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 [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page

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MessageSujet: [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page   [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Icon_minitimeSam 2 Jan 2021 - 15:12


5ème jour de Zakerielku

La nuit tombée, Jorgga voyait venir l’heure de s’endormir avec un certain effroi. Depuis plusieurs semaines maintenant, sa culpabilité empoisonnait ses rêves, transformant ses nuits en un véritable supplice. Alors, chaque fois, elle se promettait de ne plus y céder, de veiller toute la nuit si nécessaire. Mais quoi qu’elle fasse et où qu’elle trouve refuge, la fatigue finissait toujours par l’emporter sur sa volonté. Sommeil ou veille forcée, elle était entourée des fantômes de son passé, qui flottaient dans le demi-jour crépusculaire du Màr Menel, pareils à des lambeaux de vies déchirées. Oppressée, appeurée, la jeune femme vouloir fuir, crier, mais aucun son ne parvenait à sortir de sa gorge. Elle restait figée de terreur, piégée dans l’étreinte étouffante de sa propre imagination, sans aucune autre issue possible que la première lueur du matin, lorsque le soleil se détachait doucement à l’horizon et que la chaleur tiède de ses rayons venait caresser son visage déformé par la terreur.

C’était toujours le même rêve. Ce rêve récurrent qu’elle faisait presque toutes les nuits depuis la mort de Grim dans la montagne. Enveloppée d’une épaisse brume de douleur, Jorgga flottait dans un monde qui lui semblait irréel, à la fois étouffant et disloqué, lumineux et sombre. Un cauchemar dont elle avait parfaitement conscience mais dont elle ne parvenait jamais à se réveiller d’elle-même.
La jeune femme y retrouvait l’homme qu’elle avait tant aimé et ne pensait plus jamais revoir. Plongée dans le creux de ses bras, la chaleur de son corps, la senteur de son parfum boisé, le souffle brûlant de ses lèvres, tout en lui éveillait ses sens. Il fallait alors qu’elle trouve en elle le courage de croiser son regard, tout en sachant ce qu’elle allait réellement découvrir : un homme qui ne partageait pas son amour. Chaque nuit, il attachait sur elle ses prunelles étincelantes qui semblaient vouloir l’assassiner. Et lorsqu’elle découvrait et redécouvrait la lueur de haine dans la transparence bleutée de ses yeux, plus glaciale qu’un lac de montagne, son cœur cessait aussitôt de battre dans sa poitrine. Jamais, avant qu’Asashani ne l’emporte, Grim ne l’avait regardé de cette manière.

Jorgga comprenait alors qu’elle ne se trouvait pas réellement en compagnie de son ami d’enfance ; L’ami qu’elle avait connu et aimé, un homme au sourire chaleureux, dont le regard s’illuminait de joie et d’amour lorsqu’il découvrait le monde. Il n’avait pourtant guère changé, d’un point de vue purement physique. Il était tout ce qu’elle avait de lui comme souvenir : un homme séduisant. Sa peau était blanche comme du lait, marquée d’une aimable rougeur ; son front lisse et large, ses lèvres fines marquées d’une adorable symétrie. Soit qu’il parle et qu’il agisse, il le faisait toujours avec une admirable assurance. Mais ce regard plein de haine à son égard suffisait à le métamorphoser. L’homme qu’elle retrouvait dans ses rêves était en vérité un parfait étranger. Pourtant, elle voulait revoir son visage. Encore une fois. Autant de fois que nécessaire. Non pas parce qu’elle espérait un miracle, mais plutôt parce qu’elle voulait l’imprimer pour l’éternité dans sa mémoire.

Jorgga s’éveilla aux toutes premières lueurs du jour, dans une aube blanche et froide, mêlée à un silence insolite, mélancolique. Roulée en boule dans l’herbe fraîche du Jardin d’Hiver, les bras noués autour de ses genoux repliés, elle haletait, suffoquait, ne parvenant pas à chasser l’angoisse saisissante qu’épaississait ce rêve récurrent. Tous les matins depuis près de vingt-neuf jours, elle s’éveillait le cœur lourd d’un nouveau fardeau et de chagrin. Engourdie par le froid et le sommeil, elle se souleva à demi, s’asseya, puis essuya du bras son chemisier et sa figure couverts d’une sueur glacée. Elle resta ainsi dans l’angoisse de la fièvre, silencieuse, jusqu’à ce qu’un pâle rayon de lumière se dessine sur son visage endormi. Cette blancheur timide de l’aube lointaine fit soudain descendre en elle un semblant de paix. Elle se sentit glisser sur l’herbe verdoyante, presque tiède, alors que nul encore n’aurait pu la distinguer parmi les fleurs et les arbustes. Aussitôt, la fièvre tomba, son sang s’apaisa, comme une rivière débordée qui retourne sagement dans son lit ; une chaleur bienfaisante coula dans tout son corps et ses yeux brûlés d’insomnie se fermèrent lentement, avant de se rouvrir sur les délicates couleurs des fleurs géantes.

Cette nuit encore, la jeune aspirante avait préféré dormir à la belle étoile sous l’imposante verrière du Jardin d’Hiver, plutôt que dans les draps blancs et froids du grand lit de ses appartements. Son nouveau logis, qu’elle avait occupé depuis le premier jour, ne lui déplaisait pas, bien au contraire. La vue depuis l’imposant balcon ressemblait au paradis. Chaque matin, lorsqu’elle s’éveillant, les carreaux des baies vitrées scintillaient dans le soleil de l’hiver, tiède, soyeux et accueillant. Les six petits verres en cristal, déposés sur une belle table nappée, dessinaient derrière eux une silhouette limpide et pure, comme l’éclat de la glace sur le flanc de la montagne. Mais pour une raison qu’elle ignorait encore, la jeune aspirante avait l’impression que les murs de cet appartement l’écrasaient, l’étouffaient. Le soir venu, elle avait besoin d’air et ne trouvait du réconfort qu’assise sur le rebord de son balcon, sous un arbre du jardin ou lorsqu’elle allait flâner sur les chemins de patrouille de la garde. Avant que les dieux n’interviennent dans sa vie et ne changent à jamais son destin, Jorgga avait toujours rêvé de découvrir un tel endroit, un lieu élégant et meublé avec goût, qu’elle pourrait pleinement s’approprier et modeler à son image. Pourtant aujourd’hui, elle y aurait renoncé sans hésiter pour retrouver la vie qu’elle avait cru posséder autrefois.

Jurant intérieurement contre tout, tous et surtout contre elle-même, Jorgga posa instinctivement sa main sur le manche de son couteau de chasse, qu’elle gardait toujours précieusement attaché à sa ceinture. Puis elle laissa glisser lentement ses doigts jusqu’à l’imposante pierre rouge qui pendait à son cou - présent aussi mystérieux qu’inattendu, d’un défunt père à la fois bienveillant et distant -. Le coeur battant à tout rompre, la jeune femme prit une profonde inspiration pour chasser la douleur qui lui comprimait la poitrine et prendre le temps de recouvrer son calme. Elle ne devait pas se laisser distraire aujourd’hui. Pas après avoir si souvent échoué. Pas après avoir si souvent risqué de blesser quelqu’un. L’expérience, au fil des semaines, lui avait appris qu’elle était capable d’assimiler rapidement les leçons qui lui étaient dispensées par son Maître ; Mais aussi que si elle se laissait gagner par la colère, le chagrin ou la peur, elle pouvait représenter un danger pour les habitants du Màr Menel, voire, à l’occasion de certaines escapades, pour les habitants du Rhaëg. Cette option n’était plus envisageable. Pas après tout ce qu’elle avait traversé pour en arriver jusque-là.

Sa vie n’avait été qu’une cruelle illusion, une farce sinistre orchestrée par les dieux qui se fichaient pas mal d’elle, au point  de n’éprouver, sans aucun doute, aucun regret de lui avoir ainsi brisé le cœur. Désormais, Jorgga voulait recommencer à vivre, laisser le passé derrière elle, prendre un nouveau départ aux côtés de son Maître et surtout, se lier à son tour à un jeune dragon. Non pas parce que les dieux l’avaient ainsi décidé pour elle, mais parce que le lien qui unissait un Chevalier à son Dragon, celui-là même qui unissait Altahir et Norloth, Selcot et Beith ou encore la Dame du Kaerl et sa Reine, était sans nul autre pareil. Jorgga ne les comprenait pas. Les ressorts de l’amour qui les animait, les liens qui les unissaient étaient si robustes que pour les décrypter il fallait être passé par une telle expérience.

Jorgga se releva en s’accrochant au tronc humide d’un saule. Puis elle s’approcha à petits pas d’un ruisseau qui alimentait en eau les plantes du Jardin d’Hiver. Agenouillée sur la berge, elle brossa ses longs cheveux châtains du bout de ses doigts, laissant son regard bleu se perdre dans le reflet tremblant de son visage sur l’eau. Elle démêla ainsi, non sans peine, des cheveux qui n’avaient quasiment pas connu de ciseaux depuis des années, des cheveux dont elle refusait de se séparer malgré le temps extravagant qu’elle devait y consacrer tous les matins pour les discipliner un tant soit peu.


Dernière édition par Jorgga Vadrak le Lun 5 Avr 2021 - 9:49, édité 1 fois
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Heryn Amlug
Dame du Kaerl Céleste
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MessageSujet: Re: [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page   [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Icon_minitimeSam 9 Jan 2021 - 20:17

[RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Kissar11_&_[RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Mayuri10 [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Mayuri11
Kissare Amarsin & la Verte Mâyuri
Archiviste du Màr Menel


Theme Song :
New Grass - Ólafur Arnalds

Une volute de buée, paresseuse, s’étire et ondoie, concurrençant timidement les abondants nuages gris et blancs qui planaient au dessus du Màr Menel. Les yeux clos, formulant mentalement ses salutations à Solyae en ce début de journée, Kissare était serein, ne percevant que distraitement le froid mordant sa peau. Il ne s’attarderait pas trop, sans quoi Mâyuri ne manquerait pas de lui faire amplement la leçon sur le soin à apporter à sa santé. Il aimait pourtant profiter de ces instants entre chien et loup, juste avant le lever du soleil, alors que le Kaerl était encore calme et endormi. Aujourd’hui, il ne serait de service aux Archives qu’une fois la midi passée, aussi aurait-il pu très bien savourer un repos bien mérité et faire la grasse matinée … Mais la perspective de se replonger entre les pages passionnantes de ce traité théorique qui comparait les mythes et légendes avec leur réalité magique concrète, l’avait éveillé de bonne heure ce matin.

Un regard sur le ciel lui fit songer qu’il neigerait probablement avant la fin de journée, recouvrant la citadelle Céleste d’un épais manteau blanc qui ferait le bonheur des petits et grands enfants, et pester les marchands. Se détournant de la fenêtre, qu’il referma en se frictionnant vigoureusement les bras – il avait beau ne pas crier d’horreur dès que le temps se refroidissait, comme sa mère ou son père, il n’était pas immunisé contre le froid pour autant – le Torhil s’affaira à rassembler ses affaires dans une solide besace de cuir ciré. Le Jardin d’Hiver ferait un refuge idéal pour poursuivre sa lecture.

***

Le pas tranquille, soigneusement emmitouflé dans un manteau bordé d’une chaude fourrure, le Chevalier sentait peu à peu la vie revenir dans ses doigts glacés. La simple trajet vers les serres avait suffit à le refroidir, et il avait été bien heureux finalement de sentir l’atmosphère douce du Jardin se refermer enfin sur lui. Il irait s’installer à son endroit favori, à l’écart des chemins trop fréquentés – quoi qu’à cette heure-ci la définition de ‘‘fréquenté’’ soit toute relative. Dans la besace qui battait sa cuisse reposait l’épais grimoire qui attisait sa soif de nouvelles connaissances, ainsi qu’une miche de pain encore brûlante, à peine sortie du four du boulanger, pour son petit-déjeuner. De quoi occuper agréablement une partie de sa matinée. Mâyuri viendrait certainement le rejoindre une fois réveillée, si elle ne trouvait pas quelques cancans à échanger avec l’une ou l’autre de ses sœurs. Rumeurs dont elle ne manquerait pas, à son tour, de venir lui faire part, le tenant au courant, bien malgré lui, de toutes ces histoires qu’il aurait préféré ignorer. Un soupir. Sa liée était, sur ce point là – comme sur bien d’autres – désespérément incorrigible.

D’un bond et une grande enjambée, il franchit le petit ruisseau qui serpentait là, et entreprit de le longer, remontant son cours dans l’optique d’arriver à la cascade miniature et au petit bosquet abrité qu’il savait se trouver à son extrémité. Un petit coin de paradis qui rappelait furieusement les Chutes d’Astrenuit, et qui avait certainement été édifié et élaboré à leur image. Peu de gens en connaissaient l’existence, et cela en faisait un refuge idéal pour ces moments où il ressentait le besoin d’être seul. Il appréciait le contact des autres, et ne rechignait jamais à une discussion avec ses amis ou connaissances, leur prêtant toujours une oreille attentive, mais il appréciait d’autant plus de pouvoir s’isoler et se plonger tout entier dans telle ou telle lecture enrichissante, ou tout simplement distrayante.

Pris dans ses pensées, se demandant distraitement quelle pourrait être l’opinion de Ciryandil, le Servant de Mystra, sur les conclusions de l’auteur du traité, le Torhil ne remarqua pas immédiatement la petite silhouette agenouillée auprès du cours d’eau. Lorsque l’information parvint à sa conscience, il se stoppa net, frappé par la ressemblance entre la jeune fille et celle du récit qu’il avait lu hier soir, de cette sorcière métamorphe capable de se transformer en ours rien qu’en revêtant sa peau. Car de peaux elle était vêtue, assise là en train de démêler sa longue chevelure brune, la peau laiteuse de ceux venant du grand Nord. Il ouvrit la bouche pour l’interpeller puis se ravisa, de peur de paraître ridicule.

Indécis sur la conduite à tenir, Kissare fut tiré de son hésitation par la sensation soudaine de deux bras s’enroulant autour de son cou, de familières effluves de sauge et de jasmin venant titiller son odorat. Sans plus de manières, la nymphe lui planta un baiser affectueux sur la joue en guise de salutations, observant la curieuse apparition par dessus son épaule.

**Encore en train de rêvasser, mon chéri ?**

Un gloussement, puis elle poursuivit :

**Si c’est une sorcière, je dirais qu’elle a connu des jours meilleurs.**

Un soupçon prenant forme dans son esprit, il tourna la tête pour croiser le regard verdoyant de Mâyuri, qui, toujours à demi cachée derrière son dos, se penchait maintenant sur le côté, une expression de fausse pudeur plaquée sur son visage mutin. Connaissant sa Verte …

*Tu sais qui elle est, Mâyuri ?*

En y regardant de plus près, sa tenue était effectivement passablement défraîchie, et sa mine chiffonnée, ses yeux cernés, laissaient à penser que sa nuit n’avait guère été reposante … A moins qu’elle n’ait tout bonnement dormi ici. Vaendark peut-être … Ou même Undòmë. Une montagnarde en tout cas. Son accent pourrait certainement lui en dire plus. Les lèvres du jeune homme se pincèrent, une once de réprobation le traversant. C’était probablement une Aspirante, et si tel était bien le cas, son Maître n’avait pas fait convenablement son travail en la dirigeant vers les appartements alloués aux nouveaux arrivants.

**Évidemment ! Je l’ai déjà croisée une ou deux fois à l’Infirmerie, en allant voir Beith. C’est la nouvelle apprentie d’Altahir et Norloth. Elle est arrivée le mois dernier. Pauvre enfant, un tel état est indigne.**

Altahir … Ses sourcils se froncèrent. Probablement trop occupé à courir la donzelle pour s’occuper de son Aspirante.

**Moi j’aime bien Norloth. Il est plutôt aventureux pour un Brun, et il a un sens de l’humour particulièrement savoureux. Et puis, il faut le voir en vol, c’est ...**

Coupant court aux babillages de Mâyuri, il s’avança de quelques pas, se rapprochant de la jeune fille avant de s’accroupir dans l’herbe, ses iris fauve chargés d’une nuance soucieuse. Il ne voulait pas l’effrayer, aussi s’efforça-t-il de prendre une voix douce pour signaler sa présence.

« Excuse-moi, est-ce que tout va bien ? Tu as besoin d’aide ? Je suis Kissare, et voici ma Liée Mâyuri. » Il indiqua d’un geste la Verte à son côté, qui s’inclina gracieusement tout lui adressant un clin d’oeil chaleureux. « Si tu n’as pas encore mangé, je peux partager mon pain avec toi – un tapotement de sa besace, où la miche devait à présent commencer à refroidir – et ensuite nous pourrons aller trouver ton Maître tous les trois. »

Un sourire rassurant vint adoucir les fiers contours d’oiseau de proie de son visage, et il lui tendit une main secourable, la laissant libre de la saisir ou non.

**Ooh, tu es vraiment un amour, Kissare-chéri. Le Màr Menel a beaucoup de chance de t’avoir.**

Là où d’autres auraient pu y voir une forme de gentille moquerie entre âmes sœurs, le Torhil lui, ne put que constater, avec une égale consternation, la vibrante sincérité qui émanait des paroles de Mâyuri, et le rouge d’embarras qui lui empourpra aussitôt les joues, quoiqu'à peine visible sous son teint basané.
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MessageSujet: Re: [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page   [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Icon_minitimeSam 13 Fév 2021 - 16:07

L’esprit hagard, la jeune femme contempla en silence son reflet dans l’eau moirée et chantante du petit ruisseau, comme s’il allait lui offrir la solution de tous ses problèmes. Les yeux rivés sur l’écho nébuleux de son visage qui ne trahissait rien de l’accablement qui l’habitait, derrière chaque pétale de fleur, chaque feuille, chaque rayon de lumière, Jorgga espérait trouver une réponse qui ne venait jamais. Une angoisse sourde la saisit à la gorge. Quand cesserait-elle enfin d’avoir peur ? De douter ? Un terrible poids lui comprimait la poitrine. Son cœur ne battait plus, il cognait à tout rompre ; elle inspira profondément l’air fleuri pour se calmer. Aurait-elle un jour l’impression rassurante d’être à sa place ? Connaîtrait-elle jamais un sentiment de pleine sécurité ? Chaque fois qu’elle croyait enfin s’en approcher, elle était ramenée brutalement à la réalité. Au cœur de sa peur.

Plongée dans ses souvenirs, Jorgga n’entendit pas le bruit des pas qui se rapprochaient de plus en plus d’elle. C’est d’abord une odeur légère et furtive qui attira son attention, rabattue par la brise matinale comme pour la distraire de l’autarcie dans laquelle elle venait de s’emmurer. La bonne odeur du pain encore chaud pris rapidement le dessus sur le suave parfum des fleurs épanouies, de la rosée céleste et de l’herbe fraîche ; A ces flagrances florales et mielleuses se mêlèrent celles, plus fortes et pénétrantes, qui imprégnaient ses vêtements - l’odeur âcre des fourrures, les effluves végétales de son chemisier en lin, qui n’étaient pas sans rappeler le romarin et la sauge et celle, plus huileuse, de ses longues bottes en cuir teinté-. Avant même que Jorgga n’ait eu le temps de trouver la source de ce parfum, une voix douce et harmonieuse vibra à ses côtés, comme la corde pincée d’une harpe.

Un peu désorientée, la jeune femme n’eut pas l’air de l’avoir bien compris, ni même entendu. Lentement, ses yeux errèrent sur les branches inférieures des vieux arbres, sur les cascades d’eau trouble et les ailes frémissantes des oiseaux, avant de se poser sur la silhouette d’un homme qui la dévisageait, sagement accroupi à ses côtés. Lorsqu’elle croisa l’ocre brûlé de ses yeux, son cœur s’arrêta dans sa poitrine. Il avait l’air à la fois préoccupé et soulagé. Affable et d’une douceur apparente d’un homme qui ne s’emporte jamais. Jorgga ne put s’empêcher de le trouver très séduisant ; à le voir ainsi, dans cette posture amicale et bienveillante - qu’il n’avait pas quitté pour lui parler - il émanait de cet homme une certaine aura et une grande sérénité dont elle était totalement dépourvue à l’instant présent. Quoi que jeune encore, il portait sur ses traits les traces d’une vie agitée. On l’aurait dit sculpté dans le quartz, mais en quartz usé par les orages aujourd’hui partis, par les eaux agitées le matin, et maintenant calmées sous la brise bienfaisante du crépuscule. Sa haute stature, son teint naturellement hâlé, ses lèvres épaisses et son front haut et carré, tout indiquait en lui qu’il n’avait très certainement pas vu le jour sur le même continent qu’elle. Humain ? Certainement pas. Quoi que...Plissant les yeux, elle fit glisser son regard de l’homme à la femme qui l’accompagnait.

Elle était d’une beauté à nul autre pareil. Car comment la définir autrement ? Durant un court instant, qui sembla durer une éternité, Jorgga l’envia, l’admira, la jalousa même.

Se détournant vivement d’eux, la jeune aspirante laissa de nouveau son regard se noyer dans l’eau frémissante du ruisseau. Par tous les dieux du Rhaëg ! Depuis qu’elle avait quitté le continent d’Undomë sur le dos de Norloth, il y a plusieurs semaines de cela, elle n’avait guère changé ! Sous ses épaisses peaux de bêtes, elle était toujours aussi morne, sauvage et farouche comme l’ours. Elle avait les mêmes yeux en amande d’un bleu intense et profond, sous un front haut et couronné de fins cheveux bruns ondés, qui glissaient comme des vagues le long de son dos, jusqu’au creux de ses reins. Son visage avait peut-être un peu vieilli, mais il était resté toujours aussi pâle avec ses fossettes au coin de la bouche et ses fines veines violacées qui le parcouraient. Lorsqu’elles s’ouvraient comme pour donner passage à un éclat de rire, ses lèvres laissaient dévoiler de jolies petites dents blanches et solides sur une gencive rosée. Ses traits graves et réguliers, le frémissement nerveux de ses mains dans le flot de sa chevelure indomptable et son accoutrement dépenaillés, tout en elle trahissaient son ascendance nordique, mais pas que. Aujourd’hui, personne à An-Fhuär ne pourrait douter qu’elle fût bien la fille d’Atholf Vadrak. Son nez aquilin rappelait plutôt celui de sa mère - si tant est qu’elle soit bien sa vraie mère -, mais sa mâchoire carrée, son regard élevé et franc, son menton un peu court, reflétaient davantage ceux de son géniteur. Contrairement à cet homme, Jorgga n’avait pas hérité de son allure charpentée et de son assurance à toute épreuve qui l’avait rendu si populaire auprès de son peuple ; pour le reste, elle avait les épaules robustes et les jambes finement musclées des hommes des montagnes, sculptées par le dur labeur qu’elle effectuait à la chasse depuis sa plus tendre enfance.

Je suis bien la fille de mon père, se répéta-t-elle comme un écho.

Une évidence qui la tracassait beaucoup plus que d’accoutumé et l’empêchait parfois de trouver un semblant de paix.
Lentement, un doute qu’elle n’était pas parvenue à dissiper complètement s’était insinué dans son esprit. Atholf avait quitté ce monde dans des circonstances encore troubles, quoi qu’en dise le guérisseur du village. Puis elle avait appris, de la bouche même de son Maître, qu’Atholf Vadrak avait très certainement été un ancien Chevalier-Dragon. Était-ce seulement une coïncidence que quelques semaines après son décès elle soit découverte par l’un des Maîtres du Màr Menel ? Secouant la tête pour chasser l’émotion qui commencer à la gagner, Jorgga soupira. Elle n’avait pas encore osé aborder ce sujet qui lui brûlait les lèvres et l’effrayait instinctivement avec Altahir et Norloth. Qu’allait-elle apprendre sur le passé de son père ? De lui, il ne lui restait plus que des souvenirs et elle ne voulait pas les perdre.

«...et ensuite nous pourrons aller trouver ton Maître tous les trois. »

Trouver son Maître ? Altahir ? Hein ? Non !
Se tournant vers Kissare, Jorgga l’observa sans mot dire tandis qu’il lui tendait une main secourable.

« Non ! » lâcha-t-elle finalement d’une voix avec un accent aux intonations campagnardes plus prononcées qu’à l’accoutumée. « Enfin oui, non...non...ce n’est pas ce que je voulais dire ! »

Lentement, les grands yeux bleus de Jorgga se posèrent sur Mâyuri. Elle était si belle, unique, comme une fleur qui vient de naître, comme un ciel de printemps.

« Il n’est vraiment pas nécessaire d’aller trouver mon Maître ! » finit-elle par dire, ne sachant comment se comporter avec cet homme et sa Liée qui souciaient tant d’elle. « Il n’est pas au courant je me trouve ici. Et puis il est encore très tôt. La vie de Maître-Dragon n’est pas de tout repos vous savez. Enfin...vous savez très certainement oui. Je ne veux vraiment pas qu’on le dérange, s’il-vous-plaît ! Il a déjà bien assez à faire avec moi tout au long de sa journée. Et croyez-moi, les journées avec moi peuvent être véritablement épuisantes ! »

Jorgga saisit la main tendue par Kissare et se releva.

« Pour vous dire la vérité, je viens ici lorsque je ne trouve pas le sommeil. Je préfère dormir dans l’herbe à la belle étoile que dans ces grands lits froids. Je crois que je ne me suis pas encore totalement habituée au confort qu’offre cette cité. Oh, je ne me suis pas encore présentée : je suis Jorgga Vadrak, l’aspirante du Maître-Dragon Altahir Nordan. Celui qui dort encore et qu’on ne doit pas déranger. D’accord ? »

Faisant appel à sa fierté, elle se força à sourire alors qu’au dedans elle se sentait ridicule et mal à l’aise.
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Heryn Amlug
Dame du Kaerl Céleste
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MessageSujet: Re: [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page   [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Icon_minitimeDim 28 Mar 2021 - 19:22

[RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Kissar11_&_[RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Mayuri10 [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Mayuri11
Kissare Amarsin & la Verte Mâyuri
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Theme Song :
On the Nature of Daylight - Max Richter

Prise dans les rets de ses pensées, engluée peut-être encore dans la toile d’Aran’Rhiod, la pâle jeune fille n’avait pas immédiatement réagit à sa présence. Comme l’aurait fait un animal, elle avait lentement relevé la tête, cherchant la source de ce qui venait troubler ses sens. Ses yeux avaient balayé, égarés, les arbres autour d’elle, puis la source jaillissant quelques pas plus loin. Patient et respectueux de son espace personnel, Kissare avait attendu qu’elle le remarque enfin. Lèvres résolument closes, l’Aspirante avait finalement croisé son regard paisible, son visage sauvage exprimant tout le choc de le découvrir si près. S’attardant quelques instants à le détailler, elle avait semblé ensuite irrésistiblement attirée par la silhouette verdoyante de Mâyuri, qui, les mains croisées derrière le dos, n’avait pu contenir une vague de pur orgueil. La jeune fille, captivée, irradiait de toute l’admiration qu’elle pouvait ressentir à la vue de la dragonne.

Un rire argentin échappa à la Verte, aussi cristallin que les eaux chantantes de la source, et elle se pencha en avant, venant s’appuyer sur l’épaule de son Lié, tandis que la brune se détournait brusquement, rembrunie par d’obscures pensées. Le silence s’étira, accompagnant le passage paresseux des secondes, toujours sans que la jeune fille ne leur fasse grâce d’une réponse.

Son front se ridant d’un pli chagrin, Kissare en vint à se demander si la nouvelle arrivante au Kaerl parlait ou non la langue commune. Cela arrivait parfois, avec les Aspirants récupérés dans des contrées reculées et isolées, où les contacts avec la civilisation se faisaient rares. Dans ces cas là, les dragons servaient d’intermédiaire à la communication, le temps que leur apprentissage de la langue se fasse. Cependant, la jeune fille n’avait pas fait mine de réagir non plus à la tirade affectionnée de Mâyuri. Peut-être était-elle tout simplement muette, et pas encore assez aguerrie pour dialoguer par la pensée avec la Verte ? A moins que leur présence ne lui soit tout simplement indésirable ...

**La pauvre chérie a l’air tellement perdue ! Oh, Kiss, on ne peut pas la laisser comme ça !**

Il ouvrait la bouche pour reprendre la parole, prêt à tenter d’autres langues – le Vårkendø avait l’avantage d’être compréhensible par la plupart des peuplades du grand Nord, malgré quelques divergences dialectiques locales – quand la brune sursauta soudain, et qu'un flot de paroles décousues s’écoula de sa bouche. Clignant des yeux devant une telle précipitation, le Torhil échangea un regard déconcerté avec sa Liée. Oui ou non ?

Aussi pure et fraîche qu’un lys tout juste éclos, Mâyuri adressa à l’Aspirante un sourire encourageant, apaisant, surprenant à nouveau le regard envieux qu’elle avait posé sur elle. Il était évident que la petite ne se sentait pas à son aise, comparant visiblement son apparence miteuse à la sienne, et la dragonne comptait bien y remédier au plus vite. Secouant la tête sans chercher à cacher totalement sa réprobation, la Verte fit claquer sa langue, mais se reprit rapidement.
Bon. Au moins étaient-ils sûrs à présent qu’elle les comprenait. Une chose après l’autre. D’abord parer aux besoins primaires essentiels – nourriture, boisson, sécurité – et ensuite il serait toujours temps d’aller tirer de son lit son maître indigne. Et de résoudre certaines problématiques relatives à l’hygiène. La petite avait besoin de vêtements propres et d’un bon bain.

*Si ça fait peu de temps qu’elle est arrivée au Kaerl, elle n’ose peut-être pas le déranger. Ce serait compréhensible.*
**Eh bien moi, je n’hésiterai pas un seul instant à le faire. Norloth va m’entendre !**
*Doucement, on ne connaît pas encore la situation dans sa globalité.*

Boudeuse, la dragonne détourna la tête, sa silhouette de nymphe se brouillant d’une vive lumière pour laisser apparaître un corps sinueux vêtu d’écailles de jade. Ajustant le tombé de ses ailes, elle souffla de satisfaction alors que la jeune fille se saisissait ENFIN de la main de son Lié. Ah, tout de même ! Personne ne pouvait rester longtemps indifférent au charme naturel de son frère d'âme !

« Enchanté, Jorgga Vadrak. »
**Enchantée, Jorgga Vadrak.**

Mâyuri lui adressa un clin d’oeil enjôleur, en apparence parfaitement innocent, dont Kissare savait qu’il n’était que la première étape dans son programme de séduction de l’Aspirante. Le Torhil réprima un soupir contrit. Jorgga n’avait aucune chance. Toute résistance serait vaine. Lui faisant signe de le suivre, l’Archiviste entreprit de se diriger d’un pas tranquille vers un banc de marbre non loin, où ils pourraient s’installer pour partager son pain.

« Si tu souffres de cauchemars, je peux t’accompagner jusqu’à l’Infirmerie, si tu préfères laisser ton Maître en dehors de ça. J’ai un ami là-bas qui est un très bon Guérisseur. » Il esquissa un fin sourire et poursuivit d'une voix douce. « Même s’il prétend le contraire. »

**Tu peux faire confiance à Selcot, je suis certaine qu’il trouvera quelque chose pour t’aider !**

Scrutant le visage de Jorgga à la recherche de la moindre réaction face à la mention du nom du Chevalier Vert, Mâyuri déploya délicatement dans son esprit d’infimes volutes mentales chargées de chaleur et de paix. La jeune fille ne tarderait pas à se sentir plus détendue en leur compagnie.

« Alors Jorgga, comment trouves-tu le Kaerl Céleste ? Cela doit te changer de ton pays natal. »

Se laissant tomber sur le banc, il tira de sa besace la miche de pain tièdissante, dont il rompit un large morceau pour le tendre à la jeune fille.

**Est-ce que tu as laissé des proches là-bas ? Peut-être qu’ils te manquent ? Tu pourras aller les retrouver quand ton âme sœur sera assez grande. En attendant, tu peux compter sur nous pour prendre soin de toi. Le Màr Menel est comme une grande famille, tu verras !**

Pas comme ce coureur de jupon d’Altahir qui devait présentement être en train de cuver après les excès de la nuit passée. Gardant cette dernière pensée par devers elle, la dragonne s’allongea dans l’herbe, le bout de sa queue ondulant malicieusement, ses prunelles aussi vertes que ses écailles.
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MessageSujet: Re: [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page   [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Icon_minitimeDim 25 Avr 2021 - 13:43

Sa petite main posée délicatement dans celle de l’imposant Chevalier-Dragon, Jorgga plissa ses grands yeux bleus, comme éblouie par l’habit de lumière qui auréolait à présent autour de la silhouette onduleuse de la dragonnelle. Bien qu’ayant été plus d’une fois le témoin de cet étrange phénomène depuis son arrivée sur la terre des dragons, il fallut un petit moment à la jeune aspirante pour y voir un peu plus clair et retrouver ses esprits. Car, par une magie aussi fascinante que terrifiante, la peau blanche de Mâyuri avait soudainement laissé place à une imposante et puissante muraille d’écailles vertes qui étincelaient comme autant de pierres précieuses dans le pâle soleil du matin. D’une intense couleur vert paon sur la majeure partie de son corps, elles prenaient des nuances légèrement plus claires dans son cou et sous son ventre. Ses ailes puissantes, qui semblaient avoir été longuement façonnées dans le jade, reposaient élégamment sur ses flancs, tandis que dans ses grands yeux d’émeraude se reflétaient une échappée du ciel et une joie malicieuse. Charmante et mélodieuse, Mâyuri lui faisait un peu penser à la brise qui flatte les hauts sommets du continent d’Undomë ; A la fraîcheur d’une matinée de printemps et à la chaleur d’un foyer aimant ; Au murmure harmonieux d’un ruisseau, clair et joueur, qui serpente inlassablement entre la mousse et les pierres d’une dense forêt où filtrent les rayons du soleil.

« - Oh...je le suis également, » souffla Jorgga en esquissant un timide sourire.

Resserrant maladroitement sa lourde cape de fourrures autour de ses épaules, la jeune femme se laissa guider par Kissare vers un banc de marbre blanc, où les ombres imposantes des saules pleureurs gardaient farouchement des gouttes de rosée. Sous la caresse d’une brise légère, l’herbe verdoyante frémissait d’émotion et les arbres centenaires balançaient doucement leur cime en grinçant, sans douleur. Un petit ruisseau d’eau claire au doux murmure - semblable à la mélopée d’un troubadour ou d’un trouvère - serpentait à travers le grand jardin, servant à alimenter, çà et là, une multitude de petites cascades et étangs à poissons. Ce spectacle enchanteur que lui offrait le Jardin d’Hiver resserra le coeur de Jorgga qui, malgré tout ce qu’elle avait souffert avant de rejoindre les rangs des aspirants du Màr Menel, commençait à véritablement apprécier cet endroit. Bien sûr, il y faisait beaucoup plus chaud qu’à Undomë et les règles de vie y étaient bien plus strictes, mais la jeune femme semblait prendre ce léger inconvénient avec plus de philosophie qu’à son arrivée. Surtout qu’à en croire la buée qui couvrait progressivement de son voile les grandes verrières, le rude hiver guettait son heure à l’orée de la Cité.

Sur l’inattendue proposition de Kissare, Jorgga s’immobilisa soudainement au milieu de la grande allée de parterres, laissant l’homme prendre un petit peu d’avance sur elle. Puis, les joues revêtues d’un rose plus vermeil que celui des plus jolies fleurs du jardin, la jeune femme plongea son regard dans les yeux safrans du Chevalier-Dragon, semblant sincèrement se demander pourquoi cet homme et sa dragonne se donnaient tant de peine pour elle, alors qu’ils venaient tout juste de faire sa connaissance. C’était agréable certes, mais effrayant aussi. De nature plutôt discrète et sobre - lorsqu’on ne la mettait pas hors d’elle -, Jorgga n’était pas habituée à tant d’attention et c’était là sans doute l’un des raisons de son trouble. La gorge nouée par l’appréhension, elle balbutia quelques mots vagues dans sa langue natale, avant de répondre :

« - Non...Non, ce ne sera vraiment pas nécessaire. » Elle s’empressa d’ajouter, les yeux brillants d’émotion : « Je ne doute pas des qualité de guérisseur de Selcot, mais il y a des choses que je ne tiens vraiment pas à évoquer pour le moment, pas même...pas même avec cet homme. Ecoutez, je sais que vous voulez juste m’aider, mais je n’ai pas très envie de parler de mes problèmes. Là d’où je viens, ça ne se fait pas. »

Espèce d’idiote ! s’injuria intérieurement la jeune femme.

Si seulement elle avait su ce qu’elle savait à présent.
Et même si elle n’avait rien su de plus, si seulement elle avait eu la force.
Si seulement elle avait su, si seulement elle avait pu, si seulement...si seulement ce soir-là, elle n’était pas allée se réfugier dans la montagne. Si à cet instant, elle avait su qu’il ne lui resterait rien d’autre de son meilleur ami que la peur d’oublier son odeur, d’oublier les traits de son visage, d’oublier la couleur si particulière de ses iris, alors elle aurait fait les choses différemment.

Le coeur lourd de chagrin et les lèvres tremblantes, Jorgga reprit lentement sa marche vers le petit banc de marbre blanc, calquant son pas sur celui du bienveillant Chevalier-Dragon. Bercée par le chant mélodieux des oiseaux, le clapotis de l’eau et la douce chaleur de l’astre de Solyae, la jeune femme oublia peu à peu ses pensées mélancoliques et fût gagnée par un inhabituel et singulier sentiment de plénitude. Elle ne savait pas si c’était juste son imagination, ou l’improbable fruit de son tourment, mais son corps lui sembla plus léger, son pied plus agile et son oeil plus clairvoyant ; apaisée, rassurée, presque sereine en dépit de la familière culpabilité qui l’avait gagnée au souvenir de Grim, Jorgga avait l’impression qu’une grosse couverture chaude enveloppait tout son être.

« - Le Kaerl Céleste ? Cette citadelle est si grande qu’il m’a fallu plusieurs jours pour en mémoriser les moindres recoins ! » s’exclama la jeune femme sur le ton du plus vif émerveillement. « Enfin presque tous les recoins, j’imagine, » corrigea-t-elle immédiatement, certaine de ne pas avoir encore découvert tous les petits secrets du Màr Menel. « Je suis née dans un petit village minier, au pied de la plus haute montagne du continent d’Undomë. Un village si minuscule et étouffant, que je préférais de loin passer mes journées à chasser le gibier dans la forêt des grands pins qu’à...Enfin peu importe. Vous savez que respirer les effluves des résineux est particulièrement vivifiant ? »

L’esquisse d’un sourire sincère naquit soudainement aux commissures des lèvres de Jorgga. Une bulle de nostalgie vint éclater quelque part dans le creux de sa poitrine. Même si elle n’y avait que très peu de souvenirs heureux, son village natal lui manquait plus qu’elle ne voulait bien le reconnaître. Car qu’elle se trouve au Màr Menel, sur les berges du Delta du Cenedril, dans les ruelles de Lòmëanor ou aux pieds des splendides chutes d’Astrenuit, la jeune femme prenait toujours le temps de reporter avec attendrissement ses pensées vers le petit village où elle avait passé la plus grande partie de son existence.

Le coeur battant d’émotion sous ses épaisses peaux de bête et ses joues empourprées d’une rougeur enfantine, Jorgga retira hâtivement ses grosses bottes de cuir fourrée, s’assit en tailleur sur le petit banc de marbre blanc et attrapa entre ses doigts le morceau de main que lui tendait Kissare. Affamée, l’aspirante plongea avidement ses dents acérées dans la mie encore tiède de la miche. A trop s’absorber dans ses souvenirs, il lui arrivait parfois d’oublier complètement de manger. Ce qui lui valait, bien entendu, les remontrances d’Altahir.

« - J’avais une très grande famille là-bas aussi ! » rétorqua Jorgga aux paroles bienveillantes de la Verte, d’un ton plus froid qu’elle ne l’aurait souhaité.

Sa réaction disproportionnée plongea immédiatement l’aspirante dans l’embarras. En dehors de l’intérêt manifeste de Mâyuri pour elle - auquel elle ne s’était vraisemblablement pas encore habituée -, elle n’avait rien à lui reprocher et, en fait, cette dernière s’était même montrée parfaitement à la hauteur. Mais sauf à être dotée de la capacité de lire dans les pensées, la dragonnelle ne pouvait pas deviner toute seule que Jorgga peinait à maintenir un équilibre fragile, ni que, depuis la mort de Grim, elle avait érigé un mur protecteur autour d’elle, la rendant parfois un peu dure avec son entourage. Espérant se faire pardonner, la jeune femme déposa son morceau de pain sur un coin du banc et s’approcha doucement de Mâyuri. Puis elle tendit la main, et caressa le cou du dragon. Ses écailles étaient épaisses et douces. Elle se sentit comme électrisée à leur contact.

** Je suis certaine que mon père aurait été enchanté de faire ta connaissance, Mâyuri, ** souffla la jeune femme à son esprit, comme elle l’avait fait pour Norloth, le premier jour de leur rencontre. ** Jusqu’à sa mort, il a voué une véritable fascination pour les dragons. Quand je pense que je le prenais pour un fou avec toutes ses histoires rocambolesques ! Alors que tout était vrai. Tout dans ses récits était si...vrai. J’aurais tellement aimé qu’il soit encore là. **

Le sourire aux lèvres, Jorgga se tourna vers Kissare.

« - Dites, il y a des volcans sur le continent de Tol Orëa ? Ou bien des montagnes ? »
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Heryn Amlug
Dame du Kaerl Céleste
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MessageSujet: Re: [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page   [RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Icon_minitimeMer 5 Mai 2021 - 17:46

[RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Kissar11_&_[RP] La vie est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n'en ont lu qu'une page Mayuri10
Kissare Amarsin & la Verte Mâyuri
Archiviste du Màr Menel


Theme Song :
Happiness Does Not Wait - Ólafur Arnalds

Un sourire timide s’était épanoui sur le visage pâle de la jeune fille – Jorgga – suite à leurs solennelles salutations. Aussitôt, le cœur de Mâyuri s’était gonflé d’amour à son égard, poussant Kissare à contenir un roulement d’yeux consterné.

**Allons, allons, n’est-elle pas adorable ?**
*Là n’est pas la question, ma belle.*

Mais sa Verte était ainsi, et il était inutile de chercher à la changer. Si elle se plaisait à séduire et à être admirée, elle était aussi dotée d’un fort tempérament protecteur à l’égard des plus faibles. Mâyuri se voyait déjà adopter Jorgga, prendre soin d’elle comme d’une petite sœur, la guider à travers les méandres de la vie – civilisée – au Màr Menel et …

*Elle a déjà un Maître, au cas où tu aurais oublié.*

La dragonne se renfrogna, emboîtant le pas à son Lié ainsi qu’à la jeune Humaine, qui resserrait à présent maladroitement ses fourrures autour d’elle. Pauvre petite chose, si nerveuse et mal à l’aise dans ce nouvel environnement ! Elle avait bien de la chance d’être tombée sur eux. Mais tout irait bien, à présent, ils allaient prendre les choses en main. Et ainsi qu’elle l’avait énoncé, elle ne manquerait pas de signaler à Norloth que leur Aspirante avait pris la terrible habitude de passer ses nuits à la belle étoile. Ce n’était définitivement pas acceptable.

Pendant quelques instants, ils cheminèrent paisiblement de concert, Kissare en tête du petit groupe, jusqu’à ce que sa belle voix grave ne vienne trancher le silence, proposant d’accompagner Jorgga jusqu’à l’Infirmerie. Se stoppant net, la jeune fille s’était empourprée de manière tout à fait charmante, paraissant soudain complètement confondue par tant de gentillesse. Non, vraiment, son Torhil semblait inconscient de l’effet qu’il faisait sur les gens. Mâyuri retint un gloussement amusé, qui aurait été pour le moins malvenu dans la présente situation. Pour lui, venir en aide à son prochain, même à un parfait inconnu, était aussi naturel que de respirer, malgré son caractère réservé : c’était ainsi qu’il avait été éduqué après tout, dans le respect des valeurs Célestes. Ah, si noble et si loyal ! La Verte soupira, couvant Kissare d’un regard affectueux.

**Je t’aime, mon Lié. Je suis heureuse que ce soit toi qui partage ma vie.**

Lui jetant un regard vaguement surpris – il avait appris avec le temps à ne plus trop se formaliser de ce genre de (fréquentes) déclarations venant de son âme-sœur – il se tourna plutôt vers Jorgga, son expression dénuée de tout jugement. C’est à peine si un sourcil se haussa, lorsque l’Aspirante marmonna quelques mots inintelligibles dans sa langue natale. Undòmë, donc. Il ne put empêcher ses iris fauves de s’assombrir lors de la rebuffade de la petite brune, mais se contenta de hocher silencieusement la tête sans répondre.

**C’est pourtant évident que cela lui ferait beaucoup de bien de pouvoir vider tout ce qu’elle a sur le cœur ! Cette pauvre enfant !**

Il comprenait son sentiment. Inutile de la brusquer. Il était évident qu’elle n’allait pas se confier au premier venu, et il n’était de toute façon pas très à l’aise avec ce genre de choses. Il prêtait une oreille attentive à qui en ressentait le besoin, mais ne savait pas toujours que dire ou quoi conseiller. Selcot – et Mâyuri, évidemment – étaient bien plus doués que lui sur ces plans là.

Le Torhil lui adressa néanmoins un sourire encourageant, se remettant en mouvement, laissant le soin à sa Liée d’entourer la jeune fille d’ondes apaisantes et chaleureuses, pour atténuer, ne serait-ce qu’un peu, le chagrin dont elle semblait irradier. Étroitement intriquées dans la douce mélodie de la nature environnante, ces sensations viendraient se déposer sur ses plaies comme un baume de légèreté, soufflant au loin sa douleur.
Prenant place sur la pierre encore fraîche en cette heure matinale, il l’invita à faire de même, lui tendant un morceau de pain à la croûte délicatement dorée, l’interrogeant sur ses impressions à propos du Màr Menel, Mâyuri ponctuant ses questions de remarques de son cru. Kissare espérait sincèrement qu’ainsi que la Verte le lui avait énoncé, la jeune fille se ferait rapidement à son nouvel environnement. Passer ainsi des montagnes sauvages à la blancheur éclatante du Kaerl Céleste avait de quoi être déroutant.

A l’expression d’émerveillement qui se peignit sur son visage, le Chevalier Vert répondit par un rire discret, tandis que sa Liée s’exclamait gaiement : **Oh mais il y a encore bien des coins et des recoins qu’il te reste à découvrir, j’en suis persuadée ! Si tu viens avec moi un autre jour, je te les montrerai.**

« Mâyuri ... »

Ses grandes prunelles d’émeraude traversées par de subtils éclats de topaze, la dragonne détourna la tête, soufflant quelques volutes de fumée par les naseaux.

**Mais si tu préfères, tu peux aussi demander à ton Maître. Altahir est un expert pour ce genre de choses.**

A la remarque étourdie de la Verte sur ‘‘la grande famille qu’elle trouverait au Kaerl’’, la jeune fille se hérissa soudain une nouvelle fois, lui répliquant sèchement qu’elle avait déjà une famille qui l’attendait dans son village natal. Grimaçant franchement, Kissare put ressentir la peine qui frappa sa Verte à ces mots, contemplant d’un air désolé ses ailes et sa queue se replier sagement à ses côtés, comme pour se faire oublier.

*Je suis sûr qu’elle ne pensait pas à mal, ma chérie ...*

Un reniflement mental parfaitement exagéré éclata dans son esprit pour toute réponse, et Mâyuri posa la tête sur ses pattes avant, vivante image de l’accablement draconique. Avec ça, il était certain qu’il en entendrait encore parler pendant des jours et des jours ...
Du bout des doigts, il effleura distraitement la pierre lisse, en percevant toutes les fines anfractuosités. A présent, devait-il poursuivre la conversation comme si de rien n’était et ignorer sa dragonne malheureuse ; ou bien chercher à la consoler ouvertement, au risque de culpabiliser Jorgga ? L’Aspirante le tira de son dilemme insoluble avant qu’il ne puisse trancher en faveur de l’une ou de l’autre, tendant une main timide pour caresser la parure de malachite qui faisait la fierté de sa Liée. Sous son contact, les paupières de cette dernière se fermèrent doucement, et elle laissa échapper un ronronnement sonore. En voilà une qui savait comment se racheter !

Entr’ouvrant un œil approbateur sur la petite Humaine, Mâyuri bailla, dévoilant d’impressionnants crocs d’ivoire.

**Au moins, elle se débrouille plutôt bien pour ce qui est des échanges télépathiques. C’est un bon point pour elle.**
*Peut-être a-t-elle réellement perdu des proches là-bas. Ou a-t-elle l’impression de les avoir abandonnés … Il vaudrait mieux éviter de l’interroger sur sa famille à l’avenir, si elle n’aborde pas le sujet elle-même.*
**Hmm. Ne sois pas si timoré. Si nous voulons l’aider, nous devons en savoir plus sur ce qui la ronge. Je poserai la question à Norloth.**
*Mâyuri !*

Mais déjà la dragonne s’était détournée de lui, frottant sa large tête entre les mains de la jeune fille. Kissare se pinça l’arrête du nez, réprimant un soupir. Il aimait profondément sa dragonne, plus encore que sa propre vie, mais elle pouvait se montrer parfois si … Ah ! Les mots lui manquaient pour décrire parfaitement cette mauvaise habitude qu’elle avait, de vouloir se mêler tout le temps de tout. Et surtout de ce qui ne la concernait pas. Il craignait un nouvel éclat – quoi que légitime, tout bien considéré – qui viendrait à nouveau blesser le cœur tendre de la Verte.

**Tol Orëa est entouré d’une haute chaîne de montagnes, sur presque tout son pourtour, alors, ce n’est pas ce qui manque ! Tu ne le savais pas ?**

A la mention des volcans, et des récits ‘‘pourtant si vrais’’ que le père de Jorgga lui racontait, Mâyuri échangea un regard soucieux avec son Torhil, sans pouvoir taire le soupçon qui avait pris naissance au creux de sa poitrine. Une telle remarque ne pouvait être anodine, et pourtant l’Aspirante ne paraissait pas savoir ni même se rendre compte de ce que cela impliquait.

« On trouve des volcans tout au nord de la Terre de l’Aube. On les appelle les Pics de Cendre … Mais je ne saurais que te conseiller de te choisir une autre destination touristique si tu veux explorer le continent : les gens qui y vivent ne sont pas tendres avec les étrangers. » Kissare fit une courte pause, touchant inconsciemment la cicatrice qui marquait le haut de sa pommette. Il prit ensuite une grande inspiration avant de se jeter à l’eau, baissant la voix. « Il existe un autre Kaerl là-bas, le Màr Tàralöm. Cependant, leurs valeurs diffèrent drastiquement des nôtres. Ils n’hésiteront pas à te faire du mal si tu franchis les limites de leur territoire. »

Lui adressant un pâle sourire pour adoucir un tant soit peu la gravité de sa réponse, il ajouta :

« Je travaille aux Archives, c’est mon métier au Kaerl – en plus d’être Chevalier Dragon, bien sûr. Si tu veux, je pourrais t’y montrer l’ensemble de Tol Orëa sur une carte. »
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