[RP] Un pas vers une nouvelle ère

Il faisait beau à YS ce matin-là, les effluves venant de la mer réveillait doucement les habitants de la cité de Karasdorg. Seule  la forêt, au Nord semblait réticente à sortir de sa torpeur.
Le port, lui, déjà en pleine effervescence accueillait les premiers bateaux ; à quai, quelques badauds contemplait le va et vient des marins. Certains déjà une bouteille à la main et la marche vacillante. Tout le monde était bien occupé, de rares enfants chahutaient, des rires retentissaient jusque dans les hauteurs de la cité.

Au même moment, Sohalia, comme à son habitude, était assise sur son rocher de prédilection, à l'orée du bois. D'ici, elle pouvait voir toute la baie de la cité et admirer le lever de soleil. Les rayons venaient souligner ses beaux cheveux, violine en cette saison. Son regard se portait sur l'horizon, un frisson l'a parcouru quand elle reconnu un ancien bateau appartenant à son père, cela lui rappelait des souvenirs d'enfance ; et peut-être l'envie d'aller voir ce qui se passe au loin, là-bas, ou la mer donne l'impression de tomber dans l'infini. Cet infini dont elle rêve encore aujourd'hui mais, qui lui fait peur.
Elle cueilli quelques baies qu'elle mit soigneusement dans une étole, elles lui serviront plus tard. Lorsque le soleil sera au zénith, elle pourra les faire sécher. Elle avait appris récemment de nouvelles décoctions et était pressée de les essayer. Nómin lui avait prêté un livre de botanique. Elle était capable à présent de cueillir sans la moindre hésitation la majorité des plantes, racines et baies qu'elle rencontrait. C'était devenu l'un de ses passes-temps favori, elle aimait noter dans son petit carnet chaque nouvelle chose qu'elle cueillait. Elle en faisait une description très précise et y ajoutait un petit croquis avec son échantillon.

Plus loin, sa mère, vacillante se promenait autour de la maison familiale, un vieux châle en toile marine sur les épaules, un pantalon bien trop grand pour elle, quelques bijoux autour du cou et aux poignets. Il devenait chaque jour un peu plus difficile pour Sohalia de la voir ainsi, se traîner, amaigrie, les traits tirés ; le moindre rayon de lumière sur son visage venait souligner encore davantage sa maigreur, son teint blafard. Cela en disait long sur son état...

Perdue dans ses pensées, Sohalia ne quittait pas des yeux sa mère, tout en se remémorant les derniers mois écoulés. Cette rencontre avec Yasti. Toujours protégée dans son écrin, Soh savait le pouvoir de cette algue mais était encore incapable de s'en servir, elle avait encore tant de choses à apprendre.
Désemparée, des larmes coulèrent sur son visage, les points serrés, elle se sentait en colère et à la fois triste.
Rangée dans un joli grimoire, une feuille volante inconnue glissa de celui-ci. Elle reconnu l'écriture de Nómin, si particulière, si captivante. Elle approcha ses mains du grimoire et de l'écrit en question, une vague de chaleur envahie ses doigts et parcouru tout son corps....

Sveargith se sentait bizarre... Bizarre de se sentir bien seul dans ses pensées et loin de la Terre de l'Aube et de son lié. Il faut dire qu'il y avait presque une éternité qu'il ne s'était aventuré aussi loin. ; loin en terme de continent. Son âme soeur n'avait pas encore reçu la permission de quitter Tol Orëa, donc pour mener à bien quelques petites recherches, quelques menus ravitaillement pour la consommation personnelle de celle-ci et pourquoi pas, ramener des aspirants potentiels, qui restait et demeurait une des missions prioritaires des chevaliers-dragons quand ils venaient à se retrouver dans le monde extérieur, c'était au dragon de faire le voyage. Et Sveargith se sentait très loin de Peddyr. En même temps, le Don ne permettait pas de sentir son lié aussi loin. Et tant qu'il ne faisait pas de bêtises durant son absence, il n'y avait pas de raison de s'alarmer. Et ce ne serait que pour quelques heures, une demi-journée au pire des cas.

A Ys, on trouvait de tout, et surtout, on venait de partout, au vue de l'emplacement de l'archipel. Svearigith avait pris sa forme humaine de guerrier, avec un visage gentillet, baroudeur sur les traits de son visage, un poil fallacieux au vue du rictus moqueur qui était comme un tic à son coin de lèvres. Et pourtant, on voyait quelques cicatrices sur la peau tannée par le soleil et sa carrure laissait deviner qu'il savait utiliser son épée qu'il portait dans le dos.... Une place pas très idéale s'il voulait dégainer. Mais c'était pour le transport, qu'il serait capable de nous sortir notre dragon sous sa forme humaine. Et on voyait bien qu'il avait largement passé le cap de la trentaine avec les cheveux grisés dans sa longue tignasse.

Se baladant dans la cité, il avait fini par trouver les deux-trois bricoles à ramener au Màr Céleste...Puis, en commençant à se rapprocher du bord de mer pour trouver un coin très isolé, redevenir un dragon et partir d'Ys, il sentit quelque chose de singulier, de familier.... Il sentait le Don.

Suivant cette sensation, il finit par déboucher non loin d'une maison, un peu isolée du reste de la cité maritime. Et là, depuis son poste d'observation, il apercevait une jeune femme, assise sur un roc, non loin de la forêt qui bordait les environs. Il suivit son regard et aperçut une bipède très âgée. Clairement, ce n'était pas elle qui avait le Don... quand bien même, elle était trop avancé sur son âge pour espérer marquer un dragonnet à l'éclosion. Non, Sveargith sentait le Donc chez cette jeune fille. Bon.... Allez, il devait prendre contact avec elle.

Il avançait sereinement vers elle, comme si de rien n'était. Il faut dire qu'il était un peu rouillé, quand à la manière d'aborder les bipèdes non liés. Bah, tant pis, il verrait bien.

'''Bien le bonjour jeune fille.... je vous ai aperçu d'un peu plus loin et vous paraissez attristée... Puis-je me rendre utile pour espérer vous voir sourire ? ''

Quelle entrée en matière.... un peu pathétique.

Spoiler:

La feuille volante entre les mains, elle arrivait presque à distinguer la voix de Nómin derrière les mots.

« Mon enfant,  ces sombres heures à passer dans la forêt en quête d'un signe, d'une aide.... pour ta maman sont devenues insoutenable pour toi. Tu es fatiguée. Je ne peux me résoudre à te voir souffrir ainsi. J'aimerais pouvoir t'aider, saches que ma porte est toujours grande ouverte.
J'ai la sensation que cette découverte avec Yasti n'est pas un hasard, c'est le début d'un tournant pour toi. Concentres toi sur l'essentiel à présent, découvrir qui tu es vraiment, qui se cache au fond de ton être. Tu as toutes les ressources pour avancer, je crois en toi, ne l'oublie jamais »

Des larmes coulèrent doucement sur ses joues rosées et venaient mouiller ses avant-bras puis ses mains. Les mains moites, Sohalia était paralysée par l'émotion mais aussi par la peur. Jamais Nómin n'avait eu de tels mots pour elle.

Une voix masculine l'a sortie de ses pensées et elle se tourna vers l'homme qui se trouvait là....

Intimidée par cette approche Sohalia n’eut d'abord aucune réaction, elle resta stoïque quelques secondes avant de répondre :

" Bonjour, qui êtes vous ? "

Elle essuya rapidement les quelques larmes qui coulaient encore sur son visage

L'homme qui se tenait là devant elle n'avait pas non plus l'air très à l'aise. Un homme plutôt charmant si l'on voulait être tout à fait honnête.
Deux larges cicatrices lui barrait le visage au dessus de l'oeil jusqu'au milieu de la joue. Cela faisait encore ressortir davantage son sourire malicieux.
Un anneau à l'arcade lui rappelait ceux qu'elle voyait chez les pirates en bord de mer, elle fini par esquisser un timide sourire à ce souvenir....
Il avait de longs cheveux bruns attachés en couette de chaque côté du visage. Cela lui donnait tout de suite un air bien jeunot

Elle se mit à bafouiller ….

« Je....je ne suis pas triste » en se passant à nouveau la main sur les yeux ...

Ah, ces bipèdes, toujours à tenter de sauver les apparences, alors que leur visage, leur corps et les émotions qu'ils émettaient affirmaient le contraire. Jamais Sveargith n'arrivera à s'y faire. Au moins, elle n'avait pas détalé à sa venue, alors qu'il n'avait pas forcément l'aspect d'un gentilhomme, avec ses cicatrices et son air de baroudeur. Mais le baroudeur qu'il incarnait affichait un sourire, avec un coup d'oeil un peu désolé d'avoir dérangé la jeune fille. Il attendit donc qu'elle eut fini de sécher les dernières larmes de son visage avant de répondre, marquant là une petite courtoisie. Les petits détails pouvaient apporter bien des choses, quand on cherchait à aller au delà des premières apparences ; on évoquait là sa forme humaine.

"Je me nomme Svearth'ar, simple mercenaire qui visite les parages. Je n'avais rien eu à faire, alors je me baladais dans le coin... Oh je vous rassure, vous ne risquez rien avec moi''

Il se laissa tomber sur les fesses, comme le ferait un gros ours paresseux. Il se mit en tailleur et posa ses mains sur ses genoux. Il avait toujours le sourire.

"Emotionnement, vous n'êtes sans doute pas triste. Mais, vous avez les yeux rouges et vous venez d'essuyer du revers de votre main vos dernières larmes. Mais promis, je ne dirai rien aux gens du coin. De toute façon, je suis plus un taiseux qu'un moulin à paroles... Sauf avec les jolies femmes comme vous. ''

Il fit un très léger clin d'oeil. Peut être qu'elle prendrait cela pour une approche un peu trop...comment disent déjà les mâles humains ? Ah oui, trop expressive et emplie de sous entendus. Mais vu qu'il était assis, totalement détendu, il était difficile de savoir ce qu'il voulait réellement.

''Si vous voulez, je peux vous tenir compagnie le temps que toute trace de vos pleurs soit totalement effacé. je présume que vous habitez vers la petite demeure que j'ai vu un peu plus haut...''

Bon, s'il cessait de causer avec le côté un peu personnel de la jeune femme ?

''Mais avant, j'ai une question. Avez vous déjà entendu parler des dragons ? ''