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 [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !

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Martel Dehlekna
Second du Kaerl Ardent
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Martel Dehlekna


Date d'inscription : 19/08/2020
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Race : Elfe (Moredhel)
Âme-Soeur : Le Bronze Melkor
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MessageSujet: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 13 Fév 2022 - 12:41




~ 23e jour d’Ouranosku, fin de matinée – Fête d'Ouranos

Caressant, presque avec tendresse, venant effleurer ses hautes pommettes, un mince doigt de lumière luttait pied à pied contre l’obscurité de la nuit. Kishi ne tarderait pas à céder la place à son époux, mais il s’attardait encore dans la pièce une pénombre résiduelle, tandis que l’astre solaire se hissait difficilement au dessus des Pics de Cendre.

Le bleu furieux de deux iris glacés rendait son regard à son jumeau, reflet torturé d’un miroir de pauvre facture, trônant là comme un paysan mal fagoté le ferait au beau milieu d’une armée. Son expression se teinta de mépris. Pourquoi maintenant, pourquoi ce matin entre tous ?

**Inutile de me poser la question, la réponse est non.**

Le Bronze était de mauvaise humeur, après ces heures passées à veiller, gardant un œil sur son Lié englué dans un sommeil agité de songes fiévreux, dont le dernier l’avait tiré du sommeil alors que l’aube pointait à peine au dessus du Màr Tàralöm. Le procès ne se tiendrait pas avant la fin de matinée, mais Martel avait été incapable de se rendormir, les yeux grands ouverts sur le plafond de pierre, et le cœur battant à tout rompre.

Le souvenir de son rêve ne cessait de le hanter, comme une sensation fantôme courant sous ses doigts, un parfum doucereux, une saveur oubliée sur ses lèvres, que même l’eau glacée dont il s’était aspergé le visage n’avait réussi à chasser. Melkor soupira, une lueur rougeoyante filtrant de sous ses paupières, tandis que de rage, son frère d’âme balayait la cuvette d’étain d’un mouvement hâtif de la main. La douleur irradiant jusque dans ses doigts, le Moredhel toisa l’objet qui oscillait encore au sol, avant de se laisser retomber sur le matelas inconfortable qui avait accueilli ses chimères nocturnes.

Le dragon n’était pas responsable de ce qui lui vrillait à présent les entrailles, de cette flamme avide qui embrasait son sang et sinuait le long de sa colonne vertébrale. Et pourtant, cette chaleur, si sourde et insistante qu'elle soit, se voyait maintenant lentement et irrémédiablement étouffée par une poigne glacée, menaçante, hérissant la surface de sa peau pâle.

Gardant le silence – qu’aurait-il de toute façon pu lui dire qui n’aurait pas provoqué un nouveau mouvement d’humeur chez son Lié ? – le grand Bronze déplia sa lourde masse pour se diriger vers l’ouverture du weyr qu’ils occupaient maintenant depuis plusieurs semaines. Situé sur la face extérieure du volcan, suffisamment à l’écart pour ne pas attirer l’attention, il permettait à Melkor d’aller et venir en toute discrétion … Et à Martel de reprendre des forces dans de meilleures conditions.

**Je vais chasser. En cas de besoin je serai là en un instant.**

Instant qui pouvait tout aussi bien se révéler fatal. Assassiné le jour de son procès … S’ébrouant comme pour occulter la probabilité d'une telle conjecture, Melkor s’envola, laissant son Elfe à ses pensées troublées.

‘‘Le grand Martel Dehlekna’’ serait jugé aujourd’hui devant ses anciens pairs réunis, et serait acquitté ou bien exécuté. Foutaises ! Un sourire d’auto-dérision amère étira ses lèvres minces. Lui qui, depuis son retour au Kaerl, avait construit sa stratégie sur la notion qu’il n’avait plus rien à perdre, se rendait compte aujourd’hui que certaines choses improbables recelaient encore une importance à ses yeux. Il ne pouvait s’y méprendre, quand bien même n’avait-il pas éprouvé cette sensation honteuse depuis des années : il avait peur. Peur de comprendre. Peur de voir lui échapper ce qu’il touchait à présent à peine du doigt ; ce qu’il convoitait depuis si longtemps.

Quelle serait la réaction d’Eléderkan ? L’image de son ami s’imprimant soudain dans son esprit lui arracha un sursaut, et serrant résolument les dents, il écarta hors de son visage quelques mèches neigeuses humides. Encore maintenant, il ne pouvait être absolument certain que son ancien frère d’armes le soutiendrait devant le reste du Concile. Quand bien même leur plan d’action était désormais bien établi, l’Inquisiteur Suprême pourrait tout aussi bien décider à la dernière minute de lui tourner le dos … Une fois de plus. S’abymant, satisfait, dans son rôle de chien couchant d’Iskuvar.

Refusant de se laisser ronger par le doute et les murmures dépréciateurs qui chuchotaient en lisière de sa conscience, le Moredhel se redressa, jetant un regard de défi à son reflet dans le miroir, avant de se détourner. Il lui restait encore un peu de temps pour se préparer, et il serait idiot de ne pas le mettre à profit.


A l’heure dite, il se trouvait là, dans l’expectative, devant les imposantes portes à double battant qui marquaient le seuil du Concile. Rongeant son frein, comme un vulgaire domestique attendant d’être convoqué par ses maîtres. Malheureusement pour lui, la situation, quoi que déplaisante, était nécessaire. Il fallait que son entrée marque durablement les esprits. Les premières secondes, les premières impressions seraient cruciales. Voilà au moins un point sur lequel ils étaient tombés d’accord avec Eléderkan.

Enveloppé dans une houppelande anonyme, sa capuche ombrageant son visage et empêchant qu’on le reconnaisse, il patientait donc, Melkor se tenant un pas en retrait derrière lui sous sa forme bipède. L’ancien Exilé pouvait sentir la nervosité qui agitait son Lié, mal à son aise dans son enveloppe de chair. Le dragon se tenait prêt à tout moment à déchaîner une tempête sanglante de crocs, de griffes et de flammes.

*Paix, Melkor.*

Deux lunes s’étaient écoulées depuis sa première entrevue avec Levon et la ratification du nouveau contrat qui l’engageait avec le Clan Valherien, et quoi que sans empressement particulier, la Neishaane Incarnate avait tenu parole, tissant soigneusement sa toile d’intrigue et d’arrangements secrets. Il n’avait pas fallu longtemps à Martel pour parvenir à la conclusion que Jora Evumbrar se révélerait finalement une adversaire bien plus coriace que le Zenghwei, lui inspirant un curieux mélange de profond dégoût et de respect forcé.

Usant de son autorité nouvelle de Haute Représentante, la liée de Tahkasya avait réclamé – pour ne pas dire exigé – du Seigneur du Kaerl qu’il réunisse l’ensemble des Sangs en une assemblée exceptionnelle, pour traiter "d’un sujet de la plus haute importance". L’ironie de la date choisie ne lui avait pas échappé : le 23e jour d’Ouranosku, là où le rang des uns et des autres s’effaçait, et où les plus misérables pouvaient côtoyer en toute impunité les plus puissants.

Un rictus aigre fleurit sur ses lèvres, lui attirant un regard scrutateur de la part de son Bronze. Il ne le voyait pas, mais il pouvait le sentir, acéré, pesant dans son dos, rivé entre ses deux omoplates. Ensemble, jusqu’à la toute fin, et quoi qu’il advienne. Ils leur feraient payer, encore et encore, tous autant qu'ils étaient.

Enfin, dans un grincement irritant pour ses nerfs déjà à vif, les lourds battants s’écartèrent, révélant les contours par trop familiers de cette pièce qui avait occupé bien des heures, bien des jours de sa vie avant qu’il ne soit chassé du Màr Tàralöm. Un pas après l’autre, il s’avança, jusqu’à pouvoir contempler dans son champ de vision l’ensemble des participants. Avec une assurance délibérée, il abaissa son capuchon sur ses épaules, cherchant le regard de Seregon, avant de se débarrasser complètement du vêtement, le laissant tomber entre les mains d’un serviteur.

« Gardien et Sangs du Concile, je suis ici à la demande et sous la garde de la Maîtresse Jora Evumbrar, en sa qualité de Haute Représentante du Clan Valherien. Moi, Martel Dehlekna, lié du Bronze Melkor fils de Sokänon, me présente à vous aujourd’hui ... »  Surtout, ne pas flancher. La moindre hésitation, le moindre faux pas lui seraient fatals. « … afin de me soumettre au jugement de mes anciens pairs. Je requiers la révocation officielle de mon ordre d’exil. »

Pour quiconque l’observerait alors, nul ne pourrait deviner en lui la moindre trace de doute ou de désespoir, plus rien de l’homme tourmenté qui avait fait face à son miroir quelques heures auparavant. Digne et impassible, il assortit sa déclaration d’un mouvement de tête – supposément respectueux – en direction du Borgne, et au dessus de l’assemblée, dans les galeries plongées dans l’ombre, les murmures éparses des spectateurs commencèrent à enfler. Les Sangs, eux, restaient silencieux.

Un par un, il les dévisagea calmement, jusqu’à croiser les iris de sylve d’Eléderkan. Durant le bref instant que dura leur échange, avant que l’Inquisiteur Suprême ne se détourne, le Moredhel tenta vainement d’y lire … Quoi, exactement ? Une quelconque confirmation, ou n’importe quelle forme d’assentiment ? Depuis quand avait-il seulement besoin de son approbation ?

Forçant ses doigts à rester détendus et immobiles à ses côtés, pour ne rien laisser voir de son trouble, il reporta son attention sur Iskuvar – lequel, quoi que contenant de toute évidence sa fureur, ne paraissait pas surpris de la tournure des évènements – puis, terminant son tour de table, s’arrêta sur le del Hendrake. Sous la cendre couvait la braise, et le Fëalocë ne cachait pas sa préoccupation de le savoir de retour. Si Martel parvenait à sortir vivant de ce procès, le noble serait la première cible de sa vengeance bien méritée. Il récupèrerait ce qui lui appartenait.


« Que ne jure pas de marcher dans les ténèbres
Qui n'a pas vu la tombée de la nuit. »

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Alauwyr Iskuvar
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeLun 21 Fév 2022 - 21:45

Qui pouvait espérer trouver le sommeil à la veille d'un procès d'important, où tout pouvait se produire ? Bien des âmes ardentes peinaient à trouver le sommeil, prises entre la crainte, l'incertitude, la hâte ou bien encore une forte passion de déjà s'y retrouver, pour être les témoins muets pour les plus insignifiants ou d'être des acteurs d'importance pour les individus occupant de hauts posts, contribuer au rajout d'une encoche supplémentaire dans le roc volcanique empli d'histoires du Màr. Bien des liés comme des non liés ne se reposaient donc pas. Alauwyr était de ceux-là. Mais, ce que lui éprouvait était totalement différent.

Estenir, camouflé dans les ombres de leur weyr, fixait son âme sœur, qui se tenait droite sur l'extérieur, sur l'immense balcon s'ouvrant sur l'extérieur. Son lié paraissait tellement calme dans cette posture.... Pourtant, le Cendré percevait le maelstrom dans son âme. Les bras croisé dans le dos, l'humain fixait la voûte céleste. De l'eau gouttait encore de sa longue chevelure blanche, pour glisser le long des lignes de son dos nu et des courbes musculeuses de ses bras, pour ralentir à hauteur des poignets. Puis, le chemin aqueux se terminait sur des doigts serrés. Ils étaient tellement crispés que les articulations des phalanges en pâlissaient. Par moment, elles tremblaient. Alauwyr bouillonnait intérieurement. L'air frais de la nuit frôlait sa peau encore humide de son bain, qu'il avait pris pour essayer de refroidir cette fureur qu'il contenait de toute ses forces. Son corps frissonnait, mais il ne ressentait pas la morsure aérienne glaciale. Le feu intérieur était bien trop brûlant pour qu'il puisse la ressentir. Car s'il la libérait totalement, il serait capable d'outrepasser ses droits de Seigneur et voir, de commettre l'irréparable, et cela, bien avant que ne commence le procès. Et il ne pouvait se le permettre, en aucun cas ! Tout se jouera demain. Il ne devait pas offrir la moindre faiblesse aux personnes qui soutiendront Martel. Et à y songer, encore une fois, ses mâchoires se serrèrent.

Ce procès était comme un combat mortel, où aucune erreur ne sera pardonnée. Comme dans la Fosse, tout dérapage sur le sable pourrait apporter la mort. Mais demain, il n'était pas question de périr par le tranchant d'une lame, il était question de sceller le destin d'un homme qui avait tenté de l'abattre dans la Fosse, qui était et demeurait un adversaire. N'avait-il pas convoité la place du trône dernièrement ? Osera-t-il le réclamer demain ? De la décision finale qui découlera de son jugement, naîtront plusieurs et possibles inconnues.... Beaucoup de choses étaient en jeu. Beaucoup trop de choses même. Par les Dieux, pourquoi Seregon avait décidé de l'exiler pour ensuite tolérer son retour ! Il connaissait déjà la réponse et la savoir ne fit qu'attiser son exacerbation. Depuis qu'il avait appris sa présence dans le coeur du Màr par Runa, il aurait pu choisir de le faire traquer et de le faire exécuter. Et au lieu de ça.... Il avait patienté ; avec les conseils avisés de sa Déesse du Désert, jusqu'à que ce vienne le temps pour le rat eut pris la décision de sortir de son trou pour réclamer sa rédemption... Et elle était venue, deux lunes auparavant, par l'intermédiaire de Jora Evumbar, la Haute Représentante Valhérienne. Rien que cela apportait déjà la confirmation de qui avait dissimulé et protégé l'Exilé. Il aurait été totalement en droit de refuser. Mais les enjeux étaient trop importants. Lui même qui n'était pas versé en fin politicien le savait. Après cela, la date du Procès avait été clarifiée officiellement.

Une petite bise se fut un peu plus mordante, charriant en même temps une légère odeur cendreuse. C'était comme si le Màr se rappelait à lui. Par le Sang ! Il préférait sur l'instant sentir l'odeur du sable chaud du SSyl'Shar, pour se remémorer la vie indomptable, la terre brûlante avide du sang qu'il versait quand il estimait pouvoir le verser, sans demander de compte à personne ! Cette liberté emplie de virages mortelles qu'il prenait plaisir à repousser ! D'apporter la crainte et la mort par sa simple présence dans les airs, sur le dos d'Estenir. Lui, le Chevaucheur de Démons ne craignait personne !

°Même si aujourd'hui, tu es le Seigneur Ardent, tu ne redoutes personne. °

Alors pourquoi cette fureur tourmentait-elle son esprit ? Était-ce un moyen de repousser quelques craintes profondes ? Non, l'Empereur Cendré avait raison. Il ne redoutait personne ! Pas même Seregon avait ses doubles jeux, qui sera là pour rappeler à tous que le Gardien veillait toujours et encore sur le Kaerl et ainsi, qu'il était toujours à même de prendre un ultime choix pour le bien du Màr. De ses décisions, il avait permis à Alauwyr de ne pas périr sur les Sables, de l'imposer à devenir Second de Limna... Avant d'accepter tacitement le retour en douce de Martel.... Voilà pourquoi la rage le rongeait ! Seregon jouait de tout cela ! Voilà la réponse qu'il avait au plus profond de lui et qu'il n'avait pas réussir à extérioriser. Seregon avait permis le retour de ce chien elfique, sans définir son véritable but ! Et la colère sourdait encore en elle. Son lié, lui savait pourquoi. L'homme refusait d'accepter bien des choses....

Sentir les effluves de sable chauffé à vif par le soleil implacable du Désert aurait été bénéfique pour détendre sa tempête d'émotions et de hargne. Partir aurait été une bonne solution, mais se remémorant le dernier échange qu'il avait eu avec Le Gardien du Kaerl, il serra les dents. Ses devoirs et ses implications en temps que Seigneur... oh oui, il n'avait pas omis ses paroles... Et là il sera présent ! Il ne fuirait pas. Ainsi, on ne pouvait pas le surprendre à s'envoler par l'Interstice. De plus, depuis que la date du procès avait été officialisée, il avait fait preuve de plus de prudence ; avec l'aide de son lié et en donnant des ordres précis pour la garde et les guerriers du Kaerl, non pas pour se protéger lui, mais pour prévenir de toute tentative débordante lié à ce procès, avec ou sans les alliées de ce fichu Martel, on ne pourra pas dire qu'il ne pensait pas à une partie de ses devoirs en temps que Seigneur !

Il ferma les yeux, essayant de se rappeler les odeurs propres à SSyl'Shar, de ressentir la caresse solaire sur son visage pendant qu'il bravait les vents des tempêtes du sable. Puis doucement, il crut ressentir cette chaleur contre sa peau, dans son dos, bien qu'encore un peu humide. Il crut retenir son souffle sur cette sensation. C'était trop réaliste pour que lui-même ait réussi à l'imaginer dans son intégralité. Il rouvrit les paupières et détendit ses doigts. La chaleur était chair, palpable. Cette chaleur propre au désert de sa vie précédente....

Le désert étendait son emprise sur lui, entourant son torse de ses bras avenants et brûlants à la fois. Il manqua d'être surpis à ce contact, nullement préparé. A cela, il ne fut pourtant pas sur la défensive, ressentant un contact familier. Et à travers le Don, il ne percevait point de danger immédiat ; jamais, oh combien jamais Estenir n'aurait laissé une tierce personne s'approcher de lui sans s'être assuré qu'elle n'était empreinte de mauvaise intension... Même dans dans le cas un peu particulier qui enlaçait son lié.

Le contact chaleureux se renforça. Alaywur hésita à tourner la tête pour identifier sa source. Il redoutait presque une malice du Destin. Ses doigts décrispés percevait un contact bien réel. Que risquait-il après tout ? Son lié avait permis son arrivée. Et pourtant, plongé dans au cœur de ses propres colères, il doutait quelque peu de la réalité du moment. Son esprit ne naviguait pas dans le flot de ses émotions contradictoires ; il se faisait emporter.

°Le doute amène à la peur...°

Tel fut le lointain murmure d'Estenir, qui veillait à ne servir que de guide au lieu d'interférer profondément dans la tempête qui emplissait l'esprit de l'humain. Il ne souhaitait pas revivre les expériences passées, qui avaient manquées de détruire ce qui l'unissait à son lié. Et demain sera un jour crucial. A ce souffle mental, Alauwyr avait quelque peu sourcillé. Non, il n'avait pas peur, il ne craignait rien ! La chaleur du désert qui était au contact de sa peau s'insinuait pour chasseur le froid qui faisait frissonner son ton torse par moment. Il retira ses bras de la douce étreinte qui l'entourait. Cherchait-il à fuir ? Nullement. Il se retournait et affronta la réalité. Ses yeux noirs et glacés le regard profond d'un double coucher de soleil ambré, qui apparaissait comme une brève étincelle dans son maelstrom. Il était temps de cesser de se faire emporter et de reprendre d'une main son propre être ; une lutte perpétuelle qu'on pourrait croire impossible de maintenir constant entre les flots erratiques et instables. L'astre flamboyant le tenait toujours, sans chercher à l'emprisonner. Il était libre de choisir de partir ou de rester.

Il décida de capturer entre ses bras musclés cette lumière brûlante et indomptable, n'imposant qu'une douce étreinte. A ce contact proche, il pouvait humer l'odeur même du sable chaud qui imprégnait la chevelure rubis de son étoile luminescente à travers ses propres ténèbres. Le désert implacable, insensible s'était levé en tempête, cinglant tout sur son passage, avant que ne vienne l'aube chaleureuse avec son astre royal, repoussant l'air glacial de la nuit. Un ''calme plat'' étrange s'installa entre deux êtres que bien des choses opposaient. Et pourtant....

''l'ad yastatie tarwid alsahra, hylaa nafsahu.''murmura-t-il en ssyl'sharien
Spoiler:

Il ferma les yeux pour se plonger entièrement dans ce qui était le désert par son odeur chaude, la lumière pétillante de son regard brûlant et par la flamme ardente de son âme.....


***


L'heure du Procès approchait.

Bien des spectateurs dans les estrades qui dominaient le Concile, dans les galeries supérieures, murmuraient leur impatience. Quoi de plus étonnant qu'un tel évènement fasse bondir les cœurs d'excitation. Le Màr entier était à un point de pivot tel que l'issue de ce procès aura des conséquences certaines pour son avenir. Restaient à savoir si elles seront bénéfices, ou au contraire, désastreuses.

Le Seigneur Ardent, tout comme tous les Sangs, était présent, guettant l'entrée de l'exilé. Imperturbable à la place qui était la sienne à la table du Concile, il ignorait superbement les possibles regards qui se posaient sur lui, qui se voulaient interrogateurs ou inquiets. Son visage couturé de vieilles cicatrices était impavide, vide de toute émotion, dardant juste les lourds battants qui s'ouvriront sous peu, pour laisser entrer l'elfe honni. Pour celles et ceux qui se remémoreront leur dernier affrontement sur les sables de la Fosse, reviendra à mémoire le visage des deux adversaires, qu'une haine sans nom avait marquée. Peut être même avait été-t-elle plus intense sur Martel, après que Seregon eut prononcé son exil à vie du Kaerl, après avoir ordonné à Iskuvar de retenir sa lame ; un élément qui avait son importance, qui, à ne point douter, pourrait servir comme poids dans la balance du procès. Ca, Alauwyr ne l'omettait pas... N'avait-il pas concéder à l'injonction du Gardien ? Il aurait été en train de le braver et de porter le coup fatal à son adversaire...Intérieurement, un sentiment carnassier naquit brièvement....

Estenir, qui était dans les tribunes, ayant pris sa forme humaine, observait son lié, tout en gardant ses sens en éveil. Le Maître Noir était en bien meilleure forme que lors de leur dernier dans la Fosse. S'il avait pu réussir à vaincre Martel alors qu'affaibli par une blessure mal cicatrisée, qui sait ce comment aboutirait la finalité d'un nouveau duel... Mais est ce que l'Exilé était réellement dans la folie de reprovoquer l'humain pour une nouvelle confrontation par les armes ? Alauwyr n'était, lui, pas dans cette approche. Il laissait l'initiative à son ennemi. Une approche dangereuse, selon les songes d'Estenir. Ne l'était-elle pas de base déjà par la non réactivité de Seregon quand au retour de l'Elfe ?

L'Empereur cendré fixa les deux lourdes portes. Dans un bref instant, le procès commencera et un affrontement d'un tout autre genre se déroulera.... Il reporta son attention sur Alauwyr. Il n'aimait guère savoir les Sangs et lui même non armés. Le Seigneur Ardent en personne avait donné ordre que seuls les soldats de la Garde Embrasée et les gardes du corps de certaines autorités présentes au Procès seront autorisés à conserver leurs armes. Tout contrevenant surpris à en posséder une sera sanctionné sévèrement. Et avec une telle décision, le Seigneur lui même ne pouvait jouer d'exception. Après tout, en posséder une sous prétexte de son haut titre serait offrir des cartes à jouer pour Martel et ses soutiens...Ainsi, un certain message était déjà placé dans la balance : le Seigneur ne craignait pas les alliés de l'exilé, ces traîtres qui l'avaient caché durant tout ce temps ! Et il redoutait encore moins le retour de Martel qui réclament le retrait de sa situation de ''banni'' !

Un lourd grincement commença à se faire entendre. Les deux lourds battants s'ouvrirent doucement. Entra l'Exilé, l'Ardent honni, l'adversaire..... Le prévenu s'avança et fit preuve d'une certaine assurance ; non sans une petite mise en scène vestimentaire, histoire de montrer l'image d'un homme sûr de lui qui était de retour chez lui. Puis vient sa petite allocution...omettant dans son introduction le titre de Seigneur.

Alauwyr demeurait impavide. Il aurait pu sourire à cette omission énoncée sciemment. Martel entrait déjà doucement dans le jeu... Et il avait adressé un bref mouvement de tête vers le Gardien, le seul décisionnaire de son ordre d'exil. Après cela, il regarda tour à tour chacun des Sangs présents ; tout comme Alauwyr, étaient demeurés silencieux et solennels.

°As-tu remarqué ? °
°Oui. Mais rien n'est moins sûr.°
°Penses-tu que l'Inquisiteur est de son côté ? °
°Il sait ce qu'il fait... peut être mieux que Seregon....Nous verrons comment les choses se dérouleront. N'omettons pas les conseils avisés que nous avons eu....°


Runa l'avait effectivement conseillé en bien des lignes, bien plus portée en politique et en intrigue que lui. Après, malheureusement, les cartes étaient là maintenant dans ses mains, pas dans celles de sa tumultueuse et magnifique chevalière incarnate.

Puis, les yeux de l'exilé croisèrent ceux du Seigneur emplis de froideur. Le temps de quelques battements de coeur, les deux hommes se confrontaient du regard. Alauwyr n'était nullement surpris par son retour, puisqu'il avait appris sa présence dans le Kaerl des semaines bien avant.... Aucun rictus sarcastique, aucun sourcil froncé de haine ne marquaient son visage. Juste un mur de glace et l'absence d'émotions luisant dans la profondeur de ses deux orbes d'obsidienne. Vint ensuite le moment d'officialiser la séance...

Le Seigneur Ardent se leva dignement. Bien qu'il occupait le Trône, il mettait en avant qu'il était avant tout un lié à un Grand Empereur noir, en portant des atours noirs, tissés dans les plus fins fils de lin. Des entrelacs avaient été brodés avec soin avec du d'argent sur le bord de ses manches et à hauteur de son torse. La tenue demeurait sobre, malgré la complexité des petits ouvrages argentés. Elle demeurait parfaite pour certaines occasions, gardant une certaine praticité pour un combattant. Et cette approche se percevait plus encore par la décision du Maître noir d'avoir coiffé sa longue chevelure lunaire en arrière, pour la faire tenir en une simple queue de cheval.

''Martel Dehlekna lié du Bronze Melkor fils de Sokänon....Tu viens demander la révocation de ton exil alors que tu l'as outrepassé en revenant au Màr Taralom sans y être autorisé officiellement... Cet exil qui a été ton choix propre lors des deux voies possibles que t'avait imposé le Gardien Seregon dans la Fosse pour demeurer en vie''

Le ton était froid mais solennel. Alauwyr ne visait pas la provocation ; ce n'était pas le désir qui lui manquait. Il tenait à remettre à leurs justes places une ou petites choses.

''L'ordre aurait pu être donné de te faire prisonnier et de te faire exécuter pour un tel acte. Le Gardien Seregon a jugé bon de t'accorder un peu de mansuétude à ton égard... Et pour ma part et de celles de tous les Sang, de t'accorder ce procès pour que tu puisses espérer la levée ou le refus de ta demande concernant ton exil''

Et bien entendu, il n'y avait pas que l'exil qui était en jeu, il y avait bien plus.

''Et quelque soit la décision finale, tu devras t'y soumettre....Je laisse la parole à chacun des Sangs présents pour apporter leurs avis vis à vis de ta ''sollicitation....''

A ses dernières paroles, il se rassit, toujours avec dignité et sans quitter des yeux Martel. Maintenant, chacun des Sangs s'exprima sur son sort.... les dés étaient lancés.


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Martel Dehlekna
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeSam 12 Mar 2022 - 12:30


Dans une ronde à la lenteur délibérée, son regard avait glissé et examiné les expressions de chacun des présents, marquant un arrêt prolongé sur Iskuvar lui-même, le jaugeant, extérieurement imperturbable. De violents instincts avaient remué au fond lui alors qu’il détaillait son apparence soignée, avisant les riches broderies ornant une tunique autrement sobre. Subtile prétention, tout autant que parodie d’une distinction feinte qui ne tromperait personne. Le voilà qui s’amusait à jouer au Seigneur maintenant ? Foutaises ! Il pouvait bien parader tant qu’il le souhaitait, ni lui, ni aucun de ses prédécesseurs n’était jamais arrivé ne serait-ce qu’à la cheville de Celanduil.

Son visage un masque impénétrable, dépourvu de la moindre once d’arrogance ou de haine, l’Humain l’avait toisé sans surprise, quelques instants avant de se lever pour prendre la parole. Une petite lueur sourde y brasillant tout bas, les iris hivernaux de Martel avaient suivi son mouvement, prudent et attentif. Et il lui fallut ainsi toute la force de sa volonté pour garder lèvres closes quand Iskuvar s’adressa à lui, atténuant habilement l’humiliation du tutoiement par l’usage de son nom complet.

Un sourire cynique frémissant, difficilement jugulé, menaça de s’imposer à lui, mais le Moredhel, inclinant brièvement la tête en signe de reconnaissance des faits exposés, parvint à le masquer convenablement. Voilà qui était de bonne guerre. N’avait-il pas omis son titre après tout, en s’adressant à l’ensemble des Sangs ? Il n’en attendait pas moins de lui, et était prêt à lui rendre coup pour coup, œil pour œil, dent pour dent. Ce serait sa volonté contre la sienne. Il l’affronterait jusqu’à la fin, jusqu’à ce que lui soit arraché son ultime souffle.

Derrière lui, Melkor irradiait d’une telle rage que la chaleur qui émanait de son corps bipède en devenait presque douloureuse à supporter. Il ne faisait pas totalement confiance à son Bronze pour contenir son énergie, pour la relâcher et la laisser exploser une fois seulement le moment venu ...
Mais en attendant, l’Exilé préférait concentrer son attention sur le peu de personnes qu’il estimait capables de faire pencher la balance. Eléderkan. Iskuvar. Seregon bien sûr. Le Del Hendrake, qu’il entendait bien faire macérer le plus longtemps possible dans son dépit … Et la nouvelle Haute Prêtresse de Flarmya, au visage inconnu, mais dont Eléderkan lui avait dépeint, en quelques mots, le peu qu’il savait d'elle. Quant aux autres, il les abandonnait volontiers à son Lié, qui en dépit de son intelligence passable, se montrerait certainement apte à détecter instinctivement menaces et accords souterrains.

Lorsque le nom de Seregon fut prononcé, Martel s’attarda à croiser le regard du Borgne, qui paraissait d’ors et déjà s'amuser de la situation. De tous, c’était celui qu’il estimait le plus imprévisible, pouvant représenter à la fois son plus grand soutien comme son plus dangereux opposant. Les décisions du Gardien semblaient parfois défier toute logique, mais le Moredhel savait, au fond de lui, qu’il n’en était rien. Pour autant, il s’avouait bien incapable de voir clair en son jeu et l’irritait profondément. L’incertitude qu’il incarnait pourrait tout aussi bien le conduire à sa perte qu'à une victoire inespérée.

« Cet exil en terre étrangère résulte en effet de mes propres choix. Je reconnais également ma dette à l’égard du Clan Valherien, ainsi que votre … mansuétude à mon égard, Gardien Seregon. » Il se retint de rouler des yeux pour ponctuer sa déclaration. « Je me présente face au Concile en toute conscience de ce que cela implique, et m’en remet en effet à votre jugement collectif de mes actes, au regard de tout ce que j’ai pu apporter à notre Kaerl par le passé … Je m’en remets à vous pour décider si oui ou non je dois être autorisé à reprendre ma place au sein du Màr Tàralöm. De longues lunes ont passé depuis mon exil, et je regrette aujourd’hui le déroulement des évènements qui ont mené à une telle conclusion. »

Les dés en étaient jetés. Comment les Sangs interpréteraient-ils son petit discours ? Verraient-ils sous le couvert de son apparente humilité, de ce trop évident renoncement, pour y déceler les braises toujours rougeoyantes de son ambition ? Eléderkan, certainement, saurait lire entre les lignes, car il ne lui avait rien caché de ses projets, mais quant aux autres … Il comptait bien donner le change le plus longtemps possible, jusqu’à l’inévitable conclusion de ce procès ridicule.


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Aodren del Hendrake & l'Empereur Noir Torak
- Haut Représentant du Clan Dominant -

Dans le bref moment de flottement qui suivit, les Sangs se jaugeant du regard pour savoir qui prendrait la parole en premier, un soupir audible se fit entendre, tandis que le Haut Représentant du Clan Dominant repoussait sa chaise et rajustait ses riches atours.
En opposition à l’allure simple et presque modeste de la tenue du Seigneur Iskuvar, celle d’Aodren del Hendrake tranchait par la somptuosité de son tissu, d’un rouge sombre presque noir, rappelant la position de sa Maison et son statut de noble. Sans faute de goût pour autant, ni ostentation véritablement excessive, le Fëalocë attirait volontiers les regards et s’en délectait. Il était de ceux qui considéraient que l’habit parlait tout autant que les mots. On accordait spontanément bien plus de respect et de poids à quelqu’un dont l’apparence était raffinée, qu’à un mendiant vêtu de guenilles.

Même si bien évidemment, même vêtu de soie, un chien restait un chien … Le regard posé sur le Dehlekna, prenant son temps, comme s’il réfléchissait, il passait donc sur sa courte barbe une main ornée d’une chevalière frappée aux armoiries du Clan Dominant. Et au gré de ses mouvements, son rubis jetait ça et là des éclats ensanglantés que n’aurait pas renié une Incarnate. Se fendant d’un sourire matois destiné à personne en particulier, puis d’une courbette respectueuse en direction d’Alauwyr, il laissa sa voix aux accents cultivés s’élever et résonner entre les murs de la salle du Concile.

« Mon Seigneur Iskuvar. Gardien Seregon. Mes frères, mes sœurs, Sangs du Màr Tàralöm. Je crains de me voir obligé de poser une question, qui j’en suis certain, vous brûle tous les lèvres, mais peut-être n'osez-vous pas encore l'offrir aux oreilles de vos pairs. Il me paraît indispensable d’éclaircir ce point avant toute chose, afin de pouvoir poursuivre – et conclure au plus vite – ce débat de la manière la plus intelligente qui soit. »

Il marqua une pause, parfaitement dans son élément et hochant la tête d’un air préoccupé, avant de pointer un doigt accusateur, rehaussé de la chevalière au rubis, sur le plaignant.

« Pourquoi, et je m’adresse là avant tout au Clan Valherien, pourquoi devrions-nous accorder un sauf-conduit à un traître à son Kaerl, qui l’a mené plus d’une fois bien trop près du chaos en défiant le pouvoir établi, avant de se laisser capturer par l’ennemi Céleste ? Pourquoi devrions-nous accepter de prendre ce risque, et de permettre à ce moins-que-rien de retrouver une place qu’il n’a clairement pas méritée, plutôt que de l’exécuter séance tenante, nous assurant ainsi que la menace qu’il représente soit définitivement écartée ?
A moins que, Seigneur Iskuvar, Inquisiteur Suprême Garaldhorf, vous ne préféreriez le mettre aux fers le temps de l’interroger. Pour s’assurer des informations qui auront été divulguées au Màr Menel, cela va de soit. »


Se détournant du Moredhel, son regard se posa, pénétrant, sur Eléderkan, un rictus indéfinissable jouant sur ses lèvres. Il s’était toujours fié à son instinct – tout autant sinon plus qu’à son réseau d’informateurs – pour dénicher secrets et complots juteux. Et pour ce qui était de l’amitié de longue date entre les deux Elfes, selon toute apparence éteinte et réduite à néant .... Sa méfiance ne se voyait qu’accentuée par l’absence de preuves formelles d’un lien persistant entre les deux. C’était une variable qui ne devait pas être négligée, si improbable qu'elle puisse paraître.

Après tout, l’Exilé, pourtant fervent membre et ancien Haut Représentant du Clan Dominant, avait bien obtenu une alliance avec les Valheriens, renversement de situation que tous auraient pourtant jugé invraisemblable et impossible quelques heures encore auparavant … Non, il ne renoncerait pas à prendre en considération l’éventualité d’un soutien de la part du Garaldhorf.

Satisfait des graines qu’il avait semé et de la haine vivace qu’il avait vu fleurir dans les yeux de Martel, il se rassit calmement à sa place, savourant le brouhaha confus qui agitait maintenant l’assemblée.


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Adhâvan Ilaiyaraja & La Blanche Rakesh
Verseur de Sang

Oublié dans l’ombre de son seigneur et maître, la posture rigide dans son uniforme de Verseur de Sang et le visage impassible, ainsi que cela convenait à un soldat dans l’exercice de ses fonctions, Adhâvan s’efforçait de calmer les battements de son cœur. Seul le crissement de ses gants de cuir, serrés l’un contre l’autre dans son dos, et ses iris mordorés furieux dirigés vers le Moredhel, venaient trahir ses tourments intérieurs.

**Tu comprends maintenant, ô mon aimé ?**

Le rire cristallin de sa Liée accompagna ses pensées, et elle se pressa un peu plus contre son esprit, faisant écran à la présence inquisitrice et peu subtile de Melkor, se dérobant à lui comme elle l’aurait fait en vol. Embourbé dans des émotions contradictoires, peinant à garder la tête hors ces eaux qui l’étouffaient, son Elfe s'était hélas montré désespérément oublieux du regard lourd et rougeoyant du grand Bronze, curieusement posé sur lui. Elle n'aurait pas pensé ce dernier si ... Futé n'était assurément pas le bon terme, lui qui devait sans doute peiner à additionner deux plus deux, mais disons alors si ''perspicace''. A moins qu'il ne s'agisse simplement d'une pure intuition animale, détectant la colère et douleur palpables qui auréolaient Adhâvan.

**Allons, reprends-toi maintenant, Kishan, on t’observe.**

Un frisson glacé le saisissant, une fragile culpabilité vint teinter son expression tandis qu’il s’apercevait soudainement de l’attention du dragon. Il ne pouvait, ni ne devait, prendre le risque de laisser s’exprimer ses sentiments personnels. Trop de choses étaient en jeu. Il n’avait cure de sa réputation ou de son honneur, mais sa relation avec Nagendra … Ses doigts se contractant jusqu’à en devenir douloureux, le Verseur de Sang baissa respectueusement les yeux, honteux de s’être laissé aller à se détourner de sa mission de protection.
Si les choses dégénéraient, quel parti devrait-il prendre ? Celui d’Aodren, en tant que son donneur d’ordres du jour ? Celui de sa Décurie, la Maîtresse Orlaigh accompagnant la Haute Représentante Introvertie ? Celui du Seigneur Iskuvar ? Ou bien … Celui de l’Exilé, au sujet duquel il paraissait désormais évident que Rakesh avait eu raison ?

Nagendra refusant de lui révéler quoi que ce soit sur la véritable nature des missions secrètes qui lui avaient été confiées par le Décurion Valherien Levon Narses, la Blanche avait joué de charme et de séduction pour tenter de tirer les vers du nez à Llyr … Et si le jeune Bronze n’avait rien avoué à proprement parlé, elle en avait deviné suffisamment pour que ses suspicions se voient clairement confirmées aujourd’hui.

Déstabilisé, Adhâvan ne savait à présent plus qui croire, ni qui suivre, et cela seul suffisait à faire irrésistiblement monter en lui une terrifiante vague de panique, dont il ne savait à quel moment elle finirait par le frapper.


« Que ne jure pas de marcher dans les ténèbres
Qui n'a pas vu la tombée de la nuit. »

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Dernière édition par Martel Dehlekna le Dim 21 Aoû 2022 - 16:08, édité 1 fois
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Daire Orlaigh
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 10 Avr 2022 - 16:36

Avec la participation exceptionnelle de :
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Crédits : AonikaArt, modifié par Heryn
Maiara
Haute Représentante du Clan Introverti

Ce n’était pas la première fois que Daire assistait à une réunion du Concile, loin de là. En tant que Garde Embrasé, elle en avait même eu plus que sa dose. Même si son devoir avait été de protéger le Seigneur Hùriand – puis, hélas, le Seigneur Arkalin –, même si elle ne s’intéressait alors que peu à la politique, même si elle se gardait bien d’ouvrir la bouche ou de se faire remarquer de quelque manière que ce soit, elle n’avait pas pu manquer les différents débats et discussions. Les gardes du corps se devaient d’être discrets, parfois même invisibles, mais ils n’étaient ni sourds ni aveugles. Et, s’il y avait bien une chose qui ne lui manquait pas depuis la fin de la Guerre et son changement de statut, c’était l’obligation de faire le pied de grue dans la salle du Concile tandis que les Sangs, c’est-à-dire les membres les plus avides et pédants importants et hauts placés du Kaerl, réglaient leurs querelles personnelles débattaient de questions relatives au bon fonctionnement et à l'avenir du Màr Tàralöm. Ce qui ne voulait pas dire qu’elle avait pour autant ignoré toutes les séances du Concile. Elle avait plus d’une fois assisté aux séances publiques du haut des gradins destinés aux spectateurs, histoire de se tenir au courant des éventuelles décisions d’importance. Les Sangs avaient beau, pour la plupart, ne penser qu’à leur propre intérêt, leurs délibérations pouvaient impacter tous les habitants du Kaerl.

Mais elle n’aurait jamais pensé se retrouver à nouveau au cœur de la salle.

Elle avait d’abord haussé un sourcil surpris lorsque Igraine Fintan, Haute Représentante du Clan Introverti, et surtout une de ses anciennes aspirantes, lui avait demandé de l’escorter à la séance du Jour d’Ouranos. Habituellement, seul le Seigneur était entouré de sa garde rapprochée, et Igraine était plus que capable de se défendre seule. Mais cette fois, non seulement la réunion était publique – ce qui, en soi, n’avait rien d’exceptionnel – mais, en plus, l’ordre du jour n’avait pas été communiqué. La seule chose que les Sangs savaient, c’était que seuls leurs gardes du corps et assistants étaient autorisés à porter une arme. Ça ne présageait rien de bon. Et Daire avait donc accepté la requête de la maîtresse blanche. Indépendamment du fait qu’elle était à présent sa supérieure au sein du Clan, elle appréciait la jeune femme qu’elle jugeait intègre et sensée, et le mystère autour de cette session ne lui plaisait pas.

Pas plus qu’à Gamaliël qui, lui, aurait préféré qu’elle décline la demande de leur ancienne aspirante.

À défaut de réussir à convaincre sa Liée ou de pouvoir l’accompagner au centre de la salle, l’Empereur Noir fut parmi les premiers à s’installer dans les gradins. Sous sa forme bipède, il n’était guère avenant, et ses iris oscillant entre le jaune, l’orange et le rouge ne faisaient rien pour améliorer les choses. Les sens aux aguets, à l’affût de tout mouvement suspect autour de lui ou en contrebas, il ne pouvait pourtant empêcher son regard de revenir sans cesse à Daire. Debout derrière le fauteuil d’Igraine, elle avait momentanément abandonné son uniforme de Décurion pour revêtir une tenue plus sobre et discrète, mais toute sa posture trahissait sa vocation militaire. La main sur le pommeau de son épée, dont le fourreau était bien visible à sa ceinture – et détournait l’attention des deux couteaux qui s’y trouvaient également – elle se tenait droite comme un I et détaillait chacun des Sangs et de leurs assistants. La tenue particulièrement soignée du Seigneur Iskuvar ne lui échappa pas. Noire et sobre certes, mais aussi brodée de fils d’argent pour mettre en avant le statut de son porteur et, surtout – l’œil exercé de Daire ne s’y trompa pas – suffisamment bien taillée pour ne pas limiter ses mouvements.

Le Seigneur du Kaerl n’excluait pas qu’il y ait du grabuge.

Attentive, Daire reporta son attention sur les lourdes portes de la salle quand celles-ci s’ouvrirent dans un grincement. Ses doigts se serrèrent un peu sur le pommeau de son épée à l’approche de la silhouette encapuchonnée et elle ne put retenir un haussement de sourcil lorsque son identité fut dévoilée. Martel Delekhna. L’ancien aspirant puis Second du Seigneur Hùriand. L’Exilé. Il ne semblait pas armé, aussi la maîtresse noire reporta son regard sur les autres occupants de la salle pour jauger leurs réactions, tout en écoutant les paroles de l’elfe. Il ne lui appartenait pas de juger ou de prendre parti, son rôle n’était que d’assurer la protection d’Igraine, mais elle ne put s’empêcher de remarquer que demander la révocation de son ordre d’exil en l’outrepassant allègrement était clairement provocateur.

Et c’était aussi l’avis du Seigneur Iskuvar apparemment.

Toutefois, rien dans l’attitude dudit Seigneur ne laissait transparaître la moindre surprise. Et, vu sa tenue adaptée au combat, les restrictions sur les armes et la convocation mystère, il savait parfaitement à quoi s’attendre. Sans doute avait-il voulu éviter une levée de boucliers avant le début de la séance tout en conservant une certaine spontanéité des réactions des Sangs, mais elle n’appréciait guère ces entorses répétées aux usages et aux jugements. Du temps du Seigneur Hùriand, au moins, le protocole et les lois étaient respectés. Le Gardien avait peut-être donné son accord tacite au retour de Melkor et son Lié mais son rôle était de garantir la sécurité du Màr Tàralöm, pas sa politique. Si les exilés revenaient sans autorisation, juste parce que le volcan leur manquait ou qu’un Haut Représentant quelconque décidait que ça arrangeait ses affaires, où s’arrêterait-on ? Fallait-il aussi ouvrir les geôles du Kaerl parce que certains habitants n’étaient pas d’accord avec l’emprisonnement de tel ou tel détenu ? Heureusement qu’on ne pouvait pas ressusciter les morts, ce serait un coup à voir revenir les condamnés à la peine capitale !

Les lèvres pincées, Daire écouta donc les paroles d’Iskuvar sans rien laisser transparaître de ses pensées, avant de reporter son attention sur le Haut Représentant du Clan Dominant qui prenait à son tour la parole. Tout dans l’attitude du Maître Noir contrastait avec celle du Seigneur du Kaerl. Il était dans l’ostentation là où Alauwyr Iskuvar se contentait de sobriété, dans les effets de style et de rhétorique là où l’humain allait droit au but. Et, malgré ses grands airs, sa répartie était plus que prévisible. Personne n’ignorait qu’il avait hérité du Siège de Haut Représentant du Clan Dominant après la disgrâce de Martel Delekhna et, que celui-ci semble s’être allié au Clan Valherien ou pas, il était évident que le fëalocë le considérait toujours comme un rival. Ce n’était pas les intérêts du Kaerl qui le poussaient à prendre la parole et à défendre son point de vue, c’était ses intérêts propres et la rivalité qu’il entretenait avec l’elfe. Rien d’autre. Comme toujours, chacun ne faisait que défendre son bout de gras, sans se préoccuper du Màr Tàralöm dans son ensemble.

Alors que Daire, les lèvres serrées, retenait un soupir qui ne seyait pas à son fonction du jour, ce fut au tour d’Igraine de se lever. Dans la tension de ses épaules, son ancienne maîtresse devinait son agacement, mais rien dans le ton de sa voix, calme et froide, ne la trahissait. Elle laissa son regard glacial passer sur chaque personne présente, au fur et à mesure qu’elle les saluait, avant de s’arrêter plus particulièrement sur le Maître del Hendrake.

« Gardien, Seigneur et Sangs. Permettez-moi de tempérer la proposition de justice expéditive proposée par le Haut Représentant du Clan Dominant. J’imagine, Seigneur del Hendrake, que ce n’était pas dans votre intention de remettre en cause les compétences de notre Gardien. Vous conviendrez donc sans peine que, si Martel Delekhna a pu arriver jusque devant nous, c’est qu’il ne présente pas une menace immédiate pour la sécurité du Kaerl. »

Toutes obscures et tordues que soient les motivations de Seregon, personne ne pouvait mettre en doute ses capacités à jauger le cœur d’un intrus et à assurer la sécurité du Kaerl.

« Rien ne s’oppose donc à mon avis à la tenue d’un procès en bonne et due forme afin d’examiner la requête du plaignant… si ce n’est que les formes n’ont pas vraiment été respectées jusqu’à présent et que le Concile n’a donc pas eu le temps de préparer le nécessaire. »

Ça, c’était clairement destiné à Alauwyr Iskuvar et Jora Evumbrar qui avaient décidé de prendre tout le monde en traître. Igraine les dévisagea à tour de rôle avant de reporter son regard sur celui qui était toujours, en théorie, un exilé.

« Je pense pouvoir parler au nom de tous en vous demandant, Martel Delekhna, quels sont donc vos arguments pour oser vous présenter devant nous aujourd'hui. Vous dites regretter les évènements ayant mené à votre exil et être prêt à vous soumettre au jugement du Concile mais, comme le signale le Seigneur Iskuvar, vous avez librement fait fi de son dernier jugement pour revenir au Kaerl. Quelles garanties  avons nous que vous le respecterez cette fois-ci ? Plus important, le Maître del Hendrake, rappelle à juste titre que vous avez visité les geôles célestes. Pourquoi devrions-nous vous faire confiance ? Et, enfin, qu’avez-vous à apporter au Màr Tàralöm, à part le souvenir de vos exploits passés ? »

Ses questions posées, la maîtresse blanche se rassit, sous le regard de Daire qui ne relâchait pas sa vigilance.


Dernière édition par Daire Orlaigh le Mer 11 Mai 2022 - 22:33, édité 1 fois
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Alauwyr Iskuvar
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeMer 20 Avr 2022 - 20:00

Le Gardien occupait une place de choix à l'immense table ovale du Concile. Il pouvait scruter tous les mortels sans le moindre effort. D'ordinaire, il ne participait pas aux séances qui réunissaient les Sangs et le Seigneur, estimant que certaines affaires étaient trop peu intéressantes voir ennuyantes pour qu'il y porte un quelconque intérêt. Sauf qu'aujourd'hui, c'était totalement différent. C'était même presque un évènement unique, pour lequel il lui était nécessaire d'être présent. Même plus que présent. Sa présence était indispensable. Car, comme cela avait été évoqué par le Seigneur Ardent, il avait appris le retour de l'Exilé et avait permis son entrée en secret au sein du Kaerl. Rien ne lui avait échappé dans cette affaire et il savait très bien par quel biais Iskuvar avait appris sa présence au sein du Kaerl... ca et bien d'autres choses encore. Pourquoi Seregon agissait de la sorte ? Peut-être par ennui pourraient songer certains esprits s'ils apprenaient les détails... Ou alors, parce qu'il y avait un autre but derrière, un but plus conséquent, plus important pour l'avenir du Kaerl. Car aujourd'hui, Martel, un Ardent qui avait son importance, venait se placer dans la balance du pouvoir, à sa façon. Seregon savait très bien qui l'avait ''protégé''. Et dans cette balance, on retrouvait les autres Sangs, dont certains avaient déjà exprimé un début de ressenti bien clair quand au retour de Martel. Mais on n'était qu'au début du procès.

Quand Martel s'était présenté de manière semi théâtrale, le Gardien était resté stoïque, se contentant de le saluer d'un hochement de tête, observant chaque membre du Concile présent et notant les réactions... Pour l'instant, il observait, il écoutait. Il était encore trop tôt pour agir et déterminer comment pallier au basculement du fragile équilibre de la balance ardente.... Martel d'un côté, Alauwyr de l'autre...certains sangs de par et d'autres... un rien suffirait  à embraser des braises qui couvaient depuis trop longtemps sous des cendras fallacieuses... les clans étaient eux aussi attentifs à ce qui se dérouleraient.

Il regarda de son oeil solitaire un des membres du Concile présent. Esthen Frâlan, Maître Guérisseur du Kaerl, aux compétences irréfutables... Lui aussi observait et écoutait ce qui se disait. Le Gardien le sentait réservé. Pour l'humain, toute vie avait son importance... Peu importait la situation. A voir comment il réagira plus tard.

Puis, il tourna légèrement sa tête vers Brendart Fawkes, l'Intendant. Lui aussi paraissait attendre la suite des évènements, analysant plus intensément ce qui commençait à se produire pour ce début de procès. Chose qui n'était pas à négliger était que Martel avait été son maître... qui sait l'influence que cela pourrait avoir sur sa prise de parole, s'il la prenait, et donc sur le possible choix qui pourrait découler de la décision finale à prendre quand à l'avenir à accorder à l'elfe exilé...

Pendant un bref instant, veillant à avoir dans son champs de vision quelques secondes Martel, Seregon en profita pour regarder les places vides au Concile... Des fonctions importantes pour le Kaerl n'avaient pas encore de bipèdes à leur dirigeance.... Cela aurait un impact certain sur la décision des membres, quand à eux bien présent. Il ne put se retenir de fustiger quelque peu et mentalement le Seigneur Ardent. Autant il comprenait pourquoi il n'avait pas officialisé les places qu'il aurait du le faire....ca, c'était à double tranchant. Peut-être qu'il aurait dû prendre part à cela et secouer Alauwyr pour réagir en conséquence. Mais maintenant.... Il devra composer avec.

Puis, sans lui porter son attention par son oeil unique, il songea à  Mora del Caelan. Elle avait un petit sourire en coin très discret, à peine visible. Elle aussi guettait son moment, songea-t-il.... Vu ses ambitions, on pouvait s'attendre presque à tout.... presque à tout.... vraiment ? Il y avait quelques voies qui pourraient servir son désir profond, avec ce Procès. Alauwyr, devenu Seigneur, était peut être apparu pour elle une opportunité pour avancer dans son projet. Mais avec le retour de Martel, elle attendait de voir le dénouement.... Telle une murène guettant le bon moment pour attraper sa proie, camouflée dans la pénombre de son Antre. Pourrait-elle être capable de provoquer une tension entre le Maître Noir et l'Exilé qu'ils en viennent à s'affronter à nouveau dans la Fosse ? De les voir s'entretuer ne serait qu'un passe-temps adéquate... et non loin de là, il y a avait son assistance, Saëren, une elfe magicienne qui lui est totalement dévouée et muette. Cette dernière devait lui servir de paires d'yeux et d'oreilles supplémentaires, à l'affût du moindre détail, qui pourrait être utile à sa maîtresse...

Restait maintenant la Maître d'Arme, Kahina El'Fahim. Rien qu'en voyant la mine qu'elle faisait, même si c'était infime, Seregon devina sans mal qu'elle se questionnait sans doute sur la nécessité de sa présence pour ce jugement. Elle était vouée pour l'art du maniement des armes, elle était une combattante ; d'où pourquoi elle était à ce poste.... Le retour de Martel n'était qu'à ses yeux qu'une intrigue politique supplémentaire qui ne servait qu'à raviver des tensions inutiles. Mais, qui sait... Peut être pourrait-elle avoir son mot à dire si on venait à toucher à son domaine de prédilection où si on venait à parler en mal de son ancienne Maîtresse, Iona.

Guettant déjà les interventions probables des autres Sangs, il fixa tour à tour, Martel, puis Alauwyr. Il était certain qu'un mot de travers de la part de ces deux là suffiraient à mettre le feu aux poudres et à gâcher le but premier de ce procès. Il se permit alors de répliquer mentalement à eux deux :

°N'oubliez pas ce que vous me devez tous les deux.... ce serait dommage que je sévisse si vous veniez à réagir comme deux gosses bipèdes pourris gâtés....°


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 8 Mai 2022 - 20:54

Avec la participation exceptionnelle de :

[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Jora-e10 [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Dragon12
Jora Evumbrar & L'Incarnate Takhasya

Takhasya la première née. Gamaliël avait beau la précéder d'une petite dizaine d'années, Takhasya n'en demeurait pas moins la première femelle et surtout, la première Incarnate à laquelle la vénérable Sokänon avait donné le jour. Elle était sa fille, son héritière, plus qu'aucune autre et rien ne manquait de le rappeler. De l'éclat vif de sa robe sang à la noblesse orgueilleuse que traduisait chacun de ses geste, Takhasya s'imposait comme l'oriflamme du Màr. Altière par nature, cette superbe flottait sur elle comme un voile. Mais à bien y regarder cette coquetterie ne couvrait rien de ce « carnage » en mouvement. Sa mâchoire s'étirait sur une rangée de dents trop longues qui se croisaient sur des commissures sèches. Elle offrait en permanence un terrifiant sourire de crocodile au dessus duquel un œil parfaitement orange semblait ne jamais dormir. Là où les siècles avaient poli les générations draconiques pour leur offrir une apparence plus vipérine, Takhasya incarnait un âge brut, originel et sanguinaire. Sans doute la gente bipède ne savait-elle apprécier à sa juste valeur la véritable perfection. « Je suis la guerre. » avait elle soufflé par la pensée à celle qu'elle avait choisie et en effet, elle l'était. Jora portait les stigmates de leur relation comme ses tatouages, avec une fierté ostentatoire. Et, à tout dire, Takhasya aurait préféré la tuer elle-même plutôt que de la voir gémir sur ses mutilations.
*
Son apparence bipède n'était guère plus engageante, d'autant qu'elle étirait un sourire fauve et un iris terriblement saurien. Son œil se braqua sur la silhouette noire qui hantait les pas de Rūna Sălv. Sărzeghnet. Une coulée de lave lécha son ventre tandis qu'elle dévorait sa fille d'une haine possessive. Sărzeghnet son unique - son rejeton le plus précieux et de tous le plus honnis. La créature opaline couvait de son aura un étrange avorton. Une perle à l'éclat douloureux dont elle semblait s'enivrer, se délecter...Jamais Takhasya n'admettrait que quiconque émette la moindre insinuation quant à la légitimité de son héritière. Celui qui aurait l'audace d'articuler un doute à ce sujet serait éviscéré vivant et supplierait longtemps qu'on lui donne la mort... Mais elle n'avait pas empêché les murmures de ramper jusqu'à l'âme de la jeune Incarnate et d'y injecter leur venin. Sarzeghnet souffrait en silence et Takhasya souriait. Elle l'aurait battue au premier gémissement. Une part d'elle attendait ce jour avec une impatience non dissimulée et l'autre brûlait de fierté face à l'impassibilité féroce dont sa fille faisait preuve. Un jour elle l'obligerait à détruire.
*
** Ou à être détruite...**
*
Un sourire carnassier étira d'un même mouvement son âme et les lèvres de sa Liée.
*
Jora était une ombre. Une ombre blanche. La pelisse de satin aux reflets de perle qui recouvrait ses épaules semblait lui procurer une invisibilité opportune. Plutôt une forme de permanence solide et rassurante, une solennité de statue que personne ne songeait à interroger du regard tant il allait de soi qu’elle fut présente. Une statue de marbre, un soutien muet aux repères, un témoin face à l’impermanence et à l'adversité. Face, surtout, aux crues enflammées qui débordèrent du Concile et aux nombreuses ruades qui agitèrent ce cheval à la fièvre sauvage qu’était le Màr Taralöm. Confondre Jora Evumbrar avec tout ce que le Concile comportait de noble et de séculaire était plus qu’une tentation, c’était une évidence. Le Clan Valherien se diluait de la même manière dans cette association très naturelle à la Tradition. Yong’Wu Zenghwei, son prédécesseur au siège de Haut Représentant du Clan, Yong’Wu et son orgueil rutilant avaient payé leur outrecuidance par une disparition pure et simple. Cette pensée ourla de nouveau les lèvres de Jora d’un sourire difficile à réprimer. Elle n’avait eu qu’à se laisser pousser par le mouvement naturel des vagues et prendre ce qui lui revenait de droit : la part du Sang.
*
Pour l'occasion, elle avait volontiers troqué ses effets en cuir contre de lourds bracelets où scintillaient les plus belles orfèvreries de tout Rhaëg, et pour cause…Le Kaerl lui-même avait été forgé dans les flammes, et la montagne abondante en joyaux couvrait ses enfants des fleurs minérales les plus précieuses du continent. Il fallait s’en enorgueillir. Ainsi deux loups d’argent aux gueules affrontées s’injuriaient élégamment sur son poignet droit tandis qu’une couleuvre d’or sertie de cornalines enlaçait amoureusement le gauche. Mais surtout, surtout, le prestige avait paré sa main d’une discrète mais précieuse « arme blanche » : une chevalière d’or pâle où rugissait l’Incarnate en digne symbole de la toute-puissance du Màr. La Haute Représentante du Clan Valhérien siégeait, pétrie d’une fierté aux traits immobiles. 
*
Loups, couleuvres et Incarnates feulaient dans l’ombre tandis qu’Aodren agitait un rubis plus lourd que sa tête sous le nez d’un Alauwyr Iskuvar dont l'impassibilité suait la rancune. Le Seigneur des lieux fleurait bon le calme avant la tempête mais il ne toucha pas à un seul des mets douteux que lui servit ce « lionceau » au propos et à la chevelure sans doute trop « peignés » à son goût. Sa palabre grossière - plus fleurie qu’intelligente - fut soufflée comme une bougie par la neigeuse Igraine Fintan. Jora étira un sourire goguenard en parfaite concordance avec le rire contenu qui roulait lentement dans la gorge de Takhasya. Contempler l’agitation à peine policée du del Hendrake, plus ému que si son siège lui cuisait le postère, lui procurait un certain plaisir. Pas de quoi la satisfaire longtemps. Elle ne voyait là qu’un renard jappant pitoyablement après sa queue sous l’œil exorbité de son lapereau d’adoption et la morgue d’un Alauwyr passablement agacé. Aodren n’avait récolté au final que l'exaspération engoncée de son Seigneur et le silence méprisant de son adversaire…Le rire de Takhasya monta dans son esprit et Jora dut faire mine de s’appuyer sur sa main pour voiler la satisfaction railleuse qui étirait ses lèvres. Mais aussi – et elle sentit sa Liée appuyer douloureusement cet avis - une lourde consternation. Ce qui les avait fait sourire toutes deux de prime abord se perdit dans un soupire amère. Ce procès si alléchant allait il tourner à une vulgaire jacquerie ? Igraine, donc, balaya le propos en un battement d’aile ce qui eut le mérite de soulager Iskuvar ainsi qu’elle-même d’une rhétorique aussi ennuyeuse que déplaisante. 
*
Intérieurement, Jora dansait. La démarche ample, elle bondissant silencieusement entre les fougères, chaloupait au rythme de son instinct de chasse. Son cher monstre à crinière d'argent s'était égaré au milieu de la clairière et lentement le cercle de prédateurs se formait autour de lui. Patiemment, Jora attendait dans l'ombre, guettant avec gourmandise la patte du loup...

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Martel Dehlekna
Second du Kaerl Ardent
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 15 Mai 2022 - 19:41


« Le silence sera ton meilleur atout. Laisse-les aboyer et s’entre-déchirer. Ne cherche pas à intervenir. Sois patient. L’opportunité viendra d’elle-même. »

Les lèvres étroitement closes, bouillant intérieurement de colère, ses iris plus glacés que la Mort Blanche du Hjalldimm, le Moredhel se contenait difficilement. Il se raccrochait à la stratégie établie conjointement avec Eléderkan, quand bien même l’envie de leur faire ravaler leurs paroles étendait ses vrilles vénéneuses à travers ses entrailles.

Et s’il se contraignait au calme, ce n’était pas à cause de l’avertissement muet, presque condescendant et pour le moins amusé, lancé par Seregon. Le Borgne se délectait bien sûr du chaos qui frémissait tout bas et agitait le Concile, pantomime dont il incarnait le chef d’orchestre. Depuis le début, Martel se savait n’être que le jouet des fantaisies du Gardien, dépendant de son bon vouloir … Pour autant, il n’entendait pas le laisser diriger sa vie de crainte du couperet qu’il faisait planer sur le dénouement de ce procès. Il avait écarté la remarque d’un haussement d’épaules mental. Il refusait d’être mis dans le même panier qu’Iskuvar. Et quoi qu’il puisse dire, ce serait inutile face à un être millénaire, capable de lire à travers les esprits.

Eléderkan, quant à lui, semblait mettre en pratique ses propres conseils, et observait un silence attentif, le vert de sylve de ses yeux se posant tour à tour sur les différents protagonistes de ce théâtre ridicule. L’absence de réaction de son ami face aux provocations voilées d’Aodren avait hérissé sa peau d’une brûlante irritation, au point que rester droit et immobile en devienne presque douloureux. Le Haut Inquisiteur, doigts entrecroisés et visage impassible, n’avait pas répondu.

Silence également du côté d’Alauwyr et Jora, cette dernière pourtant questionnée par Aodren sur le soutien que le Clan Valherien avait choisi – sous sa direction – d’apporter à un ‘‘traitre exilé’’. Un demi-sourire fantomatique à peine esquissé avait été sa seule réponse, comme si les propos du del Hendrake avaient constitué quelque vin savoureux qu’elle se délectait d’avance de pouvoir déguster. Qu’elles soient maudites, elle et sa vaniteuse Incarnate.

Des images de guerre et de violence dansant dans son esprit, Martel s’était interdit de laisser s’attarder son regard sur son ancien frère de coeur. Une nouvelle fois, il puisa à travers les flammes vengeresses qui caractérisaient son Lien avec Melkor, les nourrissant de tous ces sentiments obscurs qui l’affaiblissaient. Foutaises. Pourquoi Eléderkan ne prenait-il pas la parole pour remettre à sa place cet idiot infatué de lui-même ?

Pouvait-il réellement compter sur eux, les considérer comme ses alliés, même si ce n’était que par concordance d’intérêts ? Un instant, le doute, mordant, vint fragiliser son maintien, et ses lèvres s’entr’ouvrirent, sans que le Moredhel ne sache encore quels mots viendraient les franchir. Quoi qu’il advienne, il ne se laisserait pas abattre sans réagir !

Sa poitrine se serra, comprimant ses poumons et lui volant sournoisement son souffle, sa haine refluant, repoussée pied à pied par cette peur paralysante qu’il refusait pourtant encore d’admettre. Il ne comprenait pas. A quand remontait la dernière fois où s’était-il senti aussi démuni face à ses adversaires ? Quant à appeler ça un procès … Autant cesser de se voiler la face et qualifier cela de curée. Une curée dont il n’entendait pas être la victime consentante, impuissante et encerclée par les prédateurs. Il était l’un d’entre eux, sang et cendres !

Avant qu’il ne puisse s’exprimer, l’intervention d’Igraine Fintan, inattendue, capta instantanément l’attention de l’assemblée. Et avec une précision quasi chirurgicale, ses mots aussi acéré qu’une épée, la Haute Représentante du Clan Introverti avait énoncé tout haut ce que beaucoup pensaient alors tout bas. Sans faux-semblant, avec dans son ton comme une agaçante réprimande, elle ne fit pas mystère de ce qu’elle pensait des agissements du Concile. Iskuvar, Jora, Aodren, lui-même y compris, nul n’y échappa, tandis qu’elle insistait sur le respect des lois et traditions qui animaient le Màr Tàralöm depuis sa fondation.

Intéressant. Sa position, ni tout à fait en sa faveur, ni en celle de ses détracteurs, était bien de celle qu’il fallait attendre du Clan Introverti. Ils n’aimaient généralement pas prendre de décision hâtive, et certainement pas avant d’avoir toutes les cartes en main. Pouvait-il tirer parti de sa neutralité ? Il lui suffirait de présenter ses arguments de façon à remporter son adhésion pleine et entière à sa cause …

Encadrée de part et d’autre par Eléderkan et Jora, l’Humaine se rassit finalement, après avoir l’interpelé sur ses motivations et les bénéfices légitimes que le Kaerl pourrait tirer de sa présence. L’étau qui enserrait sa gorge se desserra légèrement, comme le spectre d’une mort déshonorante semblait quelque peu s’éloigner, sans toutefois totalement cesser faire planer son ombre sur lui. A cela au moins, il s’était préparé.

« Mon cœur et mon âme appartiennent et ont toujours appartenu au Màr Tàralöm, dès le jour où j’ai posé le pied pour la première fois sur son sol. Je n’ai aucun intérêt à le trahir – encore moins dans une alliance improbable avec ces chiens peureux de Célestes – et n’ai jamais contesté ses intérêts. Si j’ai pu me dresser contre lui par le passé, cela n’était que dans un désaccord avec la politique seigneuriale, et jamais dans un désir de lui nuire. »

Ses lèvres se pincèrent, cherchant à masquer son amertume, et il marqua une brève pause avant de reprendre calmement.

« En cela le Gardien Seregon peut en être témoin, sans quoi, ainsi que vous l’avez justement mentionné, ma tête serait certainement déjà plantée sur un pique à l’entrée du Kaerl. J’ai été éduqué par Celanduil Huriand lui-même, et comme beaucoup, j’ai longtemps porté le deuil de son règne. Il m’a été inculqué une profonde loyauté envers mon Kaerl, et c’est dans la droite lignée des enseignements de cet homme que j’ai, aujourd’hui, comme à de maintes reprises par le passé durant la Grande Guerre, la volonté de contribuer à sa puissance. Mon frère d’âme, Melkor lui-même, descend d’une prestigieuse lignée, celle de l’Incarnate Sokänon. Lui comme moi ne supportions plus d’être exilés loin de Tol Orëa, loin du Màr Tàralöm, loin de notre demeure légitime. »

Un soupir. Ce charmant petit discours, destiné à émouvoir ses pairs, il l’avait longuement répété, et s’il n’énonçait que des faits véridiques, il lui faisait viscéralement horreur de par les faiblesses qu’il sous-tendait. Il doutait néanmoins que les Sangs soient dupes de son apparente humilité.

« Je suis persuadé que chacun d’entre vous, placés face aux mêmes choix, auriez pris la même décision. Si nous devons périr, au moins cela sera-t-il sur les terres du Kaerl Ardent. Je me présente à vous en ce jour en toute connaissance de cause. Je vous apporte mon expérience, et mes compétences, ainsi que mon savoir sur le Màr Menel, tout ce que j’ai pu observer de sa structure et de son fonctionnement interne, de ses éventuelles faiblesses. »

Il écarta les mains, signifiant qu’il en avait terminé, et ses yeux se posèrent sur Iskuvar, une mince lueur amusée venant y danser, quelques instants avant de disparaitre aussi rapidement qu’elle y était apparue. Lui entre tous savait pertinemment quelles étaient ses ambitions.


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Aodren del Hendrake & l'Empereur Noir Torak
- Haut Représentant du Clan Dominant -

Durant les quelques secondes de flottement qui s’installèrent, un raclement de gorge poli se fit entendre, se voulant tout sauf discret, immédiatement suivi par des applaudissements nonchalants dont les échos se répercutèrent sous la haute voûte.

« Édifiant, absolument édifiant, je vous remercie pour cette démonstration. Si le Màr Tàralöm en vient à regretter votre présence un jour, ce sera certainement en souvenir de vos talents d’orateur, Martel. »

Passant une main sur sa barbe, il attirait délibérément le regard sur son – prétendument – aimable sourire. Et Aodren cette fois, ne prit même pas la peine de se lever, se contentant de secouer la tête d’un air navré. A l’adresse des Sangs, il poursuivit :

« C’est hélas bien insuffisant. Je ne cacherai pas que le retour de l'Exilé au Màr Tàralöm menace ma place en tant que Haut Représentant du Clan Dominant, tâche dont je m’acquitte avec succès depuis son bannissement du Kaerl. Mais la véritable réflexion à avoir, mes frères, mes sœurs, est la suivante selon moi : l’Exilé se réclame héritier du grand Celanduil Huriand, qu’Isashani garde son âme, se vantant à qui veut l’entendre avoir été nommé Second par ce dernier.

Il me semble bien étrange néanmoins que le Seigneur Huriand, en son temps, ait accordé un tel honneur à un vagabond ramassé on ne sait où, fut-il son ancien Aspirant, plutôt qu’à un membre de l’une des familles nobles du Kaerl. Le Clan Valherien en conviendra : le choix ne manquait pas. »


Sa main eut un mouvement dédaigneux, comme pour balayer le sujet, le rubis à son doigt jetant des éclairs ensanglantés. Si bien gardé qu’il ait été, le passé de Martel Dehlekna lui avait été livré dans les grandes lignes, pour un peu d’or et quelques promesses qu’il n’entendait pas tenir.

« J’en viens à me demander de quelle façon l’Exilé a pu obtenir alors ce poste, faisant de lui la deuxième personne la plus influente du Màr Tàralöm … Sinon en offrant certaines faveurs de nature à satisfaire le Seigneur Huriand. La vie d’un homme puissant est parfois difficile et solitaire, encore plus lorsque celui-ci est engagé dans une union arrangée pour raisons purement politiques et commerciales. »

Toujours souriant, faussement compatissant, il se tourna vers Martel, se réjouissant de lire le meurtre inscrit sur son visage pâle. Le chaos qui suivrait sa déclaration jouerait en sa faveur, réveillant a minima les vieilles rancoeurs, et décrédibilisant, au mieux, le Moredhel aux yeux de leurs pairs. Et si ce dernier en venait à perdre contenance, déstabilisé par ses douteuses insinuations, ce serait alors d’autant plus à son avantage.

« Mais je n’ai que trop monopolisé la parole, aussi vais-je en venir au but : quel crédit, quelle valeur même peut-on accorder à la parole de l’Exilé ? Ne pourrions-nous pas pousser le vice jusqu’à imaginer que la mort suspecte de Huriand sur les sables de la Fosse, lors de son combat contre Salvedaen Arkalin, aurait pu avoir été manigancée dans l’ombre par les soins de Martel Dehlekna ? Rien n’a jamais pu être prouvé, mais vous tous ici en conviendrez, Celanduil Huriand n’était pas de ceux à se laisser abattre si facilement. Peut-être Maitre Garaldhorf pourra-t-il nous éclairer sur le sujet ? »

Satisfait de son effet, il se laissa aller en arrière sur son siège, une rumeur sourde commençant d’ors et déjà à se propager comme une onde de choc à travers l’assemblée, gagnant jusqu’aux balcons surplombant la salle.

**Ce n’était pas très noble de ta part, Aodren.**

Un grondement mi-amusé mi-réprobateur accompagna la remarque. Torak, tranquillement allongé au Dòl Narë, ne dormait que d’un œil, suivant attentivement les pensées de son Lié.

*Crois-tu sincèrement que, même sans ça, il m'aurait laissé bien gentiment occuper son siège ? Qu’il se pliera sagement aux ordres d’Iskuvar ? S’il sort vivant de ce procès, c’est ma place et notre vie qui seront mises en danger. Je ne reculerai devant rien pour m’assurer que cette journée soit clôturée par l’annonce de son exécution.*

Silence. Aodren percevait l’irritation latente de l’Empereur Noir.

**A ta guise. Mais tu pourrais bien t’être mis dans une situation plus délicate que tu ne le penses.**


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Mora del Caelan & La Bleue Nymelith
Shaman du Màr Tàralöm

Assise à la gauche de Jora, la silhouette élégante de Mora del Caelan, toujours aussi voluptueuse et toxique qu’une fleur empoisonnée, fit mine de se redresser, levant une main pour réclamer la parole, son regard dédaigneux fixé sur le Fëalocë.  

Elle avait beau être en désaccord avec sa Haute Représentante sur la gestion du cas de l’Exilé, elle avait décidé qu’elle ne lui mettrait pas pour autant de bâtons dans les roues. Que sa supérieure s’amuse avec le Moredhel si elle le souhaitait et y trouvait un quelconque plaisir, cela ne la concernait pas. Elle avait d'autres projets plus importants.

En revanche, cette parodie de procès commençait à lui taper sur les nerfs. Elle trouvait d’autant plus répugnant la façon dont ses ‘‘collègues’’ masculins se pavanaient, gonflant le poitrail et ébouriffant leurs plumes à la manière de coqs dans une basse-cour, ignorant qu’ils avaient en réalité les deux pieds dans leurs déjections. Il était temps de leur rappeler les bonnes manières.

« Maitre del Hendrake, il me semble que vous faites erreur. Je suis surprise de constater que vous supposez aveuglément que nous partageons tous ici les mêmes … pratiques que vous. »

Le temps d’un battement de cils, ses iris effleurèrent le visage affligé du Verseur de Sang derrière Aodren, visiblement mal à son aise dans son rôle de garde du corps, et une petite moue dégoûtée tordit ses lèvres purpurines. Voilà pourquoi elle haïssait les hommes.

Constatant le rouge qui était monté aux joues de l’Elfe blond, assurée que le message était bien passé, elle reporta son regard sur Aodren. Bien. Devait-elle mentionner en plus de cela la promotion offerte à cet autre Spectre des Cendres qu’il avait pris à son service, lui permettant de rejoindre la Décurie du Maitre Valherien Levon Narses ?

« De toute évidence, vos récentes … fréquentations et affinités avec une certaine Maitresse Incarnate ont quelque peu déteint sur vous. C’est regrettable. »


« Que ne jure pas de marcher dans les ténèbres
Qui n'a pas vu la tombée de la nuit. »

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Dernière édition par Martel Dehlekna le Dim 21 Aoû 2022 - 11:48, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeJeu 7 Juil 2022 - 15:45



« Le silence sera ton meilleur atout. »

Les couloirs du Màr Tàralöm bruissaient d’une agitation fébrile. Les langues se déliaient. Les babines se retroussaient sur des crocs luisants. Les regards cherchaient la cible, celle qui était la source de ce chaos bourgeonnant. Le Kaerl s’éveillait tel un monstre s’extirpant enfin de sa torpeur. Il dardait son attention sur la vaste salle du Concile, tous ses sens aux aguets, appâté par le parfum de la corruption et de l’ambition.

« Laisse-les aboyer et s’entre-déchirer. »

Les lèvres scellées, l’âme bardée de fer et un silence glacé pour seule arme, l’Inquisiteur Suprême remontait des profondeurs de la citadelle. Maître en terrain conquis, il arpentait les corridors d’un pas sûr et alerte, le regard fixé droit devant lui, sans prêter attention aux murmures qui s’élevaient sur son passage. Dans son ombre s’éployait la silhouette, majestueuse et menaçante, du titan d’airain que Flarmya lui avait désigné pour Âme Sœur. Parmi les molosses du Kaerl-des-Volcans, dangereux s’avéraient ceux qui ne mordaient qu’à de rares occasions, car leurs crocs étaient enduits d’un venin bien plus pernicieux que la plus affûtée des lames.

« Ne cherche pas à intervenir. »

Eléderkan Garaldhorf connaissait la réputation qu’on lui attribuait. Plutôt que de s’en sentir prisonnier, il avait patiemment œuvré pour l’utiliser à ses fins. Ce n’était pas toujours chose facile, son orgueil blessé pouvait en témoigner, mais il devait s’en satisfaire. S’élever avait un prix. Le pouvoir, sous n’importe quelle forme que ce soit, se révélait à double tranchant. Et parmi les plus grands prédateurs de Tol Orëa et même de tout le Rhaëg, tout pouvait devenir une arme si celle-ci était bien employée. Le silence, instrument injustement mésestimé, était notamment devenu sa spécialité. Que les médisants se jettent donc sur sa prétendue lâcheté et ses manœuvres timorées. En politique, tout était affaire de calcul. Avec le temps ne venait pas nécessairement la sagesse, ou la prudence ; mais l’expérience, celle qui pouvait faire toute la différence. La Maître Bronze connaissait trop bien ses pairs. S’il avait osé parier avec le dieu Osmaël lui-même, il aurait pu prédire l’avancée de chaque pion sur ce grand échiquier du Concile aujourd’hui. Derrière le masque de la froideur tournaient les rouages, précis et ingénieux, d’une machine à la logique implacable. Un stratège qui mesurait chaque coup et sa portée avant même que ses adversaires ne pensent à agir.

« Sois patient. »

Eléderkan n’avait pas trouvé le sommeil cette nuit-là. Usant ses yeux sur les derniers rapports de ses agents, il avait consommé plusieurs lots de bougie, changés régulièrement par les serviteurs, jusqu’au petit matin. Son esprit avait fonctionné sans relâche, réévaluant sa stratégie, peaufinant les détails à la lueur des derniers événements. Si faille il y avait, il voulait la découvrir le plus tôt possible. Thémos avait ri de ses efforts, arguant que les sans-écailles possédaient une part d’imprévisibilité et d’irrationnalité qui les rendaient généralement stupides ; ils faussaient tous les calculs dès lors qu’il fallait prendre des décisions importantes. Eléderkan ne l’avait pas contredit, mais cela ne l’avait pas empêché de continuer de travailler toute la nuit. La vie de Martel Dehlekna en dépendait - aussi absurde soit cette pensée.

« L’opportunité viendra d’elle-même. »

En un battement de cœur, l’elfe fut projeté dans le passé, à cet instant charnière où il avait franchi pour la première fois la porte du Concile. Au seuil de la pièce, malgré des années d’existence et de vicissitudes qui avaient noircies son âme, il s’était figé, réprimant à grand peine une exclamation étouffée. Le cœur cognant contre ses côtes, les mains moites, il avait dissimulé du mieux possible son expression émerveillée - parfaitement déplacée - en pénétrant dans ce saint des saints. Ici se jouait le réel pouvoir du Màr Tàralöm. La vie et la mort, la chute et la grandeur, balayés d’un mot ou d’un sourire par les personnages les plus puissants du Kaerl – les plus puissants du monde, à ses yeux. Le crédo résonna à nouveau en lui tandis qu’il franchissait les lourdes portes du Concile en ce jour. Sang du Concile. Sang du Màr. Sang de Flarmya. Du sang, il en avait versé quantité durant son apprentissage, les combats dans la Fosse, la Grande Guerre des Ordres, et même durant une séance du conseil. Il n’y avait pas de péril plus mortel que ce Concile. Ni de lieu sur cette terre où Eléderkan se sentait aussi incroyablement vivant.

L’Inquisiteur Suprême ne pouvait pas se permettre de trop montrer son soutien à son Clan, mais personne dans cette salle n’aurait eu l’imprudence d’ignorer son appartenance aux Introvertis. La nouvelle Haute-Représentante était aujourd’hui escortée de l’ancienne Garde Embrasée Orlaigh. Un duo dissemblable tel le jour et la nuit avec celui du Haut-Représentant du Clan Dominant. Aodren Del Hendrake poursuivait sa lamentable stratégie de fauteur de troubles. Il tâtonnait, jetait sa ligne sans prendre la peine d’y accrocher un bon appât, et espérait encore provoquer la marée. Maîtresse Fintan, Maîtresse Evumbrar, le Seigneur, lui-même : Aodren était pareil à un enfant qui se montrait insolent face aux adultes et qui attendait sa friandise en dépit du bon sens. Eléderkan ne lui ferait pas le plaisir de réagir à sa pique. Il ne s’abaisserait pas face à sa bêtise. Le silence serait sa forteresse, son égide et, bientôt, son instrument de mort.

Décrispant de manière visible ses épaules, Eléderkan se fendit d’un soupir las, parfaitement audible – et parfaitement insultant pour son détracteur. Si le Maître Noir Del Hendrake se plaisait à remuer le passé, ne pouvait-il pas se rendre compte qu’il en faisait déjà partie ? Rien ne l’attendait au Concile, ni même dans le reste du Màr, que des ambitions creuses et des vaines promesses. Quelques années auparavant, il aurait pu s’élever parmi les étoiles, mais il avait manqué l’occasion. Aujourd’hui il devrait se contenter de manger les restes d’un festin que se disputaient des personnages autrement plus redoutables que lui.

Jora Evumbrar.
Mora Del Caelan.
Rūna Sălv.
Alauwyr Iskuvar.
Le Gardien Seregon.
Lui-même, peut-être.

Voilà des noms qui méritaient davantage d’attention. Même si le pouvoir de certains branlait un peu du chef, ils demeuraient bien plus à craindre que ce parvenu d’Aodren. Restait maintenant à déterminer si Martel Dehlekna pouvait également prétendre rejoindre ce cercle très fermé des prédateurs suprêmes.

Thémos n’assistait pas au procès, ce dont son Lié lui en savait gré. Le grand mâle aurait eu tôt fait de trahir les états d’âme de sa moitié - bien qu’il puisse parfaitement se contrôler s'il le souhaitait. Cependant, le feu qui brûlait en permanence dans les entrailles du Bronze, sans compter ses pensées étrangères à la plupart des soucis des bipèdes, le plaçaient généralement dans la position du spectateur dédaigneux et moqueur. Non comptant d’affronter l’ennui qu’occasionnait ce stupide rite des sans-écailles, il aurait dû également faire face aux sentiments contradictoires qui l’assaillaient depuis le retour de Melkor au Màr Tàralöm. Il n’aurait jamais admis n’y être pas préparé, mais il avait préféré accaparer une corniche des Pics de Cendres, une partie de son esprit vrillée à celle de son Lié et l’autre occupée à se chercher une nouvelle proie. Silhouette bardée d’épines aux écailles rougeoyantes, l’œil plus ardent que le magma, Thémos fils de Tintaglia attendait son heure.

L’Inquisiteur Suprême ne pouvait pas se permettre de saluer l’intervention de Maîtresse Del Caelan. Il était de notoriété publique que tout les opposait et qu’ils entretenaient une détestation cordiale depuis des années. Toutefois, la pique de la Shaman ne passa pas inaperçue, et l’elfe d’Ys réprima une esquisse de sourire. Ce jour serait marqué d’une pierre blanche.

- J'ignorais que nous avions tant de temps devant nous pour nous permettre de le gaspiller, en faisant attendre les autres affaires courantes. Peut-être serait-il temps de passer à l’ordre de jour, ne croyez-vous pas ?

Les mains posées à plat de part et d’autre d’une pile de parchemins, le dos droit et le visage impénétrable, le maître-espion lançait sa harangue pour tous les Sangs, dans ce court silence qui avait suivi la déclaration de Mora Del Caelan. Ses yeux de sinople ombré balayèrent un instant l’hémicycle, avant de se porter sur le Seigneur. Il espérait lui rappeler son rôle. S’il devait y avoir un arbitre dans cette joute absconse, si ce n’était le Gardien du Kaerl, ce devrait être Iskuvar – même si celui-ci aurait préféré peut-être esquiver ce travail.

- Permettez-moi de nous faire gagner du temps. L’objet du procès n’est pas de savoir pourquoi ni comment Martel Dehlekna a survécu au Màr Tàralöm depuis tant d’années, depuis son arrivée sous la tutelle de feu le Seigneur Hùriand jusqu’à son exil. De même que nous ne pouvons que déplorer l’absence de certains membres éminents – regard appuyé à Maîtresse Evumbrar –, nous ne pouvons attendre que chacun ait mis l’accusé au pilori pour lui reprocher tous les tracas du Màr – aussi divertissante soit cette perspective. Retourner le passé en tout sens en espérant le réécrire ne nous aidera en rien à mener ce procès. L’accusé a-t-il trahi en faveur des Célestes ? Qu’a-t-il fait, où est-il allé durant son exil ? A-t-il achevé de purger sa peine, ou doit-on le mettre à mort comme la sentence précédente le prévoyait ? Il nous faut trancher la question, essentielle, qui domine ce procès : cet homme est-il encore, de cœur et d’âme, un véritable Ardent ?

Cette fois, le regard glacé d’Eléderkan glissa jusqu’à son ancien frère. C’est ton occasion de briller, de te défendre, lui signifiait-il. Fais honneur au Màr, aux promesses de jadis, à notre serment de sang. Dans les tréfonds de son âme vibra le rugissement du dragon déchiré entre sa vindicte et ses espoirs.

Eléderkan n’avait guère eu l’occasion de lever les yeux vers les spectateurs de cette séance publique, lesquels s’entassaient dans les gradins taillés dans la roche. Il y devinait la présence de partisans, de parieurs, de charognards et d’assassins, chacun prêt à tout pour assouvir ses ambitions. Plus que tout, il éprouvait une conscience aiguë de la présence de son assistante, la Chevalière Blanche Sarmīte Tasunka, postée à ses côtés. L’archiviste érigée en garde du corps, dissimulant quelques talents d’espionnage, était le résultat d’un choix mûrement réfléchi. Même si son ancienne Aspirante dédaignait le chant des lames, elle se montrait suffisamment habile pour honorer la confiance de l’Inquisiteur Suprême. Le Maître Bronze comprenait le poids des traditions, qui obligeait les Sangs à assister désarmés à ce procès. En revanche, l’ironie acérée des lois du Kaerl permettait aux assistants et gardes du corps de porter une arme. Il ne restait plus qu’à espérer ne pas devoir en faire usage.
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Nagendra Tuncay
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeVen 19 Aoû 2022 - 20:23

Son reflet dans le miroir l’observait d’un air fiévreux. S’il interdisait à ses doigts de trembler en nouant les derniers lacets de sa tunique, le souffle qui s’échappait difficilement d’entre ses lèvres trahissait néanmoins son émoi. Était-ce de la peur ? ou une forme d’excitation ? La réponse se cachait certainement quelque part sous les braises ambrées de ses iris mais lui-même n’était plus tout à fait capable de reconnaître son regard. Pour un être tel que lui, si solidement ancré dans le réel, cette impression de flotter, comme perdu dans un brouillard onirique, n’avait rien de plaisant. Alors, il se raccrochait à des sensations familières. La rugosité du lin sous ses paumes. L’odeur neutre du savon qu’il avait utilisé pour se raser ce matin. Et si cela ne suffisait pas, il y avait encore le poids des hématomes sous ses côtes pour lui rappeler que cette dernière Lune avait bien eu lieu.

Martel Dehlekna était revenu au Kaerl et lui, Nagendra Tuncay, avait été désigné par le Clan Valhérien pour veiller sur lui et assurer son entraînement. Lui, simple Verseur de Sang, qui n’avait pas connu la guerre, avait croisé le fer avec l’homme qu’il avait érigé en idéal. Ce matin encore, il ignorait comment nommer les émotions qui l’habitaient mais se devait de reconnaître qu’il était fier. Fier comme un paon, et cela se voyait dans le soin tout particulier qu’il portait à son apparence avant de se diriger vers le procès. Aujourd’hui peut-être, son nom serait prononcé devant les Sangs et le Kaerl entier. Il ne pouvait rien laisser au hasard face à une telle opportunité.

Comme souvent, une partie de ses pensées s’était tournée vers Dorcha. Qu’aurait-elle pensé de ses choix ? Aurait-elle salué son improbable audace ou qualifié d’imprudente cette prise de risques ? Nagendra ne pouvait que rester lucide quant à sa situation. Il n’avait eu aucune influence sur les évènements qui l’avaient mené ici et ne pouvait pas se féliciter d’une quelconque forme de stratégie. Il ne s’agissait de rien de plus qu’un heureux hasard, déclenché par les querelles d’ego de ceux qui étaient supposés protéger et servir le Kaerl, et l’arrière-goût amer qu’une telle idée déposait sur sa langue aurait pu être écœurant s’il n’avait pas été noyé par une ivresse sucrée.

Il savait comme les effluves du pouvoir engourdissaient les sens et troublaient la raison. Il avait lu dans les livres comme le parfum de la victoire corrompait le plus sévère ascète, le plus sage philosophe, la plus candide pucelle. Il avait répété dans le silence des alcôves qu’il ne serait jamais charmé, jamais acheté, jamais aveuglé. Mais il avait grandi en chien errant, forcé de ronger jusqu’aux os les maigres charognes qui auraient pu être celles de ses propres frères. Puis, il était devenu un molosse bien dressé, forcé de remercier ses maîtres bienfaiteurs qui daignaient lui jeter leurs restes. Au fond de lui, l’enfant ne rêvait que de pouvoir plonger ses mains dans le plat et d’enfin combler le trou dans son ventre. ° Je leur laisserais même les meilleurs morceaux… ° songea-t-il, inclinant une mine soucieuse en direction de son reflet et du sourire qui ourlait ses lèvres.  

Il arrangea une dernière fois son col. Par habitude, son bras se tendit vers l’épée qui l’attendait près de la porte. Il hésita un instant puis quitta son Weyr, les épaules raides. Les armes n’étaient pas permises dans l’enceinte du Concile – pas plus qu’elles ne l’étaient alors sur les Sables, ce qui n’avait certes pas empêché Aodren d’y mettre en scène un meurtre – et Nagendra ne pourrait pas faire grand-chose si l’on décidait d’outrepasser la volonté seigneuriale. Pour le reste, pour ceux qui lui importaient… Adhâvan, en sa qualité de protecteur du Haut-Représentant Dominant, aurait sur lui de quoi se défendre et le Sang-Mêlé obsessionnel qui se traînait dans le sillage de Martel arracherait probablement la jugulaire de quiconque approcherait l’Exilé. Avec les dents, s’il le fallait.

Assez ponctuel pour s’octroyer une place correcte dans les tribunes, Nagendra chercha machinalement quelque visage connu parmi les spectateurs déjà présents. Sans grande surprise, il aperçut deux de ses compagnons de Décurie – membres du Clan Dominant, vétérans de la Grande Guerre et certainement très curieux du sort qui attendait Martel. Il ne tenta pas de les rejoindre, sachant ce qu’ils pensaient de lui. À l’exception notable de Levon Narses, ses nouveaux frères d’armes ne se démenaient pas pour le faire se sentir bienvenu et il était bien incapable de les blâmer pour cela. Quant aux anciens… Sanae avait été envoyé en mission quelques jours auparavant, ce qui expliquait à la fois son absence et la missive glissée sous sa porte qui exigeait un compte-rendu détaillé de la séance.

Il réprima un léger frisson de malaise quand le visage d’Alauwyr Iskuvar surgit dans son champ de vision. Il était plus aisé de se laisser aller au sentiment de haine, de conspirer à la chute, dans le confort trompeur du secret. Blotti dans ses fantasmes de vengeance et de justice, Nagendra en avait oublié la réalité de l’homme qui occupait le trône. Le voir aujourd’hui réveillait en lui des sentiments importuns. Les cicatrices parcourant son faciès menaçant lui rappelaient la douceur de ses joues lisses. Sa place au milieu de la pièce et les regards posés sur lui, qu’il n’était qu’un inconnu solitaire gesticulant dans une nuit sans lune. Ce n’était pourtant pas la jalousie qui faisait naître la moiteur au creux de ses paumes. Au fond de lui tournoyait l’idée qu’il ne détestait pas cet homme parce que leurs idéaux différaient mais parce qu’il lui avait ôté ce qui s’était le plus rapproché pour lui d’une mère, et cela le terrifiait.

Une rougeur honteuse colorant le haut de ses pommettes, Nagendra préféra détourner le regard, se concentrer sur l’entrée de Martel.

Dans le dos de Jora, il reconnut le profil acéré de son Décurion. Sobrement vêtu de noir et de bleu nuit, il passait presque inaperçu à côté de la Neishaane aux couleurs du marbre et du sang, laquelle ne resplendissait jamais mieux qu’ainsi lovée dans l’ombre de la guerre. Son regard glissa en direction d’Aodren sans s’arrêter sur lui, se fixant plutôt le temps d’un sourire sur l’Elfe qui se tenait près du Fëalocë avec toute la droiture qu’exigeait son exercice. Curieusement, il lui sembla déceler dans son expression et sa posture une forme d’agitation qu’il tentait visiblement – du moins, pour Nagendra – de dissimuler. Était-ce de possibles manigances de leur maître qui l’inquiétaient ainsi ? Sans doute, s’il avait eu quelconque soupçon, l’en aurait-il informé ?

° Comme tu lui as parlé de tes secrets ? ° intervint la voix de Llyr dans son esprit et l’Humain jeta au vide une œillade vaguement agacée. Cela n’avait rien de comparable. Le Bronze le savait aussi bien que lui et il ne faisait que se rendre ridicule en tentant de lui prouver le contraire. ° Si c’est ce que tu te dis. °

Contrarié par les insinuations de son Lié, Nagendra laissa naturellement ses iris d’ambre tomber sur le Moredhel. Il n’y avait rien eu de personnel dans sa décision de tenir secrètes ses entrevues avec l’ancien Sang – d’ailleurs, la décision n’avait pas été sienne. Il n’avait fait que suivre les ordres de son Décurion. Il ne lui appartenait pas de juger ou de questionner. Llyr ne réalisait-il pas le risque qu’ils avaient encouru en étant impliqués dans cette affaire ? L’importance de garder le silence quant au retour illégal de Martel Dehlekna au sein du Kaerl ? L’honneur, peut-être, d’avoir été choisi et les bénéfices potentiels qu’ils pourraient en tirer si tout se passait aujourd’hui comme l’avait prévu le Clan Valhérien ? Le Bronze pouvait le sermonner autant qu’il le souhaitait, Nagendra estimait avoir accompli son devoir et n’avait aucune raison d’en éprouver quelconque remord.

Lentement, il releva les yeux, observant un Sang après l’autre, attendant de savoir qui serait le premier à prendre la parole. Il ne fut pas surpris quand s’éleva la voix d’Aodren. S’il y avait bien une personne menacée par l’absolution de Martel, c’était lui. Et maintenant que tous les acteurs se trouvaient réunis dans une même pièce, Nagendra commençait à comprendre la portée des motivations de Levon – qui n’avait jamais caché son mépris envers le Haut Représentant Dominant. Une rancœur en pointe de flèche coincée au fond de la gorge, l’Humain ravala difficilement sa fierté. Il n’était qu’un pion, il le savait – mais tant que les mains qui le déplaçaient jouaient le meilleur coup, alors il devait s’en satisfaire.

Aussitôt qu’il libéra le maigre soupir contenu dans sa poitrine, la voix distante et glacée de Dorcha effleura ses tempes. Tais ton ego. Quand ils t’accueillent dans l’antichambre du pouvoir, ils ignorent qu’ils laissent entrer le loup. Observe.

Et parce qu’il n’avait jamais été un élève désobéissant, Nagendra fit ce que lui demandait le souvenir. Aodren avait beaucoup à perdre. Il possédait certes les qualités qui faisaient un intrigant mais il restait un lâche. Son premier réflexe serait de détourner l’attention, de créer une dissension au sein des juges. Jora Evumbrar, puisqu’elle avait réussi à obtenir la tenue de ce procès, était à l’instant une proie trop grosse pour lui. Les iris de l’Humain hésitèrent avant de se poser sur l’Inquisiteur Suprême. Eléderkan Garaldhorf apparaissait pour beaucoup comme une figure intouchable mais un passé commun l’unissait à Martel. Nagendra se souvenait aussi de quelle manière le Fëalocë l’avait délibérément provoqué après le meurtre d’Alwin Ingialdr et même s’il ignorait les raisons qui motivaient cette apparente inimitié, il se figura que c’était lui qu’Aodren attaquerait en priorité.

Ce qu’il fit, à deux reprises et malgré l’intervention de la Haute Représentante Introvertie qui espérait – un peu vainement – que l’assemblée s’en tiendrait à l’essentiel. Il constata, déconcerté, le sourire sincèrement amusé de son Décurion suite à la réplique déplacée de la Shaman du Kaerl. De toutes les personnalités présentes, il n’aurait pas parié que Levon afficherait de la sympathie pour Mora del Caelan. Quelle qu’en fut la justification, Nagendra était parfaitement content de ne pas la connaître ; Vathek le répugnait suffisamment sans qu’il eut à se le représenter en compagnie de l’Ondine ou de sa Bleue. Puis, finalement, ce fut la voix d’Eléderkan qui s’éleva et sous le manteau de raison et de pragmatisme qui enveloppait ses sages paroles, le jeune Chevalier ne put s’empêcher d’imaginer une bienveillance résiduelle envers celui qui fut si longtemps son allié. Un frisson fébrile logé entre ses omoplates, il s’obligea à fermer les paupières sur la douleur blanche et aveuglante qui pulsait dans son crâne.

Tais ton ego, sifflait toujours la voix tranchante de Dorcha et pourtant, il n’avait jamais eu autant conscience de sa vulnérabilité. Plus il luttait contre la tempête rugissant au fond de son ventre, plus la présence de Llyr se faisait sentir, puisant sa force dans la tourmente et la douleur, l’obligeant à vouloir, encore et encore, à dévorer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à part lui. Tous ses complexes étaient ridicules. Que s’imaginait-il, vraiment ? Dorcha n’avait rien d’une mère et lui aurait ri au nez si elle avait seulement su que son élève se plaisait à bercer de telles illusions. Et Martel, Martel… Nagendra refusait d’y penser. Avec violence, il se détacha de son Âme Sœur et des chuchotements pervers de son cœur. Il y avait plus important à jouer ici, en ce jour, que ces vieilles blessures.

Se joignant au mouvement de la foule qui attendait impatiemment la réponse de l’Exilé, Nagendra rouvrit les yeux et aussi sûrement qu’une lame touchant sa cible, laissa son regard se planter dans la nuque de l’Elfe Noir.


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeSam 20 Aoû 2022 - 18:41


Comme le son des vagues précède la mer, l’écho de murmures indistincts n’avait fait qu’enfler, sans jamais toutefois dominer ou étouffer les voix des Sangs qui s’exprimaient tour à tour. Au sein des coursives surplombant le Concile, une excitation certaine se propageait. Ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait assister à un tel spectacle : le retour secret d’un exilé déchu, qui se devait maintenant être jugé par ceux qui avaient été ses pairs. La vie, ou bien la mort ? Quelle serait la sentence finale ?

Tous étaient suspendus aux lèvres des huit hommes et femmes qui présidaient l’assemblée au nom du Seigneur Iskuvar. Le pouvoir ultime qu’ils détenaient entre leurs mains en faisait secrètement rêver plus d’un, provoquant chez d’autres une crainte révérencieuse. De tout temps, jamais le Concile et ses Sangs n’avaient laissé qui que ce soit indifférent.

En cet instant fugace, pourtant, un foyer unique cristallisait toute l’attention, attirait tous les regards, agitait toutes les langues. Comment allait réagir Martel Dehlekna ?

Lentement, ses poings s’étaient serrés, toute couleur se retirant soudain de son visage alors qu’il tenait sous le feu de ses iris glacés l’homme qui l’avait remplacé à la tête du Clan Dominant. Aodren del Hendrake … dont les doucereuses insinuations à propos des ‘‘faveurs’’ accordées par feu le Seigneur Huriand avaient soufflé un vent d’émoi aussi irrésistible qu’irrépressible.

Spectateurs comme Sangs s’étaient tus.

Un lourd silence, palpable, s’était d’abord abattu sur la salle, rapidement tranché dans le vif par la Shaman, Mora del Caelan, ses traits ciselés par une nette répugnance. Les accointances du Haut Représentant avec la Dame Incarnate Darlana del Aeran n’étaient un mystère pour personne, pas plus que son habitude à s’entourer de jeunes soldats prometteurs qu’il se plaisait à manipuler tel un marionnettiste.

Alors, à l’image d’une bête sauvage que l’on aurait soudain libéré, la rumeur confuse des murmures n’avait fait qu’une bouchée de ce fragile statu-quo, désormais incapable d’imposer son règne autour de l’imposante table. L’air lui-même, électrique, vibrait à présent d’une effervescence presque perverse, contrastant avec l’apparence impavide et détachée des Sangs. Un voyeurisme aux relents malsains, qui n’aurait pas été déplacé dans les gradins de la Fosse mais qui venait honteusement entacher la solennité de ce jugement.

Rien de tout cela ne parvenait plus à Martel, rien d’autre que les battements furieux de son cœur à ses oreilles, de la nausée aigre qui montait d’entre ses entrailles. Même la silhouette inflexible et marmoréenne d’Eléderkan, qu’il percevait jusque là encore en périphérie de son champ de vision, semblait avoir disparu. Presque tremblant de l’effort de contenir son envie de se jeter à la gorge de son ennemi, il tâchait désespérément de préserver en lui un calme qui se plaisait à présent à lui glisser entre les doigts … Sourd à tout le reste.

L’insulte s’était enfoncée en lui comme une dague d’assassin, lui volant toute forme de rationalité. Sans doute le stratège qu’il avait été par le passé, avant son exil, avant toutes les humiliations qu’il avait pu enduré, sans doute lui aurait-il pu se fendre d’un éclat de rire méprisant et balayer l’offense d’un simple geste de la main.

Hélas, c’était aujourd’hui devenu au dessus de ses forces. Ses lèvres scellées, choqué par ses propres réactions, l’Exilé se trouvait incapable de formuler la moindre réplique cinglante. Pas alors que l’on remettait publiquement en doute ses capacités, tout en l’accusant d’être parvenu au pouvoir par des méthodes … Aussi impensables que répugnantes. Pas alors que l’on suggérait à demi mot qu’il pouvait être le commanditaire secret de la mort de Celanduil Huriand.

Un tel déshonneur … Ne pourrait être expié qu’en payant le prix fort.

Il avait haï Huriand, oui, autant qu’il l’avait admiré et respecté. Pendant des années il avait constitué un pilier immuable de sa vie, un objectif à atteindre et dépasser. Mais jamais, ô grand jamais, n’aurait-il eu recours à de telles bassesses pour l’abattre ! Pas alors qu’il avait si ardemment désiré lire dans ses yeux mourants la reconnaissance de sa valeur … Et l’aveu de sa victoire et sa supériorité sur le Vieux Renard.

Par pur réflexe, son pied glissa au sol, un mouvement infime mais bien perceptible, dans la direction évidente du noble Fëalocë. Son visage un masque de glace mortuaire, ses iris hivernaux croisèrent ceux du Verseur de Sang, tendu, presque aussi livide que lui, une main désormais sur la poignée de son épée. Que cela soit pour défendre son seigneur et maître, ou bien son honneur bafoué par la Shaman, ne lui importait que peu.

**… Rizzen !**

La respiration hachée, Martel contint un halètement de douleur lorsque la morsure cuisante des flammes vint s’imprimer, tant dans son esprit que dans sa chair. Dressé dans son dos comme une ombre sanglante, le Bronze n’avait eu qu’à étendre le bras pour se saisir de lui, le ramenant brutalement à la réalité. De sa maigre carcasse bipède émanait une chaleur bien réelle, devenue quasi insoutenable.

**Ce n’est pas le moment de mourir de façon aussi stupide qu’inutile !**

Depuis quand son Lié se montrait-il la personne la plus raisonnable entre eux deux ? Le monde était-il devenu fou ? Sans le regarder, il se dégagea sèchement, lui offrant en sacrifice toute sa rage et sa fureur, ressentant, petit à petit, un grand froid descendre sur lui, jusqu’à venir hérisser sa peau. En vérité, en l’état actuel des choses, ses chances de survie à ce procès frôlaient déjà le néant, sans qu’il n’en rajoute encore une couche en se laissant prendre à des pièges aussi flagrants.

**Je jure que tôt ou tard, les hurlements de souffrance de cette vermine empliront les couloirs du Kaerl et qu’il implorera ta pitié à genoux.**

Un soupir inaudible mit fin à la conversation, et Melkor reporta son attention sur le Verseur de Sang, qui avait maintenant baissé les yeux, un rouge de honte diffus colorant ses pommettes. Le dragon savait que son rejeton, Llyr, le Lié de Nagendra, avait volé avec la Blanche de l’Elfe. Les implications potentielles de ce que cela sous-tendait ne lui avaient pas échappé. Pas plus que le bref sourire appréciateur de Levon face à la réplique de Mora.
Si le Bronze laissait habituellement à Martel le soin d’établir sa stratégie comme il l’entendait, il pressentait qu’aujourd’hui, ce dernier aurait besoin de toute la force qu’il pourrait lui procurer pour ne pas flancher.

Et par un heureux hasard, à moins que cela ne soit parfaitement calculé, alors que le Moredhel peinait encore à reprendre pleinement ses esprits, Eléderkan choisit ce moment entre tous pour prendre la parole. Sous l’ombre de son capuchon, les iris de Melkor s’étrécirent, alimentant son propre feu intérieur de toute la colère et la peine dont son frère d’âme s’était défait.
Si l’Inqusiteur Suprême offrait certes l’opportunité à Martel de remettre de l’ordre dans ses pensées, le dragon ne parvenait toujours pas à faire entièrement confiance à cet ancien frère ennemi. D’autant plus connaissant les dégâts irrémédiables qu’il pouvait induire chez son Lié. Le dénouement de ce jugement ridicule pourrait tout aussi bien dépendre des mots qu’Eléderkan s’apprêtait à prononcer ! Sa participation au débat fut hélas à la hauteur de ses attentes, Martel accusant heureusement le coup avec un visage de marbre.

Était-il un traître à son Kaerl ? Avait-il révélé quoi que ce soit d’important à ces chiens de Célestes ? De quelle nature avaient été ses voyages lors de son Exil, et sur quelles terres les avaient-ils mené ? Devait-il être gracié ? Et plus important encore, sa loyauté allait-elle toujours au Màr Tàralöm ?

De tout cela, ses conversations passées avec son ami, depuis son retour, en avaient chassé les doutes. Des dizaines, non, des centaines de fois, avaient-ils évoqué ces sujets ensemble, méticuleusement, à la recherche d’un détail oublié qui aurait pu être important.

Ce n’est qu’une triste mise en scène destinée aux membres du Concile, se répétait-il dans le silence de son esprit, encore étonnamment meurtri de ce que la remise en question de ses valeurs avait pu susciter en lui. Eléderkan avait toujours été plus patient, plus prudent, plus clairvoyant, peut-être. C’était ce qui lui avait permis de tirer son épingle du jeu, après toutes ces années à côtoyer le pouvoir. Comment ce dernier le considérait-il à présent, à la lueur des allégations fallacieuses d’Aodren ? Son ancien frère de cœur, seul entre tous, savait ce qu’il en était réellement de son passé.

Leurs regards se croisèrent enfin, et le Moredhel crut, rien qu’un instant, pouvoir y lire une harangue muette, l’exhortant à ne pas le décevoir, à ne pas fouler aux pieds les efforts qu’il avait consenti pour lui. Le fantôme d’un sourire caustique joua sur ses lèvres, et il se détourna, mains étroitement croisées dans son dos, la posture droite et militaire.

La houle agitait encore les rivages tempétueux de son âme, mais la glace avait à nouveau marqué de son emprise son domaine légitime, scellant loin, loin au-delà des barrières de sa conscience, au moins pour un temps, les flammes trop avides.

« Je suis et je resterai à jamais fidèle au Màr Tàralöm, ainsi que je l’ai toujours été. Je n’ai dû ma libération des geôles Célestes qu’à la faiblesse hypocrite et la naïveté de leur dirigeante, ainsi qu’aux manigances d’un certain intrigant qui pensait pouvoir renforcer sa propre position en offrant ma personne à son estimé Seigneur … Tout ceci en échange d’un infiltré qu’il avait découvert parmi nos rangs. Mais je ne vous apprends rien, il me semble. »

Si Aodren croyait encore s’en tirer à si bon compte après sa petite démonstration de tout à l’heure, il se fourvoyait largement. Martel se faisait un plaisir de rappeler aux Sangs comment cette histoire s’était terminée par un échec cuisant pour le del Hendrake et par l'éviction du Concile pour la Seconde Ioana Cyallaïd-Cèlt’har.

« Quant à la petite Céleste, elle estimait que ma présence au Màr Menel représentait un trop grand danger, ainsi qu’une source de chaos potentiel … Et qu’il valait mieux que mon sort soit remis entre les mains de mon propre Kaerl, plus apte à disposer de moi. Ce n’était guère plus que lâcheté de sa part, maladroitement masquée sous une apparence de bonté et de compassion. »

De cela au moins il se souvenait. Le reste … S’était perdu dans une brume rouge d’oubli, peuplé de songes et de cauchemars obscurs qui revenaient encore parfois le hanter.

« J’aurais préféré périr plutôt que de subir une telle honte, plutôt que de devoir ma vie à la pitié d’un ennemi. Je n’ai pas trahi le Màr Tàralöm. Serais-je revenu en ses terres de mon plein gré pour me soumettre à ce jugement aujourd’hui, m’offrant à une potentielle sentence d'exécution, si cela avait été le cas ? »

Il marqua une pause, détachant soigneusement ses mots, se concentrant sur la douleur de ses jointures serrées les unes contre les autres. Puis, lentement, il se tourna vers son principal adversaire et détracteur, se penchant imperceptiblement dans sa direction pour appuyer ses propos.

« Dites-moi maintenant, lequel d’entre nous est le traître, entre celui qui a laissé filer un espion en lui permettant de rejoindre son Ordre en parfaite connaissance de cause, et celui qui se présente maintenant devant vous ? Ne serait-ce pas plutôt celui qui sème les graines du doute et de la confusion, comme tout autant de germes empoisonnés destinés à prendre racine dans votre esprit, cherchant à vous monter les uns contre les autres, dont il faudrait se défier ? Car aujourd’hui il a tout autant, sinon plus, à perdre que moi. »

Dans ses iris hivernaux passa une étincelle d’avertissement, subtile menace et promesse d’agonie future, avant que son regard ne glisse sur le Verseur de Sang derrière le noble Fëalocë, froidement évaluateur. Quelle que soit la réalité de ses relations avec le del Hendrake et le jeune loup aux dents longues recommandé par Levon, ce gamin ne lui serait d’aucune utilité au cours de ce procès. Même si cet affrontement devait se transformer en une désastreuse mêlée, sa loyauté était trop incertaine pour qu’il puisse compter sur un quelconque soutien ...

Tout comme l'était celle de chacune des autres personnes présentes dans cette salle.

Une fois encore, il refoula impitoyablement la nasse d’angoisse qui menaçait de se refermer sur lui. Il ne pouvait qu’observer, étudier les réactions des différentes personnes constituant l’assemblée, analyser aussi bien alliances que dissensions, se tenir prêt à tout, ravaler son orgueil … Et ne rien laisser paraître des tourments qui le déchiraient intérieurement.

« En échange de la protection du Clan Valherien, j’ai accepté de mettre mes compétences au service de la Haute Représentante Jora Evumbrar, et de remplir pour son compte les missions qu’elle jugera justifié de me confier. N’est-ce pas une mise à l’épreuve suffisante de mon … dévouement, à l’égard du Màr Tàralöm ? 

Enfin, quant à l’objectif de mes voyages, vous en avez peut-être eu quelques échos. J’ai en effet fait quelques découvertes sur les terres de mes ancêtres, au Vaendark. Je ne peux que supposer que le terme ‘‘Kaerl des Glaces’’ vous est familier. Il va de soit que les bénéfices de ces explorations reviendront au Màr. »


Tant les Valheriens que Oculus s’étant déjà emparés de l’affaire, il ne perdait rien à agiter une fois de plus cet appât sous le nez de ses anciens pairs. Tout le savoir qu’il avait pu récolter sur l’ancienne forteresse Valherue ne lui appartenait de toute façon déjà plus.

Et si cela ne suffisait pas, il gardait dans sa manche un dernier atout, soufflé par Eléderkan, qu’il ne jouerait qu’en ultime recours : Seregon. Soumettre son âme à celle du Gardien, afin qu’il puisse juger de ses motivations réelles. Ce qui revenait concrètement à décider de son sort à pile ou face, les intérêts du Borgne dépassant ceux imaginables par les simples mortels qu’ils étaient. Un risque que, pour le moment, il n’était pas encore prêt à prendre.

En attendant ... Une des plus grosses inconnues de cette équation complexe restait Iskuvar, qui persistait à conserver un silence inhabituel depuis le début de la séance. Cela ne lui ressemblait guère, et Martel ne pouvait qu'émettre des hypothèses sur ce que l'Humain allait lui réserver.


« Que ne jure pas de marcher dans les ténèbres
Qui n'a pas vu la tombée de la nuit. »

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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeMar 6 Sep 2022 - 20:11

Martel qui émettait des regrets... l'humain avait de quoi sourire ; chose qu'il ne fit pas bien entendu… La tentative d'adoucir sa ''peine'' était presque infantilisante...Mais ce n'était qu'un détail sur ce qui allait suivre. Alauwyr ne devait pas se concentrer sur de la puérilité. Car, ce qu'il retenait déjà du petit laïus de Martel était la confirmation que le Clan Valhérien l'avait soutenu. Il mettait sa position en avant avec ce soutien. Et les Valhériens ne faisaient pas dans la charité. Ils devaient guetter, comme tous les autres, la conclusion de ce procès pour savoir comment Martel réintégrerait sa place au sein du Màr. Car il parlait bien de reprendre sa place... cette expression là aussi n'était pas sans sens. Bien... Maintenant, il était temps d'entendre la voix des Sangs qui souhaitaient s'exprimer.

Aodren fut le premier à prendre la parole, non sans avoir faire une brève révérence devant le Seigneur et de placer ce dernier en première place dans son début discours. Là aussi, petite tentative habile pour essayer d'orienter les prochaines décisions du Seigneur Ardent ? C'étaient souvent par les petits détails que des décisions importantes venaient à se prendre... Demeurant attentif à ce qu'il entendait, Alauwyr ne se laisserait pas diriger par autrui sur sa décision finale. Bien que Seregon avait manigancé tout cela depuis un bon moment ; ou alors, s'était juste amusé de jouer ses cartes au bon moment pour arriver à ses fins, ce sera au Seigneur de trancher sur l'avenir à donner pour l'Exilé. Pour l'instant, la balance décisionnelle était loin d'être stable...

Aodren continua son élocution, mettant bien en évidence son souhait, son espoir même, de la suite à donner pour Martel. Dans un sens, ses arguments étaient valables, si on excluait totalement ses vindictes personnels envers l'Exilé. Puis, le sourire aux lèvres, satisfait de son entrée oratrice, il se rassit, guettant lui aussi ce qui allait suivre.

Ce fut au tour d'Igraine de prendre la parole. Après avoir salué tous les membres présents, elle ne perdit pas de temps pour remettre Aodren d'une certaine manière, à sa place, en évoquant la décision du Gardien quand au retour physique de Martel au sein du Màr. Le pic suivant, Alauwyr ne put que se retenir d'avoir un léger rictus, tout en soutenant son regard jusqu'à ce qu'elle poursuive son discours. Le passage de l'Exilé chez les Célestes fut remis une nouvelle fois sur la table, mais d'une façon bien plus neutre, contrairement à Aodren. Alauwyr jugea sa position relativement neutre. Mais ce n'est pas pour autant qu'il oublierait son intervention.

L'exilé prit la parole, pour apporter sa défense vis à vis des questions qui avaient franchi les lèvres des quelques Sangs présents. Comme précédemment, il jouait la carte du presque-mélodrame. Alauwyr se contenta d'écouter son petit manège. S'il espérait faire croire à une sincérité attristé quand à sa situation actuelle.... Il croisa le regard de l'Elfe, qui pétilla quelques secondes d'une brève lueur amusée. Un rictus dangereux naquit au coin droit d'Alauwyr. Martel posait ses pieds sur une pente guère stable pour le moment… Même s'il mettait la carotte sous le nez de tout le Concile quand à ce qu'il avait pu apprendre sur le Kaerl Céleste.

°Ne prends-tu pas la parole ? °
°Pas encore. Tous n'ont pas encore apporté leur pierre à l'édifice. Et user du passé comme poids dans une défense, je trouve cela puérile...°
°Parce que tu n'aurais pas agi comme Martel dans le cadre d'un exil ? °
°Il est certain que je n'aurai pas exigé la révision de mon exil en jouant les couards...°

Aodren reprit l'attention sur lui d'un petit raclement de gorge. Qu'avait-il encore à rajouter celui là ? Sans doute pour remettre un peu d'huile sur le feu de la zizanie qu'il cherchait à provoquer. Ah, cela ne manqua pas. Il mit en avant quelques détails croustillants du passé de Martel, histoire de remuer quelques couteaux oubliés. Cela provoqua un début de remous sonore dans l'assemblée

Alauwyr perçut l'interrogation de son lié cendreux quand à son souhait de demeurer silencieux.

°Patience mon cher lié... rappelle toi que Seregon et d'autres surveillent mes réactions. Crois moi que l'envie ne me manque pas de me lever et de mettre fin à toute cette mascarade et de prendre la décision définitive. Mais là, les enjeux sont trop importants pour prendre une décision prise sur un coup de tête. Et comme je ne veux pas offrir le plaisir à mes détracteurs de répondre à leurs attentes....°

Alauwyr pouvait devenir aussi sulfureux qu'un volcan quand quelque chose l'énervait au plus haut point, répondant dans l'instant par la colère ou la violence. Mais là, aujourd'hui, face aux Sangs, il y avait sa place de Seigneur à afficher et non celle d'un homme quand la rage le prenait. Certains Sangs avaient de quoi répliquer contre lui quand à certaines de ses absences. Et cela, ce n'était pas le sujet du jour. L'affaire devait rester et demeurer sur Martel, même si lui, en tant que  Seigneur Ardent, devra apporter le mot final à ce procès. Aodren aura son petit moment de remise à sa  place… Ah tiens, Mora avait pris les devants. Très bien, songea alors l'humain souverain. Puis, il sentit des yeux perçants se poser sur lui. Il braqua les siens dans la direction du poids inquisiteur qui le scrutait. L'Inquisiteur guettait quelque chose de la part d'Iskuvar. Pour sûr, il savait très bien ce que le Maître-Espion attendait de lui. Il ravala un sourire carnassier. Son heure viendra. En attendant, Eléderkan avait ramené le procès sur sa juste voie, tout en laissant une porte grande ouverte pour Martel puisse s'y engouffrer.

La foule guettait elle aussi la suite des évènements, prise entre la pression qu'imposaient certaines révélations rappelés par Aodren et l'impatience d'entendre le prévenu s'exprimer sur tout cela. Ca et d'autres intérêts qui étaient murmurés ou pariés... ou encore l'attente de d'autres requins de moindre importance, sur d'autres plans proche du procès en cours. Qui sait quelles sombres intrigues se préparaient déjà, avant même la fin de l'évènement. Mais cela, Alauwyr n'en avait cure, pour le moment. Là, il regardait l'Elfe Noir, prêt à écouter un nouveau chapitre à sa plaidoirie, puisque l'Inquisiteur ''l'aidait'' à reprendre la main sur sa défense.

Sa défense avait été préparée, cela s'entendait. Même pris dans l'étau qui se resserrait sur lui, Martel agitait des appâts de grands intérêts sur la table de l'assemblée des Sangs. Le Kaerl des Glaces, comment ne pas en avoir entendu parler. D'ailleurs, l'Exilé mettait cela en avant, contrairement à des détails plus stratégiques concernant le Kaerl Céleste. Il devait garder cela sous le coude pour avoir de quoi monnayer sa vie. Et de l'autre bord, il précisait qu'il accomplira des missions pour Jora... Il se voyait déjà libre après son procès ? En tout cas, offrir ses compétences pour les Valhériens était  à considérer comme un paiement en contrepartie de leur soutien. Et cela, ce n'était que la surface de ce qu'ils visaient avec Martel. Donc son dévouement était-il réellement et intégralement pour le Màr Taralom ?

Plusieurs questions n'avaient pas encore leur réponse. Qu'avait réellement appris Martel sur le Kaerl Céleste durant son emprise en son sein ? Car pour lui, leurs adversaires aériens n'étaient pas à prendre à la légère, surtout quand on savait qu'un de leurs membres, revenu de l'Interstice après y avoir envoyé le Mage-Ombre, Drazahir. L'Elfe Noir avait-il appris ce fait ? Allez savoir. De plus, est ce que son adversaire elfique avait révélé le secret qu'il partageait avec lui sur la mort de Limna ? Ses dents se serraient. Pour ''payer'' les Valhériens, aurait-il pris le risque de leur dévoiler cela ? Non, il était bien trop prudent et intelligent pour offrir pareille information.

Bien... il était désormais temps de quitter son silence, qui en avait  étonné plus d'un d'ailleurs, parmi certains membres du Concile comme pour les occupants des tribunes. Estenir était présent dans son esprit, comme pour veiller à tenir sa hargne loin de l'esprit de son lié. Car la décision qui avait  pénétré dans l'esprit du Seigneur était à contre-courant de ses propres désirs, un saumon de gouvernance qui remontait la source pour imposer des choix en tant que Seigneur Ardent et non comme humain avide d'en finir avec Martel. Car là, en face de lui, l'Elfe Noir s'était mis dans une posture qui le protégeait en partie de son courroux. Oh, la décision lui revenait ! Il pouvait ordonner bien des choses à son encontre.... Mais aujourd'hui, il ne devait pas commettre le moindre faux pas. Après tout, pour avoir la victoire, il n'était pas obligé de le pourfendre. Seregon ne l'avait pas permis lors de leur duel dans la Fosse, alors e ne sera pas aujourd'hui que le Gardien changera d'avis. Ce n'était pas pour rien qu'il s'était adressé à lui ; et à Martel au vue de la tournure de ses songes. Il attendait quelque chose de eux deux. Et comme à son habitude, il demeurait mystérieux quand au reste.

Alauwyr était loin d'être un imbécile et se remémorant leur dernier entrevue, qui avait été assez percutante pour lui, il n'eut guère de difficulté à savoir ce que le Gardien espérait réellement de lui et de Martel : que le Kaerl Ardent perturbe sans finir dans un conflit en interne. L'humain grinça des dents....Il en aurait à dire quand à la prétendue loyauté de Martel. En affrontant le Seigneur sur les sables de la Fosse, n'avait-il pas manqué de provoquer ces troubles ? Et là, ces mêmes troubles pouvaient ressurgir à tout moment, même avec l'interdiction du port des armes. Et Aodren qui se permettait de l'ouvrir pour essayer d'écraser Martel avec des brides de son passé...

°Eléderkan a recentré tout cela, il faut tenir cette voie là. °

Estenir avait parfaitement raison. Bien que Martel devait affronter la verbe offensive d'Aodren, il y avait Alauwyr, son autre et bien plus redoutable adversaire. C'était lui qui tenait sa vie dans le creux de sa main. C'était lui qui annoncera prochainement la sentence.

Le Seigneur Ardent se leva. Chacun de ses mouvements étaient fluides, ne trahissant aucun doute, aucune crainte. Ses yeux sombres se posa sur chacun des Sangs présents, avant de terminer sur Martel, finissant par froncer légèrement ses sourcils. Son sérieux était froid et déterminé. Il détacha ses yeux sombres de l'Exilé pour s'adresser à l'ensemble des gens présents.

''Comment cela a été fortement souligné, nous sommes réunis dans le cadre du Procès de Martel Dehlekna, lié au Bronze de Melkor, pour qu'il réponde du non respect de l'exil qui lui a été imposé et non pour évoquer un passé lointain et qui n'a aucun rapport avec son retour sans autorisation, bafouant l'ordre même du Gardien. Le passé peut avoir son importance quand il y a un réel poids et intérêt pour le Kaerl tout entier. Quelle est la nécessité de certaines brides de celui-ci évoqué ici, si ce n'est pour faire perdre notre temps ? Si certains ou certaines d'entre vous avez des différents à confronter, faites le sur les sables de la Fosse. Et en personne.... ''

Il n'avait pas besoin de porter son regard d'obsidienne sur Aodren. Le représentant du Clan Dominant saura comprendre le message. Restait à voir s'il cherchera à jouer avec le Seigneur, ou pas. Valait mieux pour lui qu'il s'abstienne. Après quoi, il poursuivit :

''Les Célestes sont connus pour leur ''compassion''. Cela peut être qu'une apparence traître. Ils ne sont pas à prendre à la légère. Ce qui est peut passer pour de la lâcheté n'est qu'un renvoi de soucis à sa source, pour provoquer des troubles internes... Mais vu que le point a déjà été évoqué, n'est ce pas... ''

Maintenant, il était temps d'avancer, d'appuyer sur le cas de Martel. Il aurait pu revenir sur la remarque d'Igraine, quand au manque de préparation de ce Procès. Mais à retour exceptionnelle d'un Exilé, procès exceptionnel était donc fait.

''Martel Dehlekna, tu t'es placé toi même en position de culpabilité en revenant sans autorisation aucune au sein du Màr Taralôm , alors qu'un choix t'a été proposé sur les sables de la Fosse. Tu as bravé ton exil en acceptant d'être protégé par le Clan Valhérien, qui aurait dû, après décision finale portée par le Gardien en personne, porter à connaissance du Concile ton retour non désiré. De ce fait, les membres du Clan Valhérien qui t'ont couverts le temps que vienne ce jour, reçoivent une partie les accusations qui sont portées sur toi... ''

Un brouhaha de protestation commençait à monter dans les tribunes. Il ne doutait pas du regard offusqué de la part de Jora. Alauwyr retint d'afficher un sourire carnassier. Il ne fallait pas omettre les acteurs qui avaient contribués au retour de Martel.

''Rien que par ces actes, la prison ou la peine capitale seraient les peines encourues et applicables sur l'instant. ''
°Tu joues dangereusement...°
''Néanmoins,  le Gardien Seregon a permis ton entrée au sein du Màr Taralom. Dans le cas contraire, jamais tu n'aurais été capable de franchir les frontières du Kaerl, ni même avec le soutien de ton lié Melkor. Telle a été sa volonté et personne parmi les Sangs, ni même moi n'avons à remettre en question son choix. ''

Seregon se contentait d'être observateur, dardant un bref moment son oeil unique sur Martel et Iskuvar. Il attendait la suite, sereinement, comme s'il avait prévu s'engageait dans la bonne voie. Cela eut le don de provoquer un serrage de dents chez le Maître Noir.

''Tu as apporté ta défense et les raisons de ton souhait pour faire révoquer ton exil qui se porte à une durée indéterminée. Ta loyauté va d'abord au Màr Taralom dans son intégralité, malgré la protection offerte par le Clan Valhérien et de ce qu'il attend ou attendra de toi. Loyauté as tu dit ? Il faudra le prouver par les actes....''

Au vue du discours d'Alauwyr, la décision finale semblait proche. Un étrange silence commençait à s'installer dans les tribunes. Le Seigneur n'était pas connu pour être aussi... patient. Il était bien plus passionné que cela, quand il était question de provoquer ses adversaires, quitte à être même enragé. Mais là, étrangement, c'était tout le contraire, hormis son regard abyssal qui se durcissait à chaque seconde qui passait, renforçant l'être froid qu'il était. Carnassier tapi sous la couverture de glace de l'individu, attendant le bon moment pour frapper et apporter sa sentence finale...Etait-cela qui risquait de retentir dans le Concile entier ?

Estenir était toujours là, dans un recoin de son esprit, par le biais du lien qui les unissait. Il percevait la colère qui sourdait dans le plus profond de l'âme de son lié, enclavé par sa propre volonté. La contenir était une épreuve, mais qu'Alauwyr avait déjà eu à subir avec Runa, lors de ses recherches pour la retrouver et la ramener au Màr. Plus tard, quand il avait appris que Martel était de retour... ça et les conseils avisées de sa part pour que le Seigneur retienne ses colères soudaines, pour ne pas perdre pied en ce jour fatidique. En somme, la jeune chevalière Incarnate avait ''appris'' à l'humain volcanique à être plus calme ; une prouesse ! Mais, est ce qu'il saura retenir ses propres réactions jusqu'au bout ? Rien n'était moins sûr. La dualité était forte et présente quand à la décision à prendre. De toutes celles possible, son lié avait choisi la plus improbable

''Et pour démontrer de ta loyauté, qui devra être franche et sans faille, il te faudra accepter ce qui viendra, ou pas. Le Gardien Seregon a agi de la sorte avec moi par le passé du temps de la Dame Limna On Nïksé, en raisons des circonstances particulières qui a découlé de notre affrontement dans la Fosse..''

Son regard paraissait s'être obscurci, comme pour devenir plus qu'un immense gouffre sans fond de froideur... Un gouffre mortel où il fallait absolument éviter de sombrer si on s'y attardait que trop.

''Aujourd'hui, il t'a accordé un présent inestimable, pour t'épargner la solitude, l'éloignement subi par l'exil en dehors du Màr Taralom et t'offrir une chance d'apporter tout ce que tu prétends pouvoir apporter pour le Kaerl. Néanmoins, il jugera ton âme, pour savoir si tu n'as été un traître durant ton emprisonnement chez les Célestes. Maintenant...''

Estenir comprenait maintenant pourquoi son lié avait songé à la victoire sans tuer... Tout en lui rappelait un acte passé partagé en lui rappelant Limna.... Voilà donc ce qu'attendait Seregon ? Etait-ce un petit sourire qui était apparu aux recoins de ses lèvres de ce fieffé fourbe?

''Si tu es et que tu veux demeurer loyal au  Màr Taralom, que tu désires poursuivre à le servir, sans que cela n'entache son Honneur et celui des autres Clans, et ce malgré la dette que tu dois envers le Clan Valhérien, tu n'as que deux voies possible... ''

L'écho de ces derniers mots résonnait comme sortant de leur dernier affrontement. L'humain l'avait fait exprès.

''Te soumettre à mon autorité et à celle du Gardien et d'accepter ce qu'il en découlera, ou de subir les conséquences de ton retour d'exil. Accepte de jurer allégeance au Seigneur Ardent, pour servir le Màr Taralom et partager ce que tu as appris depuis le premier jour de ton exil, sans détour, sans mensonge, pour tout le Kaerl Ardent. "

Etait-ce la victoire attendue par Alauwyr ? A ne point douté pour Estenir.

''Jure allégeance et deviens mon Second....''


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Dernière édition par Alauwyr Iskuvar le Lun 12 Sep 2022 - 20:44, édité 2 fois
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Loïkim Malkièl
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeMer 7 Sep 2022 - 12:36

[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Xhaz11__[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Kshj11[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Kshi11
Xhäziel Izotz & le Brun Kshitij

Les piques se succédaient, au grand plaisir de Kjiti qui ponctuait chaque trait d'un gloussement amusé. Xhaziel, quant à lui, s'était glissé à l'écart, contre un mur. Il n'avait pas besoin de voir la scène. L'entendre suffisait et les arguments de part et d'autre lui échappaient pour la plupart. D'un côté, il ne voyait pas en quoi la lignée d'un dragon, le haut lignage d'un Maître ou encore une précédente responsabilité était pertinent dans le problème en cours. De l'autre, il n'était pas certain que sous entendre qu'on avait obtenu une place par des relations entre-hommes - et il soupçonnait un "contre-nature" ne pas être absent des pensées du Haut Représentant avait également une quelconque pertinence.

A ses pensées, le problème était simple.

Martel avait choisi l'exil.
Il avait été capturé par l'ennemi - s'en était sorti Xhaziel ne savait comment et cela ne semblait pas encore être au coeur des débats.
Il avait rompu cet exil de lui-même.
Il avait été capturé mais laissé en vie par le Gardien.
Il demandait à ce procès la levée dudit exil et si possible sa ré-incorporation à son statut précédent.

Il fallait donc, pour prendre une décision, éclaircir les points suivant.
Pourquoi l'exil plutôt que la mort ou l'autre choix donné alors par le gardien.
Comment avait-il été capturé et s'était-il évadé.
Pourquoi décider soudainement ne plus supporter l'exil.
Pour quelle raison le gardien l'avait-il laissé entrer.

Et enfin, il fallait prendre en compte ce que son retour risquait d'engendrer en terme de chaos et de ressentiment envers les habitants légitimes du Kaerl, comment l'équilibre politique allait-il se remettre et quelles places risquaient d'être perdues ou modifiées.

Posées ainsi, les choses étaient simple. Comme toujours, les paroles se concentraient sur tout à fait d'autres points. Finalement, une des questions fut posée par Elderkan, le maître espion, montrant là qu'il y avait toujours quelqu'un pour ne pas perdre de vue l'important. Martel se justifia donc. La faiblesse de la dirigeante n'était pas une donnée que le chevalier brun pouvait comprendre mais s'il l'avait manipulée, pourquoi pas. Et il s'était par ailleurs servi des jeux de pouvoir. Certes. Mais a quel prix ? S'il avait convaincu, alors il avait négocié. S'il avait négocié, il avait payé.

Ses raisons sonnaient faux. Si le Mar Menel avait voulu se débarrasser du chevalier en le faisant juger par son propre Kaerl, il aurait suffit aux dirigeants de se mettre d'accord pour un échange de prisonniers. Cela se faisait. Le Kaerl Celeste aurait alors pu obtenir une faveur ou quoi que ce soit que puisse vouloir les célestes. Et Martel n'aurait pas eu à rompre l'exil pour revenir.

Soit, donc, il mentait et n'avait pas réussi à négocier qu'on le traite en otage, auquel cas le prix était élevé et l'Almung n'avait pas autant intérêt à s'en débarrasser qu'il le prétendait,

Soit il avait réussi à tromper les célestes mais avait eu besoin de sa liberté et de faire quelque chose à l'extérieur avant de se constituer prisonnier, ce qui signifiait des magouilles supplémentaires et une ruse à craindre.

Car il était évident qu'il était impossible de compter sur un nouveau miracle comme celui de l'échange précédent.

*Sa remarque sur le fait qu'il n'aurait pas osé se constituer prisonnier s'il avait trahi n'est pas recevable. *
*En effet, il pourrait bluffer. *
*Tu apprends. *
*Pas vraiment. Je ne vois pas l'intérêt. Je sais que ça se fait, c'est tout. *
*Bluffer est toujours utile. Ah, les attaques ad-nominem, ça manquait à mon bingo. *

Le chevalier brun haussa mentalement les épaules et continua sa réflexion légère tandis que l'accusé proposait son prix. Des informations qui reviendraient au Kaerl. Comme s'ils n'avaient pas les moyens de les obtenir autrement. Une fois encore, cela faisait dévier le débat. Endormait les juges sur les points importants à vérifier pour prendre une décision éclairée.

Enfin, le Seigneur prit la parole. Intéressé par ce qui pouvait bien être le jugement définitif, le neishaan se redressa.

*Il tutoie. *
*Il sera donc clément. *
*Mm ? *
*On ne tutoie pas quelqu'un qu'on envoie à la mort. *
*Ah ? *
*Pas en public. *
*Bon. *

La prévision s'avéra juste. Malgré le manque évident de données, le Seigneur lui fit grâce et lui proposa un poste de second. C'était finement joué d'un point de vue politique. Xhaziel ne pouvait que l'accorder. Garde tes amis proches de toi et tes ennemis plus proches encore. Mais ce n'était pas LA bonne décision. Martel avait démontré le peu d'importance qu'il accordait aux serments. Un de plus, un de moins. Enfin. Ce n'était pas à lui à critiquer les décisions. Il faudrait faire avec Martel et Melkor. Et tous les ambitieux enragés de voir une telle personne avec un tel honneur. Les clans ne pourraient pas s'agiter officiellement.

Martel allait devoir surveiller sa nourriture.

Il allait devoir penser à surveiller son stock de contre-poison. On ne savait jamais ce qu'il pouvait se passer.

*Attend, ce n'est pas fini. *
*Il a donné sa décision. *
*Mais les autres n'ont pas réagi ! *
*Ca changera quelque chose ? *
*Non, mais c'est quand même intéressant. *
*Si ça te fait plaisir... *


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 11 Sep 2022 - 20:56

[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Kasim-adrikan-solaufein-2-tol-orea__[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Jahangir-Forme-Dragon-Tol-Orea
Kasim "Solaufein" Adrikan & le Noir Jahangir
Spectre des Cendres


Theme Song :
Rhaenyra Returns to Camp – House of the Dragon OST

Accoudé là au milieu des badauds, le moins que l’on pouvait dire était que le sang-mêlé était dans son élément. Vêtu de cuirs sombres, une étoffe Ssyl’Shari noire enroulée autour de sa tête pour camoufler tant sa chevelure que ses oreilles pointues, il pouvait aisément passer pour un Torhil un peu plus frêle que la moyenne. Parfaitement à l’aise dans son rôle, même sa façon de parler n’était plus la même qu’à l’habitude, se parant des accents âpres et incisifs des Oasis.

Le menton dans la paume, l’autre bras reposant sur la rambarde de métal, ses doigts jouaient une mélodie connue de lui seul, en un ‘‘ting ting ting’’ répétitif dont il était bien certain de l’effet sur les nerfs de son imperturbable voisin. Jahangir n’était pas avec lui, mais Kasim sentait sa présence silencieuse, lovée dans un coin obscur de son esprit, prête à surgir et à déverser son venin comme un serpent caché dans les sables. Grand bien lui fasse. Il n'avait pas besoin de lui, et ne souhaitait pas qu'il se mêle de ses affaires, en particulier celle-ci.

Prétendant un heureux hasard – à moins que cela n’en soit réellement un – il avait pris place à côté d’un certain Verseur de Sang bien après le début de la séance. Un retard volontaire qui lui avait permis de se mêler plus aisément à la foule des spectateurs anonymes, utilisant son pouvoir à bon escient pour se fondre dans les ombres … Et esquiver les inévitables fouilles. Quoi que consciencieuse, la milice du Kaerl était loin d’arriver à la cheville de la Garde Embrasée, qui elle, avait été stationnée directement en bas, prête à intervenir immédiatement pour protéger le Seigneur.
Nul, parmi l’assistance pressée aux balcons pour assister à la séance du jour, n’était autorisé à porter une arme. Ce qui était absolument ridicule considérant que les gardes du corps des Sangs étaient pour la plupart de haut rang et armés jusqu’aux dents. Mais bah ! Ainsi en allait-il de la politique Ardente, pourrie et pétrie de contradictions jusqu’à la moelle.

Un mince sourire moqueur infléchissant ses lèvres, le Moredhel coula un regard en biais sur la hiératique silhouette de Nagendra Tuncay. Fut-il couvert de sueur et de sable après s’être battu dans la Fosse, le jeune Chevalier Bronze parvenait toujours à conserver un impeccable maintien … Et aujourd’hui n’y faisait pas exception. Mais il y avait d’infimes signes qui ne le trompaient pas. Il l’avait suffisamment observé pour ça : le procès ne se déroulait pas de la façon dont le soldat s’y était attendu. Indubitablement ambitieux, effroyablement loyal, mais encore délicieusement naïf par certains égards !

Le loup et le chien de guerre, Hati et Garm, baptisés selon les légendes du grand Nord. Il eut un reniflement ironique. C’était à se demander lequel était qui, parfois.
Le Chevalier Bronze avait beau jeu de l’ignorer et de feindre de ne pas le connaître, le sang-mêlé n’en usait pas moins de commentaires soigneusement formulés sur ce qui se déroulait sous leurs yeux, comme tout autant de piques répétées pour venir ébrécher sa noble façade.

Et lorsqu’Aodren eut la bonne grâce de se faire remettre à sa place par cette vipère frigide de Mora del Caelan, Kasim ne put empêcher un sifflement appréciateur de s’échapper de ses lèvres. S’inclinant d’un air conspirateur en direction de son voisin, sans rien montrer de la nervosité soudaine qui s’était emparé de lui, il lui lança :

« Eh bien, cette séance est décidément pleine de rebondissements et de surprises ! Il suffirait que quelqu’un éternue pour que le Concile se transforme en un véritable bain de sang. » Il lâcha un petit rire satisfait, et le poussa allègrement du coude, dans une attitude volontairement peu discrète. « Et si on faisait un pari sur qui en sortira vivant ? »

Il n’y avait guère ses iris pourpres, assombris par la pénombre ambiance, pour venir le détromper sur le fond réel de sa pensée. Il ne s'attendait bien sûr pas à une réponse de sa part, mais il lui présentait là, clairement, un test de loyauté. Placé devant un choix cornélien entre l'aristocrate Fëalocë, son probable amant, et l’homme qu’il admirait, qui le Verseur de Sang soutiendrait-il ?

Le jeune Moredhel était avant tout un assassin, et sa façon de combattre ne convenait guère au style plus conventionnel de celui de Martel … Au contraire de Nagendra, sur qui était donc retombée la lourde tâche d’aider l’Elfe à retrouver la pleine mesure de ses capacités. Ses lèvres se pincèrent. Leurs Liés tous deux nés de Melkor, c’était cette admiration sans borne envers son Maître – peut-être trop proche de la sienne – qui le poussait à considérer ce ‘‘complice forcé’’, choisi et désigné par Levon au nom des Valheriens, avec une amertume qu’il ne digérait pas.

Sanglé à son avant-bras, invisible sous sa manche, il semblait au sang-mêlé que le métal de son poignard était lentement chauffé à blanc, brûlant sa peau à travers son fourreau de cuir. Dans l’expectative, il se pencha imperceptiblement par dessus la rambarde, son regard scrutateur passant aussitôt de visage en visage jusqu'à s’arrêter sur celui de Martel. Son Maître allait-il ruiner des mois de préparation en cédant à sa colère ? Son souffle s’apaisa néanmoins en constatant que Melkor avait la situation bien en main, puis qu’Eléderkan se permettait de rediriger les Sangs vers le réel sujet du débat.

Ses doigts se contractèrent avant de se relâcher sur un soupir muet, recomposant son expression. Si sa posture avait retrouvé sa nonchalance habituelle après la prise de parole de Martel, l’apparent désintérêt d’Iskuvar n’avait fait ensuite que souffler en lui les braises d’une impatience latente. Il n’était pas certain d’en saisir les raisons. Cela lui paraissait aller au-delà d’un simple mépris affiché pour le bénéfice de ses spectateurs. A quoi jouait-il exactement ?

Il n’eut finalement guère longtemps à attendre pour avoir les réponses à sa question. Un silence assourdissant s’était abattu sur l’assemblée dès les premiers mots égrainés par le Seigneur. L’air s’était paré de ce goût astringent, quasi métallique, propre à celui qui précède l’orage, et Kasim en inspira les saveurs à plein poumons, frémissant. Les yeux mi-clos, fixés sur Iskuvar, fébrile, il attendait de voir sur quelle tête tomberait enfin la foudre.

Il ne fut pas déçu. Et au vu de ce que le dénouement de cette journée annonçait comme coups de théâtre, il dut se faire violence pour contenir une soudaine excitation. Les implications du pacte exposé par le Seigneur se dessinaient petit à petit en lui, et il brûlait de savoir ce que son Maître aurait à répondre à une telle proposition. Il voulait l'entendre, ici, et maintenant. En espérant que Martel montrerait un spectacle, à l'instar d'Iskuvar, à la hauteur de toutes ses promesses ...


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 4 Déc 2022 - 0:17

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L’intervention d’Igraine était pertinente, nota Daire, comme on pouvait s’y attendre de la part de son ancienne aspirante. Elle avait rappelé à tous leurs devoirs, pointé à chacun ses manquements et remis en avant les questions importantes. Le Concile n’avait pas été réuni ce jour-là pour régler les petites querelles de clocher des Sangs, il était bon qu’on le leur rappelle et, visiblement, on ne pouvait pas compter sur quelqu’un d’autre que la Haute Représentante du Clan Introverti pour cela. Le Seigneur et la Haute Représentante du Clan Valherien gardaient le silence alors qu’ils étaient les instigateurs de ce « procès » et qu’ils auraient dû être les premiers à s’expliquer. La pseudo-excuse donnée par le maître noir n’était que cela, une excuse, et ne justifiait en rien la transgression de la loi et le non-respect du précédent jugement. Quant à Jora Evumbrar, son sourire narquois transpirait la suffisance et la satisfaction. C’était elle qui avait transgressé en premier les règles en accueillant et cachant l’Exilé mais elle ne ressentait visiblement aucune inquiétude. Toute Liée de Reine soit-elle, elle n’était pas au-dessus des lois, et Daire espérait qu’elle subirait les conséquences de ses actes et qu’elle devrait ravaler cet orgueil mal placé.

Martel Delekhna, lui, semblait en revanche prêt à mettre de côté une partie de son amour-propre pour répondre à la question de la maîtresse blanche. Sauf que ses paroles n’étaient pas franchement convaincantes. Si Daire n’avait pas eu l’habitude de garder un visage neutre, elle aurait pu lever un sourcil dubitatif. Le petit discours du chevalier bronze était bien tourné, il fallait le reconnaître, et on aurait presque pu s’apitoyer sur le sort du pauvre petit soldat loyal au Kaerl et exilé loin de sa terre de cœur mais ça ne prenait pas. L’ex-Second n’avait rien de pitoyable et ses arguments n’étaient pas recevables. Qu’il s’oppose à la politique seigneuriale était une chose, mais ça ne l’autorisait pas à bafouer les lois du Màr Tàralöm. S’il lui était si loyal que ça, pourquoi avait-il défié les règles pour revenir en douce malgré son ordre d’exil ? Il se réclamait du Seigneur Hùriand mais celui-ci n'aurait jamais permis une telle chose. Le Lié du bronze Melkor aurait très bien pu envoyer une demande de révision de jugement sans mettre lui-même un pied dans la cité. Immobile dans le dos d’Igraine, la Décurion ne pouvait pas voir le visage de la Haute Représentante du Clan Introverti, mais elle était convaincue que son ancienne aspirante ne se laisserait pas avoir par une ruse si grossière.

Un autre qui ne se faisait pas avoir était évidemment le Haut Représentant du Clan Dominant. Le fëalocë était si prévisible que c’en était risible. Et ce n’était pas parce que, sur le fond, elle était d’accord avec lui, que ses paroles trouvaient grâce aux yeux de Daire. Il y avait des formes à respecter. Que le discours de l’Exilé soit peu crédible, c’était un fait ; que son héritage du Seigneur Hùriand n’apporte aucune caution, c’était clair ; mais la raillerie n’avait rien à faire dans la bouche d’un Sang du Kaerl… pas plus que les allusions déplacées qui suivirent. Incrédule, Daire ne put s’empêcher de dévisager le maître noir alors qu’il osait proférer des énormités à propos de ce qui pouvait lier le demandeur et l’ancien Seigneur du Màr. Pour le coup, il l’avait surprise, mais pas en bien. De colère et d’indignation, sa main se crispa sur le pommeau de son épée qu’elle portait au côté. Comment osait-il ? Comment osait-il utiliser et, surtout, salir le nom du Lié de Morokei pour servir ses viles ambitions personnelles ? Celanduil Hùriand avait le meilleur Seigneur que le Kaerl ait connu de mémoire de Doué ! Quoiqu’il se soit passé dans son weyr ou dans son lit, jamais il n’aurait laissé ses occupations privées influer sur sa manière de conduire le Màr Tàralöm ! S’il avait choisi l’elfe comme aspirant puis comme Second, c’était qu’il lui reconnaissait les compétences nécessaires. Et qu’on apprécie le Lié de Melkor ou non, qu’on partage ses idées politiques ou pas, on ne pouvait pas nier que ça s’était vérifié. Le reste, quel qu’en soit la nature, relevait du domaine privé et n’avait pas à être évoqué en public !

*Reste calme,* gronda soudain une voix dans son esprit.

Daire cilla, coupée dans ses récriminations mentales.

*Je suis calme, Gama.*

Seul un deuxième grondement mental lui répondit, signifiant clairement que le dragon n’était pas dupe. Et il avait raison, évidemment. La Décurion se força à inspirer et à souffler pour reprendre le contrôle d’elle-même, tandis que la Shaman remettait le Haut Représentant du Clan Dominant à sa place. En s’attaquant à Adhâvan Ilaiyaraja au passage. Agacée qu’un de ses Verseurs de Sang subisse les conséquences des actes d’Aodren del Hendrake, Daire serra les dents.

*Il devra répondre de ses paroles,* grinça-t-elle.
*Chaque chose en son temps.*

L’Empereur Noir n’accordait aucune importance aux actes et aux paroles du fëalocë. Tant qu’il ne s’attaquait pas à sa Liée, il ne méritait que son indifférence. Ses insultes envers un elfe qu’il ne connaissait pas ne le concernaient pas, et même si, comme Daire, il n’appréciait pas ses attaques contre le défunt Lié de Morokei ou le fait de voir un de ses soldats englué dans la toile grossière de cet homme imbu de lui-même, ça ne justifiait pas un esclandre. Pour l’instant.

Daire s’obligea à desserrer ses doigts de la garde se son épée, pendant qu’Igraine, devant elle, laissait échapper un soupir parfaitement audible tout en tapotant du bout des doigts le bois de la table dans un geste agacé. La Haute Représentante du Clan Introverti n’avait aucun lien avec l’ancien Seigneur du Kaerl, et il n’était pas difficile de deviner son dépit devant la tournure de la discussion alors qu’elle avait rappelé les enjeux de la séance quelques instants auparavant. Mais elle n’eut pas besoin de se répéter, puisque Eléderkan Garaldhorf prit à son tour la parole. N’y avaient-ils donc que les Introvertis pour se montrer censés autour de cette table ? Mais, au moins, cette fois, les réponses de l’Exilé semblaient un peu plus pertinentes. Même sans suivre les méandres de la politique du Màr, la maîtresse noire n’avait pas pu manquer les polémiques causées par la découverte du chevalier céleste au sein du clergé d’Haskèl et la disgrâce d’Ioana Cyallaïd-Cèlt’har et l’échec de l’échange de prisonniers. Mais Martel Delekhna ne disait pas pourquoi il avait fui au lieu de profiter de l’occasion pour revenir dans ce Kaerl qui lui manquait tant. La mention du « Kaerl des Glaces » ressemblait plus à une tentative pour détourner l’attention du Conciles qu’à une réelle explication. Enfin… elle n’avait rien à dire. C’était aux Sangs de continuer l’interrogatoire et d’éclaircir ces points. Du moins, si le Seigneur Iskuvar leur en laissait le temps, ce qui n’était plus le cas, apparemment.

Peut-être le Seigneur du Kaerl en avait-il assez des circonvolutions et des atermoiements ? En tout cas, il semblait décidé à mettre un point final à cette parodie de procès… et quel point final ! Surprise, Daire ne put que noter le sursaut des épaules de son ancienne aspirante, devant elle, traduisant l’étonnement d’Igraine. Épargner l’Exilé était une chose mais le faire Second ? Garde tes amis près de toi et tes ennemis plus près encore, disait l’adage. Personne n’ignorait que Martel Delekhna convoitait le siège du Seigneur avant son exil ; était-ce un moyen de lui couper l’herbe sous le pied ? Ce n’était pas forcément mal joué, Daire devait le reconnaître. Iskuvar contrecarrait les plans du Clan Valherien en s’appropriant leur dernier atout, remettait le Haut Représentant du Clan Dominant à sa place en réintégrant son ennemi à un poste plus élevé et évitait un conflit immédiat entre les deux rivaux puisque l’elfe n’avait plus aucune raison de vouloir récupérer la tête du Clan Dominant. Ça ne pouvait qu’aider à maintenir la stabilité du Kaerl. Quant au problème de sécurité, il était résolu par le fait d’exiger que le Gardien sonde l’esprit de l’ex-Exilé. Il n’y avait plus qu’à espérer que le Lié de Melkor accepte la proposition… et décide de mettre de côté ses ambitions personnelles pour consacrer enfin ses compétences au bien du Kaerl. Le Seigneur Hùriand avait jugé qu’il en était capable, certainement, mais le ferait-il vraiment ? Ça dépendait de lui.

~*~

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Sources inconnue, modifié par Heryn, et inconnue
Kawisenhawe

Debout derrière le fauteuil de son ancien maître, droite comme un I, aussi immobile qu’une statue, Sarmīte tâchait d’avoir l’air de ce qu’elle n’était pas : le garde du corps de l’Inquisiteur Suprême. Elle avait endossé de nombreux rôles dans sa vie, mais s’il y en avait bien un pour lequel elle n’était pas taillé, c’était celui-là. Elle avait beau être capable de se défendre et avoir quelques atouts cachés, elle se trouvait parfaitement ridicule à prétendre défendre le maître bronze. Et, surtout, elle se sentait extrêmement vulnérable, ainsi exposée au centre de la salle du Concile, alors que la moitié du Kaerl se trouvait dans les gradins pour suivre le déroulement de la séance. Bien sûr, ce n’était pas elle qu’on venait voir. Elle savait que l’attention des spectateurs était focalisée sur la grande porte, le Seigneur et, dans une moindre mesure, les Sangs présents autour de la table ; elle savait que personne ne s’intéressait réellement aux gardes du corps ; elle savait que, avec sa petite taille et sa tenue discrète, elle n’avait aucun risque d’attirer le regard de qui que ce soit… Elle savait. Mais il y avait un monde entre ce qu’elle savait et ce qu’elle ressentait. Et là, debout derrière Eléderkan Garaldhorf, sous sa véritable identité et sans aucun artifice pour modifier son apparence, elle avait l’impression que tout le monde la regardait et la reconnaissait.

*Pour ça, il faudrait déjà qu’on te connaisse,* persifla Kawisenhawe dans l’esprit de sa Liée.
*C’est déjà le cas.*
*Ah oui ? Qui ça ? Les trois rats de bibliothèque qui s’enferment à l’Observatoire en même temps que toi ? Ils ont tellement le nez dans leurs parchemins qu’ils ne sauraient même pas dire à quoi tu ressembles !*
*Et c’est très bien comme ça.*
*N’importe quoi ! Tu mériterais d’être assise à cette table et de recevoir le respect de tous ces prétentieux !*
*Jamais de la vie !*

L’ouverture de la lourde porte coupa court à la discussion mentale. De toute façon, ce n’était que partie remise, les deux Liées s’échangeant les mêmes arguments depuis leur Empreinte ou presque. Comme tous les présents, Sarmīte suivit des yeux l’entrée de la silhouette encapuchonnée, et ses doigts se crispèrent sur la garde de l’épée qu’elle portait au côté quand son identité fut révélée. Martel Delekhna. L’Exilé. La neishaane dut se faire violence pour maîtriser sa surprise et détourner le regard de l’elfe. Elle n’était pas là pour dévisager le demandeur ; elle était là pour étudier les réactions des autres. Toutes les réactions de tous les autres. Et faire ensuite un rapport à son maître. Si le Lié de Thémos avait jugé que sa mémoire pouvait lui être utile, il était hors de question de lui faire défaut.

Le Seigneur n’avait bien évidemment pas l’air surpris ; il savait à quoi s’attendre puisque c’était lui qui avait convoqué cette séance extraordinaire du Concile. La chevalière blanche nota toutefois qu’il ne cillait pas aux paroles du Lié de Melkor malgré l’omission de son titre. Peut-être s’y attendait-il ? À moins qu’il n’ait décidé d’avoir l’air le plus neutre et froid possible pour masquer jusqu’au bout ses véritables pensées ? Le petit sourire suffisant de Jora Evumbrar, lui, ne masquait pas grand-chose. La Haute Représentante du Clan Valherien était visiblement satisfaite de l’entrée de celui qui était « sous sa garde » et de la surprise qu’elle avait provoquée chez ses confrères. Car la surprise se lisait clairement sur certains visages, même si l’expression était fugace et vite corrigée. En silence, Sarmīte s’efforça d’enregistrer chaque haussement de sourcil, chaque ride, chaque frémissement, avant de s’intéresser au Haut Représentant du Clan Dominant qui se levait pour prendre la parole.

L’orgueil suintait par tous les pores de la peau du fëalocë, provoquant une réaction de rejet viscérale chez la neishaane. Le maître noir lui rappelait soudait tout ce qu’elle avait toujours détesté chez les hommes de la caravane… et le regard qu’il posa sur son maître ne fit que renforcer l’antipathie de Sarmīte. Sous son manteau gris, ses doigts quittèrent la garde de l’épée pour enserrer celle, plus discrète, d’un poignard. S’il y avait du grabuge, ce serait lui sa première cible. L’épée qu’elle portait à la taille n’était qu’un leurre, destiné à attirer l’attention et à finir dans les mains de Maître Garaldhorf en cas de besoin, mais elle n’était pas démunie. Ses armes à elle étaient juste bien cachées dans l’ombre de son manteau : deux dagues accompagnaient le poignard, l’une à la lame imbibée de poison paralysant, l’autre d’un sédatif. Et puis, il y avait ses couteaux de jet, bien sûr… un dans chaque manche et un dans chaque botte. Aodren del Handrake serait mort avant d’avoir fait un pas en direction de l’Inquisiteur Suprême.

Mais le fëalocë se rasseyait, et la neishaane laissa donc son regard s’attarder une seconde sur l’elfe qui lui servait de garde. Elle nota avec un peu d’étonnement que celui-ci baissait la tête. Il semblait gêné. Elle ne voyait pas pourquoi mais enregistra soigneusement cette information. Comme les autres, elle serait peut-être utile à son maître.

Le débat se poursuivit sans que la chevalière blanche ne puisse noter quoi que ce soit d’exceptionnel. Chacun défendait son bout de gras, mais les magouilles politiques ne l’intéressaient guère, et Eléderkan savait probablement déjà de quoi il retournait concernant l’opinion des uns et des autres. Plutôt que d’essayer de deviner les implications et les sous-entendus de chaque intervention, Sarmīte tâcha donc d’enregistrer les mots prononcés et, surtout, les réactions de ceux qui ne disaient rien. Certains Sangs n’ouvraient pas la bouche, mais c’était pour ça qu’elle était là. Pour noter ce qu’ils ne disaient pas. Et d’autant plus quand le verdict tomba, plutôt surprenant aux yeux de la neishaane. Son regard repassa successivement sur tous les visages présents, en attendant que l’Exilé donne sa réponse.


Dernière édition par Daire Orlaigh le Dim 4 Fév 2024 - 19:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 4 Déc 2022 - 18:56

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Jora Evumbrar & l'Incarnate Takhasya
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Train Fight - Hans Zimmer (Batman Begins OST)


Son cœur gelé jubilait. Enflammée par ce qu’elle observait dans le saint des saints, son âme se réchauffait des turpitudes et des courants violents agitant le Concile. Dans cette cage de chairs et d’os se mouvait une démone alléchée par les échecs des uns et des autres. Sa victoire n’en sortirait que grandie, plus éclatante que jamais. La part rationnelle, sans cesse aux aguets et froidement calculatrice, de son esprit lui permettait néanmoins de temporiser son exaltation. Elle l’empêchait également de se lécher les babines comme le ferait sa Liée, laissant le soin à celle-ci de transposer leurs expressions sur une apparence plus prédatrice que celle d’une simple neishaane. La partie n’était pas finie. Chaque pion devait jouer son rôle, et la guerre ne faisait que commencer.

Apprêtée telle une reine, sise sur son siège avec tout l’aplomb et la grâce d’une conquérante tout juste rentrée du champ de bataille, Jora Evumbrar était consciente d’offrir un spectacle qui ne laissait personne indifférent. On ne la connaissait guère pour sa coquetterie ni pour ses bons mots, à l’instar de sa sœur d’âme qui arborait – tant sous sa forme draconique que sous sa forme illusoire – une dangerosité à peine masquée par le vernis de la civilisation. La Maîtresse Incarnate était arrivée au pouvoir en tant que Haut-Représentant du Clan Valherien par un étrange tour du destin, comme tant d’autres avant elle. Il lui fallait asseoir son autorité, sa légitimité et, jusqu’à récemment, elle s’en sortait plutôt bien aux yeux du reste du Kaerl. Jamais désarmée, jamais contestée, jamais perdante.

Un frisson presque imperceptible remonta le long de sa colonne vertébrale. Les paupières blanches masquèrent une fraction de seconde le bleu glacier de son regard. Sans se départir de son masque altier, Jora reconnut les signes et s’accorda un instant de réflexion. La soif de sang rugissant dans ses veines fut reléguée au second plan. Rajustant un lourd bracelet le long de son poignet gauche, elle effleura la rune ciselée dans sa chair - cachant une de ses innombrables cicatrices - tout en y puisant le secours de sa magie. Son rythme cardiaque s’emballa. Sa gorge s’assécha.

Un imprévu, un grain de sable, un changement dans l’air.
Quelque chose lui échappait.

Jora se redressa légèrement sur son siège. À ses côtés, Takhasya n’avait pas frémi d’une écaille – ou plutôt d’un cheveu. La dragonne ne démontrait aucun signe du trouble qui s’était emparé de sa Liée. La magie de cette dernière se montrait si versatile, si fluctuante, qu’elle n’en espérait jamais un résultat probant. Ce serait à Jora de l’informer si son intuition se révélait utile. Elle n’en coula pas moins brièvement un œil de feu, parfaitement reptilien, sur la neishaane. Son âme, forteresse de feu et d’acier, vint enserrer plus étroitement celle de sa Liée. Elle lui interdisait toute erreur.

° Seregon ! Ils vont faire appel au Gardien…
Comme tu l’avais prédit, ma sœur. °

Les mâchoires se Jora se crispèrent un peu plus encore. La voix de Takhasya était semblable au métal, rauque et dure, insensible aux nuances humaines. Elle n’osait pas rendre son regard à sa Liée, de crainte de trahir quelque émoi. Ce n’était pas son instinct ni une prémonition qui l’avaient guidée sur ce sujet, mais bel et bien une stratégie. Tous ses sens lui hurlaient cependant de prendre garde à ce qui allait se jouer maintenant. Elle s’était préparée à un revers de fortune, voire un châtiment, mais elle n’imaginait pas l’ampleur de ce qui l’attendait. Elle retint de justesse le réflexe de jeter un coup d’œil à son garde du corps. Le Décurion Narses ne pouvait guère l’aider dans ces circonstances. Pas davantage que la dragonne à ses côtés. Elle affronterait tout seule, sans hésitation, sans pitié.

Maîtresse Evumbrar ne chancela pas face aux accusations. Le cœur bouillant de haine, elle redressa le buste et riva son regard hivernal sur le Seigneur Iskuvar. Elle avait vu une partie de son dénouement et s’y était préparée. Toutefois, la rage et l’indignation qui brûlaient en son âme n’étaient pas feintes pour autant. Son discours était prêt, si prévisible et pourtant plein d’audace : il ne tromperait personne mais il préservait les apparences. Elle se dressa de toute sa hauteur et sa voix s’éleva, charriant un vent glacé :

Au nom de tout le Clan Valherien, je proteste contre ces calomnies ! Moi, Jora Evumbrar, Haute Représentante, je suis prête à mettre en jeu ma vie pour laver mon honneur et celui de tout mon clan ! J’ai agi pour le bien du Màr. J’ai su prêter une oreille attentive à un grave manquement à la sécurité, pouvant mettre en péril l’avenir du Màr. Là où vous tous, y compris vous Seigneur Iskuvar, fermiez les yeux ! Je ne m’excuserai pas d’avoir agi là où aucun d’entre vous n’en a eu le courage.

… Avant d’être peu à peu recouverte par le brouhaha et l’annonce définitive du châtiment réservé à l’exilé. Interloquée, Jora ne put totalement masquer son désarroi. Elle se reprit une seconde trop tard : ce fut suffisant pour que Takhasya le remarque. Rien n’échappait à la sagacité de la reine. Cette dernière braquait sur sa moitié d’âme un œil plus rougeoyant qu’un incendie. Une aura de sauvagerie à peine contenue émanait de son enveloppe illusoire. Elle ne rudoierait pas la neishaane en public, toutes deux le savaient. Le supplice qui les attendait se ferait derrière les portes closes de leur weyr… Mais la reine aussi devait tenir son rôle. Découvrant ses dents en un geste purement draconique, elle poussa un cri guttural, qui évoquait davantage un rugissement de bête sauvage qu’un son humain. Autour de ses pupilles fendues flamboyait le brasier de sa haine.

Toujours debout, campée dans sa posture de défi, Jora digérait difficilement l’annonce. Elle enrageait en silence. Son protégé lui échappait. Il lui appartenait, elle l’avait retrouvé et façonné selon ses désirs. Et on le lui volait ! Amère, elle ne se montrait pas dupe face à cette manœuvre. Elle était presque certaine que Dehlekna accepterait la proposition. Il n’avait pas fait tout ce chemin pour y rencontrer la mort. Et chaque miette de pouvoir le faisait saliver comme un mendiant devant un veau gras. Il allait se jeter sur l’appât, en espérant sûrement s’affranchir de la tutelle des Valheriens. La sienne. Pour Iskuvar, il s’agissait également de placer un pion dans le camp adverse. Dehlekna serait peut-être forcé, ou séduit, pour lui apporter des informations sur le Clan Valherien. Des données compromettantes au simple ragot, il n’y avait parfois qu’un pas. Elle pouvait y voir une opportunité, car il serait toujours assujetti aux règles de son Clan officiellement. Si le Seigneur pouvait le contraindre à coopérer et jouer l’agent double, elle le pouvait aussi. Et elle le ferait sans l’ombre d’un remords.

Sous la table, la poigne puissante de l’Incarnate rencontra sa main. Elles se serrèrent les doigts en une étreinte capable de leur broyer les os et y puisèrent leur force. Jamais elles ne seraient vaincues.
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Martel Dehlekna
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 22 Jan 2023 - 18:14


Les derniers échos de ses mots s’étant éteints, un grand calme s’était abattu sur lui. Là où il y avait eu colère et fureur, il avait tout offert en pâture au brasier affamé qui dévorait son âme, se délestant de toutes ces émotions qui l’entravaient, pour ne plus rien laisser qu’une lande glacée, morne et froide. Pour l’heure cela lui convenait parfaitement, même s’il savait qu’il le paierait plus tard, d’une manière ou d’une autre.

Melkor était bien le digne fils du volcan, aussi dangereux que pouvait l’être la lave couvant sous la montagne. Destructrice, impitoyable, mortelle, incontrôlable. A l’instar de ce feu issu des profondeurs de la terre, le Bronze pouvait lui offrir une puissance incroyable pour peu qu’il parvienne à canaliser son énergie brute. Telle était la nature du pacte qui les unissait : il avait libre cours de décider leur vie, et en échange, sa mort, l’instant précis où son dernier souffle lui échapperait, tout cela appartiendrait au dragon.

‘‘Tu es à moi’’, était le chant guttural, possessif, qui émanait en permanence de son âme-sœur, là, juste là, dans l’espace entre leurs deux esprits liés.

Un soupir, à peine plus qu’un frémissement de l’air, et son Bronze relâcha l’emprise de ses doigts, rassuré de savoir que Martel ne dévierait pas de ses objectifs. Son visage impassible, ses mains entrecroisées dans son dos, l’attitude rigide et militaire, le Moredhel focalisait à présent toute son attention sur Alauwyr.

Quelque chose dans son expression, dans l’intensité du regard de ce dernier avait changé, il le pressentait obscurément.

L’Exilé avait lentement déployé la stratégie qu’il avait élaboré en amont avec Eléderkan, fruit de leur réflexion commune, pions après pions. Il avait sacrifié ceux qu’il estimait utiles pour lui apporter la victoire, plaçant les autres sur le grand échiquier du Concile, de manière à ce qu’Iskuvar ne puisse résister à l’appât qu’il lui tendait. Bien sûr, les Sangs étaient tout autant de pièces à l’allégeance incertaine, représentant un risque calculé, mais seul pour lui importait maintenant de capturer le Roi adverse, car le dénouement final de la partie ne dépendrait que de lui.

Échec et mat.

Il ne pouvait être sûr de personne, pas même d’Eléderkan. Le Fou du Roi. Un infime sourire sarcastique étira ses lèvres, bien vite réprimé. Quels coups le Seigneur allait-il jouer en réponse pour protéger sa position ? Le voilà qui se levait enfin, avec son habituelle et exécrable assurance, tenant tour à tour sous le feu de son regard sombre chacun des membres du Concile … Avant de terminer par lui. L’accusé. Le plaignant. Dans son dos, Melkor émit un grondement sourd de défi, étouffé par la prise de parole d’Iskuvar.

Oui, il en était convaincu à présent, la partie était jouée et les prochaines minutes seraient plus que déterminantes. Ses muscles se contractèrent, se préparant à toute éventualité.

Quoi que l’idée de voir Aodren se faire massacrer dans l’arène de la Fosse soit particulièrement séduisante à ses yeux, Martel avait d’autres projets pour le noble, et entendait bien que son passage de vie à trépas soit le plus lent et douloureux possible … A condition de survivre à cette journée.
Sans frémir, il laissa donc le Seigneur dérouler son petit numéro à destination évidente des Sangs, lequel allait jusqu’à réprimander indirectement Jora et le Clan Valherien pour son implication dans cette affaire. L’Exilé attendait qu’il en vienne au fait, tout à fait convaincu que l’homme prenait plaisir à faire mariner son auditoire.

En retrait dans son champ de vision, la Neishaane Incarnate, qui jusque là lui évoquait un fauve satisfait se pourléchant les babines devant une proie bien juteuse, ne manqua évidemment pas de s’insurger devant les sous-entendus esquissés. Se récriant et clamant ses bonnes intentions comme l’on agiterait un étendard, c’est néanmoins si à peine on fit attention à elle, car déjà Iskuvar poursuivait sur sa lancée, ses yeux rivés sur le Moredhel comme s’il pouvait le transpercer à la seule force de son regard.

La mention doucereuse de Limna lui arracha un bref haussement de sourcils provocateur ; voilà un nom que le Seigneur ne pouvait se risquer à évoquer imprudemment, car ils savaient tous deux que le secret derrière la mort de la jeune femme était de ceux qui pourraient induire sa chute définitive. Pour autant, s’il avait envisagé la possibilité qu’Iskuvar mette le sujet sur le tapis, et comment s'en saisir afin de faire tomber son adversaire, ce qui vint ensuite lui fit l’effet d’un véritable coup de tonnerre.

Lui jurer allégeance pour devenir son Second. Un instant, il en vint vraiment à douter de ce qu'il avait entendu. C’était comme si le sol s’ouvrait soudain sous ses pieds pour l’engloutir, balayant toutes ses certitudes, ses prévisions, sa stratégie méticuleusement étudiée. Sans qu’il ne puisse le contrôler, ses yeux s’écarquillèrent sous le choc.

Qu’Alauwyr le mette au défi de se soumettre à Seregon était une chose, il l’avait lui-même prévu en dernier recours … Mais cela … Non, cela, rien ne l’y avait préparé. Ses paupières se fermèrent, étroitement, tandis que les flammes, balayant leur carcan de glace, réclamaient à nouveau son esprit comme leur juste royaume. Les mots étaient trop imparfaits pour décrire la nature de ses émotions à cet instant, l’ampleur de la haine qui le ravageait. C’était bien trop finement joué, un piège bien trop parfait, pour que ce satané Iskuvar soit parvenu seul à cette idée. Sang et cendres ! La mort ou l’élévation au titre de Second, faisant une nouvelle fois de lui le deuxième homme le plus puissant du Màr Tàralöm. Il n’y avait aucune hésitation à avoir, n’est-ce pas ?

Le choix aurait pu paraître évident, s’il n’y avait eu son ego qui lui soufflait qu’il serait ainsi à jamais soumis, enchaîné à l’Humain, à jamais son inférieur. Foutaises ! Iskuvar escomptait-il en réalité qu’il refuse de ployer le genou et lui préfère la hache du bourreau ? Quoi que Martel décide, l’autre serait dans tous les cas le grand vainqueur du jour.

**Martel ...**

Écartant la présence du dragon d’un mouvement d’épaule, il prit une profonde inspiration avant de rouvrir les yeux, ses iris brûlant d’un feu glacial, s’interdisant de jeter ne serait-ce qu’un simple regard en direction d’Eléderkan. Ce dernier l’avait-il trahi ? Avait-il conseillé à Iskuvar de lui proposer cet abject marché dont la conclusion était déjà toute trouvée ? Ce n’était pas impossible, mais il ne pouvait s’encombrer de telles pensées pour le moment. Les émotions brouillaient son jugement, et il devait impérativement garder la tête froide.

Il n’allait pas gâcher des lunes entières d’efforts acharnés sur un simple caprice. Il avait parfaitement conscience qu’il se retrouverait pris entre le marteau et l’enclume, entre le Seigneur et le Clan Valherien mené par Jora. Tôt ou tard il devrait payer ses dettes, la Neishaane s’en assurerait. Pourrait-il alors tourner la situation à son avantage ? Sa mâchoire se contracta.

Vivant, libre, et en position de pouvoir, il aurait tout le temps de repartir de zéro… Reconstruire son réseau. Trouver des alliés. Accomplir sa vengeance.

« J’accepte. » C’était aussi simple que cela. Sa voix était rauque, les mots difficiles à prononcer, mais sa posture assurée. Toute autre réponse aurait été folie, et il n’était plus ce jeune Elfe imprudent qui croyait que rien ne lui serait impossible pour peu qu’il fasse preuve de volonté et de détermination. Il ne se laisserait pas exécuter froidement.

« J’accepte ces conditions. Que Seregon me mette à l’épreuve et prouve ma loyauté. »

Il mènerait le Kaerl vers une ère de gloire qui éclipserait jusqu’au souvenir même d'Iskuvar.


« Que ne jure pas de marcher dans les ténèbres
Qui n'a pas vu la tombée de la nuit. »

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Nagendra Tuncay
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeVen 10 Fév 2023 - 19:39

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Maître Levon Narses, Décurion Étincelant & le Noir Vathek.

Rien ne se passait comme prévu. Comme tout bon soldat, Levon avait horreur de l’inattendu. Il n’y avait eu que la vie avec Vathek pour tenter de l’y habituer mais le Dragon avait la sale habitude de planter ses griffes toujours dans les mêmes plaies, veillant à ce qu’elles ne se referment jamais. Il n’était pas question de grandir ou de s’améliorer – les deux Liés ne vivaient sans doute que pour se tirer vers le bas. Curieux. Le Dragon restait silencieux dans son esprit et le Sang-Mêlé doutait que ce soit par respect envers son devoir. La contrariété qui plissa momentanément son front passa inaperçue parmi les rides qui le creusaient déjà. Près de lui, il sentait la fureur de l’Incarnate lui brûler les joues et écorcher ses lèvres aussi sûrement que le simoun. Son instinct en alerte lui criait de s’éloigner du danger, du débordement à venir, mais il aimait trop l’adrénaline pour tenir compte de celui-là, se délectait d’un tel sentiment de puissance.

Dieux, que le Désert lui manquait…  

Parfaitement immobile dans le dos de Jora, seuls ses yeux bondissaient d’un point à l’autre de la salle, guettant le moindre mouvement, le moindre scintillement venu des coursives. La moindre faiblesse dans les épaules parfaitement droites de la Neishaane, aussi. La tension montait. Un frémissement électrique se propageait le long de ses nerfs là où ses sens se mêlaient à ceux de Vathek. Il devait se faire violence pour ne pas céder à l’envie désespérée de remuer des pieds et des jambes. Par Haskèl, même quand le Noir lui faisait le trop rare plaisir de se taire, fallait-il donc qu’il mette en œuvre une toute autre manière de l’importuner ? Plutôt que de laisser son irritation grandir encore, au risque de se retrouver dans une situation où il aurait tôt fait de commettre une erreur, il préféra envoyer ses pensées vers le Dragon.

° Que se passe-t-il ? °
° N’as-tu donc pas d’oreilles ? °

Levon ne répondit pas ; son agacement était suffisamment marqué pour se passer de mots. Sa respiration commençait à se raccourcir tandis que son regard se heurtait avec insistance au mur que formait le dos de Jora, toujours debout, et il envisagea un instant de lui demander de bien vouloir se rasseoir. Sa place au sein de ce simulacre de procès était déjà bien assez centrale. Elle ne gagnerait rien à se donner en spectacle de la sorte.  

° Jure allégeance et deviens mon Second… ° susurra le Noir, un mélange de dégoût et de moquerie s’attardant sur sa langue perfide. Levon ne put alors s’empêcher de baisser la tête vers Martel puis, sans vraiment se l’expliquer, vers Aodren. ° La nouvelle n’a pas l’air de te réjouir… °

Quelque chose avait changé ; Alauwyr Iskuvar avait ses qualités – ° Ce n’est pas moi qui le dis. ° – mais la diplomatie était généralement loin de ses priorités et Levon ne lui connaissait aucune affinité avec la patience qu’exigeait la stratégie. Le regard du Sang-Mêlé glissa d’un Sang à l’autre – lequel était responsable de cette manigance ? – avant de s’arrêter un instant sur le profil d’Eléderkan. ° Mon aile à couper que non… °

Le Décurion laissa à son Lié tout loisir de soliloquer dans le confort de son esprit qui ne l’écoutait déjà plus. Cela ne le dérangeait pas ; Vathek détestait être interrompu.  

En apparence, la proposition du Seigneur réglait les affaires de tous. À terme, cependant, Levon craignait des conséquences plus néfastes encore. On ne domptait pas un homme par l’humiliation. Martel ne serait jamais loyal qu’aux chaînes qu’il se forgeait lui-même. Le voir ainsi jeté en pâture, constater avec quelle gourmandise ces gens se disputaient un droit de propriété sur celui qu’ils avaient auparavant cherché à éloigner du pouvoir puis du Kaerl, éveillait en lui une pieuse et sourde colère. Il n’y avait donc aucune gloire possible pour le Màr Tàralöm dont ils ne soient l’origine. Tout ici était affaire personnelle.  

À quel point le monde les avait-il déçus ? Ils nourrissaient tous ce même désir étrange, enfantin par bien des aspects : que le Kaerl naisse et meure avec eux. Mais d’eux, il ne restait jamais plus que quelques poussières balayées à travers les corridors vides, un nom qui s’effaçait des lèvres, gravé dans des tablettes que l’Histoire capricieuse finissait par détruire. Et le Volcan demeurait. Il les avalait tous, à la fin. C’était leurs ambitions et leurs rêves qui coulaient sous la pierre, prisonniers de cette créature sans âge – la plus infâme et la plus cruelle d’entre toutes. C’était elle que Levon et Vathek servaient.  

Elle et personne d’autre.    

« Asseyez-vous, ma Dame. Notre tour viendra. » glissa-t-il fermement à l’attention de Jora sans pour autant quitter des yeux les coursives, la voix à peine plus qu’un murmure. Avant d’être un soldat, il était un enfant du Désert : il ne craignait pas plus le loup que la vipère. Le poids de l’acier pendu à ses hanches n’était rien en comparaison de celui qui pesa sur lui dès lors que l’ordre à peine masqué quitta sa bouche. Inutile de s’évertuer à faire passer ses mots pour une simple suggestion : que ce soit l’un ou l’autre, Jora n’en avait généralement ni le goût ni l’usage. Il ignora autant le couple d’Âmes Sœurs que les insinuations crasses de Vathek au sujet de la Reine Incarnate.

~°~
[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Cathan10 [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Nelaka10 ___ [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Golnar10
Chevalier Cathán Falvey & la Bleue Nelakanth  --  Chevalière Gölnara "Ukaleq" Naranbaayar.
Verseurs de Sang, Décurie de Levon Narses, membres du Clan Dominant.

« Avec ces gens-là, il est des sorts moins enviables que la mort. »

Ce fut là tout ce que Nagendra, sobrement, eut la politesse de répondre à Kasim. Bien loin de le considérer comme un camarade – d’ailleurs son grade militaire faisait du Chevalier Bronze un supérieur – l’Humain peinait à trouver le bon terme pour qualifier leur relation. Parce qu’il bénéficiait semblait-il de la confiance et du respect de Martel, Nagendra se montrait à peine plus qu’affable. Il n’avait aucune raison de l’apprécier ; pas plus qu’il n’avait de réelle excuse pour justifier toute inimitié envers le Sang-Mêlé.  

Il porta une main à sa nuque pour tenter de chasser la désagréable sensation d’être épié. Quelque chose le démangeait, juste à la lisière de son esprit conscient, l’empêchait de se concentrer sur les paroles que s’échangeaient les Sangs.  

En réalité, si le Spectre des Cendres avait été capable de lire dans l’esprit de Nagendra, il aurait vu que les conflits qui secouaient ses entrailles n’avaient rien à voir avec la loyauté. Pour l’Humain, cette dernière avait l’avantage d’être moins régie par le cœur que par des lois – à une exception près, qui était le serment l’unissant à Adhâvan. Il n’était ainsi question ni de choix ni de morale.  

À nouveau, il sentit un picotement entre ses omoplates. Agacé, l’Humain se résigna à jeter un coup d’œil par-dessus son épaule. Tous les visages étaient tournés vers le Concile où Iskuvar, enfin, avait pris la parole. Il remarqua, nonchalamment adossée contre le mur les bras croisés, une silhouette élancée aux formes féminines. Dès qu’il croisa son regard, une paire de rubis rougeoyant à l’ombre d’un capuchon d’où s’échappaient deux lourdes tresses blondes, il entendit sa voix.

° Te voilà fort bien vêtu pour une telle occasion. Aurais-tu quelque chose à célébrer ? °  

Nelakanth, Dragonne Bleue Liée à Cathán Falvey. Nagendra était étonné de la voir ici. Elle se désintéressait généralement des affaires humaines et semblait encore moins capable de s’éloigner de son Lié que ne l’était son ombre. Il battit des cils et reprit appui sur la rambarde. Que venait de dire le Seigneur ? Un brouhaha montait parmi l’assemblée, frappée de stupeur. Second ? Takhasya avait poussé un rugissement terrifiant, empli d’une fureur que son déguisement humain n’était plus en mesure de contenir. Intuitivement, ses yeux filèrent en direction de Levon, mais tenter de lire quoi que ce soit sur le visage du vieux soldat revenait à essayer de déchiffrer une page blanche. L’espace d’un instant, le silence lui fit craindre la réponse de Martel – mais il aurait fallu être fou pour refuser pareille offre, qu’importent les intentions qu’elle masquait.

Se redressant, il fit quelques pas en arrière avant de se retourner. La Bleue attendait toujours, patiemment. ° Sans doute plus de choses que je ne me l’étais figuré en me levant ce matin. ° lui confia-t-il d’un ton équivoque, une seconde après que l’Exilé eut prononcé haut et fort sa réponse. L’agitation de la foule enfla comme une vague. Nagendra se tint face à la Bleue, laquelle consentit finalement à décoller son dos du mur.  

° Je veux bien te croire... Pour le moment. ° La Dragonne fronça le nez, moqueuse. Sa main flottait dans le dos du Chevalier pour l’enjoindre à la suivre. ° Allez, viens. Tu seras en meilleure compagnie auprès de tes frères. ° Car il ne souhaitait pas déranger son assez peu prolixe escorte, Nagendra marcha à ses côtés en silence.  

Il n’était pas coutume au Màr Tàralöm de servir la charité à ses ennemis ; cette soumission forcée avait tout d’une punition et plaçait Martel dans une situation inconfortable. Pieds et mains liés, il n’y avait pas grand-chose qui lui soit permis de faire. La Dame Evumbrar n’accepterait certainement pas si facilement qu’on lui vole son nouveau jouet.... Et Aodren conservait son siège sans plus craindre la concurrence du Moredhel. Les sourcils de l’Humain se froncèrent. Aujourd'hui, le Fëalocë s’était montré imprudent, s’était comporté comme un enfant ridicule – dans l’indifférence générale. Lui offrir une mort ordinaire, au détour d’un couloir mal éclairé, aurait encore été faire montre de trop d’indulgence. Pourtant, Nagendra n’aurait pas blâmé celui qui aurait cédé à une telle tentation : pour le bien de tous, il fallait parfois se débarrasser du plus indigent de la portée.  

D’un bref signe de tête assorti d’un léger sourire, le Verseur de Sang salua les deux Vétérans de sa Décurie et prit place entre eux. Il n’était pas certain de comprendre ce qui avait motivé leur soudain élan de fraternité. Peut-être nourrissaient-ils quelque projet pour le futur du Clan Dominant et tentaient-ils ainsi de s’attirer sa loyauté. Martel était éloigné du siège de Haut-Représentant, néanmoins, cela ne changeait rien au fait que de nombreux membres souhaitaient en finir avec Aodren. Ou bien ne s’agissait-il que d’un ordre de leur Décurion... Si ce procès finissait par devenir celui du Clan Valherien, quelle était la probabilité qu’il se retrouve impliqué ?  

Plongé dans ses pensées, il sursauta presque lorsque la paume de Cathán Falvey s’abattit sur son épaule et il leva vers le Fëalocë un regard stupéfait. Celui-ci le secoua doucement, comme pour ponctuer ses dires. Une étrange étincelle, un brin folle, faisait scintiller ses petits yeux sombres.

« Aujourd’hui marque le début d’une nouvelle ère, j’en suis certain ! Il n’y a que dans l’adversité que l’on reconnait la véritable valeur d’un homme. »

À leur droite, la flegmatique Gölnara Naranbaayar se contenta de croiser fermement les bras, le menton pointé en direction du Concile. « Attendons de voir. C’est peut-être seulement une diversion. Le Gardien va vérifier la bonne foi de Martel mais qui pourra nous assurer de la sienne ? »

Nagendra n’osa pas intervenir ; il considérait le Gardien comme un être dépourvu de réelle volonté, animé uniquement par le devoir de protéger le Kaerl. Mais peut-être avait-il tort de le croire.


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeSam 18 Fév 2023 - 15:01

[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Akahata-heiarii-dominant-tolorea__[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Nahkriin-dragon-bronze-tolorea [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Nahkriin-bronze-forme-bip-de-tolorea
Akahata Heiarii & le Bronze Nahkriin
Maître Dragon du Clan Dominant


Bras croisés sur sa poitrine, dans l’ombre d’une coursive, les iris gris acier du Fëalocë se paraient d’un éclat tout aussi tranchant qu’une lame tandis que son regard voletait d’un visage à l’autre. Aveugle et sourd à tout autre chose, il analysait tout aussi bien les postures des Sangs que les micro-expressions qui venaient parfois troubler un calme soigneusement étudié.

Avec la même application que des acteurs de théâtre, les membres du Concile lui semblaient répéter les pas d’une danse collective qui n’avait que l’apparence du hasard. Il lui paraissait clair à présent qu’avant même les premières secondes de cette parodie de jugement, son dénouement final avait déjà été déterminé à l’avance, minutieusement préparé. Iskuvar, Dehlekna, et même la Neishaane Incarnate à la tête des Valheriens pouvaient bien se prétendre être les marionnettistes cachés derrière cette farce pathétique, il n’en était rien.

Pour lui, Seregon, et Seregon uniquement se trouvait au centre de cette toile, tissée avec soin pour venir emprisonner ses proies favorites et les faire danser au son de sa propre mélodie, inaudible de tous sauf du Gardien. Une fois n’est pas coutume, un sourire amusé vint étirer le visage en lame de couteau du Maître Bronze, sentant peser sur lui l’attention de son Lié.

Martel Dehlekna, Second du Kaerl. Akahata n’avait pas le moindre doute sur l’approbation future de Seregon quant à la loyauté du Moredhel envers son Màr. Il devait néanmoins s’avouer surpris que leur Seigneur soit parvenu, seul, à une telle conclusion. Contrairement à beaucoup, le Fëalocë reconnaissait l’intelligence subtile d’Iskuvar, cachée derrière des dehors peut-être un peu bruts et frustres. Il ne faisait pas l’erreur de le sous-estimer. Mais une telle stratégie … Cela ne lui ressemblait que trop peu.

**Qu’est-ce que tu en penses ?**

La présence de Nahkriin en lui brasillait d’impatience, accélérant imperceptiblement le rythme de son coeur sans qu’il n’y prenne vraiment garde. Le dragon savait que les esquisses de leurs actions futures commençaient à se dessiner dans son esprit, et se retenait de le brusquer pour en savoir plus.

Sans répondre immédiatement, le regard du Maître Bronze se posa, pénétrant, sur la blanche silhouette de l’Inquisiteur, Eléderkan Garaldhorf. L’âme damnée du Seigneur Iskuvar, ainsi qu’il était de notoriété publique. Pourtant … Son silence persistant tout au long de la séance, son attitude impassible et le peu de mots dont il s’était fendu criaient qu’il y avait plus que cela, tout aussi bien que s’il s’était dressé pour prendre la défense de l’Exilé. Il y avait clairement anguille sous roche.

Se tournant vers son Lié, ses iris pâles étincelèrent un bref instant, révélateurs de l’intensité de son effervescence mentale.

*Ce ne sont ni Iskuvar, ni le Garaldhorf qui ont échafaudé ce plan.*

De cela, Akahata en était certain. Se garder de formuler toute hypothèse imprécise ou incertaine était selon lui la clé de la survie au Màr Tàralöm. Quant à savoir qui était le responsable de cette fascinante stratégie, il n’en avait actuellement aucune piste, et ne comptait pas l’explorer plus avant.

Les affaires du Clan étaient pour l’heure prioritaires.

Son attention se porta sur les mouvements de la foule dans les coursives qui lui faisaient face, avisant les membres réunis d’une décurie de Verseurs de Sang. Venus soutenir leur commandant ? Pas si sûr. Un bref coup d’oeil vers le Décurion Levon Narses qui chuchotait gravement à l’adresse de sa Haute Représentante, et il jugea les probabilités faibles. Les trois soldats étaient membres du Clan Dominant, et cela seul suffisait à considérer leur petite assemblée comme singulière.

Un froncement de sourcils soucieux, et son regard gris acier vint se poser sur Aodren del Hendrake, dont le hâle avait cédé la place à un teint livide de fureur. Dès lors le scandale qui avait éclaboussé les sables d’éclosion, lors de l’assassinat d’un Candidat à l’Empreinte par la main supposée de son héritier, le Haut Représentant s’était trouvé en perte de vitesse au sein de leur Clan. Et aujourd’hui, plus encore qu’auparavant, il s’était attiré de nombreuses inimitiés en souillant la mémoire de Celanduil Huriand. Une grossière erreur ... Impardonnable pour beaucoup.

Des années après sa mort, le souvenir du défunt Seigneur du Kaerl était encore vif dans les esprits, de même que la gloire de son règne. Bien plus importante que celle des hommes et femmes qui l’avaient suivi. Le Vieux Renard avait été particulièrement aimé, admiré, respecté.

Akahata n’était pas un être ambitieux, et il cédait volontiers sa place à toute personne qu’il estimait compétente pour diriger. Il n’était ni de haute naissance, ni originaire du Kaerl ou de Tol Orëa, et ne s’était pas plus illustré pendant la Guerre. L’ombre et ses manigances le satisfaisaient, tant qu’il était assuré que ceux qui le dirigeaient dans les hautes-sphères le faisaient en toute bonne intelligence. Hélas, et il le ressentait à présent jusque dans ses os, le noble Fëalocë ne remplissait désormais plus ces critères. Le Del Hendrake avait laissé passer sa chance, et son comportement écornait de plus en plus l’image de puissance du Clan.

Lorsque la gangrène se déclarait, menaçant de se répandre dans le reste du corps, le seul moyen de survivre était d’exciser le membre condamné.

*Allons-y.*

Se détournant du pantomime qui se poursuivait en contrebas sans plus s’en préoccuper, le Maître Bronze se glissa discrètement entre les spectateurs, la sinistre carcasse de Nahkriin se dressant dans son sillage comme une promesse de mauvais augure.

***

[RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Bleys_aodren_del_hendrake_tolorea &  [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Avatar-torak-dragon-tolorea
Aodren del Hendrake & l'Empereur Noir Torak
- Haut Représentant du Clan Dominant -

Ses jointures blanchies, tremblantes tant la pression que ses doigts exerçaient sur le bois ouvragé de son siège était forte, Aodren paraissait frappé par la foudre. Un rictus de rage pure, qu’il ne cherchait même plus à contrôler, étirait ses lèvres, et soufflait sur les braises auparavant cachées sous la cendre de son regard.

Il aurait voulu se lever, crier sa protestation, s’opposer ouvertement à la décision du Seigneur Iskuvar et chercher à rallier les autres Sangs à lui pour demander une réévaluation de la situation … Mais un simple souffle de Torak, dans le creux de son esprit, avait suffit à le dissuader. L’Empereur était en colère, mais par pour les mêmes raisons que le Fëalocë. Il jugeait que son Lié s’était ridiculisé, se vautrant imprudemment dans une confiance excessive, trop certain que le Moredhel ne repasserait pas les portes du Concile vivant.

**Je te déconseille de te manifester de quelque façon que ce soit. Tu en as bien assez fait pour aujourd’hui. Tais-toi, et observe.**

Le rappel à l’ordre d’Iskuvar à son égard était à lui seul une menace suffisante pour qu’il soit préférable pour Aodren de garder bouche close … Au risque, pour lui cette fois, de ne pas voir le soleil se coucher sur cette journée.
Voilà que Martel Dehlekna se voyait offrir un pouvoir plus grand que celui qu’il avait perdu ! Au prix d’une humiliation certaine, certes, et à la condition de bien vouloir s’enchaîner au bon vouloir du Seigneur … Mais si Seregon l’en jugeait digne, l’Exilé serait à nouveau libre de ses mouvements, libre de ses attaches à l’égard du Clan Valherien. Libre de venir demander réparation pour les torts qu’il estimerait avoir subi.

La bouche sèche, le Fëalocë s’efforça de calmer sa respiration. Son titre de Haut Représentant et de membre du Concile le protégeraient de tout défi en bonne et due forme. Que Dehlekna décide de le confronter officiellement dans la Fosse ou par un poignard égaré dans l’ombre, lui avait suffisamment d’hommes d’armes sous sa coupe pour s’en prémunir. Oui, sa place en tant que Sang et à la tête du Clan Dominant n’était pas menacée. Les lois du Kaerl se chargeraient de tenir le Moredhel à juste distance. Il pourrait même faire appel à un champion si nécessaire ...

Tournant alors la tête vers son garde du corps, Aodren eut un claquement de langue agacé, le rappelant à l’ordre sans un mot. Le visage de l’Elfe blond derrière lui était ciselé par une expression de désespoir, très inhabituelle chez ce soldat normalement obéissant et impassible. Craignait-il un retournement de situation qui l’obligerait à tirer sa lame ? A moins qu’Adhâvan ne soit encore troublé par les propos de l’autre vipère Ondine ? Voilà qui était aussi ridicule que déplaisant ! Il n’avait que faire de serviteurs tourmentés par d’absurdes conflits moraux. Il allait lui falloir remettre fermement les choses au clair une fois le procès terminé : il ne devait pas avoir le moindre doute sur sa loyauté. Son avenir et sa survie en dépendraient.

Se renfonçant dans son siège, ses lèvres pincées à présent seules indicatrices de son irritation, le Haut Représentant se força à reprendre le contrôle de ses émotions. Il devait garder la tête froide pour tirer son épingle du jeu et ne pas laisser la situation lui échapper plus avant.


L'on rencontre souvent sa Destinée
Par les chemins que l'on prend
Pour l'éviter
***

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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeMar 21 Fév 2023 - 19:21

La séance était levée, le procès terminé, même si l’annonce n’en avait pas encore été officiellement faite. Eléderkan connaissait la suite des événements. S’il l’avait anticipée, comme une conséquence logique, il ne pouvait s’empêcher de la regretter. Une bile acide lui remontait dans la gorge. Les mains jointes sous son menton, il dissimulait ses longs doigts pâles aux jointures plus blanches que la neige, à force d’être serrées en une étreinte rageuse. La douleur le maintenait lucide, lui offrant une mise en garde bienvenue. Il ne devait pas oublier sa place parmi les autres Sangs, ni son rôle dans cette mascarade.

L’Inquisiteur Suprême n’avait pas desserré les lèvres depuis son intervention pour rappeler à l’ordre tout ce beau monde. Ce n’était plus à lui de déplacer ses pions ; il l’avait déjà fait. Les échanges des uns et des autres, s’il n’avait pu complètement les anticiper, ne représentaient pas un danger suffisant pour l’inquiéter. Il ne les négligeait pas et prit soin de noter mentalement qui avait pris la parole, à quel moment de la séance. Masqué de son statut et de son rang, il n’avait pas dérogé à sa première règle : le silence serait son arme principale. Cependant, il n’était pas le seul joueur dans cette vaste partie d’échecs que représentait ce procès.

Son regard glissait vers Alauwyr Iskuvar et, une énième fois, il s’interrogeait. Eléderkan avait-il bien choisi son roi ? Avait-il eu raison de donner une chance supplémentaire au Maître Noir, en dépit de son caractère résolument nomade et ses colères pleines d’orgueil ? Aurait-il pu favoriser un autre pion prêt à prendre le pouvoir, pour contrebalancer l’influence d’Iskuvar ? Il ne se leurrait pas : il était aujourd’hui trop tard pour faire marche arrière. Il devait désormais compter sur son implication – et celle de sa reine rouge.

Comme de coutume, Dominants et Valheriens se livraient une guerre ouverte, laissant les Introvertis vaquer à leurs affaires en les faisant volontiers passer pour des lâches ou des opportunistes. Eléderkan ne pouvait pas nier ce dernier point. Cette guerre des Clans duraient depuis des décennies, peut-être même plus à en croire les archives du Kaerl. Le Maître Bronze ne comptait pas en voir la fin de son vivant. S’opérait néanmoins un basculement intéressant aujourd’hui. Le pouvoir de Del Hendrake vacillait. L’assurance d’Evumbrar se fissurait. Le changement s’avérait infime, à peine perceptible. L’elfe aurait pu passer à côté sans y prendre garde. Après des années à survivre dans ce nid de vipères, il pratiquait toutefois les arcanes du pouvoir depuis suffisamment longtemps pour ne pas se laisser abuser. Les indices étaient là, sous ses yeux. Une victoire, éphémère et fragile mais bien réelle, se profilait à l’horizon.

Ses yeux d’un vert glacé coulaient ensuite vers le Gardien. Seregon Del Cirth incarnait l’âme du Màr Tàralöm, mais il n’était pas exempt de toute erreur. Même les créatures antiques – même les dieux – pouvaient se laisser emporter par leur hybris. Enchaîné au Màr Tàralöm et à son devenir, tel un organe imbriqué dans un gigantesque corps de pierres et de magie, il n’en était pas moins libre d’y errer à loisir et de garder ses propres secrets. Sa personne étant sacrée, même pour les prédateurs que sont les Ardents, il ne risquait rien à se mêler de tout. Et il le faisait sans scrupules, sans remords. Eléderkan avait appris à ne pas sous-estimer cet homme au sourire de dragon. S’il existait un joueur bien meilleur que lui dans la manipulation d’informations et la stratégie sur le très long terme, il s’agissait de Seregon.

Un incendie couvait dans ses entrailles. Alimenté par la vindicte de Thémos, il menaçait d’enflammer sa raison et de lui faire perdre son sang-froid. Il serra les doigts plus fort encore, jusqu’à réveiller des tiraillements dans une vieille cicatrice. Il avait beau être en accord avec son Lié, il ne pouvait pas se permettre de laisser libre cours à sa colère. En de rares occasions, comme ici, il regrettait parfois de n’être pas né dragon, sans terres ni titre, pour brûler et détruire tout ce qui lui déplaisait, sur un coup de tête.

Refuse. C’est un piège grossier. Ne te laisse pas duper !

Pourtant, avant même qu’elle ne franchit les lèvres de Martel, il connaissait la réponse. Comment en aurait-il pu en être autrement ? C’était trop beau, trop gros.
Une logique imparable, un calcul finement mené… Cela ne pouvait venir que d’une seule personne.

Comment était-il parvenu à placer ses pions pour obtenir ce résultat improbable ? Qu’avait-il promis, qu’avait-il menacé, pour espérer semer ses pensées dans les esprits des Ardents ? À quel but ces manœuvres étaient-elles destinées, au bout du compte ? Comment… ?

La condamnation de Martel à la servitude, à la droite d’un trône si proche et toujours aussi inaccessible, se noya dans le tambourinement frénétique de son cœur. Le sang battant ses tempes, incapable d’esquisser le moindre geste, Eléderkan savait qu’il ne pouvait pas prévenir son ancien frère d’armes de l’erreur fatale qu’il allait commettre. Il n’éprouvait aucun doute sur le fait qu’il serait reconnu comme un véritable Ardent après sa mise à l’épreuve. C’était plus facile ainsi de le garder à l’œil. Son destin était scellé.

Un seul joueur pouvait rivaliser avec cette tactique si évidente et pourtant si brillante. Un être ayant passé des siècles à étudier les âmes mortelles, à aiguiser ses talents, à peaufiner sa stratégie, pour un dessein obscur…

Eléderkan croisa son regard doré, par-delà la distance et le bandeau masquant son orbite vide.

Un seul joueur.
Seregon.
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeVen 19 Mai 2023 - 13:16

Estenir huma l'air, faisant palpiter ses narines écailleuses. La tension était montée d'un cran dès le verdict sorti d'entre les lèvres de son lié. D'autres sentiments bipèdes s'y mêlaient. La stupeur, la surprise… et par là, après avoir tourné un peu sa tête, était-ce de la crainte ? Hum... une once de haine peut-être qui perturbait l'effluve visée. Il nota aussi la satisfaction et d'autres l'excitation... Quoi de surprenant à sentir tous ces effets après la décision finale d'Alauwyr. L'humain à la crinière lunaire n'était pas connu pour sa patience et encore moins ses interventions politiques. Beaucoup s'étaient attendu à ce qu'il octroie la mort à son adversaire. Et là, à l'inverse, il lui offrait la vie, en échange de son allégeance, mais en prime, une place de Second ! Un choix judicieux et stratégique, qui avait fait des émules... et laissait Jora debout sur ses deux jambes, prise de cours quant à ce qu'elle avait entendu de la bouche du Seigneur. 

Estenir captait la froide patience de son Lié, mais derrière, il y avait l'avidité de voir la réaction et la réponse de Martel, tout en se faisant violence de jeter un regard glacial à la Haute Représentante du Clan Valherien. Ce n'était pas le désir de la remettre à sa place qui lui manquait. Du coin du regard, il percevait sa silhouette encore debout, depuis qu'il avait énoncé son ultime jugement. Elle s'humiliait toute seule. Intérieurement, il souriait. Les Valheriens perdaient un peu de terrain, avant d'être un peu amer. La politique n'avait jamais été sa tasse de thé et il n'avait que trop négligé cette part depuis qu'il avait pris possession du Trône Ardent. N'ayant connu que la vie mouvementée d'un guerrier intervenant au fil de ses envies et des contrats, il ne s'était jamais soucié de ces affaires-là. Mais maintenant, les choses changeaient ; et qu'il était temps, s'il avait pu capter télépathiquement certaines pensées d'Ardents présents.  Mais là n'était pas ce qui occupait son attention. Il avait toujours un regard sombre posé sur l'Elfe. 

L'évocation de la précédente Dame Ardente avait provoqué une réaction chez l'Exilé. Très bien, avait songé l'humain. Qu'il se rappelle qu'ils avaient été tous les deux présents jusqu'à son dernier souffle... Dans un sens, ils étaient liés par cet étrange coup du Destin, bien tenu en main par le Gardien Seregon, qui n'avait pas manqué de poursuivre ses petites manigances derrière, durant tout ce temps. Il lui serait tellement facile pourtant d'user de toute son autorité pour faire cesser ces petits jeux du chat et de la souris entre les différents clans, pour éviter les risques d'une guerre interne, réelles, aux conséquences potentiellement inimaginables. 

Ses yeux dardés sur Martel, Alauwyr guettait l'instant. Et ce dernier arriva. Cet Exilé, cet Elfe... cet adversaire, Martel, marqua sa surprise. Aussi intelligent qu'il pouvait l'être, il n'avait jamais imaginé entendre pareil verdict dans la bouche de l'homme qu'il avait toujours haï. Il avait fini par fermer les yeux, sans doute pour se plonger dans le tumulte de ses pensées. 

Le Seigneur Ardent demeurait silencieux, le visage impavide, malgré un petit rictus à peine discernable au coin droit de ses lèvres. Nul besoin d'être dans l'esprit de l'Elfe pour savoir à quoi il réfléchissait et vivement, sans nul doute. Son Ego était tel qu'il devait bouillonner d'être confronté à la décision d'Alauwyr. Alauwyr avait eu à faire face à son propre orgueil, quand Seregon lui avait fait le même coup. Chacun son tour ! Si le Gardien avait permis au Honni de revenir, ce n'était pas par âme charitable. 

L'Elfe finit par rouvrir les yeux. Et accepta. Le rictus discret disparut du recoin de la bouche d'Alauwyr, rendant son visage couturé de vieilles cicatrices à sa froideur caractéristique. Il regarda chacun des Sangs présents, percevant leur hargne ou leur approbation. Il se montra insistant et plus glacial encore en croisant les yeux de Jora. Les Valhériens n'en auraient pas fini, ça, il pouvait en être certain. Il remarqua que l'Inquisiteur fixait le Gardien.  Eléderkan était bien plus expert dans les rouages de la manipulation et de l'information pour savoir que Seregon était derrière tout cela... qu'il avait tout échafaudé. 

Le Gardien était totalement serein et il était difficile de cerner ses pensées. Son œil valide se braqua d'ailleurs sur le Lié de Thémos. Impavidement, il le regardait lui aussi. Puis, sa tête obliqua vers Iskuvar. L'humain attendait qu'il prenne la parole. Il retint un soupir. Si ce bipède espérait avoir un effet sur lui après sa petite plaidoirie... Il se leva de son siège, tout en croisant les doigts et fixa l'Elfe exilé. Il percevait les limites de son esprit, ses frontières aux murs épais de volonté, même si par endroit, il avait l'impression de voir quelques très imperceptibles fissures ; ces failles presque invisibles étaient présentes chez tous les bipèdes. Et ce, malgré toutes ces générations à vivre avec le Don de Flarmya. Il devrait se pencher plus sérieusement sur ce petit détail. Mais, plus tard…

Étant le Gardien, il n'avait nul besoin de demander l'autorisation à pénétrer dans l'esprit de Martel. Qu'il essaie seulement de s'y opposer et il pourrait avoir une drôle de surprise. Mais le sondé s'était préparé d'avance à son approche. 

Lentement, il percevait ce qu'il était venu chercher. Tout ce que l'Exilé avait proféré était vrai, du moins, il en était fermement convaincu. Sa loyauté envers le kaerl et ses  ambitions personnelles se mêlaient à la haine et la colère qui pulsaient contre Alauwyr. Ces émotions furent jugées. Seregon chercha plus profondément maintenant, pour ''voir" ce qui avaient pour se passer durant au kaerl céleste. Les souvenirs de l'Elfe étaient flous et troublés par les interférences de la magie du Màr Menel. Comment ne pas reconnaître dans cette interférence la marque magique de Maeglin, son frère.... Il ne put empêcher son cœur se pincer d'une tristesse séculaire. Il se reprit rapidement.

Il frôla de nouveaux murs dressés sur son passage. Il n'eut guère besoin de forcer leur passage pour savoir ce qu'il savait déjà quant au pacte passé avec les Valheriens. Et pour l'ancien frère d'arme de Martel, Elédarkan... Il revoyait le regard que lui avait jeté l'Inquisiteur... Le  Lié de Thémos était une pièce majeure à ne pas perdre. Désormais , Martel revenait sur la scène kaerlique. Il ne pourra qu'observer et entendre ce qui en découlera dans les semaines à venir. Et ainsi, faire ce qui doit être fait.

''Maître Dehlekna, lié au Bronze Melkor n’a clairement pas menti pour ce qu'il a argumenté précédemment. Seigneur Iskuvar, la suite est vôtre.''

Et il se rassit.

Alauwyr s'exprima alors d'une voix forte pour reprendre la main sur le brouhaha qui emplissant l'intérieur du Concile. 

''Ainsi est nommé en ce jour le Second Martel Dehlekna, lié au Bronze Melkor ! Que cela soit acté !''


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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 9 Juil 2023 - 14:14


Pas une seule once d’hésitation n’avait suinté de sa voix, qu’importait le son rauque, presque guttural de son timbre. Son accord pour une servitude certaine, voilà ce qu’on attendait de lui. Il voulait bien les laisser croire qu’ils avaient réussi à le soumettre. Sans jamais se révéler, le véritable marionnettiste de cette pathétique scène de théâtre l’avait subtilement poussé et aiguillonné sur cette voie, jusqu’à ce qu’il ne se retrouve plus que face à ce choix qui n’en était pas un. Un cadeau empoisonné. Une chaîne impalpable passée autour du cou du loup dans le vain espoir de le mater.

Un pari risqué. Non, Seregon valait bien mieux que ça. Il devait avoir d’autres projets en tête, d’autres stratégies à jouer. Le grondement agressif qui couvait en lui, montant dans le creux de sa poitrine, ne lui appartenait pas totalement, et derrière lui Melkor découvrit ses crocs en une mimique hostile, possessive. Il n’appréciait guère l’idée qu’un autre esprit que lui vienne s’immiscer dans les profondeurs de son âme, encore moins s’il s’agissait de celui du Gardien en personne. Il y avait là certaines choses bien gardées que le grand Bronze ne souhaitait pas voir exposés en pleine lumière. Pas encore. Pas maintenant.

Iskuvar pouvait bien rester impavide, prétendre être parfaitement au contrôle de la situation, il s’était retrouvé tout aussi manipulé que lui, son autorité subtilement grignotée par l’ombre du saurien millénaire piégé sous la fallacieuse apparence du Borgne.  

Le Moredhel ne détacha pas son regard de celui du Seigneur, fermement campé sur ses pieds, mains croisées dans son dos, comme si toute cette situation ne le concernait pas et que les battements assourdissants de son coeur ne résonnaient pas à ses oreilles, occultant toute autre pensée.
L’Humain paraissait … Insatisfait. Sans doute avait-il conscience, tout comme lui, qu’il avait été poussé à jouer le jeu d’un autre. Trop tard, bien trop tard pour eux.

Avec une lenteur exaspérante, le visage lisse de toute préoccupation, le Gardien se redressa. Tout à la fois juge et parti, Seregon devait savourer ce pantomime, naviguant avec délectation dans les eaux troubles de la politique Ardente sans jamais s’y impliquer ouvertement.

Martel contint difficilement un rictus cynique, une fraction de seconde avant que le saurien ne s’engouffre dans son esprit, sans le moindre avertissement. Bien sûr, un être aussi puissant et ancien que lui se passait de la permission d’un misérable mortel, lui qui ne représentait à peine plus qu’un clignement de paupière dans sa longue vie.
Dans un réflexe de protection primitif, le Moredhel se raidit, ses pupilles se dilatant en réaction à l'intrusion. Cherchant à dresser ses murailles mentales face à l’envahisseur, à garder par devers lui ce que son propre inconscient n’autorisait même pas à laisser poindre au grand jour.

Une bien vaine tentative, aussi futile qu’un insecte se débattant sous une semelle. Seregon se moquait de ses piètres défenses. Pire encore, avec la condescendance humiliante d’un homme-fait envers un enfant, le Borgne se détourna complaisamment de cette faiblesse inavouée à laquelle Martel s’était pourtant agrippé si farouchement. Inutile de chercher à lui cacher, oui. Cela ne l’intéressait pas ; ce n’était tout simplement pas ce qu’il était venu chercher aujourd’hui. Ou peut-être savait-il déjà tout ce qu’il y avait à savoir sur le sujet. Il n’y avait rien en ce Kaerl que le Gardien ne puisse ignorer.

Il suffoquait, asphyxié par l'intensité de sa présence fouaillant son âme. Son regard s’égara dans la direction d’Eléderkan, sans réellement le voir. Il pouvait deviner son expression, sans doute assombrie, orageuse. Il comprenait. Mais qu’aurait-il pu faire d’autre ?

Une éternité de souffrance s’écoula. Une vie entière. Un flot de grains s’écoulant paresseusement dans le sablier. A peine plus que le temps d’un souffle, Melkor réduit à quia par un simple coup d’oeil d’avertissement, tremblant comme un chiot. Cela ne le concernait pas. Il n’avait pas à intervenir. Le Gardien se retira, sans plus lui porter d’attention désormais, laissant l’Elfe fébrile et nauséeux, avec la sensation résiduelle, avilissante, d’avoir été mis à nu sous son œil scrutateur.

''Maître Dehlekna, lié au Bronze Melkor n’a clairement pas menti pour ce qu'il a argumenté précédemment. Seigneur Iskuvar, la suite est vôtre.''

Quelles que soient les preuves que le saurien avait trouvé – et en vérité, qu’importait le fait que Seregon ait mis le doigt sur ce qu’il souhaitait – il s’estimait visiblement satisfait de sa petite démonstration. Martel Dehlekna avait dit la vérité. Sa loyauté, si discutable ses méthodes soient-elles, allait bel et bien au Màr Tàralöm.

Se faisant violence pour reprendre contenance et ne rien laisser voir de son malaise, le Moredhel ferma les yeux pour laisser s’imprimer en lui les paroles d’Iskuvar. Il était officiellement nommé comme Second du Kaerl Ardent, l’annonce s’élevant claire et forte sous la voûte de pierre du Concile. Bientôt tous au Màr seraient au courant de cette décision, et la rumeur se répandrait comme un incendie dans les couloirs obscurs du volcan.

Encore sonné, incertain d’être capable de maîtriser sa voix, Martel préféra garder le silence, et se contenta d’incliner vaguement la tête en direction de Seregon et Iskuvar. Qu’ils prennent donc son geste comme une forme d’humilité !

Il avait choisi de jouer gros pour arriver à cette conclusion inespérée, plaçant sa propre vie sur l’échiquier, offrant sa propre tête en cas de défaite. Lui qui avait été traîné plus bas que terre, qui avait été dépouillé de son honneur et de ses biens, avait réussi à se relever, après des années de lutte acharnée. Un nouveau chapitre de sa vie s’offrait enfin à lui. Pourquoi alors, cette victoire arrachée à ses ennemis lui laissait-elle un tel goût de cendre sur la langue ?

Le del Hendrake fut le premier Sang à quitter les lieux, le visage crispé en un masque haineux qu’il ne cherchait même plus à cacher. Oh, son tour viendrait, qu’il savoure donc son sursis tant qu’il durerait. La vengeance de Martel n’en serait que plus savoureuse encore. Dans son sillage, après un instant d’hésitation, le Verseur de Sang blond s’inclina respectueusement, muet et inexpressif, avant d’allonger le pas pour rattraper son maître.

Un par un, ses pairs se levèrent pour passer devant lui et le saluer, tous exsudant diverses intensité de déplaisir, certains le masquant plus habilement que d’autres. Cela ne faisait rien. Il n’attendait pas leur approbation, pas si tôt. Mais il était bien certain qu’il les forcerait tôt ou tard à admettre l’étendue de leur erreur. Pas par la menace ou la corruption non, quoi que ces outils pourraient se révéler parfois indispensables selon les situations … Mais par ses compétences et son esprit. Pour arriver à ses fins, il allait devoir faire ses preuves, et impérativement les convaincre qu’il avait changé.

Sans un regard pour lui ni un mot de plus envers son Second nouvellement nommé, Iskuvar s’était retiré lui aussi, encadré par ses Gardes Embrasés. Ils auraient tout le temps de s’affronter au cours des sessions à venir, pour l’heure, il pouvait bien se draper tant qu’il le voulait dans cette illusion de pouvoir.

Vipérine, une des dernières à s’avancer, Jora posa une main légère sur son bras alors qu’il observait la sortie de l’Humain, ses lèvres laquées de rouge se tordant en un arc venimeux.

« A la lumière de ce jour, il m’apparaît que certaines clauses de notre contrat vont nécessiter quelques légères … révisions. J’ose espérer que notre collaboration future se révélera fructueuse. Le Clan Valherien n’oublie pas, Maître Dehlekna. Je serai absolument navrée d’avoir misé sur le mauvais joueur. »

Dans le dos de la Neishaane Incarnate, Levon restait indéchiffrable, drapé dans une neutralité toute militaire, ne laissant rien paraître de ses pensées et sentiments. Tandis que Jora prenait congé à son tour, Martel jugea que les tractations avec le Décurion Étincelant nécessiteraient une attention toute particulière. Fort de son nouveau statut de Second et au vu de leurs antécédents communs durant la Guerre, il pouvait espérer trouver avec lui un terrain d'entente plus favorable que lors de leur dernière rencontre.


Petit à petit, le Concile se vida, de même que les coursives le surplombant, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que lui, Melkor, Eléderkan et sa ‘‘secrétaire’’. Le spectacle étant terminé, la foule s’était lentement dispersée, bruissante de murmures ponctués parfois d’exclamations houleuses.

Se tournant vers son ancien frère d’armes, il eut un geste las pour l’inviter à le suivre à l’extérieur, masquant son irritation d’un claquement de langue lorsqu’il constata que son assistante restait sur leurs talons. Anormalement mutique depuis la confrontation avec Seregon, ses iris flamboyant furieusement sous l’ombre de son capuchon, Melkor ressemblait au spectre sanglant d'un damné, gravitant en marge de leur petit groupe.

« Marchons un peu, veux-tu ? Et tu peux dire à ton chien de garde de nous laisser un peu d’air. Tu ne crains rien avec moi. »

Une lueur goguenarde flotta un instant dans ses yeux bleus tandis qu’il haussait un sourcil sur la Neishaane, patientant le temps qu’Eléderkan lui donne ses ordres à voix basse et que la jeune femme s’éloigne après avoir confié son épée à son maître.
Ils marchèrent ainsi un moment côte à côte, silencieux, tandis que Martel rassemblait ses idées, choisissant volontairement de s’éloigner des axes trop fréquentés. Les murs avaient des oreilles, et il préférait que leur discussion ait le moins de spectateurs possibles.

« Les dés sont jetés à présent ... »

Voilà qui était une entrée en matière particulièrement passable. Le Kaerl l’avait connu plus éloquent. Mais là où son corps brûlait littéralement d’un besoin d’agir, de dépenser cette énergie et cette rage trop longtemps contenue, son esprit lui paraissait étrangement engourdi, les mots se bousculant dans sa tête sans qu’il ne parvienne à les mettre en ordre.

« J’avais espéré pouvoir compter sur un soutien de ta part un peu plus … franc, durant ce procès. »

Même encore maintenant le doute le rongeait insidieusement, l’idée d’avoir été trahi par celui en qui il avait choisi de placer – à tort ou à raison – toute sa confiance. Eléderkan était-il derrière la proposition d’Iskuvar ? Seregon lui avait-il soufflé cette idée pour qu’il l’offre ensuite à son Seigneur ? Peut-être même aurait-il espéré une autre conclusion à cette séance ? Comme l’Elfe ne répondait pas, il poursuivit :

« C’était un piège, évidemment. Oui, c’était très finement pensé. Un os à ronger jeté là dans l’espoir de me faire me tenir tranquille. Comme si cela pouvait me satisfaire ! »

Secouant la tête, il se détourna sur un soupir avant de faire volte-face, scrutant désespérément son vis à vis à la recherche d’un quelconque indice sur le fond réel de ses pensées. Rien, rien que la froideur de ses iris de sylve ancrés dans un visage à la perfection marmoréenne. Rien de plus que ce qu’il lui avait offert durant toute la durée de ce procès. Une vague d’angoisse inattendue lui vrilla les entrailles et il la repoussa avec colère. Martel Dehlekna n’avait pas peur. Jamais. Pas alors qu’il avait décroché une victoire encore plus grande que ce qu’il se serait permis d’espérer. Qu’avait-il à craindre en cet instant ?

Le saisissant par le devant de sa chemise, il contint une envie furieuse de le secouer, encore et encore, jusqu’à ce que son masque impassible ne se fissure, jusqu’à ce qu’il s’ouvre enfin à lui.

« Je n’avais pas le choix, tu comprends ? » siffla-t-il tout bas, ses iris glacés dévorés par le feu d’émotions contradictoires. « Si je n’avais pas accepté cette place, c’est ma tête qu’ils auraient pris ! Aurais-tu été satisfait dans ce cas là ? Au moins cela aurait-il mis un terme définitif à mes ‘‘ambitions folles’’ et tu n’aurais plus eu à t’inquiéter ! »

Nez à nez avec Eléderkan, la poitrine soulevée par une respiration houleuse, il contempla tout ce que l’Elfe avait représenté pour lui tout au long de sa vie. Un ami. Un frère. Un compagnon. Son alter ego, au sens premier du terme. Quelque chose qui se rapprochait à ses yeux du lien qui l’unissait à Melkor, sans lui être absolument similaire. Comme si sa rencontre avait ravivé une partie de lui morte et abandonnée bien des années en arrière, avant même son arrivée au Màr.
Le seul adversaire à la hauteur, le seul à pouvoir rivaliser avec lui. Le seul qu’il aurait du accepter d’écouter. Son avenir aurait-il été différent de celui d’aujourd’hui ?

Alors, avant que l’autre ne puisse répondre et que ce fragile équilibre entre eux ne soit rompu, mu par une impulsion impérieuse venue du plus profond de son être, il lui imposa sa vérité, cette vérité cachée depuis si longtemps. Sans aucune hésitation, comme lorsqu’il s’élançait l’arme à la main sur le champ de bataille. Il écrasa ses lèvres sur les siennes.

Que connaissait-il de cela après tout ? Rien que des unions fiévreuses, dangereuses, et passagères. Sans attache. L’amour n’avait jamais existé dans son langage. Il n’avait jamais appris, ne l’avait jamais connu. Il n’avait pas de mots à poser sur ce désir possessif qui le broyait tout entier. Il ne le comprenait pas.

Il ne restait que la sombre satisfaction émanant de Melkor. Déstabilisé, Martel avait laissé s’abaisser sa garde, le carcan de glace qui entourait son âme, et tout ce qu’il avait toujours refusé de reconnaître avait finalement éclaté. Les cartes avait été brutalement redistribuées. Une frontière primordiale avait enfin été franchie, trop longtemps repoussée, ignorée.

Éphémère, insaisissable, mais fatidique, l’instant passa, la bulle éclata, et le visage livide, exsangue, il s’écarta, les poings serrés et ses ongles rentrant dans ses paumes. C’était comme si le monde avait soudain implosé tout autour de lui, ses repères balayés, le familier se transformant en inconnu. Lui-même ne savait plus qui il était.

Lui tournant le dos sans attendre sa réaction, les lourdes conséquences de son geste se frayant d’ors et déjà un chemin dans son esprit, il commença à s’éloigner à grands pas. Et derrière lui, reprenant sa forme draconique, soulagé de quitter son étroite enveloppe bipède, le Bronze s’ébroua lourdement, masquant volontairement la silhouette frémissante du Moredhel à la vue d’Eléderkan.

**Était-ce au moins à la hauteur de tes rêves ?**
*La ferme, Melkor !*


« Que ne jure pas de marcher dans les ténèbres
Qui n'a pas vu la tombée de la nuit. »

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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeJeu 5 Oct 2023 - 16:44

Des mots, des mots, des mots… Martel Delehkna, membre du prestigieux Ordre Draconique d’Ombre, bientôt intronisé Second du puissant Màr Tàralöm, lui réclamait de simples mots. N’avait-il pas compris, depuis toutes ces années, que les silences de l’elfe d’Ys se révélaient bien plus éloquent que la moindre tirade ? Il ne gaspillait pas sa salive en paroles de réconfort, en tergiversations inutiles, ou en mensonges pieux, même pour un ami. Plus le temps s’égrenait, plus Eléderkan Garaldhorf répugnait à user du Verbe en toutes occasions. Un silence n’offrait que peu de prises. C’était une forteresse glacée, imprenable et lisse, sans failles. Le silence était un chef d’œuvre de parcimonie et de calcul, patiemment cultivé dans l’ombre. Il recelait plus de pouvoir que tous les mots du monde, depuis que le Maître Bronze en avait fait son arme de prédilection.

Cependant, le silence était aussi une prison. La frustration de Martel se reflétait dans les prunelles de sombre sinople de l’elfe d’Ys, quand son visage demeurait fermé. Il comprenait la rage impuissante qui torturait son comparse. La nature de ses tourments lui était par trop familière. Mais il ne pouvait pas l’aider.
Comment lui avouer ses pires craintes ? Comment ne pas perdre l’éclat que lui renvoyait Martel, quand ce dernier cherchait son assentiment, ses conseils, comme si tout cela pouvait posséder quelque valeur ? Comment ne pas trembler devant de plus grands joueurs que soi, alors qu’on avait passé tant d’années à se forger un jeu parfait – et d’avoir eu la bêtise de le croire ?

Eléderkan éloigna sa garde du corps, la remercia sobrement. Alors que la Chevalière Blanche s’éclipsait, il ceignit sa rapière en un geste machinal, profitant de ce mouvement pour ne pas avoir à croiser le regard de Martel. Non pas qu’il le craignît… Mais il ne voulait pas lui donner de quoi attiser sa colère. Ils devaient tous deux garder la tête froide. Les enjeux étaient trop grands. Et la partie n’était pas encore gagnée, loin de là.
Avec un léger pincement au cœur, il sut que Thémos avait quitté sa retraite. La session du Concile s’achevant, les élans furieux de sa nature le taraudaient beaucoup trop pour qu’il se dispense de paraître aux côtés de son Lié. Le Bronze, en bon fils du chaos et des flammes, n’aimait rien tant que défier toutes les forces de ce monde. Il ne serait satisfait que lorsqu’il aurait fait face à Melkor pour mieux se gausser du jugement des Sangs. Eléderkan ne lui jetterait pas la pierre. Lui-même peinait encore à croire que cette mascarade ne soit terminée ainsi.

Il songea avec amertume au chemin parcouru. Il n’aimait pas regarder en arrière. Les regrets ne lui étaient d’aucune utilité. Mais force était de constater qu’il avait commis une erreur aujourd’hui. Se faisait-il trop vieux pour les intrigues au Kaerl ? Aurait-il pu prévoir l’action du Gardien en dépit du bon sens ? Ou, pire encore, avait-il été dupé par son orgueil et fait fausse route depuis le début ? L’affaire se révélait plus tortueuse qu’elle n’apparaissait. Peut-être n’était-ce pas Seregon l’auteur du complot. Peut-être avait-il sous-estimé les nouveaux prédateurs, ces jeunes fauves qui tournaient autour du pouvoir depuis quelques années, quelques mois… Et il en payait dorévanant le prix. De même que Martel.

La chute ne vint pas de là où il l’escomptait.
Eléderkan restait stoïque face à ce frère en miroir, et n’offrait que son masque impassible coutumier. Rien de se qu’il pourrait dire ne satisferait cet ambitieux fils de la lumière, vorace de la moindre miette de pouvoir quitte à entrainer la chute du monde derrière lui. Et c’est ce qu’il fit.
En cela, il l’admirait. Cependant, il aurait préféré que ce ne soit pas son monde qui s’écroule.

L’instant n’avait sans doute duré qu’une infime seconde, mais il équivalait un fragment d’éternité aux sens d’Eléderkan Garaldhorf. Ce ne fut que lorsque les lèvres du nouveau Second du Màr quittèrent les siennes que le monde reprit sa place. Mais quelque chose d’irrémédiable avait basculé. L’air empoussiéré aux effluves rances de sueur, de musc et de cire ; les couleurs vacillantes des murs au rythme des torches et des candélabres ; les sons assourdis et sourdant des parois de pierre volcanique en échos discordants. Une gangue de glace emprisonnait son corps et, pourtant, une fièvre néfaste provoquait le tremblement de ses mains.
Plus rien n’avait de sens.

Eléderkan sentait sa poitrine se comprimer douloureusement. Il relâcha son souffle, s’apercevant enfin qu’il avait gardé celui-ci prisonnier de ses poumons depuis que les lèvres étonnamment tièdes de Martel s’étaient posées sur les siennes. Comment pouvait-il prêter attention à ce détail, d’ailleurs ? Cela n’avait pas de sens. L’univers avait sombré dans le chaos. C’était une évidence. Car il était inconcevable que Martel Dehlekna puisse volontairement embrasser quelqu’un de la sorte à d’autres fins que la manipulation. Que gagnait-il avec cette manœuvre ? Une basse vengeance ? Ce n'était pas son genre. Pourtant, l’autre option se révélait impossible. Il était inimaginable que Martel puisse l’aimer ainsi.

Gangréné par le poison de la paranoïa, l’engrenage froid et calculateur de son esprit se mit en branle à toute allure. Fouillant dans les recoins de sa mémoire, broyant impitoyablement ses souvenirs, il passa sous le crible de l’analyse toutes ses précédentes interactions avec l’elfe du Vaendark. Pire que les conséquences qu’il peinait encore entrevoir après cet acte, la frustration de ne pas s’en être douté, de n’avoir rien vu venir, lui paraissait insupportable.

Eléderkan possédait un cœur de pierre depuis longtemps, façonné par les années de deuils et de souffrances. Les sentiments n’avaient pas leur place dans son existence. Il s’agissait d’un excès radical de méfiance envers tout élan du cœur et de l’âme, mais les années lui avaient appris à se défier de tout ce qui peut nuire à l’esprit. Cette nouvelle preuve de faiblesse devait être annihilée, à l’instar de toutes les autres, pour ainsi demeurer invincible aux yeux du reste du monde. Évoluer au sein d’un microcosme de monstres et de prédateurs avait un prix. Certains, peut-être Martel lui-même, pourraient en tirer profit et l’atteindre, d’une manière ou d’une autre. Toute arme se valait pour peu que le coup portât. Il ne pouvait logiquement pas être efficace et accomplir ce pour quoi il se battait depuis toujours, s’il avait la folie d’entretenir une telle faiblesse.
Mais n’était-ce pas là également l’aveu d’un lâche ?

Silhouette massive et reptilienne qui arpentait les corridors avec la haine chevillée au cœur, Thémos se rapprochait à grands pas du lieu de l’altercation. Claquemuré derrière un mutisme psychique de mauvais augure, les prunelles envahies par un incendie incontrôlable, le Bronze entreprenait l’ardu effort de garder ses émotions pour lui. Il s’agissait d’une des rares et exceptionnelles occasions où il déployait toute sa puissance pour ne pas submerger son Lié, déjà bien trop troublé à son goût. Une rage possessive, avivée par le lien d’âme avec son elfe, faisait frémir ses ailes. Le feu rugissait dans ses entrailles.

Il partageait son âme avec Eléderkan depuis bientôt trente longues années. Jamais encore il ne s’était autant senti en danger qu’en ce jour. De toutes les conquêtes de son Lié, aucune n’aurait pu mettre en péril le lien qui les unissait. Malgré ses éclats et ses démonstrations de mauvaise foi presque quotidiennes, il ne s’était guère inquiété. Aujourd’hui, l’angoisse rongeant son frère d’âme le plongeait dans un trouble qu’il ne comprenait pas. Qu’il ne maîtrisait pas. Aucune créature n’avait encore soufflé pareille menace sur l’intégrité de son Âme-Sœur. Melkor et son bâtard nordique prenaient soudainement l’allure d’adversaire autrement plus redoutables et insidieux que la plus mortelle des lames. Thémos n’oubliait rien, ne pardonnait rien. Comme au jour de leur Empreinte, où la mort avait manqué de les emporter tous deux, le dragon tenait son serment. Nul ne blessait son Lié sans encourir sa haine et sa vindicte. Il promettait la mort à quiconque prétendait les atteindre.

Le grand mâle parvint sur les lieux de l’affrontement à l’instant où son maudit aîné masquait la fuite de l’ennemi à abattre. Un grondement de tonnerre naquit de son poitrail. Néanmoins, ni flammes ni injures ne franchirent la barrière de ses crocs ou de son esprit. Il dardait un regard incandescent sur ses adversaires, tandis qu’il enveloppait son Lié de son ombre.

Eléderkan resta figé, pareil à un homme frappé par la foudre, le souffle court. Lorsque Martel et son dragon eurent disparus à sa vue, enfin il cilla et poussa un soupir las. Un accident, une erreur, une brèche à faire disparaître : voilà ce qu’il en résultait de ce désastre. Ni plus ni moins.

... Alors pourquoi son cœur battait-il si vite ?
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Daire Orlaigh
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MessageSujet: Re: [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement !   [RP Officiel] Sonne le Clairon du Jugement ! Icon_minitimeDim 14 Jan 2024 - 23:26

Avec la participation exceptionnelle de :
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Crédits : AonikaArt, modifié par Heryn
Maiara
Haute Représentante du Clan Introverti

Cette réunion du Concile, ce simulacre de procès, n’était qu’une mascarade, réalisa finalement Daire. Elle n’était pas la plus au fait des tensions politiques au sein du Kaerl, elle n’était pas la plus apte à comprendre et à suivre les discours sans fin et les sous-entendus que s’échangeaient sans cesse les Sangs autour de la table, et la colère et l’indignation qui l’avaient saisie lorsque le Haut représentant du Clan Dominant avait osé médire sur le Seigneur Hùriand ne l’avaient pas aidée à comprendre les tenants et les aboutissants de cette session. Mais une fois sa décision prise – l’insolent devrait répondre de ses actes, d’une manière ou d’une autre – et sa concentration revenue aux discussions qui résonnaient dans la salle, ça devenait de plus en plus évident. La conclusion du discours du Seigneur Iskuvar l’avait surprise dans un premier temps, tout comme elle avait surpris Igraine, si on se fiait à son sursaut, et probablement tous les membres du Concile. Mais à observer les réactions des uns et des autres, elle devinait peu à peu l’esquisse, la stratégie derrière toute cette mise en scène.

Le Seigneur Iskuvar était resté imperturbable pendant tous les échanges qui avaient précédé sa décision. Il avait gardé le silence et laissé les Sangs débattre et s’insulter à la vue de l’Exilé, probablement pour noter leurs différentes réactions. Certaines étaient prévisibles, comme les protestations d’Aodren Del Hendrake ou l’arrogance de Jora Evumbrar, d’autres moins. Avant de commencer un combat, quel qu’il soit, il fallait pouvoir cataloguer son entourage comme ami ou ennemi, c’était la base. Et son petit discours n’était que le point final de son petit manège, et sa déclaration de guerre. Il remettait à sa place le Haut Représentant du Clan Dominant, accusait la Haute Représentante du Clan Valhérien de dissimulation – alors que lui non plus n’avait pas vraiment respecté les règles – et finissait par lancer son pavé dans la mare. À quel point tout cela était-il prémédité ? Si le Seigneur du Kaerl n’avait pas voulu donner sa chance à l’Exilé, n’aurait-il pas pu décider de son exécution immédiate, en application du jugement rendu à la fin de leur duel dans la Fosse ? Le maître noir savait dès le début comment se termineraient les débats, il voulait juste une opportunité de recadrer les chefs de Clans qui prenaient un peu trop leurs aises et rappeler à tous qui détenait réellement le pouvoir au sein du Kaerl. Ce n’était pas forcément une mauvaise chose. Les querelles de clocher qui perturbaient le bon fonctionnement du Màr Tàralöm depuis trop longtemps cesseraient peut-être pendant quelques temps.

Igraine avait sans doute compris tout cela bien plus vite que son ancienne maîtresse, habituée qu’elle était aux jeux de pouvoir des hautes sphères du Kaerl mais, contrairement à plusieurs autres Sangs, elle ne réagit pas à l’annonce de la sentence. Sans ce petit sursaut, Daire aurait pu croire qu’elle n’était même pas étonnée. Mais il était plus probable que son ancienne aspirante soit plutôt en train d’étudier les réactions de tout un chacun, elle aussi. La surprise de Martel Dehlekna ne lui avait sans doute pas échappé, ce qui signifiait, au moins, que l’Exilé n’avait pas été mis dans la confidence de ce qui l’attendait. Il prit clairement le temps de la réflexion avant d’accepter l’épreuve et l’attention de Daire se reporta sur Seregon lorsque le Gardien se leva. Y avait-il vraiment un enjeu à cet examen, à part rassurer l’assistance et obliger le futur Second à s’y plier ? La magie restait quelque chose d’obscur aux yeux de la Décurion, plus apte à manier l’épée que les sortilèges, mais le Gardien n’était-il pas garant de la sécurité du Kaerl ? Aurait-il seulement accepté le retour de l’elfe en premier lieu s’il y avait eu le moindre risque pour l’intégrité du Màr ?

Sans surprise, Seregon déclara que Martel était loyal au Kaerl et Alauwyr le confirma Second avant de lever la séance. Imperturbable, alors qu’Aodren Del Hendrake se levait en fulminant et quittait la salle suivi de son garde du corps du jour, Daire conserva sa place dans le dos d’Igraine jusqu’à ce que celle-ci se décide finalement à sortir. Ce fut d’une voix neutre que la Haute Représentante du Clan Introverti félicita le nouveau Second pour sa nomination avant de le saluer dans les formes, tandis que la Décurion lui adressait un hochement de tête respectueux. Qu’on l’apprécie ou non, qu’on doute de ses capacités ou non, l’ex-Exilé était à présent à la deuxième marche de la hiérarchie du Kaerl et il convenait de respecter l’Étiquette, surtout au sortir d’une réunion officielle.

« Tout cela va provoquer quelques remous dans la politique du Kaerl, déclara Igraine alors que les deux femmes se dirigeaient vers les appartements de la maîtresse blanche.
— Ce ne sera pas forcément un mal.
— Nous verrons, conclut la quadragénaire, avant d’esquisser une ébauche de sourire à l’intention la Décurion. Je vous remercie de m’avoir escortée, Maîtresse.
— Il n’y a pas de quoi. Passez une bonne journée, Igraine. »

Son ancienne aspirante avait probablement beaucoup de choses à penser et à préparer… et elle aussi. Sans hésiter, Daire prit la direction de son weyr où elle savait que Gamaliël la retrouverait après avoir quitté les gradins de la salle du Concile. Il lui fallait réfléchir à un moyen de faire ravaler ses paroles à un certain fëalocë irrespectueux.

~*~

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Sources inconnue, modifié par Heryn, et inconnue
Kawisenhawe

Tâchant de se faire aussi discrète qu’une souris dans le dos de l’Inquisiteur Suprême et regrettant de ne pouvoir se fondre dans les ombres, Sarmīte n’en oubliait pas pour autant sa mission. En silence, elle scrutait les réactions de toutes les personnes présentes, Sangs comme gardes du corps, et enregistrait chaque frémissement de lèvre, chaque haussement de sourcil, chaque clignement d’œil qu’elle pouvait remarquer. Les hauts cris et les grands gestes aussi, évidemment, mais ceux-là il était difficile de les manquer. Comme l’indignation hautaine de la Haute Représentante du Clan Valherien, qui faillit presque masquer son désarroi à l’annonce du verdict, avant de laisser place à la rage. Presque. Mais pas pour les yeux exercés de l’espionne. Kawi avait beau dire qu’elle ne connaissait rien à ses congénères à force de fréquenter ses parchemins poussiéreux, son enfance passée sous l’emprise des hommes de la caravane, où régnait la loi du plus fort, ses années d’aspiranat à devoir survivre dans les couloirs du Kaerl et ses différentes missions pour le compte de Maître Garaldhorf lui avaient appris à lire leurs plus infimes expressions.

L’Exilé était lui aussi visiblement surpris par la sentence prononcée par le Seigneur Iskuvar. Et à peu près toutes les autres personnes présentes, qu’il s’agisse des Sangs, de leurs gardes du corps ou des spectateurs dans les gradins d’où s’échappait un brouhaha incrédule. Même la Haute Représentante du Clan Introverti, réputée aussi froide que les glaces du Hrimgard, ne put retenir un léger sursaut. La rage qui exsudait du Haut Représentant du Clan Dominant n’avait rien d’étonnant non plus, vu de ses éclats précédents, mais Sarmīte ne put s’empêcher de ressentir une pointe de satisfaction à cette constatation. Elle ne devait pas juger, ce n’était pas son rôle, mais le fëalocë lui était si antipathique qu’elle ne pouvait que se réjouir de sa déconvenue. Quant au Gardien… il était bien le seul autour de la table à ne pas paraître étonné. Il semblait même esquisser une ébauche de sourire. Satisfaction de voir la situation prendre la direction qu’il souhaitait ? Amusement devant les réactions de ces bipèdes dont la vie devait paraître aussi courte à ses yeux que le battement d’ailes d’un papillon ? Elle n’aurait su le dire. Deviner les pensées de Seregon n’entrait clairement pas dans son champ de compétences. Elle ne pouvait pas être de taille face à un être presque mystique à l’existence multiséculaire. Le seul qui pouvait peut-être rivaliser contre lui, c’était Maître Garaldhorf. Elle se contenterait de lui transmettre ses observations.

Le calme revint peu à peu dans la salle, alors que le Gardien dardait son regard sur l’Inquisiteur Suprême. Un frisson parcourut l’échine de la neishaane, ses doigts se crispèrent sur son poignard, sous sa cape, alors qu’elle essayait d’interpréter son expression. Elle se savait capable de défendre son maître contre n’importe quel mortel prêt à lui faire du mal – le Haut Représentant du Clan Dominant en tête – mais elle ne pouvait pas lutter contre le Gardien du Kaerl. Avant qu’elle ne puisse s’interroger plus avant, toutefois, Seregon reporta son attention sur Martel Dehlekna pour réaliser, du moins, elle le supposait, son examen. Et rendre son verdict.

L’Exilé était loyal. Il devenait Second.

Le Haut Représentant du Clan Dominant, prévisible pour changer, quitta la salle en premier, furieux. Cette fois encore, satisfaction et prudence s’entremêlèrent dans l’esprit de Sarmīte. Le fëalocë était détestable mais il n’en était pas moins dangereux. Non seulement à cause de son influence mais aussi de sa rage. La haine et la colère pouvaient pousser à toutes les extrémités. Comme Maître Garaldhorf ne bougeait pas, la neishaane en fit de même, se contentant de noter les réactions de ceux qui s’en allaient. Le garde du corps du Haut Représentant du Clan Dominant, lui, salua respectueusement le nouveau Second. Cela signifiait-il qu’il prenait ses distances par rapport à son supérieur ? Il avait déjà eu l’air gêné un peu plus tôt, après l’éclat du maître noir… À noter. Les autres Sangs quittaient les lieux, un par un, et aucun n’avait l’air ravi de devoir reconnaître l’ex-Exilé comme son supérieur. Au mieux étaient-ils parfaitement inexpressifs, comme la Haute Représentante du Clan Introverti. Quant à la Haute Représentante du Clan Valherien, elle s’attarda pour glisser quelques mots au Second, trop bas pour que Sarmīte puisse les entendre. Mais vu l’expression de son visage, elle était prête à parier qu’il s’agissait plus de menaces que de félicitations. Pourtant c’était elle qui avait provoqué la situation, non ?

Enfin, l’Inquisiteur Suprême se leva. La neishaane pinça les lèvres devant le geste désinvolte que Martel Dehlekna offrit à son maître pour l’inviter à le suivre mais, silencieuse comme à son habitude, elle se contenta d’emboîter le pas à Maître Garaldhorf. Ce qui n’était visiblement pas du goût du nouveau Second. Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait fait fi de la désapprobation l’ex-Exilé, quel que soit son nouveau rang, mais son maître pensait visiblement autrement. Comme il lui donnait congé, Sarmīte lui remit son épée et promit de venir lui faire son rapport lorsqu’il le lui demanderait. Elle adressa un léger signe de tête au Second et à son Lié, le minimum requis pour ne pas être taxée d’impolitesse, et quitta enfin le Concile pour prendre la direction de l’Observatoire.

*Tu n’as pas l’intention d’aller t’enfermer avec tes vieux parchemins, là ?*
*S’il te plaît, Kawi, j’ai besoin de souffler un peu.*

Elle sentit la dragonne hésiter dans son esprit. Kawisenhawe aimait la pousser dans ses retranchements mais elle devait sentir que ce n’était pas le moment. La séance avait été éprouvante pour ses nerfs, tant par le fait d’être au cœur de l’arène que par l’attention soutenue qu’elle lui avait demandée.

*Et bien moi, j’ai besoin d’un bain. Ces gradins étaient bondés et je suis sûre que certains n’ont pas encore acquis les notions d’hygiène de base, comme se laver une fois par jour, renifla finalement la blanche. Je connais une baie discrète en Métayris qui serait parfaite.*

Métayris. La grande île au sud d’Orën, réputée pour ses élevages de chevaux et aux côtes découpées de baies et de récifs bordés d’une eau chaude et turquoise. Quoi de mieux ?

*D’accord, allons-y.*
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