Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

Partagez
 

 [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs

Aller en bas 
AuteurMessage
Rūna Sălv
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Rūna Sălv


Date d'inscription : 07/06/2014
Sexe : Féminin
Présentation : X
Messages : 180
RPs : 84
Race : Fëalocë de sang pur
Âme-Soeur : L'Incarnate Sărzeghnet
Affiliation : Clan Valherien
Alignement : Loyal Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeSam 18 Mai 2019 - 20:47


* Iolyaku 919, début du mois

Les chaudes effluves de la mer de sable se mêlaient à la caresse saline de l'océan à son opposé, faisant lentement danser les rideaux de lin grenats aux abords des immenses fenêtres du palais. Le voile d'étain créé par les volutes de fumée de l'encens d'ambre se consumant sembla se lier d'un même accord aux arômes boisés d'une petite lampe à huile en bronze, posée non loin. Sa frêle flamme vacillait de toute sa grâce, comme le faisaient les concubines du Ssyl'Shar affamées de s'octroyer le regard envouté de quelque noble dont la richesse les sauverait de leur condition.
Tout le continent s'animait de cette cruelle et étrange harmonie : la beauté et le raffinement souffraient des coupe-gorges et des putains dans les étroites ruelles malfamées de la capitale, troquant une vie contre une maigre pièce d'or ; la poésie de ses sublimes et ancestrales coutumes était par trop souvent bafouée par le verbe des ténèbres incarnées de la main des assassins, des voleurs et de ceux qui prenaient le plaisir à se repaître d'un corps non consentant.
Au Ssyl'Shar, il était aisé de passer du monde de lumière à celui de l'ombre et inversement, moyennant une bourse bien pleine, une lame trempée de sang, ou une oreille naïve à qui savoir vendre ses mensonges.  
Cet étrange équilibre insufflait vie et mort aux êtres probablement parmi les plus rudes de Rhaëg.

Surplombant la plus grosse cité du continent, presque à la même hauteur que le palais du Sultan plus loin vers le coeur d'Arsuh, la demeure des Salv dominait le littoral, depuis la venue au monde du premier de leur race. L'énorme bâtisse de marbre gardait en ses murs des secrets bien plus lourds que ceux de tous les souverains que connut la ville. Et avec le retour de sa dernière princesse, ses mémoires s'en trouveraient d'autant plus appesanties, très bientôt.

Runa était assise au bureau de feu son père, le regard froncé dans une pile inquiétante de lettres et divers documents. Ses soupirs courroucés alternaient ses incartades véhémentes, alors que ses mains tenaient fébrilement les multiples missives éparpillées face à elle.

Miin lahr ahmat ! (Mais quelle imbécile !)

Elle jeta la lettre avec violence avant de se pencher au dessus du bureau, paupières closes, doigts d'une main pinçant le dessus de ses sourcils et l'autre apposée sur la courbe arrondie de son ventre. Sa mâchoire se crispa, tant de colère que de douleur. Un long moment immobile et silencieuse, elle s'efforça de trouver une bride de calme et de raison pour reprendre ses esprits. Jadis, son impulsivité n'avait nui guère qu'à autrui, mais désormais son corps supportait une âme supplémentaire, une âme fragile qu'il fallait couver avec prudence, et il était donc de rigueur d'éviter les épisodes de furie. Peu habituée à contenir ses émotions, Runa luttait contre elle-même avec un certain brio, quand bien même les flammes de l'enfer dévoraient en silence son coeur et son crâne.    

Son exil lui pesait, tant par un incompréhensible manque de la vie au Màr Tàralöm que la pénibilité de sa grossesse difficile, tantôt acceptée, tantôt rejetée. Sarzeghnet devait également se cacher, et donc rester souvent le plus loin d'elle. Et la fëalocë le supportait laborieusement.
En revenant où elle naquit, elle récupéra toutes les erreurs de celle qui fut sa marâtre, plongeant les solides affaires des Salv dans les mers trop agitées des créances impayées par Anaithis. Peu à peu, elle était parvenue à résoudre la plupart de ces problèmes, mais il restait un long chemin à parcourir.

Runa était épuisée, tant d'esprit que de corps. Elle s'affairait tant bien que mal à soigner son frère cadet rescapé d'un esclavage où la mort n'était plus qu'une question de jours tout en reprenant les rênes d'une noble demeure à la richesse presque lapidée par la vénalité de sa belle-mère. La gestion du palais avait été en berne depuis le jour où elle fut vendue comme épouse au Sultan, plus de six ans auparavant. La fëalocë devait également supporter la ferveur difficilement contenue de sa liée qui souffrait de devoir se cacher aux yeux du monde. Désormais presque adulte, Sarzeghnet avait déjà grandement dépassé la taille réglementaire des autres Incarnates. Le plus souvent, elle se terrait dans une grotte creusée à même le littoral, sous le palais, cavité destinée aux liés des ancêtres de son âme-soeur. Mais fière de ce qu'elle était, sa dissimulation forcée se faisait de plus en plus amère, bien qu'elle n'en blâmait en rien sa bipède.

La douleur de la vie grandissant en Runa la terrassait parfois, quand bien même elle lutait pour la préserver avec tout l'amour maternel qui effaçait sa honte de porter un demi-sang. Alauwyr lui manquait plus que tout au monde, mais jamais elle n'en parlait, et elle tâchait d'y penser le moins possible pour ne pas pâtir de sa nostalgie dévorante. Enfin, pour ne rien arranger, les démons de son passé se régalaient de sa mémoire alors qu'elle avait retrouvé sa place initiale sur le grand échiquier qu'était son existence chaotique. Chaque matin, elle toisait le palais du Sultan, parfois essuyant quelques larmes de rage en souvenir du supplice qu'elle y vécut puis qu'elle vengea.

L'indomptable Sultane déchue semblait s'assagir contre son gré, mais possiblement pour son bien.

Après la foudre qui frappait en son ventre présageant d'une naissance pas si éloignée, la jeune femme respira plus longuement et plus profondément. Elle avala presque sans grimacer une gorgée de tisane aux relents amers et verts de ses plantes aigres, puissante infusion analgésique dont l'efficacité s'envolait à mesure des jours.
Elle essuya la sueur qui avait perlé sur son front par le mal brûlant contre lequel elle se battait. Et alors qu'elle voulut se replonger dans le cauchemar des missives toutes plus négatives les unes que les autres, une de ses servantes se présenta en baissant les yeux, comme le voulait l'étiquette.

- Eashirah, (maîtresse)
Un parchemin vient d'arriver.      

La jeune humaine s'avança, tête rentrée dans les épaules et courbée en avant, tendant le plateau sur lequel reposait le rouleau de papier.
Runa ne put retenir un énième soupir las en saisissant le parchemin.

- Encore des bonnes nouvelles, je présume..

La  Chevalière Incarnate congédia la servante qui s'éclipsa après une brève révérence.  
Runa étudia l'objet de ses yeux fatigués mais piqués d'une certaine curiosité. Alors qu'elle chercha le sceau qui en scellait l'intégralité, à peine eut elle le temps de comprendre qu'elle lâcha tout aussitôt le rouleau, presque apeurée.
L'ambre de ses iris fixa le cachet de cire en passant par plusieurs sentiments. Elle ne reconnaissait pas les armoiries moulées contre le papier, mais il était certain qu'elles provenaient du Màr Tàralöm. Elle craignait malgré elle ce que l'encre pouvait bien y avoir inscrit et quelle main avait guidé la plume. Et s'il s'agissait du Seigneur Ardent ?

* Peu probable, ce n'est pas son sceau. S'il découvre où tu es, il viendra en personne, sans s'encombrer d'une lettre. Et s'il vient, je l'attendrai. *

La pensée de sa liée la rassura autant qu'elle ne renforça son inquiétude. Quelqu'un l'avait trouvée. Quelqu'un savait où elle était. A cette crainte, elle se remémora qu'il serait bon de renforcer le sortilège protégeant la demeure de quelque intrusion non désirée.
Après une courte hésitation, le coeur légèrement emballé, elle brisa le scellé et déroula le parchemin, puis s'empressa de lire ce qui y était gravé..


.:: Qu'ils nous haïssent pourvu qu'ils nous craignent ::.
[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Sarzlogo2[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Final
. ○ • ☾ Nous aimons nous repaître de ceux qui veulent nous soumettre ☽ • ○ .

- Carnet de route -
Revenir en haut Aller en bas
Eléderkan Garaldhorf
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Eléderkan Garaldhorf


Date d'inscription : 20/02/2019
Sexe : Masculin
Présentation : URL
Messages : 61
RPs : 46
Race : Elfe
Âme-Soeur : Le Bronze Thémos
Fonction : Inquisiteur Suprême
Affiliation : Clan Introverti
Alignement : Neutre Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeSam 25 Mai 2019 - 22:11


La petite araignée n'avait pas crié, ni davantage protesté, quand la main de l'Inquisiteur Suprême s'était abattue sur elle, telle la fatalité. Elle ne s'était pas plus débattue qu'un grain de poussière ne renie le vent qui le pousse. Fragile, apeurée, elle avait attendu que son sort soit scellé pour oser lever le regard vers son bourreau. N'y lisant ni pitié ni plaisir, elle sut que son existence n'avait aucune importance pour cet être de glace. Et qu'il ne servait à rien de tergiverser. Elle allait mourir, c'était tout.

- Débarrasses-toi du corps. Beau travail, Kerlec.

Sur ces sobres paroles, le maître des secrets du Màr Tàralöm tourna les talons, quittant l'antichambre de la mort, laissant le réjoui Chevalier Vert Muiredagh Kerlec, fidèle agent de renseignements, se charger de dissimuler le corps de l'homme qui surnageait dans l'eau de l'étang. Rien qu'un feu de dragon ne saurait faire disparaître.

Il avait fallu des mois à l'Inquisiteur Suprême pour suivre la trace de cette famille jusque dans son repaire. Non pas qu'elle ne soit guère connue, bien au contraire : la noblesse ne se satisfaisait jamais de l'oubli. Il avait néanmoins fallu redoubler de vigilance et de patience pour approcher celle-ci. Il n'était pas question de se dévoiler avant d'avoir de meilleures cartes en main pour entrer dans son jeu. L'enquête, poussive, avait progressé au ralenti jusqu'au départ de la principale concernée. Il était préférable de connaître ses amis aussi bien, voire mieux, que ses ennemis, plus encore quand ces alliés de fortune gravitaient de manière si prononcée autour du pouvoir. Le trône n'était pas fait ni pour les faibles ni pour les ignorants. De cela, le maître-espion devait s'en assurer chaque fois qu'un nouvel élément entrait dans la danse... L'éternelle danse des seigneurs et des dragons.

De retour dans son weyr, Eléderkan Kidrash Perséùs Garaldhorf fut accueilli par un couinement indigné de la part de son lézard de feu. Sage boudait sur le bord du large bureau de bois massif, s'impatientant d'être nourri par son maître. La main salvatrice libéra un morceau de viande fraîche, que le petit reptile blanc s'empressa de dévorer. Haute silhouette d'émeraude et d'or, roi en son palais quand il feignait d'être une simple ombre cachée derrière le trône et les actions des puissants, Eléderkan donnait volontiers d'une main ce qu'il retirait de l'autre.
Vie et mort avaient davantage d'importance plutôt que le destin ou les dieux dans la danse des seigneurs et des dragons.

Assis à son bureau, le menton entre ses mains croisées, Eléderkan fixait le vide, figé dans une profonde réflexion. Un pli soucieux barrait son front et l'éclat alerte de ses prunelles trahissait la mécanique extraordinaire cachée dans cet esprit. L'elfe se sentait parfois aussi vieux que le monde, comme s'il avait déjà tout vécu, tout expérimenté et qu'il devenait presque impossible de le surprendre. Flarmya en soit louée, c'était avec ce genre d'affaires qu'il retrouvait un peu de gaieté et d'intérêt pour une vie d'intrigues – sa vie en l'occurrence.

Tandis qu'il prenait la plume et déroulait un parchemin vierge, il songea comme il était facile – quelques fois trop facile – d'appâter les gens avec de vaines promesses. Si on savait sur quel fil tirer, on pouvait tirer profit de n'importe qui et transformer le monde en un théâtre de marionnettes. C'était peut-être cela, être un dieu. Si cela était réellement le cas, il préférait ne pas franchir le pas conduisant à cette folie-là... Il se focalisa sur les faits, comme il savait si bien le faire. Il ne se faisait aucun souci pour le nettoyage des preuves. Le Chevalier Kerlec représentait un zélé personnage, un chasseur hors pair, dans sa toile. Il ne resterait rien de ce contact venu du Ssyl'Shar qui puisse compromettre le secret de cette affaire. Malheureux sot, ce contact, un apprenti marchand véreux qui avait trahi son maître, sa guilde toute entière, dans l'espoir de gagner un peu plus au-dessus de sa condition... Pathétique mais utile. Et pour s'assurer qu'il ne trahirait plus personne, pas même le Màr Tàralöm, il fut éliminé. Peut-être même n'avait-il jamais existé.

Dans les lignes élégantes, tracées à l’encre noire sur le papier, se dessinaient les contours d’une idée. S’il avait su à quel point les nobles aimaient le fait de posséder des biens matériels et d’être plus encore attachés à leurs terres, nul doute qu’il n’aurait pas commis l’erreur de s’émouvoir, même une fraction de seconde, en présence d’une aristocrate. Annah Innd’velyn et Runa Salv ne possédaient rien en commun si ce n’était un titre de noblesse et une Liée particulièrement princière. Le départ d’Annah et Veovis, en Gaïaku sitôt après l’éclosion de la première couvée de la jeune reine – s’attirant l’ire peinée de Thémos -, avait sonné le glas d’une alliance prometteuse – et peut-être de davantage. Le Clan Introverti s’en trouverait affaibli, c’était une certitude, n’en déplaise au joli domaine d’Orën possédé par la famille Innd’velyn, surtout après la récente disgrâce d’Ioana. Privés de figure de proue, les Introvertis retombaient dans l’ombre risible de leurs erreurs passées et perdaient en influence. Le Maître Bronze craignait même que ses confrères ne fassent finalement appel à lui pour les représenter…

Pestant intérieurement contre les Liées d’Incarnates sujettes à la désertion, Eléderkan perdit un instant son regard dans les lueurs du candélabre, faisant naître,  sous le passage de sa main, une flamme dansante à silhouette humaine. Chassant son ex-amante de ses pensées, l’elfe trempa de nouveau sa plume d’oie dans l’encrier et poursuivit sa lettre, sous l’œil curieux de Sage. En des temps troublés, la nécessité faisait loi et ce qui était inconcevable hier encore devenait possible. Même un champion des renseignements avait besoin d’alliés.

Citation :
A la Chevalière Runa Salv
Membre du Clan Dominant

Si cette lettre vous parvient, je vous engage à vérifier la solidité de vos sortilèges et la fiabilité de vos serviteurs. Un incident bénin peut être aisément évité si on l’anticipe suffisamment et si on ne sous-estime pas ses adversaires. Si tant est que vous en ayez…

Je ne m’adresse pas à la princesse Salv, pas plus à la sultane déchue ni à la concubine officieuse du Seigneur Ardent. Ces lignes ne concernent que la Chevalière Incarnate du Màr Tàralöm, liée à Sarzeghnet fille de la reine Takhasya. Veillez bien à ce qu’elles lui parviennent en bonne et due forme car l’ego de vos multiples titres risquerait fort d’étouffer celle-ci. Le Màr Tàralöm est une méritocratie féroce et affamée de gloire. Votre Liée pourrait en attester, si elle daignait rejoindre la patrie de ses ancêtres. Ce n’est pas à moi de vous dire où est votre place, ni ce que vous devez faire de votre vie. Seuls comptent vos actes, vos décisions et vous seule serez à blâmer si l’on en vient à oublier jusqu’à votre nom dans les pages de l’Histoire. Vous ne pouvez régner sur un peuple qui n’est pas le vôtre, ni non plus sur le vide. Votre Liée ne peut être reine si personne ne peut l’admirer, la craindre ou la jalouser.

Votre domaine en Ssyl’Shar attire peu la convoitise de nos pairs. Vous avez raison de profiter des bienfaits d’une retraite en terre hospitalière. La rumeur veut que vous repreniez les rênes du pouvoir en votre maison. Je suis heureux de constater que, malgré votre départ précipité, vous vous assuriez un avenir radieux en ces terres. J’aurais l’indiscrétion de vous demander de vos nouvelles par cette lettre ô combien cérémonieuse. Connaissant peu les paysages et les coutumes de ce continent, je viens à vous pour quelques conseils sur les mœurs locales, la bonne marche du commerce ou le prix d’un secret bien gardé.

Il va sans dire que, pour vous assurer un bon repos entre vos travaux de gestionnaire accomplie, je ne divulguerai l’emplacement de votre retraite à personne. Je ne suis pas votre ami, pas même un allié. Libre à vous de me croire ou de me haïr. Je ne suis que l’humble servant du Kaerl qui s’enquiert d’une consœur longtemps absente.

Soyez assurée de mes sincères salutations,

Eléderkan Kidrash Perséùs Garaldhorf
Seigneur des Îles Perdues d’Ys
Inquisiteur Suprême du Màr Tàralöm
Membre du Clan Introverti

L’elfe blanc ponctua sa dernière tirade par une élégante signature, aux vives arrêtes toutes aussi tranchantes que ses mots. Il apposa son sceau – celui qu’il avait fait confectionné aux armoiries des Garaldhorf – sur la cire écarlate encore chaude, posa sa plume et contempla son œuvre. Il ne s’agissait pas de son plan le plus magistral mais il demeurait important sous bien des aspects. De ce premier contact dépendrait sans doute une partie de l’avenir du Màr.
Il avait hésité à signer de son dérisoire titre de noblesse, seulement connu de quelques érudits et pirates écumant l’archipel des tempêtes – en dehors des propres habitants des Îles Perdues. Non pas qu’il le considéra comme capital ou pour amadouer une aristocrate aussi lunatique que Runa Salv ; mais bien parce qu’il fallait piquer la curiosité d’une telle femme pour mieux la captiver et faire perdurer sa nouvelle œuvre. Il ferait de la Chevalière Incarnate son alliée, dans l’espoir de canaliser le comportement chaotique d’Alauwyr Iskuvar, ou il l’écarterait du pouvoir. Ni plus ni moins. Ainsi en allait la danse éternelle des seigneurs et des dragons.

Sage disparut dans l’Interstice, la missive soigneusement roulée entre ses pattes, sur une dernière vision du sceau au triton bleu cerné d’argent sur fond noir des Enfants du Roi de Fer.
Revenir en haut Aller en bas
Rūna Sălv
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Rūna Sălv


Date d'inscription : 07/06/2014
Sexe : Féminin
Présentation : X
Messages : 180
RPs : 84
Race : Fëalocë de sang pur
Âme-Soeur : L'Incarnate Sărzeghnet
Affiliation : Clan Valherien
Alignement : Loyal Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeJeu 13 Juin 2019 - 0:27


[HRP/ NON C'EST PAS LONG, C'EST FAUX]

- KHAR ARZA AEGHO NABHRAR ? (Pour qui est-ce qu'il se prend ?)

° Rūna, petite-soeur.. °

Malgré son état, la fëalocë faisait les cents pas, agitant les bras en l'air comme pour s'aider à évacuer sa colère. Sa marche énergique et cyclique la menait du balcon à l'alcôve d'entrée, et ses hurlements enragés formulaient pléthore d'insultes en sa langue natale dont la voix forte et puissante résonnait contre les murs de marbre. Dans son hystérie aveuglée, elle n'avait même pas remarqué la servante qui était repartie à reculons d'où elle s'en était venue afin de ne pas servir d'exutoire à sa maîtresse. Ses mains se tordaient de mimiques, les utilisant presque comme ponctuation entre deux palabres peu élogieuses, de prime abord à l'encontre d'Eléderkan puis du Kaerl tout entier.

° ..Calme toi. °

Le demi-ordre de Sarzeghnet n'atteignit pas sa liée, qui exprimait moult grimaces et propos en agonissant à mesure de son monologue enfiévré. Parfois elle s'arrêtait de bouger, mais cela ne faisait que décupler la puissance de son dialogue.
Assise au bureau, les mains tenant la lettre venue toute droite du Màr Tàralöm, Sarzeghnet sous forme humanoïde inspira profondément en fermant les paupières, épuisée par les caprices de sa bipède. Lentement, sans un bruit, elle posa délicatement la lettre sur la table devant elle, puis frappa violemment du poing sur celle-ci en invectivant mentalement.

° ASSIEDS TOI, FËALOCË ! °

Rūna stoppa net, non sans jeter un regard foudroyant à l'Incarnate, sourcils froncés et lèvres arquées d'un sourire inversé. La Reine, bien qu'aveugle, sentit tout le courroux de son âme-soeur, et ne répondit que d'un grognement sec et réprobateur, comme une mère reprendrait sa fillette trop encline à s'exhorter de commettre bêtises par paniers. Sarzeghnet était surtout inquiète pour la santé fragile de sa liée qui s'épuisait à vider sa maigre énergie contre inutile véhémence.
Rūna fulminait, le coeur ivre de ses propres battements, mais aussi vite qu'elle s'enflamma elle retrouva un semblant de calme, forcée par la demande de la dragonne et le poids affamée de vie en son ventre. Bien que désormais habituée à être reprise par Sarzeghnet, elle vint s'asseoir à côté d'elle malgré son égo quelque peu blessé, pinçant les lèvres avec une pointe de vexation. Qui aurait cru qu'une Reine Incarnate calmerait les élans enflammés de sa bipède ?

- Tu dois lui répondre.
- Ne vois-tu pas à quel point il m'insulte ?! Et toi aussi ?! Et je veux la tête de celui ou celle qui a vendu notre présence ici !
- Non, ce n'est pas ce qu'il fait. Du moins pas pour ce simple acte. Il veut que nous rentrions, reprendre de droit ce qui nous revient, regagner notre place. Je trouverai le traître, je le remercierai avant de le dévorer.
- Rentrer là où tous ont ri de ton infirmité ? Là où je ne suis que la putain du Seigneur ? Où nul ne nous traite avec les égards dus à une Chevalière et une Reine Incarnate ? Nous ne sommes que des marionnettes d'un théâtre à l'humour plus que douteux.. Nous méritons mieux que ça.

L'Incarnate garda le silence un instant, marquant une certaine acceptation des propos de Runa mais aussi le suspend de sa réponse, à laquelle elle médita.
Rūna quant à elle, serra les dents si fort qu'elle s'en fit mal au crâne entier. Elle prit sa tête entre ses mains et souffla de colère, avant de se courber sous la douleur d'une brève contraction. Elle était épuisée, mais s'efforçait de le masquer à sa liée, quand bien même cette dernière ressentait absolument tout.
Après un moment qui parut long, Sarzeghnet entama une longue tirade de son ton effrayant d'oracle prédicateur d'obscures et fatales destinées.

- Nous ne pouvons rentrer maintenant. Elle sembla accorder un regard énigmatique au ventre arrondi de la fëalocë.
Mais notre place n'est pas ici. Plus maintenant, ou pas encore. Être Sultane n'est rien en comparaison de ce que tu peux devenir là-bas, et tu le sais, et tu détestes le fait que tu le sais. Tu as un pouvoir d'une puissance que même tes rêves les plus fous ne peuvent dessiner.
Tu me rends fière, bipède, mais je le serais encore plus si tu abandonnais l'enfant capricieuse qui te tue depuis tant d'années, et si tu adoptais la femme qui rebâtira les ruines du passé. Celle de qui j'ai vu l'avenir, et de qui j'ai exigé de me lier. La flamme peut tout détruire, mais maîtrisée, elle illumine les plus sombres nuits. Je sais ô combien tu es intelligente et rusée, petite soeur, et ô combien ils te sous-estiment par ta beauté. Mais par Flarmya, si tu dominais ta fureur, tu serais déjà reine du monde.
Tu es mon âme-soeur, celle d'une Reine Incarnate. Dans la minorité déjà si précieuse des Doués de cet univers, tu as eu accès au temple privilégié des liées de Reines. Je ne te suis pas destinée par dépit, ni hasard. Je t'ai choisie pour ta force et ta rage, ta fierté et ta dangerosité.
Tu veux que le monde ploie le genou à ton seul regard ? Oui. Nous sommes deux, dans ce cas. Je leur prouverai que je suis plus terrible que leurs couveuses qui s'engraissent de compliments alors qu'elles ne font rien de plus que se pavaner dans des cieux bien trop connus, sous le regard affamé de mâles juste bons à les couver. Je veux que le Màr Tàralöm retrouve une gloire oubliée depuis bien trop longtemps. Je comprends ton dégoût et ton amertume, mais n'oublie jamais que grâce à lui nous sommes réunies, toi et moi.
Je suis tellement désolée que nous soyons la risée de tous par ma faute, et tu sais combien je souffre de devoir l'admettre.. Combien j'ai pu avoir honte, par leurs incessantes attaques pour me réduire au statut de dragonne ratée et inutile.. Aujourd'hui, je veux qu'ils paient. D'une manière ou d'une autre, pour se rappeler qu'ils ne sont rien sous mon ombre.        
Je veux qu'ils tremblent à la mémoire des jours où je n'étais âgée que d'une aube, et qu'ils ne mesuraient pas encore toute la terreur que nous allions apporter ensemble. Je veux qu'ils soient terrifiés à la simple idée de croiser mon regard mort, à la simple vue du sang cristallisé qui forme mes écailles, je veux sentir leur chair en charpie sous mes crocs. Je veux que tu les épouvante par ta magie, par ta maîtrise du jeu de Pouvoir, que ton nom tache de rouge et d'effroi les murs de pierre de ce Kaerl. Je veux qu'ils nous craignent, et qu'ils aiment nous craindre. Je ne veux pas qu'ils oublient ce qu'ils ont créé par la noirceur de leurs moqueries, car ils verront enfin que les plus sombres créatures viennent des abysses.
S'il le faut, nous détruirons tout pour tout reconstruire, toi et moi, car tu es mon ombre et je suis la tienne. Sois à mes côtés, ma soeur, moitié de mon Être, et le monde nous appartiendra.


Un mutisme de plomb envahit immensément le coeur de la fëalocë. Sarzeghnet semblait la fixer malgré sa cécité, un brasier ardent logeant dans ses opales de neige. Assommée par les propos de sa liée, Rūna s'en trouva presque émue d'enfin percevoir les sentiments de la dragonne d'un naturel si froid que même le Vaendark en aurait frémi. Machinalement, elle prit une des mains de l'Incarnate et la serra dans la sienne, comme un remerciement silencieux. Leur front se collèrent l'un à l'autre, et sous toute la dureté du constat de sa liée, Rūna parvint à sourire.

° Il faudrait que tu parles plus souvent, dragonne. Et sache que je t'aime plus que tout au monde, moi aussi. °
° Hm.. Allez, écris, tout commence maintenant. °

Après une brève discussion quant aux propos que contiendrait la missive, Rūna se rapprocha du bureau et appliqua la plume trempée d'encre d'un rouge bordeaux. Elle ne manqua pas de râler, encore, que le Maître Bronze s'affairait cyniquement à étaler ses multiples titres tout en ignorant voire rabaissant ceux de la fëalocë. Sarzeghnet soupira, déconcertée par la jalousie envieuse de sa bipède, et l'incita à se montrer plus intelligente que ça. Ce fut presque en bougonnant que la Sultane déchue entama son écriture, gravant le papier de toute la délicatesse de son poignet aguerri pour cette activité. Parfois, elle s'arrêtait, à la recherche de l'approbation éventuelle de l'Incarnate. Étonnement, Rūna se livra aisément, non sans valider après réflexion chacun des éléments apportés à sa réponse..


Citation :
Au Maître et Sang Eléderkan Garaldhorf,

Cher Sieur,
je conviendrais de vous attester de ma surprise à la réception de cette lettre, vous accordant le mérite de toute ma bonne foi quant à votre très bon coup à ce jeu. Je sens néanmoins d'ici votre égo suer de votre écriture ravissante, mais cela est tout à votre honneur au regard de votre excellence à jouer à cet exercice que vous maîtrisez fort bien.
Maintenant que j'ai quelque peu flatté votre personne, à l'expresse demande de ma liée, laissez moi tâcher de répondre de manière la plus diplomate possible à vos requêtes.

Sachez tout d'abord que vos demandes m'ont quelque peu mise du baume au coeur, mais l'amertume de constater que vous êtes le seul à vous soucier du sort d'une Reine pèse bien plus lourd dans la balance.
Il m'est difficile de justifier notre départ sans évoquer le venin que le Kaerl presque tout entier a pu cracher au visage de mon âme-soeur et au mien en constatant qu'elle était différente, et que les dieux me punissaient en me liant à une Reine aveugle. Vous souhaitez notre retour, pour le bien d'une cité qui n'a eu qu'à coeur de rire de ce que le destin semble avoir tissé des doigts de ses parques aux desseins inconnus. Alors, au fond, votre tentative m'invoque des relents de ce poison, bien que jamais vous n'ayez en public dénigré la tare de ma liée. Et je vous sais bien trop érudit pour me l'avouer, quoi qu'il en soit.

Des raisons plus obscures encore m'ont poussée loin du Màr Tàralöm, des raisons qui me retiendront encore ici quelques temps, avant que je ne me décide à revenir, et si je trouve les arguments adéquats à envisager mon retour. Ma liée vous fait savoir qu'elle souhaite ardemment fendre les cieux peu hospitaliers de sa terre natale, et que son envie de redorer le blason du Kaerl terni par trop d'années d'indolence et de négligences est plus que brûlante et hardie. Mon dégoût est certainement à l'image de son véhément désir de rendre à cette cité sa superbe, non sans rappeler les préceptes d'or qui régissaient encore il y a peu sa hiérarchie. Je pense que malgré moi, elle me poussera à regagner Tol Orëa, et j'ajouterai avec un trait d'humour que ce n'est peut-être pas chose à souhaiter pour son peuple. Nous avons évoqué, à plusieurs reprises, les meilleures choses à faire dans l'intérêt du Kaerl, et toutes sont loin d'être plaisantes, bien que nécessaires. Mais nous sommes éventuellement prêtes à endosser le costume du bourreau qui exécutera ces sombres dernières années de dérive.
Il serait mensonger de ma part de ne pas vouloir réussir ma propre ascension par notre retour, mais c'est avec toute l'honnêteté du monde connu que je vous avoue volontiers mon désir de faire à nouveau du Màr Tàralöm une cité fière et puissante, digne du moto qui régit son existence par ses trois préceptes. Je n'ai certes pas vu le jour en ce territoire écrin des dieux, mais je suis liée à cette terre depuis des décennies, par feu mes ancêtres.
Ma fierté est trop grande pour reconnaître toutes mes erreurs mais j'accepte mes quelques faux-pas depuis mon arrivée, sans réelle honte. Je n'ai guère de regrets, sauf celui d'avoir offert à des yeux trop impurs pour l'admirer toute la magnificence de ma dragonne. Nous sommes parties en tant que fiévreuse fillette et dragonnelle moquée, mais il me tarde de constater l'effroi qu'elle imposera à la même vue que ces idiots en revenant en tant que Reine majestueuse.

Si vos mots m'ont parfois courroucée à la première lecture, je dois bien reconnaître la véracité de vos propos. Peut-être parviendrez-vous à définitivement me convaincre de poser à nouveau le pied sur les dalles de marbre noir du Kaerl. Vous êtes parmi le seul à pouvoir attiser ma curiosité, il est fort rare de trouver âme douée d'intellect et de conversation en ce lieu, et je regrette de ne pas avoir pu vous rencontrer auparavant.
Sur une note plus légère, sachez simplement que c'est ma santé qui me retient en ma demeure. Si vous ne connaissez pas le Ssyl'Shar, je ne peux que vous inviter à venir y déguster une tasse de notre thé ambré ou notre vin de figues, mais je crains que par la blancheur de votre toise vous ne soyez constitué par trop que neige, élément bien peu à l'aise en ce temple où Solyae règne en maître. Néanmoins, mes terres vous sont ouvertes, s'il vous sied un jour de découvrir ce royaume de mystères où vous seriez très certainement en zone de confort, en tant que Maître des Secrets.
Comme vous avez certainement pu le constater en me faisant parvenir cette missive, le prix des secrets en ces lieux est bien moins cher que celui de l'étreinte d'une concubine de bas marché, et il se paye souvent d'un revers d'une lame bien tranchante.
Je m'ose à espérer que vous allez bien si vous avez trouvé le temps et la peine de m'écrire, et que le Kaerl ne flambe pas - pour le moment - sous le coup de l'ingérance de son Concile trop souple, à nombreuses occasions, à l'exception de votre regard qui s'écharne à maintenir cette fragile maquette en place.    

Je compte sur votre discrétion attestée au sujet de ma présence ici-bas, notamment auprès du Seigneur Iskuvar. Il va sans dire que vous n'avez pas ma confiance, mais je vous connais au moins de réputation pour savoir que vous n'êtes pas du cru des ragotteurs.  
Dans l'attente de votre réponse, ou même de votre visite si vous ne craignez pas l'appétit de Sarzeghnet ou ma flamboyante présence.

Cordialement,


R Ū N A . S.



Une servante porta le parchemin et l'attacha à la patte du lézard de feu, encouragé par une bouchée de viande crue donnée de la main de Runa, incapable de réprimer un sourire enfantin sous toute la mignonnerie de la petite créature.


.:: Qu'ils nous haïssent pourvu qu'ils nous craignent ::.
[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Sarzlogo2[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Final
. ○ • ☾ Nous aimons nous repaître de ceux qui veulent nous soumettre ☽ • ○ .

- Carnet de route -


Dernière édition par Rūna Sălv le Ven 24 Avr 2020 - 14:03, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Eléderkan Garaldhorf
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Eléderkan Garaldhorf


Date d'inscription : 20/02/2019
Sexe : Masculin
Présentation : URL
Messages : 61
RPs : 46
Race : Elfe
Âme-Soeur : Le Bronze Thémos
Fonction : Inquisiteur Suprême
Affiliation : Clan Introverti
Alignement : Neutre Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeMer 18 Sep 2019 - 20:26



Eléderkan avait réussi. Ce constat le plongeait dans une transe mêlant impatience et contentement, un mélange qu’il ne ressentait que rarement tant son habitude de jouer sur tous les fronts du pouvoir lui faisait perdre le goût de la spontanéité. Ses émotions émoussées ne semblaient s’incarner que dans l’ivresse furieuse qui émanait en permanence de son Lié. Il accepta néanmoins ce débordement sentimental pour ce qu’il était. Cette petite victoire n’était qu’un pas vers de plus grands desseins. Il ne fallait pas davantage s’appesantir dessus. Au moins avait-il réussi à captiver l’insaisissable fëalocë, ce qui était plus que tout ce qu’il avait espéré d’elle en une seule missive.

Jouer de mon titre illusoire s’est avéré payant, tout compte fait. Que m’importe qu’elle croit qu’il s’agit d’une banale manifestation de mon ego, je l’ai piquée au vif et je m’en réjouis !

Le grondement lointain du rire de Thémos fit écho à son amusement tandis qu’il relisait la première partie de la lettre. La réponse de la jeune Chevalière ne manquait pas de piquant. Il ne s’était pas attendu à plus de sagesse ni moins de mordant de sa part. Toutes les Liées de Reines se montraient différentes, sauf sur un point : leur soif inextinguible de reconnaissance. Il avait appris cela auprès de Darlana del Aeran, où la leçon avait été ardue à comprendre tant cette fëalocë-là ne se privait pas d’humilier tout ce qui vit pour mieux se hausser sur son piédestal. Mieux encore, il avait compris cela en compagnie d’Annah. Là où chaque regret camouflait une étincelle d’espoir, il avait su que la sibylline Introvertie cherchait avant tout à sortir de l’ombre de son Incarnate de Liée. Tout le monde voulait s'extirper de l'ombre de quelqu'un d'autre. Rūna Sălv n’avait pas l’air en mauvais termes avec sa propre dragonne mais il était clair qu’elle aspirait à davantage qu’une place de concubine ou de sultane par intérim.

Tandis que Thémos déroulait ses anneaux et sa formidable masse rougeoyante dans le fond du weyr, Eléderkan trempa sa plume dans l’encre et débuta sa réponse.

Citation :
A la Chevalière Rūna Sălv,

Je me réjouis de recevoir si vite de vos nouvelles. Je loue votre clairvoyance, le zèle de vos messagers et plus encore votre amabilité, car il aurait été logique de me refuser une réponse. Ne me suis-je pas montré trop présomptueux et accablant dans ma précédente missive ?

A la vérité, je n’espérais rien de votre part. Vos actuelles tâches doivent accaparer toute votre attention. Je n’ignorais pas que je vous causerais quelques ennuis en vous contactant. Cependant, je m’estime chanceux de retenir votre attention et de bénéficier de votre clémence, moi qui suis le citoyen d’un Kaerl qui vous moque et vous oublie en ce moment même. Je ne me ferai pas le porte-parole du Màr Tàralöm, pas plus que de ses paltoquets rôdant autour du trône. J’ose m’ériger en messager pour le bien de cette même cité qui vous rejette. Je me dois de rester informé, quoiqu’il en coûte, que les nouvelles me plaisent ou non et de veiller à l’équilibre de notre Ordre. Il faut bien que quelqu’un reste loyal au Màr et non pas à ses seuls dirigeants.

Je m’incline devant votre perspicacité, Chevalière Sălv. Vous nous offrez là une belle analyse, sans fard et sans honte, de notre glorieuse cité. J’oserais même dire que vous édictez parfaitement votre personnalité, comme vous avez su cerner la mienne. Je ne peux qu’appuyer les désirs de votre Reine, car je les comprends aisément. Trop d’années ont passées depuis la dernière guerre, depuis nos derniers exploits et le Kaerl se repaît encore des restes d’une gloire fanée, sans saveur, malgré les efforts de quelques vaillants sujets pour rendre leur lustre d’antan à nos valeurs. Peut-être cela signifie-t-il qu’il nous faut évoluer. Changer de stratégie, dépasser nos limites et accepter de faire ce qui est nécessaire. Il faut parfois se faire haïr et commettre des actes terribles pour rétablir l’équilibre. Il est plus que temps de s’atteler à cette tâche monumentale, laquelle incombe aux plus capables et aux plus intelligents d’entre nous. Il nous faut être plus que des ambitieux : nous devons être des visionnaires. Ou le Màr Tàralöm pourrait bien sombrer dans une décadence aux relents de traditions obsolètes et de valeurs bafouées…

Soyez navrée d’apprendre que le Concile ne perd plus son temps à s’entre-déchirer. Il semble avoir trouvé son rythme, celui de conseil passif, quémandant l’attention d’un Seigneur trop souvent absent. On pourrait craindre une rébellion si Sire Iskuvar ne daignait pas nous faire la grâce de sa présence de temps à autres, pour rappeler à chacun où est sa place. Mais le pouvoir est fluctuant. Il est plus aisé de le saisir que de le conserver. Le Màr Tàralöm manque cruellement de fortes personnalités à même de supporter le fardeau du pouvoir. J’ose espérer que vous en faites partie, Chevalière Rūna Sălv et que vous saurez vous en montrer digne. Car quoique disent les ragots, vous naviguez déjà dans les hautes sphères sans en être pleinement consciente.

Je me réjouis de constater que vous prenez soin de vous et de votre Âme-Sœur. Je vous souhaite une bonne santé à toutes deux. Je prends bonne note de votre invitation et promet de l’honorer si les circonstances se montrent favorables. Pour avoir passé ma jeunesse dans le climat tropical de l’Archipel des Tempêtes, je pense pouvoir supporter l’aridité du désert et même lui trouver un certain charme. Soyez heureuse de savoir qu’un secret bien gardé vaut plus cher que vous ne le concéderiez. Je serai ravi d’échanger avec vous quelques notions de négoce, pour espérer bénéficier de votre délicieux vin de figues, en échange des spiritueux liquoreux d’Ys. N’en déplaise à notre Intendant Général du Kaerl, je possède également quelque expérience en ce domaine et il serait dommage de se priver d’une bonne affaire.

Il me tarde de recevoir de vos nouvelles.

Que les dieux veillent sur vous et votre terre,

Eléderkan Garaldhorf
Membre du Clan Introverti
Inquisiteur Suprême du Màr Tàralöm

Thémos renifla le parchemin d’un air circonspect, la flamme de la convoitise dansant dans ses prunelles telle une chandelle balayée par le vent. Faussement satisfait par les tournures trop sobres et le brin de flatterie qui transpirait dans cette élégante écriture, il s’en détourna sur un grognement et ébranla les weyrs de son chant en piquant vers le ciel depuis le large balcon. Eléderkan scella la missive et la confia, comme à son habitude, à son plus fidèle messager. Le lézard blanc s’évanouit par une fenêtre ouverte sur le vide. Et le weyr redevint aussi silencieux que l’elfe pensif qui y résidait.
Revenir en haut Aller en bas
Rūna Sălv
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Rūna Sălv


Date d'inscription : 07/06/2014
Sexe : Féminin
Présentation : X
Messages : 180
RPs : 84
Race : Fëalocë de sang pur
Âme-Soeur : L'Incarnate Sărzeghnet
Affiliation : Clan Valherien
Alignement : Loyal Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeVen 24 Avr 2020 - 20:58

Une certaine jubilation avait adouci le coeur méfiant de la fëalocë à la lecture de la seconde lettre de Maître Eléderkan. Le ton s'était fait et voulu moins condescendant, peut-être même plus vrai, plus entier, plus sincère.
Loin des primes insultes précédentes, certainement dans le but de tester sa stabilité face à de plus hauts desseins que ceux auxquels elle avait été vouée jusqu'à présent, le Sang avait fait montrance d'une estime qui ravissait l'âme trop sous-estimée de Runa. Si elle n'avait fait que peu démonstration de son excitation, la Reine Incarnate l'avait bien ressentie et s'en voyait grandement ravie. Enfin, ENFIN, une forme de respect leur était accordée à hauteur de leur existence. Loin des moqueries, loin de la puérile rivalité qui ravageait le peuple du Màr Tàralöm.

La jeune femme s'était volontiers laissée prendre à la toile du roi des araignées, acceptant de sacrifier un peu de son égo en pâture à ce prince des secrets. Il fallait parfois accepter de donner un peu de sa chair pour donner vie à une entité de promesses..
La perspective de cette rencontre épistolaire avait redonné un peu d'enjouement à la sultane déchue, aidant à en partie taire les maux qui l'accablaient au quotidien pour mieux laisser s'élever une voix trop longtemps bâillonnée au fond d'elle-même. Runa était née pour ces intrigues, et une profonde joie se mêlait au plaisir véritable d'enfin pouvoir accéder à des conversations plus nourries que les traditionnels enfantillages du Kaerl.
Sa réjouissance à se voir reconnue par au moins l'un de ses pairs était étayée par l'exaltation de Sarzeghnet, qui voyait là la splendide occasion d'argumenter et convaincre sa bipède de se préparer à rentrer, une fois l'heure venue. Se voir l'offrir l'opportunité d'attiser la curiosité d'un homme tel que Eléderkan Garaldhorf ne se refusait pas le moins du monde. Et au delà de l'importance de son statut régissait surtout la délectation de s'entretenir avec un érudit, un être riche en instructions et connaissances.

Runa avait recommencé sa réponse plusieurs fois, faisant tarder cette dernière, le tout ponctué d'épisodes de fatigue liés à sa grossesse difficile. A de multiples reprises, la fëalocë était revenue sur ses propos jugés trop révélateurs et sincères. Mais après plusieurs discussions avec sa Liée, elle s'était accordé le droit de révéler ses ressentis avec le plus de clairvoyance possible. Il était certain que cacher quelque information au Maître des Secrets était un vain effort, et si la personnalité vipérine de Runa se révélait dans bien des aspects de sa vie quotidienne, elle remarqua que cette dernière l'avait suffisamment desservie pour l'heure.
Alors, de toute sa superbe entièreté, elle écrivit.


Citation :
Cher Messire Garaldhorf,

Avec toute ma bonne foi, sachez que j'ai de prime abord refusé de vous répondre. Mais poussée par l'insistance de ma Liée à délaisser mon orgueil, je me suis résignée à satisfaire ses intérêts pour mieux reconnaître que les miens s'y trouvaient également.
Vous apprendrez, certainement non sans une certaine satisfaction pour remplir votre coupe de lie, que j'ai maudit le moindre de vos épîtres avec autant de cœur que s'ils m'avaient blessée de chair comme d'égo.
Il serait indolent de nier l'évidence qui m'accable : je me suis vue grandement vexée par votre condescendance, autant que par votre capacité à me retrouver même si loin du regard scrutateur du Màr Tàralöm. Les jours passant, je me suis surtout résolue à reconnaître là votre coup de grâce.
Je suis plus que ravie à l'idée de disputer cette partie d'échec avec un adversaire de votre envergure. Voyez de ma part une certaine flatterie à ce qu'un maître de stratégie tel que vous eusse pu élire une adversaire pour l'heure moins réputée à ces petites distractions pour lesquelles je me délecte.

Je vous écris avec une sincérité bienséante. Votre attention par ces missives me rend un tant soit peu de foi envers le Kaerl et une partie de ses membres. Mes espoirs s'y étaient laissés dépérir ces derniers mois pour pléthore de raisons, mais surtout par la brillance illustre de ses impuissants à vouloir décider pour les membres plus éminents. Sa décadence et sa disgrâce sont autant intervenues de la main de son Concile que de celle de son peuple, soit par excès de nonchalance ou par un sabotage consciencieux. Les figures dirigeantes m'évoquent les masques de bouffons et matassins trop avides de brasser rumeurs et mensonges par des bouches trop peu chères à acheter. Et dans quel finalité ? S'octroyer une notoriété, même éphémère, avec la distinction d'une catin de bas peuple. Ils ne comprennent pas que la médiocrité ne résonne pas dans l'éternité d'une puissance millénaire. Leur vision est restée celle des non-Doués, et ne s'est jamais élevée à hauteur de Tol Orëa.

Dans les affres et méandres de cette fange, des visages plus illustres détonnent sans clairement parvenir à dominer. Leur voix pourtant souvent juste demeure trop discrète, même si ce défaut fait étonnement partie de leurs majeures attributions. A mon sens, vous appartenez à cette minorité primordiale à la survie du Màr Tàralöm bien que vous demeuriez, hélas à mon goût, trop silencieux. Tout cela alors que votre parole se montre chargée d'enrichissements pour la pérennité de cette communauté magnifique mais chétive par ses actes récents.
Comme vous l'écriviez précédemment, la loyauté envers un Kaerl ne s'inscrit pas par la simple aveugle adoration de ses acteurs, mais bien par le respect du piédestal de ses valeurs et ses lois. Trop de clans se sont formés, et pas la division certains entendent de mieux régner, sans que cela s'inscrive dans les intérêts de la pérennité de cette communauté. Il est temps que cela change, qu'importent les sacrifices à exécuter pour parvenir à ce souffle nouveau et purgateur. Par la destruction se fera la reconstruction.

A tout vous avouer, je suis plus que disposée à participer à cette transformation, je m'en révèle même grandement enthousiaste.
Je ne suis guère là pour vous apitoyer ou vous impressionner par l'étal de mon passé existentiel, mais vous devinerez aisément que par mon sang et mon affiliation, les personnes telles que moi ne reculent pas devant l'ardeur d'une tâche si cette dernière peut embraser l'Histoire. Mes ancêtres ont forgé plusieurs générations de conquérants, parfois émérites parfois médiocres, et je n'entends pas faire partie de la banalité des faibles d'actes ou d'esprit.
Il serait mentir de dire que je ne cherche pas une part de notoriété ou que je dénigre l'intérêt de laisser une trace de mon passage sur ce monde, mais ma convoitise s'élève au delà d'une simple place dans la hiérarchie. Je ne convoiterai pas le trône tant que cette place ne sera méritée par mes actes ou mes choix, si tant est qu'elle m'intéresse un jour.
Mes intentions sont avant tout dédiées à la reviviscence d'une gloire passée mais non éteinte, simplement assoupie. La perspective de participer à cette peine me procure bien plus de satisfaction qu'accéder à des sphères plus élevées sans rançon. Mon ambition est réelle, mais non dénuée de sens ou de valeurs.

Au demeurant vous me verrez allégée d'apprendre que le Concile s'efforce de tenir au mieux la fragile instabilité de son édifice, bien que je conçoive l'absence trop répétée du Seigneur Iskuvar comme un fardeau déplorable. J'ose croire qu'il reviendra incessamment à la raison afin de reprendre les rênes de cette monture qu'il semble délaisser. Pour diverses raisons et sans établir de promesses que je ne saurais tenir en personne, ayez l'hardiesse de penser que cette situation changera bientôt. J'ai confiance en lui, il est simplement de notre devoir de lui rappeler quelle est sa place sans définir celle-ci comme une simple obligation mais bien un prestige qui se conçoit d'être honoré. Il se peut seulement qu'il soit trop préoccupé, pour l'heure, par l'absence de certaines pour lui permettre de tenir ses fonctions avec sérieux.

Je suis plus que ravie et soulagée de m'entretenir avec une personne en accord aux principes énoncés plus avant, même si j'ai parfaitement conscience que certains sujets apporteront leurs lots de désaccords entre nous. Il m'apparait néanmoins que vous vous rapprochez le plus de l'authenticité que j'accorde au Màr Tàralöm et ses dirigeants.
Ma connaissance du Kaerl étant encore trop superficielle pour entreprendre de le relever en saisissant ses entrailles même, je m'en remets à vous pour détenir les éléments manquants à mes connaissances afin d'associer et coordonner nos efforts.  
Je me tiens à votre disposition pour entamer cet ambitieux mais nécessaire projet.
Nous devrons rediscuter d'éventuels projets d'accords commerciaux concernant mes mines de pierres et métaux précieux dans l'intérêt de l'économie du Kaerl, bien que cette démarche me paraisse inconvenue par écrit. Nous aurons tout loisir d'en rediscuter en temps voulu.

Permettez moi enfin de vous remercier, Inquisiteur Suprême, pour vos éloges et le respect que vous accordez à mon entièreté, en dépit de nos fiertés respectives et nos sournoises personnalités. Cette estime se veut réciproque, dans la limite de nos mutuelles confiance et fiabilité.
Mon Âme-Soeur vous est également grée par vos intentions et me fait joindre à son tour de ses bonnes grâces à votre sujet et celui de votre Lié.
Veuillez recevoir de notre part toute notre cordialité sans frivole flatterie, mais bien toute la sincérité de notre affabilité.

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Sign

Post Scriptum : J'ose espérer que le thé jaune de mes terres ancestrales saura être à votre goût, ainsi que notre vin de figue. Je vous ai également fait parvenir une chevalière de bronze sertie d'un oeil d'émeraude de notre confection, alliant là la robe de votre frère d'âme et une représentation de votre rôle d'omniscience. Ces présents se veulent simplement dans les accords de nos coutumes, je n'attends rien en retour.

En voyant son messager de confiance s'éloigner, un sourire mystérieux illumina son visage dernièrement trop tiraillé de douleur et de tristesse.
Plus loin, un même intriguant rictus s'étirait sur les lèvres de Sarzeghnet. Une profonde satisfaction emplissait les poumons de la dragonne, flairant d'ici la fébrilité de Thémos et l'attrait piqué au vif d'Eléderkan..



[HRP/ Je suis désolée pour le temps de réponse. Si ce RP ne t'intéresse ou ne te motive plus, je comprendrais. Si tel est le cas tu n'es évidemment pas obligée de répondre, Runa et Elé pourront se rencontrer à son retour au Kaerl ! <3]


.:: Qu'ils nous haïssent pourvu qu'ils nous craignent ::.
[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Sarzlogo2[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Final
. ○ • ☾ Nous aimons nous repaître de ceux qui veulent nous soumettre ☽ • ○ .

- Carnet de route -
Revenir en haut Aller en bas
Eléderkan Garaldhorf
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Eléderkan Garaldhorf


Date d'inscription : 20/02/2019
Sexe : Masculin
Présentation : URL
Messages : 61
RPs : 46
Race : Elfe
Âme-Soeur : Le Bronze Thémos
Fonction : Inquisiteur Suprême
Affiliation : Clan Introverti
Alignement : Neutre Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeSam 2 Mai 2020 - 16:50

Perçant les ténèbres ataviques du weyr, les vastes rubis d’un dragon luisaient avec fixité au-dessus d’un long museau aux écailles éclaboussées de sang. Assis le dos droit sur son imposant siège, un elfe blanc offrait son altier profil aux flammes de son draconique regard sans frémir d’un pouce.

° Combien de fois devras-tu te travestir pour ces bonnes gens, user de mots vains et futiles pour détourner la vérité afin de ne blesser aucun ego, si ce n’est le tien ? Combien de fois devra-t-on courber l’échine et feindre la soumission, voire la stupidité, pour prétendre être libres de nos choix ?

… Tu aurais pu faire l’effort de finir ta toilette avant de m’assommer de tes incriminations.
Ce n’est pas cela, être libres ! °

De sévères prunelles émeraude vrillèrent les opales rougeoyantes comme des crépuscules en proie à un incendie. Le Bronze renâcla, des volutes de fumée expirées de ses naseaux en signe de protestation. Sa vindicte s’étouffa quelque peu sous un familier blizzard, qui soufflait depuis les tréfonds de l’âme de l’elfe. Son elfe, son bipède, qui n’en faisait qu’à sa tête. Thémos avait pour habitude de tester la résistance des stratégies de son Lié en le défiant, pour mieux s’amuser, mettre la griffe sur quelques problèmes qu’il aurait pu soulever ou, tout simplement, parce qu’il s’ennuyait et voulait ressentir à nouveau cette étrange et subtile fragrance de l’admiration en songeant comme Flarmya avait eu le bon goût d’enchaîner son âme à celle d’un être inférieur aussi intelligent. Eléderkan Garaldhorf était son égal.

° Je ne te ferai pas l’affront de relever les failles de ton raisonnement…
Et pourquoi pas ? °

Le grand mâle déplia son corps massif dans le weyr jusqu’à faire crisser ses écailles contre la pierre. Le son crispant qui en résultat manqua faire trébucher la plume sur le parchemin. Eléderkan avait levé sa main à temps et contemplait maintenant avec désapprobation l’attitude outrée de son Lié. Thémos s’enhardit, lui retournant un rictus bardés de crocs longs comme des glaives.

° Je ne suis pas un dragon. En tant que faible sans-écaille, je suis un être sociable, au moins un minimum et la prospérité de mon Màr me tient un tant soit peu à cœur. Je ne peux pas voler jusqu’au Ponant à ma guise et décider de l’issue de mon destin sans craindre pour ma vie. Est-ce là la liberté que tu me proposes ? Je ne crois pas. Tu ne peux pas non plus nier ton attachement au Màr, mon ami.
A quoi bon ces simagrées avec elle, dans ce cas ? Même si ton projet réussit, tu resteras aussi insignifiant qu’un papillon de nuit, condamné à l’obscurité et à l’oubli… Oh bien sûr, nul n’aura l’audace de t’accuser de l’échec de ta mission, puisque peu seront capables de savoir que tu en as été l’instigateur… Mais la gloire t’échappera tout autant. °

Un énigmatique sourire incurva les lèvres de l’elfe tandis qu’il se concentrait de nouveau sur sa missive.

° L’ombre me sied bien.
Tu vaux mieux qu’eux tous réunis ! °

Les ailes brusquement déployées du Bronze frôlèrent dangereusement le haut plafond. Un filet de poussière s’abattit sur la pièce. Le dragon s’était flatté, au début de cette entreprise, d’être bientôt en partie responsable du retour d’une Incarnate fertile au Kaerl. Après avoir donné une nouvelle couvée – bien qu’avec une reine en disgrâce dont la fuite lui pesait sur le cœur comme une épine dans le talon -, il estimait mériter quelque ovation pour sa dévotion et sa contribution au Kaerl Ardent. Son revirement depuis la précédente lettre échangée avec la jeune Chevalière en fuite avait d’abord laissé le maître-espion perplexe. Il savait pourtant son Lié attaché à son sang, à ceux qu’ils considéraient comme ses pairs sans pour autant les apprécier, davantage comme le ferait un collectionneur tyrannique et extrêmement possessif.

° Le véritable pouvoir n’existe pas dans la lumière. Ce n’est pas un trône qui pourra nous rassasier, mon frère. Garde confiance. °

Il coula brièvement un regard vaguement dégoûté en remarquant des gouttes de sang maculer son tapis ysien.

° Prend le temps de te nettoyer avant de revenir, je te prie. °

Piaffant de colère refoulée, Thémos ne trouva rien à répondre. Fort de sa puissance et de son bon droit, il piétina le sol de ses serres avant de débouler sur le balcon en faisant trembler la salle. Il se précipita vers le ciel en rugissant. Sa colère finirait par retomber, Eléderkan le savait. Ils n’étaient pas d’accord sur tout mais chacun savait, selon ses propres raisons, que Rūna Sălv ne pouvait pas rester en exil plus longtemps.

Citation :
A la Chevalière Rūna Sălv,

Je suis enchanté d’avoir de vos nouvelles. Je remercie la clairvoyance de votre Liée, tout comme je loue votre engagement envers le Màr.

Ne me flattez pas. Je ne saurai me targuer d’être le plus grand stratège de Tol Orëa ou même du Màr. Voyez comme je dois quémander votre attention pour acquérir de brèves nouvelles de vous ! Vous ne devriez pas vous attendre à moins de ma part. Ne suis-je pas le pire Ardent qui existe en ce bas monde, celui qui garde les secrets mais qui rechigne à les dévoiler ? Je me garderai d’influencer votre opinion sur moi. Ayez la bonté de croire que je ne suis pas le plus humble ni le plus perfide des serviteurs du Màr Tàralöm.

Le mensonge ne me sied guère, aussi dirai-je les choses crûment. Il n’y a guère eu de changements depuis notre dernier échange. La situation s’enracine dans une langueur monotone. Il suffirait d’une étincelle pour ranimer les querelles d’autrefois, ou pour raffermir la cohésion des différents clans autour d’une unité toute entière dirigée vers la prospérité. Un Kaerl glorieux sur le point de péricliter vaut-il mieux qu’un Kaerl uni et suffisamment fort pour assurer sa pérennité ? La gloire viendra bien assez tôt. L’histoire du Màr Tàralöm est une ode au chaos mais cela nous dessert depuis des décennies. Il nous faut trouver un équilibre.

Ne prêtez pas foi aux ragots. Ceux qui les propagent n’ont pas l’intelligence nécessaire pour mesurer la grandeur. Vous ne serez jugée par l’Histoire et vos pairs les plus capables qu’en fonction de vos actes. Comment cela serait-il possible depuis les confins du monde ? J’ai bon espoir de vous revoir bientôt évoluer au sein du Màr Tàralöm. Il lui manque une Reine Incarnate et une flamme nouvelle, de cela je suis certain.

Vos présents ont ravis mes yeux et mon esprit. La broche fait honneur à mon Lié, qui y a vu un nouveau prétexte pour clamer sa beauté à qui veut l’entendre. Je ne sais pas si je dois vous remercier de favoriser l’égocentrisme d’un tel spécimen. Votre thé et votre vin seront dégusté avec parcimonie pour honorer votre confiance. J’attendrai volontiers votre retour pour partager un verre avec vous. Je me suis par ailleurs permis de glisser un flacon de spiritueux d’Ys, ainsi que cette bague, avec ce message. J’espère qu’ils vous parviendront en bon état.

J’espère vous revoir bientôt.

Que les dieux veillent sur vous et votre terre,

Eléderkan Garaldhorf
Membre du Clan Introverti
Inquisiteur Suprême du Màr Tàralöm


Eléderkan vérifia l’attache au harnais de Sage, lui donna un morceau de viande cuite et lui souhaita mentalement bon voyage. A ses pattes étaient accrochés un rouleau contenant la missive, ainsi qu’une bourse précautionneusement fermée contenant le flacon de liqueur ainsi qu’une bague d’or patiné sertie d’un œil de tigre semblable à l’œil d’u dragon aux teintes crépusculaires.

Le discours enflammé et confiant de la jeune Chevalière confortait l’elfe dans sa décision. Elle avait mordu à l’hameçon. C’était un premier pas vers l’accomplissement de sa stratégie. Un moyen de s’affranchir d’un règne boiteux pour favoriser le renouveau.


HRP : J'adore toujours ce rp et écrire avec toi ! *câlin* Je ne suis pas une impatiente ^^ Je te propose de retrouver la timeline actuelle et de jouer leur rencontre au Màr si ça te va ^^
Revenir en haut Aller en bas
Rūna Sălv
Maitre Dragon
Maitre Dragon
Rūna Sălv


Date d'inscription : 07/06/2014
Sexe : Féminin
Présentation : X
Messages : 180
RPs : 84
Race : Fëalocë de sang pur
Âme-Soeur : L'Incarnate Sărzeghnet
Affiliation : Clan Valherien
Alignement : Loyal Mauvais (Kaerl Ardent)
Ordre Draconique : Ordre Draconique d'Ombre (Kaerl Ardent)

[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitimeJeu 7 Mai 2020 - 22:59



.:: Qu'ils nous haïssent pourvu qu'ils nous craignent ::.
[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Sarzlogo2[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Final
. ○ • ☾ Nous aimons nous repaître de ceux qui veulent nous soumettre ☽ • ○ .

- Carnet de route -
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé



[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Empty
MessageSujet: Re: [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs   [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
[RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» [RP] Une danse aux desseins clairs-obscurs, partie II
» [RP] La Danse du Sabre
» [RP] Première danse
» [RP] La Danse des Feux Célestes

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Tol Orëa, la Terre de l'Aube :: [RPG] Rhaëg - Ensemble du Monde :: Les Continents Extérieurs :: Ssyl'Shar-
Sauter vers: