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 [RP] Tourmenté de tout son soûl

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Rūna Sălv
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Rūna Sălv


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MessageSujet: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeMer 22 Avr 2020 - 19:15


Euryliaku 919, fin du mois *

L'air n'était pas encore trop imprégné d'effluves de liqueur de plus ou moins bonne qualité tant la soirée s'annonçait à peine. Aux essences de bois et de roche volcanique se mêlaient des parfums plus riches : les belles étoles et soieries de certains dégageaient des arômes boisés tantôt de cèdre tantôt de oud ; les chevelures coiffées aux huiles de fleurs embaumaient les lieux avec un certain charme.
Malgré la prédisposition festive de la taverne, l'ambiance était encore assez calme. Quelques éméchés se tenaient à carreau autour d'un jeu de tarot pour éviter d'être mis dehors par le tenancier.
La majeure partie des clients était représentée par des petits groupes d'amis, parfois Chevaliers, parfois Maîtres, qui discutaient autour d'un verre dans le respect des uns et des autres.
De tout le Kaerl, ce lieu n'était ni le plus mondain ni le plus malfamé. Il servait surtout aux brèves rencontres avant d'entamer une soirée plus fournie tant en paroles et rencontres qu'en boisson et fièvres d'ivresse.

Ne prêtant guère attention au léger brouhaha alentour, Runa était installée à une table plutôt isolée et sans voisins immédiats. Sagement elle lisait, assise contre le mur pour faire face à a porte d'entrée. Il n'était pas difficile de deviner qu'elle attendait de la compagnie aux vues de ses pauses fréquentes pour surveillez les allers et venues.
En effet, depuis son retour au Kaerl après un long séjour sur ses terres natales, la jeune femme avait mensuellement rendez-vous avec l'intendant de la demeure familiale. Beaucoup d'informations ne pouvaient circuler par missive pour raison de sécurité, il en allait de la pérennité de divers accords commerciaux entre le Màr et le Ssyl'Shar orchestrés par la famille Salv. Par ce biais, elle s'assurait également de la sécurité de son frère cadet resté sur place, et encore fragilisé par ses années d'esclavage. Runa tâchait de faire de réguliers passages à Arsuh, mais même loin des siens, elle tenait le palais d'une main de fer dans un gant de soie.

La Fëalocë leva ses prunelles d'or par dessus son livre, briguant vers la grande fenêtre qui donnait sur la rue à la recherche du visage familier tant attendu.  Elle y vit la lueur du jour déclinante, et peu à peu les commerces fermés cédaient leur place aux milieux nocturnes qui allumaient leurs lanternes. La jeune femme soupira, agacée mais un peu inquiète. Sa mine soucieuse et courroucée tenta de replonger dans les petites écritures de son livre, en vain. Elle ferma ce dernier avec fermeté, claquant la couverture de cuir contre la table de bois. Machinalement, Runa se pinça la racine du nez en fermant les yeux, penchée en arrière, le dos collé au dossier de son siège. Un long souffle s'échappa de son nez, comme chassant avec lui le soufre d'une colère ascendante.
Après ce bref instant de méditation, elle se décida à partir. L'heure était largement passée, son rendez-vous ne viendrait certainement plus et Alauwyr devait l'attendre.
Elle avala d'une traite la dernière gorgée de vin de mûres au fond de sa coupe, déposa une pièce sur la table et se leva. Après avoir vérifié qu'elle n'avait rien oublié, elle remarqua la présence d'un individu de l'autre côté du comptoir, dans le coin plus bruyant de la taverne. Il était assis, presque voûté, à une table isolée assez loin de la foule. Peut-être désireux de rester discret, ou bien honteux ?
Si de prime abord elle n'en n'eut cure, elle tiqua sur la silhouette qui ne lui était pas inconnue, mais de dos il était complexe de vérifier ses doutes.  

* Tu rêves, qu'est-ce qu'il ferait ici.. *

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter les lieux en laissant cette pensée derrière elle, son soupçon la mordit avec trop de virulence pour passer outre. La jeune femme fit marche arrière pour voir en face l'homme accoudé au fond de la taverne, et lorsqu'elle découvrit une bonne fois pour toutes le visage du prêtre de Flarmya, son coeur manqua un battement.

- Mais.. Maître d'Ardiénor ! Qu'est-ce que..

Il ne semblait pas ivre, loin de là. Son visage évoquait surtout de la tristesse et un certain abandon. Néanmoins, les effluves d'alcool et la timbale à demi-vide posée devant lui trahissaient le début d'une certaine consommation.
Runa lui offrit un air incrédule et déconcerté, presque réprobateur. La place du pieux homme n'était certainement pas dans ce lieu propice à la débauche. Loin d'être elle-même fervente et dévouée envers les dieux, la Fëalocë s'était rapprochée du culte de Flarmya à son arrivée au Màr Tàralöm. Si elle n'avait jamais vraiment eu de discussion avec lui, il était évident qu'elle l'avait croisé à de multiples reprises au sein du Sanctuaire.
Sans hésitation, elle apposa une main bienveillante sur l'épaule de l'Ondin, et si sa voix se voulut ferme, un fond de prévenance teintait ses mots.

- Quelle foudre a bien pu vous frapper pour que vous atterrissiez ici ? Et je croyais que les dévots tels que vous ne touchaient pas à ça..

Elle désigna du menton la coupe puis marqua une pause. Ses iris d'ambre coulèrent sur le pauvre homme qui ne semblait pas au meilleur de sa forme.

- Venez avec moi. Laissez moi pour raccompagner au Sanctuaire..


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Marek d'Ardiénor
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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeVen 24 Avr 2020 - 16:45




Une semaine entière. Un peu plus d'une semaine s’était déjà écoulé depuis sa confrontation avec Aoatea, et les aveux, tout aussi lamentables, qui avaient suivi. Sans que rien ne change : une cuisante humiliation et une profonde amertume, qui ne parvenaient pas à couvrir les échos de la détresse que les paroles de l’Archiprêtresse avaient suscité. Il ne se passait pas un jour sans qu’il maudisse sa propre naïveté, sans qu’il ne tente, désespérément, de renoncer à cette loyauté aveugle qui pourtant continuait de l’enchaîner à elle. Il ne pouvait tout simplement pas oublier l’amour qu’il lui portait … Et regrettait de ne pas en avoir la force. Quant au reflet que son miroir lui renvoyait, à chaque nouveau lever de soleil, l’image de son visage hâve et de ses joues creusées, alors que la notion de sa propre identité même, semblait lui glisser entre les doigts, il n’était pas certain de pouvoir encore longtemps y faire face.

Là où les journées s’écoulaient lentement, la migraine qui lui oppressait les tempes ne lui laissant aucun répit, ses nuits, entrecoupées de rêves obscurs dont il ne gardait aucun souvenir au réveil, ne lui procuraient pas non plus ce repos devenu vital. Couvert de sueur froide, il s’éveillait de plus en plus souvent dans un sursaut, se débattant contre la prison de ses draps, dans un weyr bien trop calme et silencieux, privé de la présence bienveillante de son Lié. Comment pouvait-il ressentir une telle douleur alors que son cœur lui paraissait aujourd’hui aussi dur, lourd et pesant qu’une pierre ?

Car sa soudaine prise de conscience ne s’était pas faite sans conséquence ; cette rupture, ce rejet qu’il avait éprouvé face à la femme qu’il aimait, s’était accompagné d’une autre vérité toute aussi brutale. Et si cette dernière lui avait fait l’effet d’un véritable coup de fouet, elle mûrissait, il le savait, depuis des années dans l’ombre de son for intérieur, se nourrissant de ses doutes et de ses peurs. Ce Kaerl, auquel il appartenait depuis plus de dix ans, qu’il avait servit fidèlement et rejoint sur les ordres d’Aoatea … Lui paraissait désormais tout aussi étranger que son propre esprit.

Et qu’il ne le comprenne réellement pas ou qu’il ne veuille tout bonnement pas l’entendre, Asaleith refusait jusqu’à la simple évocation d’une prise de distance temporaire avec le Màr Tàralöm, le temps pour lui, pour eux, de faire le point sur leur avenir. Peut-être le Brun sentait-il, inconsciemment, que tout départ risquerait de devenir définitif. Où iraient-ils après tout, que feraient-ils, pouvaient-ils véritablement abandonner sur un coup de tête tout ce que l’Ondin avait construit ici années après années, tout ce pour quoi il avait souffert ? Etait-il prêt à devenir un paria, à devoir se cacher pour ne pas avoir à affronter les inévitables poursuivants, vautours avides, qui se lanceraient sur leurs traces ?
Tels étaient les arguments que son frère d’âme lui assénait, inlassablement, à chaque fois que le sujet revenait sur le tapis. Marek n’était pas certain que ce soit le fait d’imaginer le Grand Prêtre de Flarmya, Sang du Concile, errer sur les routes comme un vagabond, qui hérissait le dragon, plus que quelque instinct profondément ancré en lui et dans son sang, qui lui criait que le Kaerl Ardent était sa demeure ancestrale.

Face au refus systématique d’Asaleith, ébranlé dans ses convictions et ne sachant plus croire, se repliant sur lui-même, le jeune homme s’était efforcé, encore et encore, autant que cela lui était possible, de reprendre sa vie telle qu’elle l’avait été avant la visite d’Aoatea.

Peine perdue. Son weyr vide, habité d’ombres menaçantes, ne lui offrait aucun réconfort, et là où chaque pierre du Sanctuaire paraissait crier le nom de celle qu’il aimait, il ne parvenait que difficilement à se concentrer sur ses tâches journalières. C’est ainsi qu’après une énième dispute avec son Lié, paniqué à l’idée de se retrouver une nouvelle fois seul face à l’abandon de ses appartements, il avait pris le chemin du Val, sans savoir où ses pas le mèneraient. Devoir subir cette dissension permanente entre lui et son frère d’âme, lui qui avait toujours été à ses côtés dans les pires moments, avait constitué le coup de grâce qui l’avait mis à genoux. Il n’était pas sûr des raisons qui l’avaient incité à pousser la porte de cette taverne ce soir entre tous, alors qu’il ne fréquentait habituellement pas ce genre d’établissements. Ni trop huppé ni trop mal famé, l’endroit lui avait paru offrir un répit tentateur à ses souffrances, fusse-t-il uniquement temporaire.

Attablé dans un coin discret quoi que bruyant de la salle, une timbale d’hydromel aux épices à moitié vide posée devant lui – habilement offerte par le tenancier, se prétendant absolument honoré de recevoir un tel client et jugeant que cela lui ferait le plus grand bien – Marek sentait ses sens s’anesthésier petit à petit et son jugement s’obscurcir dangereusement. Un peu plus loin, sous le regard réprobateur du patron, une décurie de Spectres des Centres ayant achevé leur entraînement du jour, au vu de l’état de leur tabard gris, s’interpellait joyeusement. Qu’ils aient choisi son modeste établissement pour commencer leur soirée de probable beuverie ne semblait clairement pas réjouir le dit-patron, et il considérait d’un regard mauvais les soldats un peu trop enthousiastes à son goût. On ne savait jamais quand ce genre de gaillards pouvait déraper, et ils avaient déjà fait fuir plusieurs de ses clients exaspérés.

Croisant son regard vaguement orienté dans leur direction (et malheureusement pour lui pas tout à fait consciemment), l’un d’entre eux se détacha du groupe pour venir s’asseoir en face de l’Ondin solitaire. A califourchon sur sa chaise, les bras négligemment croisés sur le dossier, ses iris pourpres brillaient un peu trop vivement, que ce soit à cause de sa consommation d’alcool ou de l’effet d’autres substances plus ésotériques. Réprimant un frisson de malaise, Marek fronça les sourcils sur le soldat, cherchant à définir si son visage à la peau brune lui était familier ou non. Un sourire amusé, un rien moqueur, jouait sur les lèvres de ce dernier, s’étirant d’autant plus sous l’examen visible du Grand Prêtre de Flarmya. Non, il ne le connaissait pas, mais l’inverse n’était évidemment pas vrai. Qui au Kaerl pouvait prétendre ne pas connaître Marek d’Ardiénor ?

« Puis-je faire quelque chose pour vous ? Il ne me semble pas que nous ayons déjà été présentés, Chevalier ... »

« Adrikan. » lui répondit-il aussitôt, sans se laisser démonter. « Kasim Adrikan. Spectre des Cendres au service de la gloire du Màr Tàralöm. »


[RP] Tourmenté de tout son soûl Kasim-adrikan-solaufein-2-tol-orea__[RP] Tourmenté de tout son soûl Jahangir-Forme-Dragon-Tol-Orea
Kasim "Solaufein" Adrikan & le Noir Jahangir
Spectre des Cendres

Sa voix, agréable et cultivée, ne laissait paraître qu’une parfaite maîtrise de soi, en dehors des sonorités chuintantes typiques du Ssyl’Shar et d’une pointe subtile d’ironie. Il inclina la tête sur le côté, scrutateur mais toujours souriant, ses cheveux blancs venant effleurer le bas de son menton.

« Il me semblait particulièrement … intéressant, de venir vous offrir mes salutations, Maître d’Ardiénor. Il est bien rare de vous croiser en dehors du Sanctuaire. »

Son malaise s’accentuant, sans qu’il ne puisse savoir si c’était du à la présence du Chevalier inconnu ou bien à cause de l’hydromel qu’il avait bu, l'Ondin se redressa sur son siège, se contentant d’un regard froid et peu avenant, espérant que cela suffirait à l’inciter à prendre congé. Le silence s’étirant entre eux, c’est finalement un improbable rugissement qui détourna de lui son indésirable visiteur, couvrant sans peine le brouhaha ambiant.

« ADRIKAN ! Magne-tes fesses ou on part sans toi ! »

Que ce soit parce que le patron avait réussi à trouver les bons mots ou parce qu’ils avaient estimé qu’il était temps de passer aux choses sérieuses, la décurie s’était réunie à l’entrée de la taverne, et, se tenant dans l'encadrement de la porte, un véritable colosse blond, les joues déjà bien rouges sous sa barbe fournie, toisait son frère d’armes à travers la salle.

« Aye, aye. Toujours aussi bruyant, Víðarr. »

Sur un ultime coup d’oeil et sans plus lui prêter la moindre attention, le Chevalier se redressa, dépliant un corps à la stature bien trop solide pour un simple Elfe. Un sang-mêlé alors ? Ses doigts se resserrant nerveusement autour de son gobelet, Marek le suivit des yeux jusqu’à ce que la porte se referme sur sa silhouette mystérieuse, sur laquelle s’était abattue le poing massif, mais de toute évidence amical, du dénommé Víðarr.

Le calme revenu sur la taverne, le Maître Brun chassa d’un signe de tête le tenancier mielleux, qui, se frottant obséquieusement les mains, était venu s’enquérir de son état. La boisson était-elle à son goût ? Les Spectres des Cendres ne l’avaient pas trop dérangé ? Abject individu.
Il soupira, se massant les tempes. Il détestait ce genre d'hommes, hypocrites et disposés à vous trahir pour peu qu’on leur fasse miroiter un peu d’or. Il se replongea dans la contemplation muette de sa timbale d’hydromel, son humeur s’assombrissant d’autant, jusqu’à ce que des pas légers se fassent entendre dans son dos. Il ne réagit tout d’abord pas – il n’avait aucune envie de compagnie, était-ce si dur à comprendre ? – mais son nom, prononcé d’une voix incrédule, le poussa à relever le menton pour poser son regard sur une petite femme à l’abondante chevelure écarlate. Dans ses iris couleur vieil or, bien trop semblables à ceux d’une autre pour qu’il puisse en soutenir l’éclat trop longtemps, luisait un feu presque désapprobateur.

Au travers des brumes qui engourdissaient son esprit, il lui fallu quelques secondes pour remettre l’identité de son interlocutrice. Rūna Sălv … Liée à l’Incarnate Sarzeghnet, et officieuse compagne – d’après les rumeurs – du Seigneur Alauwyr Iskuvar. Une certaine maturité nouvelle, qui ne s’y trouvait pas là auparavant, auréolait à présent ses traits aristocratiques, fruit possible de sa longue retraite loin du Màr Tàralöm. Elle l’avait quitté … Et y était revenue. Ses entrailles se tordirent, douloureusement.

"Quelle foudre a bien pu vous frapper pour que vous atterrissiez ici ? Et je croyais que les dévots tels que vous ne touchaient pas à ça ..."

Posant une main délicate, mais ferme sur son épaule, la déclaration de la jeune Fëalocë lui arracha un sourire amer, bien malgré lui. Dévot, oui, certes, il ne pouvait pas la contredire sur ce fait précis. Mais jusqu’à quel point cette dévotion, cette adoration éperdue envers une femme qui n’en était pas tout à fait une, Avatar de la Déesse qu’il avait juré de servir, était-elle aussi pure et immaculée qu’il voulait bien le faire croire ?
Quelle triste apparence devait-il présenter pour susciter la compassion d’un personnage tel que la Chevalière Incarnate ! L’alcool émoussant sa méfiance, il baissa les yeux d’un air contrit face à ce qui semblait exprimer un soucis sincère, avant de sentir un vif éclat de colère le traverser lorsqu’elle suggéra de le ramener au Sanctuaire. Tous, tous autant qu’ils étaient, voilà donc l’image qu’ils avaient de lui ? Celle d’un pieux homme, entièrement consacré aux affaires divines, détaché de toutes les affres civiles et terrestres, ne quittant son temple que pour rejoindre ses appartements, si d’aventure il ne passait pas la nuit en prière et méditation ? Foutaises.

« Je préférerais rester ici encore un peu, ne vous en déplaise. »

Son irritation s’évaporant à peine les mots eurent-ils quitté ses lèvres, il soupira une nouvelle fois, inclinant la tête en guise d’excuse. L’idée de retourner au Sanctuaire lui était juste intolérable.

« Bonsoir Dame Sălv. Veuillez me pardonner pour mon manque de bonnes manières. La journée ... » Sa mâchoire se crispa, imperceptiblement, et il retint ce réflexe instinctif qui aurait voulu qu’il aille rechercher la présence d’Asaleith, et le soutien qu’elle aurait pu lui procurer. Il n’avait pas la moindre idée d’où pouvait se trouver son Brun actuellement, sans doute encore en train de passer son humeur sur d'inoffensifs varans des cendres. « La semaine a été difficile. »

Il laissa échapper un rire qui n’avait rien de plaisant.

« Il semblerait que même les dévots ont leurs vices. Je vous en prie, prenez place, si cela vous sied. »

Du menton, l’Ondin indiqua la place en face de lui, qu’avait précédemment occupée le Chevalier Adrikan.


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Rūna Sălv
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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeLun 27 Avr 2020 - 22:46


Il aurait fallu être aveugle ou bien sourd pour ne pas déceler l'animosité de l'ondin au moment où il ouvrit le labre pour la première fois. Son ton alliait amertume et chagrin, mais sa bouche sifflait une sorte de courroux muet et grondant, sans émettre le moindre son.
La fëalocë en eut presque le souffle coupé, décontenancée par l'aplomb qu'elle ne connaissait pas à cet homme d'un tempérament jugé si lisse en temps habituel. S'il y avait bien un être dans tout le Kaerl qui ne faisait jamais jaser même les pires ragoteurs, il s'agissait de lui. Pourtant, les plus silencieux s'avéraient souvent être porteurs d'âmes hurlantes.
Bien que coutumière à ne pas jauger autrui seulement sur la présentation de son enveloppe charnelle, Rūna devait bien avouer qu'elle s'était peut-être faite berner par le visage trop quiet de Marek d'Ardiénor...
Sommairement vexée, trop accoutumée à ce qu'on suive ses directives sans broncher, elle pinça légèrement les lèvres mais tâcha de ne pas faire plus monstrance de cette ombre d'affront. Un bref soupir s'échappa de son nez, seule manifestation supplémentaire visible sur son masque de marbre.  

La paume de sa main garda appui contre l'épaule du prêtre de Flarmya, puis elle fit délicatement glisser celle-ci avant de l'ôter dans une douceur somme toute conciliante dans le bruissement de la tunique froissée par son geste.
Un court instant, la fëalocë hésita à planter là l'ondin, qui vraisemblablement n'avait pas le moins du monde envie de compagnie. A quoi bon se réfugier dans une taverne à large fréquentation, dans ce cas ? Une inconsciente détresse ?
Elle nota sa mimique d'excuse, lui accordant l'impulsivité d'une colère enfouie dans un cœur à priori blessé. D'une certaine façon, et assez étonnamment d'ailleurs, la jeune femme s'en trouva fort déconcertée de le voir si.. pathétique. L'évidence de son désarroi se lisait dans son regard animé d'une mer sombre et agitée, tumultueux par ses vagues véhémentes en quête de masquer le squelette de ses émotions et à la fois lasses de leur échec à faire reculer la rive, trop épuisées par leur vaine quête. Les muscles de son visage et son cou étaient tendus, et ses dents serrées ne laissaient siffler que quelques palabres peu avenantes malgré son effort notoire à se montrer courtois, par une politesse forcée.

Bien que peu encline à s'apitoyer sur les âmes blessées, la fëalocë couvait quelques bribes de compassion sous son sein noirci d'un lourd passé. Les récents évènements avaient également ébranlé des fondations trop chaotiques pour la porter ad vitam eternam, et pour le mieux à tout avouer. Une sagesse nouvelle par son esprit mûri l'animait désormais, au détriment de sa flamboyante impulsivité tapie tout au fond de son être. La perte de sa fille morte-née, une vengeance enfin accomplie et son premier amour véritable avaient dompté la furie.
A mi-chemin entre une certaine indifférence et quelques élans plus charitables, peut-être aussi poussée par son respect pour l'adorée Déesse du prêtre, Rūna s'efforça de donner sa plus sincère affabilité dépourvue d'hypocrisie.

Rūna se racla doucement la gorge. Elle pressentait qu'il lui faudrait faire attention à ses propos tant le pauvre ondin semblait à deux phalanges d'exploser de colère.. ou éclater en sanglots. Son teint grisé d'une certaine fatigue ne mentait pas, ni plus que les cernes accrochées à la courbe peu joyeuse de ses yeux d'un océan rougi de fatigue et d'affliction.
Rūna hésita quelques instants avant de daigner s'asseoir, peu encouragée par la proposition contrainte de son interlocuteur.

- Une semaine de plus de sept jours, dans ce cas, vu votre piteux état.

Blessante, bien malgré elle. Sa langue de reptile avait un charme, celui d'être franc. Pour le reste, elle ne se rendait pas vraiment compte de l'impact de ses mots, parfois...
Sans retenue, la Chevalière Incarnate pénétra les opales marines de l'ondin par ses iris d'ambre dévorés de flammes. L'or brûlant qui y vivait s'entourait d'une aura inquisitrice, en quête de sonder le tréfonds secrets du Maître Brun. Elle finit par prendre place sur le siège proposé par Marek.
Le tableau qu'offrait ces deux là était d'ailleurs assez poétique : l'un, accablé par un sort encore inconnu, coiffé d'obsidienne pour sublimer deux froids saphirs faisait face à l'autre, sculptée dans le feu et auréolée de fierté.

- Je vous pardonne. Poursuivit-elle, de son timbre chaud mais peu accort. Nous mettrons cela sur les maux qui semblent vous opprimer.

La sultane déchue accola son dos au dossier de la chaise peu confortable et sembla se décrisper légèrement. Ses jambes se croisèrent alors qu'elle s'installait du mieux qu'il fut possible sur pareille chaire, et ses doigts entrelacés se joignirent sur son genou.
De cette manière, elle cherchait à adoucir le caractère tourmenté et méfiant de l'ondin, visiblement sur la défensive.
Après une assez longue contemplation du même acabit qu'un rapace observe un lapin, Rūna ne savait pas où commencer. D'une analyse décousue, elle entama, tout en désignant du menton la coupe entre eux :

- Les hommes qui s'adonnent à la boisson, en dehors de celui du plaisir coupable, sont soit de bêtes animaux qui tentent de relever leur piètre existence dans la fièvre de l'ivresse, soit des êtres torturés qui cherchent à oublier leurs peines et démons au fond d'une carafe de moût.

Elle inspira profondément avant de poursuivre, faisant peu fi de le laisser l'interrompre.

- Vous n'êtes ni ici par complaisance, ni plus que vous n'êtes une sotte tête de bétail. Donc..

Sa tête, à peine penchée sur la gauche, balança lentement sur la droite. Rūna sembla réfléchir à la meilleure façon de percuter le Maître Brun par ses propos.

- Je ne sais quelle ombre vous poursuit, mais vous n'êtes pas entré ici par le simple hasard de vous soûler. Vous voulez fuir le Sanctuaire, trop peuplé, et votre weyr, trop vide. Vous ne voulez la compagnie de quiconque mais vous faites d'une taverne passante votre point de chute...
Bien que tout cela entre en contradiction, vous ne me semblez pas encore assez ivre pour y trouver une quelconque logique.


Le tenancier approcha, enjôleur tant pour se montrer mielleux envers la fëalocë que pour refourguer une carafe de quelconque lie. Rūna quémanda une carafe de son meilleur hypocras et le congédia, bien trop impatiente de poursuivre sa conversation.
Une esquisse de sourire énigmatique étirait à peine les lèvres de la jeune femme. Elle n'avait aucun dessein concernant sieur d'Ardiénor. Il pourrait très bien se lever et partir, comme s'ouvrir et soulager sa conscience. Peut-être que la Chevalière Incarnate était l'envoyée d'un dieu ou d'une déesse, un énième test pour le pauvre ondin...
Une servante vint déposer une timbale en étain et une cruche remplie du vin aux épices saturé de miel. Une fois sa coupe pleine, elle poursuivit.

- Je n'ai pas le vice de commérer, cela ne m'apporte rien et ne sert aucune de mes causes. Si vous le souhaitez vous pouvez partir ou demander à rester seul, alors je vous laisserai. Si non, je veux bien vous prêter mon oreille et mes conseils de femme avisée pour la soirée. Ici, ou ailleurs, comme vous l'entendrez.

Elle but une petite gorgée de sa boisson, méfiante sur la capacité de cette dernière à l'enivrer trop rapidement étant donné son gabarit. Lorgnant sur le godet à moitié vide de l'ondin, elle le servit délicatement, sans lui demander son avis.
Prête à essuyer un refus, elle demanda, non sans une certaine excitation mesurée :

- Souhaitez-vous ma compagnie ?


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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeSam 2 Mai 2020 - 13:50


Un simple soupir, discret et contenu, faisant écho au sien, avait échappé à l’élégante Fëalocë face à sa cinglante répartie. Pourtant, c’est avec une certaine complaisance qu’elle avait laissé glisser sa main sur son épaule, avec cette délicatesse distinguée qui semblait propre aux femmes de haut rang. Son hésitation, à peine perceptible dans la tension qui raidit fugacement son corps, ne dura pas plus de quelques secondes, avant que Rūna Sălv ne se décide à saisir son invitation à venir s’asseoir à sa table. Un rien décontenancé, Marek la suivit d’un regard muet, vaguement anxieux. Il n’irait pas jusqu’à dire que ses paroles n’avaient pas été sincères, mais il les avait prononcées sans réellement penser qu’elle choisirait de le prendre au mot. Et pourtant. Telle une reine dans son propre palais, elle prit place sur la chaise opposée, ses mouvements emprunts d’une retenue courtoise somme toute nouvelle, et bien surprenante pour qui connaissait un tant soit peu sa réputation. Ses yeux, en revanche, inchangés quant à eux, ne se privaient pas de le détailler, ses iris d’or brûlant courant sur son visage, exhumant sans réserve les moindres indices révélateurs de sa détresse. Se sentant rougir sous l’examen, soudain honteux du spectacle pitoyable qu’il devait exposer, il détourna à nouveau la tête, cherchant à échapper à la rapacité de ce regard.

Ses doigts resserrés sur sa timbale comme un noyé s’accrochant à sa planche, l’Ondin tentait tant bien que mal de garder contenance, tandis qu’un profond frisson de malaise courait le long de sa colonne vertébrale. De quelle nature allait être leur discussion, à présent ? Qu’avait-elle à gagner à se préoccuper de ses états d’âme ? Et par dessus tout, quelles étaient les véritables intentions de la Chevalière ?

Le silence, pesant, s’étira entre eux, jusqu’à ce qu’un léger raclement de gorge ne vienne le balayer, le poussant à relever les yeux, bien malgré lui. Et c’est finalement un mince sourire de dérision, étirant à peine ses lèvres, qui répondit à la remarque de la Fëalocë. Etait-ce donc si évident ? Silencieux, il la toisa aimablement, avec peut-être l’ombre d’une folle et inconsciente provocation couvant dans ses iris d’outremer, aiguillonnée par l’hydromel qu’il avait ingéré. Que pourrait-elle lui révéler d’autre sur ce qu’elle avait perçu en lui ? Jusqu’où irait-elle ?
Lentement, visiblement satisfaite d’avoir retenu son attention, elle changea de position, avec cette grâce de prédateur qui la caractérisait, lui affirmant son pardon d’une voix dont la douceur était celle d’une main de fer dans un gant de velours. Courtoise, mais uniquement en surface. Elle lui pardonnait … Pour cette fois.

« Votre indulgence m’honore, Dame Sălv. »

Laconique, mais aussi honnête que possible, étant donné les circonstances présentes. Auréolée par son incendiaire crinière, son visage en apparence paisible, elle le contempla quelques instants supplémentaires, cherchant selon toute évidence par quel angle amorcer son approche avant de lui livrer son analyse. Et à chaque nouveau mot qui s’écoulait de ses lèvres purpurines, croissait en lui une sensation nauséeuse de danger, à l’image d’un rongeur qui sentirait planer sur lui l’ombre grandissante d’un oiseau de proie. Le dos bien droit, plaqué contre le dossier de sa chaise, ses yeux s’agrandirent d’une surprise un peu trop évidente pour son propre bien, devant la pertinence et la véracité de ses observations.
Pourquoi l’avait-il invitée à sa table déjà ? N’avait-il pas commis une grossière erreur, qui lui coûterait plus que ce qu’il pourrait imaginer ? Outre son statut bien officieux de compagne du Seigneur du Kaerl, elle restait avant tout une liée d’Incarnate … Et il était bien rare que la compassion soit au cœur des motivations de ces dernières. Pas encore assez ivre pour y trouver une quelconque logique, certes, mais déjà bien trop pour pouvoir raisonner face à elle l’esprit parfaitement clair.

Son cœur remontant dans sa gorge, Marek secoua la tête, faisant voltiger autour de ses pommettes marquées quelques mèches couleur aile de corbeau, l’interruption de la serveuse apportant à table un nouveau pichet d’hypocras lui offrant l’opportunité de mettre un peu d’ordre dans ses idées. Pourquoi fallait-il que ce soit cette femme, entre toutes ? Avec ses iris ambrés ne lui rappelant que trop ceux, aimants et sans âge, de l’Archiprêtresse, et cette chevelure ensanglantée qui évoquait inévitablement celle qu’on attribuait à Flarmya ? Tout son être, l’ensemble de ses muscles, lui criait de se méfier et pourtant il y avait en elle, quelque chose dans son regard, quelque chose qui lui murmurait d’abaisser ses murailles, une part de lui lasse de se battre envers et contre tout, qui lui chuchotait de simplement abandonner. Même si cela signifiait rencontrer sa juste fin. Une épreuve envoyée par sa Déesse pour juger de sa loyauté, de sa détermination à la servir ? Peut-être.

« Je ... » articula-t-il difficilement, troublé, d’une voix enrouée quasi inaudible. Mais déjà la Fëalocë poursuivait, l’expression détachée et examinant l’hydromel aux épices avec intérêt, l’assurant de sa bonne foi, et lui proposant à la fois une oreille charitable et sa compagnie pour la soirée. Désarçonné une nouvelle fois en si peu de temps par l’attitude de la jeune femme, il prit une profonde inspiration, la laissant remplir sa coupe sans mot dire. Dix ans de vie au Màr Tàralöm avaient-ils émoussé sa capacité à faire confiance ? Le souvenir douloureux d’Eirlys revint le tourmenter, l’image de celle qu’il avait considéré comme son amie, et dont il savait très bien qu’il aurait pu s’éprendre réellement, si les Dieux lui en avait offert le temps … Avant qu’elle ne disparaisse, encore, abandonnant son Kaerl, l’abandonnant lui, seul avec son incompréhension. Il l’avait aimée sincèrement, à sa façon, quoi qu'ainsi qu’il l’avait réalisé il y a peu, de manière bien différente d’Aoatea.

Pouvait-il se fier à la Fëalocë ? Soutenant le pouvoir en place et la stabilité apportée par un Seigneur puissant, plus qu’Iskuvar en lui-même, le Maître Brun supposait, bien qu’avec une naïveté inspirée par l’alcool, être dans le même camp politique qu’elle. Ou à tout le moins ne pas lui offrir de raison de conflit. Mais bien malin qui pouvait prédire les courants changeants des allégeances et des loyautés au sein du Màr Tàralöm … Et il le savait pertinemment, le pieux et dévôt Grand Prêtre de Flarmya, en tant que Sang du Concile, représentait pour certains une marionnette idéale dont ils se plairaient bien à manipuler les fils.

Qu’avait-il à perdre, à partir du moment où il gardait par devers lui tant ses doutes prégnants sur son appartenance à l’Ordre d’Ombre, que la véritable identité de celle qui hantait ses pensées et accaparait son cœur ? Ses longs doigts fins venant effleurer ses tempes dans une vaine tentative d’apaiser sa migraine permanente, il s’affaissa insensiblement, ses lèvres formulant des mots sans qu’il ne puisse les retenir.

« Il y a … une personne que j’aime sans retour. »

Il s’interrompit brutalement, sa peau pâle se teintant d’un rouge propre à concurrencer l’incarnat de la Fëalocë. Ridicule, il était tout bonnement ridicule. Malheureusement, ses paroles semblaient maintenant s’écouler en un flot trop longtemps contenu.

« Notre relation est vraisemblablement impossible, mais je ne parviens pas à tirer un trait dessus. Je suis … Je suis un peu perdu depuis. »

Réalisant qu’il en avait sans doute déjà trop dit, il maudit l’hydromel qui lui embrumait l’esprit, dont la robe dorée tentatrice luisait sombrement dans sa timbale d’étain, et en un geste d’affliction, tant pour masquer l’alcool à sa vue que pour éviter le regard de Rūna, sa main, frémissante, vint recouvrir son front.

*Flarmya, aie pitié de moi.*


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Rūna Sălv
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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeLun 4 Mai 2020 - 18:48


Pour les contemplateurs extérieurs au duo, le pauvre Maître Brun avait des airs du mulot inconscient d'être ciblé par l'appétit vorace d'une vipère. La pitoyable silhouette de l'ondin peu engaillardi contrastait froidement avec la superbe audacieuse mais sans extravagance de la fëalocë. Pourtant, sous ses airs quelque peu abattus, une leur mordante étincelait dans le regard cobalt de l'homme. Marek d'Ardiénor était assez beau, tant de visage que de coeur - paraissait-il - mais la prêtrise avait masqué ces attributs par des voeux de sobriété.. ou une maladive introversion antérieure à ses serments pour Flarmya.
Une singulière dureté résidait sous ses airs trop las et enterrés de peine. Si le commun des mortels aurait accepté ce second masque comme argent-comptant, le premier était évident aux yeux perçants de la lionne du Ssyl'Shar. Sous ses airs fuyants, peut-être même honteux, résidait une âme plus virulente qu'aux attraits vendus par son enveloppe charnelle...
Bien loin d'être la plus mal à l'aise, Rūna s'avouait même un certain vice à faire parler les personnalités réservées et peu enclines à s'ouvrir sans concession. Et pour effleurer les fragiles veines du coeur de l'ondin, il fallait se montrer habile ou profiter d'une exceptionnelle occasion, laquelle se présentait sous les atours d'abord orpiments d'hydromel puis grenats de mulsum.

Beaucoup voyaient continuellement les approches de la jeune femme comme des actes de prédation sans désintéressement. Même si la plupart de ses inclinaisons à entreprendre une discussion se voulait prospère en utilité, toutes ne servaient pas nécessairement un dessein précis et acté. Il lui arrivait de simplement écouter son impulsion ou suivre un semblant d'instinct qu'elle estimait dicté par une quelconque forme de destinée. Si un visage l'interpellait au détour d'une rue, ce n'était pas en vain : les dieux ne laissaient aucune place au hasard. En ce début de soirée, si ses yeux se posèrent sur le Maître d'Ardiénor, il s'agissait certainement là d'un signe de Zakeriel, ni plus ni moins.  
Quant à son intention de le mettre mal à l'aise, il n'en n'était rien. Rūna parlait, disait ce que bon lui semblait sans s'encombrer de plaire ou non par le miel ou le piment de son verbe haut. Du fait de tirer une certaine satisfaction par ce biais... Peut-être. Bien qu'elle n'eut pas le vice à y trouver un plaisir pervers et libidineux.  

Après en avoir tant dit, elle lui laissa le temps de s'exprimer en retour. Malgré elle, ses iris d'or comme son attitude naturellement droite et princière suffisaient à déstabiliser même les plus hardis. Marek, tant par son expression contrite que l'étranglement de sa voix, paraissait prêt à craquer. Au fond, peut-être l'intervention de la fëalocë avait été inéluctable et requise afin qu'il crèvât l'abcès qui gangrénait jusqu'à son esprit depuis plusieurs jours.
Rūna nota avec évidence la gêne qui s'évertuait à le mettre à terre malgré sa visible envie de hurler son supplice, comme on briserait avec violence une fiole en verre scellée pour s'en laisser échapper quelconque miasme, répandant çà et là des effluves trop entêtantes pour un si petit contenant. La jeune femme n'éprouvait pas sincèrement de jouissance à se repaître de cette piteuse collation, mais au delà des rumeurs sur la malveillance prédisposée de son âme, les tréfonds de son existence demeuraient dépourvus de sadisme. Loin d'être mauvaise pour sa complaisance, elle savait faire preuve d'empathie envers quelques trop rares privilégiés.
A sa connaissance, Marek n'avait jamais nui à quiconque ni causé de tort envers une cause ou le respect des traditions. Plus crument, il n'était surtout pas un obstacle à son ascension vers de plus hautes sphères, ni plus qu'il servirait celle-ci, d'ailleurs. A travers le respect qu'elle vouait à la déesse Flarmya, Rūna se devait d'interagir avec le Maître Brun d'une équivalente façon.

Progressivement, elle l'avait vu arrondir le dos, lui qui s'était efforcé à se tenir si droit sur sa chaise, comme si peu à peu il avait rendu des armes trop lourdes pour ses bras porter. Et lorsqu'enfin il daigna avouer la nature de son amère détresse... Rūna se sentit à la fois prise au dépourvu, et secrètement un peu touchée.

- Oh... Je vois... Articula-t-elle, à mi-mots.

En voyant le pâle derme de l'ondin se teinter d'un rose poudré de honte, le premier réflexe de la fëalocë fut de porter sa douce main sur celle de l'homme, tenant sa coupe avec autant de fièvre qu'un navire arrimé à son bollard durant la tempête. Peut-être elle-même surprise par cet élan de tendresse, elle eut un bref mouvement de recul avant de poursuivre son geste. Tactile par nature, elle avait aisément tendance à oublier que les autres ne l'était guère. Aussi fit-elle en sorte que cet acte de compassion dure assez longtemps pour témoigner de sa sincérité mais pas trop afin d'éviter le quiproquo.
Elle ne l'interrompit pas, le laissant vider son sac autant que nécessaire. Au fond d'elle-même, Rūna était presque mi-amusée de se retrouver là à parler du coeur en miettes d'un prêtre de Flarmya, dans une modeste taverne du Màr, autour d'un piètre verre d'alcool de moyenne qualité.

* Le pauvre... * Répéta-t-elle incessamment sans ouvrir la bouche. Il n'avait certainement pas besoin de la pitié d'une Chevalière Incarnate.

Au delà de ce constat, la fëalocë était presque rassurée de voir un Ardent éprouver des sentiments et affects. Tous ici couvaient en leur sein une pierre plus qu'un coeur... Malhabile manière pour eux de se protéger d'un mal déjà fait ou à venir.
Un peu décontenancée par cette subreptice annonce, Rūna tâcha de trouver les mots justes. La flamboyante concubine du Seigneur Ardent coula un regard plus doucereux qu'auparavant sur l'ombre ébranlée qu'était Marek. D'ordinaire, confrontée à un être lambda, elle se serait simplement levée et partie, laissant à son triste sort le mâle éconduit qui n'avait qu'à passer outre. Mais le Maître Brun ne méritait pas ça. Il avait depuis toujours donné son corps et son âme aux habitants peu reconnaissants du Màr Tàralöm. Peut-être encourait-il un tant soit peu d'écoute de la part d'un pair, bien que Rūna ne fusse pas la plus appropriée à cet exercice.

- Pourquoi vous cacher ? Il n'y a pas de honte à avoir... Nul, même ici, ne peut se targuer d'avoir un coeur vide d'amour, que celui-ci soit réciproque ou non.

Elle aurait voulu porter une main à son poignet afin qu'il cessât de se dissimuler maladroitement derrière la sienne, mais bien trop peu intime avec lui, elle n'osa pas.
...Mais par les dieux, dans quel pétrin s'était-elle fourrée ? Son sourire maternel trahissait peut-être une certaine forme de gêne. Assez ironiquement, elle s'attendait à quelque chose de cent fois plus grave que.. ça, même si elle savait pertinemment que les blessures de sentiments repoussés faisaient autant de fracas qu'une pluie de flèches s'abattant sur un seul être.
Comme pour se donner du courage à répondre, elle but une franche gorgée d'hypocras, grimaçant légèrement sous l'amertume de ses tanins et de sa forte teneur en gingembre.

- Je n'ai cure de savoir de qui il peut bien s'agir. Donc ne craignez pas de laisser échapper son nom ou des détails la concernant. Ou le concernant, d'ailleurs. Peu m'importe bien vos préférences. La passion n'est pas genrée...
Parlez franchement, sans peur. Il est parfois bon de se confier à une personne inconnue.


Il n'y avait aucun vice dans ses propos ni plus que son attitude. Par ses origines et son vécu, la sultane déchue du Ssyl'Shar était très ouverte, sur tout ou presque.
Son ton se fit instructeur, à la manière d'un précepteur s'adressant à son élève. Bien que dénuée de sa condescendance accoutumée, elle ne cherchait pas instruire l'homme plus âgé qu'elle mais bien à le conseiller.
De prime abord, ses propos se démontrèrent assez sombres.

- Hélas, on s'égare souvent en arpentant aveuglément ces routes inexplorées. Certains sentiers, dépourvus de lumière, nous mènent dans des antres où nous finissons prisonniers des ombres. Prisonniers avec nous même, persécutés par l'écho palpitant de nos pensées.

Dans ses palabres tintait un vécu assez bien dissimulé par les entrelacs de sa dictée. Raisonnable tendant sur l'optimisme, Rūna s'efforçait de toujours voir le verre à moitié plein. Cette opération était d'autant plus aisée que, pour une fois, cela ne la concernait pas directement. Il était toujours plus facile d'observer les tares de ses voisins que celles nous appartenant.
Plus légère, elle poursuivit.

- Cependant, c'est parfois en se perdant qu'on se trouve. Mon expérience personnelle peut en attester, mais j'ai conscience qu'elle ne vous soulagera en rien.
Peut-être que votre Lié saurait trouver les mots justes ? Qui peut mieux sonder une moitié d'âme que l'autre moitié ? Ne daigne-t-il pas vous venir en aide ?


Ignorante de la tension qui régnait entre eux deux, elle allait peut-être mettre le feu aux poudres à l'évocation d'Asaleith.
Rūna balaya la pièce autour d'eux et prit une grande inspiration avant d'asséner, presque solennellement, plongeant sans vergogne ses opales de feu dans les froids saphirs de Marek :

- Votre souffrance vous est propre. Il n'y a guère de mots que je puisse employer qui l'atténuera. Je pourrais vous dire qu'il ou elle n'était pas fait ou faite pour vous, qu'il y a pléthore d'autres êtres pour tâcher de remplacer cette personne, si unique parait-elle à vos yeux, pour l'heure.
Vous avez le droit de pleurer sur ce manque de réciprocité, vous pouvez hurler à la face du monde que le livre de votre vie s'achève par ce fait.. mais ce n'est pas le cas.
Si cette personne ne vous aime pas en retour, j'y vois le signe du Destin. Un Destin qui vous attend ailleurs, peut-être dans les bras de quelqu'un d'autre, afin d'accomplir des desseins plus grands que ceux auxquels vous aspiriez hier encore.
Je ne vous dirai pas de vous battre pour une cause perdue. Parfois cela fonctionne, mais les fils des Parques se tissent sans revenir en arrière. Il y a des noeuds, mais elles ne les enlèvent pas.. Nulle trame, nulle broderie n'est parfaite.


Elle marqua une pause, baissant les yeux sur ses mains. L'une d'elle vint caresser le médaillon d'or et de joyaux pendu à son cou, avant de gravir à nouveau par son regard le visage de marbre de l'ondin.

- Je sais qu'il n'existe aucune consolation dans la perspective d'une existence dépourvue de la présence d'une personne qu'on aime.. Mais les Dieux vous envoient là, peut-être, une épreuve afin de vous rendre plus fort, plus à même d'affronter cette carence, ce manque. Les Dieux vous ont peut-être épargné d'énièmes souffrances par son refus à vous aimer en retour.. Cette personne n'était pas faite pour vous, peu importe tout l'effort que vous ayez employé à vous convaincre du contraire...

Sa franchise fut appuyé d'un sourire doucereux bien qu'un peu triste pour lui. Marek était assez bel homme - bien que non à son goût, elle ne doutait pas de ses capacités à pouvoir trouver remplaçant ou remplaçante à ses affects. Cependant, tout cela ne s'articulait pas lorsque son coeur blessé était alourdi par l'échec. Elle aurait pu lui dire que tout Rhaëg entier était peuplé de potentiels suppléants, mais les affects se guérissaient moins aisément que la plaie laissée par un visage qu'on adorait.


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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeJeu 7 Mai 2020 - 13:51


‘‘Oh… Je vois...’’

Après une brève pause dans la discussion, les paroles de Rūna Sălv s’égrainèrent lentement, avec tout autant de malaise et d’embarras qu’il aurait pu le prédire. Décontenancée par son aveu, et sans doute par la nature de ses tourments. Qui aurait pensé, après tout, que le hiératique Grand Prêtre de Flarmya, dévoué à la Déesse aux Larmes de Feu, puisse souffrir de choses si … banalement terrestres, que les affres de l’amour ? Sentant la chaleur de l’hydromel lui empourprer les joues sous le couvert de sa main, il contint difficilement un rire désespéré, désireux de ne pas passer pour plus fou qu’il ne l’était réellement. Quelle ne fut donc pas sa surprise lorsque le contact de doigts tièdes se fit sentir sur les siens, qui s’étaient étroitement crispés en un poing douloureusement serré. Ébranlé par la douceur que révélait ce geste, incrédule – pourquoi tant de bonté envers celui qui n’était guère plus qu’une figure publique, à l’épaisseur aussi fine que du parchemin ? – Marek ne réagit pas immédiatement, et déjà, la main de la Fëalocë s’écartait, reprenant sa position initiale comme si de rien n’était, sans ambiguïté aucune.

Puis, à nouveau, empli d’une chaleur que n’auraient pas démenti ses doigts, le ton de sa voix, compatissant, et quasi … maternel ? Était-ce cela ? lui arracha un frisson de malaise, tant son cœur en peine, meurtri, désirait s’y abandonner, se confier à elle et la laisser panser ses plaies. Pourquoi se cacher, lui demandait-elle. Comme si elle s’adressait à un enfant ombrageux, elle se contentait de l’observer, le laissant sentir le sourire aimable dans ses mots, le poids de son regard scrutateur sur lui. Car il y avait de cela aussi, toujours, une certaine tension, une avide curiosité sous la surface paisible du masque de la reine. Là où la méfiance initiale de l’Ondin se diluait petit à petit, inexorablement, il peinait à se raccrocher à une once de bon sens résiduelle, qui lui soufflait que le moindre faux pas qu’il ferait serait le dernier.

Lentement, le cœur battant, sa main retrouva suffisamment de contenance pour quitter son front, et comme attirés par l’or magnétique et brûlant de la Dame Incarnate, ses iris d’outremer, obscurcis par la tempête qui faisait rage en son sein, vinrent s’échouer sur son noble visage. Un infime froncement de sourcils accompagna sa déclaration, selon laquelle l’identité réelle – le GENRE même – de la personne qu’il aimait lui importait peu. Aoatea … Bien qu’involontairement, dans un instinct de protection, il l’avait désignée sous un pronom neutre, qui pouvait laisser planer le doute sur le fait qu’il puisse s’agir en vérité d’un homme. Bien, très bien. Quoi qu’en dise Rūna, il ne pouvait pas décemment révéler qu’il s’agissait de l’Archiprêtresse. Peu lui importait que courent des rumeurs sur sa prétendue liaison avec un autre Chevalier ou Maître Dragon, tant que l’identité d’Aoatea était protégée. Et il était heureux que la Fëalocë, originaire du Ssyl’Shar, eut l’esprit tant ouvert sur la question. Ainsi qu’elle l’avait affirmé, le genre ou la race ne comptaient pas dans l'équation : le cœur et l’âme s’embrasaient de la même façon lorsqu’il était question d’amour … Et plus encore lorsqu’il était impossible.

Se contentant d’un hochement de tête morose pour tout accusé de réception, Marek la laissa poursuivre, ses yeux s’élevant fugitivement vers le plafond plongé dans la pénombre, essayant de deviner la forme des lourdes poutres maîtresses qui le soutenaient. Il se sentait … de manière assez paradoxale, aussi incroyablement lourd et malhabile, que léger, si léger que les contours de son environnement paraissaient se diluer, étrangement flous et indistincts. Quant aux paroles de sa vis à vis, elles faisaient bien trop écho à ce qu’il ressentait pour que cela ne se lise pas sur son visage hâve, toute la détresse qu’elles éveillaient en lui … La sensation suppliciante d’être perdu, prisonnier de sa propre obscurité, de ses propres angoisses, sans parvenir à en trouver le chemin de retour. Elle lui semblait savoir, tout simplement. Peut-être Rūna Sălv lui était-elle véritablement envoyée par Flarmya, peut-être leur rencontre avait-elle été voulue par les Dieux, afin que la Déesse Mère des Dragons puisse retrouver son humble serviteur.

Étourdi, captivé par la noble Fëalocë qui le lecturait sur les mystères du coeur avec une aisance effroyable, finalement bien incapable de détourner le regard, il se crispa inévitablement lorsqu’elle mentionna son Lié. Oui bien sûr, en pareil cas, si la situation avait été inversée, il lui aurait également donné ce même et exact conseil. Qui pour mieux le guider dans cette épreuve que la propre moitié de son âme ? Timidement, titubant maladroitement, il se projeta vers l’intérieur de son être, cherchant à atteindre l’ombre fougueuse, à la sagesse sans âge, qui partageait sa vie depuis déjà neuf longues années.

*Leith … Je suis désolé. J’ai besoin de toi.*

Mais ses pensées désordonnées ne rencontrèrent que le vide et le silence, et la flamme ardente, auréolant la silhouette indistincte de son dragon, elle, ne frémit même pas. Repoussant les larmes coupables qui lui piquaient les yeux, il soupira lourdement, lui exposant le problème à demi-mot.

« Je … Mon Lié et moi-même sommes en désaccord sur la question. Il pense que je … Que je devrais renoncer, et que je me fais du mal inutilement. Que ce que je ressens … Est éphémère et finira par s’éteindre. Que ce n’est qu’une mauvaise passe. Mais peut-on attendre des dragons qu’ils comprennent la complexité de ce sentiment qu’est l’amour ? »

Pinçant les lèvres, il détourna à demi la tête, cherchant à desserrer son col qui lui paraissait l’étrangler de plus en plus impitoyablement au fur et à mesure que la soirée s’écoulait. N’expose jamais tes faiblesses là où cela pourrait te nuire. Une des leçons cruciales que tout nouveau venu au Màr Tàralöm finissait par apprendre, le plus souvent à ses dépens. Il ne pouvait pas lui en révéler trop sur le sujet, lui expliquer l’ampleur de leur division, ou lui dire que la véritable raison de la discorde entre lui et Asaleith résidait dans son désir croissant de quitter le Kaerl Ardent. Face à la tristesse qui irradiait du sourire doux de la Dame Incarnate, ses doigts qui effleuraient tendrement le médaillon pendu à son cou, il inclina néanmoins la tête, incertain de la conduite à tenir, soudain curieux d’en savoir plus sur elle, qui paraissait saisir si bien les indécisions de son cœur. Qu’avait-elle vécu qui lui inspire une telle lucidité, une telle clairvoyance même ? Et que dire de ses propos, qui faisaient si étrangement, si parfaitement écho à ceux que Aoatea lui avait tenus, ce soir là à l'Observatoire ?

« Je ne peux que vous remercier pour vos justes paroles, qui me touchent plus que je ne saurai l’exprimer … Je vais avoir besoin d'un peu de temps pour y réfléchir, sur le Destin et la volonté des Dieux ... »

Fermant un instant les paupières, il marqua une pause, chassant son hésitation par une brève gorgée d’hydromel aux épices, dont toute la violence aussi âpre que doucereuse paraissait offrir un accompagnement mérité à la tournure assombrie de ses pensées. Ses iris d’outremer fixés aux siens, il poursuivit dans un murmure, peinant à mettre de l’ordre dans les mots qui se bousculaient à présent sans fard derrière ses lèvres. Lui répondrait-elle, en dépit de toute l'évidente indiscrétion, de l'audace de son questionnement ?

« Dites-moi, Dame Sălv, avez-vous déjà aimé, si fort, si profondément, au point que vous vous sentiez littéralement anéantie à l’idée d’une séparation entre vous et l’objet de votre amour ? Aimé si intensément, que le passage du temps, des années même, ne suffise pas à atténuer votre dévotion envers l’être aimé ? Si furieusement que vous soyez prête à mourir pour lui ? »


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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeLun 11 Mai 2020 - 17:21


Plus que certainement peu habitué à boire, les prémices de l'ivresse semblaient prendre peu à peu possession du corps de l'ondin. La fëalocë lui nota un teint légèrement plus rosé et un relâchement notable tant dans son attitude que ses propos. La mâchoire crispée et raide de l'homme avait rapidement lâché du leste, que ce fusse par la bribe de réconfort que lui apportait l'oreille de la jeune femme ou par les premières étreintes du vin enrichi au miel qui assaillirent bien vite son esprit torturé.
Tout dans ses gestes appelait à la recherche de compassion et d'affection, et ses yeux aux littoraux rougis et brûlés par le sel de la mer de ses larmes ne firent qu'appuyer toute l'ampleur de sa détresse. Compassion et affection : ces denrées trop rares ou trop peu sincères au Màr Tàralöm pour qui cherchait celles-ci à la table d'un premier venu.. Le Kaerl n'était pas tendre avec ses âmes trop humaines ou à même de ressentir autre chose que la colère et l'envie, une leçon difficile pour les coeurs trop doux que des mains ou paroles plus fiévreuses serraient comme un lapereau dans les serres d'un faucon. S'embarasser de ses affects relevait de la faiblesse, et selon certains seule la gloire revenait au plus fort... Quand bien même cette règle ne s'appliquait qu'à la Fosse.

Malgré les apparences ou son profond ressenti, si Marek d'Ardiénor s'était lié ici-bas, les saphirs sertis d'étain de son regard suffisaient à crier que sa place n'était peut-être pas complètement là. Pourtant, Flarmya l'avait guidé ici, par la bouche d'Aoatea où par le lien qui l'avait uni à Asaleith et qui ne pouvait être un pur hasard. Trop sombre pour les cieux, trop incompris pour la terre.. Etrange destinée que celle de cette vie forgée d'espoir et de drames mais qui n'avait encore prit racine dans aucun sol, à l'image des aigrettes d'une dent-de-lion portée par le vent pour s'en aller fleurir, un jour, plus loin.

Si les entrailles de la fëalocë renfermaient une quelconque dureté à l'égard du commun des mortels, elle éprouvait de la faiblesse pour ceux qui erraient, pour les victimes de leur propre perdition, pour ces créatures animées d'une innocente faiblesse. Elle n'avait cure de connaître les démons qui abrutissaient l'ondin, ni plus que les ombres de son passé qui dansaient à la surface de sa cornée en miroir. Il n'était simplement pas à sa place. Rūna savait ô combien ce sentiment avait l'ardeur de l'ivresse et l'âcre saveur d'un fruit à la chair talée. Il serait prétentieux d'avancer qu'elle éprouvait une immense compassion pour lui, mais il serait mentir de la déclarer dénuée d'empathie. Assez étonnamment et malgré les apparences, le coeur de la sultane déchue abritait encore - pour l'heure de belles et bonnes valeurs, bien qu'elle s'efforçait de les dissimuler sous un masque d'impérialisme.
Marek lui rappelait un peu ce petit frère qu'elle avait dû laisser au Ssyl'Shar...

Un peu gênée d'être à la table du larmoyant prêtre de Flarmya du Kaerl, plus vis-à-vis du qu'en-dira-t-on que du fait de pouvoir soulager un peu sa conscience, elle lui aurait volontiers proposé de se rendre dans un endroit plus calme afin de poursuivre leur discussion. Mais que persifflerait le peuple en les voyant s'éloigner tous deux, seuls, à la faveur de la nuit tombée ? Les rumeurs étaient aussi vives à se répandre que le vol d'une Verte ayant repéré un mâle à son goût. Et vue la façon dont l'ondin regardait la Chevalière Incarnate.. La chose en était presque dérangeante, bien que ses instincts de fëalocë ne lui dictait aucun danger. Coutumière des coups d'oeil appuyés, ceux de Marek n'avaient rien d'appâtés par ses atouts de chair, ils se révélaient plus profonds, presque... admiratifs. Peut-être lui rappelait-elle quelqu'un ? Quoi qu'il en fusse, si la jeune femme les avait remarqués, il était certain que les personnes autour d'eux également.
La fëalocë se contenta de quelques oeillades assassines à ceux qui tentèrent de s'approprier les places autour d'eux, faisant déguerpir ces quelques chiots en mal d'un pied de table à ronger.
Malgré les quelques regards curieux qui se posèrent sur l'étonnant duo, Rūna tâcha de les ignorer et d'accorder toute son attention au Maître Brun.

Aux propos de Marek, Rūna eut un léger mouvement de recul, comme pour se réancrer dans la réalité de leur discussion et sortir de ses pensées. Elle parla avec douceur et assurance, portant une main à sa coupe pour la faire délicatement tourner dans sa paume, entre ses doigts et son pouce.

- Nos Liés savent parfois ce qui est meilleur pour nous avant même que nous en caressions l'idée, je le crains.
Leurs mots se valent plus blessants parce qu'ils nous renvoient simplement à l'amère réalité qui nous accule, aux fautes qui nous font face et devant lesquelles nous reculons... Mais un jour, il nous faut bien les affronter pour avancer à nouveau et cesser de se replier. Même avec toute la peur ou la douleur que cela implique.


Sans Sărzeghnet, Rūna n'aurait pu devenir celle qui se tenait devant lui. La Chevalière serait morte et oubliée si elle n'avait pas été sauvée par son âme-soeur et les ténèbres d'une magie interdite.

- L'Amour de notre Lié est bien plus profond que celui de s'enticher d'un de nos pairs. Ils nous choisissent avant même d'être nés, ils tueraient pour nous, mourraient pour nous.
Ne soyons pas trop prompts à juger de leurs affects, même si je vous accorde qu'ils sont bien différents des nôtres. Pouvons-nous leur reprocher de manquer d'humanité alors qu'ils ne sont pas humains ? Nous nous embarquons là dans des réflexions trop complexes pour ce soir...


Elle désigna la coupe de l'ondin en décollant simplement son index de la sienne. Peu encline à se confier sur sa propre existence, elle marqua une hésitation avant de poursuivre.

- De lourds conflits m'ont opposée à ma Liée, concernant des sujets où j'estimais qu'elle n'avait pas son mot à dire. Malgré tout, j'ai dû lui reconnaître après coup qu'elle avait raison, et sachez que je déteste par dessus tout avoir tort !
Nos dissonances se sont tues pour se muer en une pensée commune, et depuis lors notre lien n'a jamais été aussi fort..
Qu'étaient nos existences avant leur présence ? Je peux vous avouer que la mienne était vouée à l'échec, et offerte en pâture à Kaziel. Et je constate que ce dernier en arriverait presque à vous faire douter de vos croyances pour Flarmya..


Rūna sonda Marek à ses derniers mots, cherchant sur son visage un moindre signe en réponse à sa tentative d'accusation. S'égarer spirituellement n'était pas rare en période de doutes et de débâcle, mais le simple rejet de cet amour éconduit aurait-il pu faire basculer les croyances d'un prêtre ?
Elle lui offrit un sourire pour seul retour à ses remerciements. Elle n'en n'attendait pas, pas plus qu'elle ne cherchait à s'attirer une dette de sa part par ce fait. Au fond d'elle luisait néanmoins une certaine satisfaction : la frêle Chevalière à l'Incarnate aveugle moquée de tous avait su toucher l'attention d'un Maître établi au Màr depuis de nombreuses années. Cette pensée ne fit que raviver les propos de sa Liée qui n'avait de cesse de lui rappeler qu'il était temps de réveiller le Màr Tàralöm, où ses Sangs et ses Maîtres se laissaient aller à l'abandon face à une telle décrépitude de leur Kaerl.

Rūna se remémora soudainement le nom d'une femme qui fut indirectement son alliée lors de son exil. Sărzeghnet ne pouvant garder sa forme draconique au Ssyl'Shar, et en particulier en plein coeur de la capitale qu'était Arsuh, elle trouva plusieurs fois refuge au Màr Litsë où une étrange gardienne procurait soutien et conseils. Trop méfiante et trop fière pour vouloir recevoir les mots d'une bipède, qui plus était inconnue et affiliée à aucun Ordre, la Reine Incarnate n'avait fait que prêter une oreille fuyante aux quelques discussions ouvertes que Sraoshaï entretenait. La dragonne admettait à mi-mot que cette dernière avait le don de rendre leur chemin même aux âmes torturées par le souffle d'une indomptable tempête. Nombreux avait quitté le Kaerl des Sables le coeur plus léger qu'à leur arrivée : peut-être en serait-il de même pour lui ?
Alors qu'elle s'apprêtait à sortir sa plume de poche, les dernières paroles du Maître Brun la figèrent.

Elle darda sur lui toute l'incandescence de ses ambres pailletées d'or, comme si elle admettait de façon muette qu'il avait touché à une corde sensible. Rūna entrouvrit une première fois les lèvres sans qu'aucun son n'en échappa. Après plusieurs lentes inspirations, incertaine de savoir si elle devait répondre ou non, elle s'attacha à défaire de sa ceinture la petite relique où se cachait son maigre nécessaire d'écriture. Dans un silence pourtant lourd de pensées, la fëalocë griffonna le nom qui saurait, peut-être, délivrer l'ondin de son actuel fardeau. La plume de bronze griffa doucement un rouleau minimaliste avant qu'elle ne vienne souffler sur l'encre afin de la faire sécher plus vite. Tenant le frêle morceau de papier entre deux doigts, elle leva vers lui un visage inondé d'un trop rare espoir, les pupilles rivetées de l'abîme de son amour sincère.

- Je saurais souffrir milles morts pour lui, et tenir tête à Haskèl même si la cause était perdue d'avance.
Et je comprends, du fond du coeur, la douleur qui est vôtre. Quand on pense que tout est perdu et que seule Isashani semble répondre à nos prières, les pires supplices n'infligent aucun mal à notre chair car ce qui souffre le plus, c'est l'esprit. Lacéré des bris de verre de nos aspirations et nos rêves partis en éclat...
Même la plus instruite des sorcières ou le meilleur des guérisseurs ne possède aucun remède à cette blessure. Seul le Temps peut soigner.


Rūna inspecta la surface sans reflet des lettres tracées sur le parchemin réduit, et concluant que l'encre était sèche par ce fait, elle le roula avant de le pousser du bout de l'index vers Marek. Il y était simplement écrit "Sraoshaï, Màr Litsë, Ssyl'Shar", un code peu difficile à interpréter mais qui n'en demeurait pas moins énigmatique.

- Vous regarderez cela plus tard. Suivez le chemin, il vous mènera vers une aide plus clémente que la mienne. Une aide pour la nature de votre chagrin, mais aussi pour apaiser les braises qui rongent la relation avec votre Lié.

La Chevalière Incarnate prit sagement le temps de tout remettre en place et ranger son matériel de note avant de saisir sa coupe de mulsum. Une once de légèreté vint apaiser ses précédentes paroles alors qu'elle poursuivit.

-  Je suis une piètre amie mais une bonne alliée. Elle leva son verre et but une gorgée de vin épicé et sucré.
Buvez donc. L'ivresse a le mérite d'endormir pour un temps les voix qui hurlent en nous. Je vous promets que je ne vous déroberai pas votre bourse, même si je suis aussi une bien médiocre compagne de boisson.

La fëalocë lui lança un clin d'oeil malicieux. Avant de tourner la tête vers la population grandissante de la taverne, et de plus en plus bruyante.

- Je resterai le temps qu'il faudra. Ce qui subsiste de bon dans mon coeur ne saurait vous laisser à la merci de ces quelques chiens. Vous recherchiez une façon de vous vider la tête, faites donc !


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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeVen 22 Mai 2020 - 17:00


Toujours attentif, le regard captivé par la noble Fëalocë assise face à lui, Marek s’interrogeait, ressassant ses paroles, ces mots qu’elle lui avait adressé, et qu’Aoatea avant elle, lui avait offert. Sur ce que son futur serait, sur ce que sa vie devait être, sur ce que les Dieux lui réservaient. Son destin, tel que l’avait évoqué l’Archiprêtresse, résiderait-il réellement dans les flammes et les cendres du Màr Tàralöm ? Son cœur, son âme même, meurtrie par toutes ces années d’amour vain, d’adoration aveugle, à quoi aspiraient-ils vraiment, que leur faudraient-ils pour en panser les plaies ?

Finalement, ne s’était-il pas tant obstiné à refuser de contempler le sens de sa vie en face, qu’il s’était détourné du juste chemin de sa destinée ? Tant de questions, tournoyant dans son esprit comme l’hypocras dans sa timbale, et si peu de réponses, si peu d’indices pour trouver les bonnes clés ! C’était … trop. Bien plus qu’il ne pouvait en supporter, en tout cas pas seul. Et cette question, cette affable curiosité envers Rūna Sălv, ne cachait-elle pas encore un désir, un besoin désespéré de trouver en l’autre ce savoir qui lui manquait, et le verdict à son jugement ? N’était-ce pas une fuite de plus, cette vaine et bien misérable tentative d’oblitérer ses souffrances sous la saveur suave du miel et des épices, sous la chaleur brûlante de l’alcool ?

Alors, devant la réponse qu’elle lui apporta, sur la nature véritable du lien et de l’Empreinte, Marek soupira, doucement, la migraine lui tenaillant les tempes ne lui offrant aucun répit. Bien sûr, elle avait raison. Voilà qu’il laissait à présent une extérieure au clergé de Flarmya lui faire la leçon, alors qu’il était supposément le mieux placé pour le savoir … Secouant la tête, il grimaça à demi, regrettant d’ors et déjà son geste, tant le monde lui parut soudain basculer et se tordre en un imbroglio de sons et de lumières. Se forçant à articuler lentement, il se concentra sur le visage auréolé d’incarnat de la jeune femme pour ne pas perdre pied.

« Me voilà bien honteux de me voir rappelés les préceptes de Flarmya ... » Il marqua un arrêt, rassemblant ses pensées en un écheveau le plus cohérent possible. « Et pourtant … Il est aisé de considérer nos frères et sœurs d’âme comme une autre partie de nous-même, en dépit de leur indépendance de corps et d’esprit. De croire à tort qu’ils nous comprendront systématiquement, qu’ils saisiront … nos troubles, qu’ils nous connaîtront bien plus intimement que nous ne le faisons nous-même. »

La flamme dansante des torchères lui agressant les yeux, le Maître Brun ferma étroitement les paupières, en ressentant un bien maigre soulagement.

« Peut-être est-ce le cas, en vérité, mais que nous ne nous en rendons pas compte. Et qu’ainsi que vous le dites, ils sont là pour nous permettre de grandir, de devenir plus fort, plus unis … et d’avancer, si douloureux que ce soit. Peut-être savent-ils mieux que nous ce qui est bon pour nous. »

Rouvrant les yeux, il eut un maigre sourire, trop faible devant les ombres, et cette solitude, ce silence, glacials, qui le hantaient, cette tristesse qui faisait briller sourdement ses iris d’outremer. Il était heureux qu’il ne puisse se voir par les yeux de Rūna, sans quoi, assurément, sa pitié et son mépris envers l’image pitoyable qu’il affichait ce soir n’auraient plus connu de limites. Heureux également qu’elle possède suffisamment d’honneur pour ne pas chercher à en profiter, pour repousser, d’un regard flamboyant, tous les vautours et les chacals qui prétendaient pouvoir venir grappiller les miettes de sa contenance, de sa réserve oubliée. Sa voix n’était plus qu’un murmure à présent, destinée au seul auditoire de la Fëalocë.

« Mais cela fait … trop longtemps à présent … Trop longtemps que je vis en suivant les désirs d’une tierce personne, aveugle et sourd à ce que moi, je souhaiterais réellement. N’est-ce pas atrocement paradoxal ? Que ce moment où j’exprime enfin ce que je veux, soit la conséquence de tant … tant de drames, tant de difficultés. »

Un rire sec, presque un aboiement, lui échappa, lui éraflant la poitrine et faisant tinter des carillons de douleur à ses tempes, avant qu’il ne s’adoucisse à nouveau, son expression se faisant compréhensive et compatissante devant l’aveu des difficultés passées de la Chevalière avec sa liée, l’Incarnate Sărzeghnet … Puis perplexe, vaguement intrigué, se raccrochant à de maigres brins d’une méfiance obsolète tandis qu’elle griffonnait sur un papier quelques mots d’une écriture élégante et pleine de grâce. Sa question sur son expérience de l’amour la figea néanmoins, et il en conçut une étrange et obscure satisfaction, celle d’avoir enfin su la surprendre. Sans chercher à la brusquer, Marek garda le silence, la laissant décider si elle répondrait ou non à sa question, si elle lui offrirait sa confiance de la même façon que lui l’avait fait, quoi que bien malgré lui. Elle s’attacha néanmoins à achever son travail d’écriture, soufflant sur l’encre pour le faire sécher plus rapidement, et examinant les lettres tracées sur le fin rouleau de parchemin avant de relever les yeux sur l’Ondin.

Seul le temps était à même de soigner les blessures du cœur, et ce même si la vie nous paraissait alors sans plus aucune saveur ni couleur, dépourvue de joie et d’intérêt. Le temps seul parviendrait à apaiser ses peines, bien plus que de simples mots offerts au détour d’un verre. Voilà ce qui était en substance, le conseil qu’elle lui donnait. Cela, et les trois noms notés en toute discrétion sur le vélin, disposés à son exclusive intention. Curieux, mais préférant suivre la voie de la sagesse, il acquiesça et glissa maladroitement le minuscule rouleau dans l’une de ses poches, à l’intérieur de sa tunique. Un chemin à suivre, et une aide clémente. Flarmya avait-elle véritablement placé la Fëalocë sur sa route pour l’aider ?

Comment lui exprimer sa reconnaissance ? Songeur, il l’étudia sans détourner le regard tandis qu’elle rangeait son matériel, avant de réaliser que son attention pouvait être mal interprétée et conduire à un bien inutile malaise. Il reporta donc son attention coupable sur sa timbale, dont le contenu lui paraissait à présent tout aussi attirant que propre à susciter en lui la nausée. Il se sentait encore trop vif, trop … ‘‘présent’’ pour son propre goût, mais pressentait que boire plus encore ne lui apporterait rien de bon.

« Je vous remercie pour votre attention, Dame Sălv. Rien ne vous obligeait à vous arrêter pour écouter un pauvre homme divaguer sur ses amours déçus. »

Derrière toute l’amertume, la froideur intérieure de son sourire, résidait là, fragile et prête à être accueillie pour qui saurait la saisir, toute la sincérité qu’il ressentait. Il vacilla imperceptiblement, se raccrochant à la timbale honnie comme si elle pouvait le retenir en ce monde, son souffle se faisant plus court. Il lui semblait brûler de l’intérieur, mais il le savait pertinemment : pas assez, ce n’était pas assez pour éteindre le brasier de son désespoir. A son invitation à se laisser aller en toute sécurité, il envisagea, très sérieusement, d’accepter sa proposition. Qu’avait-il encore à perdre ? Ne serait-ce pas une façon de prouver à tous que le Grand Prêtre de Flarmya n’était pas si sain, si pur et désintéressé que cela ?

Il ouvrit ainsi la bouche, hésitant encore sur la teneur de ce qu’il allait lui dire, mais une main rude et ferme s’abattit à cet instant sur son épaule, la serrant sous ses doigts puissants en une étreinte protectrice, lui arrachant un sursaut malaisé. Le regard bleu céruléen de son Lié, sévère, rencontra le sien, où tonnait encore la lointaine menace de l’orage, et son cœur se gonfla d’un nouveau vent.

[RP] Tourmenté de tout son soûl Asaleith-Marek-d-Ardienor-Tol-Orea
Le Brun Asaleith

« Leith ... »

Comment un simple mot, un simple nom, pouvait-il contenir tant d’émotions ?

**Ne me regarde pas comme ça, petit homme, tu me fais honte.**

Ses pensées, acides mais non dénuées d’une profonde affection, flottèrent jusqu’à son esprit, et il sentit son Brun l’entourer de sa présence réconfortante avant de se tourner vers la Fëalocë, qu’il dévisagea, sans fard, sans un mot, pendant un long moment, comme s’il l’évaluait silencieusement. Petit à petit, gorgée après gorgée, le dragon avait sentit son Lié glisser, lui échapper et s’écarter de lui, et c’était la peur de perdre prise sur son l’âme de son Ondin qui l’avait poussé à agir, pour le ramener à lui … Le ramener à la raison. Ensemble, jusqu’à la fin, ou qu’ils aillent, quoi qu’ils décident. N’était-ce pas ce qu’ils s’étaient promis le jour de leur Empreinte ?

« Je suppose que je devrais vous exprimer ma gratitude, que vous ayez pris soin de mon frère. »

Un sourire subtilement provocateur étira ses lèvres, et une étincelle d’avertissement scintilla dans ses yeux d’un bleu saisissant, sans qu’il ne fasse le moindre mouvement pour retirer la main qui reposait toujours sur l’épaule de Marek. Que ce dernier s’expose de cette façon en public, qu’il avoue ses failles et ses faiblesses à la première venue … Voilà qui ne lui ressemblait guère. Incapable de se contenir plus longtemps devant l’attitude de son Lié, Asaleith s’était senti obligé d’intervenir, de s’interposer entre lui et l’hypnotique Fëalocë. Il était celui que Flarmya lui avait destiné, celui qui devait protéger son Ondin de ceux qui lui voudraient du mal, celui à qui Aoatea l’avait confié ! Qu’il ne soit pas dit qu’il avait failli à sa tâche !

« Il semblerait que même les Incarnates soient finalement parfois capables de faire preuve de sagesse. Je suis au regret de devoir enlever mon Lié à votre gracieuse compagnie. »

Le Brun inclina légèrement la tête en guise de salutation respectueuse, les sourcils froncés, ses iris toujours rivés à ceux de Rūna.

« Nous avons une dette envers vous. Si un jour vous vous trouvez dans le besoin, faites appel à nous. Nous vous aiderons du mieux que nous le pourrons. »

**Je suis venu te chercher, mon frère. Partons, partons si tu le souhaites. Je ne supporte plus de te voir d’auto détruire.**


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MessageSujet: Re: [RP] Tourmenté de tout son soûl   [RP] Tourmenté de tout son soûl Icon_minitimeMer 27 Mai 2020 - 0:24


La fëalocë n'avait que peu de pitié pour autrui, car eux n'en n'avait jamais eu pour elle. Que ce fusse au Ssyl'Shar mais aussi au Màr Tàralöm, que ce fussent les nobles ou les brigands, dans les palais ou sur les dangereuses routes du Grand Désert. Elle s'était naturellement dissimulée sous de hautes herses personnifiées par son cruel manque d'empathie et son dédain l'empêchant de baisser les yeux vers la veuve et l'orphelin. Pourtant, Marek d'Ardiénor la touchait plus qu'elle ne souhaitait l'admettre. Peut-être aussi les récents évènements la rendirent simplement plus humaine, ce qui était à double tranchant : la peur de la perte donnait plus de hargne à une enveloppe charnelle que rien n'effrayait, n'en déplaisait aux guerriers s'évertuant à vanter leur absence d'affects.

Le haut-prêtre était de ceux que la mer broyait entre ses flots avant de le recracher sur une plage du bout du monde, et sur celle-ci résidaient seulement des visages inconnus qui parlaient une autre langue. Ce peuple pourrait se montrer accueillant et nombreux par l'épaisseur de sa foule, il n'en demeurait pas moins que le naufragé se sentait seul et dans le néant d'un univers auquel il n'appartenait pas. Voilà la sensation que subissait un incompris. Si lui-même n'était pas innocent ni candide par le vécu de son passé hourdi de drames, il n'appartenait pourtant pas à ce qu'il visualisait comme une prison abritant des âmes trop véhémentes pour la survie de la sienne. Il s'était vainement raccroché à l'une d'elles, la plus noble certes mais hélas la moins accessible au commun des mortels.
Si la blessure d'une lame  se montrait plus impressionnante par les stigmates laissées dans la chair de sa victime, les meurtrissures d'un coeur brisé faisaient écho par leurs insupportables et douloureuses litanies enfouies dans les entrailles de l'éconduit. Perdre un amour faisait perdre une partie de soi-même dans cet abandon, en résultant un creux comblé d'une noire bile qui rongeait le reste, gangrénant l'esprit même de ceux au palpitant taillé de glace.

Si différent du peuple du Màr Tàralöm, sa seule honte à avoir dévoilé quelques pages de son intimité à l'oreille d'une inconnue avait quelque chose de touchant. Mais malheureusement, la place n'était pas laissée à la faiblesse, au Kaerl Ardent.
Rūna n'avait plus grand chose à lui dire car il avait compris l'essentiel : il était temps de vivre pour lui et lui seul, et non plus par le regard ou les commandements des autres. Il s'agissait d'une leçon certainement bien plus difficile pour l'officiant d'une divinité que pour une personne lambda, mais Marek semblait prêt à franchir ce pas, par la formulation de ses mots.

Il la remercia, profondément sincère malgré les affres désinhibées par le baiser du mulsum et la caresse de l'hypocras. La fëalocë le perçut, et reçut cette reconnaissance à la fois comme un présent et une dette. Bien qu'agissant rarement par pur altruisme, Rūna ne quémandait rien. Elle s'était simplement assise à la table d'un esprit esseulé et affamé de libérer ses maux. Qu'avait-elle fait, en vérité ? Si son convive avait répondu présent comme à l'accoutumée, il était probable qu'elle n'aurait même pas remarqué la présence de l'ondin. La jeune femme savait en revanche écouter les murmures du destin, souvent soufflés aux détours de rencontres impromptues et de regards furtifs. Pour elle, le Hasard pur n'existait pas, qu'importait Kaziel et son goût pour le Chaos, qu'importait Osmaël et sa bonne Fortune.
La Chevalière Incarnate lui adressa un simple et bref signe de tête, tiraillée entre la perspective de le resservir pour l'encourager à vider son chagrin au rythme des gorgées de lie, et celle de donner quelque pièce à un garde pour le raccompagner à son weyr. Au moment où elle détourna la tête dans cette idée, apparut une silhouette trop agile pour être celle d'un simple bipède.
Elle détailla avec sérieux l'homme à la chevelure brune et au regard d'un turquoise opalescent, trop insaisissable pour appartenir à un mortel, trop profond pour être celui d'un homme. Il était clairement animé d'une certaine amertume, furieux mais protecteur envers son lié, d'un même accord, tout cela dans les intérêts de celui à qui il était uni par l'âme.
Le silence, les regards qu'ils échangèrent et la surprise du Maître Brun suffirent à convaincre Rūna que sa présence n'était plus nécessaire, l'ondin était sous la meilleure des gardes.

Alors qu'elle s'apprêtait à se lever pour quitter les lieux, elle fut irrépressiblement attirée par le regard charron du dragon sous forme humanoïde. Il posait une main sur son bipède, possessif, et ses yeux lançaient autant d'avertissements qu'une arbalète armée et prête à lâcher son carreau. Rūna ne cilla pas, tâchant de ne pas se montrer impressionnée bien que deux fois plus méfiante face à un saurien qu'à un bipède. Un demi-sourire étirait légèrement ses lèvres, analytique de la situation, écoutant les paroles du Brun clairement courroucé.

La fëalocë formula une première pensée, peu accorte, mais se ravisa. Il n'était clairement pas le moment d'attiser les flammes du dragon...
Plus fausse que ce qu'elle n'aurait aimé déclarer, son timbre doux et chaud brisa le silence qui avait clos ses lèvres.

- Je suis rassurée de le savoir désormais en meilleure compagnie que seul face à ses démons. Lorsque je l'ai trouvé, il était bien pathétique, à écluser ses larmes au rythme de sa coupe.

Une pointe de reproche s'insinua entre ses mots, bien destinés au Brun. Elle n'avait pas quitté ses yeux ce faisant, le fustigeant sans honte de l'éclat bouillant de l'or dans ses iris. Elle aurait aimé lui dire qu'il aurait pu tomber sur bien pire qu'elle en l'absence de quelqu'un pour le surveiller, ou qu'elle avait dérogé à son manque de pitié au nom du respect accordé à la fonction de Maître d'Ardiénor, mais un semblant de raison la rappela en opposition à sa capacité à dire les choses même les plus désagréables à entendre.
A sa pique concernant les Reines, la fëalocë eut du mal à ne pas répondre, mais Sărzeghnet, non loin, devança sa Liée avec une grande sévérité.

** Qui parle de sagesse en laissant son âme-soeur en position de faiblesse au milieu des loups ? Estime toi heureux qu'il soit tombé sur la mienne avant d'avoir fini comme un daim cerné par la meute. **

L'Incarnate se faisait l'ombre de sa fëalocë dans cette curieuse harmonie qu'était leur lien. Rūna sentit la queue de la Reine s'enrouler autour de son âme, comme une vipère arboricole épousant les formes de la branche sur laquelle elle se postait pour adopter une position de chasse.
Après un dernier regard inquisiteur à l'encontre du Brun, la jeune femme recula de la table à l'aide de ses mains, se laissant la place de se lever pour remettre les pans de sa robe en place.
Elle conclut de façon énigmatique, sans la moindre hésitation, en s'adressant à l'ondin malgré son apparent état :

- Je vous dis adieu, Marek d'Ardiénor. Suivez la voie que je vous ai indiquée, j'ose espérer qu'elle saura panser vos plaies et vous apporter un peu de réconfort.
Je lève votre dette, considérez la comme appartenant au passé qu'il vous est nécessaire d'enterrer. Je crains de toute manière que nous n'aurons pas l'occasion de nous revoir pour que vous vous en affranchissiez par rétribution.


Rūna sortit quelques pièces d'une petite bourse pour payer leur consommation puis s'inclina respectueusement envers le duo, disparaissant lentement mais avec assurance, sans se retourner.

[FIN DU RP]


.:: Qu'ils nous haïssent pourvu qu'ils nous craignent ::.
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. ○ • ☾ Nous aimons nous repaître de ceux qui veulent nous soumettre ☽ • ○ .

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