’un bleu uniforme. De l’or s’écoulait par les interstices dans la canopée. Les chats du monastère observaient d’un œil peu amène celui qui avait interrompu leur sieste – Zoran reconnut parmi les gardiens un petit rouquin famélique rongé par la gale. Il s’accroupit et tendit la main vers l’animal qui lui adressa un miaulement éraillé avant de bondir dans le talus. ° Certaines choses ne changent pas. ° songea le Prêtre avec un sourire. Un autre, gris et beaucoup plus épais, se faufila tant bien que mal par une fenêtre, sans doute pour aller avertir le maitre des lieux.

À cette heure, le modeste domaine était tout entier plongé dans la lumière et Zoran en profita pour admirer le jardin. Le cognassier près du puits était en fleurs ; de son compère amandier, en revanche, il ne restait plus qu’une souche béante. En bas, dans les restanques, on devinait le potager au milieu des romarins, des fausse-camomille et des immortelles. Ayzehl restait cachée dans son dos depuis qu’une abeille s’était égarée dans ses cheveux. Avec comme un sursaut, le Fëalocë se rappela soudain l’existence d’un jeune arbre, aux feuilles en forme de cœur et aux fleurs si parfumées, qu’un Novice de passage avait un jour ramené de ses voyages et il agrippa le poignet de sa Liée pour l’entraîner à sa suite. Le Fëalocë contourna le bâtiment jusqu’à la cour, débusquant au passage un couple de tourterelles qui s’était assoupi entre les pierres.

« Bonjour, toi. Comme tu as grandi… » murmura-t-il aux branches encore nues mais au creux desquelles s’épanouissaient de délicats bouquets roses.
« C’est ce que nous sommes tous censés faire, surtout les jeunes. Mais toi, regarde-toi, tu n’as pas poussé d’un cheveu et tu es maigre comme un clou !
Je t’avais dit que me gaver de soupe n’y changerait rien mais toi, comme tu es vieux, tu n’écoutes jamais. » répliqua le Fëalocë sans daigner se retourner, trop occupé à suivre du bout des doigts la courbure des pétales. Il reconnaissait la voix et son accent marqué, peut-être même trop bien, et cela étonnait son naturel pessimiste qu’il n’ait pas non plus oublié le visage du Moine. Des yeux d’un bleu aussi calme que celui des lacs brillaient sous l’imposant buisson de sourcils dont la blancheur contrastait avec un teint de vieux cuir. Le chat gris de tout à l’heure se frottait contre les jambes de l’Humain, jetant de temps à autre un regard vaguement méprisant dans la direction de Zoran et d’Ayzehl.

« Na se kharó ! » s’exclama l’homme, levant les bras au ciel. Le Fëalocë se fendit d’un sourire, se laissant brièvement étreindre avant de saisir Ayzehl par les épaules, la poussant légèrement vers le Moine.

« Tzithis, c’est bon de te voir. Voici Ayzehl, mon apprentie. » La Dragonne hocha la tête en guise de salutation. C’était ainsi qu’ils avaient décidé de la présenter et elle commençait à se faire à ce rôle qui leur permettait d’éviter aisément toute question trop personnelle.

« Ah, voilà donc la raison de ta disparition ! Je suis ravi de faire ta connaissance, Ayzehl. J’espère qu’il ne t’ennuie pas trop ; il sait peut-être tout sur tout mais n’a toujours pas trouvé comment retirer le balai qu’il a dans le… » Il fit un signe vague en direction de son arrière-train et Ayzehl fronça les sourcils, perplexe. Zoran roula des yeux avec un soupir sonore qui fut rapidement englouti par les éclats de rire du Moine. Surpris par le bruit, son compagnon félin fila se mettre à l’abri à l’intérieur du monastère sans se douter qu’il y serait suivi.

Zoran effleura du bout des doigts l’inscription gravée sur l’une des plus belles pierres de l’entrée. Qui vient en ami arrive trop tard et part trop tôt. Le reste de la citation avait été effacé par le temps mais devait partager sa signification avec celle du bouquet de lys posé à côté de la porte. Il s’écarta pour laisser passer Ayzehl. Après les avoir débarrassé de leurs affaires, Tzithis les mena jusqu’à la cuisine. Il sortit trois verres dans lesquels il jeta une poignée d’herbes sèches et versa de l’eau chaude. Du coin de l’œil, Zoran ne put s’empêcher de compter le nombre de couverts qui avaient été sortis pour le déjeuner.

« Je cherche Arianwyn. Depuis des Lunes, je… » commença-t-il à expliquer, se tordant les mains sous la table et n’osant pas croiser le regard du Moine de peur d’y lire trop tôt une réponse qu’il ne souhaitait pas entendre.

« Eh bien, ne cherche plus. Il est dans la grange, il répare le toit. Les pluies du printemps ont fait quelques dégâts et – » Tzithis fut interrompu par un vacarme soudain. Zoran s’était levé précipitamment, les paumes plaquées contre la table et les yeux exorbités, et le bruit de sa chaise raclant les dalles avait fait sursauter sa Liée. Inquiète, elle le dévisageait sans comprendre. Le Fëalocë ignorait à qui appartenaient les mains qui avaient violemment enserré son cou au point de lui couper le souffle mais il se fichait bien de savoir, entre le soulagement et la panique, lequel avait pris possession de son corps. Tzithis semblait connaître la réponse mais demeura muet malgré l’infime tristesse qui voila un instant ses traits.

« N’oublie pas d’aller saluer mes frères. » déclara-t-il simplement tandis que Zoran se précipitait à l’extérieur, rapidement rejoint par Ayzehl qui essayait d’attirer son attention, tirant sur leur Lien aussi fort qu’elle le pouvait.

° Ayzehl, je suis désolé, peux-tu nous attendre à l’écart ? °
° Est-ce que tout va bien ? °
° Oui, c'est juste que... ° Je ne sais pas comment il va réagir et je ne veux pas que tu assistes à ça, songea-t-il et il se mordit la lèvre, sachant que cette pensée resterait entendue de lui seul et lui préférant le confort d’un pieux mensonge. ° Il vaut mieux que j’y aille seul, dans un premier temps. °

La Dragonne releva le menton et il pouvait voir se refléter dans ses iris pâles l’éclat d’un jugement las. Elle acquiesça pourtant sans un mot et tourna les talons. Il la suivit du regard, son pas faussement assuré l’entraînant jusqu’au massif de rosiers auprès duquel elle s’assit en tailleur, la bouche tordue en une moue particulièrement explicite. Zoran aurait pu se noyer sous la vague de culpabilité qui enflait dans sa poitrine. Ses jambes tremblaient, le portaient sans conviction mais finirent par l’éloigner suffisamment de son Âme Sœur.  

Ses doigts saisirent le bord du panneau de bois à l’entrée de la grange et il plissa les yeux pour entrevoir l’intérieur plus sombre. Comme un fait-exprès, le trou dans la toiture laissait couler la lumière du soir sur la silhouette courbée au fond de la grange. Les abominables cicatrices ornant son dos criaient son nom, pour toujours gravé dans sa peau, pour toujours incrusté dans la mémoire du Fëalocë comme s’il avait été le sien.

C’était lui. Ce ne pouvait être que lui. Ce devait être lui.

Ses pieds glissèrent sur le sol de la grange, recouvert de poussière et de paille. Il ne put faire que quelques pas. Il voulut l’appeler mais ses lèvres refusaient de bouger, son souffle lui échappait. Son corps entier était devenu une bête sauvage qu’il était vain de tenter de dompter. Horreur et fascination s’entremêlant dans ses yeux écarquillés, il observa en silence ce fantôme de chair et de sang s’animer et prendre vie.


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Dernière édition par Zoran Cynfelyn le Mar 8 Aoû 2023 - 10:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeSam 29 Juil 2023 - 19:21

[RP] Il y vient aussi nos ombres Arianwyn-51bd87d
Eindride d'Ostréel, dit ‘Arianwyn’
Prêtre Itinérant de Mystra


Theme Song :
Loftið Verður Skyndilega Kalt - Ólafur Arnalds

( The Air Suddenly Goes Cold )

La brûlure de ses muscles trop longtemps sollicités chantait en lui, en un parfait contrepoint au vide qui obsédait son cœur. S’il s’attardait suffisamment sur cette sensation, s’il la laissait prendre toute sa place dans son esprit, elle parvenait presque, presque, à lui faire oublier pourquoi il se trouvait là, de cette fracture soudaine dans sa vie qui l’avait détourné de son juste chemin. Lancinante, absolue, mais bien réelle, la douleur de l’effort oblitérait toute pensée.

L’endroit n’avait aucune importance. Que ce soit la maison de son ancien mentor n’était qu’un concours de circonstances comme un autre. Seul comptait le mouvement, répétitif, abrutissant. Encore, et encore, dans la semi pénombre de la grange, les grains de poussière dansant sous le soleil de cette fin d’après-midi.

Il était rare qu’il ne se passe un jour sans qu’il n’y repense, à cette plage au bord de la mer, hanté par le son des vagues roulant sur le sable, par le souvenir de mèches cuivrées entremêlées entre ses doigts. Deux ans s’étaient bientôt écoulés depuis qu’il avait disparu. Depuis qu’il l’avait quitté, abandonné à son triste sort. Et de la même manière que s’abattait sa hache sur les poutres à dégrossir, ces images, ces sensations lui revenaient sans cesse. Il essayait d’oublier parfois, de s’oublier lui-même, à travers l’alcool ou des bras indolents, mais ce n’était finalement, guère plus qu’une fantaisie de passage. Une utopie naïve. Car toujours, une fois les premiers rayons de l’aube frémissant sur ses paupières, l’enfer s’ouvrait à nouveau sous ses pieds, prêt à l’engloutir.

Il ne voulait pas l’admettre, mais il était bien incapable de passer à autre chose, d’ouvrir un nouveau chapitre de cette vie qui n’avait plus ni relief ni couleur.

Il l’avait cherché, son Hotaru. Inlassablement, alternant entre frénésie angoissée et désespoir accablant. Il ne pouvait pas s’être volatilisé ainsi, à la faveur de la nuit, sans un mot pour lui ni pour personne d’autre, sans un regard en arrière. Comment aurait-il pu le laisser, s’en aller sans lui, lui tournant le dos après tout ce qu’ils avaient partagé, après tout ce que lui, Arianwyn, lui avait donné ? Il arrivait parfois que ses vieux démons resurgissent, se penchant à son oreille pour lui chuchoter des mots qu’il se refusait pourtant à entendre.

Peut-être Zoran s’était-il donné la mort, ne supportant pas le regard horrifié que ses proches avaient posé sur lui. Peut-être, au moment même où les flots impitoyables volaient le dernier souffle de son compagnon, avait-il été quant à lui pris pleinement dans la toile d'une ivresse voluptueuse, ses sens agréablement émoussés, insoucieux de tout et négligent. Peut-être aurait-il du lui accorder plus d’attention, être plus présent. Peut-être était-ce là sa punition.

Et si tel était le cas, si tel était le châtiment décidé par les Dieux … Cette simple idée l’emplissait d’un sentiment d’amertume, et d’une profonde injustice. C’était tout bonnement impossible, raisonnait-il alors, se le répétant sans relâche : si le garçon s’était noyé, tôt ou tard la marée aurait ramené au rivage son corps sans vie. Or, aucune trace de lui, ni là-bas, ni ailleurs, n’avait été retrouvée. Se serait-il fait poussé des ailes pour s’envoler comme un oiseau, que les maigres indices qu’il avait laissé n'auraient pas été plus troublants. Impossible ...

Non, la seule solution, la seule conclusion valide était qu’il était parti. Volontairement. Il l’avait abandonné !

Humilié, rejeté, une énième fois dans sa vie, Arianwyn ne comprenait pas. Il ne l’avait pas accepté, et ne l’acceptait toujours pas. Mais la trahison avait un goût que trop familier pour lui, et il ne comptait pas le laisser s’en tirer à si bon compte. Pour faire quoi ensuite ? Il n’en savait rien, et ne s’arrêtait pas à de telles considérations. Tout ce qui importait pour lui était de le retrouver, et lui prouver … Lui prouver qu’il avait eu tort. Voir s’inscrire dans ses yeux la réalisation qu’il ne pouvait exister sans lui.

Alors s’était-il mis en quête, arpentant d’abord les environs du village où habitaient les Cynfelyn, puis, ses investigations n’aboutissant à rien, retournant en Orën. Interrogeant leurs connaissances communes, passant au peigne fin les endroits, même les plus improbables, où Zoran aurait pu se trouver. Partout où il y aurait eu une maigre chance qu’il voit poindre son visage hâve, un sourire triste sur ses lèvres.

Mais le continent était vaste, les possibilités innombrables, et sa santé, autant mentale que physique, avait commencé à souffrir de ses incessants voyages. Nul n’avait vu, ni entendu parler du jeune Fëalocë. C’est en désespoir de cause qu’il s’était retrouvé sur la route du monastère en Thálassie. Cet endroit en valait un autre, après tout. Rien de plus qu’une simple pause. Cela ne faisait que quelques jours qu’il était arrivé, mais déjà le démangeait le besoin de repartir. La chaleur et la bonhommie de Tzithis ne faisaient que l’irriter, lui rappelant ce manque dévorant en lui.

Au fond de lui, il n’y croyait plus vraiment. Mais après deux années de vaines recherches, à concentrer jusqu’à la moindre miette de son énergie vers cet objectif bien précis, s’il s’arrêtait, s’admettant alors vaincu, que se passerait-il alors ? Que resterait-il de lui sinon une coquille vide ? C’était comme si l’obscurité s’emparait lentement de lui, jour après jour, étouffant toute lumière. Il n’avait plus aucun échappatoire.

Aussi focalisait-il toute son attention sur la fastidieuse besogne entre ses mains, ignorant les cris de protestation de son corps malmené. Tout pour ne plus penser. Aussi lorsque, se retournant pour empoigner un nouvel outil, son regard tomba sur une maigre silhouette par trop familière – que ne l’avait-il convoitée tant de fois en rêve ? – son cœur manqua un battement, et son visage se vida de toute expression.
Immobile, comme englué dans une toile, il le contempla, ressentant monter en lui une irrépressible colère. Il aurait pu croire à une chimère née de son esprit fatigué, mais une part de lui savait qu’il n’en était rien. Zoran était là, bien vivant, devant lui, le dévorant des yeux avec autant d’épouvante inscrite sur ses traits que s’il avait contemplé une monstruosité.

Ce que lui, Arianwyn, était certainement, tout autant que le jeune homme en face de lui.

Les secondes s’étirèrent, pendant lesquelles ils se défièrent du regard, avant que le sang-mêlé ne se détourne froidement, exposant à sa vue son dos marqué de cicatrices, lui rappelant sans un mot l’ignominie de sa condition.

« Hotaru. » énonça-t-il simplement, en guise de salutations.

Qu’il se sente coupable à présent, susurrait une voix en lui. Qu’il se sente perdu, comme l’austérité et l’indifférence de sa voix se heurtait à l’intimité, autrefois partagée, auréolant encore ce nom.

De toutes les façons dont il avait imaginé, fiévreusement, leurs improbables retrouvailles, aucune ne se déroulait ainsi. Dans ses songes éveillés, il avait toujours le beau rôle, sortant fréquemment Zoran d’un mauvais pas, ce dernier lui exprimant toute sa gratitude et lui jurant de ne plus jamais le quitter. Jamais n’était-ce le Fëalocë qui apparaissait à lui, une visible aversion l’empêchant même de s’annoncer, de s’expliquer. Une chose était claire : ce dernier ne s’attendait de toute évidence pas à le trouver ici. Ce n’était que pure coïncidence s’ils s’étaient retrouvés là au même moment.

Ses jointures blanchirent tandis que ses doigts se serraient sur la fibre usée de sa chemise, et c’est sans se retourner ni plus lui accorder d’attention qu’il la passa au dessus de sa tête, se soustrayant au poids de ce regard qu’il sentait courir sur sa peau.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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Zoran Cynfelyn
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MessageSujet: Re: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeMar 22 Aoû 2023 - 11:57

La Roue du Temps s’était brisée et dans ses innombrables éclats, Zoran contemplait son propre reflet sans se reconnaître. Le regard d’Arianwyn était une lumière qui le modelait et le déconstruisait, trop changeante. Qui était-il ? Un enfant abandonné et jeté dans le vaste monde qui n’avait eu d’autre choix que de saisir la main de l’homme qui avait bien voulu le guider. Un élu de Mystra, choisi parmi les mortels pour porter sa Marque et aider ceux qui, comme lui, avaient reçu sa bénédiction. Un descendant des Valherus dont l’héritage était autant un devoir qu’un honneur – un être coupé en deux et réuni par la grâce d’une Déesse.

Toujours, rien de plus qu’une lueur vacillant dans l’obscurité et qui n’avait de sens que pour celui qui la contemplait. Et, sous sa chair, l’ombre portée de son âme.

De toutes les émotions qui le traversaient à l’instant, nul doute que la peur était celle qui s’attardait. Que ferait-il si Arianwyn le rejetait ? Que pouvait-il faire pour l’en empêcher ? Il ne pouvait plus bouger ; c’était à peine si son cœur osait continuer de battre.
Arianwyn avait prononcé son nom et s’était détourné. Aucune émotion n’avait traversé son visage mais Zoran savait y distinguer les traces de leur passage, comme un rivage transformé par la mer.  

« Arianwyn. Je suis heureux de te voir. »

Il se retint d’annoncer qu’il l’avait cherché pendant des Lunes car ce n’était rien en comparaison des deux années que le Sang-Mêlé avait dû passer à retourner ciel et terre. Tenter de préserver sa sensibilité était un fol espoir – autant laisser une famille de lémuriens dans un magasin de porcelaine et prétendre que rien ne serait brisé. Toute la délicatesse du monde ne serait jamais qu’un coup de massue sur une figurine de verre. Cela ne dissuada pas Zoran d’insuffler dans ces quelques mots l’entière sincérité de son cœur, le déposant là, à mi-chemin entre eux deux, et laissant à Arianwyn le choix de le chérir ou de le saccager, ainsi qu’il en avait toujours été. Une preuve de confiance aveugle.

« Je suis revenu. » Il esquissa, tremblant, un pas en avant – mais pas deux. Si son instinct lui criait de se jeter à genoux et d’implorer l’indulgence d’Arianwyn, il ne souhaitait pas se ridiculiser devant lui. Il voulait paraître fort – si seulement pour que le Sang-Mêlé ne se lasse pas de lui, qu’il continue de trouver un intérêt à le façonner selon ses désirs. Ce n’était qu’une façade car Zoran le savait bien : il était faible. Un être misérable, influençable, sans consistance. Il n’avait jamais possédé la force de se construire seul. Même là-bas, au Màr Menel, il s’était fondu dans l’ombre des autres pour ne pas avoir à faire ses propres choix. À quoi bon, s’ils étaient toujours les mauvais ? Le Fëalocë n’était pas assez naïf pour ignorer ce qui n’allait pas dans son raisonnement mais la situation était confortable quand il cessait d’y réfléchir.

Du bout des doigts, Zoran faisait rouler les perles des bracelets à ses poignets. Le Sang-Mêlé lui tournait obstinément le dos – non pas qu’il se soit attendu à une plus chaleureuse réunion. La chemise vint recouvrir les cicatrices et Zoran y vit clairement l’instauration d’une barrière. La honte lui brûlait les lèvres. Il avait fait souffrir Arianwyn. C’était de sa faute. Il avait profané leur lien. Il méritait ce traitement et tout ce qui suivrait. Le Fëalocë ouvrit la bouche avec difficulté :

« Que dirais-tu d’une pause ? Nous avons beaucoup de choses à nous dire… » Le reste de sa phrase mourut dans un soupir. Ce n’était pas à lui d’en décider.

« Je suis désolé. » souffla-t-il, les yeux fixés sur le sol de la grange. « Tu sais que je ne t’aurais jamais quitté de la sorte si je n’avais pas eu une bonne raison. Je comprendrais que tu ne partages pas ce point de vue. » Sa propre fragilité lui paraissait un affront à ceux qui avaient partagé sa vie au Kaerl Céleste. Laéïa et Tiona, Ciryandil et Aramanth, Iniaki, Ottilia, Tristan – tous avaient été emportés par la bourrasque qui s’était engouffrée dans son cœur dès qu’il avait posé les yeux sur Arianwyn et la culpabilité lui lacérait la gorge. Regrettait-il ? Serait-il prêt à les sacrifier pour s’assurer le pardon du Sang-Mêlé ?

Il se détestait car il connaissait déjà la réponse. Arianwyn tourna la tête, croisa son regard, préparant sans doute son prochain coup et tout vola en éclats. Sa détermination, son petit jeu de dupes. Tout s’effondra. Pitoyable, il était pitoyable. Il n’avait aucune prise.

« Tu m’as tellement manqué… ! » bafouilla le Fëalocë, sa voix comme un crissement aigu d’ongles sur du métal, presque un cri tant il devait retenir les sanglots qui agitaient sa poitrine. Ses yeux remplis de larmes ne lui permettaient plus de voir. Toutes les douleurs prisonnières de son âme se mêlaient à la sienne dans une cacophonie insoutenable. Il avait envie de hurler, de s’écorcher les joues, de se fondre dans les orbes pourpres du Sang-Mêlé. « Je suis désolé, désolé ! » répétait-il en une prière confuse. Il se sentait disparaître et avait désespérément besoin qu’Arianwyn le rattrape, l’enferme, le reconstruise.


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MessageSujet: Re: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeMer 18 Oct 2023 - 19:21

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Theme Song :
Woods Darker Than Night - Child of Light OST

‘‘I’m terrified.
Afraid that without me, you’ll find your happiness.
Afraid that without you, I won’t be able to go on.’’

Cirrus - Lost in the Cloud

Des centaines de fois avait-il imaginé cette rencontre, ressassant inlassablement d’innombrables scenarios dans le secret de son esprit, toujours renouvelés. Cependant, et il s’en apercevait maintenant avec une profonde stupeur, pas une seule n’avait-il ressenti ainsi, jusque dans sa chair, la cuisante morsure de l’humiliation.

Se refusant à lui faire face, il ne pouvait que laisser les paroles s’écraser vainement sur cette distance qui les séparait, si insignifiante et pourtant ô combien immense, à l’instar des vagues sur les falaises en contrebas. C’était cruel, si douloureux, mais il ne se sentait pas la force de faire autrement.

S’il se retournait, si son regard tombait sur lui, qu’en serait-il de sa colère, de cette soudaine oppression qui lui comprimait les tempes, volait son souffle, et obscurcissait sa vision ? Si ses yeux constataient par eux-même la détresse et le désespoir qui empoissaient déjà ses mots devant son silence ? Qu’en serait-il du dégoût qu’il lirait alors sur son visage hâve ? S’offrir à son regard, alors qu’il en sentait déjà tout le poids ramper insidieusement sur sa peau, ce serait … Contempler son image inversée, renvoyée comme dans un miroir. Il ne le supporterait pas.

Renoncer à cette fureur, croissante et indomptée, là, juste dans le creux de sa poitrine, fille d’injustice et de frustration … Renoncer, ces derniers mois le lui avaient bien prouvé, il en était incapable. Il n’en avait pas la force.

Lèvres scellées en une fine ligne blême, à fleur de peau, il accordait toute son attention aux lacets de sa chemise, les nouant sans délicatesse entre ses doigts serrés, comme la peur qui se frayait un chemin entre ses entrailles. Rien de tout cela n’aurait du se dérouler ainsi. Il lui fallait l’admettre, il s’était ridiculisé en croyant qu’il comptait encore pour lui.  

‘‘Je suis revenu. Je suis heureux de te voir.’’

Après deux années de recherches, se raccrochant à des espoirs insensés pour trouver ne serait-ce qu’un signe que le Fëalocë était encore de ce monde, mettant en péril jusqu’au délicat équilibre d’un esprit déjà bien malmené par la vie … Voilà tout ce que Zoran trouvait à lui dire ? Ne pouvait-il pas au moins reconnaître les efforts qu’il avait produit – une fois encore ! – pour lui ?

Les platitudes qu’il débitaient ne parvenaient toutefois masquer l’angoisse qui exsudait de lui. S’il ne pouvait le nier, le sang-mêlé refusait pourtant de lui accorder un quelconque crédit. Quelque part, Arianwyn lui en était reconnaissant, s’en emparant comme tout autant de brandons incandescents pour alimenter ce brasier intérieur qui ne demandait qu’à tout dévorer, tout ravager. Ce serait si facile de laisser parler sa colère, d’abattre le couperet du bourreau en guise de tribunal.

Arianwyn n’avait pas pour habitude de garder le silence, lui qui se considérait si habile à saisir les émotions des autres, il savait comment en jouer, quels mots employer, comment convaincre, charmer ou heurter. Mais ici, à cet instant précis, son absence de paroles constituait autant son arme que sa défense face à lui. Les mots le fuyaient.

Renoncer serait reconnaître que tout cela n’avait servi à rien. Que ses pires cauchemars n’avaient été que prémonitions d’une sinistre réalité. Que Zoran l’avait abandonné de son plein gré. Que lui-même était désormais, et avait toujours été, seul, désespérément seul, sans personne pour l’aimer. En était-il seulement digne ? En son fort intérieur, il se répétait ce serment silencieux : s’il devait souffrir, si les portes de l’Enfer devaient s’ouvrir pour l’engloutir enfin, il s’assurerait qu’il sombrerait avec lui.

Contemplant la poussière qui dansait paresseusement dans la pénombre, pris dans les rets étouffants de ses propres pensées, il ignora une nouvelle fois la demande du Fëalocë.

Un infime pas en avant, derrière lui, et la tentation de se retourner, de le repousser, de se saisir de lui, devint insoutenable. Tôt ou tard, il savait qu’il finirait par céder. Il était faible, après tout, misérable et détestable. Les excuses de Zoran, prononcées d’une voix tremblante, achevèrent d’effriter le peu de contrôle qu’il possédait encore, et Arianwyn pivota à demi, croisant son regard, ses iris d’un rouge sang hantés par une douleur sans nom. Une bonne raison, hein ? Désabusé, ses lèvres se tordirent malgré lui.

« Je ne pensais jamais te revoir » lâcha-t-il enfin, atone, les mots qu’il avait originellement eu l’intention de prononcer noyés par les larmes qui dévalaient maintenant les joues creuses de son Hotaru. Le coeur empoigné par une invraisemblable culpabilité, il retint l’élan instinctif qui lui criait d’aller ébouriffer affectueusement sa chevelure rousse. Quoi que ses doigts frémissaient au souvenir du contact de sa peau, il ne devait pas s’y laisser aller. Il s’y refusait. Ce n’était pas normal, non, quelque chose sonnait faux. Ce n’était pas de cette façon sordide qu’ils auraient du se retrouver.

Mensonges. Hypocrisie.

Il lui avait tellement manqué ...

Confusion et tension se partageant son expression, le sang-mêlé se raccrochait anxieusement à sa colère, à son ego blessé, comme un naufragé à sa planche, comme à la seule chose qui protégeait encore un trop fragile équilibre mental. Il ne voulait pas lui pardonner ces deux années passées loin de lui, mais était terrifié à l’idée de le voir tourner les talons, à l’idée qu’il le quitte une nouvelle fois. Son imagination s’emballait à la seule pensée que Zoran ait pu reconstruire sa vie, être heureux même, qu’il n’ait plus besoin de lui. Tout ceci lui était si intolérable, qu’il se sentait glisser petit à petit dans un abîme d’une infinie noirceur.

Il lui en voulait, de lui faire subir ça, de lui offrir le spectacle déplacé de ses larmes. Et, paradoxalement, il lui était désespérément reconnaissant d’être revenu, enfin, pour mettre un terme à ses souffrances. Arianwyn ne s’était jamais réellement attaché à personne, ne s’était jamais réellement senti à sa place nulle part, son passé lui ayant appris que l’attachement ne menait qu’à la trahison et au rejet. Cette énième expérience ne venait-elle pas confirmer cette règle tacite ?

Peut-être cela avait-il été folie que de penser qu'ils se comprenaient, et se complétaient l'un l'autre. Que leurs blessures respectives résonnaient en harmonie pour faire ressortir le meilleur d'eux-même, lorsqu'ils étaient ensemble.

Il se sentait comme un fétu de paille emporté par jour de grand vent, malmené par des forces plus puissantes que lui. Il baissa les yeux, et ses lèvres jusque là irrémédiablement scellées s’entr’ouvrirent une nouvelle fois, pour ne laisser passer d’abord qu’un absurde son étranglé. Nauséeux, il dut se faire violence pour poursuivre, pour articuler une réponse cohérente :

« Très bien. Je suppose que je peux au moins écouter ce que tu as à me dire. »

Il esquissa un geste en direction de l’extérieur de la grange, abandonnant son travail en cours sans plus y penser. Il ne l’avait de toute manière pas entrepris par bonté d’âme ou par pur altruisme, mais juste dans un de ses fréquents élans d’auto-destruction, tout pour remplacer la peine en son cœur par celle de son corps.
Il n’était pas de ceux qui pouvaient prétendre manier une hache une après-midi entière sans en éprouver les conséquences, et déjà, l’intérieur de ses paumes s’était couvert d’ampoules sans équivoque sur les précautions qu’il avait prises.

Quant à l’obscurité poisseuse de la grange, il savait que ses démons l’y attendraient patiemment, chargés du souvenir odieux de son enfance parmi les vignes. Il était en territoire familier parmi eux, et il saurait les y retrouver lorsque la discussion serait terminée, tout plutôt que d’affronter cette terrifiante solitude qui le rongeait jusqu’à l’os.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeMer 3 Jan 2024 - 18:49

En échange de chaque soupir de soulagement prodigué par son pouvoir, de chaque sourire empli de gratitude, Zoran récoltait un nouveau cauchemar.

Plus jeune, il s’était entraîné à arpenter ces mauvais rêves comme on lirait une histoire ou contemplerait un tableau : avec le détachement d’un spectateur. Tous les soirs, après avoir soufflé la bougie sur sa table de nuit, il avait conservé l’habitude puérile de garder les yeux ouverts. Ainsi, quand le sommeil l’emportait, il n’avait pas l’impression de s’être véritablement endormi – et la nuit n’était qu’une journée de plus.
Lorsqu’il était seul, il aimait s’imaginer assez courageux pour converser avec les voix qui hurlaient et pleuraient sous sa poitrine mais on ne lui avait jamais dit quoi faire des ténèbres et il n’avait jamais trouvé quoi leur dire. Alors, il se contentait de les observer avec ce même détachement, jusqu’à se dégoûter lui-même de ne plus rien ressentir face à un tel spectacle.

Durant ces instants-là, le monde perdait en consistance. Le flux constant d’informations qui lui parvenait de ses sens était endigué, ou bien ne pouvait pas résister au mouvement inverse : la fuite de ses émotions vers le monde. S’il lui était devenu aisé de contempler sans ciller l’obscurité et la douleur, s’il s’était habitué à évoluer parmi les ombres, la maladie et la mort, il n’en allait pas de même lorsque c’était son propre cœur qui souffrait, sa propre âme qui gémissait avec sa voix.

Les larmes continuaient de dévaler ses joues, son nez, ses lèvres. L’air que ses poumons luttaient pour inspirer ne l’aidait pas à retrouver son calme. Zoran observait son corps en déroute sans pouvoir le contrôler ou le secourir, et il savait pertinemment que la seule solution était de se laisser aller mais il détestait l’idée – depuis toujours – que l’inaction se fasse remède. Il avait besoin d’aider, de sauver, de se jeter au-devant de l’inévitable. Car s’il n’en était plus capable, que lui restait-il pour tenir tête à ses propres désirs morbides ?  

Arianwyn l’observa sans grande émotion, choisissant d’ignorer ses pleurs et ses caprices. Zoran profita de ces quelques secondes pour vriller son mentor d’un regard suppliant. Il ne comprenait pas. Pourquoi ne venait-il pas l’enlacer ? Essuyer ses larmes ? Pourquoi lui-même ne se jetait-il pas dans ses bras, se rappelant que la distance entre eux n’était qu’une construction parfaitement imaginaire ? La joie de leurs retrouvailles n’aurait-elle pas dû effacer les doutes et les remords, au moins un instant ?

Il y avait bien peu de choses auxquelles le Fëalocë pouvait se raccrocher quand il se sentait sombrer. En vérité, il n’y en avait peut-être qu’une. Tout ce temps passé loin d’elle, il n’y avait eu que son souvenir pour l’apaiser. Devait-il lui dire ? Admettre qu’il n’avait jamais su se libérer de son emprise ? Que même à des milles et des milles de tout ce qu’il avait connu, au cœur d’une cité volante, entouré de Dragons et de mystères, il aurait préféré être auprès de lui ?

« Très bien. Je suppose que je peux au moins écouter ce que tu as à me dire, » déclara enfin Arianwyn et, sous la sécheresse froide de ses paroles, le Fëalocë décela l’empreinte d’une faille dans laquelle il s’engouffra sans aucune hésitation.

« Merci, merci ! » répétait Zoran, comme transi, ses yeux écarquillés refusant de se détacher de la silhouette d’Arianwyn – au point qu’il manqua plusieurs fois trébucher sur le peu de mètres qui les séparait de l’extérieur.

Passée l’équinoxe, l’après-midi s’allongeait suffisamment pour que le soleil caresse encore les cimes. Un confort appréciable car au sommet de la colline, l’hiver s’attardait encore dans chaque ombre.
Bien que fatigué par sa route et par les émotions qui se débattaient en lui, Zoran ne put se résoudre à s’asseoir tant qu’Arianwyn resterait debout. Le Fëalocë se tint droit et raide, semblable aux colonnes des temples, tout le poids des espoirs pesant sur ses épaules frêles.

« Peut-être as-tu déjà lu ou entendu les légendes qui circulent sur les enfants de Flarmya ? Les Dragons… devaient tous avoir disparu à cause de l’étrange mal dont les affligea Kaziel. Flarmya parvint à les sauver en liant leur vie et leur âme à celle des Valherus. Et lorsqu’eux-mêmes disparurent, certains de leurs enfants héritèrent de leur Don. Sur Tol Orëa, Dragons et Chevaliers continuent de vivre et de prospérer depuis des siècles, dans le secret … »

Ensuite, Zoran lui raconta sa rencontre avec Ciryandil et Aramanth, comment ceux-là ne lui avaient pas laissé le temps de rassembler ses affaires ou de dire au revoir à ses proches avant de l’emporter à travers l’Interstice. Vint ensuite son Aspiranat auprès de l’intransigeante Laéïa et de sa Liée, Tiona, bien plus excentrique – jusqu’à l’Empreinte avec Ayzehl. Il préféra éviter les détails qui auraient pu confondre le Sang-Mêlé, ne retenant que l’essentiel, comme s’il n’avait mérité de vivre aucun de ces jours où Arianwyn était absent et que seule comptait l’Empreinte. L’unique objectif justifiant son départ, en plus du seul moyen pour Zoran de quitter le Kaerl – discrètement et sans déranger personne, du moins.

L’âme de l’Impératrice Noire restait calme malgré l’orage qui avait crevé le cœur de son Lié. Elle respectait les limites du Fëalocë, par conviction autant que par obligation. Ne demeurait alors qu’un vague sentiment d’impatience, attisé par la fatigue qu’exigeait sa transformation, tandis que ses doigts tapotaient les rares boutons de rose dissimulés entre les épines.

« Ayzehl m’attend plus haut, » déclara Zoran, ses prunelles sombres se perdant en direction du monastère. Il ajouta, songeant qu’Arianwyn ne comprendrait pas comment un Dragon pouvait se promener sur ces terres sans provoquer aucune panique chez les habitants : « La magie des Dragons leur permet de prendre forme humaine – pour un temps, du moins. Tzithis pense qu’il s’agit de mon Apprentie… Je ne savais pas si tu aurais envie de la rencontrer. »

Il haussa une épaule, l’air de dire que cela lui était égal, mais celui qui l’avait vu grandir saurait reconnaître ce geste pour ce qu’il était : une bien vaine tentative de masquer la véritable étendue de son incertitude. Ayzehl était l’autre moitié de son âme, elle était lui tout en étant son contraire. Si Arianwyn rejetait son existence, cela ne révélerait-il pas une vérité que Zoran n’était pas prêt à entendre sur son compagnon ?

Après avoir essuyé ses paumes de plus en plus moites sur ses cuisses, le Fëalocë se tint les mains avec assez de force pour essayer d’en contenir les tremblements. Le rose lui était monté aux pommettes, se mêlant au violet de ses cernes et au rouge laissé par les larmes en séchant. Il se força à relever la tête, à la tourner vers Arianwyn. Il ne voulait pas encore connaître sa sentence. Il n’attendit pas que sa respiration s’apaise ou que les battements de son cœur retrouvent un rythme naturel pour reprendre la parole.

« Je veux juste que tu saches… Pas un jour, pas une nuit, n’est passé où je n’ai pas pensé à toi. Les cauchemars n’ont fait qu’empirer, là-bas, mais j’attendais toujours le sommeil avec l’espoir qu’Arian’rhiod se montrerait clément et me permettrait d’être à tes côtés, ne serait-ce qu’en rêve. »

Les mots se bousculaient à ses lèvres, dévalaient son souffle avec toute la subtilité d’un torrent au printemps. Ils se révélaient, dans toute leur pureté brute, indignes de réelle considération. Zoran trouvait cela humiliant, mais pas pour lui. Il estimait, et peu lui importait qu’il soit vraisemblablement le seul, qu’Arianwyn méritait bien mieux que les confessions chaotiques et malhabiles d’un adolescent ignorant.

« J’ai rencontré beaucoup de gens différents. Je me suis fait des amis, je crois… Tout cela m’a permis de réaliser que je ne t’avais jamais dit que… » Il revit le visage d’Ottilia, un sourire aux lèvres et la main posée sur son épaule, l’encourageant à partir retrouver son mentor. Puis, ce furent les mots de Dakarai qui résonnèrent dans son esprit. C’en était presque risible, de constater à quel point le souvenir d’Arianwyn avait été un motif si récurrent dans toutes ses rares interactions avec les autres. Malgré toute la volonté du Fëalocë, sa voix finit par se briser.

Il leva le menton, une ultime bravade avant qu’enfin, sans attendre l’aval de sa conscience ou l’avis de sa raison, les mots qu’il avait maintes fois répété dans le secret de ses songes, maintes fois méthodiquement observé sous toutes leurs coutures, tous leurs angles, s’échappent d’entre ses lèvres.

« Je… t’aime. »

Cela lui paraissait étrangement incomplet. Le sens lui échappait peut-être toujours, quand bien même il ne doutait plus de la vérité. En les offrant ainsi à Arianwyn, Zoran fut frappé par la réalisation que ces mots fluctuaient, bien plus insaisissables en réalité qu’ils ne l’avaient été dans la pénombre de son cœur. Il l’aimait, oui, et sans doute le Sang-Mêlé l’avait-il su bien avant lui. Mais l’aimait-il comme un mentor, un frère, un amant ? Tout cela à la fois, ou bien d’une autre façon qui lui avait déjà échappé avant d’avoir pu voir le jour ?

Jamais Zoran n’aurait supporté le silence qui suivrait probablement une telle déclaration, alors, il tenta de noyer celle-ci sous d’autres mots : « Je m’étais promis de te le dire lorsqu’on se retrouverait. Je trouvais que ça aurait été stupide qu’on se dispute sans que tu le saches. J’aimerais vraiment que tu me pardonnes, mais je sais très bien que je ne suis pas en position d’exiger quoi que ce soit. »

Tandis qu’il parlait, son esprit lui faisait l’inventaire exhaustif de tout ce qu’il avait sûrement mal fait, de tout ce qu’il avait oublié de prendre en compte, remettant en question même jusqu’au choix de l’instant où il décidait de déglutir ou d’expirer et lui rappelant avec quantité d’arguments incontestables que toute son existence n’était qu’une erreur.

« Désolé ! Le moment n’est peut-être pas idéal mais … J’ai trop peur qu’il n’y ait plus de bonne occasion, » avoua-t-il à mi-voix, baissant un regard résigné vers ses mains jointes. « Au moins, maintenant, tu sais tout. »


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MessageSujet: Re: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeDim 28 Jan 2024 - 19:42

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Theme Song :
Deception - I Medicis OST
(Paolo Buonvino)

La culpabilité, étrange sentiment, dansait une ronde folle, main dans la main avec sa rancune. Indissociables. Il avait beau les retourner mentalement, les examiner l’une et l’autre, il était incapable de les séparer. Volte après volte, elles lui présentaient leurs masques aigres, grimaçant, mordant son coeur, envoyant des éclairs d’angoisse se propager dans ses muscles déjà endoloris par l’effort de contenir un tremblement irrépressible.

Arianwyn contemplait Zoran, s’emplissait de son image, dont il peinait à associer la présence à la réalité. Il n’acceptait pas que les rôles soient soudain renversés, ne tolérait pas de se retrouver dans cette posture de faiblesse, de ne pas avoir le contrôle sur ce qui allait découdre de leur conversation. Une partie de lui, profondément enfouie, se refusait encore à admettre cette version d’une histoire tant fantasmée. C’était un rêve, non, plutôt un cauchemar. Il allait se réveiller, reprendre le cours de sa misérable vie et ...

Cela ne lui ressemblait pas, se martelait-il intérieurement, inlassablement. Mais qui, d’entre eux-deux, du Neishaan ou du Fëalocë, n’agissait-il pas comme il le devait ? Ce malaise qu’il ressentait, par qui ou quoi était-il généré finalement ?

En quelques pas, ils furent dehors, et loin de lui éclaircir les esprits, la brise printanière qui vint lui caresser les joues lui fit l’effet d’un souffle des enfers, venu lui arracher toute chaleur. Zoran lui faisait face, et un flot intarissable de paroles s’écoulait maintenant de ses lèvres. La tête haute et le regard brillant, son Hotaru s’était lancé dans le récit détaillé de ces deux années passées loin de lui.

Clignant des yeux, Arianwyn se sentait englué, pris au piège dans la toile de ces mots dont il ne comprenait pas le sens. Ses explications tissaient une effroyable vérité, traversant son esprit sans y trouver de prise, se délitant tout aussitôt. Flarmya, les dragons, Tol Orëa. Etait-il devenu fou ? Croyait-il qu’il allait accepter de telles explications sans rechigner ? Le garçon avait toujours été fragile mentalement …

Son front pâle se plissa un instant, marqué par un soudain soucis et une pointe d’espoir irraisonné, bien vite oublié. Dressé le dos bien droit devant lui, déterminé en dépit de ses larmes, Zoran paraissait tout sauf perdu. Au contraire. Ses poings se contractèrent. Alors même que le Neishaan se sentait perdre pied, le Fëalocë ne faisait que parler. Encore et encore, parler de lui, de sa vie idéale sur cette ile mythique, sans jamais sembler se soucier de ce qu’Arianwyn pouvait ressentir, des souffrances qu’il avait endurées.

Et lorsqu’Hotaru mentionna son ‘‘âme-sœur’’, cette Ayzehl qui occupait désormais son coeur et son âme, le Neishaan devint exsangüe, ses lèvres s’entrouvrant dans un mouvement de protestation inexprimée. Alors c’était ça. La véritable raison de sa disparition, de sa si longue absence. Il l’avait bel et bien remplacé. N’avait ainsi plus besoin de lui. Son regard se baissa sur ses pieds, les yeux écarquillés par la surprise et le choc.

« Je ... »

Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Il venait à peine de le retrouver. Fallait-il qu’il lui soit arraché si vite ? Il y avait tant de choses invraisemblables dans son histoire ! Il lui avait manqué ? Il avait passé ses nuits et ses jours à penser à lui ? Il avait tant désiré pouvoir le rejoindre en rêve ? Soit. Pour le Neishaan, ce n’était que des paroles creuses et sans valeur au regard de ce qu’il venait d’apprendre. Il se sentait désespérément trahi, rejeté.

« Je te crois. Je comprends. Je n’ai pas besoin de la voir. »

Rien de plus qu’un murmure hésitant. C’était puérile. Mais s’il pouvait au moins éviter de s’infliger une telle rencontre …

Redressant la tête, incertain de si sa réponse avait été entendue par Zoran, son attention s’arrêta, avide, sur le rose soutenu de ses pommettes, le violet pourpre de ses cernes, le vert sombre de ses yeux rougis, la rousseur toujours flamboyante de sa chevelure indisciplinée. Cela au moins n’avait pas changé, et il y trouvait un certain réconfort.

Leur relation s’était toujours passée de mots, de qualificatifs exacts. Elle allait au-delà du simple lien entre mentor et élève, au-delà d’une simple amitié. L’amour ? Il n’y avait jamais songé. Il reconnaissait une certaine forme de possessivité, de certitude ancrée qu’il n’y avait que LUI qui puisse aider, guider, et consoler son Hotaru. Il avait pris l’habitude de lire dans ses yeux la confirmation de son importance, de combien il était essentiel dans sa vie. Il voyait son affection et s’en nourrissait, sans s’attarder à définir ce qu’il ressentait réellement. Cela leur convenait à tous les deux, qu’y avait-il de plus à savoir là-dessus ?

Arianwyn lui avait offert toute son attention, et Zoran l’avait foulée au pied, sans même un regard en arrière. Il n’avait plus besoin de lui à présent. Le vent s’engouffra dans ses cheveux argentés, dévoilant son front tout en s’emparant impitoyablement de mèches auparavant collées par la sueur. Un instant de flottement, hors du temps, pourtant, avant que la sentence ne soit prononcée.  

Il n’était pas prêt pour les aveux qui allaient suivre.

« Je… t’aime. »

Ses paupières se pressèrent de toute ses forces, recouvrant ses iris rougeoyant, masquant Zoran à sa vue. Il aurait voulu ne jamais entendre ces mots. Ne jamais se rendre compte combien ils remplissaient un vide terrible, si ancien en lui, menaçant de lui arracher des sanglots éperdus. Il ne pouvait plus faire marche arrière maintenant. Sa main se porta à sa gorge, à son cou, ses ongles y laissant d’infimes griffures, ressortant comme un outrage sur sa chair à la teinte maladive. Pourquoi lui avouer maintenant ? Etait-ce par pitié ? En souvenir de ce qu’ils avaient partagé ensemble ?

Arianwyn secoua lentement la tête, dans un refus muet. Chaque fibre de son être lui criait de combler les quelques pas qui le séparaient du Fëalocë, de serrer une fois encore son corps contre le sien, égoïstement oublieux de la réalité. Il voulait juste sentir sa chaleur venir chasser le froid qui l’avait envahi. Qu’est-ce que l’amour, sinon un mot vide de sens, qui pouvait recouvrir tant de significations différentes ?

Il refusait de céder. Pas maintenant. Il releva les yeux, écartant les quelques mèches folles qui obscurcissaient sa vue, avec une conscience aiguë du regard de Zoran posé sur lui.

« Prouve-le. »

Un croassement indistinct, indigne de lui. Nerveusement, il humecta ses lèvres parcheminées avant de reprendre plus fortement :

« Les paroles s’envolent, portées par le vent. Les actes s’ancrent dans la terre et sont porteurs d’un message qui ne peut être confondu. Tu aurais pu revenir me trouver n’importe quand durant ces deux années. Tu aurais pu m’emmener avec toi dès le départ. Tu as choisi de ne pas le faire. Si tu m’aimes comme tu le prétends … Prouve-le. »

Rancune et culpabilité, désir et trahison, folie et raison, main dans la main, tournoyant, tournoyant, jusqu’à l’étourdissement.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP] Il y vient aussi nos ombres   [RP] Il y vient aussi nos ombres Icon_minitimeDim 31 Mar 2024 - 13:20

« Est-ce que c’est vrai ? Tu serais venu ? »

Peu lui importait de le savoir, à présent. Arianwyn aurait pu affirmer tout ou son contraire et Zoran l’aurait cru dans les deux cas. Pourtant, une chaleur étouffante se déployait dans sa poitrine jusqu’à faire danser les contours de sa vision. Son cœur d’enfant, où amour et gratitude se confondaient depuis toujours, s’était emballé, battant contre ses tempes au rythme d’une vieille chanson bien connue. Et comme toujours, il courait après ce mirage. Sans aucune résistance, se laissait emporter par l’écho trompeur de cette sirène aux intentions obscures.  

Zoran n’était pas comme Arianwyn. Il ne prenait pas d’initiatives et s’il était forcé d’en prendre, il s’assurait alors que le chemin avait déjà été pavé par d’autres avant lui. Jamais il ne tendait les mains pour tordre le réel à sa guise. Zoran ne questionnait rien ni personne. Si on ne lui indiquait pas quelle place occuper, il se contentait d’attendre. Alors, lorsque Ciryandil lui était apparu ce soir-là, avec au doigt la chevalière qui attestait de sa position au sein de leur clergé, comment aurait-il pu songer à résister ? Il avait demandé à aller retrouver sa famille, Arianwyn, pour les avertir et on le lui avait refusé. Comment aurait-il pu s’opposer à cette décision ? Choisir de décider par lui-même ?

Il aurait été si simple de faire porter à Ciryandil le fardeau de leur séparation. La tentation lui laissait la bouche étrangement pâteuse. Il n’arrivait pas à s’y résoudre. Quelque en chose en lui l’empêchait d’évoquer le Chevalier Blanc. Plus encore que ses confrères Aspirants, plus que Laéïa et Tiona, le Neishaan avait été une accroche au présent autant qu’un constant rappel du passé.

« Pas toutes… » répliqua Zoran avant de se couper lui-même, ravalant sa salive et ce sentiment de familiarité qui avait autrefois accompagné tant de leurs débats. Les choses étaient différentes, désormais. Il avait perdu le droit d’y trouver du réconfort puisqu’Arianwyn ne paraissait en tirer qu’un douloureux désarroi. Il laissa donc filer son vague désaccord ; la parole était un acte et dès lors, n’était-il pas vain de séparer les deux ? L’argument semblait fabriqué de toute pièce uniquement pour servir le propos d’Arianwyn – cela n’aurait pas tant dû le surprendre.

« Les actes ont besoin de temps pour trouver leur sens. Il ne sert à rien de jeter une graine sans avoir retourné la terre et sans lui donner d’eau. Il y a peu de choses que je puisse faire, ici et maintenant, qui ne passerait pas pour un simple geste désespéré. »

Ce qui ne voulait pas dire qu’il ne servait à rien d’essayer. Délaçant ses mains, le Fëalocë s’avança d’un pas. Ses doigts saisirent le poignet d’Arianwyn dans une étreinte hésitante, caressant son pouls du bout du pouce. Il ne savait pas où il avait appris ce geste. Sûrement, le Sang-Mêlé avait dû lui tenir la main ainsi, auparavant.

Zoran ne prenait pas d’initiatives. Tout ce qu’il faisait n’était qu’une imitation de ce qu’il avait observé, entendu, compris – et il ne faisait jamais rien sans en avoir obtenu l’autorisation. Pour une fois, peut-être, il songea qu’il serait bon de rompre cette habitude. Juste cette fois, parce qu’il avait l’implacable intuition qu’il n’y aurait plus de nouvelle chance. Retenant son souffle, il se hissa sur la pointe des pieds jusqu’à pouvoir poser ses lèvres contre celles d’Arianwyn. Cela ne ressemblait en rien aux rares baisers qu’ils avaient pu échanger.
Il avait le poids de tout ce que Zoran avait à lui offrir. Sa vie ou sa fin, ses espoirs et ses rêves – ce qui, à la réflexion, ne devait pas peser bien lourd.

« Je le prétends oui, mais je ne saurais t’en dire plus. Tout ce que je sais de l’amour, c’est toi qui me l’as appris. » Malgré l’arrière-goût persistant d’amertume sur sa langue, c’était toujours la même admiration qui faisait vibrer ses mots. « Je peux survivre sans toi, peut-être, mais la vie a bien peu d’intérêt quand tu n’es pas là. » Il appuya son front contre le torse du Sang-Mêlé avec une inspiration tremblante. Il préféra fermer les yeux avant de prononcer ses prochaines paroles, les joues rougies par l’humiliation. «  Je veux juste être avec toi, même si tu ne m’aimes plus comme avant. »

Sa voix n’était plus qu’un murmure hésitant – son ton moins celui des prières pleines de foi que celui des souhaits coupables que l’on soufflait en secret en direction des comètes.

« Tu peux venir avec moi. Il y a une ville et des terres, là-bas, qui ne sont pas réservées uniquement aux Chevaliers Dragons. Tu peux rester ici et je resterai avec toi. Ailleurs, si tu ne veux pas me voir tous les jours. J’irai travailler pour Verena ou qu’importe. On peut reprendre la route… »

° Et moi ? °

Dans l’esprit de Zoran, l’image de la Dragonne se manifesta soudain, chassant ses rêveries. Mais ce n’était pas l’imposante créature ailée dont l’ombre serait un jour capable d’engloutir un bourg entier, rien de plus qu’une enfant esseulée aux grands yeux baignant de solitude. Telle qu’il la voyait, elle était lui. Il était certes empli de compassion mais il savait également qu’il n’y avait pas de vide plus béant qu’une âme à l’image de la sienne. Elle était comme une mauvaise herbe, étouffant les fleurs pour se hisser au plus près de la lumière. Cela ne lui inspirait qu'un puissant dégoût – de lui, d'elle. C’était là un secret qu’il n’aurait souhaité confier à personne, et certainement pas à son propre reflet.

° On trouvera bien une solution… ° Même à travers leur étrange non-Lien, Ayzehl était capable de reconnaître un mensonge. Son silence en disait plus que les émotions qu’ils ne partageaient pas. Zoran n’avait pas besoin de s’immiscer dans l’intimité de ses pensées pour savoir ce que croyait la Dragonne.
° Ce n’est pas bien. °
° Qu’est-ce que tu en sais ?! °

Réagissant au soudain afflux de colère qui menaça de percer la barrière invisible entourant le Fëalocë, la lumière du cristal sembla un instant s’amplifier. Zoran recula, vacillant, et porta une main à sa tempe, son visage se tordant brièvement en une expression de douleur surprise. Les iris sombres du Chevalier se tournèrent en contre-haut. Il s’attendait à voir surgir sa Liée et cette idée l’effrayait.
Tel qu’elle le voyait, il était elle. En lui, son œil était une pleine lune si brillante qu’elle éclipsait toutes les étoiles, jusqu'à devenir l'unique souveraine d'un ciel entièrement noir. Bien malgré lui, Zoran haïssait et craignait sa clarté cruelle qui brûlait, pire qu’un blizzard. Il n’était qu’une luciole errant au plus profond de la forêt, la flamme d’une chandelle au chevet d’un enfant.

Il appartenait aux ténèbres – quoiqu’en pensent les Dragons, leur magie et leurs Kaerls.
Il lui appartenait.


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