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 [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"

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Heryn Amlug
Dame du Kaerl Céleste
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Heryn Amlug


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MessageSujet: [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"    [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Icon_minitimeJeu 3 Aoû 2023 - 22:16

[RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Kieran-de-galastden-freckles-new-vava-tolorea__[RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Cassian_seldryn_avatar_tolorea
Kieran de Galastden & le Bronze Seldryn
Seigneur Consort du Màr Menel


Theme Song :
Tozo Hanoline – Made in Abyss OST


L’amour d’un père est plus haut que la montagne. L’amour d’une mère est plus profond que l’océan. – Proverbe japonais

~ Début Llefelysku 920

C’était une après-midi comme une autre au Màr Menel, si tranquille en apparence, semblable à celle des longs mois qui l’avaient précédée, accompagnée par le son délicat de notes de harpe égrenées paisiblement. Un timide soleil brillait, voilé par des nuages moutonneux éparses qui traversaient paresseusement le ciel d’hiver. Rien n'indiquait ainsi que la matinée ait été passée à débattre avec le conseil des Hautes Sphères sur l’avenir du Kaerl, en particulier sur les relations que la Dame estimait souhaitable d’établir avec les autres Ordres Draconiques ... Sujet houleux qui n’avait manqué, comme toujours, de susciter des oppositions.

A son plus grand regret, aucun accord formel ni compromis n’avait encore une fois pu être trouvé entre les différentes Maisons. A force de répéter sans cesse la même scène, en vain, Heryn commençait à perdre patience devant l’évident refus de comprendre que lui opposaient, entre autre, les Galastden. Et parmi eux, en guise de figure de proue, son propre Second, Ambroise de Leysse ... De quoi donner la migraine et des envies de violence même au plus acharné des diplomates.

Dans ces occasions-là comme dans bien d'autres, elle savait pouvoir compter sur toute l’aide et les connaissances de son époux pour naviguer dans les eaux troubles de la politique. Mais comment ne pas en éprouver une culpabilité certaine, de se reposer sur lui en sachant que son dur labeur ne serait pas officiellement reconnu par sa famille ?
Ambroise et Kieran se toléraient, au mieux, s’ignoraient au pire, en un statu quo qui restait immuable depuis bien des lunes. Et devoir en permanence jouer le tampon entre les deux hommes ne lui facilitait pas la tâche, bien au contraire, même si cette situation était préférable à les voir l’un et l’autre se sauter mutuellement à la gorge.

Un soupir s’échappa de ses lèvres sans qu’elle n’en ait réellement conscience, tandis que ses doigts continuaient leur ballet sur les cordes de sa harpe, qui laissait résonner dans les appartements seigneuriaux sa douce mélodie.

Assis dans un fauteuil face à la cheminée, Kieran avait un instant relevé la tête des parchemins qu’il examinait pour reporter son attention sur leur fils en train de jouer sur le tapis à ses pieds. L’expression concentrée, Ilweran s’affairait à construire une tour de cubes, sous le regard attentif de Seldryn accroupi à ses côtés. Si les blessures du passé paraissaient avoir cicatrisé en surface, le Bronze et sa compagne Dorée ne restaient toutefois jamais bien longtemps éloignés de leurs liés respectifs, comme d’un accord tacite. Le pouvoir n’allait pas sans heurt, ni sans danger, et ce même au sein de la citadelle Céleste, ainsi qu’ils l’avaient appris à leurs dépends.

Un « NON ! » vigoureux accompagna le son de la chute des cubes de bois sans interrompre pour autant la mélodie, le garçonnet apparemment insatisfait de l’intervention du dragon dans sa construction.

« Ilweran, sois gentil avec Seldryn. » Le ton était celui d’une bienveillante réprimande. Le grand Bronze éprouvait une affection certaine pour leur fils, et la fascination mutuelle qu’ils exerçaient l’un sur l’autre était généralement très amusante à observer.

« L’esprit des bipèdes est encore si … incroyablement primitif à cet âge-là. Et pourtant, ton rejeton a déjà un caractère bien affirmé. » Il était difficile de dire si le Bronze en éprouvait de la fierté ou bien de l’irritation. « Mais je crois savoir de qui il le tient. » Les sourcils du saurien se froncèrent sur Kieran, vaguement sarcastiques.

« Hmm, tu me parais un peu trop commodément rejeter la faute sur moi. Peut-être faudrait-il réitérer l’expérience pour en être bien sûr. Un petit frère ou une petite sœur ... »

Cette fois, la mélodie se fit dissonante tandis que les doigts de Heryn trébuchaient sur une corde, en tirant quelques notes heurtées, perdant le fil de ce qu’elle était en train de jouer. Elle croisa le regard vert de son époux malicieusement posé sur elle, le coin de ses lèvres imperceptiblement relevé en un sourire réprimé.

« Je vous prierais, mon seigneur et époux bien aimé, de bien vouloir ne pas prendre de telles décisions sans me consulter. » Le rouge lui étant subitement monté aux joues, l’effet du regard accusateur qu’elle lui adressa en fut certainement grandement atténué. Impassible, Seldryn quant à lui n’avait pas cillé, se contentant de hausser les épaules, l’air de dire que tout ceci ne le concernait plus.

« Que ma Dame me pardonne, vous m’en voyez confus. J’ignorais qu’une telle idée puisse provoquer en vous un si grand émoi. »

Il n’en pensait bien évidemment pas un mot. Il reprit prudemment, son expression laissant lentement place à sa gravité coutumière :

« Tu as l’air soucieuse. »

Délaissant sa harpe, elle se leva pour esquisser quelques pas nerveux, se mordillant les lèvres, avant de placer finalement ses poings sur les hanches, se voulant faussement indignée.

« Ce n’est pas toi qui va devoir le porter pendant dix lunes ! » La jeune femme atténua la sécheresse de sa remarque d’un sourire grimaçant, bien peu convaincant. Une nouvelle grossesse ... Il y aurait toujours un risque de complications, Nalesean l’avait prévenue. Et elle n’était pas sûre d’avoir la force morale de prendre ce risque une fois encore. Son époux ne répondit rien, patient, se contentant d’attendre. Il respecterait ses choix, quels qu’ils soient.

Après quelques instants, la Fëalocë secoua la tête, s’avouant vaincue. Elle avait confiance en lui de même qu’en son jugement, et ne souhaitait pas lui mentir sur la véritable nature de ses réflexions. Quant à un deuxième enfant ... La question attendrait.

« J’ai demandé à rencontrer Semperya tout à l’heure ... »

Elle pouvait sentir ses iris d’émeraude posés sur elle, méditatifs, sans toutefois oser croiser son regard.

« A propos de la réunion de ce matin ? C’est plutôt une bonne chose, non ? »

Heryn acquiesça, cherchant comment formuler la suite sans froisser l’orgueil délicat de son compagnon. A défaut d’être amicale, la relation entre elle et la nouvelle dirigeante de la Maison Galastden s’était établie sur une forme d’échanges cordiaux et respectueux. Elle concevait l’espoir, peut-être insensé, que la guerrière saurait se laisser convaincre si elle employait les bons arguments.

Un soupir ténu, et elle vint s’installer aux côtés de Kieran, se perchant sur le large accoudoir du fauteuil, son aimé glissant sa main dans la sienne pour venir y déposer un léger baiser. A leurs pieds, Ilweran babillait insoucieusement, chantonnant dans une langue qui lui était propre et qui n’empruntait au Commun que quelques mots oubliés de ci, de là.

« J’aimerais qu’elle intervienne en notre faveur auprès de Ambroise. Peut-être écoutera-t-il Semperya … Si ce n’est parce qu’il s’agit d’une vétérante de la Maison Galastden, au moins en tant que parente, sympathisante ou amie, que sais-je ... »

Aussitôt que le nom d’Ambroise fut prononcé, l’éclat de ses yeux verts se durcit, une vive amertume et bien ancienne douleur émanant de lui, nettement perceptible à travers son empathie. L’inimitié qui liait les deux hommes était trop complexe, et pour ce qui la concernait, elle-même trop impliquée émotionnellement pour venir tenter d'en desserrer cette emprise qui l'écorchait vif.

« Je doute que ‘monseigneur de Leysse’ se laisse ployer par qui que ce soit. » Un reniflement ouvertement méprisant. « Peut-être est-ce pour compenser le fait qu'il s'aplatisse devant sa propre femme. »

« Kieran ... »

Ses doigts se resserrèrent sur les siens, comme pour venir y chercher du réconfort, et il leva les yeux vers elle, son expression s’adoucissant tandis qu’une vague d’amour l’envahissait. Elle s’en voulait tant de lui imposer cette restriction, de le laisser avec ce sentiment d’injustice irrésolu ...

« Je te souhaite de réussir. Semperya est raisonnable. Elle prendra au moins le temps d’écouter ce que tu as à dire. Et au pire, vous pourrez toujours échanger des anecdotes sur votre adorable progéniture respective. »

***

A l’heure dite, elle s’était rendue dans la galerie des portraits qui jouxtait l’Amphithéâtre, s’assurant d’être suffisamment en avance pour arriver la première. Semperya de Galastden n’était pas une personne que l’on faisait impunément attendre … Surtout lorsqu’on avait un service de nature si délicate à lui demander.

Aussi la jeune femme passait-elle d’un pied sur l’autre, sous la peinture dite des « Trois Héritiers », le ventre soudain noué par l’appréhension et le cœur battant. En quittant ses appartements, après avoir embrassé son époux et son fils, elle s’était fait l'étrange impression d’un soldat partant en guerre.
Si l’opinion de la Dirigeante était déjà réservée à son égard, elle n’était guère reluisante concernant Kieran : mener cet entretien seule s'avérait donc l'option la plus viable pour la réussite de leurs projets … Pour autant qu’elle aurait apprécié pouvoir s’appuyer sur la présence rassurante de son aimé, et que la cassure nette entre lui et sa famille la peinait profondément.

Elle espérait au fond d’elle même parvenir à ouvrir le cœur de la redoutable Fëalocë, si elle se montrait suffisamment sincère avec elle.

Prenant une profonde inspiration pour se calmer, Heryn puisa dans la force rassurante de Rintrah, lovée dans le creux de son esprit, et leva le regard sur les trois hommes représentés sur la peinture. Autrefois accrochée dans son bureau, elle avait jugé que sa juste place était ici, au milieu des autres œuvres, où tous pouvaient l’admirer et venir lui rendre hommage.
Certains jours, le poids du passé se faisait si étouffant en elle... Qu'elle en avait l'impression d'être à nouveau aussi fragile qu'elle l'avait été après les deuils successifs qui l'avaient frappée de plein fouet. Anéantie par la perte. Se sentant comme incapable de trouver la force de s'en sortir seule. Logain lui manquait. Jasdrian lui manquait. Anatheo... Même Anatheo, quoi que sa douleur soit teintée de regrets, lui manquait, au souvenir des moments heureux et insouciants qu'ils avaient partagé tous ensemble.

« Logain, si vous étiez encore en vie, qu’auriez-vous fait à ma place ? » souffla-t-elle à mi-voix au Torhil brun et souriant du portrait.

Elle n’eut cependant pas le temps de s’appesantir sur la question, car déjà le son d’énergiques enjambées annonçait l’arrivée de son invitée, l'incitant à pivoter dans la direction du bruit pour accueillir convenablement cette dernière.
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Persée Garaldhorf
Chevalier Errant
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Persée Garaldhorf


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MessageSujet: Re: [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"    [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Icon_minitimeMer 9 Aoû 2023 - 19:57

[RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Semperya_de_Galastden & [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  E4m8
Semperya de Galastden & la Verte Nymeria
Dirigeante de la Maison Galastden

The Wolf and the Hanged Men - Daniel Pemberton (King Arthur OST)


Le miroir renvoyait le visage d’une étrangère. Sous les lourdes boucles évoquant le cinabre perçaient deux yeux pers, ceints de cercles sombres comme des tranchées creusées par mille et un cauchemars. Liseron insidieux, les lignes de l’âge retraçaient l’histoire de leur propriétaire dans le pâle épiderme. Le regard acéré ne pouvait manquer de noter ce nez reconstruit à plusieurs reprises, à l’image du reste de son corps. Fracturé, resoudé, parfois branlant, toujours debout. Elle avait beau connaître ce visage par cœur, elle y distinguait encore l’étrangère. La branche greffée, au fruit hybride, de sang roturier, qui se rapprochait du ciel parce qu’on avait eu la bonté un jour de la placer dans la cime du plus bel arbre. Cette pièce rapportée occupait aujourd’hui les plus hautes sphères du royaume. Elle pensait avoir banni ce sentiment d’imposture depuis longtemps. Elle avait bataillé pour mériter cette place et jouissait de l’assurance de qui détient le pouvoir après l’avoir dûment gagné. Il n'aurait pas dû y voir le moindre doute. Pourtant s’attardait sur sa langue ce sentiment doux-amer d’avoir manqué quelque chose, d’avoir oublié une étape cruciale, d’avoir failli… On l’avait pourtant prévenue, au fil des années. La guerre n’était jamais terminée. Il lui faudrait vivre avec le doute, quoiqu’il arrive.

Les feux verts de son intransigeance quittèrent le miroir pour se poser sur un pli devant elle. La Louve Rouge s’était vu porter un curieux message. Elle ne s‘étonnait guère qu’on aille quérir son avis et qu’on espère faire usage de ses compétences. Elle incarnait à elle-seule l’image publique et les idéaux d’une Maison majeure du Màr Menel. Les responsabilités pesaient sur ses épaules en un lourd manteau d’or, où chaque souffrance endurée renforçait son prestige et son influence. Une audience privée, en revanche, l’intriguait davantage. Plus encore de la part d’une opposante politique, d’une souveraine qui ne se souciait guère de bafouer les valeurs des Galastden, plus encore d’une femme pour laquelle elle éprouvait des sentiments contradictoires. Cependant, le cœur n’entrait pas en compte ici. Seul comptait la raison. Et son devoir la poussait à répondre à l’invitation. Elle était prête à réviser son jugement si son interlocutrice montrait des efforts en ce sens. Mais elle n’avait pas pour réputation de chercher à plaire, aussi se doutait-elle qu’on ne quémandait pas sa présence pour ses bavardages ou sa compagnie.

La Dirigeante des Galastden ajusta le ceinturon d’où pendait son épée – un accessoire de son rang autant qu’un instrument de mort – puis vérifia une énième fois l’heure. Elle s’apprêta à quitter son bureau, quand son regard fut attiré par la clarté hivernale au-delà de la baie vitrée. Dehors évoluaient plusieurs dragons, vaquant à leurs occupations, guidés par l’instinct ou par quelque émotion inconnue d’elle. Verte d’écailles, à la fois racée et imposante, elle reconnut sans peine sa propre Liée en train de saluer le retour du soleil après plusieurs jours de pluie. Son chant si distinctif vibra dans l’air jusqu’à pénétrer ses os. Dans son âme battait le cœur chaud et vivace de Nymeria. La Maîtresse Verte qu’on surnommait la Main d’Acier dans son dos s’autorisa un sourire, puis sortit.

La fëalocë avait toujours eu le pas vif. Elle gardait ses objectifs en tête, le regard tourné vers l’horizon, regardant toujours devant soi. « Ne regarde jamais en arrière, ou le démon te dévorera. » On aurait pu s’y méprendre et prendre son attitude pour celle d’une arrogante conquérante, impression renforcée par ces traits presque masculins, forts et anguleux, rarement adoucis par un sourire. Elle n’aimait guère les faux-semblants, mais ne se montrait pas cruelle ou mesquine par jeu pour autant. Chaque mot pesait telle une pierre, posée sur l’édifice fragile des relations entre gouvernants du Kaerl Céleste. Elle se définissait comme une soldate ou une bâtisseuse, certainement pas à l’image d’une seigneuresse avide de pouvoir. Le pouvoir… Elle l’aimait, elle estimait le mériter, mais elle le rendrait volontiers le jour où quelqu’un de plus capable se présenterait. Elle y croyait. Elle se le répétait tous les matins. Un vœu pieu pour une âme endurcie qui portait sur tout un chacun un regard sévère. Jamais encore elle n’avait rencontré son digne successeur.

L’Amphithéâtre représentait le pouvoir. Celui du peuple, celui des lois, des traditions et des gouvernants qui s’y succédaient. Semperya de Galastden détestait la galerie des portraits. Elle en connaissait mal les recoins, se méfiait des ombres de ces arches, des visages peints en embuscade dans ces représentations. Elle sentait peser des dizaines de regards inquisiteurs, impatients de déceler un faux pas, semblable à une armée de juges d’Isashani que l’attente parmi les morts rendait moroses. Son rythme cardiaque accéléra, trahissant son malaise. Une moue irritée imprima ses traits, avant qu’elle ne se reprenne juste à temps en arrivant près de sa suzeraine.

- Ma Dame, salua-t-elle en inclinant légèrement le buste, le poing droit sur son cœur.

Il s’agissait d’un salut sommaire, bien loin de l’étiquette fastueuse des rencontres solennelles. Le décor et le côté privé de l’entretien la dispensaient de s’abaisser plus avant. Sa main effleura par réflexe, aussi légère qu’une plume, le pommeau de son épée, avant qu’elle ne choisisse de croiser les mains dans son dos. Droite et raide, à peine plus petite que son interlocutrice, elle se permit une seconde d’observation pour évaluer la situation. Même en tant que Dirigeante de la puissante Maison Galastden, Semperya n’avait pas souvent le loisir de dévisager de près la Dame du Kaerl.

Heryn Amlug était belle, de cette beauté gracieuse et élégante sans artifices typique de certaines fëalocës. Elles avaient beau partager des traits communs par leur race, Semperya et elle n’aurait pas pu être plus dissemblables. La Dame irradiait tel un soleil échappé du ciel, chaleureux comme un foyer : une étrangère qui paraissait davantage à sa place ici - dans la plus glorieuse civilisation de Tol Orëa – que Semperya qui y était pourtant née. La Veuve Galastden reflétait plutôt un métal rougi et trempé de sang, qu’on avait voulu patiner avec le temps et quelques efforts d’éducation, mais qui paraissait tout juste sorti de la forge du destin. Toutes deux étaient des dirigeantes, des mères, des femmes blessées par la vie. Mais la Maîtresse Verte n’oubliait pas qui était la femme en face d’elle.

Semperya cligna des yeux et accorda sa posture toute martiale sur la décontraction qu’elle sentait chez Dame Amlug. Elle tâcha d’adoucir son expression par un demi-sourire, qui lui parut fade et laissa errer son regard dans la galerie. Elle espérait éviter de mettre mal à l’aise son interlocutrice avant même de frôler les hostilités, mais ce fut elle qui se perdit dans un émoi trop grand. Ses yeux accrochèrent le portrait représentant les trois Héritiers d’avant la Grande Guerre des Ordres. Logain, Saemon, Ehsan. Elle avait respecté le premier, tout en concevant de la déception face à sa politique. Elle avait succombé au second sans y prendre garde et la honte ne la quitterait jamais. Elle avait aimé et haï le troisième, son mentor, son ami, mort sans avoir trouvé le pardon – pas même le sien.

Les mâchoires crispées et les épaules raides, Semperya reporta son attention sur Heryn. Un reproche silencieux habitait ses yeux verts. De son habituel ton neutre quoique tranchant, elle s’enquit :

- Vous avez demandé à me parler, ma Dame, mais la teneur de votre missive ne précisait pas le contenu de cet entretien.
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Heryn Amlug
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MessageSujet: Re: [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"    [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Icon_minitimeMer 29 Nov 2023 - 17:55


La Veuve Galastden. La Main d’Acier. La Louve Rouge … Et bien d’autres surnoms peu flatteurs avaient été donnés à cette femme hors du commun. Sa chevelure écarlate battant la mesure de ses pas comme un oriflamme, la Fëalocë évoquait à Heryn un général arpentant le champ de bataille. L’allure militaire et la tête haute, son expression était neutre mais ses émotions tumultueuses lorsqu’elle se présenta devant sa Dame.
L'espace d'un instant, cette dernière se prit à admirer, envier malgré tout, la façon dont Semperya paraissait avancer dans la vie, sans plus se soucier des obstacles que d'un caillou dans sa chaussure. C'était une guerrière avant tout, droite et inflexible, brandissant au combat ses valeurs tout autant que sa lame.

Invoquant dans son esprit le souvenir de Kieran, Heryn souhaitait de tout coeur que son aimé ait raison, et que la dirigeante Galastden accepte de l'écouter jusqu'au bout.

« Semperya. » fit-elle paisiblement écho à ses respectueuses salutations, inclinant gracieusement la tête. La voix de la Dame Dorée, tout comme sa posture, se voulaient détendues, chaleureuses, et leur entretien, quoi que de la plus haute importance, placé avant tout sous le signe d’une discussion entre égales. Une sérénité de façade démentie par une sourde nervosité, qu'elle s’efforça de masquer en suivant le regard de l’autre femme. Lequel était porté, les sourcils imperceptiblement froncés, sur les Trois Héritiers qui les surplombaient. Heryn pouvait ressentir l'irritation de sa vis à vis. Logain, Saemon, Ehsan ; elle savait ses liens passés avec les trois hommes, supposés ou reconnus. Elle avait décidé d'en jouer en toute connaissance de cause.

« Merci d’avoir accepté si vite mon invitation. »

Deux femmes brisées puis reforgées chacune à leur manière par les flammes de la guerre, deux mères, deux dirigeantes. Avec tant de points en commun, ne pouvaient-elles pas s’entendre ?

La seule différence résidait dans le fait que la vie avait su offrir à Heryn une nouvelle opportunité d’ouvrir son coeur. Elle aimait ainsi profondément son époux, son fils, de même que le petit noyau familial qu’ils formaient avec leurs âmes-sœurs, tant Rintrah que Seldryn se montrant prévenants et impliqués auprès d’Ilweran. Et elle était prête à faire le nécessaire pour nouer (ou renouer) de nouvelles alliances, pour protéger à tout prix ce bonheur, fragile et précaire, qu’elle était finalement enfin parvenue à saisir après tant d'années.

La jeune femme n’eut guère à attendre avant que Semperya n’entre dans le vif du sujet, s’arrachant à la contemplation du tableau, d’infimes nuances de réprobation se glissant dans sa voix tandis qu’elle s’enquérait des raisons de leur entretien. Peut-être la Galastden aurait-elle préféré se trouver ailleurs en cet instant, ou en toute autre compagnie. Peut-être même se doutait-elle de ses véritables intentions. Qu’importait à présent, en tant que Dame du Kaerl, elle ne pouvait plus se permettre de reculer.

Pour Kieran. Pour Ilweran. Pour tous ceux de la nouvelle génération qu’elle espérait voir grandir dans un monde différent de celui qu’elles-mêmes avaient connu. Et cela ne pouvait passer sans une unité politique, sinon de pensée, au sein du Kaerl. Avec un objectif commun pour les unir, l’énergie gaspillée par leurs incessantes chamailleries et disputes pourrait être re-dirigée à bon escient. Vers une reconstruction. Vers un nouvel épanouissement, une nouvelle liberté, celle offerte depuis toujours par les ailes des dragons.

Comme pour désamorcer inconsciemment le conflit intérieur qu’elle sentait troubler Semperya, Heryn fixa son regard dans le sien, avec franchise et honnêteté, un sourire amical venant étirer de fines ridules naissantes au coin de ses yeux.

« En ces temps passés, avant que la guerre ne vienne plonger la Terre de l’Aube dans un chaos sanglant, sous l’égide du Seigneur Logain, les trois Maisons se partageaient en bonne entente le Màr Menel. D’innombrables et précieuses vies ont été perdues si futilement depuis … »

Son sourire se fit grimaçant, arborant maintenant des tonalités désolées. Elle n’avait jamais été particulièrement bonne stratège, capable de détourner la vérité pour servir ses desseins, se contentant généralement de laisser parler son coeur pour exprimer ses convictions profondes.

« Je ne vous ferai pas affront en tournant autour du pot plus longtemps ... » Le choix du lieu de leur rendez-vous, avec toute la symbolique subtile qu’il recouvrait, toute sa nostalgie d'une époque glorieuse désormais enfuie, était déjà à la limite de ce qu’elle s’autorisait. « Et je ne chercherai pas plus à vous manipuler en mentant sur les raisons pour lesquelles j’ai souhaité vous rencontrer. »

Elle scruta attentivement l'expression de Semperya avant de poursuivre prudemment, incertaine de la réaction que ses paroles à venir provoqueraient chez cette dernière.

« J’aimerais obtenir votre soutien pour convaincre les Hautes Sphères qu’une nouvelle guerre serait hautement détrimentaire pour le Màr Menel. Mieux encore, qu’une paix réelle et concrète entre les Kaerls devrait être négociée. Ceci ... » Elle pointa un doigt en direction des trois figures au dessus d’elles, sans toutefois oser les regarder, ressentant peser sur elle leur jugement muet. « Ceci est la preuve qu’un accord entre les trois Maisons Majeures est possible, de ce que nous pourrions accomplir si nous agissions ensemble. »

Sa main se porta à son coeur, appuyant sa déclaration, ses iris noisettes reflétant sa soudaine gravité.  

« Malgré nos divergences d’opinion, nous avons tous à coeur le bien du Kaerl. Nous avons trop longtemps souffert de cette séparation. Nous ne pouvons plus nous permettre de tergiverser. Il est temps que nous tournions la page, que notre Kaerl panse définitivement ses plaies et laisse derrière lui ses vieilles rancunes. Nos enfants méritent qu'on leur offre cette nouvelle chance, ne le pensez-vous pas également ? »

Quand bien même ne faisait-elle que répéter des arguments déjà maintes fois articulés, elle espérait, peut-être par trop naïvement, que cette fois serait différente. Dans le creux de son esprit, Rintrah lui transmettait silencieusement force et amour. La Reine Dorée serait là pour la rattraper si elle s’effondrait, mais elle n’interviendrait pas autrement. Elles en avaient décidé ainsi. Cette bataille était sienne, il appartenait à Heryn de la mener, quelle qu’en soit l’issue.

Elle prit une profonde inspiration, tâchant de raffermir sa voix et d’en effacer toute trace de supplication. Pour Kieran. Pour Ilweran. Pour leur famille et toutes celles à venir.

« Aujourd’hui, je me présente à vous humblement : j’ai besoin de votre aide, Semperya. Le Kaerl a besoin de vous. Dites-moi comment faire pour vous convaincre. »
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MessageSujet: Re: [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"    [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Icon_minitimeJeu 11 Jan 2024 - 19:46

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Semperya de Galastden & la Verte Nymeria
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Zoe Awakens - Bear McCreary (Caprica OST)


La Dirigeante Galastden retint un frisson. Un léger tic agita sa paupière gauche, signe qu’elle réfrénait son envie de soupirer ou de lever les yeux au ciel. Dire qu’elle s’était préparée à un tel discours de la Dame du Màr serait un euphémisme. Heryn Amlug était connue pour ses élans de sentimentalisme. Pure Dalneÿs malgré des origines étrangères, elle portait haut les couleurs de sa Maison, et son cœur vibrait sans doute à l’unisson avec tous les préceptes larmoyants du défunt Logain depuis belle lurette… Revendiquer l’héritage de ce dernier ne passait pas inaperçu. Semperya s’y était attendue. Et son jugement, bien qu’hâtif, demeurait le même qu’auparavant. En dépit des leçons de diplomatie, destinées à forgée son esprit crique, octroyée par sa belle-mère Elerinna, elle n’apprécierait probablement jamais les manœuvres basées sur l’émotion comme celles dont usait Heryn Amlug. En cela, toutes deux resteraient à jamais aussi différentes que le jour et la nuit.

Un rejet presque viscéral, qu’elle pensait avoir dompté depuis quelques années, refit surface par le biais d’un goût aigre en bouche. Elle n’aimait pas la Dame du Kaerl, et encore moins sa politique. Elle la respectait assez pour lui accorder du crédit, de la valeur, de l’honneur peut-être. Aussi prenait-elle le temps de refouler ses remarques les plus acides, et de lui exprimer sans détours son opinion lorsqu’elle retrouvait les rênes de son sang-froid. Elle avait vaguement espéré que cette entrevue en privé serait dépourvue de ce genre de fioritures destinées à l’amadouer, mais force était de constater que la Dame Dorée n’avait pas appris la leçon.

Ou peut-être que si.
La posture résolument distante et martiale de Semperya se teinta de perplexité. Haussant un sourcil circonspect, son visage se peignit d’une expression confuse, tandis que la curiosité éclairait ses yeux verts d’un feu intérieur. Heryn dévoilait peu à peu son jeu. Les premiers mots firent bondir le cœur bardé de mailles d’acier de la fëalocë. Ces mots, elle en rêvait depuis des années. Tout le monde croyait les Galastden bellicistes jusqu’à la lie, ivres de violence et de revanche, incapables de penser sur le long terme. Leurs détracteurs ne pouvaient pas se trouver si loin de la vérité ! La paix était l’unique moteur de la Maison Galastden. Une paix durable, chèrement gagnée au prix du sang et des larmes certes, mais qui permettrait de relever l’économie du Màr Menel, de faire prospérer ses institutions et de renforcer son pouvoir sur la Terre de l’Aube. Car le Màr Menel ne pouvait que ressortir grandi d’une telle alliance. Il deviendrait enfin le modèle de glorieuse civilisation qu’il devrait être à tout Tol Orëa. Il prouverait qu’il était le meilleur Kaerl des trois.

Un doux rêve, pourtant à portée de main si les hautes sphères parvenaient à un accord. Servis par les ambitions d’une des plus anciennes et nobles Maisons, celle des Galastden, tout devenait possible.

Semperya musela aussitôt ses espoirs, refusant d’afficher trop ouvertement son assentiment. La suite ne tarda pas à la faire déchanter. La Dame Dorée désignait le portrait des Héritiers d’antan comme un trésor, un exemple à suivre. Que connaissait-elle de cette époque ? Pas grand-chose. Semperya avait côtoyé ces trois énergumènes, aujourd’hui érigés au rang de héros ou de monstres par l’Histoire – ce qui revenait à peu près au même. Le tableau revêtait un caractère presque sacré, alors qu’il incarnait une imposture. Une illusion qui faisait horreur à la Maîtresse Verte et qui ne lui inspirait que de la répugnance. Ehsan avait toujours nourri des ambitions personnelles bien plus vastes que cette alliance de façade. Logain n’aurait probablement pas conservé son rôle de fédérateur après la fin de la Grande Guerre des Ordres, quand tout aurait été à reconstruire, y compris les esprits brisés par les batailles. Quant à Saemon, il aurait repris ses habitudes de débauché ou, pire, aurait décidé de se ranger, ce qui aurait gravement nuit à la réputation de Semperya et à l’avenir de son fils. Toute la colère qu’elle avait patiemment enfoui au fil des ans remontait lentement le long de sa colonne vertébrale et venait embraser son sang. Elle banda ses muscles par réflexe, incapable de ne pas voir une attaque dans la manœuvre d’Heryn. Qu’à cela ne tienne : elle se tenait prête à riposter.

Ceci…

Semperya leva la main pour désigner à son tour la peinture. Ses doigts ne tremblaient pas. Le visage fermé, la voix rauque d’avoir tant hurlé intérieurement et jusque dans ses cauchemars, elle reprit d’une voix dure et froide tel le tranchant d’une lame :

Ceci est une injure. Je les ai connus : il n’y avait pas plus désunis qu’eux. Le peintre et les historiens ont embelli l’histoire pour créer un modèle à suivre pour la population. Mais vous et moi devrions ne jamais oublier la réalité qui se cache derrière.

Elle sentait frémir les émotions de Nymeria jusque dans ses os. La Verte bouillonnait de questions, en percevant la tension inhabituelle qui enserrait sa Liée. Semperya ne perdait pas souvent son sang-froid, contrairement à ce que sa réputation et sa race laissaient supposer. Mais la dragonne n’interviendrait pas. Elle ne se mêlait pas des affaires des bipèdes, et son Âme Sœur était parfaitement capable de se défendre seule. La curiosité mordante de la Verte n’aurait pu que l’embarrasser ; Nymeria en était consciente. Or, cette bataille ne faisait que commencer.

Puisque nous sommes en privé, je ne me mâcherai pas mes mots. Pourquoi ne suis-je pas surprise par votre argumentation ? Elle présente toutes les failles habituelles de votre discours politique. Vous prônez l’union, mais vous n’écoutez que ce que vous souhaitez entendre de vos conseillers. Vous ne respectez pas la parole des autres Maisons. Vous n’êtes plus une vraie Dalneÿs, mais la souveraine du Màr Menel. À ce titre, vous devriez accorder davantage d’importance à l’avis de tous les partis. Non contente d’avoir fait des Galastden les ennemis publics de votre politique, alors qu’au fond nous servons le même but, vous voulez convaincre la citoyenne du Kaerl que je suis, mais vous oubliez que je parle au nom de tous les Galastden, et que chaque mot que je prononce n’engage pas que moi. Vous ne voulez mon aide que si j’abonde dans votre sens. Vous n’êtes pas prête à m’écouter.

La riposte avait porté, et la Main d’Acier pouvait presque apercevoir le sang perler. Elle ne regrettait aucun des mots qu’elle prononçait. Cependant, le coup d’œil chargé de haine et de chagrin qu’elle porta fugacement sur le portrait trahissait un remords bien plus encombrant. Un monstre était tapi dans ses entrailles, enténébré par les tortures aux mains des Ardents et par les fêlures de ses croyances autrefois si naïves en son foyer. Si Dame Amlug avait changé sa tactique, si ses paroles avaient été différentes, peut-être aurait-elle pu espérer… Semperya claqua la porte à ses désillusions. Elle mesurait combien ses vieilles rancœurs obscurcissaient son jugement. Mais elle savait également qu’elle ne pardonnerait aucune erreur à son adversaire. La bataille qu’elles entamaient toutes deux leur coûterait beaucoup. De cela, Semperya était certaine.


Dernière édition par Persée Garaldhorf le Mer 21 Fév 2024 - 21:57, édité 1 fois
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Heryn Amlug
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MessageSujet: Re: [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"    [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Icon_minitimeSam 3 Fév 2024 - 13:49


Il fallait s’y attendre, la Maîtresse Verte n’avait guère apprécié son entrée en matière. Même si Semperya n’en laissait rien paraître ouvertement, ses émotions tempétueuses lui soufflaient tout ce qu’il y avait à savoir. Son mépris, son dégoût face à ses propos, ou l’attitude de la Galastden devant elle peut-être, agressaient ses sens empathiques comme un plat trop épicé, lui laissant un goût brûlant dans le creux de la gorge. Heryn aurait beau voulu dire qu’elle ne s’en souciait pas, que cela n’avait aucune importance pour elle, qu’elle était justement là pour la convaincre, ce rejet instinctif s’engouffrait, douloureux, dans une brèche de son coeur.

Elle avait beau être Dame du Màr Menel depuis neuf longues années, elle se sentait toujours fragilisée lorsqu’elle constatait que malgré toute la sincérité et l’ouverture dont elle faisait preuve, elle ne parvenait pas à obtenir l’adhésion des autres … Que cela ne suffisait pas à les rallier à sa vision de la réalité, à ses projets. Qu’ils ne comprenaient tout simplement pas l’importance de s’accorder sur une direction commune.

Chacun voyait la vie à travers le prisme de son propre vécu et de ses blessures passées, se répétait-elle, comme un mantra pour se donner du courage. C’était à elle de trouver les bons mots, le bon angle ou les bons arguments pour rallier Semperya à sa cause, bon gré mal gré. Elle persistait à croire qu’il n’y avait rien d’impossible à cela.

Elle n’était pas obligée de faire de la Galastden une amie, si au moins elle parvenait à obtenir son accord. Heryn voyait pourtant sa désapprobation à travers le pli serré de ses lèvres, son expression tendue, fermée, presque heurtée.

Curiosité puis espoir flamboyèrent à la manière d’une torche dans l’obscurité, avant que la colère ne vienne étouffer de son voile toute lumière. Son ventre se serra et elle suivit une nouvelle fois son regard vers la peinture qui les dominait toutes les deux. Avait-elle fait un mauvais choix en décidant de la rencontrer ici, face à ces fantômes d’un passé révolu ? Peut-être. Peut-être pas. Semperya était en colère car Heryn avait touché en elle une corde sensible. Et quoi que cela n’ait pas été son dessein initial, une infime partie de la jeune Dame se réjouissait d’avoir obtenu de son impassible interlocutrice une réaction, fut-elle portée par un aigre ressentiment.

La Fëalocë ne chassa pas cette colère qui ne lui appartenait pas, la laissant s’immiscer en elle et faire bouillir son sang en écho à cette douloureuse injustice qu’elle-même ressentait et refoulait depuis si longtemps. Elle laissa la dirigeante Galastden lui exposer le fond de sa pensée, soutenant son regard avec la même intensité que celui qu’elle braquait sur elle.
Son visage pâlissant à chaque estocade, au fur et à mesure que ses pommettes rougissaient sous l’émotion. Elle n’avait jamais prétendu que ce serait facile, mais elle n’aurait pas pensé découvrir si vite une telle facette de la personnalité de Semperya. Une telle franchise … Ses mots la blessaient, déchirant sans pitié les douces rêveries dont elle se plaisait à s’entourer, la ramenant à la réalité, aux faits et à la vérité.

Mais à la toute fin, presque enfouie sous l’avalanche émotionnelle qui avait précédé, une infime ouverture. Une invitation au dialogue, une fois l’abcès crevé. Il aurait été si facile de l’oublier, de l’ignorer, pour se concentrer à rendre coup pour coup. Elle prit une profonde inspiration pour calmer son coeur. Leurs visions du monde n’étaient pas si irrémédiablement opposées. Elles pouvaient fonctionner main dans la main, complémentaires, pour le plus grand bien du Kaerl et de ses habitants. Elle en était convaincue. Elle ne renoncerait pas à ses idéaux, pas tant qu’elle n’aurait pas la certitude que toutes les voies empruntées avaient échoué.

Silencieuse, mais approbatrice, Rintrah resserra sa chaleureuse étreinte autour d’elle. La Dorée aussi se sentait un devoir envers cette maison qui l’avait accueillie comme l’une de ses enfants, alors même qu’elle n’en partageait pas réellement le sang. Un devoir de protection et d’amour, dusse-t-elle pour cela ébranler, avec l’aide de sa Liée, jusqu’aux fondations du Kaerl.

« Et quand même bien même ? »

Heryn jeta un bref coup d’oeil aux trois hommes souriants, immortalisés à jamais dans toute la gloire de leur jeunesse, secouant la tête.

« Quand bien même ne serait-ce qu’une triste illusion, un mensonge répété et ressassé ad nauseam, un embellissement d’une réalité qui n’a jamais été ? Vous et moi connaissons la vérité, je ne l’oublierai pas. Qu’en est-il justement du peuple, de ceux qui comptent sur nous, qui accordent foi et confiance en notre jugement, pour les guider et les protéger ? N’est-ce pas le propre de l’Histoire, de faire le lit des légendes ? N’ont-ils pas besoin de cet idéal rassurant, de pouvoir croire que les trois Maisons sont capables d’oeuvrer main dans la main ? Je ne propose pas de leur mentir. Je souhaite faire de cette utopie une réalité. Selon, vous, n’y a-t-il vraiment que du négatif dans les réalisations communes que ces trois hommes nous ont léguées ? »

Elle baissa un instant les yeux, avant de reprendre un ton plus bas, mais non moins intense.

« Dites-moi Semperya, ne sommes-nous pas plus que ces stéréotypes qui nous collent à la peau ? Ne suis-je rien donc de plus qu’une gentille petite sotte, niaise et idéaliste, qui, par ses artifices, a détourné de son juste chemin celui en qui la Maison Galastden portait tant d’espoirs ? »

*Pardonne-moi, mon aimé.*

Ses sourcils se fronçant, elle releva fièrement le menton, à présent bénissant silencieusement l’absence de Kieran, qui n’aurait toléré que de tels qualificatifs soient proférés à l’encontre de son épouse … Lui qui avait déjà sauté à la gorge d’Ambroise pour des sous-entendus à peine plus insultants.

« Votre Maison quant à elle n’est-elle bornée qu’à la violence brute et indiscriminée, à tirer l’épée sans réfléchir, pour faire couler le sang au moindre écart d’avec sa conception de la justice ? N’y a-t-il pas autre chose derrière ?
Je ne vous demanderai pas de m’apprécier. Pas plus que de changer les convictions qui vous portent. Mais peut-être pouvons nous faire au moins faire un pas l’une vers l’autre, pour tenter de voir au-delà des apparences et de nos divergences premières. »


Elle marqua une pause, scrutant le visage de Semperya, ressentant vibrer en son sein les vives émotions que ses mots provoquaient chez l’autre femme. Elles pouvaient s’entendre et parvenir à dépasser ce qui les opposaient. Elle voulait y croire.

« Vous prétendez que j’ai fait des Galastden mes ennemis politiques. Vous vous fourvoyez. Quoi que mon époux ne puisse plus prétendre appartenir à la Maison Galastden, les valeurs de cette dernière restent néanmoins inscrites dans chacune des fibres de son être … Et à ce titre, Kieran représente à mes yeux mon plus précieux conseiller ainsi qu’une aide indispensable. Mon consort. Le père de mon enfant. Il est ce qu’il est, et rien de ce que je pourrai dire ou faire ne le changera. Nous ne sommes pas toujours d'accord, mais je m’efforce de l’accepter comme tel.

Ambroise de Leysse lui-même est mon Second : vous jugez pourtant que je n’accorde aucune importance à la parole des autres Maisons. Ne suis-je pas ici-même devant vous en train de vous prier de m’accorder votre aide ? »


Sa voix se brisa sur ces derniers mots, et Heryn s'efforça de reprendre une respiration plus calme, plus posée, de ne laisser paraitre aucune trace de faiblesse qui pourrait repousser loin d'elle, une fois encore, la dirigeante Galastden. Elle ne pouvait laisser ses doutes et sa nervosité prendre le dessus sur cette discussion.

« J’éprouve beaucoup de respect et d’admiration pour vous, en toute sincérité. Comme vous l’avez dit, nous servons le même but : la paix et la prospérité du Kaerl, quoi qu’à travers des vocations différentes. Vous avez combattu sur les champs de bataille, et vous avez vu de vos yeux les horreurs de la guerre. Ce n’est pas mon cas, je le reconnais. Mais ce que j’ai pu constater, c’est la détresse de tout ceux qui en ont souffert, directement ou indirectement. Je ne souhaite pas que cela se reproduise à nouveau.

Vous me rappelez parler au nom de la Maison Galastden, Semperya, c’est bien en ce nom que je vous consulte, et vous le redemande une nouvelle fois : que puis-je faire pour vous convaincre de ma bonne foi ?  »


Presque un peu timidement, avec l’ombre d’une hésitation, elle tendit alors à demi une main vers elle, comme un gage d’apaisement, et la promesse implicite d'une collaboration future.

*Ne pouvons-nous pas nous entendre ?*
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MessageSujet: Re: [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"    [RP] "On ne voit bien qu'avec le coeur"  Icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 19:28

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Semperya de Galastden & la Verte Nymeria
Dirigeante de la Maison Galastden

The Painful Way - Darren Korb (Hadès OST)


La Louve Rouge affûtait ses armes en silence. Un pli dur marquait ses lèvres minces. Les sourcils imperceptiblement froncés, elle dardait tous les feux de son regard sur celle qu’elle considérait aujourd’hui comme son adversaire. Se remémorant ses années d’apprentissage, elle muselait sa rage pour mieux la forger en un instrument dévoué à la bataille. La guerre des idées n’avait pas été son fort, dans un premier temps. Trop impétueuse, trop empressée de faire ses preuves, elle avait davantage misé sur ses compétences physiques et un silence réprobateur pour faire entendre sa voix. Elle s’était coulée ensuite dans le moule qu’on lui prêtait, observant un monde jusqu’alors inconnu, celui des érudits et des politiciens. Un monde difficile à appréhender, tout autant qu’à intégrer. Elle avait jadis fait partie de cette foule d’anonymes, plus ou moins respectés et reconnus, des habitants dépourvus du Don, privés des ailes et de la force des dragons. Elle connaissait ce sentiment amer qui l’étreignait et l’enrageait présentement. Mais elle ne le laisserait pas prendre le dessus. Elle se l’était juré, des années auparavant. Elle était devenue meilleure, plus forte, plus savante. Elle ne se laisserait plus dominer par ses égarements de jeunesse. Quand bien même Heryn Amlug essaierait de la piéger.

Car c’était ainsi qu’elle ressentait cette entrevue en privé, sous ce tableau trompeur : un piège destiné à l’amadouer ou l’affaiblir. Elle avait appris à canaliser cette colère qui la hantait depuis tant d’années. Elle en ferait son fer de lance contre la Dame.

Le discours de la jeune femme face à elle se fit plus acéré, plus mordant. Semperya en aurait presque souri. La douce et bienveillante Heryn Amlug de Dalneÿs se défaisait de ses réserves et, dans ce contexte plus intime, montrait enfin les crocs. Semperya en concevait un peu de fierté : parce qu’elle avait réussi à briser l’image si parfaite de la Dame, et parce que celle-ci méritait davantage que cette pâle illusion de pot-de-fleur politique. La Main d’Acier respectait d’autant mieux ceux qui osaient lui tenir tête. Quant au portrait peu flatteur que la jeune fëalocë brossait d’elle-même avec ironie, il aurait pu jaillir de la bouche d’un Galastden sans hésitation. Peut-être même de la part de leur Dirigeante en personne, sous le coup de la fureur et dans un cercle privé.

Ses épaules se raidirent davantage, et un frisson descendit le long de ses membres, alors qu’Heryn peignait un tableau noirci par la violence et les préjugés de sa propre famille. Une famille d’adoption certes, mais cela ne faisait que renforcer sa loyauté envers elle. À l’instar d’Heryn avec les Dalneÿs, Semperya avait choisi les Galastden et vice-versa. Les liens n’en étaient devenus que plus forts avec les années. Ce portrait volontairement dégradant, la Maîtresse Verte l’assumait. Il ne lui plaisait pas, elle ne pouvait le nier, mais elle le connaissait suffisamment pour ne pas avoir la faiblesse d’y prêter attention publiquement.

La mention de Kieran fut néanmoins la goutte d’huile qui raviva le brasier coulant dans ses veines. Ce bellâtre possédait plus de cœur que de raison, et c’était exactement ce manque d’équilibre qui lui avait valu de tomber dans les rets de la Dame Dorée. Ah, les Liées de reines… Des femmes intrigantes, sur lesquelles reposaient beaucoup d’espoirs, et dont il fallait hautement se méfier. La gloire des écailles d’or se révélait si versatile et cruelle. Un destin solitaire qui pouvait aisément faire basculer dans la folie. Semperya ne les enviait plus, ces femmes au cœur de reine. Et Kieran, tel un paladin du soleil, était venu bêtement se brûler les ailes au contact de l’une d’entre elles. Elle n'éprouvait plus que déception et dédain pour ce neveu par alliance, pourtant si prometteur. Il s’était effacé au profit de l’autorité de son épouse. Semperya doutait qu’il soit d’une aide fiable en tant que conseiller de la Dame, et elle lui en garderait rancune jusqu’à ce qu’il donne des preuves du contraire.

Quant à la mention d’Ambroise de Leysse, la Dirigeante Galastden aurait préféré qu’on la lui épargne. Elle ne pouvait pas exposer devant une Dalneÿs les dissensions au sein de sa Maison, même en privé. Il lui faudrait garder pour elle les griefs qu’elle nourrissait à l’encontre de Kieran et Ambroise. Évoquer le Maître Noir revenait aussi à invoquer d’un autre dirigeant à la poigne de fer, qui avait suscité tant de sentiments ambivalents chez elle. La Veuve Galastden sentait le poids des ans, des regrets et des erreurs de toute une dynastie, lui peser sur les épaules. Ehsan avait été un géant. Faillible à la fin, mais tellement plus grand qu’elle, pour porter ce poids. Comment pouvait-elle rivaliser avec un défunt, mort dans l’opprobre certes, mais toujours auréolé d’une forme de gloire ? Son regard dériva une nouvelle fois vers le portrait. Sa haine teintée de chagrin se ralluma avec la force d’un incendie.

Chercheriez-vous à me duper, ma Dame ? assena froidement Semperya, d’une voix étonnamment calme, alors qu’elle reportait le feu vert de ses yeux sur sa suzeraine.

Le fer de lance reposait dans sa main, dans sa voix, et elle portait le premier coup. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, la colère avait toujours été là, animant son âme telle une flamme le foyer de l’âtre. Les années lui avaient appris à la dompter et la façonner, pour ne plus se laisser gouvernée par elle. Sans toutefois perdre en flamboyance, elle l’espérait.

Votre discours fait écho à des problématiques qui hantent les hautes sphères du Màr Menel depuis des décennies. Depuis bien avant la Grande Guerre des Ordres, Dalneÿs et Galastden se sont opposés, à la table des débats comme sur le champ de bataille. Pourtant, ces Maisons sont porteuses d’idéologies complémentaires, qui devraient s’allier pour offrir des fondations pérennes à notre Kaerl. Ces préjugés que vous évoquez, je les connais très bien, par ailleurs, et depuis plus longtemps que vous.

Heryn Amlug émergeait désorientée de l’Interstice, recrachée par un espace-temps inconnu, tandis que Semperya Lanthis se taillait une place parmi les rangs des chevaliers-dragons émérites du Màr. La bassesse de l’attaque lui apparaissait dans toute sa mesquinerie. Jouer sur l’ancienneté et la légitimité ? Elle ne misait pas là-dessus, pourtant l’allusion lui avait échappée. Les instincts territoriaux de Nymeria avaient autant forgé son âme que ses années de labeur. La Verte possédait un cœur aimant, mais sauvage et passionné. Flarmya l’avait dotée d’intelligence, à raison : une indomptable bête à la férocité aveugle aurait très bien pu naître ce jour-là, en lieu et place de la sage et implacable Nymeria.

Il ne me plaît guère d’entretenir ces ragots sur les Galastden, mais force est de constater que nous sommes capables d’endosser le mauvais rôle quand d’autres refusent de se salir les mains. Cet arrangement – et le mot fut craché avec mépris – a perduré pour satisfaire les différents souverains. Deux membres de notre Maison ont été placés à de hautes responsabilités, c’est vrai. Cependant, Kieran représente plus votre chevalier servant qu’autre chose. Quant à Ambroise, nonobstant tous ses défauts, il n’en reste pas moins un conseiller trop souvent rabroué pour son - hélas ! - manque de finesse dans ses paroles. Le trône a besoin des Galastden, mais cela ne signifie pas que celui-ci les écoute ni qu’il les respecte. Pourtant, nous nous ressemblons davantage que ce que nous voulons bien admettre... Nous voulons la même chose : la paix et la prospérité. J’ai effectivement vécu la guerre au premier plan, et je ne veux plus jamais que le Màr Menel connaisse cet enfer. Hélas, ces dernières années, les Dalneÿs ne semblent rien aimer davantage qu’une bonne presse et l’illusion que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, conclut-elle avec un demi-sourire acide.

Les mains croisées dans le dos, elle serrait ses doigts avec tant de force que les vieilles douleurs se réveillaient. Elle retint une grimace, songeant que ses os et ses nerfs avaient déjà trop souffert par le passé. Les précédentes paroles d’Heryn ricochaient sous son crâne. La jeune femme avançait son admiration pour la Maîtresse Verte comme un gage d’amitié, comme on offrirait des loukoums pour se faire pardonner un crime. Semperya ne cherchait pas à plaire. Elle voyait dans cette manœuvre une perte de temps et une vaine entreprise, en dépit des conseils répétés d’Elerinna.

Vous souhaitiez une entrevue loin des regards et des oreilles du Kaerl, pour mieux m’amadouer sans doute avec ce décor puant la tromperie, et mendier mes bonnes grâces. C’est chose faite. Pardonnez-moi si je n’adhère pas à votre basse manœuvre. Je n’ai jamais été friande de vos marques de bonté empreintes de condescendance. Et je suis certaine que, si vous respectez la guerrière en moi, vous ne m’appréciez pas et préféreriez quelqu’un d’autre pour négocier.

Son sourire s’effaça pour laisser place à un masque de dureté. Il n’y avait nul sarcasme dans sa tirade, seulement le fer encore chaud d’une lame, ou la pointe d’acier d’une plume, prêtes à fendre les airs et porter un nouveau coup. On la disait dotée d’un cœur de pierre, la Louve Rouge qui ne pleurait pas. Elle ne faisait pas mentir sa réputation. Cependant, son cœur, le vrai, battait avec la folle vigueur de celui d’une Verte qui plaçait un peu trop d’espoirs dans cette bataille des mots. Une fébrilité anormale faisait trembler ses mains, cachées dans son dos.

Je suis la Dirigeante de l’une des trois Maisons majeures du Kaerl, et vous venez me parler comme à n’importe quelle femme. Mais vous et moi ne sommes pas n’importe quelles femmes. Nous sommes parmi les personnages les plus puissants de Tol Orëa. Gagnons du temps. Peu importe mes griefs personnels, vous êtes la Dame du Kaerl. Je vous accorde donc le respect qui nous est dû à toutes les deux en vous posant cette question...

Attirée malgré elle par l'intensité de cet échange entre deux femmes de pouvoir, Semperya sentait la présence de Nymeria frétiller à la limite de son esprit, plus attentive que jamais. Elle n'eut qu'à puiser dans la force de la dragonne - son amour - pour demander sans ciller :

Qu’attendez-vous de moi ?
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