Nom : Calenadh Evgir
Surnom : Caly, Cal, Calen, Calamité
Âge : Printemps en pleine floraison
Race : Humain avec un petit quart de sang elfique quelque part
Physique, Caractère :À qui le voit pour la première fois, il est flagrant que Calenadh, plus encore qu’un fils d’agriculteur, est un enfant de la nature. Sur ses traits un rien trop fin pour n’être qu’humains, un tableau mouvant et vivant se peint en taches de son et de sève sur ses joues, en mèches blondes comme un soleil et terreuses de labeur, en épis à l’indiscipline joyeuse. Les empreintes poisseuses de jus de fruit de petites pattes de dragon-fées un peu partout sur sa personne ne font rien pour atténuer son air de mauvaise herbe humaine sous un soleil d’été.
Cauchemar de ménagère ou de maniaque, le jeune homme promène partout un air de négligé assumé : des manches relevées à l’arrache, des lacets de chemise pas faits, des chaussettes dépareillées (« elles sont de la même taille » déclare habituellement le concerné comme si l’argument suffisait), des fleurs à peine germées sous ses semelles ou derrière les oreilles…
En-dessous, le jeu de muscles souples se devine, discret et entretenu par le travail de la terre, frappant dans la facilité avec lequel Caly soulève et fait tourner dans les airs ses demi-frères et demi-sœurs. Ses sourires, dans ces moments, font pétiller ses yeux bruns comme un cœur de tournesol.
Et, encore en-dessous, sous l’insouciance, le tempérament se lit entre les lignes. Elevé en communauté, Calenadh s’avère sociable selon ses propres termes : s’il apprécie la compagnie, le bruit de la vie et les rires, les règles lui semblent clairement destinées à autrui et lorsqu’il s’y plie, c’est par hasard ou pour mieux se redresser, frondeur. Quiconque tente de l’y contraindre se retrouve très vite confronté à l’incroyable mauvaise foi cultivée par le jeune homme.
S’il lui apparait clair que la vérité est un fait, la vie en communauté lui a très vite appris que l’interprétation de ladite vérité était, en revanche, élastique et à la charge d’autrui. Sans être menteur, Cal ne fait aucun effort pour ne pas être sous-estimé, au contraire. Le jeune homme préfère amplement être sous-estimé que dévoilé.
Exception notable à son désintérêt pour les lois, le cultivateur se trouve un fond de rigueur lorsqu’il s’agit de magie ou d’alchimie. Pour ces disciplines, il s’assagit, poussé par un esprit scientifique et une curiosité débridée.
Les arguments d’autorité et autres leçons de morale lui passent très largement au-dessus du crâne – et de ses mains dorées, couvertes tour à tour d’onguents pour plantes malades ou de sang de lapin pour le dîner.
Le Bien et le Mal, après tout, ne sont jamais que des majuscules mal placées. Seul compte le cœur – or le sien a l’indépendance d’un pissenlit en train de pousser entre deux pavés.
Alignement : Chaotique Neutre
Clan choisi : Neutre, Kaerl Englouti
Lié(e) : Une dragonne-fée aux charmantes teintes de violet vif, de turquoise éclatant et de vert pousse, aussi malicieuse qu’hyperactive, ce qui lui vaut le surnom de Terreur – auquel, évidemment, elle ne répond que quand bon lui semble.
Histoire : La petite maison dans la prairie
Caly s’accrocha plus fort au mouton blanc-pas-très-propre et le talonna. L’animal lancé au galop s’élança à travers champ sur ses petits sabots, son cavalier miniature sur le dos. Calenadh avait su lire avant de daigner apprendre à calculer, ce qui faisait de lui un très mauvais berger : toute tentative de le faire compter les moutons se soldait par un chiffre donné au hasard, et toute remarque selon laquelle le compte n’était pas bon par un « bah si tu sais combien ils sont, pourquoi tu me fais compter ? » De l’avis général, le petit garçon promettait cependant d’être bon cavalier, ce qui, dans les circonstances actuelles, s’ajoutait à la liste de ses défauts en tant que berger.
Le duo cavala au travers du bosquet roussi par l’automne, s’engagea comme une toute petite tornade sur le petit pont par-dessus le ruisseau, dépassa les champs où les moissons tardives doraient sous le soleil frais et, enfin, déboula dans la cour de la petite ferme de Mariam. Les poules s’égayèrent en hurlant leur indignation.
Sur le seuil de la maison, l’un des marchands qui rendait souvent visite à la maîtresse des lieux se figea, l’expression oscillant dangereusement entre l’atterrement et l’attendrissement. Pour faire pencher la balance en sa faveur, Cal lui adressa son plus beau sourire, auquel il manquait présentement une dent de lait tombée récemment.
"Bonjour monsieur ! Coucou Maman !"Mariam lui fit les gros yeux, ce qui marchait d’autant moins bien que les petites rides autour de son regard et au coin de ses lèvres disaient qu’elle avait plus souvent l’habitude de sourire :
"Calenadh, qu’est-ce que j’ai dit sur les courses à dos de mouton ?""Que je serais bientôt trop grand pour continuer.""Et ?""Et du coup il faut en profiter tant qu’il est temps !"Et préparer l’étape suivante : cavaler à dos de vache ou de mulet, les chèvres s’étant avérées trop petites pour faire des montures acceptables. Gardant pour lui cette pensée qu’il estimait hautement logique, l’enfant agita le petit sac de toile qu’il avait emporté avec lui cet après-midi :
"J’ai ramené des champignons et des petites pommes sauvages et des mûres, Maman.""C’est très bien, mon chéri. Dépose tout à la cuisine et vois avec l’un des grands si tes champignons sont comestibles, d’accord ? Je n’ai pas fini de parler."Sautant au sol, Cal libéra sa monture de son service et le mouton s’empressa de s’éloigner. Puis le lutin, couronné de ses mèches blondes pleines de brindilles, prit la direction de la cuisine mais pas trop vite. Derrière, dans la cour baignée de lumière et d’odeurs de pain frais, le marchand reprenait :
"C’est l’un des tiens, Mar’ ?"Et quelque chose dans ses intonations nuança « l’un des miens ? » sans qu’il ose le dire.
"Ce sont tous les miens, Dahvain, que je les ai portés dans mon ventre ou juste dans mes bras."Comme pour lui donner raison, un rire d’enfant résonna haut et clair, plus loin dans la petite ferme. Cal y était né – ou y avait été déposé, peut-être. Mariam ne faisait pas la différence. Elle était l’une de ces femmes au cœur léger – et à la vertu toute aussi légère, auraient dit les langues de vipère. Et si les matrones, parfois, à Lòmëanor, déploraient qu’il ne soit le fils de personne, Calenadh savait du haut de ses 7 ans que la vérité était toute autre : il était le fils de sa mère et, comme elle, fidèle à lui-même avant de l’être à qui que ce soit d’autre.
Nous qui sommes ta légion
La maison sur la colline poussait autant que ses cultures, selon des cycles différents. Le potager verdissait au printemps, les blés doraient en été et, au fil des années, le corps de ferme se transformait. Mariam avait commencé par agrandir le poulailler, au début. Puis, une cabane en appelant une autre, les cabanes fleurirent, d’abord dans le jardin, puis dans un pommier plus vieux et plus solide que les autres.
Les printemps suivants apportèrent des volées de moineaux et une nuée de demi-frères et demi-sœurs pour Cal. D’autres repartirent avec les hirondelles à l’automne suivant, en quête de contrées plus chaudes ou d’aventure ou d’un chez-soi à ne pas partager. Vårsiklöja acheta le pré d’à côté pour y élever des vaches, au plus grand délice de Cal, qu’elle retrouva sur le dos de ses laitières moins de trois jours après en être devenue propriétaire.
Cet hiver-là, ils aidèrent sa mère à mettre en place des serres et à agrandir la barrière dans laquelle les moutons paissaient en paix et au printemps suivant, ils ajoutèrent une aile un peu de travers au corps de ferme, avec une petite tour depuis laquelle faire coucou aux chevaliers-dragons de passage et aux voisins d’en face.
Cœur en fleur
Calenadh tomba amoureux le jour de ses quinze ans, avec cette forme de ponctualité que n’ont que les rendez-vous avec le Chaos. Ce qu’il pensait être un secret inoffensif mais bien gardé dura environ 20 minutes, le temps que sa fratrie assemble les indices et les décortique avec une efficacité vaguement terrifiante que le Tribunal des Maîtres n’aurait pas reniée.
"Non mais la question c’est pas que de savoir s’il est assez bien pour Cal. C’est aussi de savoir si Cal est assez bien pour lui, parce que bon, Cal quoi" argumentait Dimpa quand le bruit d’une charrette remontant la route vers la plus-si-petite maison se fit entendre tant bien que mal par-dessus le mélange de hurlements de protestations et d’éclats de rires.
"Hé ! Hé ! Je crois que c’est sa mère qui arrive ! Elle devait pas acheter de la laine à Maman ?"Roulant des yeux assez fort pour risquer de voir l’arrière de son crâne (dont Jordtistel venait de souligner la vacuité en guise d’argument en faveur du camp « de toute façon l’amour rend idiot alors ils se mériteront forcément »), Cal arracha avec plus d’énergie une poignée de mauvaises herbes :
"Est-ce que vous pourriez faire semblant de parler d’autre chose au lieu de m’afficher ?"Dimpa colla son nez contre la vitre de la serre dans une démonstration de discrétion très limitée pour mieux voir la charrette qui passait le portail.
"Ils nous entendent pas, d’ici" déclara-t-elle doctement.
"Par contre ils nous ont vus" tempéra Fejka qui avait complètement cessé de pincer les plants.
Tournant la tête dans la direction de la cour, Cal entrevit une silhouette familière, entendit les inflexions chantantes d’un accent qu’il aurait reconnu entre mille. Quelque chose papillonna dans son ventre.
La serre entière fleurit.
Les plants de tomate que Fejka débarrassait de leurs feuilles en moins bon état se couvrirent de petites fleurs jaunes et délicates auxquelles firent écho les pétales plus larges et plus sombres des courgettes. Une poignée de soucis éclatèrent en couleurs contrastées, éclipsant les fleurs des fèves plus discrètes et plus ternes.
"Je le savais !" piailla Dimpa.
"Oh. C’est nouveau, ça" déclara plus calmement Fejka.
Trois jours plus tard, sa magie fit germer les pommes de terre qu’ils épluchaient quand son coup de cœur passa le seuil. Mariam l’envoya sereinement les replanter dans le potager, tant qu’à faire, Fejka suggéra qu’il évite la cuisine tant que dureraient ses émois et Dimpa vit dans cette incitation le prétexte parfait pour continuer à espionner et commenter la vie de son aîné.
Règne de Terreur
Le chevalier-dragon avec qui Mariam était (ou avait été ? Caly s’en moquait un peu) leur offrit des œufs de dragon-fées un été. À l’issue de moultes alliances, marchandages et arbitrages par leur mère, Cal finit par récupérer l’un d’eux, un petit ovale étonnamment terne qui, en pleine nuit, décida d’éclore en une petite chose pleine d’ailes, de couleurs et de fond farceur. Ainsi naquit Terreur.
"C'est quand même vraiment pas juste" décréta Dimpa trois jours après l’éclosion nocturne, toujours vexée de ne pas avoir eu d’œuf au prétexte de sa jeunesse.
"Moi aussi j’aurai un dragon-fée quand je serai grande."Elle lorgna d’un œil critique la capuche de Cal, d’où dépassait une petite patte griffue que les songes agitaient de spasmes.
"Mais pas un comme Terreur."Tout le poids de son jugement glissa sur ladite Terreur sans troubler ses rêves ni l’inciter à prendre une position plus digne. Amusé, Calenadh continua à diluer son dernier essai d’engrais alchimique dans l’arrosoir de fer qu’il tenait alors que sa petite sœur poursuivait avec passion :
"Ou un lézard de feu. Ou un dragon entier en vrai ! Une Reine, même !"Les yeux noirs de Dimpa brillèrent d’une lueur qui aurait pu – et peut-être dû, à son avis – faire trembler les empires. Cette perspective posée, elle reporta son attention sur le plus proche de ses futurs sujets, à savoir son frère à moitié couvert de terre et pinça les lèvres.
"Toi tu aurais… hm. Pas un Blanc, c’est trop salissant."Cal rit franchement, de la terre jusqu’aux coudes et une étincelle de malice au creux des iris. Un parfum diffus de pétrichor le baigna alors qu’il arrosait la rangée de plantes hétéroclites que Mariam le laissait cultiver à son gré, dans un coin de jardin. Il avait commencé par y planter des graines au hasard, glanées auprès des marchands de semences qu’il avait embêté au gré de leurs escales. Quelques simples avaient suivi quand il était entré brièvement en stage chez un herboriste ravi d’avoir un apprenti susceptible de faire fleurir les plantes les plus capricieuses.
Depuis que le jeune homme s’était infiltré chez le vieux mage du village avec la persistance que les chats mettent à se retrouver chez les canapés d’inconnus peu coopératifs quant à l’idée d’avoir un félin à domicile, le parterre bourgeonnait de plantes d’autant plus bizarres. Mariam disait en souriant que le petit carré de verdure dense cartographiait les amours et les ambitions de Cal, entre les fleurs que ses flirts faisaient naître et les herbes que son apprentissage malmenait.
"Tu serai assorti à un Brun" admit Dimpa avec un regard insistant aux tâches qui composaient environ 60% de la surface visible de son aîné.
"Ou à un Noir de la teinte du terreau" contra Cal.
"Voire à une verte couleur sève."Dimpa le considéra avec ce qu’elle estimait être la compassion sage d’une future souveraine envers un sujet un peu simplet et soupira dramatiquement.
"Les dragonnes sont pour les filles, Cal, enfin !""Et pour certains garçons" contra-t-il, plus par esprit de contradiction que par réelle conviction.
Qu'il fasse partie de ces garçons qui embrassaient le fils du boulanger et riaient trop fort et faisaient grincer du dentier les conciles d'anciens assemblé sur les bancs du village ne le concernait après tout pas : pour se lier à un dragon, encore fallait-il y être appelé. Pour l’instant, aucun des chevaliers sillonnant le ciel ne s’étant intéressé à son cas, Calenadh avait supposé qu’il n’était pas du nombre et ne s’en inquiétait pas : le monde était une multitude d’opportunités intéressantes. Son heure viendrait peut-être – ou pas, auquel cas il échapperait aussi aux corvées du Kaerl, ce lieu entre rêve d'enfant et réalisme probablement rempli de responsabilités. Dans tous les cas, il demeurait certain de pouvoir toujours retomber sur ses pattes, fort de cette certitude qu’ont les enfants aimés, les adolescents encore en partie innocents.
Son sourire en coin s’agrandit, annonciateur d’une taquinerie qu’il lança par-dessus un ronflement bienheureux en provenance de Terreur :
"De toute façon, c’est un peu arbitraire, ces histoires de couleur. Genre, comment est-ce qu’on sait qu’un Noir est vraiment Noir et pas un Brun vraiment sombre ? Ou qu’une Blanche n’est pas en fait une Bleue très très claire ?""Mais la taille est pas la même, nouille mal cuite !""Oui, oui…"Il laissa s’écouler une seconde entière de silence avant de reprendre, faussement candide, couronné d’un soleil qui faisait étinceler ses yeux et de mèches folles comme une auréole de saint du désordre :
"Mais du coup, une dragonne turquoise, c’est une grande Verte ou une petite Bleue ?"Dimpa le toisa sévèrement et tendit royalement les bras vers lui :
"Tu dis n’importe quoi, comme toujours. Tais-toi et fais-moi voler, il faut que je m’entraine pour quand je serai reine.""Pour quand tu seras reine ou que tu auras une Reine ?""Les deux !"Rieur, il attrapa sa plus jeune sœur pour la faire tourner dans les airs, comme parmi les silhouettes distantes des dragons.
Puis, quand ses bras brûlèrent et que Dimpa eut ri à en perdre le souffle, Calenadh reprit le cours d’une vie qu’il pensait lancée sur les rails d’un apprentissage de magie, jusqu’au jour où Ziem, maître du Noir Murdoch, atterrit dans sa vie.
Possessions : - un carnet vert aux pages inégales, cornées et tachées de terre ou de sève, rempli de ses notes, de conseils de culture, de fleurs et de feuilles pressées, de formules d’engrais alchimique et de sorts d’abondance
- des petits sacs de graine qu’il promène partout et sème au petit bonheur la chance pour le plaisir de les voir fleurir
- un petit couteau hori hori, pensé pour le jardinage plus que comme arme
Magie :Couronné d’un nom qui signifie « royaume verdoyant », Calenadh est porteur, en plus du Don, d’une magie végétale qui bourgeonne tout juste. Sous ses doigts – et ses émois, parfois – les graines germent et les fleurs éclosent, deviennent débuts de fruit, les cultures subissent une poussée de croissance soudaine.
Aussi utile que soi ce pouvoir, Cal ne fait pas de miracle : une fleur qu’il ferait pousser sous la neige mourra de froid si elle est laissée à son sort. Par ailleurs, s’il espère pouvoir s’améliorer à force d’entrainement et d’études, le jeune homme est actuellement limité. Son don peine à avoir un effet dès qu’il s’agit d’affecter plus imposant qu’un arbrisseau encore vert et souple, ou des surfaces dépassant le potager familial.
Contrecoup de son utilisation, le pouvoir de Caly lui cause migraines et vertiges à la violence croissante, au point de se montrer incapacitants s’il dépasse ses limites : une surface d'une vingtaine de mètres carrés grand maximum s'il se contente de faire fleurir des plantes pré-existantes et en bonne santé, qui se réduit vite même pas deux mètres carrés si le jeune homme part de graines à peine semées. Évidemment, plus les plantes seront denses et la croissance visée importante, plus Calenadh perdra en énergie rapidement. Suite à ses excès d’enthousiasme, sa fratrie ramasse donc parfois l’apprenti mage allongé dans le potager, Terreur perchée sur lui avec toute la satisfaction du monde comme le système d’alarme le plus inutile que la terre ait portée.
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